Il s'agit de la 27e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Nous sommes le lundi 1er juin 2009.
Vous avez devant vous l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui. Il y a trois question à traiter.
Au cours de la première heure, conformément à l'ordre de renvoi du lundi 20 avril 2009, nous ferons l'étude article par article du projet de loi .
Au cours de la deuxième heure, conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 22 avril 2009, nous allons entendre les témoins concernant le projet de loi d'initiative parlementaire .
Après notre réunion régulière, nous allons rencontrer la délégation de députés du Parlement de la République tchèque. Il s'agira d'une réunion informelle avec repas, après que la séance principale aura été levée.
Je tiens à vous rappeler que la présente réunion est télédiffusée.
Nous allons passer à l'étude article par article du projet de loi .
L'article 1, qui est le titre, est réservé, je crois, madame la greffière, et nous allons passer à l'article 2.
(Article 2)
Le président: Monsieur Ménard.
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Merci, monsieur le président.
Je suppose que d'autres ici ont reçu cette lettre du Conseil canadien des avocats de la défense, de M. Trudell, qui demande au comité de ne pas aller de l'avant avec le projet de loi en ce moment. Je ne m'attends pas à ce que cela arrive, compte tenu de l'engagement politique du gouvernement dans ce projet de loi. Mais ce que cela met en relief et ce que j'aimerais mettre en relief, c'est que ce projet de loi a été préparé dans des circonstances où, clairement, — du moins c'est clair à mes yeux — le gouvernement n'a pas compris les répercussions de ce projet de loi.
Ces répercussions ont été clairement établies, avec encore beaucoup d'inconnues, à mon avis, mais établies très clairement dans le témoignage que nous avons entendu de M. Doob, qu'en fait, ce projet de loi avait toutes sortes de conséquences irrégulières, et le tableau qu'il a préparé illustrait divers exemples. Je crois que la plupart des membres du comité n'ont certainement pas compris ces exemples. Et je dis cela en toute humilité parce que je ne les avais pas entièrement compris jusqu'à ce que j'entende cet exposé.
De même, je pense que ce projet de loi a été préparé en fonction du fait que l'avocat de la défense conseille régulièrement, et l'accusé accepte régulièrement ce conseil, qu'il est préférable d'étirer la détention préventive, par le biais des ajournements, de manière que vous finissiez avec une peine plus courte. Encore une fois, selon les témoignages de M. Doob et des avocats, ce n'est absolument pas le cas. En fait, le gouvernement n'a pu nous donner la moindre étude empirique démontrant que c'est effectivement ce qui se passe. À vrai dire, c'est un mythe. Cela ne se fait tout simplement pas. Mais le gouvernement n'a pas semblé le comprendre. Et je dis cela à la lumière du fait que je crois comprendre que la plupart des procureurs généraux et solliciteurs généraux des provinces le croient également. Mais il n'y a aucune étude empirique qui démontre que cela se fait.
Nous savons également — et un des procureurs nous l'a dit — qu'en fait, le système est contrôlé par les juges. Alors, les ajournements ne sont pas accordés à la légère. Dans la plupart des cas, les ajournements sont attribuables à des problèmes liés à la divulgation, et non pas au fait que les avocats de la défense essaient de prolonger la période de détention préventive.
C'est un de ces projets de loi qui, je crois, n'aurait pas dû exister. Mais je ne m'attends pas à ce que le comité mette fin à ses travaux sans aller de l'avant avec ce projet de loi; alors, j'ai proposé ces amendements parce que je pense qu'au moins, ils règlent certains des problèmes criants de ce projet de loi, dans sa forme actuelle.
Il était très clair à partir du témoignage de M. Doob — et nous l'avons également attendu de la part de M. Head de Service correctionnel Canada — que ce projet de loi aura pour effet d'accroître le temps d'incarcération dans les prisons fédérales. Nous n'avons pas d'estimation. Nous ne le savons pas et personne dans le comité ne le sait, mais la réalité, c'est que les répercussions au niveau provincial seront encore plus importantes. Mais il était assez clair dans le témoignage de M. Head qu'au niveau fédéral, nous allons voir une augmentation d'environ 10 p. 100 du niveau d'incarcération sur une base annuelle.
Nous ne sommes pas capables de faire face à cette situation. Le système carcéral fédéral déborde de toutes parts. Si c'est un problème dans le cas du système fédéral, imaginez quelle sera la situation au niveau provincial, si ce projet de loi est adopté dans sa forme actuelle.
Ce que je propose dans le premier amendement, qui touche le paragraphe 719(3.1), c'est que la règle d'un jour pour un, qui est la norme que nous allons maintenant imposer sauf à de rares exceptions — qui viennent dans l'article suivant — soit portée à un jour et demi pour un. C'est cette règle qui deviendrait la norme.
Je pense que M. Doob a été aussi honnête qu'il pouvait l'être à ce sujet, et je pense que nous venons tout juste de l'entendre encore une fois de la bouche de M. Daubney, que c'est plus près de la réalité actuelle, en moyenne, au pays, que c'est plus proche d'un jour et demi pour chaque jour passé en détention sous garde. Alors, je pense que nous devons faire en sorte que cela corresponde à la réalité que l'on observe dans la plupart des cas, et c'est ce que le premier amendement du NPD ferait.
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Très bien. En ce qui concerne cet amendement, je n'ai que cette brève observation.
