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Bonjour tout le monde et bienvenue à cette 43
e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Je sais qu'il y en a beaucoup parmi vous qui étaient absents, de sorte que je voudrais faire le point à votre intention.
Vendredi, vous avez reçu une note de ma part pour vous aviser que la séance d'aujourd'hui n'aurait pas lieu, mais que nous nous réunirions plutôt pour étudier les travaux futurs du comité. Il y a également deux motions dont nous devons discuter.
J'ai jugé qu'il était important d'expliquer au comité pourquoi j'avais pris cette décision et permettre aux membres de donner leur avis afin de voir ce qu'il convenait de faire. J'ai pensé qu'il était important que le comité se réunisse en séance plénière avant d'aller plus loin, en particulier en ce qui concerne cet examen de la sécurité ferroviaire. Je ne pense pas que qui que ce soit ici puisse nier qu'il s'agit là d'une étude importante et qui doit être réalisée.
J'ai attendu aussi longtemps que possible pour le faire. Lorsque nous nous étions quittés, le différend syndical-patronal était provisoirement réglé, mais pendant la relâche de Pâques, il est apparu clairement qu'il n'y avait pas entente. Au milieu de la semaine dernière, nous avons entendu dire qu'en raison de ce conflit de travail, le CN et le CP, qui devaient comparaître mercredi, ne pourraient pas venir.
En apprenant cela, j'ai pensé, comme la dernière fois — lorsque M. Bell avait présenté cette motion, il y avait un conflit de travail, et j'avais jugé que nous avions sursis à la chose, en partie, pour laisser le temps aux parties d'arriver à un règlement, quitte à les faire comparaître ultérieurement parce que nous devons les entendre pour pouvoir examiner ce dossier important — qu'il était préférable de surseoir à la chose.
Je laisse au comité le soin de décider, mais à mon avis, étant donné le conflit de travail actuel, il est important, si nous décidons d'aller de l'avant, de fixer certains paramètres afin de ne pas nous immiscer dans des questions syndicales-patronales, de ne pas nous immiscer dans l'actuel différend.
Cela dit, je vous présente mes excuses. Je sais que certains d'entre vous sont partis de chez eux vendredi afin d'être à Ottawa pour la réunion de lundi, de sorte que l'avis que j'ai envoyé ne leur est pas parvenu avant leur départ. Vous voudrez bien m'excuser pour ce désagrément.
Mais une fois encore, je pense qu'il est important que nous discutions entre nous quelques instants, voire plus longuement, selon ce que voudra le comité, de l'orientation que nous voulons prendre dans le cadre de cet examen.
Je vais m'en tenir à cela. Comme je l'ai, je crois, toujours fait, cette fois encore je vais demander au comité d'exprimer sa volonté, et je vais commencer en donnant la parole à M. Bell.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous dire que cette décision m'a beaucoup déçu.
J'ai écouté votre explication. J'ai appris la chose... Pour commencer, d'après ce que je sais, les intéressés ont passé plusieurs coups de téléphone vendredi après-midi entre 13 et 14 heures. À ce moment-là, rien ne permettait de croire qu'il y aurait un changement, de sorte que les trois témoins sont partis pour Ottawa. Depuis lors, l'un d'eux est rentré chez lui. C'est à 17 heures qu'ils ont appris que la réunion avait été annulée, ce qui est un manque flagrant de respect à l'endroit de nos témoins. En effet, ils ont dû prendre toutes sortes de dispositions pour venir ici, ils ont dû se préparer à répondre aux questions des membres du comité.
Je comprends fort bien votre souci en ce qui concerne la question de la grève et du lock-out, mais il est manifeste qu'avec tous vos talents de président, avec tout le savoir du comité en matière de procédures, nous aurions facilement pu aller de l'avant et avoir cette réunion sans nous engager dans cette question de grève et de lock-out, sans qu'il y ait chevauchement. Ça aurait été très simple. Si une question va trop loin, en réalité, ce qui nous intéresse ici, c'est essentiellement tout ce qui tourne autour des deux rapports que nous avons — l'audit en matière de sécurité et la phase un et la phase deux de l'étude sur la gestion de la sécurité qui a été effectuée par Transports Canada — et il faut impérativement que nous mettions le processus en route. Il y a encore et toujours des déraillements, des vies sont encore et toujours en jeu.
L'un des messieurs qui sont ici aujourd'hui, M. Gordon Rhodes, a lui-même frôlé la mort. Il faisait partie de l'équipage de la locomotive qui a déraillé à Lillooet, causant la mort de ses deux camarades. Sans la vigilance d'un de ses collègues sur un autre convoi, il est fort possible qu'il n'aurait lui-même pas été ici aujourd'hui. C'est donc quelque chose de très pénible, de très stressant pour lui de venir ici et de se préparer à nous parler de tous les problèmes qui, à son avis, ont fini par surgir dans ce qu'il a vécu, et dans d'autres incidents également dont il a connaissance.
