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Merci, monsieur le président. Nous vous remercions de nous donner la possibilité de témoigner devant votre comité aujourd'hui. Nous vous prions de nous excuser de n'avoir pu vous rencontrer plus tôt et nous sommes convaincus que vous comprendrez les pressions qu'une récente grève a exercées sur nos activités.
Je tiens à préciser d'entrée de jeu que la sécurité est extrêmement importante pour nous au CN. Nous sommes ravis d'avoir l'occasion de passer en revue les mesures que nous appliquons pour offrir un service ferroviaire sûr. Je sais que la plupart d'entre vous connaissent bien le CN; cependant, en raison des informations qui ont circulé récemment, j'aimerais prendre un moment pour vous présenter quelques points essentiels concernant notre société.
Le CN a été privatisé en novembre 1995. Depuis, le CN a acquis plusieurs compagnies ferroviaires, aussi bien au Canada qu'aux États-Unis, notamment la BCRC, l'Illinois Central et le Wisconsin Central. Le CN est une société à grand nombre d'actionnaires dont environ 60 p. 100 des actions sont actuellement détenues par des actionnaires canadiens. Notre président et la majorité des membres de notre conseil d'administration sont également canadiens. Notre chef de la direction, M. Hunter Harrison, est américain et exerce ses fonctions à notre siège central à Montréal. Notre centre des opérations pour l'Amérique du Nord est situé à Edmonton, en Alberta.
La sécurité est un des cinq principes qui guident les activités du CN, les autres étant le service, le contrôle des coûts, l'utilisation des actifs et le personnel. Nos décisions de planification et d'exploitation reposent sur ces constantes qui définissent le contexte commercial et culturel de notre société. Nous ne nous satisfaisons jamais de notre bilan en matière de sécurité. J'ai toutefois plaisir à vous signaler que le pourcentage des accidents en voie principale du CN, tels que rapportés par le Bureau de la sécurité des transports, le BST, a diminué de 30 p. 100 en 2006 — passant de 110 accidents en 2005 à 75 en 2006.
De manière générale, compte tenu des accidents en gare ferroviaire et en voie principale, nous avons obtenu une diminution de 18 p. 100. Nous affichons également une nette amélioration sur le plan de la gravité des accidents. La moitié de ces accidents en voie principale touchant seulement une ou deux voitures. Cette amélioration a eu également des conséquences spectaculaires sur nos résultats, car les déraillements sont très coûteux. En 2006, les répercussions financières des déraillements ont chuté de 91 millions à 48 millions de dollars par rapport à l'année précédente. Mais aussi et surtout, les blessures subies par le personnel en 2006 ont diminué de 25 p. 100, ce qui représente également une amélioration très importante.
Malgré les fluctuations d'année en année et de trimestre en trimestre — par exemple, il est clair que l'année 2005 ne fut pas très bonne pour le CN — les tendances révèlent une nette amélioration du CN sur le plan de la sécurité.
Notre plan de sécurité repose sur trois piliers: le personnel, le processus et la technologie. Le premier pilier du plan de sécurité du CN met l'accent sur les initiatives relatives au personnel. Il s'agit de programmes visant à transformer la façon dont le personnel s'efforce d'accueillir une culture de la sécurité grâce à des séances d'information, un entraînement à la communication et un programme de reconnaissance. Un exemple de ces efforts est la création en 2006 de la carte de pointage du rendement des employés. Il s'agit d'un système qui permet de noter le rendement de chaque employé qui, à la fin de l'exercice, doit rencontrer son supérieur immédiat afin d'évaluer son rendement en matière de sécurité et au regard d'autres critères. C'est l'occasion pour l'employé de dialoguer avec son superviseur et de pointer divers aspects laissant à désirer et d'en discuter.
Le deuxième pilier est le processus. Les aspects principaux sont l'analyse des tendances, la vérification sécuritaire, l'évaluation des risques et la sécurité des entrepreneurs. L'analyse des tendances nous permet de découvrir les causes principales d'accidents afin de mobiliser les ressources de la manière la plus précise et la plus efficace possible. Les superviseurs et les équipes de vérification effectuent les vérifications et contrôles d'efficacité dans l'ensemble de notre réseau. Plus de 300 contrôles d'efficacité sont réalisés chaque jour dans l'ensemble du réseau du CN.
Le troisième pilier de notre plan de sécurité concerne les initiatives technologiques. Le CN tire parti au maximum de la technologie afin de réduire les risques. Du côté technique, nous mettons l'accent sur la détection de défauts de rails, sur le contrôle de l'état géométrique de la voie et sur la détection de chutes et d'affouillements. La vérification des rails par ultrasons a augmenté de plus de 60 p. 100 au cours des quatre dernières années et porte sur environ 120 000 milles par an, ce qui signifie que nous inspectons nos lignes principales entre quatre et dix fois chaque année. Nous dépassons de loin les exigences réglementaires minimales qui sont d'une fois par an. Nous avons également renforcé le contrôle de l'état géométrique de la voie et nous avons acquis, au coût de 5 millions de dollars, une nouvelle voiture équipée pour effectuer ces vérifications géométriques afin d'augmenter nos activités de contrôle. Nous utilisons également toutes sortes de dispositifs faisant appel aux technologies de pointe pour vérifier les divers aspects mécaniques de nos activités, notamment des détecteurs de roulements chauds, des détecteurs de roues chaudes, des détecteurs de pièces traînantes, des détecteurs de roues froides, des détecteurs de défauts de roues en charge et des détecteurs de profil de roue.
Le CN est, en Amérique du Nord, le service ferroviaire qui dispose de la plus haute densité de détecteurs de ce type. Par exemple, les six principaux services ferroviaires d'Amérique du Nord disposent d'environ 75 détecteurs des défauts de roues. Le CN possède à lui seul 30 de ces 75 détecteurs. Tous les détecteurs sont reliés à une centrale qui surveille les données en permanence, 24 heures sur 24 et sept jours par semaine. Cela nous permet de repérer les tendances qui se dessinent et de prendre les mesures proactives nécessaires avant qu'un accident ne se produise.
Le CN est par ailleurs un chef de file de l'industrie dans la manutention sécuritaire des marchandises dangereuses. En 2006, nous avons engagé un des plus grands experts d'Amérique du Nord pour diriger notre service. Nous avons créé par la suite dans notre réseau 11 nouveaux postes de préposés aux marchandises dangereuses. Les titulaires de ces postes ont reçu une formation complète et sont en mesure de répondre à toutes les situations impliquant des marchandises dangereuses.
Nous avons également pris l'initiative d'organiser de nombreux exercices conjoints avec les autorités locales et provinciales de la police, les pompiers, les services environnementaux et autres intervenants.
L'industrie ferroviaire est une activité à forte densité de capital. Cette année, le CN investira 1,6 milliard de dollars en capitaux. Environ la moitié de cette mise de fonds sera consacrée à la sécurité ferroviaire, notamment au remplacement des rails, des traverses, des viaducs et autres équipements. Année après année, nous avons fait ce type d'investissement dans notre réseau afin de le maintenir en excellent état.
Nous faisons des mises de fonds aussi importantes avant tout pour protéger nos employés et le public en général, mais il est clair qu'au bout du compte ces investissements s'avèrent excellents sur le plan commercial. Exploiter un réseau ferroviaire de manière sécuritaire c'est faire en sorte de servir nos clients de manière efficiente, de protéger leurs produits, de maintenir la fluidité de la circulation et d'éviter les interruptions de service tout en permettant à notre société et à nos actionnaires d'économiser de l'argent. Du haut en bas de la structure hiérarchique, toute notre société se donne pour mission d'exploiter son réseau ferroviaire de manière sécuritaire.
