:
Merci, monsieur le président.
Vous avez devant vous un amendement à la motion de M. Fast que j'ai fait distribuer, dans les deux langues officielles. Je ne vais pas vous le lire.
Cet amendement à la motion de M. Fast vise à fournir au ministre des indications précises sur ce qu'il peut faire et devrait faire si le comité venait à adopter cette motion. Plus précisément, cet amendement demande : (1) que le ministre présente une directive modifiant le règlement pour que le libellé sur la définition de « lettre » soit cohérent; et (2) que le privilège exclusif s'applique aux lettres distribuées au Canada; il ne concerne pas les reposteurs internationaux.
J'ai également lu la décision de l'autre jour. Je pense que des décisions judiciaires ont été rendues justement parce que nous n'avons pas demandé au gouvernement ou au ministre d'agir en ayant recours aux outils disponibles.
M. Fast nous dit qu'il voudrait que le comité donne certaines instructions au ministre, mais j'ai souhaité apporter plus de précisions et dire, eh bien nous aussi, nous avons fait nos devoirs, et voici les seules mesures que le ministre peut prendre pour empêcher qu'une décision ou une injonction comme celle rendue hier fasse faire faillite à ces entreprises et que leurs employés se retrouvent à la rue.
Si le comité veut envoyer un message, il peut le faire de façon prescriptive, et c'est l'objectif de mon amendement. J'espère que M. Fast le considérera comme étant un amendement favorable.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai beaucoup de difficulté avec le message que veut envoyer le comité. J'en avais lors des discussions précédentes par rapport à la motion de M. Fast, et j'en ai aujourd'hui encore à l'égard de l'amendement qui est déposé par M. Volpe.
Il faut faire un bref historique des travaux du comité. C'est moi qui ai déposé une motion pour faire comparaître devant le comité Postes Canada, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et les Entreprises internationales de repostage. Vous m'avez demandé de ne pas poser de questions au sujet des litiges devant les tribunaux, ce que j'ai accepté. Vous m'avez demandé de ne pas poser de questions au sujet des négociations de convention collective entre le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et la Société canadienne des postes, ce que j'ai accepté. Je vous ai dit que si on avait à discuter de nouveau de la motion de M. Fast, je souhaitais qu'on fasse comparaître devant le comité, encore une fois, les représentants des reposteurs et de Postes Canada, pour que je puisse poser les questions que je voulais poser lors des discussions qu'on avait eues sur ma motion, dont on a discuté en comité.
Aujourd'hui, on essaie par tous les moyens de changer l'ordre du jour. L'ordre du jour était tel qu'il faisait comparaître le Canadien Pacifique avant le dépôt de la motion de M. Fast. J'essaie de suivre, monsieur le président, et j'ai beaucoup de difficulté à me faire imposer une situation quand je ne peux pas aller au fond des choses. Vous avez donc compris que je voterai contre l'amendement déposé par M. Volpe et contre la motion déposée par M. Fast.
Collègues, je ne sais pas si c'est une attitude que vous allez adopter. Je vous ai dit la dernière fois que je ne ferais pas d'obstruction et je me retiens pour ne pas en faire et ne pas étirer mon débat jusqu'à 17 h 30. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je dirai que je l'ai déjà fait dans une autre législature. Je peux parler des heures et des heures durant sur une motion sans jamais me reprendre. C'est très plaisant pour moi. Je ne le fais pas aujourd'hui, mais j'espère que vous allez comprendre que j'ai beaucoup de difficulté avec le fait que vous essayiez par toutes sortes de méthodes de triturer l'ordre du jour et de faire accepter des choses.
Depuis le début, j'ai toujours gardé la même motivation. Je veux un débat transparent, et c'est pourquoi j'aurais souhaité qu'on fasse comparaître de nouveau Postes Canada et les représentants des reposteurs. Je vais m'arrêter cette fois-ci et j'espère que vous n'en prendrez pas l'habitude.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, je suis très déçu que les conservateurs aient essayé de changer l'ordre du jour. On a souvent dit que chaque fois que M. Fast ramenait le dossier, on n'avait pas encore fait nos devoirs. M. Laframboise a dit que Postes Canada et les reposteurs devraient revenir devant le comité avant qu'on prenne une décision.
Il n'est pas logique du tout qu'on change l'ordre du jour sans respecter la procédure et les membres du comité, qui ont indiqué très clairement qu'il fallait avoir plus d'information et poser plus de questions avant de prendre une telle décision.
[Traduction]
Monsieur le président, le fait que les conservateurs aient simplement fait fi de l'ordre du jour aujourd'hui n'augure rien de bon pour les travaux futurs du comité. Si le gouvernement adopte désormais cette attitude envers les membres de l'opposition qui essaient simplement de faire leur travail, cela illustre bien à quel point ce gouvernement a peu de respect pour les autres membres du comité. Nous verrons ce qu'il arrivera par la suite.
Nous avons devant nous, très clairement, une motion qui a été rédigée avant que le tribunal ne rende sa décision hier. Je ne pense pas que les députés du parti ministériel aient lu cette décision qui, pourtant, a une incidence sur ce que nous devons décider aujourd'hui. Nous n'avons pas fait preuve de diligence raisonnable. Nous n'avons pas demandé à faire revenir des témoins devant le comité pour comprendre les répercussions que pourrait avoir cette motion.
Je sais que M. Volpe essaie d'être utile avec ses amendements, mais nous ne savons pas quelles seront les répercussions. Et maintenant on nous bouscule, on essaie de forcer l'adoption de cette motion sans examiner sérieusement les répercussions que cela pourrait avoir sur le service postal universel et le service postal dans les régions rurales.
Si les députés du Parti conservateur sont prêts à sacrifier leurs électeurs, sans prendre le temps de comprendre les implications de cette motion, c'est leur problème. Je ne pense pas que cela crée un précédent utile. Monsieur le président, je pense qu'à cause de cela, notre comité, qui jusqu'alors a su travailler dans un esprit de collaboration, va voir ses séances tourner à la confrontation. Si les conservateurs veulent faire changer la façon dont nous fonctionnons, ils doivent se rendre compte que cela aura des conséquences.
Monsieur le président, c'est tout à fait inacceptable. Je pense que c'est même irresponsable. Les demandes que M. Laframboise et moi-même avons faites sont modestes mais importantes et responsables. Je crains que le fait que les membres conservateurs de ce comité aient simplement décidé de faire fi de tout cela est le signe que les relations de travail autour de cette table vont se dégrader de façon notable.
:
Si j'avais été présent, je n'aurais pas appuyé le changement à l'ordre du jour. J'espérais avoir le temps de réfléchir un peu à tout ça avant d'en débattre, mais on ne m'en a pas donné l'occasion, alors je vais me lancer quand même.
J'ai déjà dit qu'à mon avis, cette motion était, au mieux, prématurée, dans la mesure où nous n'avons eu que des discussions très superficielles sur la portée et les répercussions considérables de la motion dont nous débattons. Nous n'avons posé que quelques questions à des témoins représentant les reposteurs. Nous avons à peine entendu Postes Canada à ce sujet. Et voici que nous sommes en train de toucher à un principe qui est inscrit dans la loi depuis plus de 25 ans.
Par le passé, les gouvernements, qu'ils aient été conservateurs ou libéraux, ont toujours défendu le privilège exclusif de Postes Canada pour des raisons évidentes qui sont énoncées dans les textes de loi et que les tribunaux ont toujours interprété dans ce sens. Aujourd'hui, le gouvernement, apparemment sur un coup de tête, est en train de demander à l'opposition de lui donner carte blanche pour pouvoir toucher au privilège conféré à la Société canadienne des postes afin qu'elle puisse s'acquitter de son obligation universelle de distribution du courrier.
Des travailleurs postaux, des tribunaux, des élus et des administrateurs de Postes Canada nous ont dit à de nombreuses reprises que les deux étaient liés. Postes Canada a l'obligation universelle de distribuer le courrier. Qu'il s'agisse d'une lettre envoyée du centre-ville de Yellowknife à Halifax, ou d'un côté de la rue à un autre à Toronto, ou encore à Hamilton ou à Ottawa, il faut que l'accessibilité aux services soit uniforme dans tout au pays. On tente ici de toucher à ce privilège, à cette exclusivité, alors que nous n'avons pas eu de discussion ou de débat quel qu'il soit sur les effets que cela pourrait avoir sur l'obligation universelle.
Je ne représente pas une circonscription rurale. Je représente une circonscription urbaine, et ce serait probablement tout à l'avantage de mes électeurs qu'il n'y ait pas d'obligation universelle. Nous pourrions probablement arriver à un meilleur prix avec Postes Canada si la société n'avait pas à s'acquitter de cette obligation universelle. Postes Canada pourrait distribuer le courrier de l'autre côté de la rue à un prix bien plus bas que 53 ¢ le timbre. Mais est-ce le genre de pays dans lequel nous voulons vivre? Les gouvernements précédents ont toujours répondu non à cette question. Si nous adoptons cette motion, nous touchons à ce principe, et je ne peux tout simplement pas l'accepter.
Même si nous étions prêts à remettre ce principe en question, à titre de parlementaires responsables, nous nous devons d'y réfléchir de façon approfondie, nous devons entendre des témoins qui nous présentent les avantages et les inconvénients, nous devons avoir l'occasion de poser des questions afin de pouvoir nous faire une idée et non pas signer un chèque en blanc comme on nous le demande aujourd'hui.
Je pense que toute personne représentant une circonscription rurale ici devrait y réfléchir à deux fois et se demander si elle est bien consciente des conséquences que pourrait avoir l'adoption de cette motion.
Nous avons besoin de plus de renseignements pour pouvoir nous prononcer. Il y a plus d'un an, John McKay a demandé au ministre ce qu'il avait l'intention de faire au sujet des reposteurs. John McKay a cité la réponse du ministre dans le compte rendu officiel des débats de la Chambre des communes, le hansard, du 16 mai 2006. Il a déclaré :
— c'est une question très importante. J'ai reçu des observations à cet égard de la part de députés d'en face et de députés de notre parti. Nous nous penchons actuellement sur la question. Nous aviserons la Chambre au cours des prochains jours de ce que nous avons l'intention de faire dans ce dossier.
Une année s'est écoulée, et nous attendons toujours de savoir quelles sont les intentions du ministre.
Il me semble que, l'automne dernier, M. Laframboise a posé une question similaire au ministre et la réponse était également semblable: on nous aviserait des intentions du gouvernement en décembre, avant la fin de l'année.
Nous sommes maintenant en mai 2007, et aucune annonce n'a été faite. L'explication la plus précise que nous ayons eu jusqu'ici sur les intentions du ministre est celle présentée par le ministre lui-même lundi dernier lorsqu'il a comparu devant le comité concernant le budget principal des dépenses. Je ne sais pas combien de personnes étaient au courant qu'il envisageait un examen de Postes Canada. Il a dit que le gouvernement n'avait pas éliminé cette possibilité et pensait peut-être effectuer un examen de Postes Canada. Il n'a pas du tout laissé entendre de quelle façon il avait l'intention de régler la question des reposteurs, ni si cela avait une incidence sur l'obligation universelle de Postes Canada et sur son privilège exclusif.
Nous devons donc prendre tout cela en considération. Dans les arrêts de la Cour d'appel de l'Ontario, d'après certains arguments avancés par M. Fast, il y aurait de la confusion entre les versions anglaise et française, eh bien moi, comme francophone, je ne vois aucune confusion, monsieur le président.
La jurisprudence de notre pays est très claire. Si un texte, qu'il soit en anglais ou en français, est plus clair que l'autre, c'est celui qu'on retient. Et la version française est très claire au sujet de l'exclusivité. On ne parle pas d'exclusivité pour tout; l'exclusivité de la Société canadienne des postes s'applique à la levée du courrier, à son transport et à sa livraison à l'intérieur du pays.
Quand on dit ça, on nous montre la lettre que mon chef a signée et qui dit qu'il y a de la confusion. Or, il n'y a pas de confusion étant donné que la Société canadienne des postes a aujourd'hui l'exclusivité pour la distribution du courrier, même si elle fait appel à des entrepreneurs privés pour la faire.
N'est-ce pas, monsieur le président? Je pense que tout le monde va en convenir. Ne pourrait-on pas en faire autant pour la levée du courrier et ainsi régler le problème des reposteurs?
Le fait de respecter le privilège exclusif de Postes Canada et, par conséquent, de maintenir son obligation universelle ne veut pas dire nécessairement que les reposteurs vont tous faire faillite. Ils seront seulement obligés de transiger avec le détenteur du privilège exclusif, ce qu'ils ne voulaient pas faire.
Je suis parfaitement disposé à citer l'arrêt de la Cour d'appel de l'Ontario sur ce sujet en particulier. J'espère que tous les députés à qui on a demandé de voter là-dessus auront l'occasion de lire le jugement, parce qu'il est très révélateur, monsieur le président.
