:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais, avant que le comité ne cède la parole aux témoins, déposer l'avis de motion dont j'ai parlé à la fin de la réunion de mardi. Je veux le faire à l'instant même, car c'est Mme Chow qui va en débattre, puisque je dois quitter avant la fin de la rencontre.
Donc, si le comité est d'accord, je vais déposer l'avis de motion. Il pourra être inscrit à l'ordre du jour et examiné à la fin de la séance, après que le comité aura entendu les témoins.
L'avis de motion se lit comme suit: que, lors d'une de ses prochaines séances, le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités analyse, après sa publication, l'étude effectuée par Roger Tassé concernant l'Administration portuaire de Toronto.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier les membres du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de nous donner l'occasion de formuler des observations et des recommandations. Nous espérons que nous serons utiles et que nous saurons inspirer le comité dans ses travaux.
Le Regroupement des citoyens contre la pollution existe depuis quelques années. Sa mission est de: poursuivre des objectifs humanitaires tels que défendre la qualité de vie et l'intégrité de l'environnement; diffuser aux membres et au public en général l'information nécessaire pour une bonne compréhension des enjeux de la pollution industrielle et agricole dans l'environnement; et enfin, prendre tous les moyens pour identifier, dénoncer et, si nécessaire, poursuivre en justice les individus ou sociétés responsables d'activités commerciales et industrielles jugées polluantes ou nuisibles à l'environnement. C'est notre raison d'être.
Dans notre préambule, nous tenons à souligner que nous souscrivons entièrement au mémoire de la Coalition québécoise contre les bruits ferroviaires ainsi que celui de la Ville de Lévis, qui vous ont été présentés et qui ont été déposés il y a quelques jours dans le cadre de l'étude du projet de loi .
Au cours des dernières années, l'industrie ferroviaire est devenue très florissante, et nous nous en réjouissons. Par contre, cela n'est pas sans apporter un certain nombre de problèmes aux populations avoisinant les voies ferrées.
Les deux principaux inconvénients liés à cet accroissement sont une baisse importante de la qualité de vie à cause du bruit. On parle de sifflets, de moteurs tournant à plein régime, de crissements de roues, de l'accouplement des wagons dans les gares de triage et, enfin, de nuisance routière. Il y a aussi les risques éminents liés au transport des matières dangereuses, soit des déraillements, des déversements, des tamponnements, des explosions, etc.
Cette situation est déplorable pour la qualité de vie et la santé des citoyens et a des incidences économiques négatives. Les activités des grands transporteurs ferroviaires, le CN et le CP, ont une influence directe sur la richesse foncière des propriétés limitrophes.
Je vais demander à Ghyslain d'enchaîner et de vous parler de la pollution par le bruit.
:
D'abord, nous croyons que la question a déjà été soulevée dans les mémoires précédents.
Nous sommes convaincus que le bruit a des effets et des conséquences néfastes sur la santé. L'Organisation mondiale de la santé l'a prouvé. Nous avons inclus dans notre mémoire des hyperliens à utiliser pour aller sur le site de l'OMS qui recommande, entre autres, que les bruits ne dépassent pas 45 décibels la nuit et 55 décibels le jour. Ce sont des statistiques qui ont fait leurs preuves.
Comme le disait M. Gauthier, la problématique ferroviaire comprend deux volets. Dans un premier temps, il y a les bruits émis par les motrices et les accouplements des wagons dans les cours de triage. Dans un deuxième temps, nous nous sommes penchés plus spécifiquement sur le sifflet de train.
Le sifflet de train génère un bruit aux passages à niveau qui dépasse en intensité et en pression acoustique tout autre bruit urbain. Par exemple, pour la seule localité de Charny, où il y a une importante cour de triage, le train peut siffler à 20 reprises entre 22 heures et 6 heures le lendemain matin. Un train qui siffle à 4 h 48 du matin peut réveiller tous les gens d'une ville. Nous sommes convaincus que ces micro-réveils nuisent non seulement à la qualité de vie, mais à la productivité générale de tous les citoyens qui subissent ces inconvénients.
Il y a des coûts pour ces mesures, mais on ne peut en évaluer le montant.
Dans le cas du sifflet de train, nous ne sommes pas des experts, des acousticiens, des ingénieurs ou des spécialistes en transport. Cependant, nous savons très bien que nous ne vivons plus au XIXe siècle, alors que le train devait siffler à tous les passages à niveau parce que les moyens de communication étaient ceux du XIXe siècle. L'utilisation intempestive du sifflet de train au XXIe siècle, telle qu'on la vit présentement, date d'une autre époque. C'est révolu, c'est une façon de faire qui est absolument hors toute civilité.
Nous ne sommes pas présentement soumis à la Loi sur les mesures de guerre; je ne crois pas qu'on soit en guerre. Alors, je ne crois pas qu'une compagnie, un citoyen corporatif, ait besoin de signaler sa présence de façon absolument intempestive, sans aucune raison. Nous disons que s'il n'y a rien sur la voie ferrée, il n'y a aucune raison d'utiliser le sifflet d'un train. Si tous les automobilistes utilisaient leur klaxon chaque fois qu'ils croisent une intersection, cela entraînerait une cacophonie impossible. Or, c'est ce que font présentement les trains.
Parallèlement à la problématique du bruit généré par le sifflet, il y a aussi le bruit généré par le crissement des roues. Le mauvais entretien général du parc ferroviaire, que ce soit de la voie ferrée ou des wagons, génère des bruits qui sont audibles à toute heure du jour. Vous connaissez la problématique, par exemple, du CN, qui a augmenté de façon exponentielle le trafic ferroviaire au cours des dernières années, augmentant de la même façon les inconvénients, d'où une baisse de la richesse foncière.