Il est certain que nous avons été victimes de déraillements très médiatisés et d'accidents qui ont naturellement inquiété le public. Cependant, dans l'ensemble, nous avons un bon dossier et les lignes de tendance que nous allons vous présenter aujourd'hui indiquent que nous progressons dans la bonne direction.
Nous comprenons l'intérêt que vous portez à ces questions et nous vous en remercions. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Messieurs, merci d'être venus. Vous savez sans doute que lorsque ce comité a été constitué, un de nos premiers objectifs était la sécurité dans les transports maritimes, aériens et ferroviaires. Nous avions connaissance de problèmes dus à l'augmentation du nombre de déraillements en 2005. Le ministre du gouvernement libéral de l'époque, Jean Lapierre, commanda deux études à la suite de la hausse des incidents dont vous avez reconnu l'existence en 2005, monsieur Creel. L'étude de la phase 1 portait sur l'inspection de vos activités afin d'examiner les détails des incidents en matière de sécurité. La deuxième, la phase 2 consistait à vérifier le Système de gestion de la sécurité que vous aviez mis en place afin d'examiner, comme vous l'avez mentionné, la différence entre le personnel et le processus.
Commençons par les sujets de préoccupation relatifs à la phase 1 — je vais passer en revue les questions et, si vous pouvez prendre des notes, vous déciderez ensuite qui y répondra. Étant donné que plusieurs de mes questions concerne l'Ouest du Canada, je suppose qu'il serait plus approprié pour M. Marshall d'y répondre.
À la page 6, le rapport de la phase 1 fait état des facteurs contributifs des déraillements en voie principale. Le rapport mentionne que deux des principaux facteurs qui ont contribué aux déraillements du CN sont les voies et les matériels roulants. Il précise par exemple que les matériels ont été mis en cause dans 37 p. 100 des déraillements en voie principale du CN. Il s'agit de cas où le CN possède la voie et exploite le train. Le rapport indique également que la voie est un facteur impliqué dans 27 p. 100 des déraillements.
Si nous allons ensuite un peu plus loin, à la page 14, puis à la page 17, on aborde deux questions se rapportant au matériel roulant. À la page 14, il est question des wagons de marchandises. Les inspecteurs ont relevé un taux d'avaries de 20,6 p. 100 sur un peu plus de 3 000 wagons de marchandises inspectés. Différents types d'avaries sont cités, mais il est question de freins défectueux, de problèmes de freins qui présentent des risques supplémentaires.
La page 17 donne un aperçu des locomotives. Les inspections ont révélé un taux d'avaries compromettant la sécurité de 53,9 p. 100, soit près de 54 p. 100, sur les 232 locomotives inspectées. Le taux d'avaries variait de 32,4 à 68,9 p. 100 — là encore, mauvais alignement des patins de frein, tête de triangle de frein usée, débattement excessif du piston de frein. Ces avaries ne sont pas extrêmement graves, mais ce qui m'inquiète, après la lecture du rapport, c'est que ce nombre important d'avaries relativement mineures indique peut-être un manque d'attention généralisé. En effet, ce manque d'attention aux avaries mineures laisse à penser que l'on ne prête guère plus d'attention aux avaries graves.
L'autre problème mentionné dans le rapport, à la page 19, concerne la composition. Dans l'exposé que vous nous avez présenté aujourd'hui, dans la documentation que vous nous avez apportée, vous parlez de collaborer avec les autorités locales, les autorités municipales, les équipes spécialisées dans les marchandises dangereuses, ainsi que les services des incendies et de police qui doivent intervenir en cas de déraillement grave. Les vérifications ont révélé un taux d'infractions de 14 p. 100 dans l'exactitude des bulletins de composition. Si j'ai bien compris, le bulletin de composition indique, dans ce contexte, ce que transporte le train et à quel endroit ces marchandises se trouvent, de sorte que, en cas de déraillement, les autorités locales seraient en mesure de déterminer si le train transporte des produits dont elles devraient se préoccuper et où ils se trouvent. Les inspections ont révélé 14 p. 100 de listes incomplètes ou inexactes. En tant qu'ancien maire d'une localité située au nord de Vancouver, ce type d'infraction me préoccupe, puisque notre localité est traversée quotidiennement par des trains transportant des marchandises dangereuses à proximité de propriétés résidentielles.
Et si nous passons à la phase 2 du plan d'action qui concerne les pratiques de gestion de la sécurité, je relève plusieurs sujets de préoccupation. Vous les connaissez bien. Au cours de votre exposé, vous avez évoqué l'engagement de votre société à l'égard de la sécurité. Or, le rapport révèle que les cadres supérieurs n'ont pas la même compréhension de l'engagement de la direction à l'égard de la sécurité que les employés ou les superviseurs de premier niveau. Par conséquent, l'engagement existe, mais on peut se demander dans quelle mesure il est transmis — si vous me permettez l'expression — au niveau des voies ferrées. La direction d'une société a la responsabilité de faire en sorte que les politiques et les buts qu'elle adopte soient dûment énoncés mais également appliqués et suivis par les employés. Le rapport indique qu'il est nécessaire de procéder à une révision générale des pratiques de sécurité par les cadres supérieurs et que cette révision doit appliquer essentiellement les normes canadiennes plutôt que les normes américaines.
Je cite le rapport :
... il a été déterminé que l'évaluation du rendement en matière de sécurité, aux niveaux des cadres supérieurs, était énormément axée sur les accidents répondant aux critères des accidents à signaler de la Federal Railway Administration des États-Unis. Le nombre d'accidents de la FRA ne représente qu'une petite partie du nombre réel d'accidents du CN au Canada.
Cela nous ramène à l'évaluation de la norme de niveau monétaire qui est de 7 700 $ aux États-Unis. En conséquence, les articles d'une valeur moindre ne sont pas signalés, même s'ils peuvent s'avérer importants pour la sécurité. Il peut s'agir de poignées, du palier sur lequel se tiennent les employés, des locomotives. Par conséquent, cela m'inquiète.
Le rapport indique que les données des systèmes de surveillance opérationnelle quotidienne pourraient être utilisées plus souvent afin de susciter des évaluations du risque officielles. Ce que les inspecteurs veulent dire, c'est que les données sont bien recueillies, mais qu'elles ne sont pas utilisées pour effectuer des évaluations régulières. L'équipe de vérification préconise un suivi plus approfondi des renseignements afin d'améliorer la gestion des stratégies d'atténuation du risque. Je cite encore le rapport: « l'équipe de vérification n'a pas pu trouver de renseignements consignés décrivant les mesures d'atténuation du risque ». Cela va à l'encontre de l'intention des normes de gestion des mesures correctives ou des mesures de sécurité du CN — le Système de gestion de la sécurité. On peut lire également dans le rapport qu'il faut « revoir l'efficacité des initiatives d'amélioration de la culture de sécurité du CN. »
Encore une fois, les mesures mettant l'accent sur la formation, la participation, les communications et l'encadrement n'ont pas été mises en oeuvre efficacement. Cette question a été soulevée principalement par le service mécanique et ces rapports contiennent des témoignages écrits et des informations révélant que certains employés craignent d'être pénalisés s'ils signalent des blessures subies par exemple en raison de l'utilisation de matériel en mauvais état...
Je crois sincèrement que n'importe lequel de nous trois pourrait répondre à vos questions. Nous occupons tous des fonctions de première ligne dans le secteur de l'exploitation. Les rapports de vérification de la phase 1 et de la phase 2 étaient bel et bien le résultat d'une analyse sectorielle du réseau canadien. Par conséquent, n'importe lequel d'entre nous pourrait répondre à vos questions et je crois d'ailleurs que nous le ferons tous les trois.