Les déclarations faites à la Chambre par le secrétaire parlementaire du ministre en disent long elles aussi. Je crois qu'il les a faites lors du débat d'ajournement. Essentiellement, le secrétaire parlementaire qui est ici aujourd'hui critiquait mon collègue M. McKay parce qu'il avait osé contester l'autorité des tribunaux. Il nous a demandé à maintes reprises si nous contestions l'autorité des tribunaux. Non, pas du tout. Mais il semble que c'est ce que le gouvernement risque de faire aujourd'hui avec cette motion, parce que les tribunaux — les juges — ont constamment reconnu le lien qu'il y a entre le privilège exclusif et l'obligation universelle de distribution du courrier. Si on touche à cela, le service postal en milieu rural pourrait devenir de moins bonne qualité et coûter beaucoup plus cher qu'aujourd'hui. Je ne veux pas cela, monsieur le président, parce que ce n'est pas le pays que j'essaie de bâtir.
Oui, certains croient que je m'égare un peu lorsque je parle de bâtir un pays, mais un pays, ça se bâtit petit à petit. Donner à nos concitoyens des régions rurales le même service que celui qui est offert à ceux qui vivent en milieu urbain, c'est aussi cela bâtir une société et un pays que je respecte.
Voilà pourquoi ce qu'on nous demande de faire aujourd'hui est important. J'espère que mes collègues vont voter contre la motion. Le moment est mal choisi; c'est prématuré, et nous n'avons pas fait nos devoirs.
En tant que député responsable, je ne m'oppose pas à ce qu'on écoute les deux parties, mais faisons-le. Nous ne l'avons pas encore fait.
Il y a deux ou trois questions dont je veux parler.
Le fait que les tribunaux aient interprété le sens qu'il faut donner au privilège exclusif n'empêche pas le gouvernement de prendre des décisions sur ce qui peut et doit être fait.
J'ai dit, dans d'autres débats que nous avons eus ici au comité, que le gouvernement du Canada a l'obligation de s'assurer que le système de distribution postale fonctionne dans toutes les régions du pays. Le privilège exclusif n'est pas nécessairement lié à la viabilité commerciale de la Société canadienne des postes lorsqu'il s'agit pour elle de livrer une lettre au Nunavut ou au centre-ville de Toronto. S'il y a des ratés, le gouvernement du Canada a l'obligation de s'assurer que le service est fourni.
Deuxièmement, oui, les tribunaux se sont prononcés sur le sens qu'ont ces mots dans les deux langues officielles, mais cela n'empêche pas le gouvernement d'agir. Ils ont donné leur interprétation du libellé dans les circonstances. Cela n'empiète en rien sur notre obligation de bien gouverner.
Mon amendement vise à circonscrire le débat. Si nous oublions un instant les déclarations politiques qui sont nécessairement partisanes et qui font partie du processus démocratique, parce qu'elles nourrissent le débat, l'amendement indique au ministre ce qu'il doit faire s'il veut s'acquitter des responsabilités que la loi lui impose. Si le ministre fait cela, il aura le soutien de notre comité. En fait, c'est tout ce que mon amendement dit.
Je suis heureux de voir que les députés ministériels le considèrent comme un amendement favorable. Je pense que cela rejoint aussi ce que disait mon collègue d'Ottawa-Vanier lorsqu'il parlait de bâtir un pays. Ce que je veux, c'est m'assurer que le gouvernement s'acquitte de ses obligations d'une manière responsable, et je veux lui demander des comptes.
Pour ce qui est de savoir si la Société canadienne des postes est viable ou non sur le plan commercial, et si cela l'empêche d'accomplir sa mission d'une façon que nous jugeons convenable dans un contexte moderne, je sais que vous nous avez déjà remis ce texte, monsieur le président, en anglais et en français. Il s'agit d'une lettre du STTP qui presse instamment Postes Canada d'investir ses profits dans le service postal public et la sécurité. Je crois que les deux premières lignes sont instructives. Elles sont très révélatrices quant à l'orientation que peut prendre notre débat. Si vous le voulez bien, je vais vous les lire. Il est dit :
Le rapport annuel de Postes Canada pour l'année financière de 2006 indique que les volumes de la Société ont atteint un niveau record et qu'elle a enregistré des profits nets de 119 millions de dollars tirés de ses activités et de ses entreprises. Postes Canada réalise donc des profits pour une douzième année consécutive tout en fournissant un service postal public, universel et abordable depuis 25 ans.
Je ne crois pas que l'enjeu commercial ou la viabilité des pratiques commerciales ait été remis en question.
Depuis 20 ans, oui, nous avons entendu toutes sortes de témoignages. Pour certains, ce n'était pas assez et, pour d'autres, c'était beaucoup trop. Nous avons entendu des témoignages incontestables selon lesquels les reposteurs sont en affaires depuis 20 ans.
Avant qu'on interprète la loi, celle-ci ne posait pas de problème pour Postes Canada. Ce n'était pas un problème pour le gouvernement qui doit s'acquitter de ses responsabilités. C'est devenu un problème de concurrence commerciale. Si c'est tout ce dont il s'agit, nous pouvons y voir immédiatement.
Ma motion ne presse pas Postes Canada de faire ceci ou cela. Elle dit que le ministre doit demander à Postes Canada de modifier son règlement, qui doit être débattu par son conseil d'administration. Ce règlement doit être approuvé par le Parlement. Postes Canada est comptable devant le Parlement. Nous demandons au ministre de prendre des mesures précises.
Rappelez-vous que c'est d'une pratique dont on parle aujourd'hui. On ne parle pas de la loi, ni de l'interprétation d'une question. On ne demande pas à un juge ou à un tribunal d'intervenir. On demande au ministre de s'acquitter de ses responsabilités et de ses devoirs envers une société d'État qui relève de sa supervision administrative, et on lui demande de dire aux gestionnaires supérieurs de cette société : « Voici ce que le gouvernement du Canada compte faire. Allez voir votre conseil d'administration, et adoptez le règlement voulu. Si ce règlement n'est pas approuvé par le Parlement, c'est une autre histoire mais, à ce stade-ci, vous devez cesser d'acculer ces entreprises à la faillite. » Et il y a trois façons de procéder : la Société peut, à sa discrétion, renoncer, se retirer ou consentir. D'accord, personne n'impose une chose en particulier.
Mon collègue d'Ottawa-Vanier dit qu'on peut encore faire de la sous-traitance. Bien, personne n'empêche Postes Canada de le faire. La motion vise plutôt à envoyer deux messages. Le premier demande au ministre d'agir. Le deuxième réclame que Postes Canada cesse de faire ce qu'elle fait et fasse preuve de collaboration jusqu'à ce que les directives du ministre aient été prises en considération et aient été suivies par la Société canadienne des postes.
Autrement, on demande aux tribunaux de voir à toutes les transactions commerciales qui seraient normalement réalisées par voie de négociation.On leur demande de revenir sur 20 ans d'activités commerciales acceptables et de faire le travail des députés fédéraux en faisant fermer des entreprises et en mettant des gens au chômage.
Monsieur le président, chers collègues, je vois bien que nous avons tous des difficultés avec ça. Je le reconnais. Je suis ravi de voir que les députés ministériels considère ma motion comme étant un amendement favorable, parce que, oui, pour citer M. Julian, j'essaie de nous aider tous autant que nous sommes. J'espère que tout le monde voit la chose dans cet esprit parce que nous sommes tous ici, je crois, pour faire ce que mon collègue d'Ottawa-Vanier a dit, à savoir, bâtir une société et un pays. On n'y arrivera pas si on ne donne pas au ministre la possibilité de faire ce qu'il doit faire.
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J'appuie cette motion, monsieur le président, pour la raison encore plus impérieuse qu'il y a maintenant un jugement de la cour, daté d'hier, qui est venu s'ajouter au dossier et à la discussion sur cette question, et cela depuis le dépôt de la motion initiale et celui de l'amendement à celle-ci.
Le comité doit prendre en compte ce jugement de la cour, qui traite très précisément de l'impact en région rurale, ainsi que du coût relativement faible des services postaux universels offerts aux populations urbaines, c'est-à-dire à celles qui se concentrent dans la frange de 150 kilomètres située au nord de notre frontière avec les États-Unis, coût qui se trouve ainsi à compenser pour les services postaux plus onéreux destinés aux localités éloignées, comme celles qui sont représentées par les députés du Parti conservateur.
Il y a donc des répercussions très évidentes pour les collectivités rurales. Par conséquent, au lieu de chercher à tout prix et à toute vapeur à adopter une motion alors même que le travail n'a pas été fait, que les responsabilités n'ont pas été démontrées, et que des questions fort légitimes ont été invoquées par M. Bélanger tout comme par MM. Laframboise et Carrier, et moi-même, on devrait tenir compte de l'impact de cette décision.
Manifestement, alors que la cour a tranché pas plus tard d'hier, les conservateurs essaient néanmoins de faire passer de force cette motion, ce qui n'a aucun sens. C'est nous qui avons levé le lièvre. Nous avons dit très clairement que nous devrions en savoir davantage, que les conservateurs n'étaient pas au courant des répercussions de ce qu'ils essayaient de faire, qu'il y avait des questions à poser à Postes Canada et aux reposteurs, mais les conservateurs ont sans arrêt refusé de faire ce qu'il convenait de faire, ils ont sans arrêt refusé de faire recomparaître ces témoins afin que le comité puisse prendre une décision informée et éclairée après avoir parfaitement compris toutes les répercussions de la chose.
Cela dit, aucun membre du Parti conservateur n'a en fait invoqué le jugement ainsi rendu et l'impact qu'il aurait. Un membre du comité a bien dit qu'il avait lu le jugement en question, et c'est fort bien. Cela aurait dû pourtant provoquer chez lui, comme chez nous tous, certaines interrogations, et lui faire ainsi comprendre qu'il était prématuré de faire adopter cette motion de force, qu'il serait prématuré d'essayer d'aller de l'avant avec une motion qui a autant de répercussions possibles pour les collectivités rurales partout au Canada. Il faut que nous fassions preuve de cette diligence raisonnable.
À mon avis, la motion de M. Bélanger est très utile, en ce sens qu'elle permet au comité précisément d'exercer cette diligence raisonnable avant de proposer des motions ayant des effets qu'on pourrait juger pervers, monsieur le président. Un effet pervers est un effet imprévu. Un effet pervers est un effet que les membres du comité n'ont peut-être pas envisagé avant de préconiser l'adoption de la motion. Et comme ils ne sont pas au courant des répercussions possibles, qu'ils ne sont pas au courant des répercussions possibles de ce jugement détaillé qui parle expressément des services postaux en région rurale, il est logique que le comité prenne le temps nécessaire pour exercer une diligence raisonnable et donner à la question l'attention qu'elle mérite.
Nous avons prévu entendre des témoins aujourd'hui. Nous avions pourtant bien averti les membres du Parti conservateur qu'il serait préférable de les entendre en premier lieu. J'espère que nous pourrons simplement adopter la motion et passer ensuite à l'audition des témoins qui sont venus nous parler de cette importante enquête ferroviaire lancée par M. Bell. Nous sommes en train de perdre la moitié de notre temps de séance à parler de cette motion. Je suis certain que M. Bell est tout aussi inquiet que moi à l'idée que nous passions ainsi beaucoup de temps à examiner une motion sans avoir au préalable exercé une diligence raisonnable, alors que nous devrions nous pencher sur cette enquête et sur ces répercussions, surtout pour la Colombie-Britannique. M. Bell, je le sais, est tout aussi préoccupé que moi et c'est la raison pour laquelle il a demandé qu'on fasse cette étude.
J'espère, monsieur le président, que nous allons donc surseoir à la chose et prendre le temps voulu pour exercer une diligence raisonnable, celle-là même qu'ont demandée les membres de nos trois partis réunis ici, afin que la décision qui sera prise en bout de ligne soit la bonne.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais que nous entendions aussi rapidement que possible les témoins de CP Rail; c'est en effet ainsi que nous étions censés commencer cette réunion, et c'en était d'ailleurs l'objet. Mais en l'occurrence, il faut que je vous dise — et j'ai peut-être ici une divergence de vues avec certains de mes collègues — que j'ai toujours appuyé la question. Ayant écouté tout ce qui nous a été dit, j'ai la conviction —
J'ai lu le jugement de la cour. J'ai lu également la lettre du STTP. En règle générale, j'ai toujours en tête les lois qui protègent les droits des travailleurs. Or, pour moi, cette question-ci ne concerne nullement les droits des travailleurs. Pour moi, cela concerne plutôt les droits de Postes Canada, en l'occurrence, la question de savoir qui se charge de la distribution de tel ou tel type de courrier. Et je sais qu'il y a une différence dans la définition et dans les deux versions, anglaise et française, de la loi qui lui confère ce privilège exclusif.
Ayant donc bien étudié la question et les faits qui l'entourent, et cela depuis 17 ans, les tribunaux ayant reconnu la chose depuis 1990, le CP était donc parfaitement au fait de la situation puisque, depuis au moins 15 ans, semble-t-il, la compagnie n'a rien fait, et j'ai la conviction que, avant de prendre un peu de recul pour permettre aux tribunaux de trancher, rendant une décision qui, en fait, a pour effet de contraindre les reposteurs privés déjà sur le marché de faire faillite, nous devrions néanmoins exprimer une opinion à ce sujet.
Je suis au courant du jugement, je suis au courant de l'explication qui a été donnée, en l'occurrence qu'en permettant à Postes Canada d'avoir le marché le plus rentable, cela lui permet par le fait même de subventionner ses secteurs d'activité qui le sont moins. Mais Postes Canada fait déjà de bons bénéfices, et cela depuis des années.
