:
Oui, en effet, monsieur le président.
C'est avec plaisir que nous comparaissons devant vous aujourd'hui.
[Français]
Monsieur le président, membres du comité, aux fins de la présente comparution, je tiens d'abord à vous rappeler que l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, ACSTA, a pour but primordial de protéger le public et de fournir un niveau de service professionnel, efficace et uniforme dans le domaine de la sûreté du transport aérien, et ce, d'un bout à l'autre du pays.
Pour votre gouverne, je ferai d'abord un bref survol du mandat de l'ACSTA, décliné en six responsabilités. Vous avez, dans la pochette qui vous a été remise, la description des six mandats dont je parlerai brièvement.
Ces six mandats sont : le contrôle des passagers et de leurs bagages de cabine; le contrôle des bagages enregistrés; le contrôle des non-passagers, c'est-à-dire des employés dans les zones réglementées des aéroports de classes I et II; la mise au point du système de la carte d'identité pour les zones réglementées; l'administration du Programme canadien de protection des transporteurs aériens; et l'administration des ententes de contribution du gouvernement du Canada pour les services de police aéroportuaire.
Au moyen de ces diverses activités et composantes de sûreté, nous sommes parvenus à faire deux choses : d'abord, réduire les risques d'attentat contre l'aviation civile et, ensuite, redonner confiance au public dans le transport aérien. D'ailleurs, selon un sondage réalisé par le Centre de recherche Décima pour le compte de l'ACSTA en mars 2006, 94 p. 100 des voyageurs affirment avoir une confiance absolue dans le système en place pour assurer la sûreté du transport aérien dans les aéroports canadiens.
Je crois que l'augmentation de la confiance vient du fait que les voyageurs qui transitent par les aéroports canadiens sont protégés par l'un des systèmes de sûreté aérienne les plus avancés au monde. L'ACSTA a d'ailleurs satisfait aux normes de sûreté internationales de l'Organisation de l'aviation civile internationale, OACI, en contrôlant la totalité des bagages enregistrés sur les vols internationaux. Du même coup, l'ACSTA a satisfait aux exigences nationales pour les vols commerciaux intérieurs en partance des 89 aéroports canadiens.
[Traduction]
Ceci étant dit, nous devons comprendre qu'un système de sûreté, pour être véritablement efficace, doit être viable. Pour créer un tel système, il faut atteindre l'équilibre entre des mesures suffisantes de contrôle et de détection des risques et des menaces, d'une part, et un débit efficient de voyageurs et de bagages au point de contrôle, d'autre part. Pour des raisons de maintien de l'efficacité du système du transport aérien, je suis d'avis qu'il n'est pas réaliste d'avoir un environnement de sûreté aérienne infaillible à 100 p. 100, un avis que partage d'ailleurs l'ensemble des experts en sûreté du transport aérien.
Pourquoi? Parce qu'il n'est pas réaliste de penser qu'on peut éliminer 100 p. 100 des menaces qui pèsent sur l'aviation civile. En fait, un tel filtrage alourdirait le réseau de transport aérien au point de l'immobiliser. C'est pourquoi nous avons un système à niveaux multiples.
Je maintiens aussi que nous devons affecter ressources et effectifs en fonction des menaces et des risques, qu'il s'agisse de techniques ou de technologies de contrôle. J'ajouterais que le capital humain doit faire partie intégrante du système et être exploité à la mesure de son potentiel. Je crois fermement que tout niveau de contrôle de la sûreté qui s'ajoute doit, d'abord et avant tout, améliorer l'efficacité du système. Il ne doit d'aucune façon l'alourdir. Il ne doit jamais être de nature superficielle, ni n'apporter aucune valeur ajoutée.
En tant qu'organisme de contrôle de la sûreté du transport aérien, l'ACSTA s'efforce d'agir de façon préventive et proactive. À cet égard, voici le modèle qui guide nos actions et stratégies. Nous l'appelons le modèle AGILE. Comme les terroristes ne sont pas statiques, nous devons être agiles.
AGILE est un concept d'action en cinq phases, plutôt que de réaction. Il repose sur la flexibilité plutôt que sur la rigidité, et sur la coordination plutôt que l'isolement.
La première phase de ce modèle est l'analyse. Nous devons mieux comprendre l'environnement dans lequel nous travaillons en collaborant étroitement avec nos partenaires de la sûreté du transport aérien afin de nous tenir au courant des menaces en constante mutation qui pèsent sur le transport aérien dans le monde entier et plus particulièrement au Canada.
