Je vous souhaite la bienvenue à 36e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 7 novembre 2006, nous sommes saisis du projet de loi C-6, Loi modifiant la loi sur l'aéronautique et d'autres lois en conséquence.
Nous accueillons aujourd'hui Nick Stoss, du Bureau de la sécurité des transports du Canada, Faye Smith, du Tribunal d'appel des transports du Canada, et Michael Wing et Michael Teeter, de l'Union canadienne des employés des transports.
Je ne sais pas si les témoins se sont entendus sur l'ordre de comparution. Quelqu'un veut-il commencer?
M. Stoss, vous avez sept minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Au nom du Bureau de la sécurité des transports du Canada, je suis très heureux de comparaître devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités pour participer à son étude du projet de loi C-6, Loi modifiant la loi sur l'aéronautique.
La dernière fois que le BSTC a comparu devant le comité remonte au mardi 13 juin 2006. À cette occasion j'accompagnais notre présidente, Wendy Tadros et nous avions souligné que la mission du Bureau de la sécurité des transports, au titre de la Loi sur le BCEATST, consiste à promouvoir la sécurité du transport aérien, maritime, ferroviaire et par pipeline en procédant à des enquêtes indépendantes sur certains accidents et incidents de transport afin d'en dégager les causes et les facteurs contributifs, à identifier les carences touchant la sécurité, à faire des recommandations pour y remédier et, finalement, à publier des rapports.
Nous avions également souligné l'importance de préserver l'indépendance du BSTC par rapport aux autres ministères car c'est le facteur essentiel qui assure la confiance du public à l'égard de notre travail.
Comme cette séance du comité est consacrée au projet de loi C-6, j'aimerais vous donner le point du vue du BSTC.
En vertu des dispositions du projet de loi, Transports Canada est le ministère directement touché par les changements apportés à la Loi sur l'aéronautique. Bien que le BSTC ne soit pas régi par la Loi sur l'aéronautique, son rôle consiste à analyser les circonstances de chaque événement à l'aune des dispositions de la Loi sur l'aéronautique. De ce fait, il tire des conclusions sur le respect de la Loi, des règlements correspondants et habilitants ainsi que des autres textes pertinents.
Voici les modifications apportées par le projet de loi C-6 qui sont susceptibles d'avoir une incidence sur la manière dont nous nous acquittons de notre mandat.
Premièrement, en vertu des dispositions de la Partie II de la Loi, le ministère de la Défense nationale disposera de la législation nécessaire pour mener des enquêtes d'une manière quasiment identique au BSTC. Toutefois, ces dispositions ne s'appliqueront qu'aux enquêtes menées par le ministère de la Défense nationale sur les accidents ou incidents militaires mettant en cause des civils.
Deuxièmement, les dispositions de la Partie I régiront la mise sur pied d'un système de déclaration volontaire et non punitif. Ce concept de système confidentiel et non punitif devrait avoir une incidence positive sur la déclaration des situations dangereuses au sein du réseau de transport aérien. Bien que le BSTC dispose déjà d'un système de rapports confidentiels appelé SECURITAS, l'élément non punitif en est absent. Le BSTC participe actuellement à un groupe de travail avec Transports Canada et l'industrie pour mettre sur pied ce nouveau système.
Troisièmement, les dispositions du projet de loi C-6 concernant les systèmes de gestion de la sécurité intéressent également le BSTC, notamment parce que cette nouvelle approche offre la possibilité d'améliorer considérablement la déclaration et la résolution précoces des carences réelles ou apparentes.
Le projet de loi C-6 permettra également de protéger les informations recueillies au moyen des systèmes de gestion de la sécurité. Ce facteur offre des possibilités réelles d'améliorer la qualité des informations signalées et analysées.
Cela met fin à ma déclaration liminaire et je serais très heureux de répondre à vos questions, monsieur le président.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour répondre à vos questions sur le Tribunal d'appel des transports du Canada. Je vais vous donner un bref aperçu des fonctions du Tribunal.