Je pense qu'en l'occurrence ce que nous devrions faire... Il y a M. Anderson, qui vient de Sioux Lookout et qui est en ville je crois, et M. Gordon Rhodes qui vient de Colombie-Britannique. John Holliday est également venu de Colombie-Britannique, mais il est rentré chez lui parce qu'il avait appris que la réunion avait été annulée. Mercredi, la direction du CN vous a indiqué qu'il lui serait impossible de comparaître. Si nous voulons que ces dirigeants comparaissent, je pense qu'ils n'auraient pas le choix, à moins de vouloir se rendre coupable d'outrage au Parlement — puisque nous les citerions à comparaître — mais loin de moi l'idée d'envenimer davantage le conflit de travail actuel, la situation de grève et de lock-out que nous connaissons.
Je pense donc que nous devons aller de l'avant, et je proposerais par courtoisie de le faire immédiatement en entendant M. Rhodes, qui est dans la salle, et en déterminant ensuite si MM. Anderson et Holliday, ainsi bien sûr que M. Rhodes, veulent comparaître une nouvelle fois. Si le CN est absent mercredi, je proposerais d'inviter les représentants des travailleurs, dans un premier temps, puis ensuite de demander à Transports Canada de comparaître dans la foulée, après quoi nous entendrions le CN si c'est cela que nous voulons. J'aurais préféré, dans l'ordre, entendre les travailleurs, le CN et Transports Canada pour terminer.
Mais je ne tiens pas à ce que nous retardions les choses. Je sais que le ministre attend un rapport, mais c'est quelque chose d'important pour le comité. Nous avons bien dit que la sécurité ferroviaire, la sécurité aéronautique et la sécurité maritime allaient être des priorités du comité, c'est ce que nous avons dit au début de l'année. Nous avons déjà étudié certaines questions relatives à la sécurité aérienne, mais le nombre de déraillements qui continuent à se produire est tout simplement impensable. Peut-être y en a-t-il moins, je veux bien, mais il y en a quand même encore beaucoup trop à notre avis, au comité, ainsi que de l'avis de la population, et j'imagine que la plupart des membres du comité sont préoccupés par les risques en matière de sécurité pour les collectivités touchées. Il y a des convois qui transportent des marchandises dangereuses qui traversent des quartiers résidentiels, il y a le problème de la sécurité des cheminots eux-mêmes, il y a la sécurité du public, il y a la sécurité de l'environnement, comme nous avons pu le voir lors des accidents de Cheakamus et du lac Wabamun, des accidents qui ont fait que, dans le cas de celui de la rivière Cheakamus, les populations de poissons ont été décimées pour des dizaines et des dizaines d'années.
Je proposerai donc d'inviter les deux autres témoins — ainsi que M. Rhodes, s'il souhaite comparaître une deuxième fois — pour mercredi, et d'inviter M. Rhodes à témoigner tout de suite, puisqu'il est ici même et qu'il a pris la peine de répondre à notre invitation initiale.
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Monsieur le président, je vais appuyer la motion de M. Bell. Je veux simplement revenir sur l'explication que vous avez donnée. J'aime bien travailler en équipe, et on l'a toujours fait ici, au Comité permanent des Transports. Nous sommes en présence d'un gouvernement minoritaire. Ce n'est pas une situation facile.
Monsieur le président, j'essaie de suivre le fil de ce que vous dites. Vous dites que vous avez discuté de la situation. En tout cas, vous n'en avez pas discuté avec moi. Je suis un de vos vice-présidents. Je n'ai pas participé à cette discussion et je tiens à ce que vous le sachiez.
La dernière fois, lorsqu'on a fait comparaître Postes Canada, on ne voulait pas faire comparaître les représentants de la société en même temps que les préposés au repostage et les syndicats, parce qu'une négociation de convention collective était en cours. Il fallait faire attention aux questions que l'on posait.
Aujourd'hui, le Parti conservateur, par l'entremise de M. Fast, dépose une motion qui va intervenir directement dans les négociations de la convention collective, dans les poursuites judiciaires devant les tribunaux. Vous nous dites qu'il ne faudrait pas s'immiscer dans la question de la sécurité. J'ai de la difficulté à vous suivre. Je voudrais simplement qu'on se comprenne bien.
J'ai respecté les engagements pris en ce qui a trait à Postes Canada, j'ai accepté que les témoins soient séparés, qu'ils ne comparaissent pas en même temps. J'ai même supprimé des questions pour ne pas nuire aux litiges devant les tribunaux et aux négociations de Postes Canada avec ses employés. J'ai essayé de respecter tout cela.
Aujourd'hui, vous, les conservateurs, déposez une motion qui va carrément à l'encontre de ce que vous disiez vous-mêmes à la dernière réunion. Vous avez décidé de ne pas faire comparaître les témoins au sujet de la sécurité parce qu'il y aurait des problèmes. J'espère que l'on va s'entendre à l'amiable.
Pour ma part, je veux travailler, je veux qu'on évolue et je veux respecter tout le monde. Cependant, je suis un peu déçu. Je ne pensais pas que vous nous donneriez aujourd'hui une raison comme celle que vous invoquez. Je pensais que c'était parce que les témoins ne pouvaient pas se présenter, pour toutes sortes de raisons, et que cela s'était su à la dernière minute. Vous m'apprenez donc quelque chose en disant que vous avez discuté de la situation et que vous aimiez mieux ne pas les faire comparaître. C'est pourquoi je vais appuyer la motion de M. Bell. J'aurais aimé que l'on en discute tous ensemble auparavant, que l'on s'en parle au téléphone et que l'on connaisse la raison de la décision. Sinon, si des témoins sont ici aujourd'hui, je pense qu'il faut les entendre, par respect pour eux.
