:
Je veux m'assurer que nos collègues connaissent la procédure à suivre au sujet de l'audition des témoins en circonstances normales. Les règles sont très claires. Selon Marleau et Montpetit - je cite - « en temps normal, les témoins n'ont pas à prêter serment ». C'est la procédure habituelle de notre comité et de tous les autres comités auxquels j'ai participé.
Je sais bien, tout comme Marleau et Montpetit, que le comité a les pleins pouvoirs à ce sujet. Toutefois, la vérification des procès-verbaux antérieurs confirmera que le comité n'a jamais discuté de procédure d'assermentation lors d'une séance publique. Cela m'amène à la deuxième raison de ma motion, qui est qu'une décision de ce genre devrait être prise lors d'une séance publique. La décision d'assermenter les témoins devrait être prise en public.
Je crois aussi, monsieur le président, que l'assermentation n'est pas nécessaire, et je cite à nouveau Marleau et Montpetit :
De même, un témoin, assermenté ou non, qui refuse de répondre à des questions ou qui ne donne pas des réponses véridiques, pourrait être accusé d'outrage à la Chambre.
Nous ne sommes pas un tribunal, monsieur le président et, si nous nous engageons dans cette voie, c'est-à-dire que nous obligeons les témoins à prêter serment — parce que cela amène alors à évoquer le parjure —, vous aurez une autre question à résoudre et dont le comité n'a jamais été saisi, qui est de savoir si nous devons donner à nos témoins les services d'un avocat. Nous aborderions ainsi tout un autre domaine du droit. Nous ne parlerions plus d'outrage à la Chambre mais d'une question relevant du Code criminel.
Normalement, notre politique est de croire que les témoins s'expriment honnêtement et avec véracité, à moins de preuve du contraire. Dans le cas présent, et cela vaut pour tous les témoins d'aujourd'hui, il n'existe aucune preuve du contraire et personne n'en a avancé. Donc, par souci de justice naturelle et de simple courtoisie, nous devons procéder comme à l'habitude, c'est-à-dire ne pas demander aux témoins de prêter serment.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Gwyneth Howell et je suis directrice générale de la Canadian International Mail Association, CIMA. Je suis accompagnée aujourd'hui de mon collègue et membre de CIMA, Gordon Taschuk, de la Colombie-Britannique, et de Evan Zelikovitz, consultant en affaires publiques de CIMA.
Au nom de CIMA, je tiens à remercier le président et les membres du comité de nous avoir invités à venir discuter de cette question extrêmement urgente qui concerne l'effondrement et l'élimination imminentes d'un secteur d'activité vieux de plus de 20 ans, comprenant des centaines de petits entrepreneurs et des milliers d'emplois dans tout le pays, à cause des efforts déployés par Postes Canada pour étendre — no pas maintenir mais étendre — son privilège exclusif à la livraison du courrier à n'importe quelle destination en dehors du Canada.
CIMA est une coalition d'entreprises canadiennes offrant des services postaux internationaux au Canada, c'est-à-dire préparant, concevant, traduisant, triant, imprimant et livrant des lettres — du courrier de moins de 500 g — à destination de l'étranger.
Monsieur le président, le secteur du courrier international n'est pas très connu mais ses participants le sont. C'est un secteur qui apporte une contribution importante à l'économie canadienne sous forme de centaines de millions de dollars d'activité économique. Bon nombre d'entreprises canadiennes s'occupent de préparation et de livraison de courrier international — des entreprises comme celle de M. Taschuck, Kirk Integrated Marketing, spécialisée dans les services de préparation du courrier. Ce sont littéralement des centaines d'imprimeurs, d'entreprises de préparation de courrier, de maisons postales, d'agents de marketing direct, de fabricants d'enveloppes, de sociétés de transport et de sociétés de livraison du courrier international — et des milliers d'emplois — qui sont menacés par les efforts de Postes Canada visant à faire disparaître ce secteur.
Monsieur le président, après avoir accepté pendant plus de 20 ans l'existence de sociétés privées de courrier international, Postes Canada a déposé il y a trois ans devant la Cour supérieure de justice de l'Ontario une requête visant à obtenir une interprétation étroite des dispositions de privilège exclusif de la Loi sur la Société canadienne des postes en disant qu'elle est la seule entité pouvant livrer du courrier à l'intérieur du Canada et à des destinations extérieures au Canada. Dans son interprétation de la Loi, la Cour a rendu une décision favorable à Postes Canada et a exercé son pouvoir discrétionnaire de faire fi de toutes les questions concernant les politiques publiques et le comportement historique de la Société des postes.
Nous respectons certes le rôle des tribunaux, monsieur le président, mais c'est aux membres de ce comité de la Chambre qu'il appartient de rendre une décision sur ce que voulait le législateur. Très respectueusement, il nous est difficile de croire que les parlementaires voulaient faire disparaître des emplois canadiens, ces emplois mêmes que Postes Canada a autorisés et acceptés pendant plus de 20 ans. Il s'agit ici d'une question d'intérêt public, de concurrence et d'équité. CIMA et ses membres discutent de cette question depuis plus de 18 mois avec des représentants du gouvernement et des parties prenantes de l'industrie et nous avons été enthousiasmés par l'appui sans équivoque que nous avons reçu de la plupart de vos collègues parlementaires, de tous les partis politiques, y compris du ministre Cannon et du Cabinet du Premier ministre, ainsi que de nombreuses associations commerciales nationales et régionales représentant maintes industries de tout le pays.
