:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci au comité de me permettre de m’adresser à vous aujourd’hui.
Je m’appelle David Chudnovsky. Je suis député de l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique pour le comté de Vancouver-Kensington, qui est tout simplement le meilleur des 79 comtés de la Colombie-Britannique. J’assume également, au nom de l’opposition officielle, les fonctions de critique du ministre des Transports, et c’est de là que découle mon intérêt pour de cette question.
J’aimerais tout d’abord rappeler qu’en août 2005, comme vous le savez sans doute, un déversement catastrophique s’est produit dans la rivière Cheakamus, près de la ville de Squamish. Ce déversement a entraîné le déraillement d’un train du CN, et je me suis alors beaucoup impliqué dans cette question.
Avant d’aller plus loin, monsieur le président, j’aimerais rendre hommage à votre greffier, Mark D'Amore, qui nous a grandement aidés à nous préparer en vue de cette procédure et qui s'est assuré de la traduction du mémoire, etc. Donc, je tiens à remercier Marc.
Tout d’abord, monsieur le président, je signale le déversement survenu dans le canyon de Cheakamus parce que je veux sensibiliser le comité au fait qu’il ne s’agit pas simplement d’un exercice technique. La population de la Colombie-Britannique a peur, et ce depuis quelques années. Les gens sont nerveux. Les personnes qui habitent dans les corridors ferroviaires du CN ont connu tellement de déraillements qu’elles y pensent en permanence. Vous vous souviendrez — et je suis sûr que vous avez examiné quelque peu cette question — que pendant quelque temps, il semblait que les déraillements étaient quotidiens ou survenaient tous les deux jours.
Je vous réfère à l’annexe 1 de ma présentation. Je ne la parcourrai pas en entier, mais elle offre un aperçu rétrospectif des déraillements survenus jusqu’à maintenant. Elle ne retrace que les incidents des deux ou trois dernières années, survenus uniquement en Colombie-Britannique, et elle comporte néanmoins plusieurs pages.
Je tiens tout d’abord à souligner à quel point les résidents de la Colombie-Britannique prennent cette question au sérieux, sans parler de la crainte et de la nervosité qu’ils éprouvent en ce qui concerne le CN.
J’aimerais également, avant de commencer, souligner que j’ai demandé au ministre des Transports, l’honorable Kevin Falcon, de m’accompagner aujourd’hui, afin de vous communiquer les renseignements qu’il est en mesure de vous fournir avec moi. Il a choisi de ne pas venir, mais je vous incite à communiquer avec l’honorable Kevin Falcon, ministre des Transports de la Colombie-Britannique, qui, notamment, a participé à la négociation de la vente de l’ancien B.C. Rail au CN. J’aimerais, entre autres, demander au ministre — et je lui ai posé la question à maintes reprises — si, à l’époque de la privatisation de B.C. Rail, des discussions ont eu lieu, le cas échéant, avec les responsables du CN au sujet du maintien de la sécurité ou de la protection de l’environnement. Quels engagements ont été pris échéant?
Je tiens à préciser que mon idée est faite — et celle de mes collègues également — en ce qui concerne les facteurs qui ont rendu la situation avec le CN si particulière au cours des dernières années. Pourquoi autant de déraillements, de tragédies et de quasi-tragédies sont-ils survenus en Colombie-Britannique? Je crois, monsieur le président, qu’il existe des explications à ces incidents, et que nous devons les examiner attentivement.
Premièrement, je crois que le CN n’était pas prêt à aborder la topographie, la géographie et l’environnement de la Colombie-Britannique, lors qu’il a repris l’ancienne ligne ferroviaire de B.C. Rail, à l’époque. Les responsables croyaient qu’ils exploitaient simplement une ligne de chemin de fer comme ils le faisaient dans le reste du pays. Toutefois, comme nous le savons, la Colombie-Britannique a des caractéristiques topographiques et géographiques uniques. Les changements d’élévation, les courbes et la diversité de la topographie sont telles qu’elles se distinguent des conditions qui se présentent aux principales sociétés ferroviaires de l’Amérique du Nord. Il s’agit donc du premier facteur qui explique, selon moi, les problèmes que nous avons connus en Colombie-Britannique.
Deuxièmement, nous sommes passés d’une société d’État, une société qui appartenait aux résidents de la Colombie-Britannique et était administrée par ceux-ci, et qui, dans une certaine mesure du moins, était exploitée dans le but de fournir un service et un rendement à la population de la province. Nous sommes passés de ce type d’exploitation à une très grande société internationale dotée d’une stratégie et de principes très différents en ce qui a trait à son fonctionnement. Dès lors, on a donc fait des choix très spécifiques, par exemple, celui de déplacer les locomotives et le matériel roulant du contexte de la Colombie-Britannique au reste du continent. Ce facteur semble avoir contribué à quelques-uns des problèmes auxquels nous faisons face.
J’aimerais dire en passant que j’ai lu la transcription de la présentation que vous avez reçue, la semaine dernière, de M. Gordon Rhodes, avec qui nous avons communiqué au cours des deux ou trois dernières années. Je veux préciser que dans tous les cas — j’ai lu la présentation très attentivement — les situations, les problèmes, la réduction des normes de sécurité qu’il décrivait et qui sont attribués au CN, nous, au bureau de la Colombie-Britannique, en avons aussi entendu parler, de sources autres que M. Rhodes.
J’aimerais signaler que, dans le mémoire — et j’espère que vous aurez l’occasion de le lire — nous avons énuméré, entre autres, bon nombre des situations qui nous ont été décrites par des personnes de la Colombie-Britannique, un certain nombre de changements sur lesquels nous avons concentré notre attention. Nous avons choisi de nous attacher aux modifications et aux pratiques adoptées par le CN, après qu’ils ont repris l’exploitation de B.C. Rail. Quelques-unes ont fait l’objet de nombreuses discussions au cours de vos débats: la longueur des trains, le freinage dynamique et la puissance au centre des trains. Il existe un certain nombre d’autres questions dont vous n’avez guère entendu parler; je vous incite à les examiner. Ces questions se trouvent à la page 4; je n’ai pas le temps de les lire de façon précise.
Le dernier point que j’aimerais souligner — et j’espère qu’il y aura une période de questions et réponses — a trait au fait que la relation entre la société, à titre d’employeur, et les travailleurs, à titre d’employés, fait partie des facteurs qui ont contribué aux problèmes auxquels nous faisons face. L’annexe 2, à la fin de mon mémoire, décrit quelques-uns des problèmes du point de vue des relations avec les employés utilisées par le CN.
Monsieur le président, j’aimerais, en dernier lieu, remercier une autre personne qui m’a aidé dans la rédaction du mémoire, dont, je l’espère, les intervenants pourront prendre connaissance d’une manière approfondie. J’aimerais remercier votre recherchiste — qui, selon la législation de la Colombie-Britannique, peut m’accorder le sixième de son temps — Mme Sarah Goldvine, qui a largement contribué à la préparation de ce document au cours des dernières années.
Je vous remercie de votre patience.
:
Je m’appelle George Kosinski-Ritmeester, puisque j’ai joint le nom de ma femme au mien lorsque nous nous sommes mariés. Le personnel de chemin de fer de l’époque me connaissait sous le nom de George Kosinski.