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Merci, monsieur le président.
Je comprends parfaitement pourquoi. Je ne suis pas tout à fait du même avis que mes amis, parce que je comprends pourquoi vous avez eu cette intention, ce que vous avez fait en réalité, d'annuler la réunion d'aujourd'hui, étant donné surtout ce qui s'est passé récemment au CN. Mais je suis par ailleurs également enclin à appuyer la motion de M. Bell dans ses grandes lignes, je pense en effet qu'elle est très bonne. Notre comité a fort bien travaillé et pour sa part, le gouvernement a affirmé très clairement que la sûreté et la sécurité de la population étaient pour nous quelque chose de prioritaire. Nous tous qui sommes réunis ici partageons l'avis que c'est la tâche la plus importante qui nous appelle, et c'est la raison pour laquelle, de ce côté-ci, nous nous sommes toujours ralliés à toutes les mesures prises dans ce sens.
Mais en même temps, nous sommes face à un gros problème et nous ne voulons pas que notre économie s'arrête de tourner. Nous ne voulons d'aucune ingérence dans les négociations entre la compagnie et le syndicat, parce que rien n'est plus important que cela. Et pour cela, je me demande si M. Bell serait prêt à accepter un amendement favorable à ce qu'il veut faire — je ne sais pas au juste comment il voudrait voir tourner la chose ou si même il serait disposé à accepter — en l'occurence que si quoi que ce soit est abordé ici, qui concerne une question de relation de travail ou un conflit de travail, cette question serait jugée irrecevable, qu'il s'agisse d'une question ou d'une réponse d'ailleurs, par le président. C'est la seule chose qui préoccupe le côté gouvernemental dans cette affaire.
Il ne faut pas que nous nous immiscions dans un conflit de travail ou dans une négociation syndicale-patronale, et il ne faudrait absolument pas que le comité, le gouvernement, la députation, servent de pion pour un camp ou pour l'autre, le risque de perturber les négociations est d'empêcher les parties d'arriver à un règlement. Nous ne tenons pas du tout à ce qu'on puisse penser que nous sommes nous-mêmes de la partie. Nous ne pensons pas qu'il y aille de l'intérêt des Canadiens, pas plus que de l'intérêt de la sûreté ou de la sécurité de la population, et c'est cela qui nous préoccupe.
Je proposerais donc un amendement favorable qui dirait que si une question ou une réponse concerne non pas la sécurité, mais plutôt les relations de travail, le président la jugerait irrecevable et l'interdirait, parce qu'à mon avis les Canadiens ne veulent que nous nous immiscions dans un conflit de travail.
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Monsieur le président, heureusement que nous sommes au comité des transports, parce qu'on n'arrête pas, j'en ai l'impression, de nous mener en bateau.
Je n'ai absolument aucun doute quant à vos qualités de président.
Mais j'aurais deux questions. La première concerne notre façon de procéder et la seconde le fond du débat. Je pense qu'en ce qui concerne le fond du débat, vous avez été injustement attaqué — et je vais vous expliquer pourquoi dans quelques instants — mais en ce qui concerne notre façon de procéder, je pense qu'il est important pour nous de rétablir le processus, celui que tout le monde pensait être le nôtre, qui nous amène à prendre des décisions. Il est regrettable que la décision qui a été prise de modifier notre ordre du jour l'ait été sans que les autres vice-présidents aient été consultés. S'il nous était possible de rétablir cette façon de procéder, je pense que nous serions sur la bonne voie d'une solution au problème, parce que cette façon de procéder qui est la nôtre a manifestement toujours produit, ici au comité, d'excellentes relations, des relations qui font que tout le monde travaille en coopération et sans partisanerie. Revenons donc à cette façon de procéder qui est la nôtre.
La deuxième est une question de fond. Nous ne sommes pas ici pour discuter de conflits de travail mais bien de sécurité ferroviaire. J'ai plus confiance en vous que certains de vos collègues. En votre qualité de président, vous allez nous obliger tous à nous en tenir à la question de la sécurité ferroviaire; un amendement favorable en ce sens n'est donc pas nécessaire. Le président peut voir à ce que les témoins soient traités avec respect et que les questions soient respectueuses.
Je pense qu'il faut que nous puissions nous occuper du problème de la sécurité ferroviaire. Le ministre est passé à la télévision, et je pense que nous savons tous de quelle chaîne il s'agit, en disant qu'il ne pouvait pas rendre public un audit parce que la compagnie en question ne voulait pas qu'il le fasse. Alors voilà où nous en sommes: nous avons tous reçu cet audit. Par conséquent, il s'agit simplement pour nous de tenter d'apporter une solution à tous les problèmes mis en lumière par cet audit. Nous avons trois témoins. Oui, ils représentent le camp des travailleurs dans ce dossier. En l'occurence, ce témoin-ci, M. Rhodes, est l'un des survivants de ce tragique accident. Quant aux deux autres, je pense que l'un deux est toujours ici, puisqu'il vient de Sioux Lookout, qui n'est quand même pas à côté de la porte lorsqu'on vient à Ottawa en voiture, et l'autre est à Montréal.