Dernièrement, j'ai eu à vendre une maison qui était limitrophe d'une cour de triage. Cette maison n'a presque aucune valeur. Lorsque je l'ai achetée, en 1993, à peu près 10 convois passaient quotidiennement. En 2006, il y en a un toutes les 15 minutes. Alors, il n'est pas facile de vendre une maison près de laquelle passe un convoi ferroviaire qui émet des bruits atteignant 90 décibels toutes les 15 minutes. C'est une perte de richesse foncière.
En plus du bruit que génère un train, il y a aussi tous les dangers environnementaux reliés au transport de marchandises dangereuses.
J'aimerais que M. Gauthier intervienne à ce sujet.
:
En fait, les statistiques sur les déraillements, que l'on peut retrouver sur le site Internet de Transports Canada, ne sont pas tellement éloquentes et elles en font frémir plus d'un.
Premièrement, il y a les convois extrêmes, c'est-à-dire ceux qui comptent quatre ou cinq locomotives tirant 200 wagons. Ces convois s'étirent sur deux ou trois kilomètres. C'est payant, sans doute, et c'est certainement avantageux pour l'entreprise, mais cela crée des problèmes, dont je vais vous parler dans quelques instants.
Il y a le mauvais entretien du matériel roulant, comme Ghyslain le mentionnait, mais aussi celui de la voie ferrée. Par exemple, il peut y avoir un convoi de 200 wagons qui s'étire sur trois kilomètres et qui bloque la circulation dans des rues principales. On n'a qu'à penser à Charny, en particulier, mais je suis sûr que cela se produit dans d'autres municipalités. Lorsqu'on a commencé à avoir des convois de 10, 15 ou 20 wagons, il y a 75 ou 100 ans, cela ne posait pas de problèmes, mais quand il y a 200 wagons, cela commence à être problématique.
Prenons la ville de Charny, en particulier, où la voie ferrée traverse le centre de la ville. La ville est donc divisée en deux parties, séparée par 200 wagons. La rivière Chaudière est située d'un côté de la ville. Donc, s'il se produisait un accident, une catastrophe ou quoi que ce soit, 10 000 ou 15 000 personnes se retrouveraient dans une enclave, sans aucune possibilité de s'en sortir, parce que les trois passages à niveau, qui sont sur une distance de moins d'un kilomètre, sont fermés pour laisser passer les 200 wagons qui traversent la ville. Si le train déraille ou s'il s'immobilise, les gens qui sont dans la partie sud de la ville n'ont absolument aucun moyen de s'enfuir, puisqu'ils sont prisonniers de la rivière Chaudière. Évidemment, il était impossible de prévoir ces dangers lors de la construction de la voie ferrée.
Lorsqu'une entreprise multiplie par 10 et par 20 le nombre de wagons, cela entraîne des conséquences. Il ne faut pas attendre qu'une catastrophe se produise pour agir. On le mentionne ici. À ce rythme, on ne se demande pas si une catastrophe se produira, on se demande où et quand elle va se produire.
Il y a une autre raison pour laquelle le sifflet n'est pas utile. En effet, selon les statistiques de Transports Canada, il y a de plus en plus d'accidents, de déraillements et de décès aux passages à niveau. Alors, ce n'est pas le sifflet qui fera une différence. En outre, les convois de 200 wagons et plus fragilisent les infrastructures de la voie ferrée, la rendant moins résistante. Alors, plus elles sont fragiles, plus il y a risques d'accident.
En conclusion, j'aimerais vous donner un peu d'information sur les solutions envisagées pour remplacer le sifflet. Nous avons pensé qu'au lieu du sifflet, il pourrait y avoir des capteurs aux passages à niveau. Ce n'est pas tellement dispendieux et ils pourraient facilement aviser le conducteur du train que la voie est dégagée, c'est-à-dire que rien ne bloque la voie ferrée ni le passage à niveau, et que les barrières sont baissées. Cela serait réalisable. D'ailleurs, c'est ce qui se fait pour les wagons de queue. En fait, il y a une confirmation électronique indiquant de quelle façon ils doivent opérer.
Alors, avec des capteurs, on est en mesure de savoir ce qui se passe à un ou deux kilomètres devant et il n'est pas nécessaire de siffler. De plus, le sifflet risque peut-être d'attirer tout simplement les candidats au suicide. C'est une des raisons pour lesquelles on suggère d'éliminer le sifflet.
On suggère qu'il y ait des murs insonorisés autour des cours de triage. On n'invente rien, puisque cela existe depuis au moins 20 ans en Europe. En fait, le chemin de fer constitue réellement un problème là-bas, peut-être encore plus important qu'ici. Donc, les gens se sont penchés sur ce problème, surtout en Suisse, où ils ont trouvé des solutions en installant des murs insonorisés dans les cours de triage. Pour nous, cela simplifierait passablement les choses.
Ce ne sont pas les solutions qui manquent, et nous en faisons état dans notre mémoire, que vous avez sans doute lu.
Si vous avez des questions, nous serons heureux de vous parler davantage de ce sujet.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, au nom de la Farmer Rail Car Coalition, je tiens à vous remercier de nous donner l'occasion de comparaître dans le cadre de l'examen du projet de loi .
La Farmer Rail Car Coalition regroupe 17 associations agricoles présentes dans les trois provinces des Prairies. Sa mission est assez simple: fournir un nombre adéquat de wagons fiables, bien entretenus et modernes, pour assurer le transport du grain de l'Ouest au plus bas coût possible pour les agriculteurs.
L'ancien gouvernement s'étant engagé à vendre son parc de wagons-trémies, la FRCC avait préparé un plan d'affaires qui, à son avis, aurait permis de mener à bien ce projet. C'est d'ailleurs ce plan qui a servi de base à l'entente conclue par la FRCC et le gouvernement du Canada, en novembre 2005.
