C'est la 51e séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Nous sommes aujourd'hui mercredi, le 2 décembre 2009. Étant donné que le ministre n'est pas ici et que nous ne voulons pas perdre de temps, nous pourrions nous occuper de quelques questions touchant les travaux du comité.
Vous avez devant vous l'ordre du jour. Nous allons entendre le ministre Nicholson pendant la plus grande partie des deux heures suivantes, mais il y a un sujet dont j'aimerais parler et qui touche les travaux du comité.
Madame la greffière, avez-vous la liste des témoins qui doivent encore comparaître?
Vous vous souvenez que nous avions prévu d'entendre certains témoins de la GRC. Malheureusement, nous n'avons pas pu le faire et nous avons donc dû modifier la date de leur audition.
Je crois qu'il nous reste deux autres séances, les 7 et 9 décembre, et ce sera tout pour cette année. Pour le 7 décembre, nous avons prévu les témoins Al Rosen par vidéoconférence, l'Association du Barreau canadien, le ministère des Finances et Jean-Paul Brodeur. Ensuite, au cours de la seconde heure, le 7 décembre, nous allons entendre la GRC — nous n'avons pas pu le faire les deux dernières fois — et nous avons le procureur général du Nouveau-Brunswick sur demande spéciale de M. Murphy.
Voilà pour 7 décembre. Ensuite, le 9 décembre, nous avons prévu pour le moment Joey Davis et Janet Watson, Jenn Lofgren, Mike Miles, et Melanie Johannink. Je crois savoir qu'ils sont tous des victimes ou des membres de la famille de victimes. Nous nous proposons ensuite de procéder à l'étude article par article.
Est-ce là un calendrier qui vous paraît acceptable?
Monsieur Lemay.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'être avec vous encore une fois, cette fois-ci pour parler du projet de loi . Ce projet de loi va renforcer la confiance de la population dans notre système de justice pénale en proposant d'apporter d'autres restrictions au recours aux peines d'emprisonnement avec sursis.
Je sais que le comité connaît très bien cette question, compte tenu des amendements qu'il a examinés en 2007. Si vous voulez savoir pourquoi nous poursuivons ces réformes, je vous dirais ceci. Les peines d'emprisonnement avec sursis sont devenues une option en matière de peine il y a plus de 13 ans avec la promulgation en septembre 1996 du projet de loi portant réforme des peines. Les peines d'emprisonnement avec sursis devaient constituer une option intermédiaire entre la probation et l'incarcération de façon à ce que les contrevenants ayant commis des infractions mineures puissent demeurer dans la collectivité selon des conditions très strictes: l'emprisonnement devait être de moins de deux ans, le tribunal devait être convaincu que le fait de purger la peine au sein de la collectivité ne mettrait pas en danger la sécurité de celle-ci et l'infraction ne devait pas être punissable par une peine minimale d'emprisonnement.
En 2000. la Cour suprême du Canada a jugé dans Regina c. Proulx que le tribunal devait d'abord conclure qu'une peine d'emprisonnement de moins de deux ans était appropriée, avant d'examiner la question de savoir si la peine pouvait être purgée dans la collectivité aux termes d'une ordonnance de sursis. Autrement dit, le tribunal devait estimer qu'une ordonnance de probation ou une amende ne sanctionnerait pas suffisamment la gravité de l'infraction, qu'il ne serait toutefois pas nécessaire de fixer une peine de pénitencier pour le faire et qu'une peine d'emprisonnement de moins de deux ans serait appropriée. Une fois cette décision prise, le tribunal devait alors décider si la peine d'emprisonnement de moins de deux ans pouvait être purgée dans la collectivité, compte tenu des autres conditions prévues à l'article 742.
Un certain nombre d'observateurs, notamment certains de mes collègues provinciaux et territoriaux, se sont inquiétés du fait qu'une large gamme d'infractions pouvaient donner lieu à des peines d'emprisonnement avec sursis. Lorsque notre gouvernement a pris le pouvoir en 2006, il nous est clairement apparu qu'il fallait apporter d'autres restrictions à l'usage des peines d'emprisonnement avec sursis. Nous avons répondu à ces préoccupations en déposant le projet de loi , le 4 mai 2006. Il a été renvoyé à votre comité un mois plus tard, au mois de juin. Sous sa forme initiale, le projet de loi C-9 proposait de supprimer l'emprisonnement avec sursis pour les infractions poursuivies par mise en accusation et punissables par une peine d'emprisonnement de 10 ans et plus.
