:
Bonjour, tout le monde, et bienvenue au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités réuni pour sa 34
e séance.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 7 novembre 2006, nous étudions le projet de loi C-6, Loi modifiant la Loi sur l'aéronautique et d'autres lois en conséquence.
Nous recevons aujourd'hui Merlin Preuss, Franz Reinhardt et Joan Knight, du ministère des Transports, ainsi que Jacques Laplante et Alex Weatherston, du ministère de la Défense nationale.
Comme nous le faisons d'ordinaire, nous vous demandons maintenant de nous présenter vos exposés en les limitant à sept minutes par intervention, après quoi nous passerons aux questions des membres du comité, si cela vous convient. Je vais maintenant demander à celui ou celle qui va ouvrir le feu de bien vouloir commencer.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour tout le monde.
Je me félicite d'avoir cette occasion de venir témoigner devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités à l'occasion de son étude du projet de loi C-6, Loi modifiant la Loi sur l'aéronautique.
Cette loi fixe la responsabilité du ministre des Transports en ce qui concerne les activités aéronautiques civiles, ainsi que celles du ministre de la Défense nationale pour ce qui concerne les activités aéronautiques militaires. Le projet de loi, qui a été adopté en deuxième lecture à la Chambre le 7 novembre 2006, s'inscrit dans le droit fil de l'engagement permanent de Transports Canada à l'endroit d'une meilleure sécurité du système national des transports.
Je vais vous exposer aujourd'hui certains des éléments clés du projet de loi dont la teneur est par ailleurs fort technique.
Le Canada peut compter sur l'un des systèmes les plus sûrs au monde en matière aéronautique. Ce palmarès enviable est attribuable en partie à la réglementation en matière de sécurité qui est axée sur la prévention des accidents. Transports Canada a pour rôle d'offrir une assise réglementaire solide à partir de laquelle le système peut fonctionner. Il lui incombe de mettre en place tous les outils nécessaires pour améliorer le palmarès de l'industrie en matière de sécurité. De plus en plus, l'industrie aéronautique a un caractère planétaire, et même si la mondialisation fait de nouvelles potentialités pour les utilisateurs et les fournisseurs de services de transport aérien, elle fait également ressortir la nécessité qu'il y a d'offrir un environnement concurrentiel, une meilleure harmonisation des normes et des règlements et une réglementation plus intelligente. Pour pouvoir demeurer concurrentielle à l'échelle mondiale, l'industrie doit continuer à améliorer ses résultats en matière de sécurité.
L'expression réglementation intelligente est souvent utilisée dans ce contexte, et elle s'entend d'une amélioration constante de la réglementation, d'une meilleure gestion du processus réglementaire, mais aussi d'une reconnaissance du fait que les gouvernements, les citoyens et l'industrie partagent une même responsabilité pour rendre le système plus efficace encore. Le résultat de cela est une réglementation moins prescriptive harmonisée avec les règles des autres organismes de réglementation au Canada et à l'étranger, ainsi que des consultations véritables avec à la fois l'industrie et la population. Dans la pratique, cela signifie une réglementation qui impose des règles davantage axées sur les résultats en matière de sécurité, avec moins d'interventions, et qui sont élaborées, si nécessaire, de manière à donner à l'industrie la souplesse voulue pour pouvoir faire preuve d'ingéniosité dans la recherche de ces résultats.
Les changements qu'on se propose d'apporter à la loi sont le reflet des nouvelles stratégies qui sont en train d'être mises en oeuvre pour réglementer la sécurité aéronautique tout en prescrivant ou demeurant des pouvoirs habilitants explicites pour les nouvelles initiatives intéressant la sécurité et la réglementation comme les systèmes de gestion de la sécurité, qui sont considérés comme une partie intégrante importante de toute réglementation plus intelligente.
Les systèmes de gestion de la sécurité permettront de rendre plus sûr encore un système qui l'est déjà, tout en renforçant les partenariats avec les industries en précisant clairement les rôles, les pouvoirs et les responsabilités, tout en offrant des normes rigoureuses en matière de sécurité des transports et en reflétant parfaitement le rôle toujours changeant du gouvernement. Ce projet de loi est l'oeuvre d'éminents experts en matière de sécurité et d'autres organismes internationaux qui préconisent depuis longtemps d'accorder davantage d'attention à la sécurité aéronautique au niveau des facteurs humains et organisationnels. Cela veut dire que les problèmes, les risques, les incidents et les accidents font non seulement l'objet d'un rapport, mais encore les risques associés sont-ils analysés et les mesures adéquates sont-elles prises pour empêcher qu'ils ne se reproduisent.
Le Canada est l'un des chefs de file dans ce domaine. Nos homologues américains de la Federal Aviation Administration ont également reconnu la nécessité de fouiller plus profondément afin de changer notre culture en travaillant non plus au niveau du diagnostic mais bien à celui du prévisionnel. Ce que cela veut dire, c'est qu'au lieu de nous contenter de réagir après un accident, nous devons prendre l'initiative en anticipant les problèmes potentiels avant qu'ils ne se transforment en accidents.
Il est important de noter ici que les pouvoirs habilitants en matière de réglementation des systèmes de gestion de la sécurité sont valides et ont été dûment autorisés par l'actuelle loi. Pour plus de précision toutefois, ainsi que pour offrir davantage de protection légale, le ministère propose d'élargir par des amendements les pouvoirs déjà accordés au ministre par l'actuelle loi.
La proposition inclut également entre autres de nouveaux pouvoirs de réglementation comme ceux qui concernent la gestion de la fatigue et des sanctions plus lourdes dans le cas des procédures administratives et des condamnations par déclaration sommaire de culpabilité. Il faut en effet harmoniser les sanctions avec celles déjà prévues par d'autres lois en vigueur étant donné qu'elles n'ont pas été revues depuis plus de 20 ans.