La deuxième phase est la garde. En ajoutant des niveaux de sécurité améliorés, nous protégeons encore mieux le public voyageur, les aéroports et les aéronefs contre des attaques éventuelles.
La troisième phase est l'intervention. Nous devons nous assurer de posséder suffisamment de mécanismes pour intervenir lorsque des incidents menacent la sécurité des opérations et des voyageurs.
Les quatrième et cinquième phases sont les leçons et l'évolution. Ces deux phases sont essentielles pour que nos pratiques et procédures demeurent pertinentes et efficaces.
[Français]
Au chapitre de l'amélioration continue, permettez-moi d'attirer votre attention sur les réalisations de l'ACSTA.
D'abord, les contrats de services de contrôle comportent maintenant des clauses importantes qui favorisent l'amélioration du processus de contrôle des uniformes, l'amélioration du programme de gestion du rendement et les exigences liées au code d'éthique et au bilinguisme.
Deuxièmement, l'ACSTA a mis au point le système de cartes d'identité pour les zones réglementées, le CIZR, qui incorpore une technologie d'identification des empreintes digitales et de l'iris du détenteur. D'ici la fin de décembre 2006, les administrations des 29 aéroports de classes I et II devront avoir remplacé l'ancien laissez-passer aux zones réglementées par cette nouvelle carte d'identification biométrique.
Troisièmement, au chapitre du contrôle des non-passagers, donc des employés des aéroports dans les zones réglementées, l'ACSTA effectue, dans les 29 aéroports canadiens de classes I et II, le contrôle aléatoire des personnes qui ont accès aux zones réglementées de ces aéroports en vertu d'une autorisation et d'une habilitation de sécurité de Transports Canada. L'ACSTA effectue ce contrôle de manière uniforme, qu'il s'agisse d'un pilote, d'un préposé à l'entretien ou d'un plombier. Il s'agit en fait d'une des multiples mesures de protection qu'on applique dans l'ensemble du système de la sûreté aérienne au Canada.
[Traduction]
Monsieur le président, je crois que le plus important, si nous sommes déterminés à maintenir un réseau de transport aérien sûr et efficace, c'est d'améliorer continuellement nos méthodes et processus de contrôle. Aussi importants que soient les appareils de contrôle, les barricades et les détecteurs, le courage et la détermination à préserver les valeurs qui nous sont chères et à vaincre l'adversité demeurent les véritables moteurs de l'action.
Cela met fin à mon témoignage, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Membres du comité, mesdames et messieurs, je me nomme James Cherry et je le suis président-directeur général d'Aéroports de Montréal, ADM. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Normand Boivin, vice-président, Exploitation aéroportuaire.
Nous vous remercions de cette occasion qui nous est offerte d'expliquer le système en place à l'Aéroport Montréal-Trudeau pour assurer la protection du public, de l'aviation civile et de ses installations. D'entrée de jeu, permettez-nous d'établir un certain nombre de définitions et de mises au point.
Il y a une distinction entre sûreté et sécurité. La sûreté consiste à prévenir les actes illicites, par exemple le crime organisé et le terrorisme, tandis que la sécurité consiste à prévenir les accidents. Ces deux notions sont souvent complémentaires. Une mesure peut à la fois viser la sûreté et la sécurité.
[Traduction]
Le risque est une autre notion importante qui est intimement liée à la sûreté et à la sécurité. À Montréal-Trudeau, vous comprendrez que le risque n'est pas le même partout sur le site aéroportuaire et que les mesures de sûreté et de sécurité déployées varient d'un secteur à l'autre en fonction du niveau de risque appréhendé.
Vous comprendrez également que notre système de sûreté et de sécurité comporte plusieurs couches. Le renseignement est une première ligne de défense. Il y a ensuite le contrôle du périmètre. Puis, à l'intérieur du périmètre, il y a la surveillance, qui comporte aussi plusieurs niveaux. Ensuite, il y a la fouille et la détection, etc.
[Français]
Enfin, la sûreté et la sécurité constituent certes des préoccupations importantes, mais en tant que gestionnaires, nous devons veiller aussi à l'efficience de l'aéroport.
Le public voyageur est prêt à se plier à toutes sortes d'exigences en matière de sûreté et de sécurité, mais s'il prend l'avion, c'est pour se rendre d'un point A à un point B le plus rapidement possible. Donc, la fluidité, les temps d'attente de même que les coûts sont aussi des considérations importantes.