[Français]
Le Tribunal d'appel des transports du Canada est un organisme quasi judiciaire établi en vertu de la Loi sur le Tribunal d'appel des transports du Canada. Il remplace le Tribunal de l'aviation civile créé en vertu de la partie IV de la Loi sur l'aéronautique suivant les recommandations de M. le juge Charles Dubin dans son rapport sur la sécurité aérienne.
Le rapport Dubin, publié en 1982, se divise en trois parties. Pour paraphraser les propos de M. le juge Dubin, il souhaitait accroître l'importance accordée à l'application des règlements. De cette orientation est né le programme actuel dont l'objectif est d'assurer au milieu des transports un processus indépendant permettant la révision des mesures d'application des règlements et des décisions portant sur la délivrance des licences prises par le ministre des Transports.
[Traduction]
En mettant sur pied un Tribunal spécialisé quasi judiciaire, on a décriminalisé la procédure d'application des règlements, ce qui est parfaitement légitime puisque les infractions aux règlements ne sont pas totalement de nature criminelle. Dans sa législation, le ministère des transports se réserve le droit d'intenter des poursuites pénales sur les infractions les plus graves. Par conséquent, les causes touchant l'application des règlements ont été retirées du champ pénal pour être renvoyées devant le Tribunal, avec des sanctions administratives pécuniaires pouvant aller de 5 000 $ si l'infraction est commise par un particulier à 25 000 $ si elle est commise par une entreprise. En ce qui concerne les infractions les plus graves, le ministre peut imposer une suspension de licence.
Je constate que, selon le projet de loi C-6, la sanction monétaire infligée à un individu pourrait aller jusqu'à 50 000 $ et, à une entreprise, 250 000 $.
Comme je l'ai déjà dit, outre les causes reliées à l'application des règlements, le Tribunal peut aussi être saisi de causes portant sur les décisions d'octroi de licences par le ministre des Transports. Ces causes concernent les qualifications requises pour détenir divers documents d'autorisation et peuvent porter sur des questions d'ordre médical ou autre.
[Français]
Avant que le Tribunal de l'aviation civile ne soit constitué, le 1er juin 1986, les causes ayant trait aux qualifications pour être détenteur d'une licence de pilote ou aux conditions de délivrance ou de maintien en état de validité des certificats d'exploitation aérienne étaient entendues selon le Règlement de l'Air en vigueur à ce moment-là.
Une requête en révision d'une décision de suspendre un tel document n'était pas entendue par un organisme indépendant. La révision était plutôt faite par une personne travaillant au ministère des Transports, habituellement à un échelon plus élevé que la personne qui avait initialement envoyé l'avis de suspension. Même si ce système était constitué de plusieurs sauvegardes et directives, les gens ordinaires n'y voyaient pas un processus de révision très indépendant, puisque la révision se faisait au sein du même ministère.
[Traduction]
C'était en fait ce que visait M. le juge Dubin lorsqu'il affirmait que les causes concernant des suspensions devraient être jugées par un Tribunal indépendant composé de membres impartiaux et experts dans le domaine de l'aviation.
Les causes dont il s'agit peuvent porter sur l'imposition de sanctions monétaires, la suspension, l'annulation ou le refus de renouveler une licence, ou le refus de délivrer ou de modifier des documents d'autorisation pour des raisons d'ordre médical ou autre. La personne ou l'entreprise affectée est désignée sous le nom du titulaire du document.
Les audiences d'examen et d'appel se tiennent rapidement et simplement conformément aux règles d'équité et de justice naturelle, lesquelles exigent que la personne ou l'entreprise affectée ait le droit d'être entendue par un agent objectif et impartial. À la conclusion d'une audience, le Tribunal peut confirmer la décision du ministre, y substituer sa propre décision ou encore renvoyer l'affaire devant le ministre pour un nouvel examen.