J’ai travaillé au CN pendant cinq ans, à titre d’aiguilleur, de garde-freins et de conducteur, puis à titre d’ingénieur de locomotive pendant dix ans, jusqu’à ce que je démissionne, en 1989. A l’exception de la voie du CN qui avait appartenu auparavant à B.C. Rail, j’ai conduit des trains dans toutes les sous-divisions à l’ouest de Wainwright (Alberta) jusqu’au Pacifique, sauf la section de Blue River à Boston Bar, en Colombie-Briatnnique. Lorsque j’ai démissionné, en 1989, j’étais déjà alarmé par la réduction importante des effectifs d’entretien des voies qui avaient lieu et par l’élimination du wagon de queue. Je viens de terminer la première ébauche d’une évaluation approfondie du plan d’action de Transports Canada en vue de régler les questions de sécurité du CN, communément appelé le rapport de vérification du CN, que j’appellerai le rapport dans la suite de ma présentation.
J’aimerais utiliser les minutes qui me sont accordées pour mettre en relief quelques-uns des points et des principales omissions qui se trouvent dans ce rapport.
Le rapport de la phase comporte la mention suivante en ce qui concerne la cause du déraillement: « Raison inconnue/Donnée non remplie — facteur contributif pas encore déterminé » et indique que le nombre de déraillements de ce type a triplé de 2000 à 2005, soit une augmentation plus rapide que le nombre total de déraillements. Ce point met en évidence non seulement l’urgence de la nécessité de régler ces facteurs inconnus, mais aussi la nécessité possible d’affecter de nouveaux enquêteurs qui, compte tenu de leur regard neuf sur la question, découvriront peut-être des faits importants omis par leurs prédécesseurs.
Le rapport précise que « En cas de non-respect des prescriptions législatives ou de menaces contre la sécurité, Transports Canada prend immédiatement des mesures coercitives ». Bien que cette affirmation semble offrir certaines mesures de protection externes, elle n’est malheureusement pas formulée d’une manière suffisamment ferme. Il faudrait préciser que Transports Canada prendra des mesures d’application de la loi à l’égard de toute menace pour la sécurité, indépendamment du fait que celle-ci respecte ou non les exigences législatives. Si Transports Canada n’a pas d’autre pouvoir que celui de veiller à la conformité aux exigences législatives, son autorité devrait être accrue, ou le Parlement devrait intervenir immédiatement afin d’appliquer des interdictions au titre de la loi à l’égard de menaces précises touchant la sécurité.
Dans les discussions qui ont eu lieu après le déraillement de 1997, qui a causé la mort de deux ouvriers de la sous-section d’Ashcroft, le vice-président national de Brotherhood of Maintenance of Ways Employees, M. Gary Housch, a déclaré que le CN avait éliminé plus de la moitié de ses effectifs d’entretien au cours de la décennie qui avait précédé l’incident, exprimant clairement sa préoccupation liée au fait que le manque d’effectifs d’inspection des voies avait peut-être contribué à l’incident. Néanmoins, en ce qui a trait aux activités axées sur l’inspection visuelle d’une voie peu avant qu’elle ne soit franchie par un train, au moins aux endroits et dans les conditions qui illustrent un besoin incontournable, le chapitre 3 du rapport de la phase un sur les mesures correctives ne comporte même pas l’ombre de la possibilité d’accroître les effectifs. De fait, pas une seule des neuf initiatives mises en œuvre par le CN et énumérées à la page 29 n’aurait permis de prévenir l’accident, ce qui illustre le risque lié au fait de trop se fier à la technologie et de sous-utiliser les effectifs humains.
Quoi qu’il en soit, il n’est guère utile de recourir davantage à de l’équipement de vérification des voies si, comme on le souligne dans le rapport, le CN n’utilise pas les données découlant de ces essais pour prendre les mesures nécessaires de manière à ce que l’état des voies ne se détériore pas au point que celles-ci ne soient plus conformes aux normes de sécurité avant l’inspection suivante.
Le système de classification des mesures disciplinaires doit être éliminé. Les superviseurs de première ligne qui exercent des pressions sur les employés pour qu’ils adoptent des pratiques non sécuritaires devraient être assujettis à la procédure disciplinaire des enquêtes internes, qui peut mener à l’attribution de points de démérite, dont l’accumulation peut entraîner un renvoi. Lorsqu’il peut être raisonnablement établi qu’un facteur ayant contribué à un accident a trait à une pratique non sécuritaire qui semble ne pas être sanctionnée par les échelons supérieurs de la direction, il ne suffit pas d’infliger une amende à la société, même lorsque cette amende est supérieure au bénéfice net réalisé compte tenu de la pratique non sécuritaire. Les dirigeants de la société doivent également se voir infliger une amende à titre personnel, tout comme les ouvriers le sont lorsqu’ils enfreignent les normes de sécurité ou le règlement de leur propre initiative.
Par exemple, si le récent accident qui a entraîné la mort de l’ingénieur du CP à Trail mettait en cause une locomotive qui n’était pas équipée de freins dynamiques, je jugerais que cet incident est attribuable à de la négligence criminelle de la part de la direction.
La page 19 précise que « La Direction générale de la sécurité ferroviaire de Transports Canada, conjointement avec le Centre de développement des transports du Ministère, procède actuellement à un examen de l'exploitation des trains longs ». Le but consiste à élaborer des paramètres en vue d’une initiative de recherche décrivant les conséquences sur la sécurité et les normes et pratiques exemplaires de l’industrie liées à l’exploitation de trains longs. Compte tenu des nombreux déraillements survenus récemment, il est inadmissible d’attendre les résultats de cet examen. Il est primordial de prendre des mesures immédiates, non seulement afin d’assurer une protection contre des catastrophes naturelles éventuelles, mais également afin de protéger les ouvriers, qui ne devraient pas être obligés de travailler dans des conditions dans lesquelles la mort d’un ou de plusieurs de leurs collègues, ne fût-ce que sporadiquement, semble inévitable.
À titre de mesure provisoire, jusqu’à ce que l’examen soit terminé, une restriction cadre relative à la longueur des trains devrait être imposée. Chaque train exploité dans une subdivision située entre Edson, en Alberta, et la côte ouest devrait être limité à une longueur de 100 wagons et, en ce qui concerne les trains qui transportent des produits chimiques toxiques, à 50 wagons, et à une vitesse de cinq milles à l’heure sous la limite de vitesse. Ces restrictions devraient également s’appliquer dans les régions montagneuses des autres provinces, de même qu’en terrain plat comportant de nombreuses courbes serrées, ainsi que dans les autres lieux où des conditions permanentes ou temporaires révèlent un besoin incontournable.
L’examen permettra peut-être de déterminer qu’il est judicieux de conserver ces restrictions de façon permanente. Transports Canada semble pouvoir appliquer ce type de restrictions; cependant, s’il ne peut les autoriser ou ne veut pas le faire, le Parlement devrait promulguer une loi afin d’imposer ces restrictions. Si le gouvernement fédéral a le pouvoir de forcer les travailleurs du secteur ferroviaire en grève à retourner au travail, il devrait également pouvoir, et devoir, veiller à ce que les collectivités desservies par les trains ne soient pas soumises à des marges de sécurité dangereusement réduites.
