:
Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez mentionné, je m'appelle Brian Jenner. Je suis président et directeur général de la Helicopter Association of Canada, dont je vais vous dire quelques mots pour commencer.
L'association a été constituée en 1994 et chargée de réunir le secteur canadien de l'hélicoptère. Ses principaux objectifs sont les suivants: veiller à la viabilité du secteur canadien de l'hélicoptère; informer le public et les instances gouvernementales à propos de l'industrie; promouvoir la sécurité de vol; élargir les domaines d'utilisation des hélicoptères et mettre en commun les pratiques exemplaires au sein du secteur. Les rôles de l'association sont les suivants, entre autres: définir et résoudre les problèmes; soutenir le secteur en représentant les exploitants en ce qui concerne ces problèmes et ces solutions; organiser, tous les ans, un congrès et un salon professionnel facilitant la communication avec le secteur et au sein de celui-ci. Ce salon annuel est devenu le premier événement en importance au Canada dans le domaine de l'aviation commerciale.
[Français]
La liste des membres de l'association inclut maintenant 70 p. 100 des exploitants d'hélicoptères commerciaux canadiens. C'est une réussite tout à fait étonnante pour un organisme à adhésion volontaire. En raison de la forte adhésion des exploitants d'hélicoptères, l'association a aussi attiré 90 membres associés parmi les fournisseurs de l'industrie.
Les 15 entreprises commanditaires dont l'appui financier est assez remarquable incluent ACROHELIPRO, Westland Helicopter, Bell Helicopter, Textron Canada, Benfield Corporate Risk, Eurocopter Canada, Helicopter's Magazine, Honeywell, Pratt and Whitney Canada, Marsh Canada, NAV Canada, Rolls-Royce, Standard Aero, Turbomeca et Willis Global Aviation Canada.
[Traduction]
En plus d'être l'association de l'aviation commerciale la plus représentative au Canada, la HAC nomme un des membres du comité consultatif de Nav Canada. De surcroît, elle est membre de la International Federation of Helicopter Associations et de la International Helicopter Safety Team, dont le but est d'éliminer les accidents d'hélicoptère dans le monde.
Dans le cadre de son travail au sein de la International Helicopter Safety Team, dite IHST, l'association, en collaboration avec l'Aviation civile de Transports Canada, le Bureau de la sécurité des transports du Canada, les producteurs d'hélicoptères et les membres de l'association, a joué un rôle déterminant dans l'établissement de l'équipe canadienne conjointe d'analyse de la sécurité des hélicoptères — la JHSAT-CAN — et de l'équipe canadienne conjointe de mise en oeuvre des mesures de sûreté pour les hélicoptères — la JHSIT-CAN.
La JHSAT-CAN est chargée de mener des analyses causales approfondies sur les accidents d'hélicoptère au Canada, d'évaluer les interventions possibles, d'élaborer des recommandations pour chaque catégorie d'accident, de proposer des stratégies d'intervention et d'établir des matrices d'évaluation.
La JHSIT-CAN est chargée d'élaborer des stratégies de mise en oeuvre et des plans d'action en fonction des recommandations de la JHSAT, de coordonner les stratégies de mise en oeuvre avec les organisations responsables, de fixer des mesures de rendement et bien plus encore.
Comme vous pouvez le constater, la HAC est un chef de file dans les méthodes modernes de gestion de la sécurité et de prévention des accidents.
[Français]
Nous partageons avec plusieurs autres organismes certaines inquiétudes en ce qui concerne les amendements proposés à la Loi sur l'aéronautique. Cependant, comme représentants de plusieurs PME de l'aviation, nous sommes surtout préoccupés par un élément qui manque toujours à l'appel. Nous limiterons donc nos commentaires au chaînon manquant du projet de loi C-6, celui qui laisse les PME à la merci de la fonction publique et les laisse sans recours réels contre la menace de destitution par l'entremise d'un avis de suspension ou de révocation du certificat d'exploitation.
[Traduction]
Aux termes de la Loi sur l'aéronautique, il y a plusieurs raisons justifiant l'annulation ou la suspension d'un document d'aviation civile; le certificat d'exploitation d'une compagnie aérienne est le document le plus important pour les transporteurs aériens.
En vertu de l 'article 6.9, l'Aviation civile de Transports Canada peut suspendre ou annuler tout document d'un exploitant qui a contrevenu à un règlement ou à une disposition de la loi. En vertu de l'article 7, Transports Canada peut annuler ou suspendre un document sur-le-champs s'il y a un danger immédiat pour la sécurité.
Cependant, c'est l'article 7.1 qui nous intéresse. En vertu de celui-ci, l'Aviation civile de Transports Canada peut annuler ou suspendre le certificat d'un exploitant aérien si ce dernier ne répond plus aux conditions de délivrance ou de maintien en état de validité du document, ou si l'intérêt public l'exige.
Cette disposition nous plaît bien. Nous aimons l'idée que les gens doivent respecter à la lettre les règles relatives à l'obtention et au maintien d'un certificat d'exploitation. Le problème, c'est que Transports Canada commet parfois des erreurs. En effet, d'après nos données, il est en tort 25 p. 100 du temps.
Si le ministère fait erreur, l'exploitant se retrouve sans aucun recours. Théoriquement, il peut interjetter appel de la décision de Transports Canada d'annuler ou de suspendre son certificat d'exploitation aérienne auprès du Tribunal de l'aviation civile.