Lors de l'élaboration de son plan d'affaires, la FRCC a procédé à une analyse des coûts d'entretien des wagons-trémies en Amérique du Nord. Après un examen approfondi des chiffres, elle a conclu que le coût moyen d'entretien d'un wagon-trémie céréalier datant de la même époque que ceux du gouvernement était d'environ 1 500 dollars par année, par wagon. L'Office des transports du Canada avait estimé que le coût d'entretien des wagons pour la campagne agricole 2002-2003 s'élevait à 4 329 dollars par wagon, par an, et que ce montant était pris en compte dans le plafond de revenu. Non seulement ces coûts étaient-ils excessifs, mais l'entretien des wagons n'était même pas assuré selon des normes acceptables. Il s'agit, pour le parc du gouvernement fédéral, d'une différence de coûts d'environ 40 millions de dollars par année.
Le 4 mai 2006, le nouveau gouvernement du Canada a annoncé qu'il entendait conserver son parc de wagons-trémies, mettant ainsi fin au projet d'achat de la FRCC. Ensuite, étant donné les coûts d'entretien excessifs assumés par les producteurs, et mis en lumière par la FRCC, il a annoncé le dépôt d'une mesure législative qui aurait pour effet de réduire les tarifs de fret de deux dollars, pour les ramener à 2,50 dollars la tonne.
Environ 25 000 wagons sont utilisés en moyenne chaque année pour assurer le transport du grain. La différence entre le coût du programme d'entretien de la FRCC et les coûts inclus dans le plafond de revenu pourrait être de plus de 70 millions de dollars par année, une fois tous les wagons — autres que ceux du gouvernement, de la Commission canadienne du blé et des compagnies ferroviaires — pris en compte.
La FRCC a indiqué qu'elle était prête à appuyer la décision du gouvernement de conserver les wagons-trémies, à la condition qu'il accepte six recommandations. Deux de celles-ci exigent l'adoption de modifications législatives. Ces recommandations ont été soumises aux membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire et, si je ne m'abuse, à ce comité-ci. Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire en a adopté une version modifiée le 30 mai 2006.
La première recommandation proposait le dépôt d'une mesure législative qui aurait pour objet de soustraire du plafond de revenu les coûts d'entretien excessifs des wagons utilisés pour le transport du grain réglementé. Monsieur le président, nous sommes heureux de voir que le gouvernement a donné suite à cette recommandation.
Après avoir examiné les modifications proposées par le projet de loi à la Loi sur les transports au Canada, la FRCC a conclu que l'article 57, une disposition transitoire, accorde à l'Agence le pouvoir législatif de réévaluer les coûts d'entretien de l'ensemble des wagons-trémies.
La FRCC et ses organisations membres souhaitent remercier le gouvernement de la célérité avec laquelle il a réglé ce problème. Toutefois, deux préoccupations subsistent. Souvent, lorsque l'Office entreprend d'évaluer les coûts des compagnies ferroviaires, il utilise comme principale source d'information les compagnies ferroviaires elles-mêmes. Pourquoi? Parce que dans la plupart des cas, il n'en existe aucune autre. Or, l'entretien des wagons-trémies est un domaine d'activité où les sources d'information sont plus nombreuses. En effet, près de 65 p. 100 des wagons-trémies en Amérique du Nord appartiennent à des tiers autres que les chemins de fer de catégorie 1. Ils constituent un outil précieux, puisque nous pouvons nous servir de leurs données pour établir une comparaison entre leurs coûts et ceux des compagnies ferroviaires.
Ensuite, l'Office évalue parfois les coûts sans consulter les intervenants intéressés. Or, il est essentiel, à notre avis, que les intervenants participent au processus. Leur contribution peut s'avérer utile quand l'Office procède à un ajustement de l'indice des prix, comme l'exige la loi.
Concernant l'article 151, la FRCC a examiné la modification proposée et a conclu que celle-ci empêche les expéditeurs de faire l'acquisition de wagons à bon prix, et pénalise les ateliers du secteur privé qui peuvent assurer l'entretien du parc fédéral à moindre coût. Ces deux éléments doivent être pris en compte si nous voulons un système qui dessert efficacement l'industrie céréalière.
Lorsque le gouvernement fournit aux compagnies ferroviaires des wagons-trémies en vertu d'un bail tout frais compris — autrement dit, les compagnies ferroviaires ne supportent pas les coûts d'entretien, ou les wagons sont loués directement aux expéditeurs de grain réglementé en vertu d'un bail tout frais compris —, les coûts d'entretien ne sont pas soustraits du plafond de revenu, puisqu'il n'y a aucune disposition en ce sens dans la loi. Par conséquent, il se pourrait que des compagnies ferroviaires soient payées pour assurer l'entretien de wagons dont elles ne sont plus responsables.
La FRCC recommande que l'alinéa 151(4)c) soit modifié comme suit :
l'Office ajuste l'indice afin de tenir compte des variations observées dans les coûts supportés par les compagnies de chemin de fer régies à la suite de la vente, location, disposition ou mise hors service de wagons-trémies du gouvernement, ou à la suite de changements apportés au contrat de location.
Enfin, les expéditeurs qui assurent le transport de marchandises en vrac ont l'habitude d'acheter des wagons- trémies pour être en mesure de répondre aux demandes du marché. La loi entérine cette pratique. En effet, le paragraphe 113(3) dispose que :
Dans les cas où l'expéditeur fournit du matériel roulant pour le transport des marchandises par la compagnie, celle-ci prévoit dans un tarif, sur demande de l'expéditeur, une compensation spécifique raisonnable en faveur de celui-ci pour la fourniture de ce matériel.
Or, le projet de loi, lui, change les règles du jeu pour ce qui est du transport de grain réglementé. Dans certains cas, la compagnie ferroviaire ne sera peut-être pas en mesure de récupérer l'indemnité qu'elle a versée à l'expéditeur; dans d'autres, elle touchera peut-être une indemnité pour des revenus auxquelles elle a déjà droit en vertu du plafond.