Ces mises au point étant faites, c'est avec plaisir que je vous présenterai maintenant les grandes lignes de notre système de sûreté et de sécurité à l'aéroport Montréal-Trudeau.
ADM a le mandat de gérer, exploiter et développer les aéroports Montréal-Trudeau et Montréal-Mirabel, en vertu d'un bail conclu en 1992 avec Transports Canada. La sûreté et la sécurité font partie intégrante de notre mandat. Nous veillons à ce que les lois et règlements applicables soient appliqués par les divers intervenants actifs à l'aéroport et nous appliquons les lois et règlements qui relèvent de notre responsabilité.
[Traduction]
Comme vous pouvez l'imaginer, il s'agit d'une tâche très importante. Un aéroport comme Montréal-Trudeau a un territoire d'environ 13,5 kilomètres carrés, dont près de 8,5 kilomètres-carrés de zone réglementée; un périmètre de 30 kilomètres, dont 24 de clôture; plus de 11 millions de passagers et 1 million d'accompagnateurs par an; plus de 150 000 tonnes de fret par an; 550 vols par jour; plus de 20 000 employés et 270 entreprises, dont plusieurs avec accès direct aux pistes. Il y a aussi 3 millions de mouvements véhiculaires par an à l'intérieur et autour de la propriété.
La sûreté et la sécurité revêtent plusieurs dimensions, dont la sûreté des aéronefs; la sûreté des passagers et de leurs bagages; la sûreté du fret; la sécurité de l'aviation civile; la prévention du crime : vol, trafic de la drogue, etc.; la protection de la frontière, l'aéroport étant un point d'entrée; la sûreté des employés; la sécurité du public; et la sécurité routière.
[Français]
Les intervenants en matière de sûreté et de sécurité à Montréal-Trudeau agissent en vertu de mandats déterminés par les lois et règlements du Canada. ADM a la responsabilité de coordonner les interventions à l'intérieur de son territoire et de ses installations.
[Traduction]
Vous trouverez dans le document que vous avez sous les yeux un tableau qui présente une ventilation des responsabilités en matière de sécurité. La responsabilité ultime relativement à la sécurité de l'aviation civile incombe au gouvernement du Canada, qui a choisi de déléguer certains de ses pouvoirs, comme vous pouvez le voir dans les tableaux, à d'autres organismes gouvernementaux et, dans le cas de ADM, dans le cadre d'un bail qui lui délègue certains éléments. Je vais entrer dans les détails pour vous expliquer ces diverses responsabilités, mais je vous invite à vous reporter à ce tableau à la page 5, qui vous sera utile.
[Français]
Tout d'abord, il y a l'Agence des services frontaliers du Canada, qui a la responsabilité du Programme des douanes; le Programme du renseignement et des interceptions de Citoyenneté et Immigration Canada; le Programme d'inspection des importations de l'Agence canadienne d'inspection des aliments; ainsi que de la présence d'inspecteurs et d'unités spécialisées dans l'aérogare passagers, dans la zone cargo et, parfois, dans les aéronefs.
[Traduction]
La GRC assume la responsabilité, dans le cadre du système actuel, des services d'enquêtes fédérales aéroportuaires, y compris pour le crime organisé et le trafic de stupéfiants; la section Immigration et passeport est chargée des immigrants illégaux et de la traite de personnes; la section des douanes et de l'accise de la GRC est chargée de la contrebande; et il y a ensuite l'équipe intégrée sur la sécurité nationale. De plus, dans le cadre du Programme canadien de protection des transporteurs aériens, la GRC est chargée du programme des policiers de l'air.
Transports Canada a conservé la responsabilité pleine et entière de la réglementation en matière de sécurité et de sûreté du transport aérien, de l'établissement des normes relatives à la sûreté et à la sécurité dans tous les aéroports canadiens, des tests et audits, et des enquêtes de sûreté du personnel dans les aéroports. Conjointement avec la GRC et le SCRS, c'est Transports Canada qui donne instruction aux aéroports d'émettre des laissez-passer côté piste.
L'ACSTA, l'organisation de M. Duchesneau, est chargée de la fouille des passagers aux trois points de contrôle préembarquement des aéroports de Montréal; de la fouille de tous les bagages enregistrés; de la fourniture des équipements de fouille et de détection des explosifs; et de la fouille des employés aux principaux points d'accès aux zones réglementées. La main-d'oeuvre de l'ACSTA est fournie par un sous-traitant appelé Garda.