J'ajouterais aussi que, dernièrement, l'annulation ou la suspension est une des principales mesures prises pour encourager le respect de la loi. Je répète que nous n'avons aucun problème avec cela. Nous voulons que nos concurrents obéissent la loi.
Cependant, quand Transports Canada commence par nous signaler un problème qu'il a découvert et nous signifie ensuite un avis de suspension qui prendra effet dans trente jours, c'est un problème si nous n'avons aucun recours, et nous n'en avons effectivement aucun. Pendant ces trente jours, on peut soumettre une demande d'examen au Tribunal de l'aviation civile, qui, en moyenne, accorde une audience au plus six mois après la date de la demande et rend sa décision au plus un an plus tard. Donc, en attendant que le tribunal nous dise que Transports Canada a tort et que nous avons raison, nous devons suspendre nos activités. Il faut rectifier cela.
La solution est simple. Aux termes du paragraphe 7.1(4), le tribunal a l'autorité de surseoir à la décision du ministre après qu'il ait entendu l'affaire. Ce que nous proposons, c'est d'accorder au tribunal le pouvoir de surseoir à la décision du ministre dès le début du processus. S'inspirant des arguments présentés par le ministre et le titulaire du document, le tribunal devrait pouvoir surseoir à la décision dès le lancement du processus d'audiences.
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Bonjour à tous, et merci de m'avoir invité à vous parler cet après-midi.
Je m'appelle Greg Holbrook et je suis le président national de l'Association des pilotes fédéraux du Canada, l'APFC.
Cette dernière représente environ 375 pilotes travaillant à Transports Canada comme inspecteurs de l'Aviation civile. Les membres de l'APFC sont des professionnels qui émettent des licences et inspectent, testent, surveillent, auditent et font respecter les règlements canadiens en matière de sécurité aérienne.
Nous avons de sérieuses réserves à propos du projet de loi C-6 et des systèmes de gestion de la sécurité qu'il prévoit. Pendant des années, Transports Canada a maintenu un niveau de sécurité acceptable grâce à un système de freins et contrepoids et à la surveillance exercée par les inspecteurs chargés de faire respecter les règlements. Cela a permis d'établir un niveau de sécurité enviable dont jouit maintenant le public canadien.
Le projet de loi C-6 et les SGS prévoient un niveau de sécurité abordable. C'est bien ça, on passe d'acceptable à abordable. Motivé par des coupes budgétaires prévues et une réduction de 50 p. 100 du nombre d'inspecteurs d'ici quelques années, le projet de loi C-6 confiera aux compagnies aériennes le soin d'établir le niveau de sécurité approprié. En vertu des SGS, mis en oeuvre par Transports Canada, ce sont les compagnies aériennes qui décideront du niveau de sécurité pour les voyageurs. Ce niveau de sécurité sera dont établi en fonction des profits des compagnies aériennes.
Cette mesure législative permettrait également aux compagnies aériennes de surveiller elles-mêmes le respect de leurs propres règlement et normes de sécurité. Transports Canada a déjà délégué le contrôle du secteur de l'aviation d'affaires à l'Association canadienne de l'aviation d'affaires. Le projet de loi C-6 accordera l'immunité aux compagnies aériennes contre les sanctions en leur permettant de traiter elles-mêmes les infractions aux règles de sécurité.
Transports Canada se débarrasse de ses responsabilités en matière de sécurité parce qu'il est incapable de les assumer. Au vu de certaines de ses récentes décisions, Transports Canada renonce déjà à son rôle de surveillance et démantèle le système de freins et contrepoids qui nous a permis d'avoir jusqu'à présent un taux d'accidents relativement faible.
Contrairement à ce que vous ont dit des représentants de Transports Canada, les SGS viennent remplacer des programmes de sécurité clés qui ont déjà été éliminés. En voici quelques exemples.
En décembre 2005, Transports Canada a émis la Directive de l'Aviation no 39, qui donnait aux compagnies aériennes le soin de faire leurs propres enquêtes sur les infractions et d'adopter leurs propres mesures. Quand Transports Canada reçoit un rapport d'incident qui mériterait qu'on s'y intéresse, quelle qu'en soit l'origine, il le transmet à la compagnie aérienne concernée, lui demandant de traiter l'affaire conformément à son système de gestion de la sécurité. Les inspecteurs de Transports Canada ont reçu l'ordre de ne pas ouvrir d'enquête.
En mars 2006, Transports Canada a torpillé le Programme national de vérification, qui couvrait les 8 principales compagnies aériennes, les 5 plus grands aéroports et les 3 plus importants constructeurs d'aéronefs au pays. Pourquoi? Pour redistribuer les ressources et les fonds prévus pour l'inspection à l'administration des SGS. Les programmes de vérification régionaux sont également en train d'être éliminés.
En octobre 2006, la direction de Transports Canada a soudainement interrompu toutes les enquêtes sur les infractions commises par les compagnies aériennes pour autant qu'elles aient ou qu'elles préparent un SGS. Tous ces dossiers ont été fermés sans qu'aucune mesure n'ait été prise.
La période de validité des Contrôles de compétence pilote a été portée à 2 ans et les tests ne seront plus effectués par les inspecteurs de Transports Canada à partir de décembre 2007. Les compagnies aériennes ont été avisées de contrôler elles-mêmes la compétence de leurs pilotes ou de la faire contrôler par un tiers, ce qui constitue un conflit d'intérêts flagrant.