Je pense que les Canadiens, le public, veulent savoir qu'un veut dire un, et je pense que lorsqu'un juge voit cela et qu'il ordonne cela, c'est ça qu'ils veulent que le juge dise. Il y a beaucoup de discussions ici au sujet des juges, de leur reddition de comptes et de leur pouvoir discrétionnaire, et il y a différents points de vue à cet égard. Toutefois, c'est un message très clair à l'intention des juges pour dire que un doit signifier un. La seule note particulière que j'ajouterais — je ne suis pas certain d'appuyer ces amendements —, c'est que les données semblent indiquer que dans le cas de toutes les peines infligées, presque toutes, plus de 98 p. 100 des peines, que ce soit dans des établissements de détention provisoire, dans des établissements de détention provinciaux ou fédéraux, les détenus purgent les deux tiers de toutes ces peines.
Ce que je trouverais un peu troublant à titre de législateur, si ce projet de loi entrait en vigueur, et c'est pourquoi je pense que le ministère de la Justice et le gouvernement doivent suivre ce projet de loi attentivement, c'est qu'une personne en détention préventive pourrait, si un jour est égal à un jour, finir par passer plus de temps en détention si elle était en détention préventive pendant presque la totalité de la peine, telle qu'elle a été attribuée, qu'une personne qui, à la première occasion possible, aurait plaidé coupable et aurait reçu, selon les données statistiques, les deux tiers de cette peine.
Monsieur Daubney, je ne sais pas si vous avez des données pour réfuter ce que M. Doob a dit la dernière fois au sujet de cette analogie, mais l'incohérence évidente qu'il y a d'avoir quelqu'un en détention préventive qui est incarcéré plus longtemps qu'une personne trouvée normalement coupable d'une infraction me trouble. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
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Celui-ci, en plus de prolonger, comme le présent amendement, à la discrétion du juge, jusqu'à un jour et demi pour chaque jour passé sous garde, augmente à deux jours pour chaque jour passé sous garde. Il supprime aussi la disposition qui se trouve à la page 2 du projet de loi et qui dit: ... au titre de l’ordonnance rendue en application des paragraphes 524(4) ou (8). Il élimine aussi cette disposition.
Le dernier jour des témoignages, on nous a prouvé que le maintien de cette disposition aurait des conséquences extrêmement fâcheuses. Dans les cas où une personne était détenue avant le procès, de nouveau accusée puis acquittée de la première infraction, l'effet de la disposition sera très négatif. Ce n'était tout simplement pas logique. Encore une fois, c'est le genre de choses qui, à mon avis, devrait être laissé à la discrétion des juges, leur laisser le soin de décider s'ils vont tenir compte de la deuxième accusation. Cela dépend si la personne a été condamnée pour la première infraction, du degré de pertinence, de toutes sortes de considérations. Ce n'est pas le genre de choses que nous, en tant que législateurs, pouvons faire tout en étant sûrs de faire justice. C'est vraiment un domaine qu'il faut laisser au soin du pouvoir judiciaire discrétionnaire. C'est la raison pour laquelle mon amendement supprime cette disposition.
La deuxième partie reprend les mêmes arguments que j'ai présentés pour l'amendement NDP-1, soit ce qui arrivera si l'on ne permet pas ce pouvoir discrétionnaire. Encore une fois, je reconnais que j'y mets des limites afin que l'on n'accorde plus deux jours et demi ou trois jours pour chaque jour passé sous garde. C'est ce qui arrivera si cet amendement est adopté, mais il sera encore nécessaire de laisser le pouvoir discrétionnaire aux tribunaux. J'indique, ce qui n'est pas pour l'instant dans le code et ne se trouvait pas dans l'amendement présenté par le gouvernement, que l'effet négatif de la détention sous garde sur la personne est l'une des considérations dont il faut tenir compte, ainsi que toute autre considération jugée pertinente — encore une fois en laissant au juge le pouvoir discrétionnaire d'examiner ces questions.
Pour ces raisons, j'espère qu'une partie de la jurisprudence que nous avons sera réexaminée. Mais, nous pourrons assister à l'évolution d'une jurisprudence plus évidente ces prochaines années si cet amendement est adopté. Les tribunaux, les cours d'appel en particulier, établiront des critères plus évidents dont devraient tenir compte les juges de première instance quand ils décident si ces circonstances justifient le prolongement de deux jours pour chaque jour passé sous garde pour un accusé particulier.
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Merci, monsieur le président.
L'amendement a peut-être déraillé du fait que le paragraphe 719(3) tel qu'il était libellé ne mentionnait pas de motifs requis. D'autres parties du code les indiquent. Les juges doivent justifier leurs actions en donnant des motifs.
Le projet de loi, au paragraphe 719(3.2), dit: « Le tribunal motive toute décision d’allouer du temps pour la période passée sous garde », et je pense que M. Comartin a raison. Au fil du temps, quoi qu'il arrive, la jurisprudence établira les raisons pour lesquelles les juges allouent le temps qu'ils ont décidé d'allouer.
Ce qui me préoccupe, c'est l'expression « point de référence ». Nous savons maintenant que ce pourrait être un jour. Selon l'amendement présenté par M. Comartin, ça ne doit pas dépasser deux jours. J'ai été également frappé par les propos de M. Daubney. Je doute qu'un juge opterait automatiquement pour deux. Je pense qu'ils décideraient selon leur discrétion et normaliseront ce qui se fait dans les institutions, l'effet sur la personne et toutes sortes de choses, quelque part entre un et deux jours.
Ma raison de voter contre le premier amendement de M. Comartin est, honnêtement, que l'on commence à un jour et demi pour chaque jour passé sous garde, si cet amendement est adopté. Je suis donc un peu plus disposé à accepter les deux jours, mais je demande à M. Comartin s'il pense avoir tout couvert dans le paragraphe 719(3.1) proposé. Il est question de un jour et demi pour les personnes détenues — voir le paragraphe 515(9.1) — ou détenues au titre de l’ordonnance rendue en application des paragraphes 524(4) ou 524(8). Est-ce que le paragraphe 719(3.1) que vous proposez couvre cela?