Nous avons reçu l'appui vigoureux de tous les partis il y a plusieurs mois mais nous attendons encore que le gouvernement règle cette injustice. Le marché que nous avons créé et développé avec beaucoup d'efforts au Canada est sur le point de nous être enlevé, ce qui obligerait des centaines d'entreprises canadiennes à réduire ou à interrompre leurs activités, voire à quitter le Canada pour aller s'établir dans des pays permettant ce genre de concurrence du secteur privé.
Qui profitera de la disparition de notre secteur? Paradoxalement, ce ne sera pas Postes Canada. À l'heure actuelle, les tarifs internationaux de Postes Canada ne sont dans la plupart des cas tout simplement pas compétitifs pour de nombreuses destinations étrangères. Je constate que Postes Canada a récemment offert certains tarifs internationaux très compétitifs dans certaines régions du pays, ce qui ne nous dérange pas, c'est ce qu'on appelle la concurrence.
Toutefois, il ne s'agit pas ici que de tarifs. Nos clients s'adressent à nous parce que nous leur offrons plus que de l'expédition postale. S'ils perdent leurs intermédiaires pour acheminer leur courrier international, la plupart quitteront le Canada pour aller s'adresser à un imprimeur américain, un réexpéditeur britannique ou une société de courrier internationale. Ils n'iront pas voir Postes Canada bien que certains y seront obligés, monsieur le président, comme les nombreux ministères fédéraux qui, ironiquement, utilisent nos services privés de courrier international depuis des années. En outre, en nous faisant disparaître, Postes Canada perdra aussi les recettes qu'elle reçoit actuellement de nos membres. L'un d'entre eux nous disait donner à lui seul entre 5 et 10 millions de dollars de recettes par an à Postes Canada. Nous faisons tous affaires avec Postes Canada.
Monsieur le président, la Société des postes connaît notre secteur depuis très longtemps. Elle a reconnu et légitimé notre droit de faire des affaires depuis des années. Dans l'une de ses publications internes de 1988 intitulée Manager, elle disait explicitement, et je cite : « Le courrier sortant n'est pas protégé par le privilège exclusif ». On ne saurait être plus clair. Je répète : « Le courrier sortant n'est pas protégé par le privilège exclusif ». C'est ce genre d'information dont les tribunaux ont choisi de ne pas tenir compte.
Quatre ans plus tard, dans son rapport annuel de 1992-1993, Postes Canada disait ceci : « Une partie du courrier sortant perdu aux expéditeurs transfrontaliers a été récupérée dans de nombreux secteurs commerciaux — gouvernement, finances, enseignement, etc. ».
Monsieur le président, on ne voit là aucune indication d'illégalité ou d'infraction à la Loi mais plutôt la reconnaissance publique que Postes Canada fait des progrès sur le plan de la concurrence. Ces exemples témoignent de l'incohérence flagrante de la Société. Pis encore, Postes Canada agit actuellement de manière discriminatoire en choisissant arbitrairement quand et contre qui elle imposera le privilège exclusif qu'elle vient de découvrir. Ces messages contradictoires sont une source de confusion et de préoccupation pour des centaines de petits entrepreneurs qui sont maintenant obligés de se méfier par crainte de représailles éventuelles de la Société des postes.
Monsieur le président, la société de M. Taschuk est l'une des nombreuses sociétés qui doivent aujourd'hui se méfier de ce qu'elles font, ce qui n'est pas normal. La menace est souvent très explicite. Dans une lettre du 7 août 2006 adressée à l'Association nationale des grands usagers postaux, Postes Canada disait que :
Comme vous pouvez le voir, nous n'avons agi que dans les cas les plus flagrants. Nous n'avons pas intenté de poursuites ni mené d'enquêtes dans les cas où, par exemple, un imprimeur du Canada imprime des documents pour un client américain, transporte les documents au-delà de la frontière, acquitte les droits et taxes américains et dépose les articles dans les réceptacles postaux de USPS. Étant donné toutes les autres priorités de Postes Canada, il n'est même pas concevable qu'une telle enquête puisse être menée. Toutefois, nous nous attendons à ce que nos clients respectent la Loi.
Monsieur le président, les membres de CIMA s'interrogent sur le sens de cette lettre qui ne les rassure aucunement quant à l'avenir de leurs activités.
Récemment, le STTP affirmait que des millions de Canadiens des régions rurales seraient affectés et que des emplois syndiqués seraient perdus si notre secteur était autorisé à fonctionner. Or, ce secteur n'a entraîné aucune diminution de la qualité du service postal rural. Il suffit de se pencher sur les résultats de la Société des postes pendant les 10 dernières années, et même avant, pour constater que celle-ci a continuellement enregistré des profits alors que notre secteur fonctionnait et se développait. Nous sommes présents dans ce secteur depuis plus de 20 ans et nous n'avons jamais entendu le STTP se plaindre de pertes d'emplois. Aujourd'hui, d'un seul coup, il prétend que nous essayons de nuire au privilège exclusif de Postes Canada, ce qui n'est absolument pas le cas. Nous nous battons pour préserver le statu quo.
Les seules pertes d'emplois que l'on constate aujourd'hui et que l'on continuera de constater se produiront dans les petites entreprises de notre secteur au Canada, pas au STTP. Nous ne sommes pas ici pour demander quelque chose de nouveau. Nous ne réclamons pas un statut spécial. Nous demandons simplement la possibilité la possibilité de rester en affaires et de protéger le gagne-pain de nos employés en maintenant l'avantage compétitif dont bénéficie le Canada pour attirer des investissements étrangers. Il y a largement assez de place au Canada pour que les sociétés privées et la Société des postes se fassent concurrence comme c'est le cas dans la plupart des autres pays et comme c'est le cas ici depuis plus de 20 ans.