Le CN pourrait se plaindre de ce que de telles restrictions augmenteraient les coûts d’exploitation; toutefois, le fait qu’il a versé 46 millions de dollars en salaires, en primes et en stock options à son président-directeur général en 2005 révèle que l’entreprise pourrait facilement absorber une légère augmentation de ses frais d’exploitation.
J’aimerais également aborder la question du repos, qui est absente du rapport. Cependant, des restrictions temporelles m’empêchent d’offrir davantage qu’un bref commentaire.
La structure de rémunération, telle qu’elle était constituée en 1989 et qu’elle est peut être toujours constituée, crée un conflit avec le souhait d’obtenir un repos suffisant. Une étude de 1983 menée par une commission d’étude présidentielle des États-Unis condamnait la structure de rémunération existante. On y tirait la conclusion finale qu’il n’existait aucune raison — logique, juridique, morale ou autre — de perpétuer le système actuel, pour l’enfant pas encore né et pour des motifs qui n’ont pas encore été utilisés. On pourrait donc vérifier si, 24 ans plus tard, ce système est toujours perpétué.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie de m’offrir la possibilité de m’adresser au comité permanent.
Je m’appelle Todd Cotie. Je suis opérateur de machinerie de CN Rail depuis 12 ans. À l’heure actuelle, je suis le coordonnateur de la santé et de la sécurité du local 2004 de USW, où je représente 3 200 travailleurs d’entretien des voies de l’ensemble du Canada. Je parle au nom de ces membres.
Les responsables de United Steelworkers sont très préoccupés par la sécurité des travailleurs que nous représentons, de même que celle de l’ensemble des usagers du système ferroviaire et des collectivités qui sont traversées par les chemins de fer.
Tout d’abord, j’aimerais exposer certaines préoccupations générales liées à ce que nous considérons comme la détérioration de l’engagement à l’égard de la sécurité au CN, où le bénéfice net relègue la sécurité au bas de la liste de priorités. Cette situation est inacceptable.
Ensuite, j’aimerais suggérer au comité permanent des mesures concrètes qu’il pourrait prendre et qui permettraient d’améliorer immédiatement la sécurité ferroviaire. Il s’agit de dispositions législatives axées sur l’imposition de restrictions de vitesse aux trains lorsque des travailleurs d’entretien des voies se trouvent à proximité.
Voici nos préoccupations générales:
Premièrement, les accidents et les déraillements sont en hausse. Comme le comité permanent en a été avisé, 2005 a été une année particulièrement désastreuse, compte tenu de l’augmentation du nombre de déraillements et des conséquences catastrophiques sur l’environnement de quelques-uns des incidents les plus médiatisés. Ces incidents graves ont fait pencher la balance du point de vue de la sensibilisation du public, et ont incité la population à exercer des pressions croissantes sur les sociétés, notamment le CN, et sur les organismes gouvernementaux, dont le Comité permanent, pour qu’ils prennent des mesures afin de rétablir la sécurité ferroviaire au Canada.
Deuxièmement, l’approche non interventionniste du gouvernement ne fonctionne pas. Transports Canada ne peut s’attendre à ce que le CN s’autoréglemente. Le CN est une société, et doit ainsi rendre des comptes à ses actionnaires. Il est clair que le résultat net constitue, aujourd’hui plus que jamais, constitue l’objectif principal du CN. Le revenu net de 2006 s’est élevé à tout juste un peu plus de deux milliards de dollars. Le CN réduit ses effectifs et accroît le ratio entre les dividendes et accroît le rendement par action. Les dividendes des actionnaires ont augmenté de 30 p. 100 l’an dernier. Le CN ne ménage aucun effort pour impressionner les investisseurs.
Comme George l’a souligné, le patron du CN, M. Hunter Harrison, s’est accordé 7,3 millions de dollars en salaire et en primes en 2006; cependant, son revenu réel découle du fait qu’il est aussi un investisseur de l’entreprise. En 2005, l’année au cours de laquelle le CN a connu des déraillements tellement dramatiques, Hunter Harrison a exercé ses options sur actions et a ainsi porté son salaire réel à 46,6 millions de dollars en 2005 seulement. Il a un intérêt personnel profond à l’égard du prix de l’action du CN. Nous croyons que des pressions d’entreprise éloignent le CN du principe fondé sur la primauté de la sécurité. Transports Canada doit jouer un rôle actif et responsable pour veiller à ce que la sécurité passe avant tout.
Troisièmement, les accidents ne surviennent pas sans raison. Notre syndicat l’affirme, mais le CN l’affirme également. La différence entre nos deux organismes a trait à la manière dont nous abordons la prévention des accidents.
Les représentants du CN vous diront que la grande majorité des accidents découlent du comportement humain. Cela semble être leur formule à l’heure actuelle. Autrement dit, ils croient que les accidents sont imputables à de mauvais travailleurs. C’est faux. Si c’était vrai, le CN pourrait exercer une discipline de manière à assurer la sécurité. Nous croyons plutôt que l’on prévient les accidents en réglant la culture globale en matière de sécurité. Le problème, en ce qui concerne le CN, a trait au fait que la culture de l’entreprise accorde davantage d’importance à la productivité qu’à la sécurité. Ce point de vue est confirmé par la récente vérification de la sécurité de Transports Canada, au sujet de laquelle le Comité a déjà entendu des témoignages. Nous vous incitons à prendre cette vérification très au sérieux.
Cette vérification a révélé que la plupart des employés du CN déclaraient que l’on accordait plus d’importance à la productivité qu’à la sécurité. La vérification de la sécurité a également confirmé ce que l’expérience nous a appris, c’est-à-dire que les superviseurs de première ligne subissent des pressions énormes pour réaliser le résultat net prévu. Les pressions axées sur la réalisation des objectifs comportent la mesure de la productivité, la charge de travail et la crainte de représailles. Toutes ces pressions orientent les activités quotidiennes des superviseurs de première ligne vers une direction différente de la position officielle de la haute direction, selon laquelle le CN accorde la priorité à la sécurité.
Nos équipes de travail subissent des pressions qui les incitent à travailler plus rapidement et plus longtemps, en réduisant les pauses et les congés entre les quarts de travail. La fatigue, le stress et les pressions axées sur l’accélération, et non pas sur l’amélioration du travail, sapent la sécurité ferroviaire.
Tous ces facteurs visent à illustrer la culture du CN, une culture qui contraint les travailleurs et les superviseurs de première ligne à sacrifier la sécurité au profit de l’amélioration de la productivité. C’est négligent. L’entreprise joue à la roulette russe avec les travailleurs, et sans avoir la courtoisie de laisser ces derniers tirer eux-mêmes. Nous demandons au gouvernement de retirer le pistolet.