Le gouvernement était d'avis, et il l'est toujours, que les infractions poursuivies par mise en accusation et punissables par une peine d'emprisonnement maximale de 10, 14 ans ou à perpétuité étaient des infractions graves qui ne devraient pas pouvoir déboucher sur une ordonnance de sursis. C'est ce que pense le gouvernement, même si le tribunal estime finalement qu'une peine d'emprisonnement de moins de deux ans convient aux circonstances de l'infraction. Le projet de loi C-9, tel que formulé initialement, aurait visé les crimes graves, comme les infractions liées aux armes, les infractions contre les enfants et les infractions graves contre les biens. Le projet de loi C-9 a toutefois été modifié pour qu'il s'applique uniquement aux infractions de terrorisme, aux infractions d'organisation criminelle et aux sévices graves à la personne tels que définis à l'article 752 du Code criminel — des infractions punissables par une peine maximale de 10 ans ou plus et poursuivies par mise en accusation. Cette approche était semblable à celle qui avait été choisie pour le projet de loi que le gouvernement précédent avait déposé à l'automne 2005, mais qui est mort au Feuilleton.
Les amendements apportés au projet de loi ont entraîné d'étranges résultats. Premièrement, les amendements du projet de loi C-9 ont créé une situation dans laquelle les infractions punissables par une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans ou à perpétuité ne sont pas toutes considérées comme des crimes graves. Je ne devrais pas avoir à rappeler aux membres du comité que ce sont là les peines les plus sévères que contienne le Code.
Deuxièmement, en raison des amendements apportés au projet de loi C-9, les infractions contenues dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances peuvent déboucher sur une peine d'emprisonnement avec sursis à moins qu'elles aient été commises pour une organisation criminelle. Par conséquent, la production, l'importation et le trafic d'une drogue de l'annexe 1, comme l'héroïne, ne seraient pas visés par ce texte et pourraient encore faire l'objet d'une peine d'emprisonnement avec sursis. Comme les membres du comité le savent, notre gouvernement a proposé des peines minimales pour les infractions graves reliées aux drogues avec le projet de loi . C'est pourquoi je m'attends à ce que ces infractions ne puissent plus donner lieu à une ordonnance de sursis lorsque ce projet de loi sera adopté, comme j'espère qu'il le sera prochainement.
Troisièmement, l'utilisation de l'expression « sévices graves à la personne », telle que définie pour les délinquants dangereux et à contrôler, a été choisie pour servir de seuil à la possibilité d'accorder un emprisonnement avec sursis à la suite des amendements apportés au projet de loi C-9. Jusqu'à l'entrée en vigueur du projet de loi, le 1er décembre 2007, les tribunaux étaient uniquement amenés à interpréter l'expression sévices graves à la personne aux fins de décider si le critère de déclaration de délinquant dangereux ou à contrôler était rempli, parce que cette expression s'appliquait uniquement aux délinquants dangereux et à contrôler. Depuis l'entrée en vigueur du projet de loi C-9, les tribunaux ont dû interpréter la notion de sévices graves à la personne, dans le contexte des peines d'emprisonnement avec sursis.
La notion de sévices graves à la personne fait problème, parce que des crimes graves contre les biens comme la fraude peuvent encore entraîner une peine avec sursis. Nous connaissons tous des exemples récents de l'effet dévastateur que peut avoir une conduite frauduleuse. Les victimes qui ont perdu toutes leurs économies, ont demandé que soient renforcées les peines associées à ce genre d'infraction. Il est difficile de ne pas être d'accord avec elles, en particulier, si l'on tient compte du fait que la fraude, qui est punissable par une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans, pourrait encore faire l'objet d'un sursis, malgré les réformes introduites par le projet de loi C-9.
Il me paraît évident, tout comme je le crois à de nombreux Canadiens, qu'il y a lieu d'introduire une plus grande précision et uniformité de façon à supprimer la possibilité d'ordonner le sursis à l'égard des crimes graves contre les biens et associés à la violence. C'est pourquoi le projet de loi C-42 propose de supprimer la référence aux sévices graves à la personne à l'article 742.1 et d'écarter toute possibilité d'un sursis pour toutes les infractions punissables par une peine d'emprisonnement de 14 ans ou à perpétuité. De cette façon, la fraude et de nombreuses autres infractions ne pourraient plus faire l'objet d'une peine avec sursis.