L'Office doit avoir clairement le pouvoir d'évaluer les circonstances et d'apporter au plafond de revenu un ajustement qui soit juste pour la compagnie ferroviaire et pour l'expéditeur. La FRCC recommande que l'alinéa 150(3)a) de la loi soit modifié comme suit :
Pour l'application du présent article, sont exclus du revenu d'une compagnie de chemin de fer régie pour le mouvement du grain au cours d'une campagne agricole :
a) les incitatifs, rabais ou réductions semblables versés ou accordés par la compagnie,
— et nous ajouterions —
y compris toute compensation raisonnable versée par la compagnie de chemin de fer à l'expéditeur qui fournit du matériel roulant pour le transport des marchandises par la compagnie;
J'accepterai volontiers de discuter de ces questions et autres points qui intéressent le comité. J'espère que nous aurons l'occasion d'explorer les autres recommandations de la FRCC.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs.
Mes questions s'adressent surtout à M. Churko.
La Commission canadienne du blé constitue, pour les agriculteurs de l'Ouest, un mécanisme de commercialisation fort important. Or, le réseau de transport, dans votre région notamment, est adapté à l'effort de commercialisation, chose que peu de gens, au Canada, comprennent. Vous vous trouvez à 900 milles de distance des côtes, en moyenne, de sorte qu'il est essentiel que les compagnies ferroviaires travaillent dans votre intérêt.
Il ne fait aucun doute, d'après mon expérience, que Transports Canada a toujours été contre la proposition de la FRCC, qui aurait donné aux producteurs un peu plus de pouvoir face aux compagnies ferroviaires. Quoi qu'il en soit, le nouveau gouvernement a donné suite aux recommandations de Transports Canada, qui ne sont pas pour autant celles des chemins de fer, et mis un terme à l'entente.
Le fait est que les coûts d'entretien, qui sont excessifs, atteignent près de 40 millions de dollars par année, si j'ai bien compris. Cette situation perdure depuis plusieurs années. Croyez-vous que les compagnies ferroviaires ont le droit de garder les sommes qu'elles ont soutirées aux agriculteurs pendant toutes ces années?
:
Monsieur Easter, les dispositions de la loi semblent très bien fonctionner pour la plupart des marchandises, s'il ne s'agit pas de grain réglementé.
Il existe un mécanisme d'appel auquel on peut avoir recours s'il y a divergence d'opinion au sujet de l'indemnité touchant les wagons. La complexité vient du fait qu'il y a un plafond de revenu, une formule d'étalement, ainsi de suite, de sorte qu'il est très difficile pour les expéditeurs qui assurent le transport du grain d'acheter des wagons, comme d'autres le font, pour pouvoir répondre aux besoins du marché.
D'après notre conseiller juridique, le processus manque de clarté. C'est pour cette raison que les expéditeurs hésitent à s'adresser à l'Office : l'examen d'une plainte relative au niveau de service offert est une démarche fort coûteuse.
Des éclaircissements s'imposent, dans l'intérêt des expéditeurs et surtout des transformateurs secondaires qui ont communiqué avec nous pour obtenir des wagons. La situation serait alors claire: ils pourraient obtenir des wagons et une indemnité raisonnable, et les chemins de fer seraient traités équitablement. Il faut s'assurer que les chemins de fer, s'ils versent une indemnité, ne seront pas pénalisés en vertu du plafond de revenu.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, monsieur Churko, soyez assuré que vous pourrez vous fier au Bloc québécois pour vous appuyer par rapport aux demandes des agriculteurs. Mes premières questions ne s'adressent pas à vous; elles s'adressent plutôt à MM. Chouinard et Gauthier et elles portent sur le bruit.
Il est temps qu'on règle le problème du bruit. On en parle ici depuis trop longtemps. Il faut qu'un projet de loi régisse à cet égard
Dans le passé, lorsque j'ai oeuvré à l'Union des municipalités du Québec, j'ai eu l'occasion de visiter la cour de triage Joffre avec le maire de l'époque, M. Lemaire. Également, comme porte-parole du Bloc québécois en matière de transports, il m'a été donné l'occasion d'être témoin de vos problèmes.
Nous en sommes presque à l'étude du projet de loi article par article. Il y a une maxime qui veut que le diable soit dans les détails. Nous nous retrouverons dans les détails dès la semaine prochaine. Soyez donc assurés que nous allons en régler une bonne partie.
Quant à la définition de « bruit déraisonnable » contenue dans le projet de loi, on m'a convaincu que ce n'était pas le meilleur terme à utiliser. Cependant, il y a deux versions. La Ville de Lévis a défendu la position de « limiter les dommages au minimum ». La Ville de Québec préférait « le moins de bruit possible ».
Une fois de plus, les termes sont importants. Une chose est sûre: s'il est question de « limiter les dommages au minimum », cela signifie qu'on va au-delà du bruit. S'il est question de « moins de bruit possible », on ne touche que le bruit.
Souhaiteriez-vous qu'on aille un peu plus loin que le simple terme « bruit » et qu'on utilise le mot « dommage »? Je sais pertinemment que chez vous, on a beaucoup analysé ce qui s'est passé à Oakville et le jugement qui a été rendu, parce que Transports Canada s'y est intéressé. Je sais que vous avez suivi cela de très près. Que nous conseillez-vous à cet égard?
:
En fait, notre position est assez claire. Entendre les mots « bruit raisonnable » crée un flou artistique. C'est la raison pour laquelle je suis davantage partisan de l'approche « nuisance ». Il faut aller au-delà du bruit. Un bruit se mesure. On peut le mesurer avec un décibelmètre et ainsi établir des normes, comme les normes établies par l'OMS, qui est un organisme international. Je ne crois pas qu'on ait à redire de ces normes, car elles ne sont pas quantifiées de façon empirique. En effet, la mesure du bruit n'est pas faite de façon totalement suggestive; le bruit se mesure.