[Français]
Le service de Sûreté aéroportuaire d'Aéroports de Montréal est une agence d'application de la loi spécialisée, regroupant quelque 200 personnes. C'est la seule agence aéroportuaire canadienne à être accréditée par la Commission Accreditation for Law Enforcement Agencies, CALEA, qui est un organisme similaire à ISO pour les agences de l'application de la loi. Le service a un rôle de surveillance, de prévention, d'intervention et d'application de la loi. Il est important de dire que ses membres ne sont pas armés.
Les membres sont responsables de la patrouille de tout le territoire et agissent comme premiers intervenants. Ils appliquent les règlements de circulation et de sécurité routière, émettent des permis de conduire côté piste. Ils possèdent et exploitent des équipements spécialisés pour la détection d'explosifs, la gestion des alertes à la bombe et des colis suspects ainsi que des renseignements et l'évaluation de la menace. À la suite de l'enquête de Transports Canada, ils ont la responsabilité d'émettre les laissez-passer aux employés. Ils sont également responsables de la fouille quotidienne des employés aux points d'accès aux zones réglementées dans les installations sous le contrôle d'ADM. Enfin, ils élaborent les plans et les procédures d'urgence.
Ensuite, il y a le Service d'incendie d'ADM.
Il y a également le Service de police de la Ville de Montréal, avec lequel nous entretenons des relations importantes. Les membres sont responsables, comme premiers répondants, de fournir le service 911, incluant tous les aspects criminels. Ils ont aussi la responsabilité en matière de sécurité publique. Dans le cadre d'une entente particulière avec ADM, ils doivent répondre aux alarmes des points de fouille, assurer une présence policière dans les secteurs du prédédouanement américain et dans les aires embarquements des vols à destination de l'Aéroport national Ronald Reagan de Washington.
[Traduction]
Un autre domaine de responsabilité qui est très important concerne les locataires qui, comme je l'ai dit, sont très nombreux à l'aéroport et constituent en fait une partie du périmètre. Ils sont responsables — c'est clairement indiqué dans leur bail — du respect des règlements et, s'il y a lieu, du contrôle des accès aux zones réglementées à l'intérieur du périmètre de leurs installations. Ils font aussi l'objet des tests d'intrusion de Transports Canada — qui sont fréquents — et ils sont aussi visés par le programme de visites de la Sûreté aéroportuaire.
Les compagnies aériennes elles-mêmes assument également une responsabilité très étendue. Elles sont chargées de la sûreté de leurs aéronefs, de la sûreté du fret, du contrôle des accès aux aéronefs et de la fouille de leurs aéronefs en cas de menace.
L'un des éléments mis en place et qui est relativement particulier à Montréal est l'important réseau permettant le partage des renseignements. Nous avons trois comités qui s'en occupent. Le premier est le Comité des exploitants de l'aéroport, qui comprend ADM, les compagnies aériennes, les agences gouvernementales, Nav Canada, et les fournisseurs de services à l'aviation. Ce comité assure la coordination de toutes les activités.
Nous avons aussi — je crois que c'est également particulier à Montréal — un comité des gestionnaires d'organismes d'application de la loi. Toutes les personnes qui assument des responsabilités relativement à l'application de la loi dans nos aéroports se réunissent régulièrement pour assurer l'échange d'information et la coordination.
De plus, notre comité des partenaires pour la protection des aéroports comprend les organismes d'application de la loi, les services de sécurité publique et l'ACSTA. Son objectif est évidemment d'assurer la sécurité publique.
Nous avons un centre de coordination des opérations qui comprend un centre d'appels et de répartition fonctionnant 24 heures sur 24 et sept jours sur sept; il est également géré par nos gens de la Sûreté aéroportuaire. Le centre est également chargé de la coordination des interventions d'urgence, permettant de réunir en un même centre de commandement tous les intervenants concernés, tant internes qu'externes, dans l'éventualité d'une crise. Au besoin, le tout peut être appuyé par un poste de commandement mobile, qui est également placé sous notre direction.
[Français]
En terminant, permettez-nous de rappeler que d'importantes améliorations ont été apportées au fil des ans, surtout depuis les événements du 11 septembre 2001. Le système mis en place dans les principaux aéroports canadiens a été considérablement renforcé.
