:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis heureux de venir devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne discuter du Budget supplémentaire des dépenses du ministère de la Justice. Puisque vous avez présenté les personnes avec qui vous avez le plaisir de travailler ici, j'en ferai autant en vous présentant le sous-ministre et sous-procureur général, M. John Sims.
Comme vous le savez, plusieurs problèmes sont survenus depuis la dernière réunion de votre comité, notamment l'instabilité croissante de l'économie dans le monde entier. Bien évidemment le Canada ressent les effets de cette crise, et le budget récent qu'a présenté mon collègue, le ministre des Finances, Jim Flaherty, et qu'a adopté la Chambre, propose un plan d'action pour nous faire traverser cette crise. Ce budget vise à stimuler la croissance économique, à rétablir la confiance et à appuyer les Canadiens et leurs familles pendant cette récession mondiale synchronisée.
[Français]
Dans ce contexte, les ministères et les organismes du gouvernement sont de plus en plus responsables envers les contribuables canadiens.
[Traduction]
Au-delà de nos responsabilités fiscales, notre gouvernement est résolu à préserver la sécurité des Canadiens et à contribuer à la sécurité dans le monde. En ma qualité de ministre de la Justice et de procureur général du Canada, j'ai donné pour priorité au ministère de la Justice l'élaboration d'une politique et de mesures législatives pour lutter plus efficacement contre la criminalité et accroître ainsi la confiance des Canadiens dans le système judiciaire.
[Français]
Le gouvernement est résolu à demeurer responsable. C'est pourquoi en décembre 2006, ce gouvernement a mis sur pied le Service des poursuites pénales du Canada, qui a été séparé du ministère de la Justice.
[Traduction]
Notre gouvernement a pris cette mesure pour qu'il soit absolument clair que les poursuites au criminel sont indépendantes de l'influence politique.
Un comité de sélection a été établi en 2007, sous le régime de la Loi sur le directeur des poursuites pénales, pour évaluer les candidats au poste de directeur des Poursuites pénales. Si vous vous souvenez bien, le comité était composé de représentants de tous les partis de l'opposition. Le comité de sélection m'a soumis les noms de trois candidats qu'il recommande, parmi lesquels faire un choix. J'apprécie le travail des membres du comité, dont certains sont ici aujourd'hui avec nous.
De cette liste, j'ai désigné M. Brian Saunders. M. Saunders est directeur intérimaire des poursuites pénales depuis décembre 2006, et il a démontré son expertise et sa détermination à travailler dans l'intérêt des Canadiens. Je suis convaincu qu'il continuera de jouer un rôle déterminant dans le maintien du niveau de confiance que les Canadiens veulent pouvoir éprouver à l'égard du système de justice pénale.
Vous savez probablement que l'approbation du comité parlementaire est nécessaire avant que je puisse recommander la candidature de M. Saunders au gouverneur en conseil pour le poste de directeur des Poursuites pénales. Je crois que vous avez dit dans vos observations préliminaires, monsieur le président, que ce comité doit se pencher mercredi sur la recommandation de nomination de M. Saunders.
Outre la responsabilité, mon ministère cherche à assurer l'accessibilité, l'efficacité et l'équité de notre système de justice, et à promouvoir le respect de la règle de droit. À cet égard, le ministère administre plusieurs programmes de financement, dont la Stratégie du droit de la famille axée sur l'enfant, qui, je pense, revêtent une grande valeur pour les Canadiens.
Comme l'indique notre Budget supplémentaire des dépenses, nous souhaitons assigner à la Stratégie du droit de la famille axée sur l'enfant une somme supplémentaire de 24,42 millions de dollars. Les programmes établis dans le cadre de cette stratégie réduiront au minimum l'incidence potentiellement négative de la séparation et du divorce sur les enfants. Ils viseront à aider les parents qui se séparent ou qui divorcent à s'entendre sur des arrangements de garde qui sont fonction des besoins de leurs enfants, et de garder autant que possible ces cas hors des tribunaux. Cela réduit non seulement les répercussions de l'éclatement de la famille sur nos enfants, mais aussi le fardeau de nos tribunaux. La Stratégie, qui à l'origine avait été établie pour cinq ans, a été renouvelée pour une sixième année, d'où la nécessité de ce financement supplémentaire.