Quatrièmement, la sous-traitance réduit les normes de sécurité. Le CN fait souvent appel à des entrepreneurs plutôt qu’aux équipes chevronnées de l’entreprises, et ce, pour un certain nombre de raisons, dont aucune n’accroît la sécurité. Les entrepreneurs peuvent sembler coûter moins cher aux yeux du CN et peuvent réduire la responsabilité de l’entreprise en cas d’accident; toutefois, ils manquent souvent d’expérience comparativement aux effectifs du CN. Ils ont une connaissance moins approfondie des règlements, des directives et des consignes de sécurité. Leur équipement et leurs outils ne sont pas conformes à la norme. De plus, selon notre expérience, compte tenu de leurs conditions d’emploi plus précaires, les entrepreneurs sont plus susceptibles d’utiliser des raccourcis afin d’accomplir le travail plus rapidement et demeurer plus concurrentiels par rapport aux autres entrepreneurs qui convoitent les mêmes contrats.
Les accidents qui mettent en cause des entrepreneurs sont déclarés séparément et sont camouflés plus facilement. Cependant, nous ne pouvons pas « camoufler » le fait que le 11 novembre 2006, un entrepreneur de 19 ans qui travaillait dans la subdivision de Kingston a perdu la vie lorsqu’il a été écrasé sous une plaque tournante d’une machine qui n’était pas convenablement verrouillée. Il n’avait pas reçu de formation appropriée relativement à la procédure de verrouillage utilisée par les employés du CN.
Transports Canada doit jouer un rôle beaucoup plus actif sur les plans de la surveillance et de l’application de la formation appropriée, des procédures de sécurité et de la délivrance de brevets et certificats, et veiller à ce que tous les travailleurs, y compris les entrepreneurs, utilisent de l’équipement et des outils qui fonctionnent convenablement.
Cinquièmement, nous sommes préoccupés par l’absence de responsabilisation interne du CN auprès des comités de la santé et de la sécurité. Les structures internes du CN relatives aux réunions conjointes de la direction et des syndicats en matière de santé et de sécurité se situent quelque part entre l’état non fonctionnel et l’inexistence. Si la sécurité constituait de fait la priorité absolue du CN, l’entreprise utiliserait ces comités d’une manière beaucoup plus efficace. L’entreprise peut tenir les discours appropriés au sujet de la sécurité, mais il reste à savoir si elle peut mettre ses paroles en pratique. Notre expérience révèle qu’elle doit y être contrainte.
En dernier lieu, j’aimerais offrir une suggestion précise: ralentissez les trains lorsque ceux-ci roulent à proximité d’équipes de travail qui travaillent sur des voies adjacentes, afin de réduire les risques et la possibilité d’un déraillement près de ces travailleurs.
Nous espérons que votre organisme jugera qu’il vaut la peine d’exercer des pressions pour que cette mesure soit adoptée. Cette mesure ne coûterait rien au gouvernement ou à Transports Canada, et elle n’entraînerait pas de problèmes déraisonnables pour le CN. Elle accroîtrait considérablement la sécurité. À titre de simple analogie, lorsque des équipes travaillent sur les routes, les limites de vitesse imposées aux automobilistes sont réduites, et les amendes en cas de dépassement des limites augmentent. Les gouvernements provinciaux appliquent activement un accroissement approprié des mesures de sécurité lorsque des équipes de travailleurs sont présentes sur les routes. Le fondement de ces mesures devrait s’appliquer au transport ferroviaire, mais il n’en est pas ainsi.
Il ne s’agit pas d’une question hypothétique. Les trains qui circulent entraînent la mort de travailleurs. Il n’y a même pas deux semaines, le jeudi 19 avril, un employé du CN, qui n’était pas membre de notre syndicat, a été happé mortellement, près de Cornwall, par un train qui circulait à toute vitesse sur une ligne principale double. Lorsque des travailleurs, qu’ils soient ou non membres de notre syndicat, travaillent sur une ligne principale, sur une voie d’évitement ou sur une voie à contresens située à proximité d’une autre ligne active, les trains devraient, tout du moins, réduire leur vitesse à 30 milles à l’heure lorsqu’ils croisent les équipes de travailleurs. Cette mesure permettrait d’accroître considérablement la sécurité sans imposer de fardeau déraisonnable sur le plan de la productivité du CN. Nous croyons qu’il s’agit d’une demande raisonnable, compte tenu du fait que le moyen le plus sûr d’effectuer des travaux sur les voies serait de veiller à ce qu’aucun train ne croise les travailleurs.
À l’heure actuelle, lorsque les trains croisent une équipe, la présence de cette dernière n’a aucune incidence sur la limite de vitesse. Indépendamment de la présence ou de l’absence d’une équipe, seul l’état de la voie limite les mouvements. Les trains de marchandises peuvent maintenir leur vitesse à 65 milles à l’heure, et les trains de voyageurs, à 100 milles à l’heure, lorsqu’ils croisent une équipe. On ignore la présence des équipes de travail. Il en doit pas en être ainsi. Une distance de huit pieds seulement sépare les voies, de rail à rail; les équipes de travail se trouvent d’un côté, les trains, de l’autre. La puissance d’un train qui circule à 100 milles à l’heure peut arracher le casque de la tête d’un travailleur. Si les trains réduisaient leur vitesse, les ingénieurs et les équipes de travailleurs auraient plus de temps pour prendre conscience de la situation et y réagir. Les restrictions de vitesse sont plus sûres.
Les sociétés ferroviaires sont tenues de réduire la vitesse des trains lorsque des marchandises dangereuses sont transportées dans des zones peuplées. Je crois que des dispositions à cet égard ont été promulguées dans la Loi sur la sécurité ferroviaire. Toutefois, des dispositions ne s’appliquent pas lorsque des marchandises dangereuses traversent des chantiers de travaux dans des zones non habitées. Les équipes de travail devraient bénéficier des mêmes égards et être avisées lorsque des marchandises dangereuses sont transportées dans les wagons qui croisent leurs chantiers. Ce type de mesures est logique du point de vue du droit de savoir des travailleurs et du point de vue d’une approche préventive conjointe de la direction et du syndicat à l’égard de la santé et de la sécurité.
Les travailleurs ont souvent de la difficulté à dégager leur chantier au passage de trains, compte tenu des obstacles sur lesquels ils peuvent trébucher, des attaches, des rails, d’un cailloutage inégal, etc. En outre, les remblais élevés, les épaulements étroits, la neige profonde, les ponts, les débris soufflés par les trains et l’équipement tiré par ceux-ci accroissent les risques pour les travailleurs. Il ne faudrait surtout pas qu’un train déraille à côté d’une équipe de travail. Trois déraillements sont survenus dans la subdivision de Kingston au cours des six dernières semaines.
Nous revendiquons des choses qui relèvent du simple bon sens. Toutes les personnes à qui j’ai expliqué ce point comprennent les raisons qui justifient la restriction de la vitesse. Seuls les représentants du CN ne les comprennent pas.
Le 28 avril, j’ai assisté à la cérémonie annuelle de deuil, tenue à Sudbury, en Ontario, en mémoire des travailleurs tués dans l’exercice de leurs fonctions. J’ai mentionné la tragédie récente survenue à Cornwall, dans laquelle un travailleur du CN a perdu la vie. On m’a suggéré d’écrire aux responsables du CN pour leur demander que les drapeaux soient mis en berne lorsqu’un employé décède. J’ai répondu que j’avais écrit des dizaines de fois au CN pour demander que les trains ralentissent à proximité de travailleurs, afin que nous n’ayons plus à mettre les drapeaux en berne.