[Français]
Les principes de base régissant le tribunal sont l'indépendance et l'expertise. L'expertise démontrée et le soin judicieux apporté dans l'exécution du mandat du tribunal assurent au milieu des transports canadien un degré d'efficacité accru.
[Traduction]
Le président du Tribunal est également son directeur général et c'est le Tribunal qui fixe les orientations et assure la surveillance nécessaire pour faciliter l'exercice de ses attributions.
Les conseillers à temps partiel du Tribunal proviennent des diverses régions du Canada et sont nommés par décret du conseil en raison de leurs connaissances et de leurs compétences. Le siège du Tribunal se trouve dans la Région de la capitale nationale.
Pour les causes concernant l'application des règlements, les audiences se tiennent normalement là où s'est produit l'évènement. En ce qui concerne les causes d'ordre médical, l'audience se tient le plus près possible du lieu de résidence du titulaire du document.
Outre les conseillers à temps plein et à temps partiel — il y a deux conseillers à temps plein — le Tribunal a huit employés en tout. Au cours des 20 dernières années, nous nous sommes penchés sur une moyenne de 250 à 300 dossiers par an dont environ 60 à 80 ont fait l'objet d'une audience. Évidemment, bon nombre de causes sont réglés avant cette étape.
Au cours des années, le Tribunal a démontré que ses pratiques et procédures sont empreintes de souplesse et de simplicité, à un point tel qu'il est devenu un exemple des meilleures pratiques du secteur public. Cette façon de faire a donné de bons résultats car le Tribunal a toujours pris la peine de garder ses procédures simples et accessibles pour les requérants de façon à leur fournir des recours efficaces en ce qui concerne certaines décisions administratives.
Le processus informel et les règles simplifiées permettent aux titulaire de document de se défendre lui-même sans avoir recours à un avocat, bien que ce recours soit évidemment autorisé. Quand un requérant dépose une requête auprès du Tribunal, il se voit remettre un exemplaire du guide relatif aux audiences. Le requérant n'a jamais de frais à payer pour s'adresser au Tribunal et nous sommes heureux d'avoir pu agir de cette manière jusqu'à présent.
Un bref examen des activités du Tribunal révèle deux choses. Premièrement, le Tribunal semble réussir à régler rapidement les causes dont il est saisi et il a certainement eu plus de succès à cet égard que l'ancien système, Deuxièmement, il semble aussi que l'existence même du Tribunal comme mécanisme de révision des mesures d'application des règlements et des décisions touchant les licences ait créé un environnement propice au règlement des litiges entre le ministère des Transports et ceux qu'il réglemente. Autrement dit, notre existence même incite les parties à se parler, ce qui permet de résoudre de nombreuses questions, les autres pouvant faire l'objet d'une audience.
Je vous remercie de votre attention et répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président, de nous donner l'occasion de participer à vos délibérations sur le projet de loi C-6 modifiant la Loi sur l'aéronautique.
Comme nous le savons tous, ce projet de loi n'est pas récent et, en fait, Transports Canada agit comme s'il avait déjà été adopté. Si vous avez l'impression que mes paroles expriment une certaine frustration, vous ne vous trompez pas.
L'Union canadienne des employés des transports représente la grande majorité des inspecteurs chargés de s'assurer que les transporteurs aériens et les aéroports du Canada sont sécuritaires et que les règles sont respectées. Les membres du syndicat s'acquittent des obligations du gouvernement exprimées dans les responsabilités du ministre des Transports et clairement énoncées dans la Loi sur l'aéronautique. Ces responsabilités sont énoncées à l'article 4.2 de la Loi, qui prend plus d'une page de texte imprimé en petits caractères et débute comme suit :
Le ministre est chargé du développement et de la réglementation de l'aéronautique, ainsi que du contrôle de tous les secteurs liés à ce domaine.