Les amendements au Règlement de l'aviation canadien entré en vigueur en juin 2005 exigent des organisations qui oeuvrent dans ce secteur qu'elles mettent en oeuvre des systèmes de gestion de la sécurité dans le cadre d'une démarche plus générale visant à améliorer la gestion des risques pour la sécurité dans le secteur aéronautique. Il ne s'agit pas d'autoréglementation, il ne s'agit pas non plus d'une déréglementation; en réalité, c'est une réglementation qui vient s'ajouter à celle qui existe déjà, en d'autres termes une réglementation complémentaire, et qui permettra à Transports Canada de poursuivre la mise en oeuvre de son programme de surveillance. Avec ces systèmes de gestion de la sécurité, les exploitants doivent néanmoins continuer à respecter la réglementation déjà en vigueur ainsi que les normes actuelles, et Transports Canada peut continuer à prendre les mesures nécessaires pour les faire appliquer, comme il le fait déjà.
L'équipe d'inspecteurs de Transports Canada forte de plus de 800 membres travaille avec les exploitants aériens canadiens, les entreprises qui assurent la maintenance des appareils, les fabricants, les exploitants des aéroports ainsi que les fournisseurs de services de navigation aérienne pour que notre système aéronautique demeure sécuritaire. Ces inspecteurs sont parfaitement formés dans le cadre du vigoureux programme conduit par le ministère et qui est d'ailleurs obligatoire en suivant les cours prescrits et une formation en cours d'emploi.
Dans un environnement de systèmes de gestion de la sécurité, le rôle des inspecteurs devient encore plus important en ce sens que l'intervention se fait au niveau des systèmes plutôt qu'au niveau opérationnel. Cela veut dire que les systèmes mis en place pour assurer la compétence du personnel, la bonne maintenance et une infrastructure technique saines, de même que la sécurité des opérations doivent être évalués et validés, et que les conséquences des défaillances d'un système seront plus graves encore, puisqu'elles pourraient même se traduire par une suspension des certificats d'exploitation.
Voilà qui représente une manifestation claire du changement apporté au cadre de responsabilisation, un changement tel que dorénavant, tout détenteur de certificat devra prendre en charge la sécurité de ses activités et assumer davantage la responsabilité de celles-ci. Toutefois, les inspecteurs qui interviennent au niveau opérationnel pourraient toujours le faire. De même, toute carence découverte au niveau d'un système justifierait une intervention au niveau opérationnel par le biais d'un audit ou d'une inspection. Cette évolution du cadre de responsabilisation ne modifie en rien la responsabilité que Transports Canada assume au bout du compte puisque c'est ce ministère qui doit assurer le contrôle de sécurité de tous les détenteurs de certificat qui oeuvrent dans un système national de transport aérien.
Le projet de loi que vous étudiez donne un cadre législatif à un programme de déclaration volontaire et non incriminante relevant de la loi, un programme assorti des garanties nécessaires en matière de confidentialité et d'exécution. Fort de l'appui inébranlable de la plupart des parties prenantes, Transports Canada est d'avis que la création d'un tel programme relevant de la Loi sur l'aéronautique permettra d'améliorer la sécurité dans l'industrie. Grâce à ce programme, le ministère pourra avoir accès à de l'information qu'il n'aurait sinon pas pu consulter. Cette information servira à revoir les exigences en matière réglementaire et à élaborer des matériels de promotion et de vulgarisation. Les particuliers en profiteront tout comme les compagnies dès lors que les uns comme les autres pourront consulter et recevoir de l'information complémentaire en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne les pratiques exemplaires et les enseignements acquis.
La consultation a été un élément très important de l'élaboration de ce texte de loi, tout comme c'est toujours le cas pour l'élaboration de toute réglementation concernant le monde aéronautique. Le projet de loi à l'étude en comité est la résultante de nombreuses consultations des parties prenantes, consultations menées par le Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne qui ont commencé en 2000. Le principal objectif du conseil est d'évaluer et de recommander des changements à apporter au règlement par le biais d'une série d'activités de réglementation effectuées en coopération et qui concernent toute la palette des mandats réglementaires de Transports Canada en matière d'aviation civile.
Toutes les parties prenantes, grandes entreprises et autres associations en particulier, ont pu participer à ces consultations, et en règle générale elles sont favorables aux amendements proposés.
Je me réjouis de pouvoir répondre aux questions que voudraient me poser les membres du comité. Je suis à votre entière disposition à ce titre, tout comme mes fonctionnaires. Je vous remercie.
[Français]
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je suis le lieutenant-colonel Jacques Laplante. Je suis enquêteur-chef à la direction de la Sécurité des vols, au ministère de la Défense nationale. Je vous remercie de nous offrir l'occasion de faire au comité une brève présentation de nos modifications à la Loi sur l'aéronautique. J'aimerais commencer par vous dire que ces modifications sont essentielles au succès continu de notre programme de sécurité des vols des Forces armées canadiennes et de son programme de navigabilité, car elles nous permettront de corriger plusieurs lacunes qui existent présentement.
[Traduction]
Le directeur de la sécurité des vols, le colonel Shelley, est chargé du suivi et de l'exécution du programme de sécurité des vols des Forces canadiennes. Le colonel Shelley, qui est mon patron, est malheureusement en déplacement aujourd'hui dans le cadre de ses fonctions concernant la sécurité des vols.
Notre programme de sécurité des vols est un programme qui concerne la prévention, les bonnes démarches et les protocoles à suivre dans le cadre des enquêtes concernant les incidents, et c'est un programme qui fonctionne extrêmement bien. Il existe depuis plus de 60 ans et plusieurs pays s'en sont servi comme modèle pour élaborer le leur.
Le programme de sécurité des vols a pour seul but de cerner les lacunes en matière de sécurité aéronautique militaire et de formuler des recommandations destinées à réduire ou à éliminer ces lacunes. Il est impératif de noter ici que nos enquêtes ne servent ni à des fins disciplinaires, ni à des fins administratives.