Je pense donc que nous devons admettre que ces gens sont venus à Ottawa, ou qu'ils ont accepté d'y venir, parce qu'ils voulaient nous parler de sécurité ferroviaire. Lorsqu'on compte plus de 100 accidents par an — un accident tous les trois jours — personne ne peut confondre une question qui intéresse les relations de travail et une question qui concerne la gestion de la sécurité.
Par conséquent, monsieur le président, je pense qu'il est bon que nous reprenions ce que nous sommes censés faire, et qu'à tout le moins nous entendions M. Rhodes et que nous allions de l'avant.
Si le CN et le CP ne veulent pas comparaître devant nous, tant pis. Il y a des choses beaucoup plus importantes à étudier que leurs résultats financiers: il s'agit de la sécurité des gens et des marchandises que ces compagnies transportent, c'est la priorité; et ensuite, il y a l'infrastructure d'un réseau qui soude le pays. Ne nous laissons donc pas distraire par quelqu'un qui nous dit que peut-être s'agirait-il là d'une question de relations syndicales-patronales qui est à la table de négociation. Personne n'a jamais dit que nous voulions nous immiscer dans les négociations.
Et entre parenthèses, lorsque je disais qu'il est bon que nous soyons au comité des transports parce qu'on nous mène en bateau, quel meilleur exemple y a-t-il que le fait que, comme nous le savons, notre collègue, le , vient de déclarer qu'il allait justement présenter un projet de loi forçant le retour de ces gens au travail? Cela, nous le savions déjà. Ce n'est pas ici qu'il faut en discuter, c'est à la Chambre. Ici, nous parlons de sécurité ferroviaire. Nous avons ici un témoin expert, un survivant — et nous en avons eu d'autres. Nous aurions dû suivre le processus habituel et respecter la procédure en conséquence, et nous ne devrions pas nous refuser à entendre ce témoin aujourd'hui.
Par conséquent, monsieur le président, un amendement favorable n'est nullement nécessaire.
Et avec tout le respect que je dois à M. Jean, laissez-le faire son travail, laissons le président faire son travail et saisissons l'occasion qui nous est donnée d'entendre ce que le témoin a à nous dire.
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Monsieur le président, j'aimerais m'exprimer en faveur de l'amendement proposé par mon collègue, M. Jean. Je ne veux nullement dévaloriser ses intentions. Je crois que la suggestion selon laquelle sa motion proposant un amendement constitue une diversion n'est pas exacte.
En passant, je fais confiance au président, et je crois que tous les membres du comité de ce côté-ci de la table ont confiance en vous, monsieur le président. Vous avez toujours fait un excellent travail, et je sais que vous continuerez à bien nous servir.
Je suis l'un des trois députés de la Colombie-Britannique et, tout comme les deux autres, je subis probablement la pression la plus directe en raison des déraillements qui ont eu lieu en Colombie-Britannique. M. Bell a déjà soulevé cette question auparavant. J'ai parlé de l'importance de la sécurité ferroviaire et j'ai indiqué que nous devons aller au fond de l'affaire.
Je veux être tout à fait clair: de ce côté-ci de la table, nous prenons cette question très au sérieux. En fait, le ministre a émis quelque chose de relativement inhabituel, c'est-à-dire une directive à l'intention du CN afin que celui-ci présente au gouvernement un plan de sécurité opérationnel révisé. Après de nombreuses discussions, le plan de sécurité a été présenté. Le ministre l'a déclaré inacceptable. Il l'a renvoyé au CN. Le CN a donc dû reprendre ses travaux et améliorer le plan. On ne peut pas dire que le ministre ne prend pas cette question au sérieux.
Je peux vous dire que je considère cette question comme étant l'une des plus importantes auxquelles le comité s'attaquera. Cela dit, toutefois, je suis aussi parfaitement au courant du fait que les perturbations du service ferroviaire dans ma communauté seulement ont causé beaucoup de colère.
Je pourrais vous donner de nombreux exemples, comme les industries de la volaille et des produits laitiers, qui dépendent de la nourriture pour animaux. Dans notre communauté, il existe trois ou quatre provenderies, de grandes usines, parce que nous sommes la principale collectivité agricole en Colombie-Britannique. Nous dépendons donc de ces provenderies pour maintenir notre industrie agricole. Ces usines étaient à une ou deux journées de manquer de nourriture, parce que le produit dont les provenderies ont besoin pour fabriquer la nourriture pour animaux n'était tout simplement pas disponible.
Il y a pire encore: ce produit avait été commandé par ces provenderies, mais les courtiers qui livrent le produit faisaient le tour du marché afin de tenter de trouver la meilleure offre. Ainsi, même si on commandait le produit, on pouvait ne pas l'obtenir parce que quelqu'un d'autre avait fait une meilleure offre. Voilà les problèmes auxquels nous faisons face, non seulement à Abbotsford, mais partout au pays, et cela ne tient compte que du domaine de l'agriculture. Pour moi, il est donc essentiel de trouver une solution pour résoudre le conflit ferroviaire.