Vous savez, les jugements rendus récemment risquent de précipiter — Ce que je crains, c'est que Postes Canada n'attende pas pour s'en prendre aux reposteurs. Pour ma part, je suis prêt à avoir une discussion approfondie sur tout ce dossier du repostage, comme le veulent mes collègues, mais je ne veux pas d'une action qui serait pratiquement irréversible — parce qu'une fois qu'un reposteur a fait faillite, c'est pour de bon —, d'une action qui aurait une incidence néfaste sur un dossier dont le CP est parfaitement au courant depuis au moins 1990, comme il l'a d'ailleurs admis.
Je pense qu'il serait prématuré de faire passer de force un quelconque changement, appelez ça comme vous le voulez, dans cette structure de l'industrie du repostage qui existe depuis plus de 20 ans. L'effet pervers dont on a parlé reviendrait à changer une réalité bien présente, un statu quo bien présent, du fait que nous ne prendrions pas position, que nous n'exprimerions pas une position et, en ce qui me concerne la mienne, à l'intention de Postes Canada et du gouvernement dans ce dossier des reposteurs privés.
Je suis donc prêt à voter en faveur de l'amendement, et de la motion amendée qui ferait suite à celle de M. Volpe. Ainsi, nous pourrions préserver à mon avis le statu quo actuel, après quoi nous attendrions simplement le rapport du ministre et nous présenterions un rapport complémentaire si nous voulions vraiment changer d'avis suite à ce rapport ministériel. Mais adopter la motion dans l'état actuel des choses revient à perpétuer le statu quo.
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Monsieur le président, avant de le faire, je pense qu'il faut que nous comprenions bien que ce n'est pas la rentabilité de Postes Canada qui est en cause ici, mais plutôt la possibilité qui lui est donnée d'utiliser ces bénéfices pour subventionner le courrier de première classe. Cet interfinancement que Postes Canada peut actuellement faire est toutefois limité, restreint; par conséquent, si les bénéfices viennent d'activités extrapostales, il se peut que Postes Canada ne puisse pas utiliser les bénéfices en question pour subventionner le courrier de première classe et vice versa.
Le gouvernement canadien impose actuellement des limites très rigoureuses à la façon dont Postes Canada peut utiliser les bénéfices qu'elle dégage de certains centres d'activités et s'en servir pour financer d'autres services qu'elle est obligée d'offrir. Nous devons donc être très prudents en l'occurrence, étant donné que plusieurs causes sont actuellement en instance devant les tribunaux. Si je ne me trompe pas, United Parcel Service essaie depuis un certain temps déjà de prendre à partie Postes Canada dans ce dossier parce que cette compagnie part du principe que la division des colis postaux est interfinancée et ainsi de suite.
Ainsi, s'agissant de mon collègue, M. Bell, je pense que nous devons être très prudents ici lorsque nous prétendons — comme il le faisait je crois — que la rentabilité de Postes Canada est peut-être la raison pour laquelle nous ne devons pas nous soucier de cette obligation universelle qui lui est imposée de tarifer de la même façon le courrier de première classe partout au Canada.
Mais pour répondre à la question de M. Jean, voici ce que disait le ministre comme on peut le lire dans le hansard du 16 mai. C'est de cela que je parlais lorsque je suis intervenu la première fois. Il faut remonter à la journée où cette question a été posée et à la réponse donnée par le ministre pour savoir ce qui a été demandé au juste et ce qui a été répondu au juste, mais voici ce que le ministre a donné comme réponse à cette question d'après M. McKa y :
— c'est une question très importante. J'ai reçu des observations à cet égard de la part de députés d'en face et de députés de notre parti. Nous nous penchons actuellement sur la question. Nous aviserons la Chambre au cours des prochains jours de ce que nous avons l'intention de faire dans ce dossier.
Par conséquent, le ministre a bien promis d'informer la Chambre sur ce que le gouvernement avait l'intention de faire dans le dossier du repostage. Je ne peux pas citer —
:
Vous savez que nous devrons aller voter dans 40 minutes. À moins que tous soient prêts à ne pas aller voter, cette situation est absolument impossible.
Je sais que les représentants du Canadien Pacifique — je crois que leur titre porte encore le mot Canadien — sont venus ici et ont été fort patients, mais on vient de réduire d'au moins dix minutes le temps dont ils disposent, et il se pourrait fort bien que l'on leur donne encore moins de temps pour intervenir.
Pour ne pas être inhospitaliers, nous devons, je pense, absolument régler cette... C'est la deuxième fois que je présente cette motion. Je veux que l'on traite de cette motion, et je veux donc que le comité procède d'une façon qui nous permettra finalement de nous prononcer sur ma motion.
Nous avons déjà traité de cette motion visant à reporter et à renverser. Nous l'avons fait par un vote au début de la réunion. Je ne veux pas appuyer des décisions qui nous permettent de demander le même vote, mais ce de façon différente. Nous nous penchons déjà sur la question. Nous nous penchons sur la motion de M. Bélanger proposant un report. Je reviens tout simplement à ce que j'ai dit tout à l'heure : penchez-vous sur la motion et trouvez une façon de nous faire voter, parce qu'il devra y avoir vote. Puis, j'aimerais qu'on passe à ma motion.
:
Merci, monsieur le président.
Je pense qu'il est important de rappeler certains faits. Cela fait quand même un bon nombre d'années que je suis ici et j'ai toujours tenté d'être respectueux envers le Parlement, envers mes collègues et envers la procédure que des décennies nous ont amenés à raffiner, à la suite de conflits et de chocs. Cela a été fait afin que le ou la parlementaire qui est ici aujourd'hui puisse faire son travail de façon respectueuse, mais aussi en étant respecté. Vous dites qu'il faut que les commentaires de M. Julian aient clairement un rapport avec le sujet. J'aimerais faire quelques remarques à ce sujet, monsieur le président, parce que je crois que c'est important.
Lorsque la possibilité de proposer le report d'une discussion ou d'une proposition a été introduite à l'origine, et ensuite raffinée au fil des ans, il y avait des raisons à cela. Peut-être que quelqu'un tentait d'en passer une « petite vite », ou que quelqu'un tentait d'abuser de sa majorité, ou encore que quelqu'un tentait de faire adopter une proposition un peu à l'aveuglette, sans qu'on ait eu l'occasion d'en débattre convenablement et d'obtenir les renseignements convenables. Monsieur le président, à ce moment-là, il faut que les députés puissent se servir du code de procédure qui nous a été légué par nos prédécesseurs, et c'est ce qui se produit ici aujourd'hui. Je ne sais pas trop pourquoi mes collègues d'en face rient — il y a peut-être une traduction qui a mal été faite —, mais ils peuvent rire tant qu'ils voudront, monsieur le président.
Une motion nous est parvenue, que le gouvernement tente de faire adopter abruptement. C'est une motion qui peut avoir des conséquences très importantes pour la population canadienne. Il semble y avoir une incapacité, ou un refus, et c'est encore pire, de demander les renseignements qui nous seraient utiles avant de prendre une décision.
C'est la raison pour laquelle des motions du type de celle que j'ai proposée il y a deux semaines et que je propose de nouveau aujourd'hui sont importantes dans le cadre de débats parlementaires.
Il ne faut pas abuser de ses collègues. On tente de nouveau de présenter une motion alors qu'on n'a pas les renseignements nécessaires pour en discuter. Les gens qui croient, comme moi, qu'on pourrait faire une erreur en adoptant une telle motion ont le droit d'obtenir des renseignements, d'entendre des témoignages et de demander à nos recherchistes de nous présenter l'historique des sujets dont on débat.
Je vous fais remarquer que j'ai parlé strictement de procédure. Je n'ai même pas parlé du fond du problème. Je pense que tout le monde comprend ce à quoi je veux en venir. En tant que parlementaires responsables, je pense qu'il nous incombe d'entendre les témoins. Si on ne prend pas le temps de le faire, quelles sont les possibilités qui restent aux députés de l'opposition? Il reste la possibilité de proposer une motion du genre de celle qui est présentée aujourd'hui et de reporter les discussions jusqu'à ce que le ministre ai fait ce qu'il nous promet de faire ou jusqu'à ce qu'on ait eu les renseignements nécessaires pour prendre une telle décision. Et ce n'est pas le cas, monsieur le président.
Tant et aussi longtemps qu'on voudra me faire avaler une pilule dont je ne veux pas et que je ne connais pas, et que je n'ai pas tous les renseignements nécessaires pour comprendre pourquoi on veut faire telle ou telle chose, je vais me comporter de cette façon-ci. Je crois que mon comportement est aussi responsable que celui de mes collègues d'en face qui, eux, voudraient faire adopter une résolution immédiatement, sans qu'on ait eu l'occasion d'entendre les gens de Postes Canada, qui sont les experts en la matière, sans qu'on ait compris pourquoi pendant tel nombre d'années ils ne se sont pas opposés plus farouchement aux reposteurs. Je veux avoir des réponses. Quel serait l'impact d'une telle mesure sur le courrier de première classe? C'est cela qui est en jeu ici. Si on veut vraiment servir notre population —
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Tant qu'on continuera à nous interrompre, nous pourrons continuer à parler.
Monsieur le président, j'espère qu'on reconnaîtra que ce qui est à l'origine de ce débat est le fait que le parti gouvernemental — pour une raison ou pour une autre que l'on explorera un peu afin de comprendre pourquoi ils l'ont fait — a proposé d'aller tout de suite à la résolution de M. Fast alors qu'on avait des invités.
Pour quelle raison a-t-il fait cela? On peut penser à certaines raisons. Est-ce pour faire pression sur les membres de l'opposition pour qu'ils l'adoptent? Se comporter comme on le fait aujourd'hui devant des gens qui sont venus témoigner n'est pas très élégant, j'en conviens. Toutefois, quand le gouvernement tente de nous imposer une telle situation, nous nous devons de nous tenir debout, même si on reste assis pour le faire. Ce n'est pas de cette façon que doit fonctionner le Parlement canadien. On a des droits, on a le droit de se faire entendre et on a le droit, surtout, d'aller chercher des renseignements avant de prendre des décisions.
Quelle est cette fascination et cette urgence d'obtenir un chèque en blanc alors que le ministre s'est engagé, il y a plus d'un an, à venir nous rendre compte en Chambre — ce sont ses paroles — de cette question du repostage? Il ne l'a pas fait. Je crois que mon collègue M. Laframboise a posé une question semblable au ministre à l'automne — je n'ai pas les dates précises, mais je pourrais aller voir — et qu'il a obtenu de lui une réponse semblable. À cette occasion, le ministre n'a pas parlé de quelques jours, mais il a dit « bientôt ». Il me semble me souvenir qu'il avait parlé d'avant la fin de l'année.
À cause de l'inaction du gouvernement, on se trouve dans la situation suivante : nos tribunaux ont dit très clairement qu'il fallait protéger le privilège exclusif de Postes Canada, qui a une obligation universelle de livraison du courrier de première classe. Pour une raison ou pour une autre, le ministre n'a pas encore eu le temps de nous faire part de ce qu'il avait en tête, ou n'a pas voulu le faire. Le parti du gouvernement arrive au comité et lui demande, comme la résolution originale de M. Fast le fait, d'amender la loi pour abréger, couper ou amputer le privilège de Postes Canada et ce, sans qu'on ait entendu de témoins et obtenu de renseignements additionnels.
Je vous avoue, monsieur le président, que je ne peux ni comprendre ni accepter cela. Nous sommes responsables devant nos citoyens. J'en ai discuté avec mes collègues, et j'irai peut-être même en discuter avec des collègues d'en face qui représentent des circonscriptions rurales. Quand on veut nous faire avaler cette résolution tout de suite, je me défends et dis qu'il faudrait peut-être reporter cette décision à plus tard. Nous ne prendrons certainement pas cette décision avant d'avoir pris connaissance du fruit du travail du ministre, qui dit travailler depuis plus d'un an à cette question de privilège exclusif et des personnes qui travaillent pour les reposteurs.
Il s'agit d'une question fort légitime, monsieur le président, je ne le conteste pas. Cependant, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il y a d'autres solutions que d'abréger, d'amputer ou de détruire le privilège exclusif de la Société canadienne des postes. Comme mon collègue le suggère, on peut insister auprès de Postes Canada pour que cette société discute avec les reposteurs de façon à ce qu'ils puissent travailler ensemble, comme cela s'est fait dans le cas de la livraison du courrier rural, du courrier urbain et dans d'autres domaines également.
Si le gouvernement nous présente une motion qui veut amputer le privilège exclusif sans qu'on parle des conséquences d'une telle décision, je ne peux pas l'appuyer. Je fais donc ce qu'un député ou une députée responsable doit faire, c'est-à-dire se servir des outils qui sont à sa disposition et qui ont été créés au fil des décennies et au fil des siècles. On peut remonter jusqu'à la Magna Carta, si vous le voulez. C'est un peu le genre de truc auquel on fait face.
Je peux continuer longtemps, monsieur le président. D'ailleurs, je vous ferai remarquer qu'il serait important d'ajouter dans le dossier que lorsqu'il était question d'entendre les témoins, j'étais prêt à procéder tout de suite et que les membres du gouvernement ont refusé. Il ne faudrait pas oublier cela.