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Merci, monsieur le président.
Je voterai contre l'amendement. L'objet du projet de loi C-25, la Loi sur l'adéquation de la peine et du crime, est d'établir le point de référence de la détention avant le procès, à partir de ce que nous comprenons être une norme de deux jours pour chaque jour passé sous garde dans la plupart des cas et de trois jours pour chaque jour passé sous garde dans les cas exceptionnels — et réduire cette norme ou, comme dirait mon ami M. Murphy, ce point de référence à un jour pour chaque jour passé sous garde.
Les juges disposent encore d'un pouvoir discrétionnaire, cela devrait rassurer M. Comartin, car dans des circonstances exceptionnelles — si le juge qui impose la peine croit que la personne a été détenue dans un centre exceptionnellement surpeuplé ou croit qu'il y a eu d'autres motifs extraordinaires —, le juge a toujours le pouvoir discrétionnaire d'allouer un jour et demi pour chaque jour passé sous garde. Mais le projet de loi vise à réduire la norme en pratique qui, nous l'avons entendu énormément de fois, va de deux jours pour chaque jour passé sous garde à un jour pour chaque jour passé sous garde.
Avec tout le respect que je dois à M. Comartin, j'estime que cet amendement, s'il était adopté, viderait le projet de loi de tout son sens et de ses objectifs. Il est évident que les juges qui ne regardent pas d'un bon oeil les tentatives du Parlement de restreindre leur pouvoir discrétionnaire continueront leur habitude d'allouer deux jours pour chaque jour passé sous garde; ce que l'amendement de M. Comartin leur permettrait de faire en toute légalité s'il était adopté. Donc, je voterai contre.
Merci.
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Merci. Je le ferai à l'avenir.
Je tiens vraiment à répondre à certains points soulevés par M. Daubney.
Évidemment, ayant passé du temps avec la personne qui a participé à la rédaction du projet de loi, je n'ai aucunement l'intention de changer les critères. Le gouvernement a utilisé l'expression, en anglais, « if the circumstances justify it » que j'ai rendue par « if it is justified by the circumstances ». Mais ces deux expressions se traduisent de la même façon en français, soit par « si les circonstances le justifient ». Mes intentions sont les mêmes que celles du gouvernement.
Pour continuer sur mon intention, d'après la lecture que j'ai faite du paragraphe proposé, sous son libellé actuel, j'ai compris qu'il allait imposer un plus grand fardeau de la preuve aux procureurs. Encore une fois, je ne vois pas en quoi mon libellé modifie cela.
Si l'amendement présenté par le gouvernement est adopté, les tribunaux devront recevoir plus de preuves pour justifier que les circonstances leur permettent d'allouer un temps proche de ou équivalent à un jour et demi. Je ne pense pas que cela changera.
Au sujet du dernier point disant que je personnalise la question, je rappelle que les principes fondamentaux de la détermination de la peine exigent que toute sanction pénale soit décidée au cas par cas. Par conséquent, à cet égard, je ne change en rien les principes de détermination de la peine normalisée.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les membres du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de bien vouloir écouter mon exposé. En fait, c'est pour moi un honneur d'être ici devant vous.
Mesdames et messieurs, la traite de personnes constitue une violation horrible des droits de la personne. La traite d'enfants est encore plus grave. Le Canada demeure l'un des rares pays développés à ne pas avoir adopté de peines accrues pour la traite d'enfants. Le projet de loi n'a qu'un seul but: veiller à ce que les peines imposées aux personnes qui s'adonnent à la traite d'enfants correspondent à la gravité du crime.
Les deux premières peines imposées pour la traite d'enfants au Canada se sont traduites par des périodes de détention d'environ un an et deux ans, une fois soustrait le crédit accordé pour la détention avant le procès. Ainsi, les personnes qui s'adonnent à la traite d'enfants peuvent continuer de tirer des centaines de milliers de dollars de l'exploitation et du viol d'enfants sans risquer de peine sévère.
Si j'ai présenté le projet de loi C-268 , visant à modifier le Code criminel, c'est pour traiter de l'aspect juridique très important de la traite des enfants et pour aligner la loi canadienne sur celles de nombreux autres pays. J'ai félicité le gouvernement libéral précédent pour avoir intégré les mesures législatives initiales visant la traite de personnes dans l'article 279.1 du Code criminel. Ces mesures législatives ont fourni à nos agents de police, nos procureurs et nos juges des outils importants. Néanmoins, bien qu'elles permettent des peines maximales de 14 ans et l'emprisonnement à perpétuité dans certains cas, ces mesures législatives ne comportent pas de peines minimales. Pour un crime aussi horrible que la traite de personnes, on pourrait s'attendre à ce que l'indulgence n'ait pas sa place. Cependant, Imani Nakpamgi, la première personne au Canada a avoir été trouvée coupable de traite d'une personne mineure — et je dois féliciter le député Rick Norlock pour l'avoir mentionné dans son exposé antérieur devant vous —, a reçu une peine de trois ans pour la traite d'une fille de 15 ans, mais a bénéficié d'un crédit de 13 mois pour sa détention avant le procès. Il a fait plus de 350 000 $ en l'exploitant sexuellement pendant deux ans, avant qu'elle réussisse à s'échapper. En gros, il passera moins de temps en prison pour ce crime qu'il n'en a passé à exploiter la jeune fille, et si vous avez eu la chance de lire le témoignage de cette dernière sur ce qu'elle a vécu, vous savez que c'est absolument déchirant.