Avec le projet de loi C-42, les infractions poursuivies par mise en accusation, punissables par 10 ans d'emprisonnement et ayant entraîné des lésions corporelles qui concernent l'importation, l'exportation, le trafic ou la production de drogues, ou sont associées à l'utilisation d'une arme, ne pourraient faire l'objet d'une peine avec sursis. Ces aspects du projet de loi auraient pour effet de limiter sérieusement la portée du régime des peines d'emprisonnement avec sursis, mais l'ajout de ces catégories n'exclurait pas toutes les infractions graves poursuivies par mise en accusation et punissables par une peine d'emprisonnement maximale de 10 ans. C'est pourquoi le projet de loi C-42 énumère les infractions poursuivies par mise en accusation et punissables par une peine maximale d'emprisonnement de 10 ans qui ne pourraient faire l'objet d'une peine avec sursis. Ces infractions comprennent le bris de prison, le leurre, l'harcèlement criminel, l'agression sexuelle, l'enlèvement d'enfant, la traite des personnes, l'enlèvement, le vol de plus de 5 000 $, l'introduction par effraction dans un endroit autre qu'une maison d'habitation, la présence illégale dans une maison d'habitation et l'incendie criminel avec intention frauduleuse. De plus, lorsque le projet de loi C-26 entrera en vigueur, les peines avec sursis ne pourront être prononcées à l'égard du projet d'infraction de vol d'automobile. Ce projet de loi se trouve, à l'heure actuelle, au Sénat.
Monsieur le président, les peines d'emprisonnement avec sursis sont des peines appropriées dans de nombreux cas, mais il convient de limiter leur emploi lorsqu'il s'agit d'infractions graves contre les biens ou associés à la violence. Un usage plus limité des ordonnances de sursis renforcerait la confiance dans la population dans les sanctions et l'administration de la justice.
J'aimerais terminer en disant, monsieur le président, que l'adoption du projet de loi C-42 constitue un pas important vers des peines plus justes qui protégeront nos collectivités, nos familles et respecteront notre sens de la justice. Le fait de limiter les peines avec sursis aux infractions mineures et aux contrevenants peu dangereux, comme c'était l'intention au départ, renforcera la confiance de la population dans la justice pénale.
J'espère que ce projet de loi sera rapidement examiné par le comité et que nous pourrons renvoyer ce projet de loi très rapidement devant la Chambre des communes.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Tout d'abord, pour ce qui est des fraudes graves, comme vous le savez, la peine maximale, la peine maximale actuelle, sans prendre en considération le projet de loi que nous avons présenté sur la criminalité en col blanc, est de 14 ans d'emprisonnement. Je pense qu'il y a des Canadiens qui n'aiment pas du tout que ces personnes puissent être renvoyées chez elles une fois qu'elles ont été condamnées. Je crois qu'il y a des Canadiens qui n'aiment pas beaucoup cela, et je suis d'accord avec les Canadiens qui n'aiment pas du tout cette situation.
On peut dire que dans l'ensemble, ces personnes ne vont pas se voir imposer une peine de deux ans moins un jour et dans la majorité des cas, je suis heureux de pouvoir dire qu'elles ne s'en sortent pas facilement. Mais au sujet de l'idée qu'un accusé puisse légalement rentrer chez lui après avoir commis une infraction grave contre les biens, un crime en col blanc, je dirais qu'il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas du tout cette idée. Le projet de loi apporte une solution à ce problème. C'est une des raisons pour laquelle je vous invite à l'adopter rapidement.
En outre, avec l'adoption de notre autre projet de loi sur les criminels en cravate, ils n'auraient, de toute façon, pas droit à ce genre de peine, je vous le dis franchement, parce qu'avec les peines d'emprisonnement obligatoires prévues par l'autre projet de loi, cela serait exclu. De toute façon, nous devons supprimer la détention à domicile et les peines d'emprisonnement avec sursis pour ces individus.
Maintenant, au sujet du dédommagement, vous avez fait remarquer très justement qu'il se fait de l'excellent travail au palier provincial pour ce qui est d'aider les victimes, dans la mesure où les questions reliées aux biens relèvent dans l'ensemble de la compétence des provinces; ce sont donc elles qui ont pris des mesures dans ce domaine. Mais vous étiez ici lorsque j'ai témoigné — du moins, je le crois — au sujet du projet de loi concernant les criminels en cravate, et comme je l'ai fait remarquer au sujet de ce projet de loi, il contient des dispositions précises qui prévoient la possibilité pour la victime de présenter une réclamation et qui, comme je l'ai dit, modifient le système judiciaire pour faciliter l'indemnisation des victimes de fraude.
Le gouvernement fédéral a donc un rôle à jouer dans ces domaines, et je suis heureux que ce projet de loi vise directement à aider les victimes et à renforcer les moyens que leur offre le système de justice pénale. Mais encore une fois, vous avez tout à fait raison de dire que les gouvernements provinciaux ont également fait des progrès importants dans ce domaine.
Monsieur le ministre, j'ai pratiqué le droit criminel il y a assez longtemps pour avoir connu la période avant que les dispositions permettant l'emprisonnement à domicile ne soit adoptées.