Monsieur le président, nous avons attendu patiemment la résolution de ce problème pendant plusieurs mois, surtout après que le ministre Cannon ait déclaré en Chambre le 26 octobre 2006 qu'il annoncerait dans les semaines suivantes des mesures concrètes comportant des changements qui obtiendraient l'appui d'une majorité écrasante des parlementaires de tous les partis. À cette fin, nous implorons respectueusement votre comité d'exercer son pouvoir de préparer un rapport et d'adresser le plus rapidement possible une motion à la Chambre lui recommandant d'annoncer sans retard les changements qui corrigeont cette injustice et nous permettront de continuer nos activités comme nous le faisons depuis plus de deux décennies.
Laissons les entreprises canadiennes faire concurrence sur les marchés internationaux afin que tout le monde y gagne en préservant des emplois au Canada au lieu de laisser Postes Canada les chasser à l'étranger.
Nous vous remercions de nous avoir permis de comparaître devant votre comité et répondrons avec plaisir à toutes vos questions.
Au nom du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, je tiens à vous remercier de la possibilité qui m'est offerte de m'exprimer devant le comité.
Le STTP représente 54 000 travailleurs et travailleuses de tout le pays occupant des emplois en milieu urbain et rural. La plupart de nos membres travaillent à Postes Canada.
J'aimerais dire tout d'abord que je suis très heureuse que vous m'ayez demandée de m'exprimer à la fois sur la réexpédition postale internationale et sur la livraison du courrier en milieu rural car ces deux questions sont reliées bien qu'elles ne soient pas complémentaires. Comme vous le savez, le gouvernement fédéral a donné à Postes Canada l'instruction de rétablir et de maintenir la livraison du courrier en milieu rural et de respecter toutes les lois pertinentes, comme le Code canadien du travail et ses dispositions sur la santé et la sécurité. Bien que nous ayons des préoccupations quant à la mise en oeuvre de cette directive, nous nous réjouissons de son orientation fondamentale ainsi que de la motion de M. Lui Temelkovski donnant à Postes Canada l'instruction de maintenir la livraison du courrier en milieu rural et de protéger la sécurité publique, motion qui a été adoptée à l'unanimité par le Parlement en octobre dernier.
La directive concernant la livraison du courrier en milieu rural constitue une bonne décision qui risque cependant d'être complètement minée par la récente décision du gouvernement de se pencher sur les problèmes des entreprises de réexpédition postale internationale et, éventuellement, d'adopter une loi pour y mettre fin. Permettez-moi de vous indiquer tout d'abord comment je perçois ces problèmes.
Les expéditeurs ou réexpéditeurs internationaux soutiennent que Postes Canada tente d'étendre son privilège exclusif et de nuire aux petites entreprises qui s'occupent de courrier international, alors que bon nombre des réexpéditeurs sont en réalité de très grandes entreprises et que certaines travaillent avec de grands services postaux nationaux.
Les entreprises de réexpédition postale du Canada recueillent des lettres et les expédient dans d'autres pays, généralement des pays en développement, où elles sont triées puis postées à un tarif inférieur. Ce tarif inférieur est attribuable au fait que le système postal international, qui comprend deux niveaux, a été conçu en partie pour pallier les différences entre pays développés et pays en développement. Les réexpéditeurs ramassent donc le courrier et l'expédient mais Postes Canada détient le privilège exclusif de ramasser, de transmettre et de livrer les lettres au Canada. Voilà donc le fond du problème pour les entreprises de réexpédition.
Après avoir cherché une solution à ce problème pendant plusieurs années, Postes Canada a intenté avec succès des poursuites contre les entreprises de réexpédition. Certains réexpéditeurs ont eu six mois pour sortir du marché. C'est alors que la Canadian International Mail Association, coalition de sociétés privées de réexpédition postale du Canada et de l'étranger, a commencé à faire du lobbying auprès des députés. Ce lobbying coïncidait idéalement avec la dernière campagne électorale, que l'Association a utilisée pour exiger un examen parlementaire du privilège exclusif de la Loi sur la Société canadienne des postes. Il lui a fallu environ un an mais il semble qu'elle ait réussi à convaincre le gouvernement de revoir le privilège exclusif.
En décembre, le ministre Lawrence Cannon a déclaré en Chambre son intention de se pencher sur les problèmes des réexpéditeurs internationaux et d'examiner les options législatives. À notre avis, le gouvernement risque de mettre en péril la capacité de Postes Canada d'offrir un service postal universel, en particulier dans les régions rurales et éloignées, s'il accède aux demandes des réexpéditeurs internationaux en retirant les lettres internationales du privilège exclusif de la Société.
Comme vous le savez, Postes Canada détient le privilège exclusif de ramasser, de transmettre et de livrer les lettres, y compris les lettres internationales, afin de financer son obligation de service universel. Lorsque les députés ont adopté à l'unanimité en 1981 la Loi sur la Société canadienne des postes en dotant celle-ci d'un privilège exclusif, ils savaient que le service universel à tarif uniforme représentait une forme de subventionnment des collectivités rurales et isolées par les collectivités urbaines. À l'époque, on estimait que le coût de livraison du courrier dans les régions rurales et isolées représentait de six à 10 fois le tarif postal courant d'une lettre standard.