J'ai fait mon possible pour prendre rapidement des notes et j'espère que nous pourrons donc répondre à tous les points que vous avez soulevés.
Je pense que l'exercice qui a porté sur le Système de gestion de sécurité, dans le cadre de la phase 1, était très complet et nous avons collaboré avec les autorités de réglementation. Au cours de la vérification, nous avons échangé nos points de vue et nos notes, et un rapport préliminaire a été présenté à la fin. Nous avons procédé de la même manière pour la phase 1 et la phase 2. Je crois que bon nombre de nos réflexions et de nos idées ont été intégrées dans les rapports, mais peut-être pas toutes.
Certaines interprétations et certains points de vue sont ceux de l'équipe de vérification et c'est très bien ainsi. L'exercice a été utile pour nous et nous continuons à collaborer avec les autorités de réglementation sur tous les aspects que vous avez mentionnés. Je vais revenir sur certains d'entre eux.
Je crois qu'il est important de reconnaître que nous sommes régis par Transports Canada et le Bureau de la sécurité des transports au Canada. Il est vrai que nous sommes actifs de part et d'autre de la frontière et que nous devons nous soumettre à une autorité de réglementation différente aux États-Unis, mais la réglementation à laquelle nous sommes assujettis au Canada est excellente et nous travaillons quotidiennement avec les autorités de réglementation. Les échanges entre les services ferroviaires, le CN, mais aussi le CP, et les autorités de réglementation sont extrêmement bons.
Vous avez parlé des défectuosités signalées dans certains wagons ou certaines locomotives. Je crois que l'on peut faire une analogie avec une automobile. Il peut arriver qu'une ampoule grille au bout de quelques semaines dans une voiture toute neuve. Les autorités de réglementation considèrent qu'il s'agit d'une défectuosité. Dans le cas des freins, il peut arriver qu'il soit nécessaire de remplacer les semelles de frein sur une centaine de wagons. Cela ne signifie pas nécessairement que le train est défectueux, mais qu'il faut tout simplement changer la semelle de frein et nous avons bien conscience de cela. Nous appliquons des processus pour remédier aux défectuosités. Il y a de nombreux systèmes différents dans les locomotives. Il peut arriver que le micro-ondes soit en panne et c'est considéré comme une défectuosité. Nous respectons la réglementation. Il y a toujours des choses à réparer lorsqu'un train se rend du point A au point B et c'est pour cela que nous effectuons régulièrement des inspections.
Nous disposons d'excellents processus et d'une bonne technologie pour répondre aux questions de sécurité que vous avez soulevées. Je crois que c'est pour nous une préoccupation constante. Comme l'a signalé M. Creel, rien n'est plus important pour nous que la sécurité. Nous prenons très au sérieux notre responsabilité en matière de sécurité et nous ne sommes pas heureux lorsque se produisent des infractions à la sécurité qui peuvent causer des interruptions de service ou des blessures ou encore occasionner un dérangement pour la collectivité. Ces infractions nous détournent de ce que nous faisons le mieux, c'est-à-dire assurer une circulation efficace et offrir un bon service à nos clients. Par conséquent, nous n'avons pas l'intention de réduire nos efforts en matière de sécurité, nous allons au contraire continuer à nous améliorer dans ce domaine, dans l'intérêt de tous — nous-mêmes, les syndicats, les collectivités. Comme l'a dit M. Creel, nous consacrons beaucoup de temps aux collectivités; nous consacrons beaucoup de temps aux syndicats.
Quant au problème de compréhension différente, je pense que le rapport de la phase 2 constate une amélioration et une base très solide propice au dialogue avec les employés. Tant à l'échelon local qu'à l'échelon régional, nous disposons de comités de la santé et de la sécurité. Tel que vous nous voyez aujourd'hui, nous sortons tous les trois d'une réunion de notre comité de la politique, de la santé et de la sécurité, ce matin-même en fait. Au cours de ces réunions, nous dialoguons tous les trois avec les représentants syndicaux de toutes les régions du pays et nous abordons des questions comme celles-ci. Nous parlons des vérifications de sécurité, de la vérification du SGS, de la phase 1 et de la phase 2. Ce sont des aspects qui sont très importants pour nous en tant qu'organisation, pas seulement pour la direction et pour le syndicat, mais pour l'ensemble de notre organisation.
Comme l'a signalé M. Creel, nous avons instauré l'an dernier une carte de pointage du rendement des employés qui nous permet d'examiner avec chaque employé — pas seulement ceux de la direction, mais tous les employés du réseau — quelle est sa contribution dans son secteur, qu'il soit mécanicien, employé de bureau ou conducteur de train. Nous abordons les questions de sécurité, de productivité, d'assiduité et nous parlons en toute franchise avec les employés des tâches qu'ils exécutent bien. La majorité d'entre eux font un excellent travail. Nous procédons également à des échanges d'informations et de données au cours desquels nous signalons les points à améliorer et nous accueillons des suggestions.
Par conséquent, je suis convaincu que les communications atteignent efficacement tous nos employés. Pouvons-nous les améliorer? Nous pouvons toujours nous améliorer et nous encourageons tous les membres de l'organisation à nous présenter des suggestions et des idées.
Brièvement, un mot sur la FRA et le BST. La Federal Railroad Administration, FRA, est l'organe de réglementation aux États-Unis. Nous recueillons des statistiques à la fois pour le Bureau de la sécurité des transports, le BST, et la FRA. Nous sommes une société nord-américaine et nous recueillons des statistiques pour la FRA afin de pouvoir comparer notre rendement à celui des autres services ferroviaires nord-américains. Les critères du BST sont différents. Dans bien des cas, ils sont en fait plus sévères. Nous recueillons également des statistiques pour le BST. M. Creel a mentionné une amélioration de 2005 à 2006 dans le cas de certaines statistiques du Bureau de la sécurité des transports.
Nous pourrions échanger beaucoup d'informations et de données utiles. Nous ferons de notre mieux aujourd'hui pour répondre à ces questions.
Mes notes ne sont pas complètes et peut-être que Keith ou Jim Vena peuvent maintenant répondre.
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Vous nous avez fait parvenir votre mémoire sur la sécurité ferroviaire. Vous tenez un beau discours, vous êtes payé pour venir nous dire que ça va mieux.
D'entrée de jeu, je vous dirai que j'ai posé la question au représentant du Bureau de la sécurité dans les transports, qui a comparu devant notre comité au sujet du SGS dans le secteur aérien. Je lui ai demandé directement s'il avait constaté une réduction des accidents depuis la mise en place des SGS dans le secteur ferroviaire? Il n'a pas pu me le confirmer. Il est trop tôt pour le Bureau de la sécurité des transports pour confirmer que le Système de gestion de sécurité a un effet direct sur la réduction des accidents.
Je veux bien que vous nous disiez que ça va mieux et que vous avez toute une performance et une culture d'entreprise. Le problème, c'est qu'au Québec, entre autres à Montmagny — et ce n'était pas en 2005, parce qu'en 2005 vous avez connu une augmentation du nombre d'accidents —, en 2004 et en 2007, il y a eu des déraillements. Vous nous dites aujourd'hui que ce sont des événements très médiatisés. Après le déraillement de 2007, on pouvait voir une citerne à quelques pieds d'une maison. Je comprends que ce soit médiatisé! Donc, à Montmagny, ce ne sont pas de petits déraillements qui se sont produits.