L'année passée, le Montréalais Michael Lennox Mark a reçu une peine de deux ans, mais grâce à un crédit de deux jours pour chaque jour passé en détention avant le procès, cet homme qui a horriblement victimisé une fille de 17 ans n'a passé qu'une semaine en prison après avoir été trouvé coupable. Avec de tels précédents, on se demande ce qu'une personne qui s'adonne à la traite d'enfants pourrait faire pour qu'on le condamne à 14 ans, ou à l'emprisonnement à perpétuité.
Tout récemment, une troisième condamnation a été prononcée pour traite de mineurs. Le mois passé, on a infligé une peine de sept ans à une Gatinoise trouvée coupable de la traite de trois filles d'Ottawa à Gatineau.
Mesdames et messieurs, cela s'est passé à 10 minutes de la Colline du Parlement, le siège du gouvernement du Canada. Elles ont été droguées, battues, violées et maintenues en captivité, attachées à des objets. Deux de ces filles ont subi cette situation pendant six mois et l'autre, pendant une année complète, avant d'être délivrées. Ce que cette condamnation démontre, c'est qu'au moins un juge comprend que les crimes graves envers des mineurs exigent des peines sévères, mais il faut qu'il en soit ainsi à l'échelle du Canada.
Les courageux agents de la Police régionale de Peel ont attaqué de front la traite de personnes, depuis l'entrée en vigueur des mesures législatives canadiennes à ce sujet. Ce sont eux qui sont à l'origine de la première condamnation pour traite de personnes au Canada, et ils enquêtent actuellement sur près d'une douzaine de cas touchant des mineurs. Vous pouvez lire la lettre que le chef de la Police régionale de Peel m'a écrite à l'appui de ce projet de loi. Il a dit, et je le cite:
Les efforts déployés par les agents de police partout au Canada pour appliquer cette loi sont impressionnants, mais ils sont occultés par le nombre effarant de cas impliquant des victimes de moins de 18 ans.
L imposition de peines minimales, comme le prévoit le projet de loi C-268, pourrait rendre la loi plus dissuasive et faire ressortir à quel point les crimes dont les victimes sont des enfants répugnent à la société.
Cela m'est venu du chef de la Police régionale de Peel.
Je me permets de porter à votre attention les obligations en droit international du Canada. En 2005, le Canada a ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants des Nations Unies. Le paragraphe 3) de l'article 3 stipule ce qui suit:
Tout État Partie rend ces infractions passibles de peines appropriées tenant compte de leur gravité.
Comme je l'ai indiqué, les peines imposées à ce jour au Canada ne sont pas conformes à ce protocole.
De plus, M. Mohamed Mattar, directeur exécutif du Protection Project de l'école des hautes études internationales de l'université Johns Hopkins fait remarquer ce qui suit:
Bon nombre d'États ont inclus, dans leurs mesures législatives sur la traite de personnes ou dans leur code criminel, des dispositions précises garantissant des peines accrues en cas de traite de personnes accompagnée de circonstances aggravantes, notamment, un crime dont un enfant est la victime...
C'est là le but de ce projet de loi, mesdames et messieurs. Le Canada doit adopter des dispositions qui vont plus loin en ce qui concerne la traite de personnes d'âge mineur.
Au États-Unis, la peine minimale est de 15 ans si la victime a moins de 14 ans, et de 10 ans si la victime a moins de 18 ans, mais plus de 14 ans. En Thaïlande, la peine minimale est de cinq ans pour la traire d'enfants. En République Dominicaine, on ajoute cinq ans à la peine minimale de 15 à 20 ans si la victime est un enfant.
La communauté internationale a réclamé que le Canada adopte des mesures législatives comportant des peines minimales aux personnes trouvées coupables de traite d'enfants. En octobre dernier, dans le Report of the Canada-United States Consultation in Preparation for World Congress III Against Sexual Exploitation of Children and Adolescents, on pressait le Canada d'adopter une peine minimale obligatoire pour la traite d'enfants.
De même, l'ancien directeur du bureau chargé de la surveillance et de la lutte contre la traite de personnes du Département d'État américain et directeur exécutif actuel du Polaris Project, l'ambassadeur Mark Lagon, a déclaré ce qui suit:
Pour les protéger, il faut à la fois apporter un soutien et une assistance nécessaires à ces enfants et mettre en prison pour très longtemps les criminels qui exercent ce genre d'activités.
Le projet de loi garantira que le processus de détermination de la peine tiendra compte, de façon constante et uniforme, de la gravité de ce crime violent.
J'apprécie le fort soutien que tous les partis ont manifesté pour ce projet de loi. La traite de personnes doit demeurer une question non partisane. Ce projet de loi reçoit l'appui de députés de trois partis, et comme vous le savez, à l'occasion du vote du 22 avril, il a obtenu le soutien unanime des partis conservateur, libéral et néo-démocrate. Ce soutien est encourageant. Rien ne devrait nous unir davantage que la protection de nos enfants.
Je suis déçue du Bloc qui, à l'exception d'un de ses honorables députés, a choisi de se prononcer contre ces mesures législatives importantes. Il s'agit de la seule organisation au Canada à s'opposer à un projet de loi qui confirme notre engagement à l'égard du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants des Nations Unies. Ce projet de loi a reçu un appui solide partout au Canada, de la part d'autorités policières, d'organismes offrant des services d'aide aux victimes, d'ONG et de premières nations. Nous avons reçu un appui particulièrement ferme du Québec, et comme vous le savez, un détective québécois a fait une présentation aux députés et a parlé du problème de la traite de personnes au Québec, en particulier dans la région de Montréal.