Les changements apportés récemment aux activités à l'appui des opérations et de la formation dans la Force aérienne ont entraîné de graves lacunes au niveau des pouvoirs accordés par la loi dans le cadre des enquêtes concernant la sécurité de l'aviation militaire lors d'incidents mettant en cause des civils. Les amendements permettront de remédier à cette lacune. Comme vous le savez peut-être, il arrive de plus en plus souvent que des entreprises civiles participent à nos activités aériennes et à nos activités de formation, la palette de ces activités allant des contrats de maintenance lourde pour nos appareils à la location à long terme d'aéronefs canadiens au Centre d'entraînement de l'OTAN à Moose Jaw. Ce ne sont que deux exemples.
La Loi sur la défense nationale accorde certains pouvoirs en ce qui concerne le personnel assujetti au Code de discipline militaire, et permet d'ordonner au personnel militaire qui intervient lors d'une enquête suite à un accident aéronautique militaire d'offrir sa pleine et entière coopération. Par contre, la Loi sur la défense nationale ne s'applique en généralement pas aux civils, et encore moins dans ce contexte-ci.
Il faut également que je vous signale que la loi habilitante du Bureau de la sécurité des transports interdit expressément à celui-ci de faire enquête dans les cas d'accidents relevant de l'aéronautique militaire, sauf lorsqu'une installation aéronautique civile distincte ou un avion non militaire est en cause. À ce moment-là, l'enquête doit être effectuée en coordination avec le ministère de la Défense nationale.
Même si la Loi sur l'aéronautique nous charge de faire enquête pour ce qui concerne la sécurité des vols militaires, la loi ne donne aux enquêteurs militaires aucun pouvoir leur permettant d'obtenir de l'information auprès des civils et des entreprises civiles qui sont en cause dans un accident aéronautique militaire. Cette responsabilité ne peut être assumée par le Bureau de la sécurité des transports puisque la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports lui interdit de faire enquête dans le cas d'accidents mettant exclusivement en cause des aéronefs militaires.
Un autre problème connexe est que nous sommes dans l'impossibilité d'obtenir certaines informations pourtant essentielles à toute enquête concernant la sécurité des vols, en particulier auprès d'entreprises civiles ou des proches parents. Les entreprises civiles disposent d'une manne de données techniques et les parents proches sont source de données concernant les facteurs humains impossibles à trouver ailleurs.
Idéalement, nous aimerions aussi demander que ces entreprises et ces particuliers puissent prendre connaissance des rapports d'enquête préliminaires afin de donner leur avis. Or, il n'existe actuellement aucune sanction qui puisse être infligée en cas de divulgation prématurée ou non autorisée d'informations pendant le processus de consultation qui fait partie de l'enquête. Étant donné que la divulgation prématurée d'un rapport d'enquête risque de compromettre l'intégrité de l'enquête elle-même, nous répugnons beaucoup à procéder à ce genre de consultations par crainte d'entraîner la divulgation prématurée d'informations incomplètes ou inexactes.
L'absence d'information peut également se révéler très traumatisante pour les parents proches car, dans le cas d'enquêtes complexes qui durent plusieurs années parfois, ceux-ci ne sont pas tenus au courant avant la toute fin de l'enquête. Cela est également dû au fait que nous craignons une divulgation prématurée de certaines informations.
Tous ces problèmes de divulgation seront résolus par les dispositions proposées et feront de toute divulgation non autorisée d'informations concernant une enquête une infraction à la Loi sur l'aéronautique. Ainsi, nous pourrons divulguer certaines informations préliminaires pendant la phase de consultation qui fait partie de l'enquête, sachant fort bien que ces informations ne seront pas divulguées.
La nouvelle partie II de la Loi sur l'aéronautique donnera aux enquêteurs militaires les pouvoirs nécessaires pour faire enquête de façon complète et adéquate en cas d'accidents d'un aéronef militaire mettant en cause des civils. Les enquêteurs militaires recevront une formation approfondie sur tous les éléments de ces nouveaux pouvoirs qui leur seront conférés avant qu'ils ne puissent les utiliser. Comme ces nouveaux pouvoirs sont semblables à ceux qui sont déjà prévus par la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, le secteur privé qui travaille dans l'aéronautique canadienne connaît donc forcément leurs modalités d'application.
Les amendements encourageront également les déclarations volontaires en protégeant l'identité des déclarants. Ils faciliteront par ailleurs l'échange d'information avec le Bureau de la sécurité des transports dans le cas d'enquêtes menées en cas d'immersion, étant donné que les deux services seront assujettis à la même obligation de protéger toute information privilégiée.
Enfin, le projet de loi obligera le ministère de la Défense nationale à rendre public le rapport final de l'enquête sur la sécurité de manière à garantir que le processus d'enquête est à la fois ouvert et indépendant. Nous faisons d'ailleurs cela de notre propre initiative depuis 2003, et c'est la pratique courante pour tous les rapports finaux de nos enquêtes.
En conclusion, les amendements proposés sont essentiels pour que les Forces canadiennes soient encore mieux à même d'assurer la sécurité des hommes et des femmes du milieu de l'aviation militaire, des civils qui y sont associés et du grand public.
Je répondrai maintenant avec plaisir à toutes les questions que les membres du comité pourraient vouloir me poser. Je suis également assisté aujourd'hui par M. Alex Weatherston, le conseiller juridique du ministère de la Défense nationale qui travaille aux Services juridiques et qui a participé à l'élaboration du projet de loi.
Merci, monsieur le président.
:
En fait, nous ne nous tournons pas vers le secteur privé. Ce que nous faisons, c'est augmenter leur responsabilité.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration d'ouverture, les exigences en matière de système de gestion de la sécurité s'ajoutent à ce qui est déjà là. En fait, comme je l'ai dit souvent, lorsqu'on me pose cette question, la première exigence d'un système de gestion de la sécurité, c'est de démontrer clairement de quelle façon vous vous conformez aux règlements actuels.