Les inspecteurs de Transports Canada ne pourront plus compter sur ces contrôles pour mieux comprendre ce qui se passe dans les postes de pilotage. Je signale aussi que, à cause de cette décision, le Canada est en contravention des normes internationales. Pendant des années, Transports Canada n'a pas eu les ressources suffisantes pour inspecter et vérifier adéquatement les compagnies aériennes. Au lieu d'accroître les ressources, il a simplement ordonné à ses employés de mener leurs inspections « en fonction des ressources disponibles ».
Pour vous aider à comprendre comment le rôle des inspecteurs a changé depuis la mise en oeuvre des SGS, j'aimerais comparer la situation passée avec ce qu'on connaît actuellement.
Sous le système qui a permis au Canada d'obtenir le haut niveau de sûreté qu'il connaît actuellement, les inspecteurs étaient sous le capot des avions des compagnies qu'ils contrôlaient et inspectaient. Ils accompagnaient les pilotes en vol. Ils étaient sur place dans les ateliers d'entretien et dans les centres des opérations de vol.
Sous le SGS, il n'y aura plus de vérification ou d'inspection régulière. Nous examinerons les documents des SGS, les rapports des SGS et les structures du système. Nous passons du travail pratique à l'étude de dossiers. Je vous invite à consulter la publication que j'ai distribuée, qui contient les documents à l'appui de mes déclarations.
Compte tenu de ce contexte et de l'insistance de Transports Canada à se débarrasser des inspections de sécurité, il n'est pas étonnant que les inspecteurs soient préoccupés au plus haut point par ces SGS.
Nous avons chargé l'entreprise Pollara de consulter nos membres à propos des SGS. Plus de 65 p. 100 d'entre eux ont rempli le sondage en ligne qui a été effectué entre le 26 janvier et le 2 février. Le résultat le plus alarmant est que les trois quarts des inspecteurs estiment qu'une catastrophe aérienne se produira certainement, ou très certainement, dans un futur proche et que 60 p. 100 d'entre eux croient que les SGS de Transports Canada vont accroître cette probabilité.
Le sondage a aussi révélé que 80 p. 100 des répondants pensent que les SGS vont les empêcher de traiter et de corriger les problèmes de sécurité avant qu'il ne se produisent; 67 p. 100 d'entre eux pensent que les SGS de Transports Canada vont accroître le niveau de risque dans l'aviation au Canada parce que les contraintes financières des compagnies aériennes vont compromettre la sécurité; 77 p. 100 pensent que la confiance du public dans le transport aérien va décroître quand il apprendra l'existence des SGS; et 80 p. 100 pensent que la mise en oeuvre des SGS découle simplement du fait que Transports Canada a de moins en moins de ressources.
Ces perspectives peu rassurantes m'amènent à proposer les recommandations suivantes, que je vous demanderais d'envisager:
Premièrement, demander au ministre de doter l'Aviation civile de Transports Canada des ressources nécessaires au contrôle adéquat de l'industrie.
Deuxièmement, amender le projet de loi C-6 afin que les SGS entraînent les niveaux de sécurité le plus élevé possible et que la détermination des niveaux de risque appropriés ne soit pas laissée entre les mains des compagnies aériennes.
Troisièmement, abroger l'article 5.31 ou, à tout le moins, faire en sorte que les activités de vérification du respect des règlements ne soient pas déléguées aux compagnies aériennes commerciales, dont le but est de faire des profits.
Quatrièmement, prévoir une protection pour les employés qui rapportent des problèmes de sécurité ou expriment leurs inquiétudes à l'organisme de réglementation.
Sur cette dernière recommandation, je sais, d'expérience, qu'il est nécessaire de protéger les dénonciateurs afin d'établir un environnement de signalement « non punitif » qu'on cherche à établir en vertu du . La semaine dernière, un haut fonctionnaire de Transports Canada a appelé mon bureau, après avoir appris que l'APFC devait témoigner, et a affirmé que « ce sera problématique » si même un seul inspecteur de TC se présente devant le comité pour témoigner sur des questions de sécurité.
Je ne sais pas si Transports Canada essaie de limiter l'information que vous recevez, mais je ne vois pas de meilleur exemple pour illustrer le besoin de protéger les employés. Et si j'avais cédé à ces pressions et décidé de ne pas témoigner pour vous brosser un tableau exact de la situation dans le cadre de votre étude du projet de loi C-6?
Transports Canada met en jeu la sécurité des voyageurs. À vous de décider si c'est acceptable.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président et honorables membres du comité.
Bonjour, je suis le commandant Brian Boucher. Je suis directeur principal de la Sécurité des vols pour l'Association des pilotes d'Air Canada. De plus, j'ai été pilote au Canada pendant plus de 30 ans, dont plus de 29 au sein de la compagnie. Nous vous sommes reconnaissants de cette occasion de faire connaître officiellement nos observations à propos du projet de loi , la Loi modifiant la Loi sur l'aéronautique.
L'APAC représente les 3 000 employés d'Air Canada qui pilotent sa flotte principale, composée de 200 avions à fuselage étroit et à fuselage large, au Canada et dans le monde entier. Le Règlement de l'air nous touche au quotidien. Il n'est pas exagéré de dire que la sécurité de vol, c'est notre monde, et le mien tout particulièrement depuis plus de 25 ans, étant donné que j'ai participé à l'enquête sur l'accident Dryden et je que travaille avec le juge Moshansky depuis plus de deux ans à mettre en oeuvre les recommandations.