Entre autres, la surveillance a été resserrée sur l'ensemble des territoires aéroportuaires et dans les installations. Nous avons des équipements sophistiqués pour la protection de l'aviation civile. La présence policière a été accrue, permettant une réponse plus rapide en cas d'alarme. L'accès des non-passagers aux zones réglementées est mieux contrôlé, et nous attendons l'arrivée prochaine de nouveaux laissez-passer biométriques, tel que l'a mentionné M. Duchesneau tout à l'heure.
La fouille des passagers et des bagages est plus systématique. Par exemple, des systèmes de détection d'explosifs ont été installés pour vérifier tous les bagages enregistrés. De plus, la liste des articles interdits en cabine a été ajustée en fonction de nouvelles menaces. Enfin, de nouveaux mécanismes de coordination ont été créés.
À la suite des reportages dans les médias, sans attendre les résultats de l'enquête de Transports Canada, nous avons rencontré individuellement tous nos locataires afin de leur rappeler leurs responsabilités à l'égard du contrôle des accès aux zones réglementées.
[Traduction]
Le système est donc dynamique, il évolue constamment et, bien entendu, des améliorations pourront encore y être apportées à l'avenir. Par exemple, nous avons déjà fait part de certaines pistes d'améliorations dans le cadre de l'examen quinquennal de l'ACSTA, qui vont d'ailleurs dans le même sens que nos recommandations lors de notre comparution devant votre comité en 2001. Nous avons aussi mentionné que la sûreté du fret pourrait être rendue plus systématique, et ce, en utilisant la même formule de partage des responsabilités que pour la fouille des passagers.
Enfin, nous sommes ouverts à toute autre initiative visant une meilleure coopération entre les intervenants et une amélioration de la sûreté et de la sécurité dans nos aéroports.
[Français]
Merci, messieurs, de nous avoir écoutés.
Nous sommes prêts à répondre à vos questions, dans la mesure, bien entendu, où les informations demandées ne sont pas de nature délicate et qu'elles relèvent de notre compétence directe.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Merci beaucoup, messieurs, de votre présence aujourd'hui. On attendait votre arrivée depuis un certain temps, mais j'ai fort aimé vos présentations.
[Traduction]
Je voudrais commencer, si vous voulez bien, par rappeler les événements qui ont troublé les Canadiens en septembre lors de la publication d'une série d'articles dans Le Journal de Montréal. Un journaliste s'était introduit clandestinement dans la zone réglementée d'un grand aéroport canadien, avait emprunté un uniforme lui permettant de se faire passer pour quelqu'un qui n'était pas un passager, avait eu la possibilité de toucher à la nourriture, avait eu accès à une aire de trafic interdite, avec atteint le périmètre de la piste, s'était assis au volant d'un véhicule terrestre, était entré du côté piste en empruntant un véritable uniforme appartenant à un ancien employé de l'ACSTA. La plupart des Canadiens qui ont lu ce reportage se sont posés de sérieuses questions sur la sécurité de nos aéroports.
Également en septembre, un ancien contrôleur des passagers à l'aéroport, embauché et employé par la compagnie privée Garda, a joué au dénonciateur parce qu'il s'inquiétait de la sécurité dans les aéroports canadiens. Il avait encore son uniforme parce que personne n'avait pris la peine de lui demander de le remettre. Garda a refusé de commenter cette histoire, invoquant la relation contractuelle avec le gouvernement, et le ministre, à qui on a demandé deux fois de commenter la situation, a refusé de le faire et n'a pas dit un mot là-dessus. Huit semaines plus tard, le 6 novembre, les contrats de Garda ont tous été renouvelés pour deux ans, jusqu'en 2009, dans 28 aéroports et pour un total de 220 millions de dollars.
Je pense que vous savez où je veux en venir. Je veux vous interroger sur la responsabilité. Nos collègues du Sénat, de tous les partis, posent des questions là-dessus depuis deux ans.
Premièrement, quelle est la responsabilité de l'ACSTA en l'occurrence? Deuxièmement, qui a failli à sa tâche? Et troisièmement, avez-vous assez d'argent pour remplir le mandat qui est confié à votre organisation?
:
Au sujet de l'incident à Montréal, je peux vous répondre en partie et mon collègue, M. Cherry, complétera ma réponse.
Au sujet de la responsabilité, l'ACSTA est responsable. Nous ne sommes pas heureux de la situation et nous avons pris des mesures. En fait, nous avons agi dès 2005, quand un journaliste nous a demandé de donner certains détails au sujet des uniformes. En avril 2005, nous avons diffusé un bulletin de sécurité expliquant l'importance de l'uniforme, mais je dois faire remarquer sans tarder que l'uniforme en soi ne donne pas accès à la zone réglementée. Un uniforme est une manière de représenter l'ACSTA, mais en réalité, c'est le laissez-passer qui donne accès à la zone réglementée.