D'autre part, plus globalement, nous souhaitons que le ministère des Transports redonne plus de pouvoirs à l'Office des transports du Canada, l'OTC, en établissant des règles, des normes, des procédures claires. En fait, nous vous demandons justement d'éviter de tomber dans le « raisonnable ». En effet, nous savons pertinemment qu'au cours des dernières années, tout ce qui a touché au sifflet de train et au bruit dans les cours de triage a toujours achoppé sur ce mot: « raisonnable ». Toute la médiation n'est jamais allée plus loin que le « bruit raisonnable ».
Est-ce raisonnable, monsieur Laframboise, et vous, messieurs, de se faire réveiller à trois heures du matin par un « slam » dans une cour de triage, convaincu qu'un 747 s'est écrasé dans votre rue? Vous avez déjà visité la cour de triage Joffre, donc vous savez que c'est une situation chronique. Cela ne se produit pas sporadiquement; c'est une situation chronique. Toutes les nuits, il y a deux ou trois « slam ». On entend régulièrement le sifflet du train : 20 fois.
J'aime bien qu'on parle du mot « nuisance », car le bruit a été mesuré. La Cour suprême du Canada a établi par exemple que la Ville de Montréal avait le droit de légiférer sur la nuisance occasionnée par le bruit dans le cas d'un bar, entre autres. Celui-ci émettait, j'en suis convaincu, beaucoup moins de bruit qu'une locomotive à moteur diesel deux-temps qui tourne à plein régime dans une cour de triage.
Nous croyons que les règlements municipaux et provinciaux existent pour prévenir les nuisances, et non pas seulement le bruit. Il n'existe aucune raison pour que l'industrie ferroviaire n'y soit pas assujettie.
:
, messieurs, permettez-moi d'utiliser un peu de votre temps pour vous donner tout simplement une version. J'ai longtemps habité à côté de la cour de triage Joffre.
Or, lorsque vous habitez à côté d'une cour de triage, que vous passez un chiffon blanc tous les jours sur une table de patio en résine de synthèse, à la fin d'une même journée — pas trois semaines plus tard —, le chiffon est noir. J'ai déménagé dernièrement et je peux vous assurer que là où j'habite maintenant, lorsqu'on passe le chiffon sur la table après une semaine, il ne devient même pas le quart du huitième de la noirceur d'auparavant.
Nous sommes très inquiets quant aux émanations des locomotives à moteur diesel deux-temps. Au moment où la ministre de l'Environnement et le premier ministre nous parlent d'une loi canadienne sur la qualité de l'air ou d'« autres choses », nous sommes très inquiets du fait que des compagnies ferroviaires, qui relèvent de la compétence fédérale, puissent passer totalement outre.
Je parle de nuisance : il peut s'agir de bloquer une ville au complet. C'est une nuisance, lorsque vous faites perdre à des industries et à des compagnies des heures de travail parce que vous avez bloqué la voie ferrée pendant une demi-heure, comme cela arrive régulièrement à Charny.
Une voix: C'est une urgence.
Pour ce qui est de votre deuxième question, je vais devoir y réfléchir et revenir à mes débuts dans le secteur, soit au milieu des années 1970, quand la commission d'enquête sur les coûts du transport du grain a été mise sur pied. Il existe un processus en vertu duquel des organismes de l'extérieur — des associations agricoles et des compagnies ferroviaires — fournissent des renseignements à un tiers qui, lui, essaie de déterminer ce qui est considéré comme étant juste et raisonnable. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de mécanisme qui permet à d'autres intervenants d'exprimer leurs vues. Les compagnies ferroviaires et l'Office sont les seuls à pourvoir le faire — et nous avons beaucoup de respect pour l'Office —, mais, malheureusement, comme nous avons pu le constater dans le passé, souvent, ce sont les compagnies ferroviaires qui sont les mieux desservies.
Il est important d'avoir un processus ouvert du point de vue des joueurs, un processus qui respecte la nature exclusive des renseignements commerciaux des compagnies ferroviaires, mais qui est accessible à d'autres, par souci d'équité. Nous appuyons l'article 57, sauf que s'il ne procure pas aux agriculteurs les profits auxquels ils ont droit, ces derniers vont encore une fois perdre des dizaines de millions de dollars. Nous avons déjà examiné le processus d'établissement des coûts dans le passé. Cet exercice nous a permis d'arriver aux chiffres et au plafond de revenu actuels. Or, il ne répond pas vraiment à nos besoins.
Ce que nous voulons dans le cas de l'article 57, c'est que d'autres experts soient autorisés à exprimer leurs vues quant l'Office effectue des ajustements.
Prenons par exemple l'indexation — les dispositions d'indexation définies aux articles 150 et 151. Dans ce cas-là l'Office consulte les intervenants intéressés de manière confidentielle. Tous les joueurs ont la possibilité d'exposer leurs vues avant qu'ils ne s'entendent sur l'indice applicable au plafond de revenu.
Nous aurions dû, à tout le moins, avoir accès à ces renseignements dans le passé. Bien entendu, il y a plusieurs millions de dollars qui sont en jeu ici. Il est déjà arrivé que des experts en la matière aient accès aux données des compagnies de chemin de fer, à titre confidentiel, pour faire leurs propres analyses et exposer leurs vues à ce sujet.
Il faut permettre à d'autres intervenants de participer au processus quand l'Office effectue des ajustements en vertu de l'article 57.
Par ailleurs, il existe un point de référence. S'il y a divergence d'opinion au sujet des chiffres fournis par les compagnies ferroviaires et par l'industrie, il faudrait que quelqu'un — sans doute l'Office — puisse intervenir, calculer la différence et l'expliquer.
Enfin, comme nous l'avons mentionné, si les ateliers privés peuvent assurer l'entretien à un moindre coût, pourquoi ne pas leur confier le contrat et réduire les coûts assumés par les agriculteurs, au lieu de laisser l'entretien entre les mains des chemins de fer?
[Français]
J'aimerais maintenant revenir à MM. Chouinard et Gauthier.
Plusieurs témoins ont parlé de la question du bruit lié aux sociétés ferroviaires. Je suis originaire d'un comté où l'on a effectivement une cour de triage.