À compter d'avril 2009, l'initiative d'appui des familles qui vivent une séparation ou un divorce, dont le déclenchement pendant l'exercice 2009 a été annoncé en septembre dernier, entreprendra d'exploiter les fruits de l'initiative antérieure pour améliorer l'accès au système de justice familiale et encourager les parents à s'acquitter de leurs obligations familiales, dont le soutien et l'accès. Le financement global de cette initiative se chiffre à 122 millions de dollars sur cinq ans, pour appuyer les services de médiation, d'éducation parentale et de recalculer la pension alimentaire pour enfants. De plus, nous versons 16 millions de dollars par année aux provinces et territoires, qui sont responsables de la prestation de services de justice familiale. Ces fonds appuieront les services d'exécution de la loi pour aider les provinces et territoires à percevoir la pension alimentaire dans l'intérêt des familles.
Une part de ce financement sera aussi à la disposition d'organismes non gouvernementaux pour la promotion de l'éducation juridique et la formation professionnelle. Cette initiative démontre la détermination du gouvernement à renforcer les familles canadiennes et à s'assurer que ces familles qui vivent la séparation et le divorce continueront d'être bien servies.
Le ministère demande aussi un financement supplémentaire pour continuer de fournir des conseils juridiques au gouvernement du Canada sur les questions liées à la sécurité nationale. Ces fonds permettront au gouvernement de toujours pouvoir compter sur l'expertise et la représentation d'un conseiller juridique dans les cas comme ceux que décrit le rapport sur l'enquête Iacobbuci. Tandis que les cas connexes arriveront devant les tribunaux, le gouvernement continuera de recourir à l'expertise et à la représentation d'un conseiller du ministère de la Justice.
L'actuel gouvernement reste résolu à aider les victimes à mieux naviguer dans le système de justice pénale et le système correctionnel, et à composer avec eux. À cette fin, nous avons augmenté de 5,75 millions de dollars par année le fonds des victimes depuis le budget de 2006 dans le but, entre autres, de fournir un meilleur soutien financier aux victimes qui souhaitent assister aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles, d'aider les Canadiens qui ont été victimes de crimes à l'étranger, de verser des fonds additionnels aux gouvernements provinciaux et territoriaux pour l'amélioration ou la conception de nouveaux services à l'intention des victimes qui ne reçoivent pas assez de services et de munir les territoires de ressources pour qu'ils puissent offrir une aide directe aux victimes qui doivent assumer des coûts d'urgence. Au total, nous avons augmenté de 54 millions de dollars sur quatre ans le financement de la Stratégie fédérale d'aide aux victimes. Nous avons créé un poste d'ombudsman fédéral indépendant pour les victimes de crimes afin de nous assurer que le gouvernement fédéral s'acquitte de ses engagements et obligations à l'égard des victimes de crimes et de permettre à celles-ci de s'exprimer d'une voix forte et efficace dans le système de justice.
J'ai eu le plaisir de déposer le premier rapport annuel du bureau au Parlement la semaine dernière, avec la réponse du gouvernement aux recommandations.
Le ministère de la Justice assume la direction générale de la Stratégie nationale de lutte contre les drogues, qui a été annoncée en octobre 2007. Au moyen de ses programmes de traitement fournis grâce au Fonds du système de justice pour les jeunes, le ministère de la Justice assume la responsabilité de la répartition du financement, par l'entremise d'organismes provinciaux, territoriaux et non gouvernementaux, aux programmes qui étudient et évaluent les solutions de traitement pour toxicomanie offertes aux jeunes qui sont dans le système judiciaire. L'année dernière, le ministère de la Justice a versé au total 1,47 million de dollars à des mesures de soutien des salaires d'intervenants en toxicomanie à l'Île-du-Prince-Édouard, d'un programme de thérapie équestre dans l'ouest de l'Ontario et appui d'un programme de traitement pour les jeunes Autochtones toxicomanes et membres de gangs au Manitoba. Ces programmes offrent des solutions de traitement novatrices pour les jeunes toxicomanes.
Je crois que l'aide juridique est l'un des piliers du système judiciaire canadien et assure une protection continue des droits de la personne. Dans le budget de 2007, pour la première fois en plus d'une décennie, le gouvernement a converti un fonds provisoire de 30 millions de dollars en un fonds permanent de financement de l'aide juridique dans le domaine pénal.