Il s'agit donc d'un système qui s'ajoute à ce que nous avons déjà aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un règlement de réduction. Il ne s'agit pas de déréglementation. Il ne délègue pas la surveillance des activités aux entreprises, que ce soit Nav Canada, les aéroports, ou Air Canada. Il s'agit en fait d'une exigence supplémentaire.
Le point d'insertion sera au niveau des systèmes afin de pouvoir saisir tous les problèmes, plutôt que de se pointer du doigt les uns les autres. Si le problème n'est pas résolu, nous pourrons alors intervenir de la même façon qu'aujourd'hui.
:
Très bien. Je n'ai pas eu l'occasion de lui parler, et à ma connaissance il n'a pas parlé des détails des systèmes de gestion de la sécurité avec mes employés. Il n'en a certainement pas discuté avec moi. Je ne sais donc pas exactement sur quoi il se fonde pour formuler ses observations. Mais je serais très heureux de lui parler s'il souhaite le faire et nous pourrions alors en discuter.
Notre expérience nous a permis de constater que dans tout le système, notre incidence et notre intégration dans les activités de l'entreprise sont beaucoup plus détaillées, beaucoup plus approfondies qu'auparavant. Nous découvrons des choses grâce à ce processus qui n'ont jamais été évidentes, en ne faisant que superviser directement les activités.
Pour ce qui est des ressources supplémentaires... En fait, au départ, lorsque nous avons commencé, il y a huit ans, à examiner ce qui existait en vue d'améliorer la sécurité et le rendement, nous avons compris... et c'est ce qui indique également si les spécialistes comme le professeur James Reason, qui m'a dit personnellement que si on ajoute davantage d'inspecteurs au système sans adopter une approche différente pour résoudre tout le problème, ça ne sera tout simplement pas rentable. Il sera impossible d'augmenter le rendement par rapport à ce qu'il est à l'heure actuelle. Notre rendement se classe parmi les premiers au monde, par exemple pour ce qui est des compagnies aériennes.
Comment, alors, améliorer notre système déjà extrêmement sécuritaire? Comme je l'ai dit dans ma déclaration, il faut se pencher sur les facteurs humains. Il ne s'agit pas simplement du policier au coin de la rue qui me dit de ne pas faire d'excès de vitesse, et que si je fais un excès de vitesse il prendra des mesures, et puis en réduisant ma vitesse, en me punissant, peut-être que je ne le ferai pas la prochaine fois.
:
Le système sur lequel nous fondons notre profil de risque est un système fondé sur les niveaux d'activité. Vous indiquez qu'il y a eu une augmentation... En fait, il y a eu une diminution lors de la tragédie du 11 septembre, puis une augmentation, et nous en sommes au même niveau que le 11 septembre, pendant cette période. Je ne connais pas les chiffres exacts, mais il n'y a pas eu de réduction calculée du personnel. Selon moi, ce que vous dites résulte d'une perception selon laquelle, étant donné qu'il y a eu des augmentations constantes, pour une raison ou pour une autre, nous ne nous sommes pas tenus à jour, et je crois que nous nous sommes tenus à jour en grande partie.
Bien entendu, lorsque nous examinons ce que nous tentons de mettre en place, et sans perdre la capacité de réaliser les activités individuelles, en s'attaquant à cette question au niveau des systèmes et en ayant des entreprises qui se conforment — et bien entendu, si ce n'est pas le cas, nous reviendrons où nous en sommes à l'heure actuelle et nous demanderons des ressources supplémentaires pour nous attaquer à ce problème en nous fondant sur la conformité. Mais si leur système fonctionne, et que nous avons toutes sortes de données qui sont disponibles aujourd'hui et qui seront disponibles demain pour déterminer si ça se passe, nous serons tout à fait en mesure de faire face à la croissance, parce que si un système est en place pour 100 pilotes et que ce nombre augmente pour atteindre 110, il n'y a pas d'effet sur la main-d'oeuvre à ce point en particulier. Mais encore une fois, il faut être prêt, comme d'autres l'ont dit, à se remettre au travail et à s'attaquer aux problèmes si nous découvrons des lacunes dans le système.
Cette industrie ne l'a jamais fait auparavant. C'est dans l'industrie nucléaire. Les centrales l'utilisent depuis longtemps, de même que Shell Oil, les sociétés pétrolières, pour éviter les importants déversements, et c'est la même chose avec l'industrie chimique. Nous y allons donc étape par étape, et nous utilisons leur expérience ainsi que notre expérience, et nous les mettons à profit.
Comme je l'ai mentionné, nos amis du Sud commencent à adopter cette exigence réglementaire, de même que l'autorité de l'aviation civile internationale.
Alors oui, nous sommes un peu en avance sur certains pays, mais il ne s'agit pas d'une nouvelle idée, et il ne s'agit certainement pas d'une idée qui ne se trouve que chez Transports Canada et au Canada.
:
Il y a eu une tragédie en Colombie-Britannique que vous connaissez, bien entendu, soit celle des traversiers.
J'ai un document ici, une déclaration sous serment de l'ancien directeur de la sécurité, de la santé et de l'environnement pour BC Ferries, M. Darin Bowland. Comme vous le savez, BC Ferries utilise depuis un certain temps un système de gestion de la sécurité. Toutefois, selon M. Bowland, BC Ferries faisait face à des problèmes de sécurité endémiques. Il croit que ces défaillances ont mené au naufrage du Queen of the North et au décès de deux passagers.
Aujourd'hui, Transports Canada a adopté une approche non interventionniste et les exploitants aériens ou les organismes de réglementation doivent maintenant se fier aux bonnes dispositions des compagnies aériennes pour se contrôler elles-mêmes et de dénoncer; la question est donc de savoir si vous craignez que vos plans visant à abandonner à nouveau la surveillance de la sécurité aérienne et à vous fier au système de gestion de la sécurité, ou SGS, avec leurs dispositions d'autovérification et de non-application de la loi, créeront des conditions similaires dans le domaine de l'aviation?