Deux types d'approches ont été proposées à la compagnie ferroviaire afin de conjuguer avec ce problème de bruit dans les centres urbains, car il y a d'abord eu l'établissement de cette cour et, ensuite, la population a augmenté, comme cela arrive couramment dans l'Ouest canadien et en Colombie-Britannique.
Une approche consiste à limiter les activités. Autrement dit, certains types d'activités ne peuvent pas se dérouler dans les centres-villes, mais bien à l'extérieur. À Vancouver, cela signifie aller dans les banlieues, la région autour de Port Mann, plutôt qu'à New Westminster, qui est le centre.
L'autre possibilité consiste à limiter les heures des activités des sociétés ferroviaires. Autrement dit, les activités devraient se faire pendant les heures de bureau ou le jour. Voilà les deux approches.
Vous avez aussi parlé plus tôt de limiter le taux des décibels.
Voyez-vous des avantages ou des inconvénients à ces trois approches: d'abord limiter les activités; ensuite limiter les heures; et enfin limiter le taux des décibels?
:
À mon avis, la première chose à faire consiste à limiter les activités. Il faut penser à la grogne des gens. On se demandait plus tôt s'il s'agissait d'un domaine de compétence fédérale, provinciale ou municipale. C'est un peu insignifiant pour le citoyen qui subit cela. À la longue, cela va tout simplement finir par dégénérer en désobéissance civile. Si les citoyens perdent de l'argent parce que leurs propriétés perdent de la valeur, ils en sont irrités. Que cette situation relève de la compétence fédérale, provinciale ou municipale, cela inquiète peu le citoyen.
Sur la base de notre mémoire, quant à la réduction du bruit, je suggère premièrement qu'on ne circule plus la nuit, tant qu'on n'aura pas trouvé de solution. Je suggère deuxièmement que l'on réduise le nombre de wagons, tant qu'on n'aura pas trouvé de solution, et, troisièmement, qu'on installe des murs insonorisants.
Je favorise davantage cette dernière approche, car de toute façon, il va falloir des cours de triage près des centres-villes. Cependant, des murs insonorisants, cela existe. Je ne préconise pas des murs autour de la cour de triage, mais plutôt autour des voies ferrées elles-mêmes, de sorte que le bruit s'arrête lors d'un impact.
Je demeure à un kilomètre et demi de la cour de triage Joffre. À trois ou quatre heures du matin, même lorsque les fenêtres sont fermées, le bruit me réveille. C'est encore pire à un kilomètre et demi!
Que faut-il faire? Il faut réduire les heures et les activités, tant et aussi longtemps qu'une formule n'aura pas été trouvée. Il faut trouver cette formule et ne pas attendre que l'irritation des gens dégénère en désobéissance civile. D'après moi, c'est ce vers quoi on se dirige.
Le fédéral a laissé la situation se dégrader pendant 20 ans. Des entreprises qui génèrent 100 millions de dollars par mois peuvent investir dans des recherches, des moyens, des mécanismes afin d'améliorer la situation aux passages à niveau et de réduire les bruits dans les cours de triage, etc. C'est à l'entreprise d'en prendre l'initiative. Je ne pense pas qu'elles doivent être subventionnées. Elles ont déjà l'avantage de profiter des infrastructures qui ont été payées par les Canadiens.
Les trois formules sont bonnes. Laquelle devrait-on favoriser? D'après moi, il faut réduire le plus rapidement possible le bruit, quoi qu'il advienne et qu'il en soit. S'il faut arrêter les activités pendant la nuit, s'il faut réduire le nombre de wagons pour réduire le bruit... Il y a aussi le crissement des roues. En effet, le bruit des roues est quand même assez infernal, parce que la voie ferrée est usée et que les roues le sont également.
En Suède, on a trouvé une borne métallique qui compense l'usure. On ne met pas cela partout. Toutefois, dans les centres-villes, on installe cette bande, et le crissement des roues est réduit. Ce bruit est infernal, lorsque vous demeurez à proximité d'une gare de triage. Vous voyez qu'il y a plus d'un sujet...
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les trois d'être ici aujourd'hui. L'information que vous nous donnez va nous être très utile dans nos travaux pour élaborer une politique dans ce domaine.
J'aimerais poser quelques questions à MM. Gauthier et Chouinard.
Dans votre mémoire, vous abordez tout un éventail de questions : les matières dangereuses, le blocage des passages à niveau, l'entretien, la sécurité, la pollution, la pollution diésel, etc. Il y a aussi la question du bruit. J'aimerais parler un peu du bruit, parce que c'est l'un des enjeux traités dans ce projet de loi.
Vous dites dans votre mémoire que nous devrions appliquer complètement les normes de l'OMS de 45 décibels la nuit et de 55 décibels le jour. Cependant, un peu plus loin, à la page 6, lorsque vous tirez vos conclusions, vous dites que vous aimeriez que les règlements municipaux et provinciaux soient respectés et qu'il n'y a aucune raison pour que l'industrie ferroviaire ne s'y soit pas assujettie.
Comme vous le savez, au Canada, il y a une multitude de règlements municipaux sur le bruit et la nuisance. Toutes les municipalités ont leurs règlements, qui leur sont habituellement uniques.
En fait, nous avons reçu quelques représentants de la ville de New Westminster il y a quelques semaines, et M. Julian voudra peut-être me corriger, mais si je me rappelle bien... Eh bien il y avait différents règlements municipaux sur le bruit, mais il y avait une exception pour le bruit causé par la construction de six heures à vingt heures, ce qui va probablement à l'encontre des normes de l'Organisation mondiale de la santé, particulièrement en ce qui concerne l'utilisation de grues et de machinerie.
Je me demande, pour commencer, ce que vous nous recommanderiez de faire pour harmoniser la réglementation fédérale, si nous proposons un règlement fédéral, avec les règlements municipaux et administratifs?