Fournir un service universel dans un pays immense comme le nôtre, avec l'un des tarifs postaux les plus bas de tous les pays du G-8, est très difficile dans le meilleur des cas. Notre syndicat craint très sérieusement que la réduction du privilège exclusif menace les revenus de la Société et, en fin de compte, le service postal public et les emplois qui s'y rattachent.
Récemment encore, le gouvernement semblait partager cette analyse. Dans une lettre du 25 juillet 2006, le ministre Cannon disait, et je cite :
Les activités des entreprises de réexpédition internationale coûtent des millions de dollars chaque année à Postes Canada et minent l'aptitude de la Société à maintenir un service postal national florissant et à fournir un service universel à tous les Canadiens.
Quand nous avons constaté que le gouvernement semblait changer d'avis, nous avons immédiatement écrit au ministre pour lui dire que nous souhaitions que l'examen récemment annoncé comprenne une étude des options envisagées, ainsi que la publication de l'étude elle-même, avec un débat public exhaustif sur toutes les propositions, devant déboucher sur un vote parlementaire.
Je tiens à dire que nous nous opposons à la révision et à la modification éventuelle du privilège exclusif de la Société canadienne des postes. La Loi, résultat de larges consultations entre les parlementaires, les regroupements d'entrepreneurs et les syndicats des postes, reste parfaitement logique. On ne perçoit aucune vague d'opposition à la Loi dans la population mais simplement une campagne, petite mais très puissante, menée par les concurrents de Postes Canada.
Notre position est que le privilège exclusif de Postes Canada a bien fonctionné et ne devrait pas être affaibli. Il permet à la Société des postes de dispenser partout au pays un service efficace et abordable de communication et de livraison, ce qui est tout un exploit dans un pays aussi vaste que le nôtre, avec une population aussi dispersée. Hélas, le gouvernement a déjà décidé d'entreprendre la révision et d'envisager des changements législatifs et nous affirmons donc aussi qu'il serait imprudent d'entamer ce processus sans un examen complet et public du privilège exclusif et de son incidence sur l'obligation de service universel.
Permettez-moi d'aborder maintenant la question du service rural et de la sécurité des employés. Comme vous le savez, certains de nos membres en zone rurale et suburbaine livrent le courrier dans des conditions assez dangereuses. Plusieurs se sont prévalus de leur droit de refuser de travailler dans des conditions dangereuses en invoquant le Code canadien du travail. Quand un travailleur se prévaut de ce droit, des agents gouvernementaux de santé et de sécurité doivent mener une enquête et juger si le travail peut être exécuté en toute sécurité ou non. Si les FFRS ne peuvent livrer le courrier en toute sécurité, la Société des postes assure la livraison dans des lieux de remplacement comme des bureaux de poste, des boîtes multiples ou des boîtes communautaires, certaines de ces dernières exposant le public aux mêmes types de dangers que nos membres.
Hélas, la Société n'a pas toujours consulté les propriétaires de boîtes aux lettres ni les représentants locaux du syndicat pour chercher des solutions permettant de maintenir le service et la sécurité. Néanmoins, Postes Canada et le STTP se réunissent à intervalles réguliers pour tenter de résoudre ces problèmes. Le Syndicat s'efforce de trouver une entente avec la Société sur l'exécution d'une étude nationale des 843 000 boîtes aux lettres rurales.
Dans le cadre de cette étude, nous voulons que Postes Canada accepte de collaborer avec les populations locales et les représentants du STTP qui ont une connaissance directe des problèmes de sécurité que pose la livraison du courrier. C'est à notre avis la seule méthode susceptible de permettre à Postes Canada de rétablir le service rural. Nous savons que de nouveaux problèmes continueront d'apparaître si la Société n'adopte pas cette démarche.
Le STTP est résolu à faire le nécessaire pour effectuer un examen national mais il estime que ce travail doit commencer immédiatement. Nous espérions que la directive du gouvernement nous aiderait à parvenir à une entente avec Postes Canada sur les questions pendantes afin de nous permettre de rétablir et de maintenir le service rural tout en préservant la sécurité des employés mais nous avons maintenant de sérieux doutes quant à l'engagement du gouvernement à l'égard du service postal rural.
Comme je l'ai déjà dit, nous croyons que le gouvernement risque de saper l'aptitude de Postes Canada à maintenir un service postal universel, en particulier en milieu rural, s'il décide de donner satisfaction aux réexpéditeurs internationaux en portant atteinte au mécanisme même qui permet de fournir ce service : le privilège exclusif. Voilà pourquoi nous implorons le gouvernement fédéral de mettre en oeuvre son excellente décision de rétablir la livraison du courrier en milieu rural, avec la décision complémentaire de préserver le privilège exclusif permettant de la financer.
Je vous remercie de votre attention.
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Permettez moi de répondre à cette question, monsieur le président.
Comme nous l'avons dit dans notre déclaration liminaire, le secteur comprend plusieurs entités différentes. Il ne s'agit pas seulement de sociétés de courrier international réexpédiant du courrier vers d'autres pays mais aussi de sociétés d'imprimerie, grandes et petites. On y trouve ainsi Quebecor, St. Joseph Print et Transcontinental Printing, ainsi que de petits imprimeurs qui travaillent par exemple pour une société américaine ou une société sud-africaine et envoient le courrier dans un autre pays.
Au fait, monsieur le président, c'est essentiellement aux États-Unis. Contrairement à ce que prétend le STTP, la majeure partie de cette activité postale internationale ne concerne les pays en développement puisque l'essentiel du courrier international va directement dans le service postal américain.