Je me demande comment vous pouvez gérer cette situation. Vous savez que le maire est venu nous livrer l'état d'âme de sa communauté: à Montmagny, les gens ne croient plus le Canadien National. Il y a eu un gros accident en 2004. Vous aviez dit que tout irait bien et voici que survient un autre gros accident en 2007. Il s'est installé une psychose dans la communauté par rapport au transport ferroviaire. Je veux bien que vous nous parliez comme vous le faites aujourd'hui, mais vous avez compris que dans les communautés où il y a eu des accidents à répétition, comme Montmagny, vous avez un problème de confiance. La population ne croit pas que votre système de sécurité, d'entretien des équipements ou peu importe est efficace après deux accidents: en 2004 et en 2007. Il ne s'agissait pas de petits déraillements, on parle de 26 wagons en 2004 et d'une quinzaine en 2007. Ce ne sont pas de petits déraillements.
Je voudrais que vous essayiez aujourd'hui de me redonner et de redonner à la communauté de Montmagny un sentiment de sécurité.
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Encore une fois, je pense que nous devons tous répondre.
Vous avez raison de dire que certains incidents dont nous avons été victimes ont été très médiatisés. Nous n'en sommes pas très heureux et cela nous dérange beaucoup.
Une façon de rebâtir la confiance est de continuer à investir dans notre infrastructure et dans notre personnel et de viser toujours l'amélioration pour notre organisation. Nous sommes satisfaits de constater que l'année 2006 a été un bon départ dans cette direction.
J'ai eu connaissance des incidents de Montmagny, même si l'Est du Canada n'est pas mon secteur et que je m'occupe de l'Ouest. En effet, nous passons en revue tous les incidents concernant l'ensemble du réseau du CN. Au moment du deuxième incident à Montmagny, nous avons pris du recul et nous nous sommes demandés si la cause était systémique. M. Vena devrait probablement en parler, puisqu'il s'agit de sa région, mais je pense que les causes des deux accidents de Montmagny étaient différentes. Cela ne signifie pas qu'elles n'ont pas été médiatisées et nous sommes les premiers à le regretter.
Mais encore une fois, je pense que nous devons nous focaliser sur l'avenir et nous concentrer sur ce que nous faisons aujourd'hui. Les résultats que nous avons obtenus au cours des 12 derniers mois nous montrent que nous sommes dans la bonne direction et que nous sommes en voie d'amélioration. Il nous faut poursuivre dans cette direction parce que nous devons regagner la confiance des collectivités, des médias et de nos clients. C'est extrêmement important pour nous.
Jim, voulez-vous répondre?
Permettez-moi de revenir un peu en arrière. Vous avez parlé de la confiance de la population de Montmagny et des environs. J'ai rencontré le maire de Montmagny. C'est ce que nous faisons chaque fois que se produit un accident. Pour nous, au CN, nous devons comprendre ce qui s'est passé. Nous voulons savoir si nous devons modifier notre façon de faire, nous devons faire les vérifications nécessaires.
Notre préoccupation, comme celle des autres intervenants, était de faire en sorte que les habitants de Montmagny et de la région comprennent ce qui s'était produit. C'est la raison pour laquelle je me suis déplacé avec un petit groupe de personnes. Il y avait des employés qui travaillent sur la voie, d'autres qui travaillent sur le matériel roulant et il y avait des relationnistes parmi les personnes que nous avions réunies pour examiner les mesures que nous allions prendre, en présence du maire et d'un groupe de personnes qu'il avait invitées.
Nous avons immédiatement pris des mesures provisoires, le 11 janvier, je crois, quelques jours après le déraillement, afin de procéder de manière progressive avant de restaurer le service normal. Notre démarche a donc consisté à examiner la situation.
Connaissons-nous la cause de l'accident? Oui. Notre enquête interne nous l'a révélée, mais nous attendons que le BST nous fasse parvenir son compte rendu définitif de l'accident et nous dise ce qui s'est passé.
Mais je pense que nous avons adopté une démarche progressive afin d'être certains de bien faire les choses.
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Vous me demandez si nous sommes prêts à maintenir une vitesse maximale de 40 milles à l'heure tant que le BST n'aura pas présenté ses conclusions. C'est certainement une mesure que nous pouvons prendre en considération.
Mais avant tout, nous sommes convaincus que la vitesse n'est pas un facteur dans ce déraillement. Nous comprenons les inquiétudes de la population. Nous comprenons les inquiétudes des habitants de Montmagny. M. Vena n'était pas ici lors du dernier déraillement à Montmagny. J'y étais. Je me suis rendu en personne sur les lieux du déraillement, à l'est du viaduc. Le déraillement a été provoqué avant le viaduc par une défectuosité dans une pièce de bogie. Le train a continué à tirer la voiture sur le viaduc. Je suis allé sur les lieux de ce déraillement.
Le deuxième déraillement s'est produit en janvier. J'ai moi aussi pris l'avion pour me rendre sur place et rencontrer le maire. J'ai pris part à l'enquête qui a permis de découvrir la cause du déraillement.
Nous sommes convaincus que la vitesse n'était pas en cause. Les faits sont consignés dans le rapport — dont j'ai ici un exemplaire — qui a été réalisé par un cabinet de recherche indépendant — Transys Research — et présenté à Transports Canada ainsi qu'à TMD. Selon les explications scientifiques — qui peuvent parfois être un peu techniques — la vitesse n'a rien à voir avec les forces latérales qui provoquent le déraillement. La vitesse est associée aux forces longitudinales qui déterminent la distance parcourue par les wagons qui déraillent, mais la vitesse n'a aucune incidence sur les forces latérales. Cela étant dit, nous prendrons votre demande en considération et nous envisagerons sérieusement de maintenir la vitesse à 40 milles à l'heure.
Nous avons été très prudents. Nous avons analysé les éléments afin d'éliminer toutes les causes potentielles. Quand je me suis rendu sur les lieux du premier déraillement, puis du deuxième, je me suis senti aussi préoccupé que les autres citoyens et je me suis demandé ce que j'aurais pu faire pour éviter ce déraillement. En fait, d'après la cause qui a été décelée, il n'y avait pas grand-chose à faire. Ce que j'ai appris, cependant, c'est qu'il y avait une défectuosité dans l'aiguillage qui a occasionné le déraillement en janvier. Il y avait une fissure dans l'acier du trou d'éclissage. Aucun contrôle ultrasonique ne pouvait détecter cette fissure et on ne pouvait pas la voir à l'oeil nu, à moins de démonter toute l'infrastructure de la voie pour effectuer une inspection. La cause était là.
À la question de savoir si j'ai manqué, il y a trois ans, l'occasion de prévenir ce déraillement, ma conclusion est la suivante: Avions-nous besoin de cette voie et de cet aiguillage à cet endroit-là? La réponse est non. Nous avions installé un aiguillage à Montmagny il y a de nombreuses années, pour des raisons commerciales. C'était une voie de débord qui nous permettait de transborder des marchandises pour un client. Mais en réalité, nous n'utilisons plus cette voie de débord, sauf de temps à autre, pour notre propre matériel. Par conséquent, nous avons supprimé l'aiguillage. Nous l'avons complètement éliminé. Il n'existe plus. Donc, nous avons diminué la probabilité que cela se produise à nouveau.
Nous avons maintenu la vitesse. Pour le moment, nous allons y réfléchir et je prendrai contact avec vous très prochainement pour vous préciser ce que nous allons faire... D'après mon intuition, je crois que nous allons maintenir cette vitesse. Cependant, ce n'est pas certain. Je ne sais pas quand le BST sera prêt à nous présenter ses conclusions. Je ne sais pas si ce sera dans un an ou deux. Mais nous allons prendre votre demande en considération.