Quand on va faire le procès de cette réunion en public — et je m'attends à ce que ce soit le cas —, et qu'on va nous accuser de part et d'autre d'avoir fait une entorse à la démocratie, il ne faudra pas oublier que ce sont les membres conservateurs du comité qui ont demandé de renverser l'horaire, qui avait d'ailleurs été fixé. Ce sont également eux qui ont refusé le consentement unanime en vue d'entendre les témoins. Compte tenu d'un tel refus, j'espère que mes collègues d'en face seront un peu gênés de faire des attaques à outrance. En fait, je ne détesterais pas qu'ils le fassent parce que le fond de la question mérite à mon avis de faire l'objet d'un débat public.
Pourquoi insisterait-on pour amputer, voire abolir le privilège exclusif dont bénéficie présentement Postes Canada, et ce, pour une raison bien particulière? Il faudrait que cette obligation universelle puisse être remplie sans qu'on ait à en débattre. Pourquoi ne ferait-on pas comparaître des témoins du Canada rural, c'est-à-dire ceux qui seraient probablement les plus menacés? C'est une question qui est fort légitime. J'espère qu'au moment de passer à l'attaque, comme je prévois qu'ils le feront, mes collègues prendront la peine d'expliquer au public canadien pourquoi ils veulent à tout prix faire abolir ce privilège et pourquoi ils ne considèrent pas important que la distribution du courrier dans les zones rurales ou éloignées continue à se faire de la même façon.
Monsieur le président, vous conviendrez avec moi, je crois, que ces débats de fond doivent se faire avant que l'on se prononce sur une question pouvant avoir des conséquences quand même très significatives sur bon nombre des concitoyens que chacun d'entre nous est appelé à représenter.
J'ai dit ce que j'avais à dire, et je vais finir sur ces paroles, sans aucune honte ou amertume. Je pense savoir ce qui va se produire lorsqu'on en viendra à voter, si on vote aujourd'hui. Il va sans doute s'avérer que les députés seront appelés à se prononcer sans disposer des renseignements qui leur permettraient de le faire convenablement.
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Monsieur le président, je vais tenter de vous expliquer pourquoi je vais appuyer la motion de M. Bélanger.
C'est peut-être plus grave encore. Le ministre a peut-être une raison pour ne pas déposer son rapport ou ses commentaires. On doit peut-être modifier la loi. Il a peut-être pensé pouvoir le faire par règlement. Il n'avait pas besoin de venir nous voir et de demander une motion comme celle qu'a déposée par M. Fast.
Si c'est le cas, imaginez-vous le temps que les reposteurs ont perdu à croire au gouvernement. Si on a besoin d'une modification législative et que le ministre en est arrivé à cette conclusion, mais qu'on ne peut pas la lire parce qu'il n'a pas remis son rapport, il faut recommencer. Quand on a une loi, il faut entendre des témoins.
Je ne sais pas ce que le ministre pensait et s'il en est arrivé à la conclusion de la nécessité d'une modification législative, entre autres à la suite du jugement de la Cour d'appel. Cependant, j'ai de la difficulté avec le fait qu'on doive recommencer le travail et qu'on ait perdu plus d'une année parce qu'on n'a pas voulu entendre les témoins. Je suis de moins en moins prêt à soutenir le gouvernement, surtout dans le report des vraies discussions, car on devra les recommencer, de toute façon.
La motion de M. Bélanger, aujourd'hui, est des plus importantes. On devrait attendre d'avoir le rapport du ministre. Il a probablement fait son analyse. Qu'il la dépose au comité le plus rapidement possible. Si une modification à la loi est nécessaire, qu'il dépose un projet de loi. Il arrive qu'un ministre dépose un avant-projet de loi à des fins de discussion. S'il souhaite qu'il y ait une telle discussion, qu'il dépose un avant-projet de loi et on pourra alors en discuter.
Si telle est la solution ou la recommandation qu'il était prêt à faire et qu'il ne veut pas faire, car il se sent coincé parce qu'il aurait dû le dire directement aux reposteurs — Je comprends les reposteurs. Ils sont dans une situation difficile. Ils ont des emplois et ils viennent de perdre un jugement. Si la solution ultime est de modifier la loi, la recommandation de M. Fast ne changera rien. Il faut modifier la loi, déposer un projet de loi et en débattre.
On ne pourra pas adopter un projet de loi sans entendre les reposteurs ou Postes Canada. C'est impensable. Si c'est la direction que veut prendre le gouvernement, qu'il nous le dise. Il est assez utopique de penser qu'on passera outre le privilège exclusif de Postes Canada, qui est inscrit dans une loi, et que tous les partis seront d'accord pour prendre le fast track. À nous entendre, vous allez comprendre qu'on n'autorisera pas le fast track.
J'aimerais que mes collègues y pensent bien. La motion déposée par M. Bélanger a toute son utilité. Les conservateurs devraient retourner voir le ministre et lui dire que M. Bélanger avait peut-être raison. Son rapport doit sûrement être prêt. Il nous l'a promis et il y a eu des discours. Le secrétaire parlementaire est au courant. S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il y a une raison. La conclusion n'est peut-être pas facile à dire, à savoir qu'il faudra changer la loi. Si tel est le cas, qu'il dépose un avant-projet de loi ou un rapport.
On est prêts à l'aider. C'est moi qui ai déposé la première motion pour les faire comparaître. Je suis intéressé à en discuter, en autant que j'aie le temps de poser toutes les questions, ce que vous ne m'avez pas donné. C'est pour cette raison que je reviendrai toujours à ma position de départ. Je vous ai demandé du temps. Vous m'avez demandé de respecter les règlements fixés par le comité. Je l'ai fait et j'ai des questions à poser avant qu'on effectue un changement aussi important, qui pourrait avoir des répercussions sur le courrier rural. Je suis un député rural. Chez nous, on en a plusieurs qui couvrent tout le Québec. On veut s'assurer qu'une décision du gouvernement ne mettra pas en danger le courrier rural. Il ne s'agit que de poser des questions et après, on verra.
Si, dans la recommandation ou le document que devait produire le ministre, la seule solution est de modifier la loi, imaginez tout le temps qu'on a perdu à essayer d'envoyer une motion au gouvernement. Tout ce que le gouvernement fera, c'est redéposer un projet de loi. Si tel est le cas, on n'aura pas eu le temps d'entendre les témoins. On devra ramener tous ces témoins et on aura perdu du temps.
J'espère que les conservateurs en sont conscients. Je ne veux pas faire de blâme, mais aujourd'hui, vous avez fait perdre du temps aux gens du Canadien Pacifique. J'espère que vous n'avez pas trop fait perdre de temps aux reposteurs. Si la solution est de modifier la loi, qu'on attende les recommandations du ministre. C'est pourquoi je vais appuyer la motion de M. Bélanger.
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Monsieur le président, je ne comprends pas du tout pourquoi les conservateurs refusent la motion de M. Bélanger voulant qu'on diffère la discussion. C'est comme s'ils avaient peur d'entendre des témoins et de savoir quel sera l'impact sur les régions rurales. On a vu comment les conservateurs ont bloqué la lecture de trois paragraphes du jugement de la Cour d'appel de l'Ontario. Il m'a fallu 15 minutes pour lire ces trois paragraphes, car à chaque minute, un conservateur essayait de bloquer la lecture d'un jugement qui touche profondément la motion de M. Bélanger, à savoir différer la discussion sur une motion et un amendement qui auront vraisemblablement un impact sur le service postal dans les régions rurales.
Je ne comprends pas la réaction des conservateurs. Ils refusent de prendre leurs responsabilités, de faire leurs devoirs et de comprendre les répercussions qu'aurait le fait de ne pas différer les discussions. Si on reporte les discussions, il n'y aura aucun impact important et les membres du comité qui représentent le parti conservateur pourront au moins lire ce jugement et comprendre ses répercussions sur le service rural.
Reporter la discussion est sensé et responsable. C'est faire notre devoir. Le fait de prendre une décision hâtive et irresponsable, compte tendu du jugement de la Cour d'appel, aura des répercussions sur les régions rurales.
Il y a des députés conservateurs qui représentent des régions rurales du nord de l'Alberta et ils ne semblent pas sensibles aux répercussions d'une décision qui serait prise hâtivement. Ils refusent d'appuyer la motion de M. Bélanger. Celle-ci est sensée et fait en sorte que les représentants des régions rurales fassent leur devoir. Ils refusent de prendre leurs propres responsabilités, de surveiller une décision d'une cour où il est question des régions rurales. Ils refusent qu'on entende des témoins afin de discuter de l'impact sur les régions rurales. C'est ce que je ne comprends pas, monsieur le président.
M. Bélanger et M. Laframboise ont tous les deux dit qu'ils ne comprenaient pas pourquoi les conservateurs s'empressaient de prendre une décision dont ils ne connaissent pas les conséquences, même sur leurs propres comtés. C'est ce qu'on trouve surprenant. Je crois que c'est irresponsable. La motion de M. Bélanger est bonne. Il veut qu'on diffère les discussions tant qu'on n'aura pas reçu le rapport du ministre, qu'on attend depuis maintenant presque six mois.
Cela ne prend pas six mois pour produire un rapport sur ces questions. Le ministre nous l'a promis à la fin de l'année dernière. Or, on ne l'a pas. Les conservateurs se disent qu'ils ont la décision de la cour et qu'ils vont refuser les conséquences de celle-ci sur nos propres comtés. Ils veulent simplement faire adopter une motion, peu importe les conséquences. Ce n'est pas responsable.
Agir de façon responsable, c'est adopter la motion de M. Bélanger, qui vise justement à reporter les discussions. Je suis certain que M. Laframboise et M. Carrier appuieraient également la motion pour faire comparaître les témoins qu'on demande à entendre depuis quelques semaines. Si cela avait été proposé, on aurait entendu des témoins du Canadien Pacifique et eu une discussion sur la sécurité du réseau ferroviaire. Tout ce qu'ils avaient à faire était d'accepter d'entendre les témoins parler des impacts et de débattre de la motion ensuite.
M. Bélanger est sensé. Il veut qu'on diffère les discussions tant qu'on n'aura pas reçu la réponse du ministre. Si je comprends bien, les conservateurs sont en train de dire que le ministre ne fera jamais son devoir. C'est la seule chose qu'on peut conclure de leur décision hâtive et irresponsable. Le comité peut décider d'entendre des témoins, cela relève de lui.
Or, les conservateurs n'ont jamais tenté de régler la question de la comparution des témoins. Je ne comprends pas pourquoi. Je ne comprends pas non plus leur peur de lire les trois paragraphes du jugement qui parlent justement des services dans les régions rurales. Ils avaient peur que les Canadiens et les Canadiennes connaissent le jugement rendu par la Cour d'appel. Pourquoi? C'est difficile à expliquer. J'aimerais bien que les conservateurs s'expliquent là-dessus. Pourquoi ont-ils une telle peur de lire trois paragraphes afin qu'ils figurent au compte rendu de notre réunion d'aujourd'hui?
Je ne comprends pas l'empressement des conservateurs et leur refus de voir le bon sens de la motion de M. Bélanger. Toutes les questions posées par M. Bélanger, M. Laframboise et M. Carrier sont valables. On veut pouvoir en discuter avec des témoins qui comprennent bien le dossier et connaître les impacts des décisions. Il est normal, en tant que parlementaires, de prendre cette responsabilité. Cette décision de la cour touche justement des représentants conservateurs de régions rurales et ils ne veulent rien savoir. Ils ne veulent même pas qu'on lise le jugement au comité. Je n'y comprends rien.
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J'ai cinq observations à faire, monsieur le président.
La première chose qu'on demande, c'est que — La seule chose que dit la motion, et certains députés libéraux et ministériels sont d'accord, c'est qu'on laisse les choses tel quel, comme c'est le cas depuis 28 ans.
La deuxième chose, c'est le temps que nous font perdre d'autres députés. J'invite tous les Canadiens à prendre connaissance du procès-verbal et à voir quels députés gaspillent notre temps et ce qu'ils disent, parce que très franchement, il n'y a aucune logique, aucune pertinence dans ce qu'ils disent par rapport à la question à l'étude.
Troisième chose, il n'y a pas de rapport. Comme je l'ai dit, le ministre n'a pas dit qu'il allait déposer un rapport à la Chambre. Il a dit qu'il allait étudier la question.
Quatrièmement, c'est qu'on n'arrête pas d'invoquer le Règlement. Ce n'est pas M. Laframboise, qui représente lui une circonscription rurale, que j'ai à l'esprit. C'est M. Julian, qui, pour autant que je sache, ne représente pas du tout une circonscription rurale; chose certaine, il ne représente pas le milieu rural comme trois d'entre nous de ce côté-ci. Nous comprenons le problème qu'il y a avec Postes Canada.
Cinquièmement, c'est la Chambre, ce sont les députés qui votent les lois. Il appartient aux juges d'interpréter ces lois. C'est la raison pour laquelle nous envisageons de modifier la loi, du moins sur provisoirement, de telle sorte que ces Canadiens ne perdent pas leur travail dans les villes comme Toronto et Vancouver, sans parler de ces personnes qui sont syndiquées en divers endroits. Nous voulons conserver le statu quo, monsieur le président. C'est tout ce que nous voulons. Nous voulons préserver la situation telle qu'elle est, pour que des papas et des mamans et des familles canadiennes ne se retrouvent pas dans la rue. C'est ce que notre gouvernement veut faire pour le moment, conserver la situation en l'état, contrôler les choses.