Je veux aussi signaler que je propose une modification au projet de loi. Le Bloc m'a signalé, à l'étape de la deuxième lecture, que l'alinéa 279.011(1)a) proposé dans mon projet de loi ne prévoit pas de peine minimale en cas d'infractions graves. Ce paragraphe prévoit l'emprisonnement à perpétuité, ce qui signifie que la personne trouvée coupable ne serait admissible à une libération conditionnelle qu'après sept ans. J'ai fait rédiger un amendement qui s'inscrit dans le cadre du projet de loi et qui modifie l'alinéa 279.011(1)a) de manière à faire en sorte qu'il soit explicite que cette disposition vise également une peine minimum de cinq ans. Mon intention est de veiller à ce que cette modification soit proposée pendant l'étude article par article que le Comité permanent de la justice et des droits de la personne réalisera mercredi, je l'espère, si j'ai bien compris.
Je vous remercie encore de m'avoir permis de parler du projet de loi . J'espère que tous les députés de tous les partis appuieront ces mesures législatives importantes et dénonceront sévèrement la traite d'enfants. En tant que députés, nous savons que nous avons le pouvoir de faire avancer ce projet de loi ou d'y faire obstruction. La fin de la session approche, et il faut que ce projet de loi soit renvoyé à la Chambre le plus rapidement possible. J'ai l'intention de demander le consentement unanime de la Chambre pour que le projet de loi franchisse rapidement l'étape de la troisième lecture, si je crois possible d'obtenir l'accord de ce comité.
À l'approche des Jeux olympiques et compte tenu de l'incertitude causée par le fait que nous avons un gouvernement minoritaire, il faut absolument que cet amendement soit adopté. Les Canadiens et la communauté internationale le remarqueront, si le Canada s'unit contre l'exploitation de ses enfants. Ceux qui s'opposent ne tomberont pas dans l'oubli.
Merci.
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Merci de me donner l'occasion de présenter au comité des renseignements généraux sur l'état actuel du droit pénal en ce qui concerne la traite de personnes ainsi que sur les répercussions du projet de loi , qui propose d'imposer une peine minimale obligatoire de cinq ans pour les infractions de traite d'enfants.
Pour établir le contexte, et comme la marraine du projet de loi l'a déjà dit, la traite de personnes est souvent décrite comme une forme d'esclavage des temps modernes. Elle implique le recrutement, le transport et l'hébergement de personnes en vue de les exploiter — il est généralement question d'exploitation sexuelle ou de travail forcé. Les gens qui font la traite de personnes ont recours à diverses méthodes pour garder leurs victimes en main, y compris la force, l'agression sexuelle et les menaces de violence. Les victimes sont forcées à offrir leurs services ou à travailler dans des circonstances qui les poussent à croire que leur sécurité ou la sécurité d'une personne qu'elles connaissent serait menacée si elles n'obéissaient pas. Les victimes subissent de la violence physique, sexuelle et psychologique, sous la forme de menaces ou d'agressions réelles, aggravée par leurs conditions de vie et de travail. La traite de personnes se produit entre les frontières et d'un côté à l'autre de celles-ci, et elle implique souvent de vastes réseaux de crime organisé. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables à la traite exercée à des fins sexuelles; ces personnes en sont de beaucoup les victimes principales.
En 2005, trois infractions punissables par mise en accusation portant spécifiquement sur la traite de personnes ont été ajoutées au Code criminel. L'article 279.01 interdit spécifiquement la traite de personnes; il prévoit une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité dans les cas où il y a enlèvement, voies de fait graves, agression sexuelle grave ou mort de la victime, et de 14 ans dans tous les autres cas. L'article 279.02 interdit de bénéficier d'un avantage financier ou de tout autre avantage matériel provenant de la perpétration de l'infraction de traite. Cette infraction est passible d'une peine maximale de 10 ans d'emprisonnement. Finalement, l'article 279.03 interdit la rétention ou la destruction de pièces d'identité en vue de perpétrer ou de faciliter la traite d'une personne. Cette infraction est passible d'une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.
De plus, de nombreuses infractions au Code criminel, comme l'extorsion, les voies de fait, l'agression sexuelle, la séquestration, l'enlèvement et les infractions liées à la prostitution, ont toujours été applicables aux cas de traite de personnes, selon les faits du cas en question.
La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés interdit aussi de faire entrer des personnes au Canada en exerçant la traite de personnes.
Grâce à ces mesures, la police et les procureurs de la Couronne peuvent maintenant choisir entre une vaste gamme d'infractions, selon ce qu'ils jugent s'appliquer à chacun des cas. Ils peuvent choisir d'accuser quelqu'un d'une nouvelle infraction portant spécifiquement sur la traite ou de le poursuivre pour une telle infraction; ils peuvent aussi opter pour les autres infractions liées à la traite dont j'ai déjà parlé. En fait, dans la plupart des derniers cas, les accusations touchaient à la fois aux infractions portant spécifiquement sur la traite et aux infractions liées à la traite.
Les réformes proposées dans le cadre du projet de loi créeraient une nouvelle infraction de traite d'enfants qui refléterait l'infraction principale de traite de personnes déjà prévue au Code, à l'article 279.01. Il y a une exception: dans les cas où la victime est âgée de moins de 18 ans, la peine minimale obligatoire serait de cinq ans pour les infractions passibles d'une peine maximale de 14 ans, mais pas pour les infractions dont la peine maximale est l'emprisonnement à perpétuité. La marraine a déjà abordé ce fait et elle a souligné ce qu'elle compte faire à ce sujet. Le projet de loi propose aussi des modifications connexes pour faire en sorte que l'infraction de traite d'enfants proposée soit incluse non seulement dans les dispositions portant sur l'infraction principale de traite de personnes, mais aussi dans celles portant sur l'interception des communications, les procès à huis clos, les ordonnances de non-publication, l'ADN, le registre des délinquants sexuels et les délinquants dangereux.