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Nous connaissons cette perception de la population en Colombie-Britannique et dans d'autres régions et nous ne la prenons pas à la légère. Nous voulons que la population ait confiance dans les transports ferroviaires. Je répète que nous accordons la plus grande importance à cette perception et que nous ne ménageons aucun effort pour la transformer et améliorer les résultats. Nous pensons qu'il n'est pas utile d'en débattre dans les médias. Nous croyons qu'il est important de tenir compte des faits et de continuer à investir dans notre entreprise par l'intermédiaire du personnel, des processus et de la technologie afin d'obtenir des résultats qui prouvent que nous contribuons à améliorer la situation.
Je sais que l'année 2005 n'est pas très loin; pour certains, c'est comme si c'était hier. Mais nous avons fait de très grands progrès, surtout en Colombie-Britannique. Je travaille à Edmonton, mais je m'occupe de l'Ouest du Canada. Je passe personnellement beaucoup de temps en Colombie-Britannique où je dialogue avec les habitants de nombreuses collectivités et avec des citoyens préoccupés, comme peut l'être M. Laframboise au sujet de Montmagny. Nous comprenons ces perceptions. Nous ne les prenons pas à la légère et nous travaillons très fort pour modifier ces perceptions et améliorer les résultats. En Colombie-Britannique, les résultats sont meilleurs.
Le comité a entendu certains témoignages concernant l'ancienne BC Rail et le CN. Nous avons examiné et passé en revue beaucoup de documentation. À mon avis, il est important de reconnaître que l'ancienne société BC Rail était, certes, une bonne entreprise, mais qu'elle avait également sa part d'accidents. Jusqu'à ce qu'elle soit intégrée au réseau du CN, BC Rail n'était pas tenue de présenter les mêmes comptes rendus qu'un transporteur ferroviaire national. Par conséquent, les statistiques que nous avons en main au sujet de BC Rail ne sont pas vraiment publiques. Nous avons dû ajuster certaines de ces statistiques afin de pouvoir comparer des données comparables. Nous avons fait de notre mieux.
Par exemple, si l'on se rapporte aux statistiques de la FRA, puisque nous ne disposons pas de statistiques du BST pour BC Rail, nous avons réduit de près de deux tiers le nombre d'accidents enregistrés par la FRA pour BC Rail entre 2003 et 2005. Voilà des statistiques qui ne sont pas publiées. Nous n'en parlons pas dans les médias. Nous voulons passer du temps ici, devant votre comité. Nous voulons consacrer du temps aux responsables de l'application de la Loi sur la sécurité ferroviaire. Je dois les rencontrer demain à Edmonton. M. Vena a déjà parlé au comité. Je répète que nous entretenons un dialogue constant avec le BST, avec Transports Canada. Ils passent beaucoup de temps dans l'Ouest depuis que nous avons fusionné avec BC Rail, la ligne Savage, le Mackenzie Northern et deux autres petites lignes, une en 2006 et l'autre au début de l'année. Nous leur consacrons beaucoup de temps et nous accordons beaucoup d'attention aux comptes rendus qu'ils nous présentent.
Encore une fois, je comprends que la population puisse avoir une perception particulière. Et je reconnais — mes collègues sont certainement du même avis — que nous avons du travail à faire pour améliorer cette perception. Nous pouvons le faire en améliorant les résultats.
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J’aimerais, si vous le voulez bien, rappeler qu’on a constaté, entre 2005 et 2006, une baisse de presque 30 p. 100 des accidents sur les voies principales. Je reconnais que si vous comparez les donnés de 2007 à celles de 2006, vous pourriez, si vous ne les interprétez pas correctement, penser y voir une aggravation de la situation.
Or, les chiffres pour l’année 2006 étaient exceptionnellement bons. Si vous comparez les donnés de 2007 à celles de 2004 et de 2005, vous êtes bien forcé de constater une amélioration de 40 p. 100. Je rappelle qu’en 2006 l’hiver a été très doux et malgré ce que vous avez dit au sujet des conditions météorologiques, c’est un fait que les conditions atmosphériques sont d’une importance extrême dès qu’il s’agit d’acier, celui des rails comme celui des roues. Par très mauvais temps, les chances d’accident ferroviaire augmentent effectivement. Cela est dû aux caractéristiques mêmes de l’acier, et on ne peut rien y faire.
Si l’on prend la période allant du 1er mars à hier, ou si nous comparons, disons, le premier trimestre de l’année à ce qui s’est passé en 2006 — en n’oubliant pas que c’était des résultats trimestriels tout à fait exceptionnels — on constate une amélioration de plus de 30 p. 100. Cela donne, d’une année à l’autre, une amélioration de 30 p. 100.
Au cours du premier trimestre de 2006, on relève, au total, sur le réseau du CN, 67 accidents déclarés au BST, contre 76 en 2007. On peut voir que l’écart se réduit. Jusqu’au 24 ou 25 avril de cette année, on relève 89 accidents, par rapport aux 85 qui se sont produits en 2006. Je précise que les chiffres de 2007 représentent tout de même une amélioration de 40 p. 100 par rapport à ceux de 2004 et de 2005.
Mais vous pourriez parvenir à la conclusion contraire en interprétant mal les données, et y voir une dégradation par rapport à 2006. Or, faut-il rappeler que l’année 2006 a été une année hors normes. L’hiver 2006 a été exceptionnellement doux, les températures n’ayant rien de comparables avec celles de l’hiver dernier. L’inquiétude à cet égard ne se justifie aucunement et les efforts vont se poursuivre dans le bon sens.
Nous continuons à accorder à cette question toute notre attention. En ce qui concerne les chiffres, nous demeurons parfaitement confiants que l’année 2007 se traduira par des améliorations comme celles que nous avons pu constater en 2006. Précisons qu’il serait injuste de fonder des comparaisons sur les trois premiers mois de 2006 étant donné les très fortes différences qui existent entre ces deux années.
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Si l’on compare les normes de la FRA aux normes appliquées par Transports Canada, je dois dire, après avoir travaillé dans les deux pays, qu’il est à certains égards vrai que la réglementation appliquée par Transports Canada est peut être supérieure. À certains égards, cependant, je pense que les normes appliquées par la FRA sont supérieures.
Prenons l’exemple des freins. C’est, pour nous, un sujet important que le freinage d’un train. Au Canada, la réglementation en vigueur autorise les trains à quitter la gare d’origine si 95 p. 100 de son mécanisme de freinage fonctionne correctement. Cela veut dire que si, à bord d’un train donné, 5 p. 100 du dispositif de freinage est hors d’état de fonctionner, le train est néanmoins, selon la réglementation, autorisé à rouler, et cela sans enfreindre les consignes de sécurité. On a vu qu’au Canada le taux d’accidents ferroviaires est, pourtant, légèrement plus faible qu’aux États Unis.
Selon la réglementation de la FRA, par contre, le dispositif de freinage doit être en parfait état. Au CN nous appliquons la norme plus exigeante. Étant donné que certains de nos trains franchissent la frontière, sur bien des points ce n’est pas la norme plus souple que nous appliquons mais bien la plus exigeante.
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À la page 3, et je vais vous citer deux de vos déclarations.
D’abord, au deuxième paragraphe, à l’avant-dernière phrase, on trouve ceci « C’est pourquoi, au CN, nous considérons que la sécurité est la responsabilité de chaque membre du personnel et nous nous efforçons avec diligence d’instaurer et de promouvoir une culture axée sur la sensibilisation à la sécurité et les pratiques sécuritaires. »
Si l’on passe au quatrième paragraphe, on trouve ceci « ... le CN a toujours accordé la plus grande priorité à la sécurité. La sécurité est l’une des cinq valeurs fondamentales de la Compagnie ».
Pourtant, selon deux des témoins entendus par le comité, et selon le rapport de vérification, il semblerait que, lorsque cela vous convient, vous acceptez d’appliquer une norme moins contraignante. Vous entendez peut être contester les conclusions consignées dans le rapport de vérification, mais c’est pourtant ce qu’on y trouve.