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Merci, monsieur le président.
J'espère qu'après avoir entendu M. Jean, vous ne permettrez plus jamais que l'on conteste la pertinence des propos des uns et des autres. Parce qu'il a dit certaines choses qui n'étaient pas du tout pertinentes, reproche qu'il faisait aux autres il y a un instant.
Il dit par exemple qu'il n'y a pas de rapport. J'ai cité les propos du ministre assez souvent, et je vais le refaire. La dernière phrase dit : « Mais nous » — comme dans le nous royal pour le gouvernement — « aviserons la Chambre au cours des prochains jours de ce que nous avons l'intention de faire dans ce dossier. » Il s'agissait ici de la question du repostage.
Le gouvernement s'est donc engagé à faire rapport à la Chambre, peu importe la manière — dans le cadre d'un discours, d'un rapport ou d'une annonce —, pour dire ce qu'il compte faire, dans les jours qui viennent. C'était il y a un an de cela. Donc, lorsqu'on nous dit qu'il n'y a pas de rapport, c'est peut-être exact, mais on s'est engagé à renseigner la Chambre.
Ce qui est arrivé ensuite, c'est qu'un député ministériel a proposé une motion visant à modifier la loi — à rogner, changer, modifier ou amputer le privilège — sans avoir l'avantage de savoir ce que le gouvernement a fait au cours de la dernière année.
En outre, lundi, ici même, nous avons appris que le ministre et le gouvernement songent à repenser la Société canadienne des postes, et pas seulement pour le repostage, mais je crois — et je devrai vérifier le procès-verbal du comité — que le ministre a dit que la question du repostage figurerait dans cette étude de Postes Canada. Je dois vérifier si mon souvenir est exact quant aux propos précis du ministre; il a mentionné deux ou trois choses qu'il ferait. Mais étant donné que le ministre et le gouvernement songent à faire une étude, cela retarderait de beaucoup le règlement de la question du repostage, si le ministre compte se servir de cette étude, peu importe la forme qu'elle prendra.
Nous voilà donc dans une situation depuis une année où le gouvernement et le ministre se sont engagés à indiquer à la Chambre ce qu'on fera dans les jours qui viennent — il y a maintenant un an de cela — et cela a été reconfirmé à l'automne lorsqu'une autre question a été posée à la Chambre — Et nous attendons toujours. Puis là, tout à coup, on pourrait se retrouver avec une étude de la Société canadienne des postes, qui pourrait prendre — Nous sommes tous d'accord, j'espère, pour dire que cette étude pourrait prendre des mois, sinon des années. Mais chose certaine, ça ne se fera pas en quelques jours ou semaines, d'autant plus que cette étude, éventuelle, n'est même pas encore commencée.
Entre-temps, mes collègues — à juste titre — s'inquiètent de savoir ce qui pourrait advenir des réexpéditeurs si Postes Canada insiste pour que son privilège soit respecté, comme l'ont statué les tribunaux ces derniers mois.
Le gouvernement peut-il agir? Oui, le gouvernement peut agir. Le gouvernement a-t-il besoin de la permission ou même de l'incitation du comité? Espérons que non. Et le gouvernement peut agir. La loi donne au ministre toute latitude voulue pour agir et parler à Postes Canada, mais il ne peut pas demander l'appui de notre comité pour modifier la loi.
C'est comme ça que tout a commencé, avec la motion originale de M. Fast. Donc, gardons cela à l'esprit quand on parle de la question à l'étude ici.
Soit dit en passant, je me demande, et c'est un peu une question de procédure, si les choses n'auraient pas été différentes, monsieur le président, si la motion proposée par mon collègue, M. Volpe, avait été considérée comme une contre-motion au lieu d'un amendement? Parce que c'est bien ce dont il s'agit. Je ne sais pas si nous —
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Fort bien, monsieur le président.
J'aime bien ces rappels au Règlement parce qu'ils alimentent nos commentaires. Donc, ne vous gênez, messieurs.
Si le ministre aime tant la consultation, je ne me rappelle pas qu'il nous ait dit, à nous députés de l'opposition, que tel était son désir. Il en a peut-être parlé aux membres de son caucus, ce qui est bien. Mais si on me demandait mon avis, je dirais sûrement que je suis d'accord, mais ne consultons pas seulement les députés fédéraux; consultons aussi ceux qui assurent la livraison du courrier, les réexpéditeurs et ceux qui reçoivent le courrier. C'est ce que la motion de M. Fast nous prie de faire. Il faut aller droit au coeur de la Société canadienne des postes — son obligation universelle — l'obligation qu'elle a d'unir le pays. Sans avoir procédé à la moindre consultation, ce que le ministre désire apparemment, sommes-nous d'accord sur cela? Je vois ici des contradictions inhérentes.
Moi aussi, j'aime bien consulter, mais j'aime faire de vraies consultations, pas seulement des consultations en l'air. Je vais mentionner un exemple que M. Fast connaît très bien. Dans un autre comité, où nous avions à traiter d'une autre question, j'étais d'accord avec le gouvernement lorsqu'il a insisté pour qu'on entende des témoins de tous les camps.
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Je veux évoquer la possibilité de proposer la motion suivante : Que l'on déplace le débat sur la motion dilatoire, plus les deux autres motions de fond, à lundi, pour la première heure de débat, aux termes de laquelle, on votera sur les trois motions — la motion dilatoire ainsi que les deux motions de fond —, et à ce moment-là, la volonté du comité prévaudra.
Si on ajourne et que cela prend plus de temps du comité, je propose qu'on ait un moyen quelconque pour mettre fin à cela, ou qu'on ait une stratégie quelconque.
Ma proposition, monsieur le président, repose sur cette base, et c'est un premier pas. Si, entre-temps, on trouve un autre libellé — même si on n'en a proposé aucun — ou s'il y a un autre aspect de la motion qui serait acceptable pour les autres députés, ou si on peut trouver un autre moyen d'avancer, je pense certes que ce serait un compromis raisonnable.
Je crois que M. Bélanger a raison; je ne crois pas qu'on va gagner quoi que ce soit à parler de cela sans arrêt. Mais du même coup, du point de vue du gouvernement, il y a beaucoup à perdre; c'est-à-dire, que nous allons perdre le temps qui nous est alloué lundi, nous allons perdre le temps qui nous est alloué mercredi, et nous allons continuer de perdre du temps tant que cette question n'aura pas été réglée.
Je suis d'avis que ce serait un compromis juste.
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D'abord, j'aimerais répondre à M. Laframboise. Je l'ai trouvé très courtois par le passé, un parfait gentleman, mais nous ne jouons pas à un jeu; c'est l'autre côté, ou une partie de l'autre côté, qui joue à un jeu. Nous ne faisons pas d'obstruction. Nous voulons que la volonté du comité s'impose. Si la volonté du comité ne va pas dans le sens que nous voulons, alors nous aurons perdu, et nous respecterons ce verdict. Mais ce n'est pas nous qui jouons à un jeu. C'est de ce côté-là de la table qu'on joue à un jeu. Ce n'est pas vous qui jouez à un jeu non plus, monsieur Laframboise. Vous avez été très clair, et je respecte cela et vous êtes un homme de parole. Mais d'autres ont joué à ce jeu.
Je trouve cela déplaisant, mais ce n'est pas un compromis que nous offrent nos amis d'en face. Le compromis, c'est qu'on essaie de faire de l'obstruction — De notre point de vue, du point de vue ministériel, c'est ce côté-là qui essaie de faire de l'obstruction, et on va maintenant s'entendre pour avoir cinq jours d'obstruction sans qu'on obtienne quoi que ce soit de notre côté. Nous n'admettons qu'une chose, c'est que l'obstruction peut durer encore cinq jours, et nous ne pourrons rien y faire. C'est la seule chose que nous admettons.
La réalité, c'est que nous serons dans la même position lundi qu'aujourd'hui. Ce n'est pas un compromis ça. On n'agit pas de bonne foi, on n'essaie pas de faire quoi que ce soit. Nous ne demandons qu'une stratégie de sortie, pour le temps où certains députés ne seraient pas présents lundi, mardi, mercredi ou peu importe, ou peu importe si d'autres membres sont convaincus. Nous voulons qu'une décision soit prise. Nous voulons avoir le loisir de débattre de cette motion.
M. Fast, je vous le signale respectueusement, a attendu six séances. Ça fait trois semaines. Nous voulons trouver un terrain d'entente pour que nous puissions mettre fin à cela et faire en sorte que la volonté du comité s'impose.
Peu importe le temps que ça prendra, entendons-nous sur un compromis. Personne n'offre de compromis de ce côté-là parce que ce côté-la essaie de faire de l'obstruction.
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Je suis contre l'amendement, monsieur le président.
Chose certaine, je ne suis pas pour cet amendement pour la simple raison que c'est donner un chèque en blanc au gouvernement. Cela lui permettrait d'imposer de nouveau une mesure qui, manifestement, se heurte à des degrés divers d'opposition autour de la table.
La motion de M. Volpe est la motion de compromis. Elle vise à suspendre la discussion, Nous reviendrions à nos motions mercredi prochain. Cela nous donnerait le temps de procéder aux consultations qui auraient dû avoir lieu avant que les conservateurs ne déchirent l'ordre du jour plus tôt ce soir — cet après-midi, en fait, il y a quatre heures de cela. Ils ont déchiré l'ordre du jour et ils ne nous ont pas permis d'achever notre étude de la sécurité ferroviaire. Cette absence de consultation nous place dans la situation où nous sommes maintenant.
M. Volpe propose un compromis qui permettrait à tous les partis d'être consultés et à parvenir peut-être à un compromis que tous les partis ici présents pourraient accepter, mais les conservateurs continuent de saboter ces discussions ainsi que le compromis. J'aimerais qu'on m'explique ce que les conservateurs ne comprennent pas dans ces notions que sont la coopération et l'établissement d'un consensus.
Les conservateurs semblent faire de l'obstruction. Ils vont simplement continuer de proposer des amendements et des motions pour déformer ce qui fait consensus. La réalité, monsieur le président, c'est qu'ils veulent continuer de jouer avec ça jusqu'à ce que la séance soit levée.
Ils peuvent accepter le compromis ou ils peuvent jouer à des jeux, mais je leur propose de retirer cet amendement et de voter intégralement la motion de M. Volpe, et ainsi nous pourrons terminer la séance et le comité pourra reprendre ses travaux mercredi prochain.
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Monsieur le président, je n'ai jamais joué de jeu et je n'ai pas non plus l'intention de le faire.
M. Jean nous a présenté une motion intéressante. Toutefois, j'ai besoin de temps pour en discuter. C'est tout ce que je demande. Aujourd'hui, c'est le gouvernement qui a changé l'ordre du jour. Pour ma part, j'étais ici pour entendre les témoins et participer aux discussions. Vous m'avez demandé de ne pas poser de questions sur les relations de travail et les poursuites, et j'ai tenu parole. Aujourd'hui, la demande que je fais au gouvernement n'est pas un jeu et encore moins un piège. On vous offre, dans un esprit de collaboration, de reporter la question parce qu'on pense qu'il y aura moyen de s'entendre d'ici là. Si j'étais vous, j'accepterais cette proposition, étant donné qu'il ne s'agit pas d'un piège, du moins pas de la part du Bloc québécois.
Quand des propositions intéressantes sont faites, il faut que j'en parle aux instances de mon parti. Dès le départ, je vous avais dit ne pas avoir l'intention de faire de l'obstruction. Par contre, on chambarde l'ordre du jour, on ne me permet pas d'interroger les témoins sur des sujets que je juge importants, et on me fait maintenant une proposition au sujet de laquelle on ne veut pas que je discute avec les instances de mon parti.
J'essaie de vous comprendre. Comme je vous l'ai dit déjà, on vous tend la main. Prenez-la, et vous ne le regretterez pas. C'est le message que je voulais vous livrer.
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Je veux simplement répondre, et c'est à propos de la même question. Personne ne m'a expliqué pourquoi nous ne pourrions pas limiter le débat. Pourquoi ne pourrait-on pas limiter le débat sur ces questions?
Monsieur Laframboise, vous avez posé la question de l'ordre du jour. En ce qui concerne l'ordre du jour, ce que nous avons fait, c'était inverser le début et la fin. On devait quand même en débattre aujourd'hui. On devait quand même en débattre et voter là-dessus aujourd'hui; il nous a fallu seulement une heure de plus à cause de l'obstruction pratiquée par certains députés ici présents qui ne veulent pas que le comité soit saisi de cette question.
Tout ce que nous voulons, c'est voter, pour que la volonté du comité puisse s'imposer. Nous avons tâché de trouver le dénominateur commun le plus bas afin d'obtenir un sursis ou de faire savoir à Postes Canada qu'elle doit accorder un sursis. Nous en avions fait notre dénominateur commun le plus bas, et on a refusé. Ce que nous disons maintenant, c'est que si nous devons retomber dans la même situation où nous sommes aujourd'hui, il faudrait simplement limiter le débat, peu importe la nature de cette limite. J'ai dit très clairement que nous étions disposés à accepter une limite de cinq heures — j'ai même dit qu'on pourrait accepter une limite de douze heures — mais deux heures suffiraient.