Ainsi, les réformes proposées auraient les conséquences suivantes: premièrement, la traite d'une personne âgée de moins de 18 ans serait abordée différemment de la traite d'un adulte puisque la peine minimale obligatoire serait seulement applicable à la traite d'un enfant et non à celle d'un adulte; deuxièmement, dans les cas où la traite d'une jeune personne vise l'exploitation sexuelle, par exemple, le commerce du sexe, l'imposition d'une peine minimale obligatoire établirait un parallèle entre les peines infligées pour la traite d'un enfant et celles imposées actuellement dans les cas de proxénétisme impliquant une personne âgée de moins de 18 ans, infraction actuellement passible de peines minimales obligatoires dans trois circonstances différentes.
Premièrement, l'infraction de vivre des produits de la prostitution d'un enfant est passible d'une peine minimale obligatoire de deux ans d'emprisonnement et d'une peine maximale de 14 ans en vertu du paragraphe 212(2) du Code criminel.
Deuxièmement, il y a l'infraction de vivre des produits de la prostitution d'un enfant avec circonstances aggravantes, comme l'usage de la violence, de l'intimidation et de la contrainte. Cette infraction est passible d'une peine minimale obligatoire de cinq ans d'emprisonnement et d'une peine maximale de 14 ans en vertu du paragraphe 212(2.1).
Finalement, il y a l'infraction d'obtenir, moyennant rétribution, les services d'un enfant ou de communiquer à cette fin. Cette infraction est passible d'une peine minimale obligatoire de six mois d'emprisonnement et d'une peine maximale de cinq ans en vertu du paragraphe 212(4).
Ceci nous amène au projet de loi C-286 et à l'imposition d'une peine minimale obligatoire pour l'infraction moindre. Comme il a été souligné, cette approche diffère en deux points de la manière dont le Code criminel traite habituellement les peines minimales obligatoires. Nous allons d'abord examiner l'article 273, la disposition portant sur les agressions sexuelles graves. La peine minimale obligatoire dans les cas où il y a usage d'une arme à feu est de quatre ans, et la peine maximale est l'emprisonnement à perpétuité. Dans les cas où il n'y a pas usage d'une arme à feu, la peine maximale est l'emprisonnement à perpétuité et il n'y a pas de peine minimale obligatoire.
Dans le cas d'une infraction de prostitution d'un enfant, dont je viens de parler, l'infraction grave est passible d'une peine minimale obligatoire de cinq ans, et l'infraction moins grave est passible d'une peine minimale obligatoire moindre de deux ans. La police et la Couronne auront encore la discrétion de choisir l'accusation ou les accusations qui s'appliquent le mieux aux faits d'une affaire donnée, qu'il soit question d'infractions portant spécifiquement sur la traite, ce qui inclut la nouvelle infraction de traite d'un enfant, ou d'autres infractions déjà mentionnées, par exemple, la prostitution d'un enfant, la séquestration et l'extorsion.
Des affaires récentes ont déjà été soulevées au cours de la dernière séance et de celle-ci. Dans l'affaire Gatineau, une femme a été accusée d'une infraction portant spécifiquement sur la traite de personnes, de voies de fait, de proxénétisme et de vivre des produits de la prostitution, parce que, comme la marraine l'a dit, elle a forcé trois victimes à se prostituer, dont une qui était âgée de moins de 18 ans. Elle a plaidé coupable et a reçu une peine globale de sept ans.
L'affaire Nakpamgi a aussi déjà été mentionnée. Dans cette affaire, un homme a été accusé d'une infraction portant spécifiquement sur la traite de personnes et de vivre des produits de la prostitution d'une personne âgée de moins de 18 ans. Il a plaidé coupable et a reçu une peine de cinq ans, dont trois ans pour la traite de personnes et deux ans pour la prostitution d'un enfant, à purger consécutivement.
Je vous remercie de votre attention et de m'avoir permis de vous présenter mes commentaires.
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Nous aimerions appuyer le. La traite de personnes, qui comprend le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement ou la réception de personnes pour des fins d'exploitation sexuelle ou de travail, constitue, à notre avis, l'esclavage des temps modernes. La traite de personnes vient au troisième rang des activités les plus lucratives du crime organisé partout dans le monde, après le trafic des armes et celui de la drogue.
Selon la GRC, chaque année, quelque 600 personnes sont victimes de la traite de personnes pour des fins sexuelles au Canada; 800 personnes en sont victimes pour les fins du trafic de la drogue, pour un mariage forcé ou pour des tâches domestiques; et entre 1 500 et 2 000 personnes sont transportées d'un bout à l'autre du Canada pour être exploitées dans d'autres endroits, surtout aux États-Unis. La traite, à partir du Canada, de femmes autochtones, d'autres femmes et de jeunes est tout aussi préoccupante que l'importation d'étrangers pour ces fins.
Le Canada a pris des engagements au niveau international pour lutter contre la traite de personnes. En 2000, le Canada a signé le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Les États parties au protocole disent éprouver « une vive préoccupation [du fait] que la traite internationale d'enfants aux fins de la vente d'enfants, de la prostitution des enfants et de la pornographie mettant en scène des enfants revêt des proportions considérables et croissantes ». Les États signataires estiment que la lutte à la pauvreté, aux problèmes familiaux et à la traite d'enfants aidera à mettre fin à la vente et à la prostitution d'enfants ainsi qu'à la pornographie juvénile.