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Permettez-moi d’aborder la question sous un angle un peu différent.
Le système de gestion de la sécurité, le SGS, qui existe dans le secteur de l’aviation est également, semble t il, appliqué sur le réseau ferré. Il s’agit d’une obligation redditionnelle accrue, d’un niveau plus élevé de sécurité imposé par la réglementation en vigueur.
J’aimerais revenir sur ce que nous ont dit nos témoins. Nous leur avons demandé de comparer la sécurité au sein du CN à ce qui se fait au CP. Après avoir déclaré que le CP semblait avoir modifié son mode de gestion, et avoir trouvé que les nouvelles méthodes instaurées donnaient de bien meilleurs résultats, M. Rhodes a déclaré que :
le CN, lui, était allé dans l’autre sens. Il a opté pour un style plus musclé. Cela donne, d’après moi, un milieu de travail empoisonné. Personne ne veut y travailler. Les employés comptent les jours, les mois et les années qu’il leur reste avant de prendre leur retraite. Il n’en a pas toujours été ainsi et ce n’est pas le climat qui régnait à BC Rail.
La chose me paraît évidente. Il s’agit de systèmes de gestion de la sécurité où les employés en première ligne sont censés relever les défectuosités, notamment celles qui pourraient mettre en cause la sécurité. Pourtant, les employés n’ont pas l’impression d’oeuvrer en cela du même côté que la direction. Au contraire, ils craignent pour leur emploi.
Les mêmes témoins ont confirmé devant le comité qu’ils craignent d’être mis à la porte s’ils relèvent les défectuosités de votre matériel roulant.
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Ce n’est pas à moi qu’il appartient d’en juger. Je peux simplement vous faire part de mon expérience au cours des cinq dernières années et dire que j’ai participé pleinement aux efforts en vue de modifier des usages qui s’étaient établis.
Je voudrais revenir un petit peu en arrière. Je suis arrivé au Canada en 2002. J’étais à l’origine posté au Michigan. Je travaille, en effet, depuis le début de ma carrière, dans le secteur de l’exploitation. J’étais vice-président de la division des Prairies. Dès ma première semaine je savais, en pénétrant dans la gare terminus, qu’il me faudrait m’atteler très sérieusement à toute la question de la sécurité au travail, des moyens que nous avions de l’assurer, et des mesures qu’il faudrait prendre auprès de nos employés. Comprennent ils en effet vraiment que nous nous attendons effectivement à ce qu’ils respectent les règles qui sont instaurées à la fois dans leur intérêt et dans celui des agglomérations que nous traversons?
J’avais, lorsque j’étais agent de l’exploitation, appris comment faire passer le message auprès des employés qui actionnent le manipulateur, auprès de ceux qui effectuent les manoeuvres, ainsi qu’auprès des agents de première ligne qui les supervisent... Il existe, dans notre secteur, quelque chose que nous appelons contrôle de l’efficacité. Aux États-Unis, la FRA l’a rendu obligatoire et son application est réglementée. Le gouvernement vous oblige, en effet, à effectuer des contrôles d’efficacité. Pour chaque employé, l’entreprise doit satisfaire à un certain nombre de critères. J’entends par contrôle de l’efficacité le fait que les agents d’exploitation se rendent sur le terrain et soit simulent, soit créent les conditions dans lesquelles il va être demandé au personnel d’effectuer une manoeuvre. On observe les employés au travail afin de voir, d’abord, s’ils comprennent bien les règles applicables et, puis, s’ils les appliquent.
Or, lorsque je suis arrivé au Canada, le contrôle d’efficacité n’était pas obligatoire. Une des premières choses que j’ai faites en arrivant a été de mener une campagne de contrôle de l’efficacité. L’exercice durait, chaque fois, toute la fin de semaine — à l’époque, en 2002, M. Vena était en poste à Winnipeg —nous commencions à six heures du soir et nous travaillions jusqu’à six heures du matin. Nous avons couvert tout le territoire qui relevait de nous, de la Saskatchewan au Manitoba, observant les employés afin de nous assurer qu’ils appliquaient effectivement les règles. Nous avons effectué des tests d’efficacité et constaté avec une extrême inquiétude que le taux d’échec était très élevé, si élevé que même les contrôleurs des trains, même ceux en poste, comme nous, à Edmonton...
Ce sont eux qui contrôlent la circulation des trains. Lorsqu’il s’agit de vérifier la bonne marche des trains — la signalisation — c’est tout à fait comme les feux de circulation en ville. Celui qui grille un feu rouge met en péril non seulement sa vie, mais aussi celle d’autrui. Il en va de même pour la signalisation sur les réseaux ferrés. Le respect de la signalisation doit donc être régulièrement contrôlé et, généralement, le contrôleur des trains collabore à l’opération. Vous vous arrangez avec lui pour qu’il change le signal et, généralement, le fasse passer au rouge.
Lors de cette opération de contrôle, nous avions demandé à des agents du service d’expliquer aux contrôleurs des trains ce que nous entendions faire, c’est à dire que nous entendions vérifier si le personnel des trains respectait effectivement les règles. Nous voulions donc qu’ils mettent les signaux en telle ou telle position, les agents n’ayant alors qu’à s’en tenir au règlement qui prévoit exactement ce qu’ils doivent faire alors. Nous nous trouvions donc sur le terrain afin de voir si les employés faisaient effectivement ce qui était prévu. Que pensez vous qu’il arriva? Eh bien, les contrôleurs des trains ont refusé de se livrer à l’exercice. C’est vous dire qu’il y avait en place une culture solidement implantée.
Les contrôleurs des trains estimaient que, loin d’assurer la sécurité du trafic ferroviaire, nos tests d’efficacité entendaient simplement piéger les employés chargés du trafic. C’est comme ça qu’ils voyaient la chose. Les contrôleurs des trains ont quitté leur poste en guise de protestation.
Je vous dis tout cela afin que vous compreniez bien le climat qui régnait au sein de l’entreprise. Nous ne cherchions qu’à assurer la sécurité du trafic ferroviaire, mais les employés refusaient de collaborer.
Je vais vous expliquer pourquoi la question me tient tellement à coeur. À chaque fois qu’il y a, dans le secteur dont je suis responsable, un gros accident de chemin de fer, si je suis couché, je me lève et me rends sur les lieux. J’ai déjà, hélas, eu à faire à plusieurs « Lillooet ». J’étais, par exemple, à McBride. Je me suis, personnellement, occupé des décès qui sont survenus dans cette région. Six mois avant d’entrer en fonction à la division des Prairies, et d’y mener cette campagne d’efficacité, j’avais eu, au Michigan, à m’occuper d’un décès survenu lors d’une collision frontale. C’est vous dire que je ne prends pas ce genre de chose à la légère.
Il me paraît parfaitement inadmissible d’avoir, au sein d’une entreprise, des employés qui ne comprennent pas et qui vous reprochent de vouloir les piéger lorsqu’il s’agit simplement de vérifier s’ils appliquent bien les règles. Il faut parvenir à changer les habitudes et les mentalités, à créer, au sein de l’entreprise, un climat dans lequel les employés qui, par le passé n’avaient, en raison d’un certain laxisme, peut être pas une idée très claire de ce qui était attendu d’eux car on n’insistait pas sur le respect du règlement. Or, aujourd’hui, nous nous attendons à ce qu’ils appliquent les règles en vigueur. C’est dire qu’il faut parfois prendre des mesures correctives. L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de la police provinciale de l’Ontario qui fait respecter sur les routes la vitesse limite. Si elle n’était pas là pour effectuer de temps à autre des contrôles, ce serait le chaos.