Le ministre des Transports a la responsabilité de réglementer et de superviser l'aviation au Canada. Nous comprenons que le projet de loi a été conçu afin de rendre plus sûr le système d'aviation au Canada, et nous estimons que le SGS constitue un progrès important à cette fin.
Sous le SGS, les transporteurs aériens et leur direction sont davantage responsables du maintien d'une norme de sécurité acceptable. Le règlement exige aussi des compagnies qu'elles trouvent « un moyen efficace de faire participer les employés et leurs représentants dans le processus de mise en œuvre et de développement continu du système de gestion de la sécurité ». Ces représentants sont toutes les association au sein de la compagnie, la société, pour laquelle je travaille, Air Canada. Cette participation est essentielle pour que le SGS puisse effectivement accroître la sécurité. Je compare parfois cela à un tabouret à trois pattes. Il n'est pas question de se départir de Transports Canada en tant qu'organe de réglementation; il s'agit plutôt de collaborer tous ensemble afin de former un tabouret à trois pattes — l'organe de réglementation, la compagnie aérienne, la société et ces associations.
La promotion de la culture de la sécurité est un élément clé du SGS, et c'est sur quoi nous devons nous concentrer, sur la culture. Afin d'y arriver, il faut que les employés se sentent libres de signaler les erreurs, les lacunes en matière de sécurité et les violations involontaires du règlement sans crainte — comme c'était le cas pas le passé — d'une poursuite en justice, d'une mesure disciplinaire ou de voir sa réputation entachée. Les données, qui sont déclarées dans leur totalité, sont essentielles au bon fonctionnement du SGS. Ces données seront déclarées seulement si l'identité du déclarant est protégée au plus haut point possible. Cela fait plus de cinq ans que ces données sont recueillies à Air Canada, donc bien avant l'arrivée des SGS.
Prenez l'exemple suivant. Nos pilotes déposent des rapports sur la sécurité de vol. Il y a cinq ans, 3 000 pilotes déposaient en moyenne 300 rapports par années. Aujourd'hui, ils en déposent près de 5 000. Cela illustre bien le changement de culture chez les pilotes: ils savent qu'ils n'ont plus à craindre les mesures disciplinaires.
De surcroît, l'organisme de réglementation doit être capable de surveiller continuellement la mise en oeuvre du SGS ainsi qu'être déterminé à tenir une compagnie aérienne et ses dirigeants responsables de l'élaboration et du maintien de ce système. Il faut que ces dirigeants soient tenus de rendre des comptes. Le rôle de l'organisme de réglementation change sous le SGS, vous le savez déjà. Il ne disparaît pas, et nous espérons qu'il ne disparaîtra jamais. Cet organisme doit surveiller les compagnies afin de veiller à ce qu'elles puissent maintenir l'intégrité du SGS, peu importe comment se portent les affaires.
L'APAC aimerait faire connaître ses préoccupations relativement au projet de loi. Elle est préoccupée par le pouvoir de déléguer les pouvoirs de réglementation, surtout à l'aviation commerciale. La loi ne devrait pas permettre à des compagnies aériennes ou à des groupes de compagnies aériennes d'établir leur propres règlements. Étant donné le contexte commercial extrêmement concurrentiel dans lequel nous nous trouvons, et ce, depuis les dix dernières années, les directeurs de compagnies aériennes n'ont pas l'indépendance nécessaire pour se distancer de leurs objectifs purement économiques.
L'APAC aimerait que le pouvoir de délivrer des licences au personnel soit délégué à des associations professionnelles autonomes de pilotes de ligne, comme c'est le cas dans les domaines médical et juridique. Ainsi, il pourrait y avoir une vérification indépendante des programmes de formation des pilotes de ligne et de la procédure opérationnelle.
Nous avons aussi de sérieuses préoccupations quant à la façon dont les renseignements sur la sécurité — comme les rapports sur la sécurité de vol et les données tirées des programmes d'analyse des données de vol — sont traités dans ce projet de loi. Chaque action, chaque commande effectué dans la cabine pilote est consignée et enregistrée. Jusqu'à 1 800 paramètres de vol et de systèmes sont contrôlés en tout temps, et ce, pour promouvoir la sécurité de vol. La façon dont les données sont recueillies sous le SGS est très invasive.
Imaginez-vous ce que ce serait dans le cadre du travail que vous faites quotidiennement. Jusqu'à 1 800 paramètres sont enregistrés, c'est-à-dire beaucoup plus que l'enregistreur de conversations de poste de pilotage auquel vous êtes habitué, et l'enregistreur de données de vol. Il y a 1 800 paramètres.
Nous avons réussi à convaincre notre groupe de pilotes de se tenir au fait des tendances et des analyses, afin d'accroître la sécurité de vol au Canada. Nos pilotes ont adopté ce programme. Ça n'a pas été facile de les en convaincre. C'est grâce à nous, les responsables de la sécurité au sein de notre organisation, que ce programme fonctionne.