Lorsque c'est arrivé, les juges ont trouvé que c'était vraiment une belle position intermédiaire lorsqu'ils étaient en présence d'un individu qui avait certainement besoin, pour des raisons de dissuasion collective générale, d'être puni en limitant sa liberté. Mais, comme on le dit souvent — et j'imagine qu'on le dit aussi à l'extérieur du Québec —, la meilleure école du crime, c'est souvent la prison. Dans le cas d'une première infraction, ce n'est pas une bonne idée d'envoyer quelqu'un à cette école. Au fond, on pouvait lui imposer un régime quand même punitif, mais qui, en plus, comportait d'autres avantages, comme celui de lui permettre de poursuivre ses études, celui de conserver un emploi, celui de continuer à faire vivre sa famille, s'il en avait une, celui d'améliorer ses chances d'obtenir un emploi, celui d'imposer une réparation à l'égard des victimes des crimes commis.
Pourquoi pensez-vous que tous ces buts ne peuvent pas être poursuivis, dans les cas où il s'agirait d'une première infraction où les juges estimeraient que ce n'est pas une bonne idée d'envoyer un individu à l'école du crime?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre
Monsieur le ministre, je répète souvent que nous avons rencontré, il y a deux ou trois mois en votre présence et en présence du premier ministre, des gens qui ont été floués, volés, fraudés par ce qu'on appelle des bandits à cravate, des white collar criminals. Par la suite, ils sont venus témoigner. Ils nous ont parlé et vous les avez reçus. Ensuite, ils nous ont dit qu'ils étaient quasiment insultés que ces gens-là puissent bénéficier d'un sursis dans l'acte d'accusation, à un moment ou un autre, comme c'est le cas de l'un d'entre eux actuellement. Ils étaient vraiment choqués, et le retraité qui nous a parlé, M. Kube, disait qu'il n'avait plus confiance en la justice. Il faut redonner confiance en la justice.
À mon avis, c'est un élément important. C'est ma première remarque et je suis un peu déçu parce que le projet de loi , auquel j'ai travaillé avec mes collègues, a été complètement éviscéré, la dernière fois. Je n'en revenais pas et je me souviens qu'à Montréal, durant la même période, il y a eu sept ou huit invasions de domiciles pour lesquelles des gens ont eu des sursis étant donné que c'était leur première infraction et qu'ils n'avaient frappé personne. Pourtant, ils étaient entrés de nuit dans un domicile. Les gens ont peur.
J'aimerais savoir si, d'après vous, le projet de loi va pouvoir redonner confiance à ceux qui, en réalité, sont de bonnes personnes, mais qui sont littéralement agressées par ces criminels, tant sur le plan économique que dans leur vie privée dans leur maison.
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Vous avez abordé un sujet très important, monsieur Petit. Il s'agit du rôle des victimes. Les gens veulent avoir confiance dans notre système de justice pénale. S'ils pensent que les gens qui leur font des choses terribles... s'ils sont victimes d'enlèvement, de séquestration, de traite de personnes, d'agressions sexuelles, de harcèlement criminel, de leurre d'un enfant et qu'ils apprennent que ces personnes ont droit à la détention à domicile, cela nuit au système de justice pénale. Cela nuit à la confiance que les gens placent dans le système de justice pénale. Il n'est pas bon de préserver une telle situation.
Il faut donc utiliser le Code criminel pour la modifier. Nous devons agir en fonction de ce qui, d'après notre sentiment, nous paraît sérieux et prendre les mesures appropriées qui s'imposent et cela doit se refléter dans le Code criminel. Vous demandez si les gens veulent avoir confiance dans le système de justice pénale. Bien sûr qu'ils le veulent. Ils veulent pouvoir lui faire confiance, et notre rôle est de leur permettre d'avoir cette confiance. Est-ce que ce projet de loi va restaurer en partie la confiance de la population? Je dirais qu'il va le faire en partie.
J'ai en fait été prudent dans ma déclaration d'ouverture. J'ai dit que cela « aiderait » à obtenir ces choses. Nous avons près d'une douzaine de projets de loi qui ont été présentés au Parlement à l'heure actuelle. Tous ces projets vont dans la même direction; ils cherchent à restaurer la confiance de la population dans le système de justice pénale ou à préserver la confiance de la population dans le système de justice pénale. Voilà ce que nous faisons. Nous savons que les criminels deviennent de plus en plus sophistiqués et ce projet de loi particulier ne vise pas nécessairement des personnes qui commettent des infractions sophistiquées — certains le font. Lorsque des gens commettent des incendies à des fins frauduleuses, oui, il arrive que ce genre d'opération soit assez sophistiquée. Mais les gens veulent établir un équilibre. Ils veulent que ces personnes obtiennent l'aide dont elles ont besoin et ils veulent également faire savoir que la société canadienne prend ces actes très au sérieux et que les personnes qui commettent ces infractions terribles doivent savoir qu'elles en subiront les conséquences.