[Français]
Cette approche permet un financement stable et prévisible qui aidera les provinces et les territoires à élaborer des stratégies à long terme en vue de soutenir et de garder le programme d'aide juridique en matière criminelle.
[Traduction]
De plus, le gouvernement maintient un fonds provisoire de soutien de l'aide juridique à l'immigration et aux réfugiés, qui se chiffre à 11,5 millions de dollars par année pour les provinces qui fournissent ces services, soit la Colombie-Britannique, l'Alberta, le Manitoba, l'Ontario, le Québec, et Terre-Neuve-et-Labrador. Je pense qu'en collaboration avec nos partenaires provinciaux et territoriaux, nous continuerons à faire que notre système d'aide juridique soit plus efficace.
Monsieur le président, notre ministère a aussi demandé quelque 3 millions de dollars dans le Budget principal des dépenses pour les subventions et contributions versées dans le cadre du programme juridique de partenariats et d'innovations. Ce programme contribue à l'élaboration de politiques visant à ce que le système judiciaire reste accessible, efficace et efficient. Une part des ressources réservées au programme sert à appuyer des organisations d'éducation juridique et d'information du public qui fournissent aux Canadiens, en langage simple et clair, des renseignements juridiques sur les enjeux liés à la loi en général, à la violence familiale ou aux droits de la famille. Le ministère de la Justice est déterminé à continuer de jouer un rôle de leadership pour assurer le maintien de l'accès des Canadiens à la justice.
Monsieur le président, notre gouvernement reconnaît aussi que nos Autochtones intègrent le système de justice pénale en nombres disproportionnés. C'est pourquoi nous avons renouvelé jusqu'en 2012 notre engagement à l'égard de la Stratégie de la justice applicable aux Autochtones, et nous y ferons un investissement additionnel de 40 millions de dollars, pour un total de 85 millions de dollars sur cinq ans.
La Stratégie offre des programmes et des services juridiques à plus de 400 collectivités autochtones de tout le Canada, en contribuant à faire assumer aux contrevenants la responsabilité de leurs actes, à accroître la sensibilisation aux difficultés que vivent les victimes, et à promouvoir une plus grande connexion des jeunes avec la culture et les traditions autochtones. Avec le temps, ces programmes ont contribué à réduire le nombre d'Autochtones qui entrent en conflit avec le système judiciaire. En renouvelant et en augmentant notre appui à cette stratégie, le gouvernement du Canada pourra mieux entretenir le partenariat avec les collectivités autochtones, les fournisseurs de services et nos partenaires provinciaux et territoriaux.
Monsieur le président, nous avons beaucoup accompli au plan des lois en matière de justice, auxquelles s'ajoute le complément d'initiatives et de lois mises en oeuvre par mes collègues, le ministre de la Sécurité publique Stockwell Day et maintenant Peter Van Loan.
Comme vous le savez, nous avons adopté la Loi sur la lutte contre les crimes violents, qui est exhaustive et qui vise à mieux protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels, à protéger la société contre les délinquants dangereux, à sévir contre les personnes qui conduisent avec les facultés affaiblies par la drogue, et à rendre plus sévères les condamnations et les règles de cautionnement pour les personnes qui commettent des crimes graves avec armes à feu. Nous avons aussi augmenté les pénalités pour les personnes reconnues coupables de course de rue, mis fin aux condamnations avec sursis pour les sévices graves à la personne, mis en oeuvre une stratégie nationale de lutte contre la drogue et mené un examen pancanadien du système de justice pénale pour les adolescents.
Je tiens à réitérer la raison pour laquelle nous avons entrepris l'examen du système de justice pénale pour les adolescents. Bien des Canadiens nous ont dit que la loi ne fait pas assumer la responsabilité de leurs actes aux jeunes délinquants coupables de crimes graves et violents. Notre gouvernement partage cette préoccupation, et il s'est engagé à veiller à ce que les condamnations des adolescents soient proportionnelles à la gravité de leurs crimes. Nous estimions que le cinquième anniversaire de la Loi était un moment opportun pour entamer un examen de la manière dont le pays compose avec ses jeunes délinquants.