À l'heure actuelle, ces données de vol font l'objet d'une entente détaillée entre notre association et Air Canada. Cette entente contribue beaucoup à l'atteinte des objectifs en matière de sécurité de vol. Aux termes de celle-ci, ce sont les responsables de la sécurité à l'APAC, et non la direction d'Air Canada, qui détiennent ces données. Cette mesure de protection nous a permis de cultiver un relation de confiance grâce à laquelle les analyses essentielles des données de sécurité peuvent être mises en commun sans risquer de porter atteinte à la vie privée ou la sécurité des pilotes.
Cette mesure de protection est éliminée par le paragraphe 5.394(1) du projet de loi, qui dit:
En vue de promouvoir la sécurité aérienne, le ministre peut conclure avec tout utilisateur d’aéronef un accord portant sur la collecte, l’analyse, l’utilisation et la communication de renseignements provenant d’un enregistreur de données de vol.
De plus, les dispositions du projet de loi relatives à l'intérêt public laissent à l'entière discrétion des tribunaux la décision d'accorder au ministre le droit d'accéder à tout renseignement sur la sécurité de vol recueilli sous le SGS. Un tel accès non réglementé sera très nuisible à la culture de la sécurité qu'on essaye de promouvoir sous le SGS au sein d'Air Canada et d'autres compagnies aériennes au Canada. Nous nous opposons fortement à l'absence, dans le projet de loi, de mesures de protection des données sur la sécurité.
L'APAC s'oppose aussi fortement à l'exclusion de l'association en tant que partie à une telle entente. C'est là une omission inutile qui nie le droit fondamental à la vie privée et les intérêts des particuliers sans accroître aucunement la sécurité de vol. En Allemagne et en Australie, par exemple, les données de vol des pilotes sont protégés en droit.
L'APAC est très heureuse de pouvoir exprimer ses opinions sur ces questions. Nos membres ont une perspective unique à offrir, et nous sommes déterminés à participer activement et positivement au processus. Les représentants de l'APAC sont toujours disposés à vous rencontrer, ou vos employés, si vous avez besoin d'aide ou de renseignements supplémentaires.
Merci de votre temps et de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, honorables membres du comité, mesdames, messieurs, bonjour. C'est un plaisir d'être parmi vous.
J'aimerais tout d'abord vous présenter Robert Mather, vice-président de l'aviation civile au sein de l'association. Je pense que Robert peut apporter un point de vue unique dans ce débat. En effet, il a travaillé à la Direction de la certification des aéronefs de Transports Canada pendant vingt ans et, plus tard, en tant qu'ingénieur en chef en navigabilité pour une des nos compagnies membres, Pratt & Whitney Canada, pendant près de dix ans.
Au nom des quelque 400 entreprises membres de mon association situées d'un bout à l'autre du pays, je vous remercie de l'occasion qui nous est donnée de comparaître devant vous aujourd'hui. L'industrie aérospatiale est un élément essentiel de l'économie canadienne de la technologie de pointe. Elle compte plus de 75 000 employés qui travaillent à la conception, à l'élaboration et à la production d'aéronefs, de systèmes de bord, de composants d'aéronefs et d'infrastructures qui seront vendus dans le monde entier. En effet, plus de 85 p. 100 des produits de l'industrie est vendu à l'étranger, ce qui reflète bien la haute qualité, la sûreté et la fiabilité des produits et services aérospatiaux canadiens.
Nous sommes heureux de pouvoir vous exposer le point de vue du secteur aérospatial sur la manière dont le projet de loi aidera à consolider le rôle bien établi et de longue date du Canada en tant que chef de file mondiale en matière de sécurité aérospatiale. Nous croyons que les changements proposés dans le projet de loi dont vous êtes saisis amélioreront le rendement de toutes les personnes concernées, rendement qui contribuera à l'accroissement de la sécurité de l'espace aérien, des appareils et, au bout du compte, des voyageurs, non seulement ici mais dans le monde entier.
Les dispositions du projet de loi , surtout celles liées aux organisations désignées et aux systèmes de gestion de la sécurité, permettront d'ouvrir la voie afin que l'industrie aérospatiale puisse assumer une plus grande part de responsabilité quant à la réglementation de son propre comportement dans les domaines de la loi qui sont largement considérés comme étant à faible risque. Nous accueillons favorablement cette tournure.
Nous estimons que cela ne fait que confirmer ce qui était déjà évident, c'est-à-dire que l'industrie aérospatiale canadienne a atteint sa majorité. Le mandat de cette industrie mûre et axée sur la sécurité est continuellement stimulé par un désir prépondérant de promouvoir la sécurité des voyages aériens et spatiaux. À notre avis, ce projet de loi est un signe de reconnaissance de cette maturité. Il fait fond sur des pouvoirs et des systèmes en matière de délégation qui ont fait leurs preuves, et il est un fier exemple de l'engagement indéfectible du Canada envers les normes de sécurité les plus élevées au monde dans le secteur de l'aviation civile. Nous estimons aussi qu'une surveillance efficace de la sécurité est essentielle au maintien de la confiance des voyageurs, sans compter celle de nos partenaires commerciaux du monde entier.
Les entreprises membres de l'AIAC ont collaboré avec des employés de Transports Canada à l'élaboration des systèmes de gestion de la sécurité définis dans le projet de loi dont vous êtes saisis, mesures qui, selon nous, accroîtront la sécurité aérienne en favorisant une culture de la sécurité, dont a parlé le commandant Boucher, tout en permettant à l'industrie d'être plus efficace.