En date du 31 décembre de cette année, non seulement aurons-nous un tel laissez-passer, mais nous aurons un laissez-passer doté de biométrie. Donc, même revêtu d'un uniforme, peu importe quel uniforme, il ne sera pas possible d'avoir accès à une zone réglementée.
À partir d'avril 2005, nous avons attribué aux fournisseurs de services la responsabilité de récupérer les uniformes. En fait, dans le bulletin dont j'ai parlé, nous prévoyons une amende de 900 $ pour ceux qui omettent de remettre leur uniforme. Il se trouve que l'on a pris des mesures et qu'il y a maintenant des représentants des compagnies d'uniformes qui travaillent dans les grands aéroports pour chacun des fournisseurs de services.
En septembre 2005, nous avons fait un premier examen, une vérification, dans 15 aéroports. On a décelé certains problèmes qui ont été réglés rapidement et des solutions ont été mises en oeuvre. En décembre 2005, l'un des principaux problèmes que nous avions était celui des écussons métalliques qui étaient apposés sur la chemise au moyen de velcro. Le velcro n'était pas assez fort et les employés n'arrêtaient pas de perdre leurs écussons. Aujourd'hui, vous constaterez dans les aéroports que les employés ne portent plus d'écussons métalliques; tout est brodé. Le logo de l'ACSTA est brodé sur la chemise. Nous avons donc réglé ce problème.
Je dois maintenant me reporter à l'article qui est à l'origine de toute cette affaire. On y disait que plus de 1 000 uniformes avaient été volés. Il ne s'agissait pas de 1 000 uniformes volés, mais plutôt d'éléments de l'uniforme, comme l'écusson métallique et les insignes nominatifs que l'on peut faire fabriquer n'importe où. C'était des éléments de l'uniforme. On n'avait pas assez d'éléments pour constituer un uniforme complet et je pense qu'il est important que je souligne ce détail.
Nous avons fait un deuxième examen du programme des uniformes en février 2006 dans 20 autres aéroports, et nous avons maintenant conclu que ce programme est bien contrôlé.
Voilà pour les uniformes et, comme je l'ai dit dans mon allocution, nous assumons six mandats précis. Les autres questions que vous soulevez relèvent de la responsabilité des aéroports.
:
Je vais répondre à la partie de la question de M. McGuinty portant sur les entrées non autorisées qui ont eu lieu en septembre 2006.
Je vais commencer, si vous n'avez pas d'objections, par apporter une rectification sur ce qui s'est vraiment passé. Il y a deux ou trois faits qui ont été dénaturés dans cette affaire. Premièrement, le journaliste s'est effectivement emparé d'un véhicule, mais il se trouvait dans le secteur terrestre de l'aéroport. Il n'était pas dans une zone réglementée. C'était un véhicule Handlex et il est bien documenté que le véhicule ne se trouvait pas dans une zone réglementée, il était à l'extérieur de cette zone.
La plupart des interventions du journaliste ont eu lieu dans les locaux des locataires. Il est entré dans l'édifice et il y avait des portes ouvertes à l'extrémité, des portes de hangar, à vrai dire, qui auraient pu lui donner accès à la piste. En réalité, il n'a jamais, en aucun cas, mis les pieds sur la piste.
À deux reprises, il a effectivement eu accès à ce que nous appelons la zone réglementée. Une fois, il est passé sous la clôture, sur l'avenue Ryan, dans l'aire réservée à l'aviation générale. Cela se trouve à environ un mille et demi à l'est de l'aérogare, là où les avions privés atterrissent et décollent. Il est passé sous la clôture, a fait prendre sa photo et est immédiatement retourné de l'autre côté de la clôture avant que le patrouilleur survienne et le découvre. Mais il était loin du secteur opérationnel de l'aire de trafic principale et il ne s'est même pas approché de la piste, il ne s'est même pas approché de l'aire de roulage. Il était seulement de l'autre côté d'une clôture délimitant la zone réglementée.
Comme je l'ai dit au début, nous avons environ 30 kilomètres de périmètre qui sont patrouillés régulièrement, fréquemment, mais nous n'avons pas des gardiens postés en permanence partout le long de ce périmètre.