En février 2008, j'ai rencontré mes collègues des provinces et territoires ici à Ottawa, et cette rencontre a été suivie de séances en table ronde dans tout le pays avec des jeunes et des organismes partenaires. J'ai demandé l'avis des provinces et territoires parce que, bien entendu, ils jouent un rôle déterminant dans l'administration de la loi. Il était clair que la loi est efficace pour la majorité des délinquants non violents, mais pas pour le petit pourcentage de délinquants violents récidivistes. Chers collègues, je pense qu'il est important de stimuler la confiance des Canadiens dans le système de justice pour les adolescents, et c'est quelque chose à quoi nous devons tous nous engager.
Monsieur le président, nous savons qu'il y a des jeunes délinquants violents. Certains d'entre eux ont de graves problèmes de santé mentale et ont besoin de services spécialisés d'évaluation et de traitement. Le ministère de la Justice aide les provinces et territoires à fournir ces services par l'intermédiaire du Programme de placement et de surveillance, le PSPIR, réalisé dans le cadre d'un programme intensif de réadaptation. Nous avons demandé 11 millions de dollars de financement fédéral pour les provinces et territoires, pour les exercices 2008 à 2012.
Nous avons élargi la portée de ce financement. Avant ce changement, seuls les jeunes visés par une ordonnance de PSPIR pour des délits graves, dont le meurtre, l'homicide involontaire, la tentative de meurtre et les voies de fait graves ont reçu le traitement. Maintenant, les jeunes souffrant de troubles mentaux similaires qui commettent un délit grave avec sévices corporels graves, ou des sévices pour lesquels un adulte serait assujetti à une peine maximale de 14 ans, sont admissibles à ce traitement. Avec ce financement, nous contribuons à faire en sorte que de jeunes délinquants potentiellement dangereux reçoivent le traitement dont ils ont besoin pour atténuer le risque qu'ils représentent pour la communauté. Ceci protégera non seulement le public, mais aidera à réhabiliter ces jeunes.
La protection et la sécurité des Canadiens est une des priorités de notre gouvernement, alors vous pouvez être assurés que nous continuerons de réaliser notre programme, notamment pour lutter contre les problèmes comme le vol d'identité, les crimes contre la propriété et la menace grandissante des gangs organisés.
Notre gouvernement s'inquiète du problème d'abus et de négligence à l'égard des aînés. Le ministère fédéral de la Justice est heureux de participer à l'Initiative fédérale pour contrer les abus envers les aînés, à laquelle le budget de 2008 a attribué une somme de 13 millions de dollars sur trois ans. L'Initiative est dirigée par Ressources humaines et Développement social Canada, et notre ministère y collaborera. Avec le financement fourni, nous comptons appuyer les organismes publics d'éducation juridique des provinces avec des programmes et des publications sur les aspects juridiques de l'abus à l'égard des aînés, et aussi financer la recherche sur les crimes contre les aînés et les moyens de sensibiliser la population aux abus contre les aînés.
Pour terminer, je tiens à vous exprimer, ainsi qu'à votre comité, mon appréciation et mes remerciements pour tout le travail que vous faites et que vous ferez dans le futur. Le ministère de la Justice joue un rôle déterminant dans ce que fait le gouvernement pour répondre aux besoins des Canadiens. Nos nombreux programmes et initiatives nécessitent une collaboration, bien entendu, avec nos partenaires provinciaux ainsi qu'avec les municipalités et d'autres ministères. Cette collaboration est pour beaucoup dans le succès de mon ministère à répondre aux besoins des Canadiens pas ses nombreux programmes et initiatives. Pour pouvoir toujours assurer la protection des Canadiens et améliorer l'accès à la justice, notre ministère devra continuer de recevoir les fonds nécessaires à cette fin. Comme je l'ai démontré, ces fonds ont produit des résultats, et je ferai de mon mieux pour veiller à ce qu'ils continuent d'être dépensés judicieusement au service des Canadiens.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre et monsieur le sous-ministre, d'être ici. Nous sommes heureux de reprendre les travaux du Comité de la justice. C'est comme une nouvelle saison.
Je commencerai tout de suite avec une question sur la justice pénale pour les adolescents.