Je cite encore le protocole. Les États signataires « tiennent dûment compte de l'importance des traditions et des valeurs culturelles de chaque peuple pour la protection de l'enfant et son développement harmonieux. » Comme cela a été mentionné précédemment, le protocole facultatif, que le Canada a signé, énonce au paragraphe 3 de l'article 3: « Tout État Partie rend ces infractions passibles de peines appropriées tenant compte de leur gravité ».
En octobre 2008, le rapport sur la consultation canado-américaine effectuée en vue du troisième congrès mondial sur la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants et des adolescents recommandait que le Canada modifie son Code criminel pour prévoir la peine minimale obligatoire dans les cas de traite d'enfants et renforce le registre des délinquants sexuels.
En avril 2009, les auteurs de la déclaration de One is Too Many: A Citizens' Summit on Human Trafficking at the 2010 Olympics and Beyond réclamaient que les trafiquants de personnes soient poursuivis et que des mesures soient prises pour protéger les victimes de la traite de personnes et pour prévenir la traite de personnes. Les participants au sommet ont fait valoir que le Code criminel du Canada doit faire ressortir que le crime de la traite de personnes doit être sanctionné de peines importantes. Il est donc urgent de promulguer le projet de loi C-268 pour être en mesure de fournir à temps la protection requise pour les Jeux olympiques de 2010 à Vancouver.
Le Canada a signé le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, faisant suite à la résolution 55/25 de l'Assemblée générale de novembre 2000. Ce protocole vise trois secteurs de la traite de personnes: la prévention, la protection des victimes et la poursuite des auteurs de cette infraction devant les tribunaux.
En qualité d'ONG ayant un statut d'organisme de consultation auprès du Conseil économique et social des Nations Unies, REAL Women of Canada appuie vivement le projet de loi C-268, qui modifierait l'article 279.01 de façon à prévoir une peine minimale. Nous appuyons le projet de loi pour trois raisons principales.
Premièrement, nous croyons qu'une peine minimale pour la traite de personnes dissuadera des hommes et des femmes d'exploiter et de maltraiter des enfants. Cette mesure aidera à atteindre les objectifs de dissuasion de la loi.
Deuxièmement, la peine minimale de cinq ans pour un crime aussi grave que la traite d'enfants permettra de faire savoir clairement que la traite d'enfants n'est pas acceptable pour les Canadiens. Elle fera ressortir l'horreur qu'inspire ce crime à la société. Elle aidera à fixer des normes de comportement en harmonie avec une valeur chère à notre société: le respect des enfants vulnérables. Après tout, les enfants sont l'avenir du Canada.
Troisièmement, l'absence de normes minimales et l'entière discrétion laissée aux juges font que la peine prend souvent la forme d'une réprimande sans lien réel avec la gravité de l'infraction et des souffrances horribles infligées aux victimes. De plus, il n'y a pas d'effet dissuasif pour lutter contre l'exploitation des personnes les plus vulnérables, qui devraient recevoir notre protection et ne pas souffrir de notre négligence. Nous estimons que des peines minimales devraient être prévues, peu importe l'âge des victimes de la traite de personnes.
Sans égard à l'affiliation politique, nous devons faire ce qui est juste et nous joindre à tous ceux partout dans le monde qui travaillent à créer un monde meilleur par la prévention de la traite de personnes, la protection des victimes et la poursuite devant les tribunaux de ceux qui exploitent et maltraitent les enfants. Voilà une rare occasion de protéger les enfants vulnérables, et les Canadiens de partout au pays, nous semble-t-il, voudraient que leurs législateurs adhèrent aux protocoles mentionnés précédemment et prennent appui sur les consultations internationales effectuées pour lutter contre ces crimes atroces au Canada et partout dans le monde. C'est un privilège pour nous de défendre les membres les plus vulnérables de notre société.
Nous vous remercions de nous avoir invitées.
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Je vous remercie beaucoup de vos questions, et je vous remercie de votre soutien ainsi que de l'excellent travail que vous accomplissez sur la question de la traite de personnes au Canada.
Tout d'abord, je doit préciser très clairement que je n'ai recommandé la présence d'aucun témoin ici aujourd'hui. Je croyais être la seule à me présenter. J'espérais être la seule, parce que je voulais réellement que mon projet de loi soit approuvé. Je ne craignais pas que le comité y fasse obstruction, mais j'étais inquiète du fait que le Bloc n'a pas voté en faveur de mon projet de loi à la deuxième lecture. Voilà pourquoi j'ai amené le détective de Montréal et invité tout le monde à venir entendre parler du problème de la traite de personnes au Québec, dans le but de persuader ces députés que c'est ce qui doit être fait.
Alors, je vous remercie d'avoir dit que j'ai essayé d'être juste. Je crois que je suis une personne très juste; je ne peux tout simplement pas comprendre pourquoi quelqu'un ne voudrait pas appuyer l'imposition de peines minimales pour les trafiquants d'enfants de moins de 18 ans. Disons les choses clairement.
Ce que vous avez demandé a trait à une stratégie nationale. Ma motion numéro 153 consistait à demander l'élaboration d'une stratégie nationale. Depuis que je suis au Parlement, j'ai toujours cherché à garder ce débat non partisan, de façon à ce que nous puissions tous travailler ensemble à protéger les victimes.
Voilà de bien bonnes questions. Parlant des agents de police, je désire vous informer que mon fils est membre de la GRC, et qu'il faut en fait donner de la formation aux policiers. Beaucoup ne comprennent pas le phénomène de la traite de personnes, parce qu'ils n'ont jamais eu de formation sur ce sujet. Toutefois, si vous recevez une formation sur les unités intégrées de lutte contre l'exploitation des enfants... Comme pour un enseignant: si vous avez reçu une formation en mathématiques, vous connaissez les mathématiques; si vous avez reçu une formation en arts, vous connaissez les arts; si vous avez reçu une formation en français, vous connaissez le français. Vous êtes un expert dans le domaine.