Prétendre que ce courrier destiné à l'étranger passe par des pays en développement et constitue de ce fait un abus de l'UPU est faux. En réalité, des pénalités sont imposées aux pays en développement par lesquels transitent des quantités excessives de courrier international émanant d'un autre pays et destiné aux pays industrialisés. Cela légitime d'ailleurs en soi cette activité.
Si vous considérez les sociétés de courrier international qui envoient du courrier dans un autre pays, il y en a probablement huit d'importance au Canada. Considérant les chiffres que nous avons pu réunir, cela représente environ 70 à 100 millions de dollars.
Cela dit, il y a aussi un certain nombre de petites sociétés que nous appelons des boutiques de lettres, des maisons postales, des maisons de films et même des imprimeries dont le travail au Canada consiste à trier le courrier, à le préparer puis à le transporter aux États-Unis par USPS. Cela représente 30, 40 ou 50 millions de dollars de plus.
En ce qui concerne l'activité économique générée par les imprimeries et les fabricants d'enveloppes qui approvisionnent ces entités, il s'agit de centaines de millions de dollars mais ce ne sont pas des sommes versées à Postes Canada. Nous parlons ici de sociétés internationales, en grande mesure, auxquelles des sociétés canadiennes font appel parce qu'elles offrent des tarifs préférentiels et un service de qualité. Si elles n'ont plus accès au courrier, elles n'auront quand même pas recours à Postes Canada parce que ses tarifs sont trop élevés et son service n'est pas de même qualité. C'est de l'argent qui sortira du Canada.
Globalement — et ceci me ramène à votre question —, il s'agit d'un secteur qui est à l'origine d'environ 300 millions de dollars d'activité économique. À eux seuls, les réexpéditeurs postaux internationaux représentent environ 70 millions de dollars de distribution réelle de courrier ne passant pas par Postes Canada.
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Ces réexpéditeurs internationaux, par exemple, avaient l'impression que, dans sa version anglaise, le paragraphe 14(1) de la Loi sur la Société canadienne des postes concernait un privilège « within Canada » ce qui, selon eux, désignait la distribution intérieure seulement. Certaines de ces sociétés sont entrées en activité dans les années 1980 et procèdent depuis lors au ramassage de courrier international pour le distribuer par le truchement de services postaux étrangers. C'est en 1995 ou 1996, je crois, que les premières poursuites ont été intentées.
Il y a donc 10 ou 12 ans que certaines de ces sociétés fournissent ce service sans avoir eu la moindre indication de Postes Canada qu'elles commettaient une infraction. La plupart de leurs dirigeants parlent anglais et ont interprété la Loi comme je viens de vous le dire. Ils n'ont pas lu la version française car, pour la plupart des Canadiens, si je ne me trompe, les deux versions sont équivalentes.
Ces entreprises se sont donc installées et ont commencé à ramasser ce courrier international afin de le distribuer par l'intermédiaire de services postaux étrangers. Leurs clients ont recours à elles pour des raisons diverses telles que le coût, la qualité du service ou, dans certains cas de marketing direct, parce qu'ils veulent donner l'impression que le courrier vient d'une adresse locale.
Cela a duré pendant une décennie sans aucune opposition. Puis, Postes Canada a jugé que c'était une activité illégale, alors qu'elle savait fort bien depuis longtemps ce que faisaient ces entreprises et qu'elle l'avait implicitement entériné. Je répète ce que disait la Société dans Manager en 1988 : « Le courrier sortant n'est pas protégé par le privilège exclusif ».
Ces entreprises avaient réussi à monter leur affaire en employant du personnel canadien et en réalisant un chiffre d'affaires au Canada même puis, 10 ans après, on leur dit que c'était illégal.
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Non, ma question concernait simplement votre approbation de ça. Merci.
Je voudrais faire une autre remarque concernant une réponse du ministre, dans une lettre que j'ai entre les mains :
Les activités des réexpéditeurs internationaux coûtent des millions de dollars chaque année à Postes Canada et minent l'aptitude de la Société à maintenir un service postal national sain et à fournir un service universel à tous les Canadiens.
Voici comment je réagis à tout cela, à titre de député. Vous faites votre travail au nom du secteur que vous représentez. Très franchement, d'aucuns pourraient dire qu'il y a là une échappatoire qui était passée inaperçue. Les tribunaux ont décidé qu'il y a un ministre qui répond, et il est difficile de contester le fait que son observation et sa responsabilité en tant que ministre sont que cette activité va miner l'aptitude de la Société à maintenir un service postal national sain. Je comprends donc votre point de vue et ce que vous faites puisque vous êtes ici pour représenter votre secteur. À votre place, je ferais la même chose.
Notre rôle à nous est de protéger le service des Canadiens. Donc, quand Mme Bourque dit que cela va miner le service postal rural, je pense que c'est ça le fil conducteur. Saper la capacité budgétaire d'une société, c'est comme avoir quelqu'un qui viendrait prendre de l'argent dans la poche de vos membres. Ça pourrait vous préoccuper. C'est ça qui se passe ici.
Mme Bourque, votre préoccupation est-elle le lien entre ce secteur et le service postal rural? Le ministre a dit dans la lettre du 25 juillet 2006 que cela minerait la capacité budgétaire de Postes Canada.
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Une dernière remarque, monsieur le président.
Je pense que ce que disait le ministre et ce que d'autres ont mentionné, c'est qu'il lance une nouvelle initiative pour préserver le service rural, et je pense que c'est là qu'il y a un lien.