Je vous remercie.
Messieurs, je vous remercie de votre participation et de vos commentaires.
Monsieur Chudnovsky, j’ai deux ou trois questions au sujet de votre exposé. Vous avez abordé un point qui me préoccupe. J’ai soulevé ce point auprès des responsables du CN, mais nous n’avons pas encore pu obtenir de réponse. Il s’agit de la question des freins dynamiques. Les locomotives de B.C. Rail étaient dotées de ce type de freins, mais j’ignore où sont passées ces locomotives. Je crois comprendre qu’elles ont été cédées ou déplacées. Les quelques locomotives qui étaient munies de freins dynamiques ont été désactivées ou, pour une raison quelconque, ont été retirées du service. On croit — du moins, M. Rhodes croit sûrement — que si la locomotive avait été équipée de freins dynamiques, ses deux collègues seraient sans doute toujours en vie.
Il s’agit de la différence, à laquelle vous faisiez référence dans votre exposé, entre une voie ferrée à pentes douces naturelles et les voies ferrées de la Colombie-Britannique, compte tenu des rayons et des inclinaisons que nous avons. Je crois que le dernier accident mettait en cause une distance de 13 milles, et une pente de 2,5 p. 100, ce qui est considérable.
La question qui me préoccupe a trait à certaines des autres pratiques mentionnées dans le rapport. Ces pratiques ne sont pas exclusives à la Colombie-Britannique; cependant, elles sont amplifiées dans cette province. Par exemple, les tournées de surveillance avaient été réduites. On nous a cité une situation dans laquelle une voie avait été atteinte par une pierre et désalignée. L’ingénieur, grâce à d’habiles manœuvres, a été en mesure de faire en sorte que 27 wagons franchissent la jonction avant qu’un léger déraillement ne survienne, et qu’il soit ainsi contraint de réduire la vitesse. Je suis donc préoccupé par les tournées de surveillance.
Les avis et les ordres me préoccupent également. À l’époque de la rédaction du rapport, en novembre 2005, 99 ordres restaient à régler, dont 24 — je crois — dataient de 2000 ou d’avant. Je juge inconvenant que ces ordres n’aient pas été réglés, lorsqu’il s’agit de ce genre de question.
Le mauvais ordre de fonctionnement constitue un autre problème. Je crois que 75 p. 100 des inspecteurs ont affirmé qu’il n’était pas rare que l’étiquette soit retirée et que les wagons soient remis en service.
L’autre problème a trait à l’utilisation des normes des États-Unis à l’égard des locomotives et des wagons. Il semble que l’on ait privilégié la norme la plus pratique, en grande partie. Je comprends que dans le cas d’une opération entre les États-Unis et le Canada, il est parfois difficile de faire ce type de distinctions; cependant, les témoins — même les vice-présidents du CN qui ont témoigné — ont reconnu que les règlements de Transports Canada étaient, pour une bonne part, plus stricts. Ils ont affirmé que les règlements de certains États sont plus sévères, mais que les règlements de Transports Canada sont essentiellement plus stricts.
En ce qui concerne les deux questions désignées comme étant les causes principales des accidents dans les rapports, l’une a trait à l’équipement et au matériel roulant et l’autre à l’état et à l’entretien des voies. J’ai entendu quelques suggestions à ce sujet.
Évidemment, ma préoccupation a trait à la sécurité des travailleurs et à celle du public dans les zones touchées, en cas de déraillement ferroviaire. Il existe des exemples, aux États-Unis et en particulier ici, de déraillements mettant en cause des produits chimiques dangereux qui ont entraîné un risque pour le public. Un incident est survenu à Mississauga il y a des années, et d’autres se sont produits depuis, notamment à Hinton.
L’autre question a trait à l’environnement, notamment le cas de la rivière Cheakamus, où les stocks de poissons pourraient être endommagés pendant 20 à 30 ans.
Il y a ensuite le transport de marchandises et les services — les importations et les exportations dont notre pays dépend. Compte tenu de la porte d’entrée du Pacifique et de la croissance du marché de l’Asie et du Pacifique — la Chine et l’Inde en particulier— il importe que nous soyons en mesure de maintenir ces trains en circulation pour pouvoir desservir les ports, de même que l’industrie du transport routier afin d’assurer le rendement du système économique.
Toute la question de la sécurité est donc extrêmement importante, ce qui explique que le comité ait entrepris cette enquête. Nous sommes intéressés par la sécurité du transport aérien, maritime et ferroviaire. Le transport ferroviaire constituait l’un des enjeux, compte tenu du nombre élevé d’incidents survenus en 2005, et, notamment, des incidents très médiatisés.
Vous avez entendu quelques-uns des témoignages, et vous avez eu la possibilité d’examiner le témoignage des autres intervenants. Monsieur Cotie, vous avez formulé une suggestion au sujet de restrictions de vitesse obligatoires. Nous ne semblons pas avoir accès aux dossiers qui traitent des cas dans lesquels celles-ci étaient en cause. Vous avez entendu les autres.
Monsieur Cotie, est-il possible, pour les travailleurs, de s’éloigner de la voie lorsqu’ils voient qu’un train s’approche, de manière à ce que celui-ci ne doive pas réduire autant sa vitesse?
Monsieur Kosinski, ou monsieur Chudnovsky, avez-vous des recommandations que le comité pourrait faire sur la manière de traiter les questions en termes de règlements et de lois? Je sais que l’une des suggestions suppose que nous renforcions la Loi sur la sécurité ferroviaire, en grande partie comme la Loi sur l’aéronautique, des points de vue de l’imputabilité et de la responsabilité.
M. Cotie pourrait répondre, et nous reviendrons ensuite à M. Chudnovsky.
:
La limite de 30 milles à l’heure découle de divers règlements. J’ai fait référence au transport de marchandises dangereuses dans les zones peuplées. Je crois que la limite est établie à 35 milles à l’heure. Un train qui nous croise ne doit pas nécessairement réduire sa vitesse à 35 milles, car ce pourrait être à l’extérieur des zones peuplées.
Nous avons des voitures-logement, des logements mobiles, dans lesquels nous dormons — des voitures-couchettes — qui se trouvent à côté de la voie, à une distance de huit pieds, une distance équivalente à celle où se trouverait une équipe de travail; les instructions générales d’exploitation du CP comportent des règlements — vous les connaissez peut-être; ces instructions régissent l’exploitation de l’entreprise — qui stipulent que les trains doivent réduire leur vitesse à 30 milles à l’heure lorsqu’ils croisent un logement mobile — qui se trouve à l’intérieur de 30 pieds du centre de la voie, ce qui englobe la voie d’évitement et la voie à contresens. Nous luttons depuis les deux dernières années pour que le CN adopte des règlements semblables. Ils ont finalement imposé une restriction de la vitesse à 30 milles à l’heure lorsque les trains croisent ce type de logements mobiles. La limite de 30 milles à l’heure découle de cette ordonnance.