Monsieur le ministre, nous venons tous de circonscriptions où la justice pénale pour les adolescents pose un problème, et la plupart d'entre nous sommes de circonscriptions où le ministre a fait escale pour parler de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Nous, de l'opposition, n'en sommes au courant que parce que nous avons eu, peut-être, l'occasion d'acheter un T-shirt, mais nous n'avons pas été invités aux rencontres. Cependant, en conséquence de ces réunions — des intervenants ont été invités, dont beaucoup, à l'échelle locale, que des députés de tout le pays connaissent sûrement —, bon nombre d'intervenants m'ont dit qu'ils ont exprimé avec fermeté, monsieur le ministre, que l'intégration ou l'insertion dans la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents des principes de la condamnation, c'est-à-dire la dénonciation et la dissuasion, ne donnerait rien. La raison à cela, c'est évidemment pourquoi avoir une loi sur la justice pénale pour les adolescents, une loi sur les jeunes contrevenants, n'importe quelle loi visant les adolescents, à moins qu'elle soit nettement différente du Code criminel?
Vous savez que le Code criminel renferme des dispositions visant les adultes relativement à la dénonciation et la dissuasion. Vous savez aussi que pour les crimes très violents motivés par la haine, il y a place à la discrétion. Votre gouvernement n'a pas été très enclin à faire place à la discrétion dans le système judiciaire, et pourtant il en laisse pour que les auteurs de tels crimes subissent un procès comme adulte dans certains cas.
Alors, la question que je vais poser — et elle est liée, bien que vous ne le pensiez peut-être pas, au budget —, c'est que vous avez fait une tournée de consultations, vous avez dépensé l'argent et engagé des experts, rencontré des intervenants, mais nous n'avons encore rien vu des résultats. En deux mots, est-ce que cette tournée, ces consultations, ont vraiment eu lieu? Combien cela a-t-il coûté? Quel résultat cela a-t-il donné en termes réels pour les Canadiens qui ont dépensé cet argent? Depuis février 2008, vous avez rencontré les ministres des territoires et des provinces. Il doit bien y avoir un résultat quelque part? Quand est-ce que les Canadiens pourront voir les fruits de ces démarches et être assurés que la dénonciation et la dissuasion n'étaient pas que des mots à la mode dans les réunions avec les intervenants — parce que c'est ce que je comprends?
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Je suis sûr que vous avez eu la possibilité de vous entretenir avec plusieurs intervenants au Nouveau-Brunswick.
Il y a environ un an, comme je le disais dans mes observations préliminaires, j'ai effectivement consulté les procureurs généraux et ministres de la Justice des provinces et territoires pour savoir ce qu'ils pensaient de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Je leur ai dit, comme je vous l'ai dit, que maintenant que cela fait déjà cinq ans que cette loi est en vigueur, le moment semble venu de l'examiner.
J'ai entendu bien des choses, très franchement, dans tout le pays, et des commentaires sur tous les enjeux qu'elle présente. J'ai entendu des gens dire que la Loi sur le système de justice pénal pour les adolescents est efficace dans bien des cas, particulièrement en ce qui concerne les délinquants non violents. J'ai constaté en tout cas un consensus sur le fait qu'il faut un système de justice pénale distinct pour les adolescents. C'est quelque chose dont je suis absolument convaincu, et c'est ce qui a été confirmé haut et fort.
Nous avons toutefois connu certaines réticences en ce qui concerne les jeunes délinquants les plus violents, et les délinquants violents qui récidivent. De fait, de vives préoccupations ont été exprimées à leur égard. Pour ce qui est des coûts, le sous-ministre me dit que cette table ronde dans tout le pays a coûté environ 85 000 $.
Quant à savoir ce à quoi vous pouvez vous attendre, encore une fois, nous n'avons pas proposé de loi ou de modification à la Loi sur le système de justice pénal pour les adolescents. Nous avons dit que nous allions proposer des changements à cette loi, et ce sera certainement le produit de ce que nous avons entendu partout au pays et des commentaires que nous avons reçus de nos homologues des provinces et territoires ainsi que d'autres intervenants.
Par exemple, l'un des rapports qui a eu la plus forte incidence dans ce dossier, à mon avis, est le rapport du juge Nunn, de la Nouvelle-Écosse, que vous devez certainement très bien connaître. Ce rapport était centré, entre autres choses, sur la difficulté que posent l'inculpation et la libération à répétition des adolescents, qui créent un contexte de portes tournantes. Le juge Nunn s'est particulièrement concentré sur cet aspect. Vous vous rappelez peut-être que nous avons proposé une loi portant précisément sur cet aspect, et de celui de la dénonciation et la dissuasion, dont vous venez de parler. Elle n'a pas pu être adoptée à cause de la prorogation du Parlement. Je répète que nous sommes déterminés à progresser et à perfectionner le système, à améliorer les services offerts aux adolescents.