Nonobstant votre position, nous parlons d'une Société qui essaye de fournir plus de service aux Canadiens. En dernière analyse, c'est ça que nous avons pour mission de préserver, le service dispensé aux citoyens canadiens. En ce qui concerne les citoyens ruraux, ça n'a pas été fait. Donc, il faut préserver la capacité de Postes Canada à fournir ce service, conformément à la Loi de 1981, selon les tribunaux, et c'est aussi ma position.
Vous pouvez comprendre cette position car vous parlez maintenant d'étendre le service. Or, si vous voulez étendre le service, vous aurez besoin d'une plus grande capacité budgétaire. Je suppose que c'est une réponse.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je m'adresse à Mme Bourque.
Je voudrais aborder deux sujets, le premier étant toute la question du service universel en contrepartie du monopole sur la réexpédition postale internationale et des autres monopoles dont bénéficie Postes Canada.
Je serais plus sensible à cet argument si j'avais l'assurance que la livraison du courrier en zone rurale était maintenue dans tout le pays mais ce n'est pas le cas. Dans ma circonscription, comme dans des douzaines d'autres, la livraison du courrier en zone rurale a été interrompue et son remplacement par la livraison dans des boîtes postales communautaires ne constitue pas à mes yeux le maintien du service postal rural.
Mon opinion est que, dans bien des cas de cette nature, il faut réexaminer l'outil qui est utilisé, ou le processus par lequel l'outil est utilisé, car nous avons des routes rurales dans ma circonscription où il passe littéralement 30 ou 40 automobiles par jour sur des routes de gravelle datant d'avant la Confédération où des gens qui recevaient leur courrier depuis près de 100 ans ou plus viennent soudainement de se faire dire que leur boîte aux lettres n'est plus sécuritaire. On vient soudainement de leur dire qu'ils devront aller chercher leur courrier 6, 7 ou 8 km plus loin. On vient soudainement de leur dire qu'il est dangereux qu'un seul employé des postes leur livre leur courrier dans leur boîte aux lettres rurale, dans 500 boîtes aux lettres individuelles, à cause de problèmes de sécurité, mais qu'il n'y a aucun problème si 500 Canadiens n'ayant reçu aucune formation sur la livraison du courrier en zone rurale vont tous garer leur voiture exactement au même endroit de ramassage sur la route pour prendre leur courrier dans une boîte collective.
J'ai donc du mal à accepter l'argument que Postes Canada doit protéger son monopole sur la réexpédition postale internationale si la livraison du courrier en zone rurale n'est pas rétablie. Il me sera incroyablement difficile d'être sensible à cet argument dans ce contexte.
Le deuxième sujet que je veux aborder, monsieur le président, est précisément celui de la livraison du courrier en zone rurale. Vos membres doivent comprendre que, si cette tendance continue, des emplois seront menacés car, très franchement, livrer le courrier de 100 adresses dans une seule boîte communautaire prend beaucoup moins de temps et exige beaucoup moins d'efforts que livrer le courrier dans 100 boîtes aux lettres individuelles le long d'une route rurale. Avec les tendances actuelles, si les 840 000 boîtes aux lettres de rurale doivent être examinées, et il semble que ce sera le cas, les membres de ce comité doivent savoir, et le public aussi, qu'on parle ici de centaines de milliers de boîtes aux lettres rurales qui ne recevront plus de livraison postale. On parle de centaines de boîtes aux lettres dans les circonscriptions rurales et cela aura des répercussions sur vos membres du point de vue de la planification future par la haute direction de la Société canadienne des postes. Cela aura des répercussions sur le service auquel s'attendent les Canadiens en région rurale.
Dans des régions comme la mienne, nous n'avons pas de base militaire, nous n'avons pas de centaines d'employés du gouvernement, nous n'avons pas de grands édifices gouvernementaux et, très franchement, nous n'avons aucune présence fédérale importante à part la livraison du courrier. C'est le seul service sur lequel comptent absolument les habitants de ma circonscription et c'est le service qui, nous l'espérons, sera rétabli au moyen d'efforts constructifs de Postes Canada, de ses employés et de son syndicat. À l'heure actuelle, ce service n'existe pas et, en qualité de représentant de ma circonscription, je peux vous dire que mes électeurs sont très mécontents.
:
Merci, monsieur le président et honorables membres du comité.
Permettez-moi de dire que c'est avec plaisir que je m'adresse à vous au sujet de Postes Canada et des personnes merveilleuses qui assurent la livraison du courrier dans notre pays. Cette séance est une grande occasion à mes yeux.
[Français]
Aujourd'hui, j'ai un autre plaisir, celui de vous présenter le président du conseil d'administration de Postes Canada, M. Gordon Feeney. Au cours des derniers mois, toute l'équipe de direction de Postes Canada — et je m'inclus dans ce groupe — a profité des conseils et de l'expérience de notre conseil d'administration, sous la gouverne de M. Feeney, afin de régler un certain nombre de défis.
[Traduction]
Vous connaissez fort bien certains des défis que doit relever la Société des postes.
Comme vous le savez, monsieur le président, on m'avait à l'origine demandé de comparaître au sujet du problème des réexpéditeurs postaux. Je serai bien sûre très heureuse de répondre à toutes les questions des députés sur n'importe quel sujet mais j'ai ensuite appris que des membres du comité avaient exprimé le souhait d'obtenir des précisions sur les progrès que nous réalisons en ce qui concerne la livraison du courrier en zone rurale. Je répondrai donc aussi avec plaisir aux questions à ce sujet.
Avant de commencer, je vous remercie de me donner l'occasion de vous donner quelques informations qui pourront vous être utiles, notamment sur la sécurité du processus de livraison du courrier en zone rurale.