En deuxième lieu, pourriez-vous m'indiquer, ainsi qu'aux membres du comité, quelle sorte de comparaison Transports Canada a faite avec les autres systèmes de gestion de la sécurité au Canada et partout dans le monde.
Finalement, comment le système de gestion de la sécurité proposé par Transports Canada pour l'aviation se compare-t-il au système de gestion de la sécurité utilisé, par exemple, celui de BC Ferries?
:
J'ai une observation générale. Encore une fois, je l'ai dit publiquement assez souvent; si je pouvais revenir huit ans en arrière, je n'aurais jamais utilisé le terme « SGS », parce qu'il est maintenant devenu un mot à la mode.
Comparer des systèmes de gestion de la sécurité revient souvent à comparer des pommes et des oranges. Je n'ai aucune idée de ce qu'est le SGS de BC Ferries, mais je peux vous dire qu'il est possible qu'il soit ou ne soit pas identique à celui que nous avons ici.
L'autre élément qu'il faut envisager lorsque nous parlons de comparer les systèmes de gestion de la sécurité est la question de savoir quels sont les fondements exacts des principes que nous utilisons. Vous verrez que ces éléments sont assez différents.
Lorsque nous avons conçu ce système — comme je l'ai mentionné, nous avons commencé il y a huit ans avec les experts à ce moment-là, comme M. James Reason, qui s'est adressé à nos dirigeants — nous avons passé trois jours à envisager toutes les options, puis nous avons poursuivi sur cette lancée, et nous avons examiné ce dont dispose l'industrie chimique. Cette industrie a une excellente réputation.
Je crois que l'industrie du pétrole a certainement une bonne réputation. En fait, nous avons accepté des conseils de personnes qui travaillent pour Shell, qui travaillent avec le SGS demandé par Shell. Par exemple, si on veut donner le contrat pour des aéronefs à Shell Oil, il faudrait démontrer qu'on possède un certain système de gestion de la sécurité. Encore une fois, les exigences sont moins strictes que les nôtres, mais on aurait tout de même les principes de base.
Ainsi, nous sommes plutôt sûrs que le système est aussi exigeant que tout ce que l'on retrouve ailleurs. Nous croyons adopter une approche graduelle pour sa mise en application, afin de pouvoir corriger toutes les erreurs et tous les problèmes de système qui peuvent survenir avant qu'il n'y ait des incidences en aval. Même les règlements qui ont été mis en place il y a un an et demi ne sont pas actifs. En d'autres termes, nous avons établi un point de départ, puis nous avons mis en place un processus de mise en oeuvre de deux ou trois ans, afin de pouvoir comprendre ce qui se passe. À venir jusqu'à maintenant, les résultats ont été positifs.
:
Merci, monsieur le président.
Ma question ira dans le même sens, afin que je puisse bien comprendre. Tout d'abord, nous avons l'un des systèmes d'aviation les plus sécuritaires, sinon le plus sécuritaire au monde. Est-ce exact? Et nous allons prendre ce système d'aviation le plus sécuritaire au monde et ses règlements et les conserver tels qu'ils sont — en fait, nous allons les améliorer — puis, nous allons ajouter une autre couche par-dessus, ce système de gestion de la sécurité.
Venant du nord de l'Alberta, je sais que de nombreuses usines dans cette région ont un système de gestion de la sécurité et une équipe d'intervention, entre autres. Elles s'en vantent beaucoup, elles semblent les avoir depuis un certain temps. Votre référence à Shell Oil a donc piqué ma curiosité. Je crois que cette société en a même un dans son usine d'Albion là-bas.
Je crois aussi que cette loi va créer de nouveaux outils pour forcer les intervenants à se conformer à la loi ou, en substance, des outils réglementaires supplémentaires pour veiller à ce qu'ils suivent le libellé de la loi. Est-ce exact? Tout, que ce soit une lettre d'avertissement, plus ou moins, ou une restriction des activités, est...
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais passer du général au particulier. J'ai été heureux de voir que l'article 17 du projet de loi aborde la question de la coupe de la végétation. Je pense que cela va toucher les articles 5.82. 5.83, 5.84 et 5.85. Il est certain que cela va toucher ma collectivité, où se trouve l'aéroport d'Abbotsford. Les autorités ont soulevé la question de l'enlèvement des arbres et d'autres formes de végétation qui nuisent à la circulation aérienne. Ils veulent le faire sans tarder.
Trois choses les inquiètent. D'abord, ils veulent qu'un cadre législatif leur confère le mandat clair les y autorisant; c'est ce que fait le projet de loi et je m'en réjouis.
La deuxième chose, c'est que le texte établit clairement qui doit en assumer les frais. Évidemment, les aéroports ne veulent pas en assumer le coût, mais la loi précise bien que la responsabilité leur en incombe.
La troisième question, c'est de savoir comment cela va se faire dans les faits. La bureaucratie est déjà imposante et est sans doute déjà un peu dépassée et doit s'occuper de questions très importantes comme la sûreté et la sécurité. Faudra-t-il dorénavant que des bureaucrates fédéraux surveillent sans cesse ce que font les propriétaires de terrains voisins des aéroports, négocient des ententes avec eux, les signent et envoient des avis au besoin? Ne serait-il pas préférable de déléguer ce pouvoir au moyen d'un protocole d'accord, par exemple, aux aéroports locaux de manière à ce qu'ils soient prévenus quand il y a un problème? De cette façon, dès qu'il y aura un problème, ils pourront agir.
Je sais d'expérience — surtout en ce qui concerne les petits aéroports locaux — que les membres des administrations aéroportuaires ont déjà des contacts avec les riverains de l'aéroport. Ils sont déjà en contact avec ceux qui éciment ou abattent les arbres. Y avez-vous songé? À la manière dont on pourrait être plus efficaces et permettre aux gens de l'endroit de s'en occuper eux-mêmes en temps utile?