Par équipes de travail, j’entends généralement les grandes équipes de pose de rails, les équipes de pose qui travaillent dans la subdivision de Kingston, qui est une voie principale double. La protection est assurée par le biais d’un système de signaleurs. On utilise deux signaleurs rouges. Les trains reçoivent l’ordre de communiquer avec une personne responsable de la zone, par le biais des signaleurs. Les employés sont avisés qu’un train s’approche, mais celui-ci ne réduit pas sa vitesse compte tenu de la présence d’un signaleur rouge. Les travailleurs sont donc avisés. À de nombreux endroits, ils ne peuvent pas dégager la voie, en raison de l’accotement — ou du moins dégager la voie d’une manière raisonnable. Je crois que la distance minimale est de 16 pieds de la voie la plus proche jusqu’à, peut-être, l’accotement. La distance est réduite lorsque la voie comporte des courbes et, la nuit, compte tenu de la visibilité réduite. Ils peuvent trébucher sur des obstacles, parce qu’ils remplacent des traverses, etc.
Un employé syndiqué assure la protection en ce qui concerne les signaleurs rouges. Des suggestions en matière de sécurité ont été formulées, par le biais de séances d’information sur les emplois, afin que la vitesse soit réduite à 30 milles à l’heure. Ils ont pris des dispositions en ce sens. Les travailleurs, et d’autres représentants de la sécurité m’ont affirmé qu’ils étaient à l’aise avec la limite de 30 milles à l’heure, contrairement à la vitesse normale de 65 milles à l’heure, en ce qui concerne les trains de marchandises, ou de 100 milles à l’heure en ce qui concerne VIA.
Les responsables de l’entreprise ont appris que l’on réduisait la vitesse dans les zones indiquées par des signaleurs rouges. Ils sont revenus et ont augmenté de nouveau la vitesse, affirmant que cela n’était pas nécessaire.
:
J’aimerais souligner plusieurs points. Je serai le plus bref possible. Un des points a trait à cette question.
Premièrement, en ce qui concerne les problèmes qui ont été définis, je tiens à préciser que dès que le déraillement de Cheakamus est survenu, et les autres incidents par la suite, j’ai reçu des dizaines d’appels de personnes qui travaillaient à bord des trains, et toutes ces personnes tenaient les mêmes propos. Elles mentionnaient sans cesse la longueur des trains, les freins dynamiques, la puissance distribuée, etc.
Je crois que nous devons tirer des enseignements de ces personnes. Nous devons apprendre des personnes qui font le travail, et les prendre au sérieux. J’ai appris davantage au sujet de la rationalisation en deux semaines que je n’aurais jamais cru en apprendre. Tout le monde savait et comprenait… Je ne devrais pas dire « savait ». Les opinions des personnes qui exécutent les tâches ont été formulées à titre anonyme. Ces personnes ont décrit les raisons de cette « flambée » de déraillements. Elles ont toutes utilisé des descriptions semblables et décrit les mêmes raisons. Je crois que nous avons tous une leçon à tirer de ces personnes.
Le deuxième point a trait aux normes. Vous avez formulé — à juste titre un commentaire selon lequel les normes en matière de rapports, d’entretien et de sécurité sont moins strictes aux États-Unis que celles de Transports Canada; cependant, les normes de la Colombie-Britannique étaient encore plus rigoureuses. Il me semble, de toute évidence, que nous devons examiner la situation et les caractéristiques particulière de la Colombie-Britannique. Il vous incombe à vous, de même qu’au Parlement fédéral, de déterminer quelle devrait être la norme nationale; assurément, quelqu’un doit prendre en compte le caractère unique de la situation de la Colombie-Britannique.
En troisième lieu, j’aimerais aborder très rapidement la question de la transparence. Il est inconcevable que nous devions passer par les dispositions d’accès à l’information pour obtenir ces renseignements. C’est notre bureau qui, il y a de nombreux mois, a présenté la demande d’accès à l’information qui a permis de rendre publics les résultats de la vérification. Comme je l’affirme à la page 2 de mon mémoire, trois autres points de la demande d’accès à l’information n’ont pas encore été réglés, et ces trois points déboucheraient sur des renseignements qui seraient utiles à tous les intervenants dans cette question.
Enfin, le quatrième point que j’aimerais signaler, monsieur le président — je vous remercie de votre patience — concerne la question de l’autoréglementation. Si vous me demandez une recommandation, je crois que la question de l’autoréglementation est ridicule. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les entreprises, dont la responsabilité est axée sur leurs actionnaires et sur le bénéfice net, s’autoréglementent lorsqu’il s’agit d’une question aussi importante que la sécurité ferroviaire.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Chudnovsky, je vais poursuivre avec ce que vous disiez sur les systèmes de gestion de la sécurité.
Le comité se penche sur cette question et fait face à Transports Canada, qui essaie de nous vanter les mérites du Système de gestion de la sécurité. Il essaie de nous faire comprendre que ce système force les entreprises à ajouter un degré supplémentaire de sécurité. Or, on constate qu'il y a moins d'inspecteurs à Transports Canada pour faire les inspections visuelles qu'on faisait auparavant. C'est la situation à laquelle nous faisons face.
On veut implanter les systèmes de gestion de la sécurité dans le transport aérien, et nous sommes en pleine discussion à ce sujet. Vous avez dit que le fait de confier la gestion de la sécurité à l'entreprise privée sans exercer de surveillance posait un problème, et je le comprends bien.
Par contre, j'ai un peu de difficulté par rapport à la position du gouvernement de la Colombie-Britannique. Vous avez dit que le milieu pouvait intervenir. La semaine dernière, le maire de Montmagny est venu nous dire qu'il s'était produit plusieurs accidents répétitifs sur un certain tronçon de la voie dans sa municipalité. Il voulait une réduction de la vitesse. Le comité a décidé à l'unanimité de se pencher sur la question et de recommander à Transports Canada de réduire la vitesse dans un certain secteur.
Cependant, le territoire de la Colombie-Britannique est vaste. Il faudrait que l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique nous confie un mandat. Si le gouvernement de la Colombie-Britannique se sent actuellement à l'aise face à la vitesse, on aura beaucoup de difficulté à légiférer dans cette juridiction. La modification de la vitesse peut avoir un impact économique sur le transport de marchandises, de passagers ou de quoi que ce soit d'autre. Comme il s'agit d'un vaste territoire, je serais d'accord pour vous appuyer, en autant que l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique demande une réglementation particulière.
Pourquoi ne le fait-elle pas? Sinon, essayez de me convaincre de passer par-dessus le gouvernement de la Colombie-Britannique, qui a justement des normes plus sévères. Jusqu'à maintenant et d'après ce que vous avez dit et ce que j'ai lu, le gouvernement de la Colombie-Britannique n'a jamais demandé au gouvernement fédéral de modifier la réglementation de cette province.
:
Tout d’abord, je vous remercie de votre question. Je ne peux qu’appuyer votre sentiment de frustration à l’égard du gouvernement de la Colombie-Britannique. C’est un sentiment que j’éprouve en permanence.
Permettez-moi d’expliquer ma perception de la position du gouvernement de la Colombie-Britannique — je ne la partage pas — et ensuite ma position personnelle à l’égard des propos de ses représentants.