:
C'est essentiellement ce que je disais il y a quelques minutes. Si l'on ne peut trouver une alternative en raison des compétences fédérales, provinciales et municipales et que tout le monde utilise cet argument pour dire qu'il ne peut pas toucher aux règlements, c'est bête. D'ici à ce que nous trouvions une solution acceptable pour les municipalités ainsi que les gouvernements provinciaux et fédéral, l'industrie, qui fait des milliards de dollars, ne devrait rester inactive sous prétexte qu'elle est intouchable.
Elle doit réagir, et étant donné qu'elle fait autant d'argent, c'est à elle de proposer des solutions. Nous en proposons quelques-unes, mais c'est l'industrie qui devrait investir dans les solutions. D'ici là, assoyons-nous et calmons-nous. Les gens de l'industrie doivent trouver une solution et faire quelque chose. Les trains pourront toujours rouler la nuit, je m'en fous, mais jusqu'à ce qu'ils aient trouvé une solution, ils ne le peuvent pas, parce que les milliers d'habitants de cette municipalité en souffrent.
Je ne peux pas m'attendre à beaucoup de coopération de leur part. Par exemple, la situation à Saint-Cyrille-de-Wendover est incroyable. Depuis 13 ans, la municipalité demande au CN de ne plus utiliser de sifflets. Elle négocie avec le CN. J'ai tellement lu à ce sujet. J'ai parlé au gestionnaire de la ville. Je ne pouvais pas le croire. Aujourd'hui, 13 ans plus tard, ils doivent encore investir 200 000 $ afin de trouver un capteur pour savoir si la barrière devrait être baissée ou levée, selon la vitesse du train.
Nous en sommes à un point où je parle de harcèlement, où la situation est incroyable. Je ne peux pas imaginer une petite ville capable d'investir autant. Dans le cas de Saint-Cyrille-de-Wendover, si elle le fait, elle va dépenser presque un million de dollars pour trouver une solution de rechange à la pollution produite par une organisation qui utilise l'infrastructure des Canadiens. Ce n'est pas logique. Cessons de nous cacher derrière l'argument des compétences fédérales et provinciales. Il faut trouver une solution. L'industrie doit investir.
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
[Français]
Cela nous fait plaisir d'être présents, cet après-midi, pour répondre aux questions des membres du comité relativement au projet de loi .
Comme la dernière fois, je suis accompagné de M. Seymour Isenberg et Mme Joan MacDonald, respectivement directeur général, Division des transports ferroviaires et maritimes, et directrice générale, Division des transports aériens et des transports accessibles, de l'Office des transports du Canada.
[Traduction]
Monsieur le président, nous sommes prêts à répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Bonsoir, monsieur Dufault.
Madame MacDonald et monsieur Isenberg, bienvenue chez vous. C'est un plaisir de vous revoir. Je vous remercie d'être venus.
Je pense que nous sommes tous très contents de vous revoir, parce que nous espérons que vous avez eu l'occasion de prendre connaissance des témoignages que nous avons reçus au cours des dernières semaines, depuis votre première comparution. Je pense qu'il serait très utile pour moi, en tant que député, ainsi que pour mes collègues, je l'espère, de savoir si vous avez eu l'occasion de synthétiser les propositions qui ont été faites ou d'y réagir.
J'aimerais commencer par quelques questions en suspens. Il serait important pour nous de savoir quelle a été votre réaction initiale ou peut-être votre réaction plus réfléchie à certaines des questions qui ont été portées à notre attention.
Pour commencer, j'aimerais soulever la question des sanctions et du caractère sanctionnable des infractions. Avez-vous eu la chance d'analyser si nous devions décrire plus en détail la question des sanctions?
Attendez une seconde avant de me répondre, parce que j'aimerais faire le lien avec une autre question. À votre avis, devrions-nous envisager de prescrire plus précisément dans le projet de loi comment l'office devrait traiter les différends, étant donné que ce projet de loi dicte que le gouvernement vous demande d'élaborer des lignes directrices sur la résolution des conflits.
Nous avons entendu diverses opinions. Certains disent que nous devrions aller plus loin alors que d'autres disent que nous devrions nous en remettre à l'office. J'aimerais connaître votre réaction et la lier à cette autre question, si possible.
:
Monsieur McGuinty, je pense que l'office a toute la latitude voulue pour prendre les mesures correctrices qui s'imposent, au besoin. N'oublions pas que selon le projet de loi, ce sera l'aboutissement de ce qui n'a pas fonctionné, si l'on veut. Si les négociations n'ont pas fonctionné, que la médiation n'a pas fonctionné, que nous n'avons pas réussi à résoudre le problème par la voie de la coopération, l'office se penchera sur la situation et au besoin, selon la décision qu'il prendra, rendra un jugement qui aura force d'ordonnance officielle. Il pourra aussi y avoir un prononcé d'ordonnance d'une cour supérieure provinciale ou de la Cour fédérale.
Si je regarde ce qui s'est passé au cours des dernières semaines, je crois que vous avez reçu des représentants de l'Association des chemins de fer qui vous ont dit respecter les ordonnances de l'office, et je ne crois pas que nous ayons jamais eu de problèmes en ce sens. Bien sûr, la partie a le droit d'interjeter appel de la décision de l'office, c'est son droit démocratique, mais si nous prononçons une ordonnance et qu'elle ne fait pas l'objet d'un appel, les membres de l'association respectent nos ordonnances, donc je peux vous rassurer qu'effectivement, ce serait possible.
Pour l'établissement de lignes directrices sur la résolution des conflits, l'office se prépare déjà à l'adoption de ce projet de loi en travaillant à l'interne à l'élaboration de lignes directrices sur divers éléments. Bien sûr, nous attendons de voir de quoi aura l'air le projet de loi final et de mener des consultations, mais je peux rassurer les membres du comité que l'office a des lignes directrices dans beaucoup de domaines. Il en a sur le transport accessible, sur le transport maritime. Il a des lignes directrices efficaces, qui sont élaborées en consultation avec d'autres parties. Je pense que vous pouvez être rassurés que nous avons l'habitude de travailler avec des lignes directrices comme celles-ci.