On trouve ensuite 10 fonctions précises qui sont attribuées au ministre mais les deux sur lesquelles je veux attirer votre attention sont les suivantes : « procéder à des enquêtes, à des études et à des rapports sur l'exploitation et le développement des services aériens commerciaux effectués à l'intérieur, à destination ou en provenance du Canada » et « procéder à des enquêtes sur tout aspect intéressant la sécurité aéronautique ».
Le ministre assume donc clairement la responsabilité de la réglementation, de la supervision, des enquêtes et des rapports sur toutes les questions touchant le transport aérien au Canada. Ce sont les membres de l'UCET qui exécutent les fonctions correspondantes en rendant des comptes au ministre et au gouvernement.
La question que je me pose et que vous devez vous poser en tant que législateurs est de savoir si les responsabilités du ministre sont exercées de manière adéquate et dans l'intérêt du public par le truchement du processus de désignation, du processus de délégation du système de gestion et du processus de divulgation avec exemptions de confidentialité qui sont les pierres angulaires du projet de loi C-6.
Nous avons la conviction que les attributions du ministre ne pourront pas être exercées si ces dispositions du projet de loi sont adoptées. En effet, en approuvant ces modifications, le gouvernement va s'exposer et exposer le public à une détérioration de la sécurité du transport aérien. Nous croyons que le ministre ne pourra pas s'acquitter efficacement de ses obligations à cause de l'étendue de la délégation de pouvoir aux transporteurs qui est envisagée dans le projet de loi.
Tous les partis représentés à la Chambre des communes ont appuyé la Loi fédérale sur la responsabilité. Nous ne pensons pas que les principes énoncés dans cette nouvelle loi fédérale pourront être respectés avec les exemptions de non-divulgation et les exemptions à la Loi sur l'accès à l'information qui sont proposées dans le projet de loi au profit des compagnies aériennes et de leurs associations.
Comment les principes de la Loi fédérale sur la responsabilité pourraient-ils être protégés et défendus avec un projet de loi autorisant les compagnies aériennes à ne pas divulguer au public des infractions graves à la sécurité? Comment le public pourrait-il avoir l'assurance que le ministre s'est acquitté de ses devoirs s'il est pas tenu de rendre compte de cette divulgation? Cela ne va-t-il pas à l'encontre des dispositions de la LFR et des principes qui la fondent? Cela ne va-t-il pas à l'encontre des responsabilités du ministre et du gouvernement clairement énoncées dans les dispositions de la Loi sur l'aéronautique?
Chacun sait que le plan mis en oeuvre au moyen de ce projet de loi est en réalité destiné à réduire le nombre d'inspecteurs gouvernementaux, apparemment pour permettre à Transports Canada d'économiser de l'argent. Il s'agit aussi à notre avis d'un projet destiné à éviter l'élaboration d'un plan adéquat de gestion et de formation des ressources humaines pour la Direction de l'inspection du transport aérien, notamment à la lumière des paramètres démographiques de la collectivité des inspecteurs. Il est évident que les membres actuels et futurs de l'UCET subiront le contrecoup de cette démarche et que nos intérêts sont manifestement contraires à ceux qui fondent le projet de loi C-6.
En même temps, nous ne sommes pas convaincus que la sécurité du transport aérien et du public doive être jugée à l'aune de bilans financiers ni qu'elle puisse être le moindrement compromise étant donné les responsabilités claires du gouvernement à cet égard.
Nous allons même jusqu'à dire que cette démarche est devenue le succédané d'une gestion adéquate et judicieuse de la fonction d'inspection. Vous n'avez pas à me croire sur parole, vous n'avez qu'à consulter les avis éclairés d'experts tels que le juge à la retraite de l'Alberta Virgil Moshansky qui s'est penché attentivement sur la sécurité du transport aérien à la suite de l'écrasement en 1989 d'un avion d'Air Ontario à Dryden et qui s'est exprimé depuis publiquement à ce sujet. Le juge Moshansky a été largement cité au cours des années et j'attire notamment votre attention sur une série d'articles excellents publiés en juin 2006 dans le Toronto Star. Dans l'un de ces articles, il disait ceci :
Je doute que des « relations de partenariat »... correspondent aux meilleurs intérêts de la sécurité du transport aérien. Il se peut, si elles deviennent trop intimes, qu'elles laissent passer des choses.