Je dis seulement que peu importe le temps qu'on prendra, il faut que cela ait une fin, et je ne vois pas quel compromis on pourrait avoir. J'aimerais avoir l'avis de M. Laframboise à ce sujet.
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On peut débattre de la motion visant à limiter le débat, et monsieur Laframboise, je vous crois sur parole, mais je n'ai pas entendu mes autres collègues autour de la table dire qu'ils n'allaient pas faire obstruction, ou qu'on ne proposerait pas une contre-motion pour faire obstruction. Je dis qu'il faut limiter le débat, ne serait-ce que parce qu'on n'a pas le choix.
Si nous parvenons à nous entendre, c'est la vie, c'est parfait. Mais si nous n'y arrivons pas, nous allons nous retrouver dans la même situation où nous sommes aujourd'hui, en ce moment même, sauf que ce sera cinq jours plus tard et que Postes Canada aura pu agir contre eux. C'est ce qui nous inquiète. Nous ne demandons qu'un sursis, de telle sorte que les Canadiens de Toronto, Montréal et Vancouver puissent conserver leur emploi et savoir d'où leur pain viendra dans le prochain mois ou les deux prochains mois, et que Postes Canada ne prendra pas de mesures contre eux. C'est ce que nous demandons.
Nous voulons que le débat finisse un jour. Peu importe le temps qu'on prendra, nous pensons qu'il est juste que le débat aboutisse, qu'on ait seulement une date marquant la fin. Je vous crois sur parole, monsieur Laframboise, mais il nous faut une limite quelconque, ou alors, aussi bien continuer comme maintenant. Et soyons francs, personne ne veut ça. Personne ne veut continuer, mais nous avons besoin d'une limite quelconque dans le temps pour en finir, sans quoi nous serons dans la même situation mercredi que maintenant, sauf que, le comité ne se sera pas occupé des choses qui ont une importance pour les Canadiens, par exemple, la sécurité ferroviaire.
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Merci, monsieur le président.
M. Bélanger a parlé de bonne volonté. Quiconque nous voit délibérer aujourd'hui sait qu'il subsiste très peu de bonne volonté entre nous à cause des ambitions qui nous divisent.
Je songe tout particulièrement aux positions qu'a prises M. Julian. Comme vous le savez tous, j'ai déposé ma motion il y a plusieurs semaines de cela. Au cours des six dernières semaines, chaque fois que j'ai essayé d'en discuter, on la reportait à la prochaine séance, puis à la prochaine séance, puis à l'autre séance.
Très franchement, cela ne me surprend pas, parce que M. Julian a ses ambitions à lui. Personne ici ne se fait d'illusions sur la nature de ces ambitions.
À tout le moins, M. Bélanger a été assez clair. Son monologue a duré fort longtemps.
Monsieur Bélanger, vous avez dit que dans un parlement minoritaire, nul ne peut imposer sa volonté. C'est vrai, mais quand on cherche à parvenir à un consensus autour d'une table comme celle-ci, la majorité prévaut toujours.
Malheureusement, il y a un élément dans notre système qu'on appelle l'obstruction, qui a été pratiquée par certains députés aujourd'hui autour de la table, et cette obstruction permet aux députés de faire traîner les délibérations afin de retarder la prise de décision. Manifestement, c'est ce que nous avons vécu autour de la table aujourd'hui. Quiconque observe nos délibérations sait de quoi il en retourne.
Je crois que nous devons porter notre attention sur le vrai problème qui se pose ici. Il ne s'agit pas de faire toutes sortes d'études sur la relation qu'il y a entre la livraison du courrier en milieu rural et le repostage. Cette question a été soulevée par un seul témoin, et il s'agissait du STTP lorsqu'il est venu ici, Deborah Bourque.
La question qui se pose pour nous, c'est le sort des employés, de ces Canadiens qui ont du travail dans l'industrie du repostage, ces milliers d'employés qui pourraient se retrouver sans travail demain ou après-demain parce que nous n'aurons rien fait.
Je sais que M. Julian en est très heureux. Il veut voir ces Canadiens perdre leur emploi parce qu'il espère que quelqu'un d'autre pourra les engager.
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Eh bien, monsieur le président, je tâcherai d'être aussi pertinent que l'a été M. Julian dans nos délibérations il y a environ une heure de cela lorsque vous lui avez rappelé, au moins dix fois, qu'il devait s'en tenir à notre sujet. Il n'en a rein fait. Je ferai de mon mieux pour m'en tenir au sujet.
Je n'ai jamais voulu injurier qui que ce soit. Je voulais seulement brosser un portrait de la situation telle qu'elle est. Nous sommes manifestement dans une situation où les intérêts des réexpéditeurs et de leurs employés s'opposent à ceux de Postes Canada. C'est évidemment le problème qui se pose ici
Sur le plan juridique, Postes Canada a l'avantage, mais sur le plan décisionnel, c'est le gouvernement qui a l'avantage. Je ne parle pas seulement du ministre, mais de nous tous. Nous faisons partie de ce système. C'est un système démocratique. C'est un système qui ne devrait pas être soumis à l'obstruction, quand on voit la volonté d'une instance comme la nôtre frustrée par ceux qui n'admettent pas que la majorité doit prévaloir.
Je vois que M. Volpe est d'accord pour suspendre ce débat sans stratégie de sortie. Ce qu'il propose simplement, c'est de reporter à plus tard ce que nous faisons déjà, à savoir un débat complet sur la question. Très franchement, si on parle de suspension du débat jusqu'à mercredi, sans la possibilité d'avoir une stratégie de sortie ou une fin à ce débat, je ne peux pas être pour ça.
M. Jean vient de faire une proposition constructive : calmons-nous un peu et suspendons nos délibérations jusqu'à mercredi 15 h 30. Cependant, à ce moment-là, si je me base sur la bonne volonté qui est censée exister autour de la table, nous nous entendrons sur un délai fixe, pour qu'il y ait un vote sur les trois motions. La motion dilatoire ainsi que la motion principale et son amendement. C'est raisonnable. Chose certaine, de ce côté-ci, nous sommes d'accord, et dans d'autres circonstances, les gens d'en face seraient d'accord aussi.
Ce qui me préoccupe, c'est qu'on joue avec la vie, le bien-être — des travailleurs dans l'industrie du repostage. C'est ça qui m'inquiète. Le plus tôt on aura réglé cette question, le plus tôt ces travailleurs dans cette industrie auront droit à plus de certitude dans leur vie. Chaque fois qu'on se traîne les pieds avec des motions et des motions de report, nous nuisons davantage à ces personnes mêmes qui nous ont élus pour les représenter ici à cette table. On essaie maintenant de reporter cette décision de trois, quatre ou cinq jours dans l'espoir de parvenir à un compromis quelconque.
Je prie de nouveau mes collègues du Comité de bien penser au véritable enjeu de notre discussion. C'est le statu quo. Dans la situation actuelle, les réexpéditeurs ont encore du travail. Cette industrie existe depuis près de 20 ans, sans ingérence de Postes Canada.
Manifestement, l'enjeu ici est noir ou blanc, et il ne saurait y avoir report ou suspension. Je serais d'accord avec une suspension, mais il faut avoir une stratégie de sortie. Il faut que l'on sache exactement à quel moment nous allons mettre cette question aux voies.
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Merci, monsieur le président.
Chers collègues, je vois qu'il se fait tard parce qu'il est évident que la bonne volonté qui émergeait risque de se dissiper. Je ne veux pas m'engager dans cet exercice-là.
Lorsque j'ai proposé ma motion, j'étais sûr que tout le monde ici présent entrevoyait la stratégie de sortie que j'avais à l'esprit.
M. Fast en sera peut-être surpris, mais je ne crois pas qu'il sera surpris d'apprendre que les gens de ce côté-ci de la table étaient sincèrement heureux d'avoir trouvé un terrain d'entente avec nos collègues d'en face dans les discussions que nous avons eues hors du comité à propos de l'orientation que nous devrions prendre. C'est ce terrain d'entente sur l'orientation que nous devions prendre qui a été à l'origine de ma motion.
Autrement dit, la stratégie de sortie est la solution que M. Fast recherche. Je le félicite de se soucier autant des gens. Il partage notre souci.
Nous n'allons pas donner dans la partisanerie qui dit que quand on est au gouvernement, on doit faire ceci, et que quand on est en comité, on doit faire cela. C'est facile à dire, mais le fait est que nous tenons sincèrement à ce que le comité produise une motion unanime, plutôt que de procéder par vote majoritaire.
Je vais le répéter, et je crois qu'en cela, je parle au nom de tous ceux qui sont de notre côté de la table, dont les deux autres partis. Nous avons beaucoup aimé la suggestion que nous a faite M. Jean en dehors du comité.
Nous proposons la suspension parce que la stratégie de sortie est inhérente à la motion qui doit être mise aux voix. Tous les députés de ce côté-ci de la table sont d'avis qu'il faut régler cette question. Personne ne veut avoir les mains liées par une décision qui sera prise ou ne sera pas prise. Chose certaine, personne ne veut s'avancer sur un terrain où il ne peut pas être. Mais nous étions d'accord pour vouer toute notre énergie et toutes nos ressources à la conclusion d'un accord.
Je ne sais pas si cela rendra M. Fast heureux, mais je pense que ça lui fera à tout le moins plaisir. Mais je ne veux pas prédire ce qui va arriver parce que je me suis engagé à parler à mes collègues des trois partis de ce côté-ci de la table et même de l'autre côté, la députation ministérielle, au cours des jours à venir.
Cela vous paraîtra peut-être naïf, mais pour nous, il ne s'agit pas de retarder encore les choses. Comme M. Fast le sait, je ne tenais pas à avoir ce débat aujourd'hui. Je tenais à avoir ce débat il y a une semaine ou deux de cela.
Je crois que la bonne volonté qui s'est développée entre nous ce soir est en train de s'effriter du fait qu'on insiste pour prédire ce qui va ou ne va pas arriver.
Je pense que M. Laframboise l'a bien dit, et je tiens à dire ceci surtout aux députés ministériels. Vous pouvez proposer l'amendement de M. Jean à ma motion. Vous pourrez en faire une motion mercredi, lorsque nous reprendrons nos travaux, si vous constatez que la discussion ne va pas dans le sens que vous voulez. Mais étant donné que nous nous sommes engagés en dehors du comité à collaborer, je ne vois pas pourquoi on ferait cela.
J'invite les quatre députés ministériels à accepter ma suggestion. Je me dis que si nous poursuivons notre discussion sur l'amendement à ma motion, nous risquons de tomber dans un piège qui est trop fréquent ici, lorsque les gens discutent autour d'une table pendant longtemps ils finissent par dire des choses qu'ils regrettent.
Je ne veux pas retirer ma motion de suspension parce que c'est ce qui va nous permettre de poursuivre la discussion. Comme je l'ai dit à certains collègues, si on ajourne, il faut tout recommencer à zéro.
En ce qui me concerne, nous sommes à mi-chemin d'une solution. La seule raison pour laquelle on parlait de mercredi et non de lundi, c'est parce qu'un député de ce côté-ci, qui s'intéresse vivement à cette question, du moins autant que M. Fast — et je dis cela avec tout le respect que vous dois — ne peut pas être ici lundi.
Une voix: Il n'y a pas de mal à ça.
M. Don Bell: Oui, il n'y a pas de mal à ça. Je sens qu'il y a beaucoup d'amour dans cette salle en ce moment.
Ce que je veux dire, c'est que je suis heureux de voir que notre côté est d'accord pour attendre jusqu'à mercredi pour que je puisse être ici et exprimer mon opinion à ce sujet.
Mais je vais quand même faire un commentaire d'ordre technique.
Monsieur Fast, nous ne formons pas le gouvernement. Le gouvernement, c'est le premier ministre et le Cabinet. Nous sommes partie intégrante de la machine gouvernementale, peut-être, ou nous sommes députés. Simplifions les choses, j'imagine que si le gouvernement — le gouvernement — avec la conviction très ferme à ce sujet, il pourrait agir; il n'a pas à s'adresser à notre comité. Mais M. Jean nous a expliqué qu'à son avis, le ministre veut entendre l'opinion de notre comité. Je suis d'accord.
Nous n'avons pas les mêmes intérêts de ce côté-ci de la table. Je crois que la proposition de suspendre jusqu'à mercredi a été faite dans un bon esprit. J'ai parfaitement confiance que nous allons parvenir à un compromis. À mon point de vue — et mon point de vue n'est pas nécessairement celui de tout le monde —, je crois que nous allons parvenir à un compromis parce que je constate de la bonne volonté de notre côté.
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Merci, monsieur le président.
Je vais revenir sur certains commentaires que j'ai faits plus tôt. Je crois déceler une certaine irritation chez M. Volpe parce que je crois qu'il agit de bonne foi pour régler ce problème.