J'ai entendu dire que la loi de retour au travail déposée par notre gouvernement et qui sera aussi étudiée par celui-ci permettra de résoudre le problème. Ça ne règle pas la question des négociations. Même si nous adoptons une loi de retour au travail, les négociations collectives vont se poursuivre, parce qu'aucun contrat ou convention collective n'aura alors été négocié. Il faut donc poursuivre cela.
Je veux veiller à ce que rien, au cours de nos délibérations et de l'audition des témoins, ne mette en jeu de quelque façon que ce soit le processus de ces négociations. Nous quatre, membres conservateurs du comité, tendons le rameau d'olivier aux autres partis en disant que nous convenons que le témoignage de ces personnes est important, mais veillons à ce que le président ait des lignes directrices claires afin d'éviter de nuire aux négociations collectives actuelles de quelque façon que ce soit.
Si nous pouvons le faire, je crois que nous aurons une approche harmonisée de toute cette question de la sécurité. Je ne veux en aucun temps diminuer l'importance de cette question. Je ne veux pas que ce message soit transmis au public, parce que pour moi, comme Britanno-Colombien, c'est très important.
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Merci monsieur le président.
Je veux poursuivre dans la même veine que M. Fast. Après le dernier incident portant sur le conflit de travail dans le secteur ferroviaire, j'ai eu la chance de rencontrer l'un des commettants de M. Fast. Je peux vous assurer que ces individus prenaient la question très au sérieux, et pour ces entreprises, il s'agissait presque d'une tragédie dans l'intérieur de la Colombie-Britannique. Je veux simplement être certain que tous sachent à quel point il est important de ne pas de donner à cette question une importance qu'elle n'a pas et de faire en sorte que le comité n'envenime pas la situation et nuise à la communication ou aux négociations de travail.
Je veux poursuivre l'idée de M. Fast. À l'heure actuelle, la Loi sur la sécurité ferroviaire est révisée par un groupe d'experts indépendant. Ce groupe d'experts doit faire rapport au ministre avant le mois d'octobre. En fait, il a émis des avis, et comme M. Fast l'a mentionné, il a pris des décrets — c'est la première fois qu'un ministre le faisait dans ce domaine en particulier — et un autre décret demandant au CN un plan. En fait, je sais que les députés libéraux pourraient être quelque peu embarrassés, parce que nous avons vu, depuis que les conservateurs ont pris le contrôle de ce dossier, une réduction de 25 p. 100 des incidents ferroviaires en voie principale. C'est une preuve de réussite du ministre et révélateur de ce que le ministre souhaite réussir, soit rendre l'industrie ferroviaire sécuritaire. À l'heure actuelle, elle n'est pas encore assez sécuritaire, mais nous sommes sur la bonne voie.
Finalement, je pourrais vous dire que la vérification...
En réponse au commentaire de M. Jean, je signale que j'espère que nous n'allons pas faire de la partisanerie. Nous parlons de sécurité. Nous devrions examiner cette question en comité.
Je dois répondre de façon mesurée en disant que le nombre de déraillements a, selon moi, diminué en raison des mesures prises par le ministre du gouvernement libéral, qui a demandé que ces deux rapports soient réalisés, et je peux aussi voir les mesures prises depuis par le ministre actuel afin de faire pression sur les compagnies ferroviaires et pour se concentrer sur cette question.
Il ne s'agit pas simplement des mesures du ministre actuel; c'est un processus qui avait déjà été entamé — et qui devait être rendu public, et cela faisait partie de nos inquiétudes.
J'aimerais dire que je suis d'accord pour reconnaître qu'il ne faut pas s'ingérer dans un processus de relations de travail ou de négociation collective, dans une situation de grève ou de lock-out. En toute équité, pour nous attaquer à certaines des questions dont nous sommes saisis — et si je comprends bien, ces questions ne sont pas à la base du conflit actuel... Il y a certains domaines ici ou des rapports ou des recommandations... Par exemple, le rapport G dans la vérification indique que les initiatives d'amélioration de la culture de la sécurité comprise dans la proposition de gestion de la sécurité de Transports Canada n'ont pas été mises en application efficacement dans le secteur des services mécaniques, où de nombreux employés ont indiqué que dans trois des six lieux de travail, un pourcentage élevé d'employés avaient affirmé être réticents à signaler les blessures mineures parce que des mesures disciplinaires avaient été prises.
Voilà de quoi il s'agit. Cinquante-trois pour cent des locomotives ont des défaillances, y compris des avaries des freins. Il s'agit d'une question d'entretien, et l'entretien peut être lié — en fait c'est bel et bien lié — à la question de savoir s'il y a suffisamment d'employés pour bien faire le travail.
Je vous demande si vous souhaitez que je formule une motion afin d'entendre le témoin maintenant. Je suis satisfait, peu importe si on s'entend pour dire que vous utiliserez votre pouvoir discrétionnaire comme président ou si vous souhaitez l'ajouter formellement par le biais de la suggestion de M. Jean, afin de nous entendre pour dire que nous n'allons d'aucune façon tenter d'intervenir dans la situation actuelle de grève et de lock-out au CN. Certaines de ces questions sont étroitement liées à des décisions prises par le CN au sujet des niveaux de dotation, des niveaux d'inspection. Selon moi, ces questions ne sont pas au coeur du conflit de travail actuel, mais ce sont des questions qui ont été soulevées ici et il s'agit du coeur de nos préoccupations.