Donc, nous effectuons maintenant des contrôles. Nous tentons d’éduquer nos employés, mais il se peut que certains d’entre eux, avec qui des agents de Transports Canada ont pu discuter, aient eu écho d’un certain nombre de choses qu’on leur avait racontées, mais qu’ils n’ont pas eux mêmes constatées. Il y en a qui n’ont pas encore saisi que nous n’admettons pas qu’ils passent au signal rouge. C’est en partie l’objet des avis et ordres que vous évoquiez tout à l’heure.
Nous avions constaté qu’en Ontario un certain nombre d’agents de conduite ne respectaient effectivement pas les signaux rouges. Transports Canada nous a-t-il transmis un avis à cet égard? Bien évidemment. Mais avais-je attendu que Transports Canada me dise que c’est inadmissible? N’avions-nous pas déjà introduit les tests d’efficacité afin d’obtenir des employés qu’ils modifient leur manière de faire? C’est, bien sûr, déjà fait.
Il s’agit d’introduire des changements. Ce n’est donc pas que la haute direction énonce des principes et donne des instructions et que les cadres subalternes n’arrivent pas à comprendre ce que l’on attend d’eux. Nous, les cadres supérieurs, avons mis en place, auprès des responsables opérationnels, des procédures qu’ils sont chargés de mettre en oeuvre. Leur rémunération est d’ailleurs liée aux résultats des tests d’efficacité. Ils sont tenus de lancer des campagnes de sécurité et de monter eux mêmes à bord des trains. Est-ce que cela leur plaît? Je dois dire que les changements apportés ont été tellement rapides que même certains responsables ont du mal à comprendre. Nous devons donc leur expliquer qu’il s’agit de veiller à la sécurité de nos opérations ferroviaires et à la sécurité des agglomérations que nous traversons.
Ce n’est donc pas qu’il y ait, au sein de l’entreprise, une opposition entre divers échelons, mais que nous sommes en pleine mutation. Or, changer la culture d’une entreprise n’est pas chose facile, surtout dans un secteur qui, depuis très longtemps... Beaucoup de nos employés ont passé les 30 premières années de leur carrière à trouver tout à fait normal qu’on ne s’en tienne aux règles que lorsque ça ne dérange pas trop. Or, le respect des règles applicables est devenu, au cours des cinq ou dix dernières années, une condition de leur emploi. Ils sont dorénavant tenus d’appliquer les règles en vigueur.
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Au niveau des déclarations obligatoires, et notamment en matière de lésions corporelles, la réglementation mise en place par la FRA est beaucoup plus exigeante que la réglementation canadienne.
Aux termes de la réglementation de la FRA, par exemple, si, dans le cadre de son travail, un employé s’ébrèche une dent, il faut le déclarer car c’est, selon une interprétation stricte du règlement, une fracture. Ce n’est pas dire que la personne va se voir accorder un arrêt de travail, mais l’incident doit être déclaré à la FRA. Ce genre de chose grossit bien sûr les statistiques. Si un employé est piqué par une guêpe, qu’il se rend dans une clinique pour qu’on lui administre un antidote et se voit prescrire une ordonnance, il pourra, certes, reprendre le travail mais, étant donné qu’on lui a délivré une ordonnance, l’incident fait l’objet d’une déclaration.
Sur le plan des déclarations d’incidents, les normes appliquées par la FRA sont donc beaucoup plus exigeantes que les normes canadiennes.
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Je ne prendrai qu’un instant.
Monsieur Marshall et monsieur Creel, j’entends simplement faire une observation à laquelle je vous demanderai de réagir.
J’éprouve une certaine fascination pour les locomotives, pour les chemins de fer et pour les progrès de la technologie. Je suis donc vraiment frappé de voir que les conditions météorologiques peuvent d’avoir une telle influence sur le nombre d’accidents. J’aurais cru possible de prendre en compte les variations de la météo et d’adopter les mesures permettant de les neutraliser. Je suis désolé, mais j’ai l’impression que ces mesures vous ne les avez pas prises.
Puis, monsieur Creel, vous m’avez répondu de manière très détaillée sur le fait que les employés de votre entreprise manquent parfois de zèle lorsqu’il s’agit d’appliquer les règles en vigueur. Au départ, vous étiez tous d’accord pour dire qu’à partir du moment où un système de gestion de la sécurité est instauré, et je rappelle qu’il s’agit d’un système auquel vous avez vous même contribué, l’entreprise s’engage sur ce plan, et tous les employés suivent. C’est dire que si un employé décide, délibérément, de ne pas obtempérer à un ordre, ou de ne pas observer un règlement ou une instruction en matière de sécurité, il y a, à tout le moins, négligence.
Est-ce à dire, monsieur Creel, que par le passé vous employés faisaient preuve de négligence, ou n’étaient pas conscients d’être négligents avant que vous ne les obligiez à s’en rendre compte, mais qu’en fait la négligence n’est pas sanctionnée et que ce serait pour cela qu’on constate aujourd’hui encore un si grand nombre d’accidents? Est-ce à dire, en plus, que cette négligence se manifeste du haut en bas de l’échelle et atteint même Transports Canada, voire le ministre?
Nous savons très bien quelle est la situation. Cela ressort clairement du rapport de vérification. Vous étiez au courant. Le ministre était au courant. Vos employés étaient au courant. Où se situe le problème?
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Permettez-moi d’apporter sur ce point une ou deux précisions.
Je tiens d’abord à revenir sur votre question concernant la prise en compte des conditions extrêmes en hiver. Nous avons, bien sûr, instauré des mesures qui permettent, effectivement, de prendre en compte les variations de la météo.
Ainsi, en hiver, par très mauvais temps, lorsque la température descend en deçà d’un certain point, surtout dans les régions de froid extrême, au nord des lacs, nous réduisons la vitesse des trains. En ce qui concerne les détecteurs d’impact, nous avons adopté des politiques beaucoup plus strictes.
Lorsque l’acier frappe l’acier, et que le froid agit comme multiplicateur d’impact, les risques de rupture d’un rail augmentent. Ces mécanismes, qui mesurent en kips les marges de tolérance, c’est-à-dire l’impact de l’acier frappant l’acier, font l’objet en hiver d’un réglage spécial qui les rend beaucoup plus exigeants qu’en temps normal. S’il est vrai que par froids extrêmes nous enregistrons davantage d’incidents de fonctionnement, nous mettons en oeuvre toutes les mesures possibles et, notamment, retirons du service les wagons susceptibles d’entraîner une rupture de rail qui pourrait, bien sûr, causer un déraillement. C’est vous dire que nous prenons effectivement en compte les variations de la météo, mais il n’est pas possible, même avec le meilleur système qui soit, de prédire et de prévenir tout ce qui peut se passer.
En ce qui concerne votre autre question au sujet des responsabilités et des tests d’efficacité, nous nous trouvons face à des êtres humains à qui nous tentons d’inculquer la nécessité de respecter les règles. Hélas, les êtres humains ont parfois tendance à se donner des raisons et certains employés sont parfois portés à aller au plus vite. Ainsi, certains pensent qu’ils peuvent en toute sécurité descendre d’une machine circulant à six milles à l’heure, alors que, selon les règles en vigueur, il est interdit de descendre d’un engin qui circule à plus de quatre milles à l’heure.
Dans le cadre des tests d’efficacité, nous nous rendons donc sur le terrain afin de voir s’il existe un écart entre ce qui se fait et ce qui devrait se faire. Cela, il est vrai, est parfois mal vécu par les employés. Mais, si nous constatons de tels écarts, nous ne laissons pas passer. Cela donne lieu à rapport et, malheureusement, il faut parfois prendre des sanctions.