Le juge Moshansky a toujours dit qu'un service d'inspection sain et indépendant est essentiel pour la sécurité du transport aérien, avis que nous partageons sans réserve. L'UCET et les organisations représentant les pilotes et les employés des compagnies aériennes ont déjà exprimé leur avis sur le projet de loi C-6 et témoigneront encore devant vous. Vous pourrez constater l'uniformité de nos positions à tous.
Les agents du gouvernement et les compagnies aériennes vous présenteront la thèse contraire et c'est à vous, législateurs, qu'il appartiendra de déterminer ce qui est conforme à l'intérêt public, mais je vous demande de juger nos recommandations à l'aune de l'intérêt public. N'oubliez pas qu'il y va de la sécurité des gens qui prennent l'avion au Canada. N'oubliez pas qu'aucune forme de délégation de la gestion du système ne saurait remplacer les responsabilités et la reddition de comptes par le ministre et le gouvernement. Le gouvernement doit être tenu responsable et comptable, un point c'est tout. Je vous implore donc d'examiner ces recommandations sous cet angle.
Le processus par lequel le gouvernement désigne des organismes externes est de plus en plus utilisé mais c'est généralement dans des domaines où les conséquences ne sont pas aussi graves et lorsque ce sont des fonctions complètes qui sont confiées à un organisme externe n'ayant aucune autre fonction à exercer que ces fonctions de réglementation quasi judiciaires.
Par contre, dans le cas qui nous intéresse, le gouvernement se propose de désigner des organismes externes pour surveiller l'application de ses propres règles et normes alors même que ces organismes risquent d'avoir des rôles et responsabilités conflictuels. Nous ne pouvons voir en quoi cela serait conforme à la Loi sur les textes réglementaires, ni même autorisé par celle-ci, et nous soutenons que cela contrevient totalement à toutes les normes de responsabilité des politiques et des lois du gouvernement fédéral. Par conséquent, nous recommandons que les dispositions du projet de loi C-6 concernant les « organismes désignés » soient abolies.
La responsabilité et la reddition de comptes exigent absolument que les rapports d'inspection et les infractions à la sécurité soient rendus publics. Nous recommandons l'abolition de toutes les dispositions permettant de ne pas divulguer les rapports d'inspection et les infractions à la sécurité volontairement déclarées. Cette recommandation concerne toutes les dispositions autorisant la non-divulgation, notamment les articles 5.392 concernant l'exception touchant les systèmes de gestion, 5.393 concernant l'exception touchant les enregistreurs de données de vol, et 5.395 concernant l'exception touchant la communication volontaire.
Troisièmement, si des structures de gestion des systèmes de sécurité sont encouragées et autorisées, il faut mettre en place un système d'amélioration continue, intégré à toute la structure de reddition de comptes.
il est impossible d'avoir un système en bon état de marche et susceptible d'amélioration continue si l'on n'a pas en même temps un dispositif externe efficace de contrôle et de vérification, accompagné d'un système de correction des erreurs et omissions constatées durant le contrôle. À cet égard, nous recommandons que toutes les informations d'inspection et de communication volontaire soient divulguées au public et que des dispositions de protection des dénonciateurs soient ajoutées au projet de loi.
Les employés des compagnies aériennes et des aéroports devraient avoir la possibilité inhérente de signaler les infractions à la sécurité aux inspecteurs de Transports Canada sans craindre de représailles de leur employeur ou de ses agents. De plus, si des SGS sont encouragés et permis, il devrait y avoir plus de vérifications de sécurité indépendantes avec divulgation obligatoire.