L'un des avantages des lignes directrices, c'est qu'elles nous donnent plus de souplesse qu'un règlement, qui est lié à une loi, parce que tant que personne ne modifie la loi, on reste pris avec ce règlement. Des lignes directrices nous conviendraient tout à fait.
:
Pourrais-je répondre en anglais?
[Traduction]
Avant 2003, nous recevions diverses plaintes sur beaucoup d'autres questions que le bruit. Souvent, le bruit fait partie du problème général. S'il y a du bruit, il y a des vibrations, etc. Nous avons réussi à régler beaucoup de problèmes de façon positive. Je suis convaincu qu'en vertu du projet de loi proposé aujourd'hui, nous pourrons tenir compte de beaucoup d'autres facteurs dans la solution. Rappelons-nous que l'objectif, en fait, si l'on examine la structure du projet de loi, est de rassembler les parties, les transporteurs et les groupes touchés par leurs activités, pour voir ce qu'on peut faire pour corriger la situation. Nous espérons régler la plupart des problèmes dès ce stade. Si cela ne fonctionne pas, il reviendra à l'office d'effectuer une étude officielle et de prononcer des ordonnances. Bien entendu, nos pouvoirs dépendront du contenu de la loi.
Si je peux vous rassurer un peu, cependant, en règle générale, il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte dans le bruit. Le problème commence par le bruit, mais il y a d'autres facteurs comme l'odeur, le diésel, les lumières et le reste.
C'est vrai qu'on a rencontré beaucoup de témoins depuis votre dernière visite. Je peux même vous dire que dans mon journal local, la question du bruit dans les cours de triage se retrouve à la une. Des témoins sont venus nous rencontrer et nous ont fait quelques recommandations, d'ailleurs. Bientôt, si le processus se poursuit normalement, vous serez à même d'appliquer la loi.
Quelques amendements nous ont été proposés au sujet desquels j'aimerais connaître votre avis, puisqu'on en est à faire l'étude article par article du projet de loi et d'y apporter des amendements. Mes commentaires portent surtout sur l'article 95.1 proposé, qui traite du bruit. Comme on l'a mentionné tout à l'heure, il est proposé que, plutôt que de parler de « bruit déraisonnable », on parle de « nuisance ». J'aimerais savoir si vous avez une préférence entre ces deux expressions, si l'une ou l'autre peut rendre votre travail plus compliqué, selon le cas. En fait, je pense que l'objectif est vraiment que ce soit clair et qu'au niveau de l'interprétation, vous ne vous retrouviez pas dans une zone grise. On souhaite vraiment que le projet de loi soit un outil de travail applicable, que vous puissiez vous en servir en vous disant que l'intention du législateur est claire.
Il y a quelques éléments dont j'aimerais vous parler. Le premier a trait au « bruit déraisonnable »; il est suggéré que nous parlions plutôt de « nuisance », de situations nuisibles à la santé publique, finalement. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.
Je ne sais pas si vous voulez commenter chaque sujet au fur et à mesure ou si vous préférez que je vous les énumère d'abord.
:
La médiation est selon moi un processus très équitable et équilibré qui permet aux deux parties de faire valoir leurs points de vue.
Par contre, j'aimerais préciser la différence entre le processus de médiation et notre processus officiel, parce qu'il semble subsister certains doutes.
La médiation est un processus offert par l'office à titre d'essai jusqu'à maintenant, mais il sera dorénavant inscrit dans la loi. C'est en quelque sorte un processus auquel les deux parties doivent accepter de participer. Il est souple: il pourrait être confidentiel ou ouvert. Par ailleurs, il est distinct du processus habituel, dans le cadre duquel on dépose un plainte officielle. Il peut en faire partie, comme il peut tout aussi bien être mis de côté pendant que l'affaire est en suspens ou encore il peut faire partie de la procédure comme telle.
Toutefois, le processus officiel qui existe à l'office, quand vous déposez une plainte officielle, est décrit dans la loi. On a 120 jours pour rendre une décision. Il existe des règles de procédure quant à la façon dont l'affaire est traitée, selon que c'est une étude du dossier ou une audience verbale. Habituellement, la décision est rendue par écrit. On peut interjeter appel auprès de la Cour fédérale — s'il y a erreur de droit — ou du gouverneur en conseil, dans tous les autres cas.
Il existe donc en réalité deux processus différents: un processus officieux, mais très efficace selon nous — soit la médiation — et l'autre, qui est le processus officiel.
:
Monsieur le président, merci beaucoup de me donner l'occasion d'en parler. Je serai brève.
Le rapport de M. Tassé a été publié. Il est assez volumineux; il fait 110 pages. À en juger par l'attention des médias, il intéresse bien des gens. Je pense que la conférence de presse a duré une heure et demie au moins; de toute évidence, les gens veulent en savoir plus.
Néanmoins, compte tenu de votre programme très important d'étude du projet de loi C-11, du Budget principal des dépenses et du Budget supplémentaire des dépenses, je suis totalement d'accord. Par ailleurs, je me souviens de cette discussion de la semaine dernière concernant les infrastructures.
Si le comité approuve cette recommandation, je n'ai aucune objection à ce que nous ayons cette discussion après votre étude article par article du projet de loi. Je le comprends, parce que celui-ci a été présenté aux différentes Chambres sans jamais aboutir. Je conçois parfaitement que nous devons adopter le projet de loi C-11, le budget des dépenses, etc. Certaines personnes ont même dit que les infrastructures étaient très importantes, alors je ne vois pas d'inconvénient à ce que nous allions de l'avant puis, avec un peu de chance, nous serons encore ici pour examiner le rapport Tassé.
Je me demande si cela convient à tout le monde.