Encore une fois, si l'on regarde de façon objective le projet de loi qui vous est présenté, je pense que les gens diraient que c'est un compromis raisonnable entre les infractions mineures et les infractions graves et que oui, il s'agit là d'infractions graves. Lorsque l'on parle d'agression sexuelle poursuivie par mise en accusation, nous parlons d'une chose très grave et les gens — je dirais dans l'ensemble du pays — j'en suis absolument convaincu — ne veulent pas que ces personnes aient le droit de purger leurs peines en détention à domicile, quelles que soient les circonstances.
Voilà donc le travail que nous avons à accomplir, c'est-à-dire établir un équilibre approprié. J'estime que ce projet de loi, parmi tous les projets de loi que le comité a examinés et qui ont été introduits devant le Parlement, établit un équilibre approprié.
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Voilà qui est intéressant, monsieur Rathgeber. Vous parlez des groupes de victimes et j'en ai rencontré un très grand nombre ces trois dernières années, en qualité de ministre de la Justice. J'ai récemment rencontré un groupe de victimes de la criminalité en col blanc qui demandaient que l'on prévoie des peines plus lourdes pour les criminels en cravate. Je leur ai fait remarquer que les personnes qui sont condamnées pour avoir commis des crimes en col blanc, des fraudes graves, ont le droit de recevoir des peines avec sursis et elles ont toutes manifesté leur désaccord avec cette situation. Je dirais que c'est ce que nous sommes en train de faire ici.
À peu près tout le monde reconnaît que ce sont là des infractions très graves, en fait, les infractions les plus graves du Code criminel — ce sont celles qui prévoient des peines d'emprisonnement de 10 ans, 14 ans et à perpétuité. Nous avons été précis. Le harcèlement criminel, l'agression sexuelle, l'enlèvement, la séquestration, la traite de personnes... On peut toujours discuter, mais je dirais que la plupart des gens reconnaîtraient que, si on intente des poursuites par mise en accusation pour ces très graves infractions, les accusés ne devraient pas avoir le droit d'être renvoyés chez eux ensuite.
Maintenant, monsieur Lemay nous dit qu'il ne faut pas s'inquiéter et que personne ne les renverra chez eux. Eh bien, c'est une excellente chose, alors nous sommes tous d'accord, si ces gens ne sont pas renvoyés chez eux. Le Code criminel ne fera qu'énoncer des évidences et je crois que tout le monde comprend que la personne qui est déclarée coupable d'une des infractions les plus graves qui existent au Canada, dans le Code criminel canadien, ne devrait pas avoir la possibilité d'être renvoyée chez elle. Et c'est une excellente chose; nous pouvons donc passer à autre chose. Nous pouvons par exemple lancer des initiatives constructives pour essayer de réadapter ces personnes.
Mais comme vous le dites, nous devons rejoindre ces victimes qui s'en remettent au Parlement pour qu'il tienne compte de leurs préoccupations légitimes. J'ai beaucoup de sympathie pour elles. Et vous avez tout à fait raison de dire que moi, mon secrétaire parlementaire, Rob Moore, monsieur Petit et vous, ainsi que d'autres, nous nous intéressons vivement à toutes ces victimes. Je vous en félicite et je vous remercie pour votre question.
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Merci monsieur le président.
Je suis heureux d'être ici devant les membres du comité permanent pour répondre à des questions ou entendre des commentaires au sujet du budget supplémentaire des dépenses (B) du ministère de la Justice.
Comme vous le savez, monsieur le président, notre gouvernement a été élu parce qu'il avait promis de lutter contre la criminalité et nous nous sommes engagés à toujours lutter contre le crime et à protéger les Canadiens pour que nos collectivités soient des endroits où les citoyens puissent vivre, élever leur famille et faire des affaires en toute sécurité. Pour concrétiser cet engagement, je m'en suis remis aux conseils et aux efforts incessants des fonctionnaires du ministère de la Justice et je suis très reconnaissant de l'appui qu'ils accordent à notre gouvernement dans la mise en oeuvre de son programme de lutte contre le crime.
Notre gouvernement est fermement convaincu que la protection de la société doit demeurer la priorité absolue de notre système de justice pénale et que les peines devraient refléter la gravité des infractions. C'est pourquoi nous avons réussi à mettre en oeuvre des mesures législatives visant à prévoir des peines adéquates, comme notre Loi générale sur la lutte contre les crimes violents, qui a alourdi les peines de prison pour les crimes graves associés aux armes à feu, fait passer de 14 à 16 ans l'âge à laquelle les jeunes sont protégés, pour mieux les protéger contre les prédateurs sexuels adultes, et qui renforçaient les peines pour la conduite avec facultés affaiblies. Nous avons également augmenté les peines pour les accusés déclarés coupables de course de rue, mis fin aux peines avec sursis pour les sévices graves à la personne et adopté un projet de loi pour lutter contre la copie illégale de films dans les cinémas.