L’ancienne société B.C. Rail, qui était une société d’État de la Colombie-Britannique, a été vendue au CN. La transaction a été conclue en 2004. La position du ministre provincial des Transports, et donc du gouvernement de la Colombie-Britannique, est axée sur le fait que comme la société ferroviaire a été vendue au CN, une compagnie ferroviaire interprovinciale nationale, il s’agit désormais d’une entité sous réglementation fédérale.
Lorsque j’ai questionné le ministre, à maintes reprises et de façon affirmative, en public et au sein de l’Assemblée législative, il m’a répondu: « Cette question relève du fédéral. Allez voir les responsables d’Ottawa ». Alors me voici.
En ce qui concerne sa position, je crois que, d’une certaine manière, il ait officiellement raison, il incombe néanmoins au gouvernement de la Colombie-Britannique de défendre les intérêts de la population de la province. Lorsque les résidents de la Colombie-Britannique, ainsi que l’environnement sont exposés à un risque — comme nous croyons qu’ils le sont depuis plusieurs années — la responsabilité relève du ministre provincial. Même si ce dernier croit qu’il s’agit d’une entité sous réglementation fédérale et qu’il ne dispose d’aucune autorité officielle, il lui incombe de venir témoigner devant vous, de communiquer avec son homologue fédéral et de défendre publiquement la sécurité et la sûreté de la population et de l’environnement de la Colombie-Britannique.
Personnellement, je n’accepte pas la position du gouvernement de la Colombie-Britannique. Je sais que nous toucherons peut-être une question d’ordre constitutionnel sur ce point, et je ne suis pas sûr de vouloir toucher cette question; cependant, je n’accepte pas leur position. Je crois qu’ils devraient avoir une attitude beaucoup plus ferme et énergique. Leur excuse pour ne pas adopter ce type d’attitude — et je crois qu’il s’agit simplement d’une excuse, cela n’est pas justifié — a trait au fait que le CN est un organisme sous réglementation fédérale.
Monsieur le président, je m’efforcerai d’être concis. J’essaie d’être constructif. J’ai l’impression que certains, autour de cette table, cherchent à défendre des intérêts politiques et que cela ne contribue pas vraiment à la cause de la sécurité. Nous essayons tous de travailler ensemble pour améliorer la sécurité de nos transports ferroviaires. Tous les députés présents, je crois, ont exprimé de sérieuses réserves au sujet de la situation actuelle de la sécurité ferroviaire au Canada.
Je vous remercie encore une fois, monsieur Cotie, d’être venu au comité. Vous avez dit dans votre exposé préliminaire et vous venez de répéter, une fois de plus, que la culture du CN tend à faire passer la productivité avant la sécurité. J’aimerais vous lire un extrait de ce que le CN lui-même dit à ce sujet. J’ai ici des citations tirées du mémoire que le CN a présenté au Comité d’examen de la Loi sur la sécurité ferroviaire.
Le CN affirme donc: « ... nous considérons que la sécurité est la responsabilité de chaque membre du personnel et nous nous efforçons avec diligence d’instaurer et de promouvoir une culture axée sur la sensibilisation à la sécurité et les pratiques sécuritaires. » Un peu plus loin, on trouve ceci: « ... le CN a toujours accordé la plus grande priorité à la sécurité. La sécurité est l’une des cinq valeurs fondamentales de la Compagnie ».
C’est à peu près le contraire de ce que vous avez dit. En toute franchise, je n’ai pas été très satisfait de la réponse que nous avons obtenue du CN. Permettez-moi d’ailleurs de citer un passage de ce que nous a dit le représentant de la compagnie, M. Creel. Ce texte est tiré de la transcription de notre dernière séance. M. Creel a affirmé, et je cite: « Au CN nous appliquons la norme plus exigeante. Étant donné que certains de nos trains franchissent la frontière, sur bien des points ce n’est pas la norme la plus souple que nous appliquons mais bien la plus exigeante. »
C’était la réponse à une question que je lui ai posée. Je lui avais demandé si les normes applicables étaient différentes aux États-Unis et au Canada, et peut-être même en Colombie-Britannique. J’ai cru comprendre, d’après sa réponse, que le CN applique la norme la plus stricte, quelle qu’elle soit.
Je lui ai posé des questions précises sur toute la question des wagons avariés sur lesquels on affiche un avis que les superviseurs arrachent par la suite, de sorte que les wagons sont réparés en fonction de la norme la moins stricte. Je ne pense pas qu’il ait donné une réponse satisfaisante à cette question. Il a simplement soutenu que le CN applique les normes de sécurité les plus élevées.
Je voudrais vous demander de nous parler de toute cette affaire. Avez-vous connaissance de wagons avariés sur lesquels on a arraché l’avis exigeant des réparations selon la norme la plus stricte? Avez-vous quelque chose à nous dire à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d’être venus au comité.
Où commencer? Bien sûr, nous avons eu des représentants du CN au comité la semaine dernière. Je n’ai pas trouvé leur témoignage particulièrement utile.
Monsieur Cotie, vous avez dit que, pour le CN, les accidents sont attribuables à des erreurs individuelles. De son côté, le syndicat estime que des changements doivent se produire au sommet en matière de culture de sécurité. Personnellement, je suis enclin à vous croire après avoir entendu le témoignage du CN, la semaine dernière.
La compagnie a procédé à ce qu’elle a appelé une vérification de l’efficacité. Le fait qu’on ait évité de parler plutôt de vérification de sécurité m’a mis la puce à l’oreille. À mon avis, cela donne une idée du genre de culture qu’il y a au CN. J’espère que nous sommes tous alarmés que la compagnie parle d’une vérification de l’efficacité plutôt que d’une vérification de la sécurité.
Il semble que le degré de non-conformité parmi les travailleurs soit extrêmement élevé. Les représentants du CN en étaient eux-mêmes inquiets. Je leur ai dit qu’en présence d’un tel constat d’échec, il faut soupçonner un problème systémique, qui se situe plutôt dans la hiérarchie, parmi ceux qui supervisent le travail des employés.
Je ne sais pas si l’un d’entre vous peut nous éclairer à ce sujet. Le syndicat connaît peut-être bien le domaine. Si vous ne représentez pas le bon syndicat, il y aurait peut-être lieu de s’adresser à un syndicat de l’Ouest.
J’ai demandé combien de travailleurs ont fait l’objet de mesures disciplinaires pour des questions de sécurité. J’ai aussi demandé combien de cadres intermédiaires et supérieurs ont fait l’objet de mesures disciplinaires pour les mêmes raisons. Le CN n’a pas fourni des renseignements de ce genre au comité. Pouvez-vous le faire? J’aimerais savoir qui paie les pots cassés à cause de la culture de sécurité qui règne au CN.
Nous avons un rapport venant d’un travailleur des chemins de fer. Il s’agit d’un chef de train de Vancouver-Nord qui nous a fourni quelques renseignements. Certaines des questions dont il parle ont trait à BC Rail. Vous les mentionnez vous-même dans l’un de vos rapports, monsieur Chudnovsky. Il dit que BC Rail avait un groupe de travail conjoint pour la prévention des déraillements, dont faisaient partie des membres de la haute direction, des représentants syndicaux et des représentants des organismes de réglementation gouvernementaux. Le groupe se réunissait tous les trimestres pour discuter des stratégies de prévention des déraillements et examiner les rapports d’incidents. Il dit que le CN a dissous ce groupe de travail.