Comme vous le savez, M. Tweed et les autres membres du comité, la livraison du courrier en zone rurale a entraîné au cours des deux dernières années 34 accidents dont certains ont causé des blessures à des employés de la Société. De fait, monsieur le président, rien qu'au cours des 12 derniers mois, deux employés ont perdu la vie en livrant du courrier en zone rurale. Nous avons donc pris certaines mesures, de nombreuses mesures, pour faire face à ces problèmes d'insécurité qui sont des problèmes très réels dans la livraison du courrier en zone rurale, tout en essayant de trouver un juste équilibre avec un autre souci extrêmement important pour Postes Canada, c'est-à-dire l'offre d'un service postal de qualité aux Canadiens.
Nous avons neuf décisions d'agents de sécurité de Travail Canada concernant la livraison du courrier en zone rurale. Nous avons porté ces neuf décisions en appel car, à notre avis, certaines vont trop loin, mais je tenais à les mentionner car je pense que cela confirme qu'il y a en matière de livraison postale en milieu rural de vrais problèmes de sécurité qu'il importe de régler.
Je sais fort bien, en ma qualité de PDG de Postes Canada, et vous le savez aussi en votre qualité de membres de ce comité, que tous les employeurs ont le devoir proactif de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de leurs employés. D'ailleurs, cette responsabilité est maintenant une responsabilité pénale qui incombe à tous les PDG et membres des conseils d'administration.
Nous avons donc pris plusieurs mesures, monsieur le président. Nous avons engagé des experts pour nous conseiller. Je ne suis pas une experte en matière de trafic routier ni en matière d'ergonomie. Nous avons deux types de problèmes de sécurité à régler en ce qui concerne la livraison du courrier en zone rurale. Le premier, que chacun comprend facilement, est celui de la sécurité routière. Bon nombre de routes qui étaient des routes de campagne il y a 40 ans ne le sont plus aujourd'hui. Elles traversent des zones urbanisées, ce qui oblige nos employés à livrer le courrier dans certaines boites aux lettres qui se trouvent aujourd'hui dans ce qu'on peut considérer comme de grandes routes très achalandées. Nous avons des gens qui livrent le courrier dans des situations où le trafic n'est peut-être pas trop chargé mais où il y a maintenant des panneaux et des lois provinciales interdisant absolument tout arrêt de véhicule ou tout arrêt le long de routes ayant des accotements de plus en plus étroits. Voilà le premier problème pour lequel nous avons fait appel à des experts
Le deuxième problème n'est peut-être pas aussi facile à comprendre mais je répondrai aussi volontiers à vos questions à ce sujet. Il s'agit des dangers ergonomiques. Je ne comprenais pas moi-même la nature de ce problème avant d'obtenir des informations très détaillées sur l'évolution considérable de la science ergonomique au cours des 20 dernières années.
Nous savons aujourd'hui que des mouvements répétitifs qui peuvent ne pas causer de blessures dans l'immédiat peuvent en causer à longue échéance. Avec nos experts, nous avons élaboré un outil qui nous permet d'analyser chaque boîte postale du Canada pour déterminer si elle pose ou non un problème de sécurité.
Je peux donner l'assurance à chaque membre du comité que Postes Canada est déterminée à livrer le courrier en zone rurale dans chaque boîte postale sécuritaire. Nous avons fourni à nos chauffeurs des feux de signalisation et des panneaux qui les rendent plus visibles sur les routes. Nous avons lancé un vaste programme de formation qui permettra à 15 000 de nos employés et superviseurs de bien comprendre les procédures de sécurité au travail.
Pour nos clients, nous avons lancé une approche très personnalisée. Quand nous faisons face à un cas difficile, et il y en a, le client peut téléphoner à un centre d'appel spécialisé ouvert 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, pour obtenir des réponses à ses questions. Nous faisons absolument tout notre possible pour conserver ou rétablir tout service qui a pu être interrompu et pour maintenir la livraison dans les boîtes aux lettres rurales.
Je vous remercie, M. Tweed, de m'avoir donné l'occasion de vous parler des problèmes qui se sont posés en matière de livraison postale dans le Canada rural et de ce que fait Postes Canada pour les résoudre.
Je remercie mon collègue de me laisser un peu de temps. Je remercie surtout mon collègue qui est membre de ce comité, parce que nous vivons un problème particulier en région dont je veux vous faire part.
Je vous ai écrit et je n'ai pas eu de réponse. J'ai parlé au ministre, qui m'a dit de m'adresser à vous. Comme vous ne m'avez pas donné de réponse, mon collègue , que je remercie beaucoup, vous a conviée devant le comité. Donc, j'ai demandé d'avoir la possibilité de vous poser une question en tant que député d'Abitibi-Témiscamingue.
La semaine dernière, j'ai déposé une pétition de plus de 5 000 noms à la Chambre des communes, demandant le maintien du bureau de poste de Noranda, dans ma circonscription d'Abitibi-Témiscamingue. Dans la ville de Rouyn-Noranda, le bureau de poste Noranda dessert une population âgée. Quand je dis que la population est âgée, madame la présidente-directrice générale, je parle de gens dont la moyenne d'âge se situe entre 55 et 80 ans.
La réponse extraordinaire que quelqu'un de chez vous m'a donnée, c'est que ces gens avaient le service postal dans un rayon de quatre kilomètres et comme de toute façon ils allaient faire leur marché, ils n'avaient qu'à se débrouiller pour se rendre chercher leur courrier à un comptoir postal situé à 1,8 kilomètre plus loin.