Dans notre lutte contre le vol d'identité, nous avons réussi à ajouter trois nouvelles infractions au Code criminel par le biais du projet de loi , en ciblant les étapes préparatoires des infractions reliées à l'identité et en donnant à la police les outils qui lui manquaient pour pouvoir intervenir efficacement contre ce problème, avant qu'il y ait des victimes.
Pour ce qui est des gangs et du crime organisé, nous avons adopté le projet de loi , qui aggrave les peines pour le meurtre et les fusillades liées à ces activités. Lorsqu'il entrera en vigueur, un meurtre relié à une activité du crime organisé sera automatiquement considéré comme un meurtre au premier degré et passible d'une peine obligatoire d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de demander la libération conditionnelle avant d'avoir purgé 25 ans de prison.
Le 22 octobre, notre gouvernement a réussi à supprimer le double crédit pour la période de détention avant le procès, une pratique qui avait pour effet de réduire, de façon disproportionnelle les peines d'emprisonnement imposées à certains contrevenants violents. Les associations de policiers, les groupes de victimes et toutes les provinces et tous les territoires ont exprimé leur appui à ce projet de loi.
Monsieur le président, notre gouvernement a fait de grands progrès dans ce domaine, mais nous pouvons faire encore davantage pour protéger les Canadiens. Par exemple, ces derniers mois, j'ai parlé aux victimes de diverses fraudes et crimes en col blanc et celles-ci ont souligné la gravité de ces crimes. La fraude peut avoir un effet dévastateur sur la vie des victimes, non seulement parce qu'elle touche leur sécurité financière, mais également, parce qu'elle suscite chez elles un sentiment d'humiliation pour avoir été trompées et avoir remis volontairement toutes leurs économies aux auteurs de la fraude. Ces escroqueries peuvent avoir un effet aussi dévastateur qu'une agression physique.
Ces victimes ont décidé, malgré leur situation vulnérable, de demander au gouvernement de prendre des mesures contre la fraude, ce qui fait ressortir la nécessité d'agir rapidement et efficacement contre ce genre de crime. C'est la raison pour laquelle j'ai récemment présenté le projet de loi , qui réprime la criminalité en col blanc et la fraude et améliore la situation des victimes.
[Français]
Grâce à ces mesures, la voix des victimes sera entendue et leurs préoccupations seront prises au sérieux par les tribunaux.
[Traduction]
Nous avons également pris très au sérieux les nombreux cas d'exploitation sexuelle des enfants que facilite Internet. Ce réseau mondial offre aux contrevenants des moyens nouveaux et efficaces de produire, regarder et diffuser la pornographie juvénile, ce qui a entraîné une augmentation importante non seulement du volume et de l'accès à la pornographie, mais également du niveau de violence commis contre les enfants.
Notre gouvernement a récemment proposé pour l'ensemble du Canada un régime de déclaration obligatoire qui forcera les fournisseurs de services Internet à transmettre certains renseignements concernant la pornographie juvénile sur Internet. C'est une autre mesure qui vise à renforcer la protection des enfants contre les prédateurs sexuels et à aider les policiers à sauver ces jeunes victimes et à poursuivre les criminels.
Notre gouvernement a montré qu'il s'intéressait au sort des victimes de meurtres multiples et à leurs familles. Nous sommes profondément convaincus que les familles des victimes de meurtre ne devraient pas avoir le sentiment que la vie de l'être cher qu'elles ont perdu ne compte pas. C'est la raison pour laquelle j'ai déposé le projet de loi C-36, qui autorisera les tribunaux à imposer des périodes consécutives pendant lesquelles les meurtriers en série ne pourront demander la libération conditionnelle.
Un contrevenant qui commet plusieurs meurtres ne peut se voir imposer qu'une seule peine d'emprisonnement à perpétuité, mais une période incompressible, de 25 ans dans le cas du meurtre au premier degré, pourrait être imposée consécutivement pour chaque meurtre subséquent. De plus, nous continuons à demander la suppression de la clause de la dernière chance contenue dans le Code criminel. En disant non à la libération conditionnelle anticipée pour les meurtriers, notre gouvernement espère épargner aux familles la douleur d'assister à des audiences successives d'admissibilité à la libération conditionnelle et d'avoir à revivre sans cesse ces événements douloureux.