Il y a dix ans, contrairement à ce qu’il en est aujourd’hui, il était extrêmement rare qu’un employé soit sanctionné pour inobservation d’une règle d’exploitation.
Nous participons tous à ces tests d’efficacité, moi-même, M. Vena, M. Marshall et les directeurs généraux. Nous occupons, au sein de l’entreprise, d’importants postes de direction, mais on nous trouve néanmoins à bord des trains pour contrôler l’efficacité de nos agents d’exploitation. Nous sommes au contact du personnel roulant qui est tenu d’appliquer les règles en vigueur. C’est dire qu’il y a tout un système de contrôles et de vérifications, que le non respect des consignes est sanctionné mais qu’on ne peut tout de même pas invariablement garantir, à 100 p. 100, une application stricte des règles. C’est l’objectif que nous nous sommes fixé, mais, consciente ou inconsciente, l’erreur humaine demeure possible. Il se peut, effectivement, qu’une consigne ne soit pas appliquée et que cela entraîne un déraillement, des lésions corporelles, voire des décès.
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Je relève que vous parlez de contrôles d’« efficacité » et non de contrôles de « sécurité ».
En évoquant les contrôles d’efficacité, vous nous avez dit être inquiet du nombre de problèmes que vous avez relevés, mais vous avez expliqué tout de suite après que ces problèmes sont entièrement imputables aux employés. Je dois dire que lorsque je travaillais sur une chaîne de montage, si, de temps en temps, un des ouvriers négligeait les consignes de sécurité, le problème était réglé assez facilement. Mais, si l’on se trouve face à un grand nombre d’employés qui n’adhèrent pas à une éthique de la sécurité, c’est, me semble-t-il, un problème systémique et non un problème uniquement imputable aux employés. Il faut donc situer plus haut les responsabilités.
Compte tenu des problèmes relevés au CN, j’aimerais obtenir de vous certaines précisions. J’aimerais notamment savoir quel est le nombre d’employés sanctionnés pour une infraction aux règles de sécurité. Et, chose plus importante encore, combien de gestionnaires ont été sanctionnés. Le simple employé se voit, lui, simplement comme faisant partie d’un ensemble beaucoup plus grand. J’aimerais comprendre un peu mieux dans quelle mesure sont sanctionnées les personnes chargées de gérer tous ces divers éléments. Les Canadiens aimeraient beaucoup savoir comment vous procédez à cet égard. La faute est invariablement imputée aux employés, mais j’aimerais en savoir un peu plus à cet égard à moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse de renseignements confidentiels.
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Je n’ai qu’une seule question, et peut-être aussi une demande de renseignements...
En Colombie-Britannique, qu’a-t-on fait des freins dynamiques qui équipaient les locomotives impliquées dans l’accident? En Colombie-Britannique, combien de vos locomotives sont équipées d’un tel dispositif de freinage? Je sais qu’il s’agit là de détails techniques, mais je vous saurais gré de nous les procurer, car si je ne m’abuse, le terrain en Colombie-Britannique n’est pas le même qu’ailleurs.
Monsieur Marshall, vous avez à plusieurs reprises parlé d’impression. Pendant plusieurs années j’ai occupé des fonctions de direction au sein d’une grande entreprise canadienne, dans laquelle nous ne faisions pas de différence entre impression et réalité. Au sein de l’entreprise on entendait dire telle ou telle chose, puis les gestionnaires nous expliquaient qu’il n’en était rien. Nous leur répondions que si la clientèle se plaignait c’est qu’elle percevait un problème, et que si elle percevait un problème c’est qu’il y en avait effectivement un puisque l’impression que se forme le client affecte tout naturellement l’entreprise.
Vous nous avez dit, monsieur Creel, qu’au Michigan, vous avez eu à vous occuper d’une collision frontale. Ne s’agit il pas de la collision que l’on a imputée à la fatigue de l’équipage? Or, l’équipage chargé du convoi était censé être frais et dispos. Je m’interroge donc sur la fatigue dont a fait état. Quelqu’un nous a dit plus tôt que vous travaillez 12 heures d’affilée et que l’on peut, dans de très brefs délais, vous demander de reprendre le service. Cela veut dire qu’entre deux périodes de travail les équipages n’ont pas toujours le temps de se reposer, que ce soit dans leur résidence de service ou dans un lieu éloigné. J’aimerais obtenir de vous quelques précisions à cet égard.
Je tiens, enfin, à revenir à une question soulevée par M. Watson et par plusieurs autres membres du comité. M. Fast en a parlé et plusieurs autres membres de mon bord s’en sont aussi enquis. Cela a trait à ce que nous disait M. Rhodes. Sachez que ces personnes sont venues témoigner à notre invitation. C’est nous qui les avons sollicitées. Nous avions, dans la presse, pris note d’un certain nombre de choses et nous avons contacté les intéressés. Je ne dirais pas que nous les avons convoqués, mais nous aurions pu le faire s’ils ne s’étaient pas rendus à notre invitation.
Or, selon M. Rhodes :
Il n’est pas juste qu’une entreprise puisse vous licencier en raison d’un comportement qu’elle estime incompatible avec vos fonctions. Si, même en dehors du service, vous émettez une opinion, une critique concernant la manière dont certaines choses se font, vous vous faites licencier pour cause de « comportement incompatible avec votre emploi au CN ».
Or, estimez-vous répréhensible qu’un employé du CN vienne discuter devant le comité des problèmes qu’il a pu constater au sein de l’entreprise? Pensez-vous, par exemple, que M. Rhodes ou M. Holliday risqueraient d’être licenciés en raison de leur intervention devant le comité?
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Merci, monsieur le président.
J’ai, pour terminer, trois questions à poser. La première concerne l’impression, dont plusieurs personnes ont fait état, qu’en matière de sécurité, le CN a cherché à rogner sur les coûts. Je voudrais donc connaître le nombre d’employés du CN mis à pied ou licenciés au cours des cinq dernières années.
Et puis, compte tenu de l’impression qu’on a qu’en 2006 le renforcement des inspections et des activités de supervision ont amélioré la sécurité, peut-on dire que ce serait au moins un des axes de solution, c’est-à-dire, de la part du gouvernement, davantage d’inspections et de supervision, et moins d’importance attachée au SGS?
Ma troisième question est simple mais, me semble-t-il, importante. Plusieurs témoins nous ont dit qu’au sein du CN on ne peut plus employer l’expression « Canadien national ». Le mot « Canadien » est-il exclu maintenant au CN? J’ai relevé, en effet, que dans votre mémoire on ne trouve pas une seule fois les mots « Canadien national ».
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Lors de la dernière séance, les représentants du Parti libéral étaient divisés sur la question.
Nous souhaitions, monsieur Fast, pouvoir en discuter entre nous étant donné que M. Bélanger faisait valoir un point de vue particulier et que les gens de notre bord n’étaient pas tous du même avis.
Pour ma part, et pour m’exprimer un peu comme les représentants du CN, je dirais que je suis disposé à percevoir favorablement la question que vous avez soulevée. Je voudrais, cependant, avoir l’occasion d’en débattre à nouveau et, avant cela, d’en discuter avec mes collègues. Comme l’a dit M. Laframboise, il serait peut être souhaitable aussi de convoquer à nouveau les gens qui font du repostage.
Je comprends fort bien ce que vous voulez dire et, encore une fois, j’estime que la question est assez pressante étant donné les mesures adoptées par Postes Canada. Ça, je le comprends bien. C’est pour ça aussi que je ne voudrais pas qu’on tarde trop à l’examiner. Cela dit, je ne pense pas que ce soit le moment.