Prises ensemble, toutes ces recommandations permettront d'instaurer un processus ayant la possibilité de s'améliorer continuellement.
Finalement, il existe dans le Code canadien du travail une série de droits importants des travailleurs s'appliquant à toutes les institutions réglementées au palier fédéral, dont les compagnies aériennes. En vertu du Code, les employés doivent être protégés contre des conditions de travail dangereuses et ont le droit d'être informés sur les dangers de leur milieu de travail. Dans le cas des employés du transport aérien, savoir que le milieu de travail est aussi sécuritaire que possible constitue un droit important.
Les conflits existant entre les dispositions de protection des travailleurs énoncées dans le Code et les dispositions du projet de loi C-6 concernant les « organismes désignés » et les « systèmes de gestion » sont profonds. Nous constatons déjà l'érosion des droits des travailleurs au titre du Code canadien du travail avec les structures de SGS déjà en place. Nous croyons que la primauté du Code canadien du travail devrait être codifiée dans le projet de loi C-6 et dans la Loi sur l'aéronautique.
J'espère que vous conclurez que nos positions et recommandations concordent avec l'intérêt public qui est d'assurer la protection des voyageurs du Canada et d'exercer les pouvoirs et responsabilités attribués au gouvernement et au ministre des Transports de manière responsable, transparente et comptable. Nous estimons que nos recommandations sont parfaitement conformes à ce principe, monsieur le président.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adressera à vous, madame Smith. Vous savez que le projet de loi qui est devant nous a été préparé sous le règne de l'ancien gouvernement, qu'on n'a pas eu le temps, durant la législature précédente, d'en débattre véritablement et, donc, qu'on n'a pas entendu de témoins à cet sujet.
Le nouveau gouvernement ne semble pas comprendre tout l'aspect de la sécurité, alors que celui-ci est très important. Le fameux rapport Dubin de 1982, qui a entraîné la création du Tribunal d'appel des transports du Canada, disait que la sécurité doit être une responsabilité du gouvernement. On donnait donc les pleins pouvoirs à Transports Canada, et le gouvernement et Transports Canada devaient être responsables de la sécurité.
On avait alors renforcé l'inspection, on avait ajouté des postes d'inspecteurs, etc., et finalement, si certains se voyaient enlever des outils, leur licence ou quoi que ce soit, ils pouvaient se tourner vers le Tribunal d'appel des transports du Canada, qui était un organisme indépendant qui pouvait faire la part des choses.
Est-ce que je me trompe, ou était-ce bien l'idée contenue dans le fameux rapport Dubin?
Mme Faye Smith: Oui, c'est cela.
J'aimerais vous demander si vous avez senti, dans le cadre de votre travail, que le système d'inspection à Transports Canada n'était pas adéquat. Vous êtes-vous déjà posé la question? Aurait-il fallu l'améliorer ou trouvez-vous que Transports Canada et les inspecteurs ont fait leur travail, depuis que vous êtes à votre poste ou depuis que le tribunal existe?
J'ai examiné votre rapport et j'ai vu que bon an, mal an, entre 150 et 200 cas se présentent à vous. Vous faites alors la part des choses et vous en informez le ministre lorsque vous pensez qu'une décision n'a pas été prise de façon équitable.
Cela répond au principe du rapport Dubin. Mais là où j'entrevois un problème, c'est que des organismes désignés — et je reprends les paroles d'ALPA, la Air Line Pilots Association — sont venus nous dire qu'en vertu de ce projet de loi , la méthode traditionnelle de surveillance sera changée. Pour eux, il est clair que les inspecteurs ne feront plus le même travail qu'ils faisaient auparavant, parce que le système de gestion de la sécurité amènera les inspecteurs à devenir plutôt des vérificateurs.