Ces deux mesures législatives reconnaissent la valeur de chaque vie perdue à cause de ce crime très grave. Grâce à ces mesures, les auteurs de tels crimes purgeront une peine qui reflétera mieux la gravité de leurs actes.
[Français]
Monsieur le président, protéger les gens est une priorité, non pas une pensée après coup. Notre gouvernement demeure engagé à améliorer notre système de justice pour lutter adéquatement contre les producteurs et les trafiquants de drogue.
[Traduction]
Au printemps dernier, je me trouvais à Vancouver pour annoncer, avec des hauts responsables de l'application de la loi, que notre gouvernement souhaitait modifier la Loi réglementant certaines drogues et autres substances en présentant le projet de loi .
Ce projet de loi imposerait des peines obligatoires aux producteurs et aux trafiquants de drogues, et cible particulièrement les activités criminelles de gangs et autres organisations criminelles violentes, parce que nous savons que les drogues sont la monnaie du crime organisé.
Si ce projet de loi était adopté le plus rapidement possible, nos collectivités seraient mieux protégées et les criminels sauraient clairement que s'ils produisent et font le trafic de la marijuana, s'ils en font pousser dans des quartiers résidentiels, s'ils menacent la sécurité des collectivités canadiennes, alors ils iront en prison.
Cela fait six mois que ce projet de loi a été renvoyé au Sénat. Un comité l'étudie encore. J'invite tous les députés à faire tout ce qu'ils peuvent pour faire adopter cet important projet de loi.
Notre ministère fait beaucoup de choses. Une des choses que nous faisons est d'investir près de 10 millions de dollars dans l'initiative relative aux armes à feu, aux gangs et aux drogues, qui finance des programmes communautaires qui tentent d'aider les jeunes à résister à l'attrait de la participation aux gangs et à la consommation de drogues illégales.
Le ministère de la Justice s'est également engagé à continuer à jouer un rôle de leader pour renforcer le système judiciaire par des moyens non législatifs. Le ministère a demandé quelque trois millions de dollars dans le budget principal des dépenses pour pouvoir accorder des subventions et des fonds dans le cadre du programme juridique de partenariats et d'innovation. Ce programme favorise l'élaboration de politiques ayant pour but de faire en sorte que la justice demeure accessible, efficace et qu'elle reflète les valeurs canadiennes.
Nous nous sommes également engagés à aider les victimes à s'orienter dans les systèmes de justice pénale et correctionnelle. Nous avons ainsi augmenté les contributions au fonds pour les victimes dans le but, notamment, d'accorder une aide financière accrue aux victimes qui souhaitent assister aux audiences de la Commission nationale de libération conditionnelle, d'aider les Canadiens victimisés à l'étranger, de fournir des fonds supplémentaires aux gouvernements provinciaux et territoriaux, de renforcer et de développer de nouveaux services pour les victimes du crime et de fournir des ressources aux territoires pour qu'ils apportent une aide directe aux victimes grâce à des fonds d'urgence.
Au total, nous avons augmenté le financement de la stratégie fédérale d'aide aux victimes de 52 millions de dollars sur quatre ans. Nous avons également créé un ombudsman fédéral indépendant pour les victimes d'actes criminels pour être sûrs que le gouvernement fédéral respecte ses obligations envers les victimes du crime et pour donner à celles-ci les moyens de se faire entendre efficacement au sein du système de justice pénale.
Nous reconnaissons également que les Autochtones se retrouvent de façon disproportionnée dans notre système de justice. C'est pourquoi nous avons renouvelé notre engagement envers la stratégie de justice pour les Autochtones jusqu'en 2012. Nous allons investir une somme supplémentaire de 40 millions de dollars, ce qui donnera un total de 85 millions de dollars sur cinq ans.
Cette stratégie finance des programmes qui fournissent des services juridiques à plus de 400 collectivités autochtones dans l'ensemble du Canada; elle aide à amener les contrevenants à rendre compte de leurs actions, elle sensibilise la population aux questions liées aux victimes et renforce les liens entre les jeunes, la culture et les traditions autochtones.
Monsieur le président, nous faisons vraiment beaucoup de choses. Je crois que nous faisons un travail important. C'est un élément important de la tâche qui nous incombe en qualité de député.
Je remercie le comité pour les efforts qu'il a déployés pour faire avancer ces initiatives en matière de justice. Je suis sûr que le comité continuera de collaborer avec mon ministère. Merci encore.
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Avec plaisir, monsieur Murphy.
Le budget du service des poursuites pénales est de 166,7 millions de dollars pour cet exercice financier. Le service des poursuites pénales a été séparé du ministère de la Justice pour éviter toute apparence d'ingérence. Le directeur des poursuites pénales est chargé des poursuites intentées aux termes des lois fédérales. Je pense que c'était un pas dans la bonne direction. Nous voulions être sûrs que, dans l'esprit de la population, tout était transparent et qu'il ne s'exerçait aucune influence politique. Je ne pense pas que quelqu'un ait déclaré auparavant que cela faisait problème. Néanmoins, je dirais que, pour la plupart des gens, c'est là un pas dans la bonne direction.