L'autre fois qu'il a fait une entrée non autorisée dans ce que nous appelons la zone réglementée, il était en fait accompagné par quelqu'un, un employé de l'un de nos locataires. Le locataire n'a pas observé le protocole, parce qu'on n'a pas le droit de faire entrer quelqu'un dans l'aire réservée au trafic à moins... il était accompagné, mais il n'avait pas de laissez-passer l'autorisant à entrer accompagné d'une personne. Il a donc eu accès à l'aire réservée au trafic, mais il était accompagné. Il y avait quelqu'un avec lui. Il ne se promenait donc pas tout seul sur le tarmac à ce moment-là.
L'autre fait que vous avez signalé et que, à vrai dire, je trouve le plus troublant, est celui auquel nous avons réagi... En passant, nous avons réagi dans tous les cas, mais je tiens à rassurer les gens en disant que tous les responsables ont pris très au sérieux l'entrée sans autorisation chez Cara, même si cela ne se trouve même pas dans la zone réglementée. Les cuisines de Cara se trouvent à l'extérieur de la zone réglementée de l'aéroport.
Étant donné la nature de cette entrée sans autorisation, nous en étions très inquiets, comme l'étaient les gens de chez Cara, de même que tous ceux qui consomment leur nourriture, les lignes aériennes. Je vous donne l'assurance que des mesures ont été prises pour garantir que cela ne se reproduira plus. Nous avons resserré notre vigilance dans ce domaine. Nous avons toujours fait des visites chez ces gens-là et vérifié qu'ils se conformaient à nos règles, mais nous avons resserré nos procédures pour nous assurer que cela ne se reproduira plus.
Cela dit, un périmètre de 30 kilomètres est-il absolument étanche? Non, il ne l'est pas. Il n'est pas armé, il n'est pas électrifié. C'est une clôture de barbelés mais, comme vous le savez, il est toujours possible de traverser ou de contourner de telles clôtures. C'est pourquoi j'ai dit dans mon allocution que l'on a mis en place plusieurs couches de mesures superposées. Si quelqu'un réussit à traverser cette clôture, il y a des patrouilles qui sont fréquentes, et les patrouilleurs peuvent attraper et attrapent effectivement les gens qui réussissent à passer les clôtures. L'avenue Ryan, où cette personne est entrée sur le terrain de l'aéroport en passant cette clôture et a fait prendre cette fameuse photo, se trouve très loin du secteur opérationnel de l'aéroport. Il y aurait eu de multiples occasions de l'arrêter avant qu'il n'y parvienne. Comme je l'ai dit, il n'a pas été là très longtemps. Il a passé la clôture, a fait prendre sa photo et s'est empressé de repasser la clôture.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mais messieurs, un fait demeure: le 11 septembre dernier, un seul homme, le journaliste Fabrice de Pierrebourg, a réussi à déjouer tous vos systèmes de contrôle de la sécurité. C'est la réalité. C'est pour cela qu'on est ici aujourd'hui et que vous êtes ici.
Une voix: Est-ce que vous avez compris la réponse...
M. Mario Laframboise: J'ai compris, mais il reste que c'est quand même une réalité, et ma première question s'adresse à M. Duchesneau.
Monsieur Duchesneau, quelque chose m'inquiète et m'a forcé à pousser plus loin mes vérifications. Avant d'occuper votre poste actuel, vous avez siégé au conseil d'administration de Garda, c'est un fait connu. Depuis 2004, Garda s'occupe du système de sûreté à l'aéroport Montréal-Trudeau et a probablement évincé l'ancien gestionnaire, ou la compagnie qui en était responsable, pour toutes sortes de raisons que je ne veux pas connaître. Il reste quand même qu'à ce moment-là, vous saviez que des uniformes n'avaient pas été retournés. On savait donc déjà que quelque chose n'allait pas. Je sais que vous avez même apporté par la suite certaines modifications aux uniformes. Mais on savait déjà qu'il en manquait. Il y avait aussi des gens qui n'étaient pas contents parce qu'ils avaient été évincés.
Puis, en juin 2006, il y a eu un audit — vous me corrigerez si je me trompe —, et le rapport du ministère des Transports, de l’Infrastructure et des Collectivités disait, encore une fois, qu'il n'existait pas de politique, ce que ces gens ont appelé, eux, une politique de retour des uniformes et de contrôle. Il n'y avait pas de politique encore.
Vous nous dites aujourd'hui que cela sera en vigueur à partir de septembre.