Les renseignements fournis par Transports Canada ont permis à ces entreprises d'avoir les outils dont elles auront besoin quand le projet de loi sera adopté et que les règlements d'exécution consécutifs au projet de loi seront promulgués.
L'industrie aérospatiale du Canada compte un bon nombre de petites et moyennes entreprises; certaines d'entre elles ont exprimé des préoccupations comme quoi les plus petits joueurs trouveraient peut-être que ces SGS sont trop difficile ou trop coûteux à mettre en oeuvre. Des hauts fonctionnaires de Transports Canada nous ont assurés qu'on répond actuellement à ces préoccupations. Le gouvernement a démontré sa volonté d'ajuster les systèmes de gestion de la sécurité en fonction de la taille des entreprises, et s'est engagé à travailler avec ces dernières pour s'assurer que les SGS soient mis en oeuvre économiquement, efficacement sur le plan de la sécurité, et le plus vite possible.
Favoriser un régime de réglementation en matière de sécurité aérienne qui fait la promotion de l'utilisation responsable de la déclaration volontaire, dans certaines circonstances, est une étape importante de l'évolution de l'industrie aérospatiale en tant qu'entreprise citoyenne responsable. De son côté, nous nous attendons du gouvernement qu'il assume toute la responsabilité en ce qui concerne la manipulation et la protection, dans la plus stricte confidentialité, de toutes les données de sécurité recueillies. Entre-temps, nous avons hâte de travailler avec vous, membres de ce comité, ainsi qu'avec les représentants de Transports Canada, à mesure que les dispositions du projet de loi sont mises en oeuvre.
La disposition portant sur les organisations désignées reflète particulièrement bien les objectifs exposés dans le plan Vol 2010 de Transports Canada. Nous espérons d'autres partenariats de la sorte entre le gouvernement et l'industrie, lesquels rendent bien, selon nous, l'esprit de l'engagement à long terme à l'égard de la sécurité aérienne. Nous nous attendons à ce que le projet de loi nous mette sur la voie vers nombreux des objectifs établis par Transports Canada dans le document Vol 2010, objectifs que l'industrie aérospatiale endosse pleinement, dans l'intérêt primordial de la sécurité.
Merci, je suis à votre disposition pour répondre aux questions.
:
D'accord, je voulais simplement m'en assurer.
Il est frappant de constater combien les opinions divergent, celles des inspecteurs — votre association, M Holbrook — des pilotes, de l'association de M. Boucher. J'ai toujours dit que chaque histoire a trois versions: la vôtre, la mienne, est les faits. Mais en l'occurrence, il semble y avoir encore plus de versions.
Vous avez dit, et je cite — car j'estime qu'il est important que nous allions au fond des choses — que la semaine dernière, un haut fonctionnaire de Transports Canada a appelé votre bureau et a dit — vous l'avez cité — que « ce sera problématique » si même un seul inspecteur de TC — je suppose qu'il s'agit de Transports Canada — se présente devant le comité pour témoigner sur des questions de sécurité.
Qui vous a appelé, monsieur? Je vous rappelle que, bien entendu, tout ce que vous dites sera rendu public, comme il se doit.
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Monsieur le président, je pourrais répondre à cette question.
Il y a environ deux ans, presque trois maintenant, j'ai recommandé à Transports Canada, dans le contexte d'une des réunions dont Bob a parlé, de procéder à un projet pilote pour mettre à l'essai les SGS dans les petites et moyennes entreprises, comme on l'avait fait avant de les implanter chez Air Transat et Air Canada, par exemple.
Transports Canada a accepté cette recommantions et a conçu un projet pilote, en collaboration avec la HAC, entre autres. Une vingtaine de compagnies ont participé je crois.
D'après ce que j'ai entendu en ce qui a trait aux hélicoptères et à l'entretien des hélicoptères également, le processus a été productif. La rétroaction que j'ai eue de Transports Canada... Je ne pourrais pas vous dire aujourd'hui qui m'a dit quoi que ce soit, mais je sais que le processus progresse et que nous examinons comment adapter les SGS aux petites et moyennes entreprises. C''est donc un outil utile et non simplement un autre exercice théorique.
Je suis certain que les SGS pourront être adaptés aux petites entreprises et que ces dernières y trouveront également leur compte.
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Merci, monsieur le président.
J'espère que les députés des deux côtés de la table prendront très au sérieux cette question et j'espère sincèrement qu'ils aillent au fond des choses.
Je suis tout à fait d'accord avec messieurs Bélanger et Laframboise, et je crois que le comité devra revenir sur la question. Je poursuivrai, cependant, car notre temps est limité aujourd'hui et nous ne pouvons tout simplement pas poser à monsieur Holbrook toutes les questions qui découlent de sa présentation très éclairée.
Je veux revenir sur les étapes dont vous avez fait état dans votre mémoire. Tout d'abord, en décembre 2005, Transports Canada a publié la directive no 39 de l'Aviation civile qui, selon vous, confiait les enquêtes en matière d'application au consultant du transporteur aérien. Cela s'est produit au milieu de la campagne électorale. Je ne sais même pas si le gouvernement de l'époque était au courant.
Pouvez-nous parler de la publication de cette directive — la date de publication serait utile, si vous l'avez — et nous dire si le nouveau ministre des Transports a été mis au courant, si le ministère des Transports a pris des mesures pour retirer cette directive et, bien sûr, quelles sont les conséquences?