Cela m’a inquiété à cause des différences de topographie et de l’application d’instructions générales d’exploitation conçues essentiellement pour des voies ferrées à faible pente ou en terrain plus ou moins plat, suivant le cours des rivières de la Colombie-Britannique.
Ce qui m’a inquiété encore plus, c’est qu’après l'augmentation du nombre d’accidents, surtout dans l’Ouest, le CN n’a pas semblé réagir assez rapidement. Il a réagi, mais, à mon avis, il ne l’a pas fait à temps, et les mesures prises n’étaient pas ciblées.
Le rapport de la seconde vérification établit que des systèmes adéquats étaient en place... Je ne sais pas si le mot « adéquats » a été utilisé, mais le rapport laissait entendre qu’il y avait un bon système pour signaler les problèmes. C’est cependant la suite donnée aux problèmes signalés qui importe.
Je ne sais pas si M. Kosinski ou M. Cotie savent quelque chose ou ont des observations à formuler. Je suppose que vous ne pouvez pas parler de la Colombie-Britannique, mais lorsqu’on entend parler des autres déraillements, comme celui d’hier en Ontario et d’autres, on peut croire que le CN n’est pas le seul en cause. Bien sûr, nous avons beaucoup entendu parler du CN. De plus, il y a le rapport de vérification.
La dernière question, monsieur Chudnovsky, est la suivante. Vous avez mentionné que vous avez demandé quatre ensembles de documents et que vous en avez obtenu un. Nous avons trouvé cela frustrant parce que ces vérifications avaient été commandées du temps où M. Lapierre était ministre fédéral des Transports et qu’il était prévu de rendre les rapports publics. Les rapports n’ont pas été publiés, pour différentes raisons, je suppose. Peut-être est-ce à cause de la Loi sur la sécurité ferroviaire, en vertu de laquelle il semble que la compagnie doit consentir à la publication. C’est vraiment frustrant. Je ne sais pas si vous avez des commentaires à ce sujet.
:
Je ne crois pas que le poids des wagons constitue un facteur important pourvu que la voie soit en bon état. Bien sûr, si un rail a un défaut, il est plus susceptible de causer un accident si les wagons sont très lourds.
À part cette considération, je dirais que la longueur du train est de loin le problème le plus sérieux et ce, pour deux raisons précises. Il y a d’abord le problème du profilage, qui est apparemment mentionné dans votre rapport: dans un virage, le train exerce des pressions qui tendent à redresser les rails. Et plus le train est long, plus cet effet est accentué et plus un déraillement a des chances de se produire.
La longueur des trains est à l’origine d’un autre problème lié dans une certaine mesure au freinage dynamique. C’est un fait que de nombreux trains sont mal ordonnancés. Strictement pour des raisons de sécurité, l’idéal, pour un train mixte, est de placer les wagons chargés à l’avant et les vides à l’arrière. C’est la meilleure façon de minimiser le mouvement d’accordéon. Il faut noter qu’un mouvement excessif d’accordéon constitue en soi un danger. Dans le cas d’un train mixte, plus le convoi est long, plus il est difficile de contrôler les réactions dans les attelages. Bien sûr, la solution la plus simple est d’insister pour qu’à la sortie d’une grande gare, tous les trains aient les wagons chargés à l’avant et les vides, à l’arrière.
Pour ce qui est du mouvement excessif d’accordéon dans les attelages, le freinage dynamique est un moyen extrêmement précieux de contrôler la vitesse du train, mais il a aussi l’avantage supplémentaire de réduire le mouvement d’accordéon. En effet, en descendant une pente, si on peut contrôler la vitesse du train au moyen du freinage dynamique, en réduisant au minimum l’utilisation des frais ordinaires, le convoi restera groupé et il n’y aura presque pas de mouvements d’accordéon. Toutefois, en l’absence de freinage dynamique, il faut s’efforcer, avant d’appliquer les freins, de tendre au maximum les attelages. Ainsi, lors de l’application des freins, on évitera de graves mouvements d’accordéon pouvant causer le déraillement. Une fois les freins appliqués, l’intensité du mouvement s’atténue progressivement.
S’il faut augmenter le freinage... Bien sûr, dès qu’on relâche les freins, le mouvement d’accordéon reprend, sauf peut-être dans le cas des trains-blocs. Les freins de certains wagons peuvent se desserrer plus rapidement que d’autres, ce qui provoque ce mouvement dans les attelages. Bref, le freinage dynamique aide considérablement à contrôler ce mouvement.
:
Monsieur le président, nous devons être très prudents pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la motion initiale, dont M. Fast demande à reporter l’examen à mercredi, souffre d’un vice sérieux. Elle propose au comité de recommander au gouvernement de modifier une disposition de la loi. Il appartient au Parlement de recommander la modification des lois. La motion parle en outre de supprimer « le privilège exclusif de Postes Canada de distribuer des lettres ». Or j’ai cru comprendre que le problème du repostage se situe au niveau de la collecte et non de la livraison du courrier.
De plus, M. Fast parle de la lettre de mon chef, M. Dion, comme si nous contredisions ce qu’il a dit. Ce n’est pas du tout le cas.
En même temps, il a parfaitement raison de dire que nous sommes habilités à dire ce que nous pensons. Je ne peux pas me faire le porte-parole d’autre membre du comité, mais s’il examinait soigneusement le contenu de cette lettre, il se rendrait compte que le chef du parti n’a jamais parlé d’affaiblir le privilège exclusif de Postes Canada. Monsieur le président, la Société canadienne des postes, tout en gardant son privilège exclusif, se fait aider par des entreprises privées pour livrer le courrier dans les régions rurales, par exemple. Rien n’empêche les entreprises de repostage de continuer à faire ce qu’elles font, sans toucher le moins du monde au privilège de la Société, comme M. Jean l’aurait dit, il y a un an, à la Chambre des communes.
Nous devons prendre en considération un certain nombre de facteurs. Si M. Fast souhaite citer des lettres de notre chef, il a incontestablement le droit de le faire, mais il doit alors être disposé à nous entendre citer les propos tenus par quelques-uns de ses collègues ici même, au comité. Je ne pensais pas que nous discuterions du fond de cette affaire. Mais il n’a qu’à nous dire à quel moment il sera prêt à le faire. Nous serons prêts, nous aussi. Les députés de tous les partis ont déjà compris, tout comme les tribunaux, le lien qui existe entre le privilège exclusif et l’obligation universelle d’assurer le service. Nous devons nous garder de toucher à ce lien.
Or, c’est ce que M. Fast nous demande de faire. Je ne crois pas qu’il soit indiqué de reporter cet examen sans connaître la réponse du ministre. Laissons le ministre donner sa réponse. Il avait promis, il y a un an, de répondre en quelques jours, mais nous n’avons pas encore vu cette réponse. J’aimerais savoir ce que le gouvernement a fait à ce sujet au cours de la dernière année avant de lui donner carte blanche. Je n’ai pas l’habitude de signer des chèques en blanc, monsieur le président.