Je ne vois pas comment il peut croire que nous pourrons faire de quoi simplement en suspendant nos délibérations, parce que nous avons déjà consacré plus de deux heures à cette question, et je pense qu'il sera d'accord avec moi pour dire qu'à ce moment-ci, il n'y a pas moyen pour nous de nous entendre. Cela dit, je sais qu'il a exprimé un certain optimisme en disant qu'au cours de la fin de semaine, et peut-être qu'au début de la semaine prochaine, on pourrait parvenir à un compromis quelconque. Très franchement, monsieur Volpe, je n'entrevois pas de compromis. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est une question qui est très claire. Ou bien on est avec l'industrie du repostage ou on est avec Postes Canada. Il n'y a pas de terrain d'entente, il n'y a pas de zone grise. Et j'ai la conviction que la plupart des gens comprennent cela. Donc le seul compromis que je peux imaginer, c'est qu'on s'entende sur un nouveau procédé quelconque pour mettre fin à cette discussion.
Très franchement, je crois que le temps est venu pour nous d'en discuter. Parlons de clôture. J'en suis venu à apprécier beaucoup les députés du Bloc depuis les 18 mois que je suis sur la colline du Parlement, tout simplement parce qu'ils prennent des décisions qui me semblent souvent libres de tout sectarisme. Ils essaient de coopérer comme membres du comité, donc j'espère qu'ils ne verront aucun antagonisme envers eux dans mes observations et ma position. J'ai l'impression que M. Julian a des visées beaucoup plus marquées. Et je sais que M. Bélanger subit des pressions considérables dans sa circonscription, et je comprends cela, et il s'est montré très passionné dans la défense de Postes Canada.
Cependant, tout cela ne règle rien. Je veux qu'on en finisse. Mon collègue, M. Jean, a fait une proposition que j'estime raisonnable; que j'estime juste. Nous allons donner au comité jusqu'à mercredi 15 h 30 pour proposer un compromis que l'on croit possible. Mais le fait est que nous serons ici, que l'on continue ce soir ou que l'on continue mercredi, jeudi, vendredi ou samedi, pour en finir, et je ne crois pas, au bout du compte, que les uns réussiront à convaincre les autres de changer d'avis dans ce dossier, qui est le repostage.
J'ai le sentiment que M. Julian veut continuer de faire traîner les choses à l'infini, et plus ça traîne, bien sûr, plus est loisible à Postes Canada d'intervenir, d'imposer sa volonté et de mettre au chômage les milliers d'employés de l'industrie du repostage. Cette idée lui plaît beaucoup, monsieur le président, à moi non. J'ai de la peine pour ces gens qui sont employés —
Si M. Julian dit que je suis ému, eh bien, lorsqu'il s'agit du bien-être des travailleurs du Canada, particulièrement de ceux qui ont un emploi aujourd'hui, c'est sûr que je suis ému. M. Julian veut peut-être faire abstraction de toute émotion. Ce n'est pas mon genre. Je vais me battre pour ceux qui ont un travail aujourd'hui. Je vais me battre pour ceux qui, dans l'industrie du repostage, s'appuient depuis 20 ans sur le fait que la Société canadienne des postes elle-même ne pensait pas que la loi lui conférait un privilège exclusif.
Mais Postes Canada avait à son service un avocat intelligent qui a repéré cette contradiction entre les versions française et anglaise et qui a su l'exploiter. Nous nous retrouvons maintenant devant une situation où ces entreprises qui sont en affaires depuis 20 ans et qui s'appuyaient sur la position de Postes Canada — à savoir, qu'elle acceptait la libre concurrence du marché — se voient maintenant attaquer, et ainsi des milliers d'employés au Canada vont perdre leur travail.
Est-ce que le fait de suspendre la séance jusqu'à mercredi 15 h 30 nous permettra d'en finir si nous n'avons pas en place un processus ferme qui nous permettra de voter sur les motions qui sont sur la table, à savoir ma motion et l'amendement de M. Volpe? Je crois que ce que nous devons faire, c'est de nous en tenir à la substance de ce que nous essayons de faire ici.
Oui, monsieur Julian, vous n'êtes peut-être pas d'accord. Et vous, monsieur Bélanger, manifestement vous n'êtes pas d'accord vous non plus.
Le fait d'entendre des témoins sans nombre, alors que des employés dans l'industrie du repostage vont perdre leur travail, ce n'est pas une solution. Très franchement, j'ai assez d'information moi-même pour prendre une décision éclairée. J'imagine que c'est votre cas à vous aussi. Vous n'êtes pas des imbéciles. Vous avez fait vos recherches là-dessus aussi. Vous avez parlé aux syndicats. J'ai la conviction que vous avez même parlé aux réexpéditeurs. Je ne fais que vous encouragez. Faites ce que les électeurs de notre pays vous demandent de faire, acceptez la volonté démocratique de notre comité. Et avançons. Prenons une décision, quelle qu'elle soit.
Très franchement, si je perds le vote sur la question du repostage, je peux rentrer chez moi et dire que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour l'industrie, que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour les employés; cependant, on a respecté le processus démocratique. Mais ce soir, on ne respecte pas le processus démocratique en pratiquant l'obstruction comme vous l'avez fait.
Je vous le dis à tous, réfléchissons ensemble et trouvons un moyen de mettre un terme à cette séance et d'en finir avec ces motions.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, il y a les idées, mais il y a aussi la façon dont fonctionne le comité. J'ai beaucoup de difficulté à suivre mon collègue M. Fast, pour qui j'ai beaucoup de respect. Il pense qu'il y a eu plus tôt de l'obstruction systématique, mais ce n'était pas le cas. Trois collègues de trois partis, qui n'étaient pas d'accord, ont partagé du temps. Nous avons utilisé cinq minutes chacun. On ne peut pas dire que 10 ou 15 minutes constituent de l'obstruction systématique.
Présentement, les députés de l'opposition vous demandent de leur donner jusqu'à mercredi pour essayer de trouver un terrain d'entente. Le secrétaire parlementaire a lui-même suggéré un délai. Vous avez des appuis déjà gagnés chez les libéraux. Vous êtes donc déjà en mesure de faire adopter une motion. En plus, des collègues vous disent que si on ne s'entend pas dès le début de la réunion de mercredi prochain, vous pourrez fixer un délai pour la durée du débat. Ce n'est pas plus difficile que ça. J'ai vérifié auprès du greffier: ça peut se faire mercredi. Au début de la réunion, vous pourrez déposer une motion visant à limiter le débat à trois ou quatre heures, comme vous le voudrez, et ce, avec l'appui de vos collègues libéraux. Tout ça est dans les règles.
Je ne comprends pas que vous ne fassiez pas confiance à des gens qui vous tendent la main. Si c'était tous des ennemis, je vous dirais que nous sommes en effet tous contre vous, mais ce n'est pas le cas. Des collègues vous appuient et vous proposent une solution, mais vous la refusez. Le pire qu'il puisse arriver aujourd'hui est qu'une motion de suspension soit adoptée. Si ça se produit, vous l'aurez bien cherché. Le hic est que vous ne contrôlez pas le comité. D'une façon ou d'une autre, vous devez négocier avec les collègues.
M. Bélanger a parlé plus tôt du fait que les gouvernements minoritaires changeaient. Aujourd'hui, l'opposition tend la main au gouvernement, mais celui-ci la refuse. J'en apprends tous les jours. Je vous le dis: j'ai beaucoup de plaisir avec vous aujourd'hui.
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Monsieur le président, je sais que le débat va s'éterniser. Nous pensons avoir une solution partielle, mais le débat va néanmoins s'éterniser.
Je suis moi aussi d'avis que nous pourrions trancher la question mercredi après la séance à la Chambre, à je ne sais trop quelle heure. Je ne sais pas si tout le monde est de cet avis, et je prie donc mon collègue de m'excuser si je lui ai donné l'impression que je pensais que tout le monde était d'accord. Je ne pense pas avoir dit cela, mais je pensais que c'était une façon positive de voir les choses.
Ce qui me préoccupe, quitte à mécontenter M. Fast, c'est que nous perdions le bel optimisme, que j'ai essayé de partager avec tous mes collègues. Je me rends compte que dans un monde partisan, c'est très facile de perdre son optimisme.
Je remarque une certaine frustration de ce côté-ci de la table, car nous pensions qu'une suspension nous permettrait de progresser et qu'élaborer la motion qui a été proposée hors séance nous permettait de progresser dans la bonne direction. Il semble que nous ayons maintenant changé d'orientation, parce que les députés du parti ministériel exigent de la certitude.
Malheureusement, cette certitude qu'ils veulent obtenir accroît le niveau d'incertitude de ce côté-ci de la table. Lorsque les députés de l'opposition ont accepté ma proposition, ils voulaient que nous nous entendions tous, en toute sincérité, pour faire progresser les choses.
Comme tous nos propos sont consignés, je pense que nous avons déjà dit tout ce que chacun d'entre nous avait à dire pour défendre son point de vue et pour défendre les intérêts de ses électeurs. Il nous reste donc à réfléchir à un libellé acceptable qui nous permette de défendre les intérêts que nous avons exposés.
Je ne veux pas me faire l'artisan de la paix, car dans un environnement partisan, il est généralement accueilli à coups de bâton, mais je pense qu'en l'occurrence, les députés des trois partis qui siègent de ce côté-ci de la table ont le désir véritable qu'on en vienne à une conclusion positive et productive.
Alors que nous débattions, avant notre retour, de l'opportunité des motions dilatoires, je trouve assez insolite que les députés du parti ministériel amorcent maintenant un débat dont on peut penser qu'il va exactement dans le même sens. Lorsque je suis allé chercher un café et que j'ai rencontré l'un des députés du parti ministériel, j'ai eu la nette impression que nous étions en train de gaspiller du temps et de l'énergie en restant sur cette voie.
Ainsi, il se pourrait que la bonne solution consiste à ignorer l'horloge mercredi prochain. Je dis « il se pourrait » parce qu'à mon avis, nous avons considérablement embrouillé les pistes depuis une heure. Je pense que personne n'a quoi que ce soit à perdre d'une suspension du débat, telle que je l'ai proposée.
Je ne pense pas que les députés du parti ministériel doivent céder du terrain si nous revenons mercredi avec une motion conforme aux propos que nous avons tenus hors séance. En ce qui concerne les députés libéraux, nous avons envisagé une motion et comme vous le savez sans doute, M. Laframboise et M. Carrier — oui, même les députés du Bloc — ainsi que M. Julian nous ont emboîté le pas. Voilà ce que l'on peut en dire.
Je pensais que, ne serait-ce que pour cette raison, la proposition allait être bien reçue par les députés du parti ministériel, et je sais que je me répète.
Comme nos débats sont enregistrés, je rappelle que le message actuel de Postes Canada, c'est que le comité doit proposer une motion qui garantisse aux réexpéditeurs qu'ils ne seront pas menacés. Et c'est précisément ce que nous proposons; si la Société canadienne des postes s'apprête à faire un geste, je pense qu'elle devrait pour le moins attendre l'issue des délibérations du comité.
Je me fais peut-être des idées, mais il reste que les Postes risquent de commettre un outrage au Parlement, puisque nous sommes une extension du Parlement canadien. Il y en a peut-être ici qui pensent que je rêve en couleur, mais je peux dire, ayant été ministre moi-même, que le ministre peut s'adresser dès demain matin à Postes Canada et lui dire : « Voilà ce que vous allez faire ». Il n'a pas besoin de notre comité pour le faire.
Ce qu'on a demandé à notre comité, c'est de conférer davantage d'autorité à l'action du ministre. C'est évidemment une concession bien mineure de la part du gouvernement, qui va nous permettre de renforcer l'action du ministre de notre propre autorité, à supposer qu'il lui accorde une valeur quelconque. Dans le cas contraire, nous aurons tout simplement perdu cinq heures.
M. Brian Jean: Dans ce cas, pourquoi en discuter?
L'hon. Joe Volpe: Évidemment, si toute cette discussion est bien conforme à la position du gouvernement et du ministre, nous pouvons y mettre un terme immédiatement, accepter la suspension et dire que nous allons rechercher une solution car nous n'avons encore rien fait d'autre; nous n'avons fait que suspendre la discussion. Nous n'avons pas levé la séance. Il ne faut pas revenir constamment jeter de l'huile sur le feu. Nous suspendons simplement la discussion comme nous l'avons fait il y a une heure, lorsque nous avons demandé trois minutes et que le débat s'est poursuivi pendant un quart d'heure. Prévoyons une suspension un peu plus longue et revenons cette fois-ci avec quelque chose de définitif.
C'est tout ce qu'on demande. Nous n'avons pas à imposer de conditions préalables, car sauf votre respect, c'est bien le sens de ces amendements. Je constate en face beaucoup de scepticisme et de suspicion, c'est très bien, mais nous débattons de la question depuis un certain temps et tôt ou tard, il va falloir passer au vote. Nous pourrions voter immédiatement, mais c'est inutile. Il vous suffit de dire que vous acceptez cette suspension du débat.
En fait, je dois être masochiste, car cela m'a plu dans une certaine mesure. J'ai pu étudier la dynamique du comité, ou son absence de dynamique.
Je pense que M. Volpe a mis dans le mille tout à l'heure lorsqu'il a dit que chacun campe sur ses positions, aussi bien M. Bélanger, M. Julian que M. Fast et les députés de ce côté-ci quant à l'appui accordé aux réexpéditeurs. Je suis bien de cet avis.