Cela m'inquiète, monsieur Duchesneau. Des gens pensent, pour toutes sortes de raisons, entre autres parce que des compagnies ont obtenu des contrats, des compagnies qui sont trop près de vous parce que avez siégé autrefois à leur conseil d'administration — et je ne veux pas vous interroger à savoir s'il y a des questions d'intérêt ou non —, que la sécurité des gens est mise en danger. Je suis inquiet de constater que des uniformes sont en circulation. Aujourd'hui, vous nous dites qu'il y a une clause touchant l'amélioration du processus de contrôle des uniformes — c'est ce que vous dites dans le mémoire déposé aujourd'hui — dans le contrat de services conclu avec Garda.
Je veux bien qu'ils soient vos amis, mais il y a encore des uniformes de la compagnie précédente en circulation, une compagnie qui n'était pas contente de la tournure des événements. Des compagnies qui ne sont pas contentes, il y en a. Vos amis, encore une fois... Des compagnies ont été évincées, et Garda a eu des contrats pour assurer la sécurité ailleurs au Canada également, pas seulement à Montréal.
Cela veut dire que dans l'industrie, il y a des gens qui ne sont pas contents de cette situation. Cela m'inquiète parce que je ne voudrais pas que des trucs se produisent et que cela aille plus loin.
Alors, pensez-vous avoir le contrôle entier, du moins des uniformes, par rapport à la manière dont les choses se passaient avant, avec l'ancienne compagnie, et par rapport à Garda aujourd'hui? Pouvez-vous me garantir qu'on n'aura pas de problèmes à cause des uniformes?
:
J'ai quelques questions rapides, et j'apprécierais vraiment des réponses encore plus courtes. J'essaie de me retrouver dans mes documents; je suis trop préparé.
Je vais commencer par faire un commentaire gratuit sur le contrôle du fret. Comme vous le savez, après les incidents du 11 septembre et le rapport de la commission d'enquête, et l'enquête sur Air India qui se poursuit et aussi étant donné les effets de l'ouragan dans le Sud des États-Unis, si vous abordiez mille citoyens à leur sortie du métro de Montréal aujourd'hui et que vous leur demandiez qui est responsable de la sécurité dans les avions, eh bien je vous parie que la vaste majorité ne dirait pas que ce sont les sociétés aériennes. Je parie qu'ils vous diraient que c'est le gouvernement qui est responsable de la sécurité.
J'aimerais revenir sur un certain nombre de points précis. J'ai rencontré récemment des représentants d'une société qui vend des cartes d'identité, des lecteurs biométriques, etc. Cette société a déjà vendu des cartes biométriques permettant d'accélérer le contrôle des passagers à l'aéroport d'Orlando à 30 000 passagers. À l'aéroport JFK, je pense qu'ils en ont vendu environ 150 000 ou 200 000, et ce nombre augmente rapidement.
Je sais que vous dites que vous voulez prendre ces mesures dans un certain délai, mais je voudrais simplement vous informer de cela et passer à autre chose, soit le taux de roulement du personnel des aéroports.
Dans votre rapport de rendement trimestriel, monsieur Duchesneau, que je vous félicite d'avoir produit, vous visez un taux de roulement annuel de 10 p. 100. Cela me semble élevé. À l'heure actuelle, vous signalez un taux de roulement annuel d'un peu moins de 15 p. 100.
Lorsqu'on vous a interrogé à ce sujet, vous avez expliqué, je pense, que le marché de l'emploi est très actif. Une autre façon de dire cela, je suppose, est que les avantages de l'emploi dans votre secteur ne sont tout simplement pas concurrentiels par rapport à d'autres carrières. Je crois savoir que le salaire de vos agents de contrôle est moitié-moins élevé que celui des gardes frontières — soit, en moyenne 12,86 $ l'heure.
Le sénateur Kenny aurait dit qu'il est très préoccupé par le recrutement des agents de contrôle par le gouvernement et qu'on ne peut pas faire un bon recrutement en offrant le salaire minimum et aucun avantage. Votre taux de roulement restera très élevé et vous serez constamment obligé de former des employés, car les gens quittent les emplois qu'ils n'aiment pas.
Qu'allez vous faire pour réduire le taux de roulement?
J'aimerais revenir aux infractions. M. Cherry voudra peut-être me corriger, mais si j'ai bien compris, Garda a été mêlé à certaines infractions et son contrat de deux ans d'une valeur de 220 millions de dollars a néanmoins été renouvelé jusqu'en 2009. Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi Garda méritait qu'on renouvelle son contrat?