Personnellement, cela m'inquiète parce que tout l'équilibre que recommandait le rapport Dubin — J'essaie de trouver les raisons pour lesquelles on veut tellement changer le système d'inspection. En ce qui a trait à la sécurité, je n'en trouve pas. Du point de vue de relations de travail, comme ils se font surveiller par des inspecteurs, je peux comprendre que les pilotes de ligne n'aiment pas se faire surveiller par d'autres pilotes, qui sont des inspecteurs. Je peux comprendre la relation entre des humains. Mais en ce qui touche la sécurité, j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi on veut changer le système.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on ajoute un système de gestion de la sécurité, en autant qu'on maintienne un service d'inspection qui est aussi bon que celui qu'on a présentement, ainsi que des inspecteurs avec la même formation qui sont capables d'aller n'importe quand surveiller les compagnies aériennes.
J'ai de la difficulté à accepter que le système d'inspection changera. Auriez-vous de la difficulté, si le système d'inspection actuel changeait?
:
Merci, monsieur le président.
Brièvement, j'aimerais corriger l'affirmation de M. Julian qui a laissé entendre qu'il y a une augmentation continue du nombre d'accidents dans le transport ferroviaire. Je crois que vous avez raison, M. Stoss, quand vous dites qu'il y a eu une augmentation au début de 2006 mais, selon mes informations, pour l'ensemble de l'année, le taux a baissé en réalité.
Ma préoccupation à cet égard concerne la raison pour laquelle certains s'opposent à la mise en oeuvre d'un système de gestion de la sécurité. M. Wing, l'une de vos déclarations m'a fait sursauter. Vous avez dit que l'on doit respecter la primauté du Code canadien du travail, quel que soit le projet de loi qui est adopté. Quand on parle de primauté, on veut dire qu'une chose à priorité sur une autre. Pourriez-vous placer votre affirmation en contexte?
La sécurité publique me préoccupe. En dernière analyse, pour moi, ce qui compte le plus dans tout ce que nous faisons autour de cette table, c'est d'assurer la sécurité du public, en particulier avec ce projet de loi. Voulez-vous dire que la primauté du CCT devrait avoir priorité sur la sécurité publique ou vous ai-je mal compris?
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Merci, monsieur le président.
Je ne suis pas un membre régulier du comité et je ne suis pas vraiment au courant des détails de la loi, ce qui est plutôt du ressort de Mme Smith et de M. Stoss. Je comprends cependant ce qui touche les syndicats : ça fait partie de ma sphère de compétence. On se fie toujours aux rapports de son responsable. Dans le cas présent, je remplace un éminent collègue dont la démarche est très sérieuse.
Mon comté couvre le nord du Québec. Sur le tiers de mon territoire, il n'y a pas de routes. Je dois me fier aux petites compagnies privées pour me rendre d'un village à l'autre. Ce sont de petits transporteurs qui, dans bien des cas, couvrent à peine leurs dépenses.
Dans le projet de loi , l'inspection des appareils par les compagnies elles-mêmes m'inquiète sérieusement. Dans ce genre de situation, je me demande si un inspecteur, dont le salaire, bien que très modeste, est le seul qu'il puisse recevoir, prendra le risque de dire au patron de la compagnie qu'il y a un problème technique et que celui-ci doit être réglé avant le prochain décollage.
Par ailleurs, il y a chez nous une compagnie nommée Avionnerie Val-d'Or. Elle modifie des ailes d'avion, entre autres au moyen de ce qu'on appelle en anglais la Advanced Wing Technology. L'affaire n'était pas rentable, et ces gens ont soutiré près de 19 millions de dollars au gouvernement de la Colombie-Britannique. On a vu le gouvernement du Canada et celui du Québec accorder plus de 2 millions de dollars aux gens de cette compagnie pour qu'ils fabriquent des ailes d'avion. Ils ont installé une paire de ce type d'ailes sur un avion Beaver qui s'est par la suite écrasé sur le territoire de la Baie-James. Les deux chasseurs américains qui étaient à bord ont survécu, heureusement. Il reste que dans ces circonstances, ils ne s'en seraient pas sorti, normalement.