:
Si je pose ces questions, c'est que je suis surpris des témoignages que nous avons entendus. Nous avons eu des représentants du Bureau de la sécurité des transports et de Transports Canada. M. Boucher est venu représenter les pilotes d'Air Canada. Des représentants d'autres associations de pilotes sont venus représenter quelque 60 000 pilotes de l'Amérique du Nord. M. Jenner et M. Boag ont témoigné. Tous ont parlé très favorablement du . Certains ont exprimé de petites réserves, comme M. Jenner, mais je crois que nous pouvons régler certaines de ces préoccupations.
Cependant, l'industrie, dans son ensemble, considère qu'il s'agit d'un grand pas en avant. En fait, j'aimerais citer le capitaine Dan Adamus de l'Association des pilotes de lignes aériennes qui a vraiment résumé le tout de façon très succincte. Il appuie le projet de loi. Pourquoi? C'est « le prochain grand bond en avant en matière de sécurité aérienne ». Il est très en faveur des SGS. Il dit qu'ils établissent la responsabilisation des hauts paliers de direction des compagnies en matière de sécurité et permettent de rapporter des événements reliés à la sécurité sans crainte de représailles. Il voit là un cadre chapeautant les règlements de sécurité actuels.
Il ne s'agit pas, comme vous l'avez laissé entendre, de supprimer un règlement, de laisser un vide et de le combler avec les SGS. C'est une combinaison des deux, et presque tous les autres témoins...
Une voix: Tous les autres.
M. Ed Fast: ... ont beaucoup insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une amélioration globale de la sécurité aérienne.
Je dirais donc que vous avez soulevé des préoccupations, mais qu'elles ne concernent pas le résultat net. L'enjeu ici n'est pas la réduction du nombre d'inspecteurs dans votre unité de négociation. Ce qui nous préoccupe, c'est...
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Merci beaucoup. Tout est là. Je suis un de ceux qui veulent que les systèmes de gestion de la sécurité, ou SGS, fonctionnent. Toutefois, depuis le tout début, je me questionne sur le fait que, parallèlement, on se désengage du système d'inspection. On nous a dit qu'on avait commencé les discussions en 1998, mais il ne faut pas oublier les événements de septembre 2001. La tolérance de la population par rapport à la sécurité a changé.
Le Bureau de la sécurité des transports n'a pu nous dire si les SGS avaient entraîné une diminution des accidents ferroviaires. Cela veut dire qu'on se questionne. Là où je suis d'accord avec vous tous, c'est que d'ici à ce que les SGS donnent leur pleine mesure, Transports Canada devra maintenir un système d'inspection.
La décision que Transports Canada a prise en décembre 2005 me pose un problème. En pleine campagne électorale, on a décidé d'émettre la Directive de l'Aviation civile n° 39. Nous, les députés, devons constater que Transports Canada n'a pas à coeur la sécurité des citoyens: il a à coeur les économies qu'il fera.
Je regrette, monsieur Fast, mais les syndicats nous ont dit qu'à partir du mois d'août 2005, on avait commencé à réduire le personnel, comme on peut le constater dans le tableau que vous avez déposé. On doit s'assurer qu'il y a un système d'inspection adéquat. J'aime moins quand l'APAC vient nous dire que les inspecteurs ne joueront plus le même rôle une fois que les SGS seront mis en oeuvre. Comme vous le dites, monsieur Boucher, dans cinq à dix ans, ils n'exerceront peut-être plus les mêmes fonctions, mais entre-temps, il faut que le système d'inspection soit maintenu afin d'assurer la sécurité de la population.
Ma question s'adresse à M. Holbrook. Finalement, ce que vous dites, c'est que le système d'inspection n'est plus le même depuis quelques années.
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Je peux uniquement m'exprimer au nom de notre association. Comme vous le savez, nous travaillons avec la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne et nous traitons avec des pays qui ont déjà mis en oeuvre des SGS, comme par exemple l'Australie. Nous traitons avec ces compagnies aériennes. Nous faisons aussi partie de l'OACI. Comme vous le savez, il s'agit d'une initiative de l'OACI et nous l'appuyons. Vraiment.
J'ai écouté la discussion sur les pratiques en matière d'exécution. Je peux vous parler, pour en avoir eu directement connaissance, de violations telles que voler trop haut et atterrir sur la mauvaise piste, comme cela s'est produit l'an dernier à l'aéroport national de Washington. Nous avons mené une enquête de sécurité de vol et nous sommes allés au fond des choses. Le but n'était pas d'imputer un blâme ou d'infliger une amende. Nous sommes allés au fond des choses, mais si nous n'avions pas eu un SGS, si nous n'avions pas eu un système d'enquêtes sur la sécurité de vol, nous n'aurions jamais pu le faire. Par conséquent, l'expérience des deux ou trois dernières années montre que les SGS fonctionnent, et nous, en tant que groupe de pilotes, sommes très heureux que ceux-ci fonctionnent aussi bien.
Cela nous donne aussi la possibilité, et les autres pays en conviennent, d'explorer d'autres initiatives comme la gestion des risques liés à la fatigue, afin de s'occuper du dossier de la fatigue chez les pilotes. Nous en avons entendu parler dans les médias, et les SGS nous permettent de mener de telles initiatives. Oubliez la réglementation et l'application des règlements parce que, bien franchement, cette approche ne fonctionne pas. En outre, les SGS nous fournissent une solution de rechange pour apporter des changements au cadre réglementaire dont nous discutons aujourd'hui.