:
Je reviens à ma question de départ. Je n'ai rien contre le système de gestion de sécurité, mais le problème, à mon avis, est que vous êtes en train de créer un système organisé qui va s'appliquer à de petites entreprises. Je peux croire que cela fonctionne chez les grandes entreprises et je suis convaincu que vous avez les inspecteurs requis pour vous présenter n'importe quand chez Air Transat ou Air Canada et vous assurer que tout soit respecté.
Le problème, en ce qui concerne ce projet de loi, c'est que vous organisez les plus petites entreprises en systèmes de gestion de sécurité. Si elles ne sont pas capables de le faire, vous créez des organismes désignés qui organiseront ce secteur. Vous êtes donc en train de créer un système organisé.
L'aspect qui me semble douteux concerne la surveillance de ce système, qui doit toujours être faite par Transports Canada. Vous me dites que vous effectuez plus d'inspections que par le passé. A ce sujet, on verra ce que d'autres témoins diront. Pour l'instant, c'est ce que vous déclarez, et je ne suis pas sûr que ce soit le cas. Je sais que vous avez réduit les budgets de formation de vos inspecteurs. C'est le problème.
Je veux bien qu'on organise le système, qu'on délègue à des organismes qui prendront en charge un secteur, mais il faut que vous ayez le personnel nécessaire pour faire l'inspection de n'importe quelle compagnie, de la plus petite à la plus grande, à tout moment. Que l'industrie s'organise et se construise des systèmes de gestion de sécurité est une chose, mais s'il n'y a personne en qui j'ai confiance pour m'assurer que ceux-ci respectent les normes de sécurité auxquelles la population s'attend, cela pose problème.
On organise un système, mais je ne suis pas sûr que vous ayez le personnel requis pour être capables de vous assurer que ce système est plus performant que notre système actuel. Au moment où on se parle, vous avez des inspecteurs qui peuvent se présenter n'importe quand chez n'importe quelle compagnie afin de s'assurer de la sécurité.
C'est ce que je vous disais au départ. À cause des attentats de 2001, j'aurais préféré qu'ont ait un plus grand nombre d'inspecteurs et qu'on n'ait pas de système organisé; qu'on permettre, par exemple, à Air Canada et à Air Transat, par voie de règlement, d'avoir un système de gestion de sécurité, mais pas aux plus petites entreprises. Il ne faut pas oublier que c'est une petite entreprise qui a formé les pilotes dont les avions se sont écrasés contre les tours jumelles à New York.
J'ai de la difficulté à accepter l'idée de ce système et à laisser à l'industrie tout le soin de s'occuper de la sécurité.
:
Je crois que ce qui s'est passé c'est qu'il existe un système pour les transporteurs non commerciaux. Ils s'adressent à des entreprises dont Shell Canada, qui a un service de transport aérien, à Weston Foods, aux présidents de sociétés du secteur privé qui possèdent leur propre avion. Il existe à l'heure actuelle un système qui fonctionne très bien depuis trois ans et ils doivent mettre en place un système de gestion de la sécurité. Entre nous et le transporteur, il y a une organisation qui comporte une autorité désignée chargée d'assurer l'existence d'une infrastructure de surveillance de la sécurité. Vous parlez de la Canadian Business Aviation Association.
L'une des raisons de leur succès et de leur excellent bilan en matière de sécurité tient au fait que les PDG des sociétés tiennent compte des conseils de leur service de transport aérien et connaissent bien ces activités. Cela diffère de ce qui se produit quand vous ou moi achetons un billet parce que nous nous en remettons essentiellement au dispositif en place pour assurer notre sécurité.
Je n'ai pas l'intention de désigner une société qui ira assurer la surveillance de ces petits transporteur — pas du tout. Ce n'est pas ce que cherche à faire le projet de loi. Ce n'est pas du tout l'objectif que nous visons. Nous souhaitons plutôt instaurer des principes de base pour les petits transporteurs, les plus petits aéroports, afin qu'eux aussi fassent une analyse un peu plus poussée de leurs problèmes dans le but de les corriger avant qu'ils ne donnent lieu à des accidents.
Nous venons tout juste d'achever un projet pilote auquel ont participé même des organismes de maintenance d'une seule personne afin de déterminer quelles difficultés pourraient se présenter si nous exigions que les petits transporteurs se dotent d'un système de gestion de la sécurité et les résultats ont été plutôt positifs. La seule constatation qui ressort de l'étude c'est que, comme prévu, ils auront besoin d'un peu plus d'aide qu'Air Canada, Nav Canada ou l'aéroport Pearson pour mettre en place un tel système parce qu'ils n'ont tout simplement pas le savoir-faire, les connaissances de pointe ou l'infrastructure — mais nous leur demanderions de respecter les mêmes principes, bien qu'à un niveau moins poussé dans le cadre d'un processus moins évolué.
Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas ce que prévoit la loi ni ce que prévoient les règlements pour les plus petits transporteurs. Nous avons été très circonspects. Nous ne souhaitons pas perturber un système qui nous a permis d'avoir un si bon bilan sans assurer que le nouveau système sera tout aussi efficace. Cela ne se fera pas du jour au lendemain; il faudra compter trois ou quatre années et avoir un plan de mise en oeuvre très mesuré.
Tout ce que je peux vous dire pour l'instant, en m'appuyant sur notre expérience — et nous sommes dans le métier depuis quelques années avec Air Transat — c'est que tout est positif.
On nous a aussi interrogés au sujet de l'intervention. Nous ne perdrons pas le pouvoir d'intervenir comme nous l'avons fait dans le passé. Nous ne partirons toutefois pas de ce point de départ parce que, si le système fonctionne bien, les divers éléments du système fonctionneront bien aussi.
Aujourd'hui, nous mettons à l'épreuve les divers éléments du système et nous intervenons dans le cas d'une infraction auprès de l'intéressé ou à l'égard de la procédure qui ne fonctionne pas. Pourquoi ne pas réparer tout le système? Pourquoi ne pas mettre en place un système où les petits problèmes n'ont jamais l'occasion de prendre de l'ampleur parce qu'ils sont repérés et corrigés?