Quand plus de la moitié des locomotives ont des problèmes mineurs ou majeurs, et que c'est encore pire dans le cas du matériel roulant, et lorsqu'on entend dire qu'il n'y a pas de liste — on les appelle des « bulletins de composition » — de ce qu'il y a dans le train, ni d'où le train se trouve... M. Fast a parlé des effets sur sa collectivité à North Vancouver. Chaque jour, des réservoirs de chlore traversent ma communauté. Je vous parle à titre d'ancien conseiller municipal, pour vous dire qu'il est important que votre équipe chargée des matières dangereuses, les services d'incendie, ou quiconque intervient, sache ce que contient le train et où le train se trouve, si un déraillement ou un accident survient.
Voilà le genre de choses qui m'inquiètent. J'aimerais avoir la chance de poser des questions aux témoins, j'aimerais poser des questions au CN, et j'aimerais poser des questions à Transports Canada, dans l'ordre approprié.
Je suis prêt à me fier à votre jugement. Comme je l'ai dit plus tôt et comme d'autres membres du comité l'on dit, j'ai une confiance totale dans la façon dont vous assurez la présidence du comité. La décision que vous avez prise n'était sans doute pas celle que j'aurais préférée, et je comprends votre explication, mais je crois qu'il faut faire avancer les choses.
Si vous le souhaitez, monsieur le président, je formulerai une motion afin que nous entendions M. Rhodes immédiatement et que nous invitions les autres témoins à revenir mercredi s'ils sont disponibles.
Pour ce qui est de la question du conflit de travail, je m'en remets à votre discrétion. Je crois certainement que tous les députés de ce côté-ci de la table n'ont aucune intention de s'ingérer dans le conflit de travail actuel ni de poser des questions à cet effet.
Je m'appelle Gordon Rhodes. Je vais vous décrire rapidement ma connaissance des chemins de fer. J'ai commencé à travailler en 1977 comme manoeuvre dans une équipe de construction de voies ferrées en Colombie-Britannique, sur le tronçon allant de Jasper à Kamloops. J'ai démissionné, puis j'ai recommencé à travailler en 1984 pour une section et j'y suis resté quelques années. Ensuite, j'ai travaillé à l'entretien comme soudeur de rails, puis comme soudeur à la production. J'ai fait ce travail de Jasper à Vancouver, puis à partir du Nord et du Sud de l'Ontario.
Par la suite, j'ai commencé à travailler comme agent de train en 1988, puis comme agent de triage à Toronto. J'ai fait ce travail pendant deux ans à Toronto, puis j'ai travaillé dans le Nord de l'Ontario dans environ neuf gares différentes de Toronto à Vancouver, pour le CN, sur la ligne principale et les lignes secondaires. En 1992, j'ai laissé mon poste au CN et pour une raison quelconque, j'ai décidé de retourner au chemin de fer en 1993. J'ai alors travaillé pour le merveilleux petit chemin de fer de la Colombie-Britannique, B.C. Rail et c'était comme revenir à une époque révolue. J'y travaille depuis 1993, c'est-à-dire depuis 14 ans et j'ai commencé à conduire des trains en 1994.
Tout cela pour vous dire qu'étant donné mon expérience, je sais ce que je dis. Le tronçon qui va de Vancouver à Clinton en Colombie-Britannique — et il y a d'autres tronçons comparables dans le Nord — est le plus dangereux et le plus périlleux qui soit au Canada. Après avoir survécu à cet accident, j'ai encore beaucoup de mal même à essayer de monter à bord un train. Cela m'est très difficile en ce moment. Je ne fais plus confiance à l'équipement et je ne fais plus confiance aux gestionnaires. J'ai perdu toute confiance en eux.
Je ne voudrais pas qu'on pense qu'il s'agit de récriminations syndicales, parce que cela n'a rien à voir avec les syndicats. Je me méfie d'eux et j'ai des raisons pour cela. Les gouvernements ne veulent pas affecter plus de gens pour faire respecter les règlements. Ils ne veulent pas jouer le rôle de la police des chemins de fer ou des entreprises. Ils veulent que les entreprises fassent ce qu'elles ont à faire, n'est-ce pas? Parce que c'est ce qu'elles doivent faire à leur avis, n'est-ce pas?
Or, voilà justement le hic. La Loi sur les chemins de fer n'oblige pas ces gens — et par là j'entends le CN et le CP — à rendre compte de leurs erreurs. Les déraillements ne se produisent pas sans raison. Ils ont des causes et j'en ai vécu beaucoup. Dans certains cas, je me trouvais à bord d'un wagon qui a quitté les rails. Dans d'autres, nous avons frappé le côté d'un autre train. Dans d'autres encore, le système d'aiguillage s'est brisé et on s'est retrouvé dans le décor. J'étais à bord du train lors du dernier déraillement, qui sera probablement mon dernier. Et je me demande encore comment j'ai pu y survivre.
Ce que j'aimerais vous faire comprendre, c'est qu'il y a bien des questions à poser à Transports Canada et aussi aux compagnies de chemin de fer. La première question, c'est: où sont les règles qui obligeraient ces gens à rendre compte de leurs décisions?