Je suis convaincu que nous allons revenir mercredi et que M. Watson sera là à ma place, et que ce débat va s'éterniser. On n'en finira jamais. Je suis bien d'accord avec M. Volpe sur ce qu'il a dit tout à l'heure: nous pourrions voter immédiatement, car je ne pense pas que quiconque puisse changer d'avis.
Pour ce que ça vaut — Nous avons dit de ce côté-ci qu'un vote est un vote, et c'est cela la démocratie. Nous acceptons l'issue du processus démocratique. Quant à moi, je n'ai rien dit depuis le début, et c'est sans doute ce que j'avais de mieux à faire, mais je ne pense pas que quiconque change d'avis par rapport à ce qui s'est dit ici depuis cinq heures. Je considère qu'on peut passer au vote et en accepter le résultat.
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Merci, monsieur le président.
M. Volpe a parlé du scepticisme qu'il constatait de ce côté-ci. Effectivement, je suis sceptique. Je suis nouveau dans mes fonctions, mais je fais de la politique depuis longtemps. Je sais que parfois, certains points de vue sont motivés par des considérations qui vont bien au-delà de ce qu'on peut voir.
J'aimerais enchaîner sur les propos de M. Hawn. Vous dites, monsieur Volpe, qu'on pourrait voter immédiatement. Pourquoi pas? Nous n'avons pas besoin d'information supplémentaire. Ce que nous disons, ce sur quoi nous sommes d'accord, c'est que nous sommes prêts à remettre cette décision à mercredi prochain.
Il y en a, de l'autre côté de la table, qui ont peut-être besoin d'information supplémentaire. Il est possible que M. Laframboise ait besoin d'aller se renseigner auprès du STTP, ou que M. Julian ait besoin d'aller se renseigner auprès des réexpéditeurs, n'est-ce pas? Je ne sais pas quelle information ils recherchent, mais au cours des derniers jours, ils ont eu la possibilité de se renseigner et de faire tout ce qui leur semble indispensable.
De ce côté-ci de la table, nous comprenons la situation. C'est une question d'emplois. Il s'agit de soutenir des entreprises qui travaillent depuis 20 ans et qui se sont fondés sur l'interprétation que fait Postes Canada de son privilège exclusif. Alors, je suis sceptique? C'est bien certain. En réalité, les députés d'en face n'ont rien mis sur la table qui puisse nous inciter à accepter leurs points de vue. Ils n'ont rien à nous proposer, parce qu'ils n'avancent aucune formule qui permette de mettre fin à ce débat.
Par conséquent, s'il n'est pas possible d'espérer la fin du débat mercredi prochain, pourquoi faudrait-il remettre l'inévitable à plus tard? Tranchons la question ici et dès maintenant. Et vous savez que de notre côté, nous agissons ainsi au risque de perdre la partie. J'aurais préféré que nous ne soyons pas encore là à débattre de la question. J'aurais préféré qu'elle soit tranchée au bout d'une heure de débat. Voilà pourquoi je suis mécontent.
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Cela me fait sourire lorsque M. Fast me dit que je suis naïf. Aujourd'hui, il n'y a pas eu de
filibuster. Des collègues ont simplement exprimé des positions, dont M. Bélanger. Par ailleurs, vous aurez remarqué que les libéraux étaient divisés. M. Bélanger a une opinion différente de celle de ses collègues et il demande du temps pour mieux approfondir le sujet. On lui fait une bonne suggestion, mais on ne lui laisse pas le temps de prendre position.
Selon moi, peu importe ce que le gouvernement fera — je vous donne mon avis, monsieur le président —, si vous ne modifiez pas la loi, vous allez vous retrouver perdants de toute manière. C'est mon opinion profonde. Il vous faut un amendement législatif pour corriger l'article dans les deux langues, qui n'est pas correct. Si vous ne le faites pas et si ce n'est pas la p-d-g, Mme Greene, qui prend position au nom de Postes Canada — parce qu'elle a été nommée par votre gouvernement —, ce sera le syndicat qui s'opposera à vous. Vous ne gagnerez pas.
Ce débat me semble très intéressant, mais je suis convaincu qu'il vous faudra une modification législative. Quand vous en ferez la demande, si vous croyez que vous éviterez un débat à la Chambre des communes ou au comité lors de l'audition de témoins, vous vous êtes fait « charrier », soit par le ministre, soit par votre service du contentieux. Monsieur Fast, je sais que vous êtes avocat et c'est bien qu'on discute de toute cette question, mais même si on adopte la motion, rien ne sera réglé parce que vous devrez modifier la loi. Dans ce cas, vous devrez revenir au comité pour entendre les témoins.
Je vous répète depuis trois semaines environ qu'il faut entendre les témoins. Nous risquons donc de nous retrouver au même point. Je ne joue pas un jeu, parce que je suis convaincu que ce qu'on peut accomplir ici ne changera rien. Même si vous êtes plein de bonne volonté, il vous faudra une modification législative. Si personne ne vous l'a dit, informez-vous, parce que vous vous êtes fait entraîner dans un « tour de carosse » depuis au moins six mois que le bureau du ministre vous « charrie ». Je pense sincèrement qu'il vous faut absolument une modification législative. Si je me trompe, je m'en excuserai. Alors, je pense sincèrement qu'à cause de ce jugement, il vous faudra modifier la loi. Et si vous devez le faire, vous perdez du temps présentement.
Je suis d'accord avec vous. Si le ministre n'a pas l'intention de déposer une motion pour corriger l'article dans les deux langues, qui n'est pas correct, vous perdez encore du temps. Il m'importe peu que ça prenne cinq jours de plus ou cinq jours de moins. Tendez la main aux collègues qui pourraient vous appuyer. Allez-y. On essaie de s'entendre avec vous pour vous laisser le champ libre afin d'obtenir une motion. Ce qu'on vous demande, c'est de dire qu'il ne faut pas toucher au privilège exclusif de Postes Canada. C'est ce que tout le monde semble vous dire. M. Jean semblait être d'accord pour déposer une motion. Il nous faut d'abord voir le texte afin de le faire analyser par nos propres services. Il nous faut du temps, tout simplement.
Vous tentez de faire adopter cette motion aujourd'hui. S'il est plus facile de suspendre la séance pour être capables d'entreprendre une nouvelle réunion et que vous soyez capable de fixer les heures de débat, je suis prêt à travailler avec vous. Que l'on suspende les travaux, mais il faudrait alors que mercredi prochain, on ait une motion, dès le départ, afin d'éviter les débats de trois heures et demie. Je ne vois pas d'objection à cela, mais faites-le la semaine prochaine parce qu'en attendant, vous êtes en train de nous dire que vous ne croyez pas qu'on pourrait s'entendre. Il n'y a rien de pire que cela.
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Monsieur le président, je ne vais parler longtemps cette fois-ci. La prochaine fois que je prendrai la parole, je vais peut-être proposer une motion d'ajournement.
Je pense qu'on a ici un morceau d'anthologie sur la façon dont les députés du parti ministériel, en situation de gouvernement minoritaire, réussissent à rejeter une proposition de compromis et d'entente de la part de l'opposition. Cette proposition a été avancée il y a deux heures. Depuis lors, on a eu de l'obstruction systématique du côté des conservateurs et je vous l'avoue, monsieur le président, ils sont en train d'anéantir la bonne volonté dont ils aurait dû profiter il y a deux heures. Ils peuvent bien continuer à lancer dans le débat toutes sortes de motions et d'amendements. Ils ont fait sept demandes différentes aux députés de l'opposition, alors que la motion de compromis de M. Volpe visait simplement à leur garantir que mercredi prochain, nous allons reprendre le débat sur la même question.
Comme la durée du débat n'est pas limitée, ils sont tenus de s'entendre avec les autres partis pour en venir à un compromis. Si cette durée était limitée, rien ne les inciterait à s'entendre avec les autres partis. On leur a donc fait une proposition de débat, une discussion qui doit se tenir mercredi prochain. Ils ont reçu cette proposition il y a deux heures et je vous avoue qu'ils sont en train de la réduire à néant, car quant à moi, je suis de plus en plus convaincu qu'il faudrait carrément lever la séance.
Je vais consulter mes collègues. En vérité, monsieur le président, je pense qu'ils devraient accepter l'offre de M. Volpe, qui a proposé que l'on mette la suspension aux voix.
Ils savent que mercredi prochain, ils vont devoir reprendre le débat et la discussion, et que de part et d'autre de la table, chacun sera déterminé à travailler à la recherche d'une solution qui serve l'intérêt des quatre partis et qui réponde aux critères des quatre partis.
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Je suis assez d'accord. Pour la première fois en deux heures, je me retrouve dans une situation où c'est le parti ministériel qui refuse le déblocage. Voilà une situation intéressante.
Monsieur le président, la situation ne sera pas la même mercredi prochain. Plusieurs jours se seront écoulés et nous aurons cherché sérieusement un terrain d'entente et un libellé qui convienne à tous les partis, y compris au parti ministériel.
Et ce que je dis ne sort pas de mon imagination. Ce sont les paroles mêmes de la seule personne présente à cette table qui soit autorisée à parler au nom du gouvernement. Sa proposition a ouvert une possibilité tout à fait réaliste.
Je n'accepte donc pas qu'on prétende, comme on l'a fait à maintes reprises, que la situation sera la même mercredi prochain. D'ici là, la bonne volonté de chacun aura été mise à l'épreuve — oui, absolument — ainsi que la capacité de chacun de travailler de façon constructive, ce que nous nous efforçons de faire. Et si les gens du parti ministériel n'ont aucune intention d'en convenir, nous nous en rendrons bien compte.
Je suppose qu'ils vont être surpris. Je connais un peu mieux M. Fast, car nous nous retrouvons dans divers comités. Il devrait bien savoir que j'ai toujours fait preuve de souplesse, et je peux en faire la preuve une fois de plus.
Il n'est pas juste de dire que je ne change jamais d'avis, monsieur Fast. Il faut faire attention à ce genre de propos.
Ce qui me pose un problème — et je l'ai toujours dit — c'est le privilège exclusif. Je ne veux pas aborder cette question, parce qu'on me déclarerait hors sujet, etc., ni tomber dans les sous-amendements à l'amendement portant suspension des débats.
Mais faites attention lorsque vous prêtez des intentions ou des motivations à quelqu'un, car vous risquez de constater que ce n'est pas la réalité.
Merci.
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Vous vous attendez à ce que je vous croie sur parole lorsque vous dites qu'il va y avoir des mesures concrètes. Je ne peux pas faire cela.
Ce n'est pas que vous soyez indigne de foi. C'est que j'ai affaire à six ou sept autres députés assis de l'autre côté de la table, qui ne sont pas capables, au bout de quatre ou cinq heures de débat, de nous regarder dans les yeux. Et vous me demandez de faire preuve d'un merveilleux optimisme, de croire que nous allons trouver telle et telle solution et que je serais surpris du résultat mercredi prochain. Excusez-moi, je n'y crois pas. Je n'en suis pas à faire ce genre d'hypothèse.
En revanche, si vous voulez me faire une surprise, si nous sortons de l'impasse et que vous me faites une surprise mercredi, je vous en féliciterai. Mais pour l'instant, je n'en suis pas à faire de telles hypothèses.
En ce qui concerne l'amendement favorable que vient de me rappeler mon collègue, je vais ici m'adresser au Bloc, car j'ai cru comprendre que les députés du Bloc, M. Laframboise et M. Carrier, disent qu'ils souhaitent mettre à un moment donné un terme au débat.
Vous n'aimez pas qu'on fixe des délais.
M. Jean a parlé d'une heure, ou deux heures, ou cinq heures ou douze heures, peu importe. Je suis prêt, monsieur le président, à présenter un amendement favorable, un sous-amendement à la proposition de M. Jean.
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Monsieur le président, je crois que nous sommes sur le même sujet depuis deux heures et demie.
Je me sens obligé, pour moi et pour les députés de ce côté-ci — j'espère que je n'offense les députés d'aucun parti en disant cela — de rappeler ce que j'ai dit tout à l'heure quant à l'opinion des députés de l'opposition sur la nécessité d'en venir à une solution. Il n'est pas inutile de rappeler que des députés de trois différents partis, qui ont des opinions et des façons de faire différentes, ont accepté l'initiative que leur soumettait le secrétaire parlementaire lors d'une discussion hors séance. Ils ont dit : « On ne peut pas travailler comme cela. Proposons aux gens d'en face de trancher la question aussi rapidement que possible et de coopérer avec eux à la rédaction d'une motion correctement formulée en droit et en procédure, et qui convienne à tout le monde ». Mais les conditions essentielles, c'étaient le droit et la procédure.
Il était tout à fait remarquable que les députés de trois partis différents, dont les membres de mon propre parti, qui ont des points de vue apparemment très opposés, en viennent à cet accord. Quand j'ai proposé une suspension du débat — et je sais que je me répète, je le dis au moins pour la quatrième fois — c'était parce que j'estimais que la motion qui devrait être présentée à la prochaine séance devra traduire également la contribution des députés du parti ministériel.
Cette motion, à mon avis, devrait rendre toutes les autres superflues et tout le reste sans objet. Je ne sais pas à quel moment, au cours des deux dernières heures et demie, nous nous sommes écartés de cette démarche. J'hésite à dire que c'est lorsqu'on a amendé la motion, mais...