Qui a accordé un permis à la compagnie Avionnerie Val-d'Or afin qu'elle fabrique et installe ces ailes? Qui a émis un permis l'autorisant à modifier un avion qui avait été construit au départ en fonction de sa capacité de charge? En tant qu'utilisateur des petites compagnies de transport, je me demande si la compagnie sera éventuellement déclarée coupable et si on me fera part de la décision à titre posthume. C'est ce qui m'inquiète.
J'ai un petit problème avec cette idée que nous essayons de dégonfler des mythes que l'opposition essaierait de propager en posant ses questions. Le rôle des membres de l'opposition est de poser des questions et, si certains considèrent que c'est de la propagation de mythes, j'en suis désolé mais ce n'est certainement pas notre intention. Notre but est d'obtenir des informations concrètes afin de pouvoir ensuite porter un jugement sur le projet de loi.
Il est vrai que le SGS est proposé comme ajout ou complément. Aucun changement n'est proposé aux exigences réglementaires actuelles. J'espère que nous sommes tous d'accord là-dessus. C'est comme ça qu'on nous présente le projet. Le système est en place, même si le projet de loi n'a pas encore été adopté. Je pense que tout le monde conviendra de cela aussi.
Ai-je raison jusqu'à présent? Quelqu'un est-il prêt à dire que ce n'est pas le cas et que les SGS ne sont pas en place à l'heure actuelle? Très bien. Ils sont en place, mais pas le projet de loi.
Donc, si la conséquence est qu'on a réduit le nombre d'inspecteurs, le lien entre les deux phénomènes est-il évident? Y a-t-il vraiment moins d'inspecteurs? Essayons de le savoir. Si c'est le cas, est-ce à cause des SGS? Et si ce lien existe, nous aurons un jugement à porter et c'est précisément pourquoi nous posons ces questions, pas pour dégonfler des mythes ou en créer.
Quelqu'un a-t-il quelque chose à dire à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
J'étais un profane, avant l'an 2005. J'ai été élu en 2004 et à l'époque, on s'apercevait que sur les sites aéroportuaires, il ne fallait pas marcher trop longtemps à l'intérieur des clôtures autour de la piste. Il fallait se dépêcher de débarrasser la place.
On se rend compte, dans les petits aéroports comme celui à la Baie-James ou au Nunavik, qu'on fait maintenant face à des situations un peu « anémiques » à l'occasion, alors qu'il y a des bagages autour des avions et que des avions arrivent au milieu de tout ça. Néanmoins, c'est secondaire. En effet, je viens d'apprendre que depuis 2005, il y aurait possiblement eu un relâchement ou que moins d'inspecteurs seraient disponibles.
Une question me préoccupe; il est probable que votre expérience pourra m'éclairer. Vous m'avez dit plus tôt que dans le cas de changements apportés à des avions et de la fabrication d'ailes d'avion, etc., le permis était émis par le ministère des Transports. Cependant, une question m'est revenue par la suite. Il y a un permis de fabrication au sujet duquel on peut admettre qu'il y a peut-être eu un manque de vérification des plans qui ont été soumis. Il y a peut-être eu un oubli quelque part.
En ce qui concerne cette compagnie qui est reconnue pour fabriquer des ailes d'avion, quand vient le temps de changer les ailes d'un avion, ce ne sont pas des ingénieurs qui sont là, ce sont des profanes. Ce sont des gens comme moi, qui ont décidé de démarrer une compagnie et qui changent les ailes de l'avion avec des employés qu'ils entraînent eux-mêmes. Et ils en fabriquent pour d'autres compagnies. À Trois-Rivières, notamment, il y a une compagnie qui achète des ailes d'eux.
Au moment où ils remettent l'appareil en vol, une inspection est-elle faite? Selon votre expérience, une inspection devrait-elle être faite avant d'autoriser cet avion à voler, après que les changements ont été faits?