Moi, je dois rendre compte de ce que je fais, un médecin aussi, et un avocat aussi. Ils ont tous des titres de compétence et des accréditations. J'ai moi aussi mon certificat, tout comme mon conducteur. Si on me juge incompétent de quelque façon que ce soit, on peut m'enlever mon certificat et par le fait même m'empêcher de faire mon travail. Pourquoi un surveillant de chemin de fer qui doit prendre des décisions capitales en matière de sécurité à 2 heures du matin ou à 13 heures... Quels sont ses titres de compétence? De quelle façon doit-il rendre compte de ses décisions devant Transports Canada ou la population canadienne?
Qu'en est-il du suivant dans la hiérarchie jusqu'au chef de gare qui prend quantité de décisions relatives à la sécurité, depuis la manutention du chlore jusqu'à la manutention des conteneurs qui traversent la cour des gens? Et ils traversent beaucoup de cours.
Comment peut-on faire pour que ces gens aient à rendre des comptes? Parce que je ne vois personne qui a à en rendre. Je ne veux pas avoir l'air vindicatif ou en colère ou quoi que ce soit de ce genre. Je sais que c'est l'impression que je donne, mais ce n'est pas ce que je ressens. Ce que j'éprouve, c'est de la frustration parce que ce n'est pas le premier accident et ce ne sera pas le dernier. Il va y en avoir d'autres. Il faut que ces gens-là aient des comptes à rendre.
Quand on se met à réduire les budgets, on se met à lésiner sur l'entretien, le nombre d'employés qui font le travail, on en arrive à la situation dangereuse d'aujourd'hui. Nous sommes arrivés à un seuil critique.
Ce seuil critique, il est évident qu'il se trouve en Colombie-Britannique. S'il y en a tant là-bas, c'est parce que les normes ferroviaires de la province... Avant l'acquisition par le gouvernement fédéral, les normes étaient plus élevées, plus rigoureuses. Aujourd'hui, elles le sont moins qu'avant. Il faut des normes plus exigeantes en terrain montagneux. Nous devons passer par des courbes qui font 12 ou 13 degrés. Des inclinaisons de 2,2 p. 100. Ça n'existe nulle part ailleurs. Les normes, c'est une des causes, et il faut les conserver.
J'ai des idées de questions. C'en était quelques-unes; en voici d'autres. Comment se fait-il qu'il y ait un conflit de travail dont personne ne veut parler? Je comprends, d'accord. Qui a tort, qui a raison, ce n'est pas ce qui m'intéresse. C'est la sécurité qui m'inquiète. Il y a un problème de sécurité qui s'annonce actuellement et personne ne semble ne s'en rendre compte.
Il y a des chefs de train qui ne sont pas au travail. Je me trompe ou bien ils ont tous débrayé? Je n'ai pas suivi les actualités.
La dernière fois qu'ils ont débrayé... Je peux vous dire ceci, c'est quelque chose que je sais, et je vous dis que c'est vrai. Il y avait des superviseurs qui ont leur brevet A, ce que doit avoir un chef de train. Je sais que maintenant au CN, l'examen pour obtenir son brevet A se fait à livre ouvert. Pour moi, c'est inacceptable, mais c'est ainsi. Il y a donc maintenant des superviseurs qui occupent des postes essentiels pour la sécurité, qui conduisent des trains et dont l'expérience va de nulle à cinq jours. Dans certains cas, ils n'ont aucune expérience. Comment peuvent-ils occuper un poste essentiel pour la sécurité, se charger de transporter des milliers de tonnes de matériel sans avoir la moindre expérience? Comment peut-on penser que c'est sûr? Pour moi, ça ne l'est pas.
Il y a des situations où l'expérience doit primer. Il faut que tout le monde aille sur le terrain. Quand j'étais agent de train à Toronto, à mes débuts, il fallait passer trois semaines à suivre un cours sur les règles et c'était intensif. Quand j'ai fait ma signalisation, il fallait tout écrire au long, mot à mot. Il fallait connaître les signaux. Trois ont été recalés parce qu'ils ne les connaissaient pas. Il fallait obtenir une note de 90 p. 100 à l'examen pour passer le cours sur les règles. Et ce n'était que la première étape.
Pour la suivante, il fallait faire 65 affectations, c'est-à-dire être affectés 65 fois à des emplois différents, dans des situations diverses avant d'être « lâchés » comme on dit dans le métier, et d'être autorisés à travailler en autonomie.
Et voilà qu'aujourd'hui, en ce moment même, il y a des gens qui ont au maximum cinq jours de formation. Comment peut-on dire que c'est sûr?
Ce n'est pas le cas partout pour tous les postes, mais ça se fait. Ça existe. Et ces gens-là sont terrifiés. J'en connais quelques-uns et ils sont terrifiés de perdre leur emploi s'ils dénoncent la situation.
Il y a quelque chose qui ne va pas avec la Loi sur les transports au Canada si ces choses-là peuvent arriver. Il faut qu'il y ait des normes de sorte que quand les chemins de fer ont ce genre de problèmes, ils garantissent que ceux qu'ils affectent à ces trains sont capables de faire le travail.