Les unités intégrées de lutte contre l'exploitation des enfants sont constituées d'agents de police spécialement formés, et cette formation est, je crois, une chose essentielle. Vous avez toujours besoin de plus de ressources; cela ne finit jamais. J'ai toujours été partisane de l'ajout de ressources parce que mon fils étant un agent de police, je suis à même de constater le travail splendide que ces gens font, les longues heures qu'ils font, ainsi que le désenchantement de certains. Lorsque vous parlez de pornographie juvénile et des victimes de la traite de personnes, vous parlez des crimes les plus affreux qui soient.
Ai-je répondu à toutes vos questions? J'espère avoir répondu à quelques-unes de vos questions, monsieur Murphy.
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J'invoque le Règlement. Je vous suggère de rappeler au témoin, en toute amitié, qu'au milieu du mois de mai, vous avez saisi ce comité d'un rapport dans lequel nous étions invités à accueillir, le 1
er juin, le projet de loi de Mme la députée Smith.
Dire devant les caméras de télévision que le comité a consacré du temps à cette question ne correspond pas exactement à la réalité. M. Storseth a vu sa motion différée pour que la vôtre ait la priorité. Je voulais simplement rétablir la chronologie des événements.
Cela étant dit, monsieur le président, j'ai voté à la Chambre — et le Bloc québécois l'a fait également — en faveur du projet de loi C-49 que les libéraux ont déposé et qui n'inclut aucune peine minimale. Le Bloc québécois est conséquent. Nous n'appuyons pas les peines minimales. J'aimerais que vous déposiez au comité des études qui prouvent l'efficacité des peines minimales.
Je vais demander au ministère de la Justice ainsi qu'à vous-même s'il est vrai qu'à ce jour, il n'y a eu que deux condamnations en vertu de l'article 279 du Code criminel. Quand on dit que les peines ne sont pas assez sévères, c'est un point de vue qui manque de nuance. En effet, cet article n'a pas vécu. Elles n'étaient peut-être pas assez sévères, mais dans de tels cas, il faut interjeter appel. Ça ne justifie pas qu'on demande des peines minimales.
Par respect pour le travail que vous avez fait, je vais déposer mardi une motion consistant à inviter le gouvernement à suspendre toute étude de projet de loi. Nous allons, toute affaire cessante, essayer de faire la part des choses concernant les mémoires que vous nous avez présentés. Il est question de 15 000 personnes victimes de traite au Canada, soit de 2 000 personnes par année. Je suis beaucoup plus préoccupé par le fait que pour ces 15 000 cas de traite au Canada, il n'y ait eu que deux condamnations.
Comme parlementaires, nous allons essayer non pas de faire de la démagogie, mais de comprendre pourquoi il n'y a eu que deux condamnations. Nous allons déposer une motion pour suspendre toute autre étude de projet de loi.
Comment expliquez-vous qu'il n'y ait eu que deux procès et deux condamnations? La question s'adresse également à votre collègue du ministère de la Justice.
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Bonjour, mesdames Smith, Watts et Levman.
J'aimerais d'abord me présenter. Je suis Daniel Petit, député du comté de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles, au Québec. Je tiens à vous dire que les gens vivant au Québec ne sont pas tous opposés au projet de loi. J'ai lu ce dernier. Je suis avocat depuis une trentaine d'années. J'ai quatre d'enfants, qui sont majeurs aujourd'hui, bien entendu.
Il est question du problème que vous soulevez depuis très longtemps, non seulement au Québec et au Canada, mais partout dans le monde. Beaucoup de films et de reportages ont été consacrés à la traite des jeunes femmes et des jeunes garçons. Je peux vous assurer que les Québécois du Parti conservateur sont favorables à votre projet de loi.
Nous avons eu l'occasion de nous rencontrer, puisque nous siégeons du même côté de la Chambre. J'ai pu suivre l'évolution de votre motion. À l'époque, vous aviez d'ailleurs déposé une motion et, si mes souvenirs sont exacts, nous avions voté de façon quasi unanime pour qu'on y donne suite.
Voici la question que j'aimerais soumettre à Mme Levman. Bien souvent, le public en général ne fait pas la distinction entre le proxénétisme et la traite des enfants à des fins sexuelles ou autres. Dans le Code criminel, on dit qu'une personne coupable de proxénétisme est passible d'une peine minimale d'emprisonnement de deux ans, voire de cinq ans s'il s'agit d'une infraction grave. On parle ici de prostitution et de proxénétisme.
J'ai lu le livre de Mme Mourani, qui est députée au Bloc québécois et qui, en fait, a aussi voté en notre faveur. Dans son livre, cette dame démontre que certains gangs de rue très organisés de Montréal se vendent mutuellement de jeunes femmes qu'ils utilisent par la suite. Comme le disait un représentant de la Ville de Montréal dans le cadre d'un exposé qu'il nous a fait sur le trafic humain dans la région de Montréal, il est plus payant pour un gang d'avoir une fille que de la drogue, étant donné qu'il faut racheter de la drogue une fois que celle qu'on avait a été vendue, tandis que la fille peut être utilisée continuellement, ce qui rapporte plus d'argent.
Madame Levman, puisque les gens nous écoutent maintenant, j'aimerais que vous expliquiez quelle distinction existe entre l'article 212 et le nouvel article que Mme Smith veut proposer concernant les peines minimales liées au proxénétisme et au trafic. La plupart des gens pensent que le proxénétisme est du trafic humain. Or ce n'est pas nécessairement la même chose. Pourriez-vous nous donner une explication d'ordre plus juridique à ce sujet?