Madame, Postes Canada n'est-elle pas obligée de donner un service? On m'a dit que c'était dans le plan d'affaires, que c'était une décision d'affaires. Je dis que c'est une décision d'affaires qui ne tient plus compte de la population qu'elle doit desservir. Je ne parle pas de repostage — mon confrère va en parler — ni de colis, je parle de la poste ordinaire.
Comment cela se fait-il? Qu'est-il arrivé à ce bureau de poste qui est rentable, dont les profits ont été de 250 000 $ l'année dernière? Je vous pose la question. Quelle était la décision d'affaires? Comment pouvez-vous prendre des décisions aussi dures pour une population vieillissante?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, Mme Greene et M. Feeney, d'être venus aujourd'hui.
Il y a eu beaucoup de changements depuis que nous avons déposé la motion en Chambre mais M. Tilson dit que nous continuons à recevoir des appels, encore aujourd'hui, sur la fermeture de boîtes rurales. Nous comprenons qu'on ne met pas fin au service sur des routes complètes mais seulement sur des parties de routes, qu'il y a des évaluations, etc., mais les Canadiens perdent peu à peu confiance envers la Société des postes et nous vous demandons comment y remédier
Vous avez mentionné plusieurs choses que vous avez faites depuis la directive, comme accélérer le processus et utiliser cet outil fantastique, ce qui a permis de rétablir le service dans certains cas.
À la troisième page de votre mémoire, au premier paragraphe, vous dites ceci : « En utilisant l'outil de sécurité développé par les experts indépendants, nous avons été en mesure de rétablir et de continuer la livraison à plus de 4 000 boites aux lettres rurales depuis décembre ». Sur les 4 000, pouvez-vous nous dire dans combien de cas la livraison a été maintenue et dans combien elle a été rétablie?
[Français]
J'ai deux questions à poser et d'autres commentaires à faire.
[Traduction]
Mes électeurs sont très mécontents, tout comme moi. Dans ma région de l'Ontario, le sud-ouest, la présence du gouvernement fédéral est très mince. De fait, il n'y a quasiment aucune présence du gouvernement fédéral à part Postes Canada, et Postes Canada ne s'acquitte pas de son obligation de livrer le courrier dans les boîtes aux lettres rurales.
C'est la seule présence du gouvernement du Canada et le service n'est pas fourni. Très franchement, c'est bien gênant. Il s'agit de l'un des éléments les plus fondamentaux d'une civilisation, et je ne fais généralement pas dans l'hyperbole. Transmettre efficacement des messages d'un point A à un point B est l'une des caractéristiques essentielles des civilisations depuis des millénaires et nous ne semblons plus être capables de le faire.
En outre, quand je vous entends parler de profit, je veux vous rappeler, puisque je viens du secteur privé, que vous n'êtes pas une société privée à but lucratif. Je me moque bien de votre excédent brut d'exploitation. Vous n'avez qu'un seul actionnaire — le gouvernement du Canada — et vous avez un monopole. Vous êtes aussi investis d'un devoir sacré. Le gouvernement vous a donné un monopole — le service postal — et nous nous attendons en contrepartie à ce que le courrier soit livré dans les régions moins rentables, dans les régions très isolées du pays, dans des régions comme le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et les régions rurales. Nous nous attendons à l'universalité et nous nous attendons à ce que le courrier rural soit livré mais, si vous n'êtes pas capables de vous acquitter de votre devoir sacré, je ne vois pas, très franchement, pourquoi vous devriez avoir un monopole.
Je suis l'un des parlementaires qui croient à la nécessité des services publics. Je crois que les sociétés d'État et les organismes publics ont un rôle à jouer pour dispenser les services dont les Canadiens ont besoin mais, très franchement, dans ma circonscription et dans celles de M. Tilson et des membres de l'opposition, j'en arrive à croire que votre Société n'est plus capable de livrer le courrier conformément à son devoir sacré. Franchement, si vous ne pouvez pas livrer le courrier à la limite des propriétés, il est peut-être temps de demander à quelqu'un d'autre de le faire.
C'est quelque chose qui est très important pour de nombreux Canadiens et c'est un élément fondamental très important de la notion de société civilisée. Donc, quand je vous entends dire que vous allez livrer le courrier et rétablir le service, je vous entends aussi y mettre une condition en disant que ce sera dans chaque boîte aux lettres sûre et le problème vient peut-être de votre définition de la sécurité.
L'autre chose que je veux ajouter concerne la présentation de statistiques au comité. Je sympathise profondément avec les employés concernés mais, quand j'entends dire qu'il y a eu 34 accidents et deux morts, si je vous disais qu'il y a eu au Canada 34 accidents et deux morts de personnes conduisant des Impalas de Chevrolet, ça ne dirait rien à personne. Je crois qu'il est temps d'être beaucoup plus franc avec le comité quand on donne des statistiques de cette nature et quand vous venez nous dire que vous allez rétablir la livraison du courrier dans chaque boîte aux lettres sûre.
J'entends ça depuis des mois et, très franchement, je suis l'un des parlementaires qui perdent peu à peu confiance dans l'aptitude de Postes Canada à dispenser un service essentiel à des centaines de milliers de Canadiens des régions rurales. Dans votre témoignage, vous avez dit que 68 p. 100 des boites aux lettres évaluées jusqu'à présent sont sûres. Autrement dit, 32 p. 100 ne le sont pas. Si c'est la tendance pour les 840 000 boîtes aux lettres restantes, ça signifie que 240 000 Canadiens n'auront bientôt plus droit à la livraison postale rurale. À mon avis, c'est complètement inacceptable.
Merci, monsieur le président.