L'autre problème, ce sont les déraillements. On ne nous dit pas tout sur les déraillements. Ils ne font que les signaler. Il y a ensuite ce que l'on appelle les incidents. Un incident, c'est quand on l'a échappé belle. Ils ne sont pas signalés. S'ils le sont, il est certain qu'on n'en tire pas les leçons. C'est dans la phase II de ce rapport. Tout ce que l'auteur de cette évaluation a dit dans les deux premières pages du rapport sur la phase II concernant la gestion, à mon avis, est pas mal dans le mille. Le contenu de la phase I — je n'ai pu lire que les cinq premières pages et je n'ai pas pu aller plus loin. Ça m'a levé le coeur. Ça m'a rendu malade parce que je me sentais piégé. Je travaille dans le secteur où le matériel était le pire. Ça m'a donné la nausée. On savait tous qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. On savait tous que les choses étaient de travers. Personne n'écoutait.
J'en aurais encore à dire mais il serait plus constructif que vous me posiez des questions. Je suis tout disposé à parler.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Rhodes, d'être venu et de nous donner cette occasion de discuter avec vous.
Dans ce que vous avez dit, j'ai compris deux choses. D'abord, il y a l'augmentation du nombre de déraillements — 2005 étant une année record, où le chiffre a été particulièrement élevé, dans deux régions. La première, c'est un peu partout au pays, pour diverses raisons, ce qui indique peut-être que l'on accorde trop peu d'attention à l'entretien des voies et du matériel au pays. La deuxième, c'est la Colombie-Britannique, depuis la reprise de B.C. Rail par le CN.
Si j'ai bien compris, les Instructions générales d'exploitation sont en quelque sorte le manuel de fonctionnement des chemins de fer. Les IGE. Pour la plus grande partie du territoire, où les terres sont relativement planes, on parle soit de « terrain de niveau » ou « en pente douce », je crois.
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Je dirais qu'il faut multiplier les vérifications, et non le contraire, dans le cas des infrastructures essentielles comme les ponts. À l'ère électronique, on se demande comment une compagnie peut perdre les dossiers d'entretien d'un pont. Comment expliquer cela? Il serait peut-être utile de le faire.
Premièrement, il faudrait instaurer un système grâce auquel un ingénieur ferait une inspection et un rapport. Il serait ensuite tenu de l'envoyer dans un délai précis à Transports Canada qui le mettrait sur ordinateur. L'informatique permet de faire cela sur-le-champ. Ainsi, le rapport pourrait être préparé sur place, là où se trouve le pont, et puis être entré sur ordinateur à Transports Canada.
Si le rapport n'était pas acheminé dans un délai précis, un représentant de Transports Canada devrait se rendre sur place pour inspecter le pont; la compagnie serait facturée pour cela. En outre, on devrait lui imposer une amende. C'est cela la reddition de comptes.
Comment explique-t-on qu'un pont s'écroule alors qu'un train le traverse? Excusez-moi si je deviens émotif mais j'ai vécu une expérience abominable. Deux de mes amis sont morts sous mes yeux. Pourquoi? Parce que les gens ne veulent pas entendre la vérité. Les gens ont peur de la vérité parce que cette vérité va leur occasionner des frais.
Je ne suis pas américain, je suis canadien et j'étais autrefois fier de désigner ma compagnie sous le vocable Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, dans les années 80. Désormais, je ne peux plus le faire. Il me faut dire le CNR. À quoi cela rime-t-il?
Les dirigeants nous expliquent comment ils vont gérer l'entreprise. Je pense qu'il est grand temps que vous, messieurs et mesdames, leur disiez comment le faire.
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Je voulais parler de Transports Canada. J'estime que Transports Canada a failli à la tâche lors de la vente de B.C. Rail.
Je vois les choses de la façon suivante: le CN est une grosse multinationale dont le réseau de chemin de fer va du Mexique au Canada; il a acheté de nombreux chemins de fer qu'il a intégrés à son réseau, et il est passé maître dans ce genre d'opération. Le problème, c'est qu'en l'occurrence, il a absorbé un chemin de fer qu'il ne connaissait pas, alors qu'il croyait le connaître. Ce qui s'est produit résulte de son arrogance, dans la mesure où les gens du CN sont arrivés et ont pris connaissance de nos instructions générales d'exploitation, fruit d'une cinquantaine d'années d'expérience ferroviaire sur cette voie, et ils ont procédé à leur façon parce qu'ils voulaient un réseau homogène. Ils voulaient une formule d'exploitation unique. Ils n'ont écouté personne; ils se sont contentés de lancer leur système.
Transports Canada n'avait personne en place qui ait pu se rendre compte — ou peut-être n'est-ce pas prévu dans la loi. Je ne sais pas. Mais personne n'a pris le soin d'assurer la transition entre la réglementation provinciale et la réglementation fédérale. Personne n'a tenu compte des différences entre les deux et des mesures qu'il aurait fallu prendre, et c'est pour cette raison que ces accidents se sont produits. Ils auraient pu être évités.
Il s'agit d'une voie ferrée où nous faisions passer de cinq à sept trains par jour, et le CN a voulu y faire passer deux énormes convois. Si vous regardez les taux d'accidents du CN par rapport aux nôtres, c'est-à-dire ceux de B.C. Rail, c'est véritablement le jour et la nuit.
Ils peuvent bien venir raconter ce qu'ils veulent ici, mais les chiffres sont là pour le prouver.