Voilà en théorie ce que nous proposons. Cette façon de procéder a donné de bons résultats jusqu'à maintenant.
:
Vous parlez de ce que vous appelez la dénonciation, n'est-ce pas?
Ces dispositions n'ont pas du tout pour but d'encourager la dénonciation. Nous avons envisagé d'instaurer un tel programme mais nous avons vite compris qu'avec le système de gestion de la sécurité, nous espérions pouvoir compter sur une meilleure coopération et une meilleure coordination entre les employeurs et les employés et nous avons compris que de telles dispositions n'étaient pas nécessaires à l'instauration d'une culture propice à la sécurité et à de bonnes relations de travail.
Nous demandons plutôt aux employeurs, dans le cadre des règlements déjà en place, d'ajouter à leur SGS un mécanisme de déclaration volontaire assorti d'une politique non punitive de sorte que les gens pourront faire des déclarations sans craindre de représailles à l'intérieur de l'entreprise.
Si Transports Canada fait une évaluation d'une entreprise et repère par hasard des renseignements déclarés par un employé à l'employeur, cette information sera protégée et elle ne pourra être utilisée à l'encontre de l'employeur ou de l'employé aux fins de l'exécution, et en vertu de l'accès à l'information,...
Supposons que nous prenions l'information — obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information — elle sera protégée en vertu de l'article 2 de la Loi. Nous souhaitons que les gens se sentent libres de déclarer à leur employeur les erreurs qu'ils auraient pu commettre, des violations mineures qui pourraient mener à des problèmes plus importants. Nous voulons être en mesure de corriger ces problèmes. Voilà pourquoi nous les encourageons à les déclarer.
Si nous prenons connaissance de cette déclaration dans le cadre d'une vérification, nous ne la retiendrons pas contre vous. C'est l'un des volets du système de déclarations volontaires.
Dans une autre disposition qui vient plus loin, nous mettons en place ce que nous appelons un programme volontaire universel de non-déclaration pour ceux qui ne sont pas régis par le SGS, surtout à l'intention des passagers du transport aérien ou d'autres techniciens d'entretien de petits aéronefs qui pourraient vouloir signaler une infraction non délibérée ou non criminelle.
Nous nous sommes inspirés d'un système américain appelé ASRS — Aviation Safety Reporting System — qui a donné d'assez bons résultats pour ce qui est de la collecte d'information sur la sécurité aérienne que nous n'obtiendrions pas autrement parce que personne ne prendrait l'initiative de vous signaler une erreur ou un autre incident lié à la sécurité.
Grâce à ce système, les Américains ont constaté qu'ils pouvaient recueillir davantage de données susceptibles d'être ensuite utilisées de façon utile. Ils collectent les données et s'en servent pour promouvoir et améliorer la sécurité des voyageurs. C'est un autre système.
Il y a donc deux systèmes ici. Le but principal est de recueillir autant de données que possible sur la sécurité parce que nous devons disposer de ces données sur la sécurité pour l'améliorer encore plus. Comme nous l'avons dit plus tôt, nous n'améliorerons pas la sécurité aéronautique en imposant davantage de sanctions.
Nous avons constaté dans le passé que si nous imposons des sanctions à une personne sans l'aider à découvrir pourquoi elle a commis une erreur, elle continuera de la commettre. Maintenant, grâce à nos nouveaux systèmes, nous donnerons à une telle personne la possibilité de découvrir la cause de l'erreur et de prendre elle-même les mesures correctives pour éviter de commettre la même erreur à l'avenir. C'est ainsi que nous voulons améliorer la sécurité.
:
La réponse est qu'il est difficile d'expliquer comment fonctionne le processus d'évaluation. Bien franchement, quand nous allons sur place faire une évaluation, nous parlons aux gens dans leur milieu de travail. Nous parlons aux pilotes dans les postes de pilotage, nous parlons aux agents de bord dans l'habitacle. Nous leur poserons des questions telles : « Comment fonctionne le système? Quelles données avez-vous signalées? Quels problèmes n'avez-vous pas signalés? Pourquoi? Si vous avez fait une déclaration, nous ferons un suivi pour voir si les données ont été versées au SGS. Si vous n'avez pas fait de déclaration, c'est aussi un renseignement à consigner, mais pourquoi ne l'avez-vous pas signalé? Qu'est-ce qui ne va pas? Que craignez-vous? »
C'est un de nos outils d'évaluation qui nous permet de déterminer si le système de déclaration fonctionne puisqu'il est le bord d'attaque du SGS. Les renseignements peuvent être signalés de plusieurs façons.
N'oublions pas que nous parlons ici des problèmes de moindre importance. S'il se produit un incident grave, ce système est écarté. Par exemple, si le coronaire ou la GRC sont appelés, ou si une personne est blessée lors d'un accident, c'est le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports qui intervient. Or, à ce moment-là, le SGS n'a pas fonctionné, le système tout entier n'a pas fonctionné, comme aujourd'hui.
Nous parlons ici de la collecte d'information afin d'éviter qu'un incident ne devienne un problème grave et donne lieu à une enquête du Bureau de la sécurité des transports ou, pire encore, un accident qui nécessite l'intervention du coronaire. C'est là où nous jugeons essentiel d'agir.
:
Depuis plusieurs années, un bon nombre de compagnies civiles sont mises à contribution dans le cadre de nos opérations de vol. Les situations varient beaucoup. Dans certaines circonstances, des organisations civiles nous fournissent des appareils. C'est le cas de Bombardier à Moose Jaw. Ces compagnies fournissent l'appareil et l'entretiennent, alors que de notre côté, nous fournissons les pilotes et assumons l'entraînement de ceux-ci relativement à cet appareil.
D'autres enquêtes militaro-civiles peuvent avoir lieu, par exemple si une compagnie civile effectue des tâches d'entretien majeures sur un de nos appareils et qu'à la suite de cela, un accident a lieu. La compagnie civile est impliquée dans les causes probables de l'accident. On doit pouvoir enquêter sur cette compagnie civile pour déterminer les causes de l'accident.