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Monsieur le président, avant de commencer, j'aimerais mentionner deux points. Le premier c'est que nous pourrions peut-être demander à nos recherchistes de trouver les réponses demandées à M. Holbrook. Il devrait être plus facile pour eux de fournir ces renseignements. J'imagine que, s'ils examinent les documents des deux derniers budgets, ils vont trouver quelque chose. Cela nous serait très utile.
D'autre part, je m'excuse auprès des témoins d'être arrivé en retard et d'essayer de faire du rattrapage. Je le dis en guise d'introduction, parce que j'étais relativement à l'aise avant de commencer à entendre ce que vous aviez à dire, mais ce n'est plus tout à fait le cas maintenant. Par conséquent, n'hésitez pas à me corriger au besoin.
Premièrement, j'en déduis de vos réponses que, effectivement, vous êtes en faveur du SGS; que, non, vous n'aimiez pas le rendement antérieur en matière de sécurité; que, oui, vous pensez qu'il devrait y avoir un changement de culture — et, à mon avis, cela suppose que l'industrie, les compagnies n'étaient pas particulièrement empressées en l'absence d'incitations réglementaires appropriées, qu'il s'agisse du bâton ou de la carotte — et que vous êtes toujours prêts à faire partie du changement de culture, mais que vous voulez quand même le maintien en place du régime réglementaire de surveillance.
Où me suis-je trompé?
Monsieur Boucher, je pense tout particulièrement à vous en posant cette question.
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Nous ne disons absolument pas que nous voulons nous débarrasser du cadre réglementaire. Plus tôt, j'ai donné l'exemple de la réglementation sur la période de service de vol. À mon avis, si nous nous comparons au reste du monde, nous ne faisons pas du très bon travail à cet égard au Canada, et nous voulons être des chefs de file en matière de sécurité aérienne. En fait, si nous comparons la réglementation sur la période de service de vol en vigueur un peu partout dans le monde, le Canada ne fait pas très bonne figure en ce qui a trait à cet aspect de la réglementation.
La gestion des risques liés à la fatigue est un programme qu'Air Canada, l'organisme de réglementation et les associations ont tous appuyés. Par conséquent, nous ne disons pas qu'il faut abandonner le cadre réglementaire, mais nous pensons qu'on peut améliorer la sécurité des vols en s'occupant du problème de la fatigue des pilotes. C'est un dossier important pour nous.
Dans le passé, si l'on enfreignait un règlement — comme par exemple ne pas voler à la bonne altitude en arrivant à Ottawa, ce qui se produisait, par exemple lorsque nous étions censés nous maintenir à 17 000 pieds d'altitude et que l'appareil continuait à voler à 20 000 pieds — l'incident était signalé, puis faisait l'objet d'une enquête par l'organisme de réglementation et c'était tout. Parfois, une amende était imposée, ou le pilote faisait l'objet d'une mesure disciplinaire et était condamné à trois jours sans solde. Qu'est-ce que cela prouvait? Rien.
Toutefois, les SGS ont permis de s'attaquer à la cause profonde. Nous ne voulons pas commettre ces erreurs et nous voulons que celles-ci soient signalées. Par conséquent, nous avons fouillé et trouvé les problèmes latents que quelqu'un a mentionnés plus tôt et qui ont été constaté lorsqu'ils ont regardé ce que la FAA avait faite quand les pilotes lui ont dit: « Regardez plus loin; regardez ce qui est derrière l'incident; trouvez la cause profonde qui a fait que nous avons presque eu un accident ». Maintenant que nos pilotes signalent ces incidents, nous pouvons identifier les problèmes, être proactifs et prévenir les accidents attribuables à ces causes. C'est ce que font les SGS.
Par conséquent, je ne dis pas qu'il faut laisser tomber la réglementation. Nous disons plutôt que c'est un autre niveau.
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Non, ce n'est pas comme cela que je vois les choses. C'est la justification qu'on me donne à chaque fois. La raison pour laquelle je suis sceptique après avoir écouté chacun d'entre vous, c'est qu'il semble que l'industrie, y compris les fournisseurs de services et les entreprises, est encouragée à se conformer à la loi et à fournir des renseignements — qui servent, pour vous paraphraser, à aller au fond des choses et à trouver les causes profondes — parce qu'autrement elle ne le ferait pas. Cette perspective me trouble toujours, parce que j'utilise beaucoup les services de cette industrie. Je suis plutôt préoccupé par le fait que les gens sont réticents à signaler les problèmes.
S'ils sont réticents à communiquer des renseignements qui rendraient le service beaucoup plus sûr et sécuritaire...j'entends le capitaine Holbrook me dire que, peut-être que cela ne va pas régler le problème, parce que, premièrement, les gens ne sont pas encouragés à signaler les incidents ou, deuxièmement, qu'ils ne jouissent pas de la protection nécessaire s'ils le font.
Il existe un conflit entre, d'une part, la volonté d'établir une culture différente et, d'autre part, des actes qui donnent à penser que cette culture ne va pas voir le jour, parce que les ressources nécessaires ne seront pas disponibles.
Si ces ressources ne sont pas disponibles pour Transports Canada, qu'est-ce qui pourrait me donner confiance que l'industrie mettra de telles ressources en place?