J'ai toujours pensé, depuis que je pratique le droit, que la meilleure chance que nous avons d'aider les gens dans le système de justice pénale, c'est quand ils sont jeunes. Avec quelqu'un qui a 45 ans et qui a commis des crimes toute sa vie, c'est plus difficile, très franchement, que d'intervenir auprès d'un jeune de 16 ou 17 ans. Nous restons absolument déterminés à avoir un système de justice pénale distinct pour les adolescents. Encore une fois, je pense que cet anniversaire de cinq ans de la loi est un moment bien choisi pour la réexaminer. Comme je l'ai dit, j'ai entamé ce processus de consultation avec les procureurs généraux des provinces et territoires en février de l'année dernière.
Comme je vous l'ai dit dans ma déclaration liminaire, l'aide juridique est un élément vital de notre système de justice pénale. Bien que je sois conscient qu'il est administré et, pour la majeure partie, financé par les gouvernements provinciaux, c'est un élément vital de ce que nous faisons pour nous assurer qu'une personne a le genre de représentation qu'elle doit avoir lorsqu'elle a des démêlés avec le système de justice. Parfois, et pas nécessairement pour de mauvaises raisons, des fonds sont accordés sur une base temporaire pour voir comment un programme va fonctionner, pour en déterminer la valeur. C'est légitime.
Je pense qu'il est important, dans la mesure où nous pouvons le faire, de fournir un financement stable à long terme sur lequel, dans ce cas-ci, les provinces peuvent compter, plutôt que d'avoir la porte ouverte sur une base régulière pour voir si, en fait, ce degré de financement du gouvernement fédéral sera au rendez-vous. Les provinces doivent pouvoir planifier leur avenir financier, leurs mesures budgétaires et elles ont des priorités. Et, évidemment, l'aide juridique en fait partie.
Alors, je pense que c'est une meilleure façon de procéder, de déterminer qu'il s'agit d'un financement permanent sur lequel on peut compter, parce que, encore une fois, l'accès à un conseiller juridique est un élément essentiel de l'équité de notre système. Nous sommes heureux de travailler en collaboration avec nos homologues provinciaux et territoriaux sur cette question et nous allons continuer de le faire.
La Constitution de notre pays prévoit que l'administration de la justice relève des provinces, mais que l'adoption des modifications au Code criminel relève du gouvernement fédéral. Bien qu'il y ait cette séparation, il s'agit tout de même d'un partenariat. Nous avons tous intérêt à veiller à ce que le système fonctionne.
Comme je l'ai dit, je pense que nous pouvons être très fiers de notre système de justice pénale. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de changements à apporter ou que nous ne devrions pas en avoir. Nous restons déterminés, comme nous l'étions au cours de la dernière législature, à faire en sorte que ces changements soient apportés au système de justice pénale. Comme je vous l'ai dit, nous allons présenter d'autres changements. J'espère que le Comité ne s'embourbera pas dans la politicaillerie. J'espère certainement que ce ne sera pas le cas. J'espère que le Comité pourra travailler de manière constructive pour faire avancer un certain nombre de ces initiatives que les Canadiens réclament.
Nous pouvons être très fiers de certaines des choses que nous avons réalisées. Faire passer l'âge de protection de 14 à 16 ans est très, très important. Je pense que cela envoie le bon signal, par exemple, à ceux qui agressent et exploitent les jeunes. Je pense que nous pouvons tous éprouver un sentiment de satisfaction pour avoir contribué à faire adopter cette mesure.
Mais il y a d'autres questions sur lesquelles nous devons agir. Comme je vous l'ai dit, le vol d'identité en est une, de même que les modifications aux lois concernant le vol de véhicules à moteur. Il y a des lacunes dans la loi à l'heure actuelle. Nous devons combler ces lacunes et nous assurer que nos lois sont à jour.
Par ailleurs, ce sont les provinces qui administrent ces lois, mais encore une fois, nous sommes responsables d'une si grande partie de ce qu'elles doivent administrer. C'est une des raisons pour lesquelles je suis en consultation sur une base régulière avec mes homologues provinciaux, parce que je sais que c'est eux qui doivent administrer les lois que nous adoptons. Il s'agit d'une bonne relation et je serai heureux de continuer de travailler avec eux tout comme je serai heureux de continuer de travailler avec vous.