Dans d'autres cas, par exemple à Southport, au Manitoba, il s'agit d'appareils qui font l'objet d'un contrat entre une compagnie civile et la Défense nationale. Ils appartiennent à la compagnie civile et sont enregistrés auprès de Transports Canada. Leur entretien se fait selon les normes de Transports Canada et c'est ce même ministère qui en assume la certification.
Par contre, l'utilisation par la Défense nationale de ces appareils s'inscrit dans un contrat à long terme et, selon la Loi sur le Bureau canadien d’enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, la Défense nationale a la responsabilité d'enquêter sur un accident dans lequel ils seraient impliqués, tant et aussi longtemps qu'ils sont utilisés en soutien à la Défense nationale. Donc, vous avez un appareil qui est complètement réglementé par Transports Canada, mais qui, par contre, est utilisé par la Défense nationale, qui devient responsable d'enquêter. À ce moment-là, si l'accident n'implique pas un autre appareil civil ou un aéroport civil, ça va être considéré purement comme une enquête militaire, et le Bureau de la sécurité des transports ne peut pas prendre part à notre enquête. C'est à ce moment qu'on a besoin de prendre des précautions. On ne veut pas se retrouver avec un employé civil qui craint de perdre son emploi parce qu'il fournit de l'information à la Défense nationale. On doit avoir les mêmes pouvoirs que le Bureau de la sécurité des transports, pour être capables de protéger l'individu. Notre but n'est pas de punir l'individu, notre but est toujours de trouver les causes de l'accident afin de nous assurer qu'il n'y aura pas un autre accident pour les mêmes raisons.
:
Merci, monsieur Laplante.
Sur ce, je vais remercier nos témoins d'être venus aujourd'hui, car vos observations sont appréciées. En terminant, je voudrais apporter deux ou trois choses. Il se peut que nous reprenions cette discussion plus tard, au fur et à mesure que l'examen de ce projet de loi évoluera.
Merci.
Pendant que nos témoins quittent la salle, je vous signale deux ou trois choses.
M. Bélanger a signalé que les témoins experts étaient disponibles pour présenter l'envers du décor, je suppose. Il y a M. Moshansky, qui a joué un rôle dans l'enquête Dryden. Il nous a écrit et a demandé s'il pouvait venir témoigner. Il a participé à l'enquête et a préparé le rapport final ainsi que deux rapports intérimaires. D'après ce que j'ai entendu dire, il se peut qu'il présente un point de vue différent et fort intéressant par rapport à la position qui est la nôtre.
On me dit également que des représentants de l'Organisation de l'aviation civile internationale, l'OACI, qui s'occupent de ce genre de questions sont prêts à venir témoigner.
Enfin, j'ai reçu ce matin une lettre de la Société canadienne des postes. Je vais la lire, vous dire ce que j'en ai fait et comment nous allons procéder.
Cette lettre est adressée au greffier. Je cite:
La présidente de la Société canadienne des postes tient à remercier le comité de son invitation à comparaître devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Malheureusement, un conflit d'horaire l'empêche de comparaître le mercredi 14 février 2007.
La présidente veut confirmer son engagement à participer lors d'une séance ultérieure afin de discuter de l'importante question du repostage et d'autres sujets qui intéressent la Société canadienne des postes.
Je vais contacter le bureau de la présidente. Étant donné les contraintes de temps, j'ai cru bon de prendre une décision et d'inviter la présidente à témoigner plus tard, car j'ai l'intention de la contacter au cours de la semaine prochaine pour confirmer une date. Voici comment les choses se présentent.
Pour la réunion de mercredi, nous avons pu confirmer que des représentants de Transport 2000 viendront témoigner sur le projet de loi C-6.
M. Julian, par l'intermédiaire du greffier, m'a confirmé qu'il proposerait sa motion portant sur le Conseil national des affaires maritimes dès mercredi. Elle a été déposée et il a la possibilité de la proposer.
Si tout le monde est d'accord.... Monsieur Volpe.
:
Je n'ai pas de renseignement de première main mais je crois savoir que les témoins qui devaient venir mercredi ne voyaient pas de difficulté à l'objet de nos discussions et à ce qui ressort de ces dernières. J'avais l'impression qu'ils étaient encore prêts à venir à ce moment-là.
Je voudrais toutefois ajouter deux choses. D'après l'avis de motion qui a été déposé, la seule question dont on souhaite discuter est celle du repostage. Nous avons aussi discuté du courrier rural et nous voulions des réponses là-dessus également. Ainsi, la motion au départ ne mentionnait pas le courrier rural, seulement le repostage.
À la décharge de Mme Greene, je dirais que j'ai demandé à la rencontrer trois ou quatre fois, y compris pour des séances de comités, et elle a toujours eu l'obligeance d'accepter même quand il s'agissait de questions d'autres membres du caucus, ou de membres d'autres partis.
Elle dirige une grosse société qui a un effectif de 70 000 employés. Je suis sûr que si elle prie les membres du comité de l'excuser, c'est parce qu'elle a une autre question dont il faut qu'elle s'occupe de toute urgence. Je tiens à rappeler que nous avons adopté cette motion assez majoritairement et de façon réaliste, il faudrait nous occuper des autres questions dont nous sommes saisis.
En effet, nous sommes saisis du . Je ne pense pas que la question du repostage soit une question brûlante d'actualité. Le courrier rural en est une mais il y a pour cela une directive. La Société canadienne des postes m'a informé au sujet de cette directive en particulier et des mesures qui sont prises, et ses représentants avaient l'intention de venir nous exposer la situation en ce qui concerne le courrier rural ainsi que le repostage. Cette directive demeurera en place encore 30 ou 40 jours. Je ne pense pas qu'il y ait urgence en l'occurrence.
Bien entendu nous-mêmes — et je pense que c'est le cas de Mme Greene — sommes prêts à fixer une autre date.