Je pense que cela a bien fonctionné. Je pense, monsieur le président, que vous pourriez inviter M. Saunders à comparaître devant le comité, pour parler du service des poursuites pénales. C'est un organisme qui a été bien accueilli au Canada, qui fonctionne bien, et voici les crédits budgétaires nécessaires.
Vous avez parlé du commissaire à la magistrature. J'ai énuméré un certain nombre de mesures législatives qui ont été adoptées. Nous avons augmenté le nombre des juges au Canada. Ce sont là aussi des pas qui vont dans la bonne direction et qui visent à répondre aux besoins de notre système judiciaire et aux défis auxquels il fait face. Pour ce qui est des dépenses relatives aux juges, aucun problème n'a été porté à mon attention. Le système actuel semble bien fonctionner.
Pour ce qui est de la conduite avec facultés affaiblies, nous avons apporté des changements dans la Loi sur la lutte contre les crimes violents qui touchaient les dispositions relatives à la conduite avec facultés affaiblies. J'ai très bien accueilli le rapport de votre comité. Mais étant donné que l'administration de ces aspects est de compétence provinciale, et que nous exerçons une responsabilité partagée dans ce domaine, je crois qu'il faudrait consulter davantage les provinces. Je suis heureux d'avoir reçu les recommandations du comité. Notre programme est très chargé, mais je ne ferme pas la porte à la possibilité d'apporter d'autres changements au Code criminel.
Pour ce qui est des commissions quadriennales, le personnel de mon bureau a des rencontres avec les juges pour parler de la procédure et des améliorations que l'on pourrait apporter à la commission quadriennale des juges, je voulais que vous le sachiez.
Je crois avoir indiqué dans mes commentaires à M. Ménard que la commission quadriennale constituait une amélioration nette par rapport à ce qui se faisait il y a 20 ans. Mais comme je l'ai dit, je ne ferme pas la porte à des améliorations et nous avons des discussions avec eux.
Pour ce qui est des 3,3 millions de dollars pour les poursuites pénales, le poste s'appelle un report. C'est un mécanisme selon lequel les fonds approuvés pour un ministère à une fin précise au cours d'un exercice financier donné sont réattribués pour être utilisés pour la même fin par le ministère l'année suivante et cela concerne les locaux, la gestion de la formation et la technologie de l'information. Ce sont donc des fonds qui n'ont pas été utilisés au cours d'un exercice financier qui ont été reportés sur un autre exercice. C'est ce qu'on m'a dit.
Pour ce qui est de votre question au sujet de l'aide juridique, comme vous le savez, les fonds destinés à l'aide juridique sont désormais permanents. Le financement de l'aide juridique pénale est désormais permanent.
Ce régime doit assumer de grandes responsabilités, notamment les demandes de statut de réfugié, la Commission d'appel de l'immigration, et nous assumons ces coûts. Encore une fois, il faudra voir, bien sûr, dans le prochain budget, monsieur Ménard, si, éventuellement...
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Merci pour vos commentaires.
Nous serions bien sûr très heureux de vous fournir tous les renseignements que nous avons au sujet des programmes destinés aux jeunes. Le président du comité s'est engagé à vous les faire parvenir.
Je suis très satisfait et très fier de la stratégie nationale antidrogue dont vous avez parlé. C'est un effort conjoint auquel participent le ministère de la Justice, la Sécurité publique et le ministre de la Santé, parce que l'éducation des jeunes, dans le but de les inciter à ne pas toucher aux drogues et de leur offrir l'aide dont ils ont besoin, comporte un volet santé très important. Je ne peux m'empêcher de faire remarquer qu'un certain nombre d'annonces qui parlent des enfants et de leur vocabulaire et de tout cela sont diffusés au moment où nous parlons sur les réseaux nationaux de nouvelles. Je pense donc que toutes ces mesures sont appropriées.
Nous avons prolongé la vie des programmes judiciaires de traitement de la toxicomanie, parce que nous voulons obtenir davantage de renseignements sur les rechutes. Je me suis particulièrement intéressé à ce projet lorsque j'ai été nommé ministre de la Justice, parce que j'aime l'idée de donner aux gens une deuxième chance; donner aux gens qui n'ont pas de liens avec le crime organisé ou avec la violence qui est bien souvent associé aux drogues, qui ont commis une erreur et sont devenus dépendants, donner à ces gens, dis-je, la possibilité de changer leur vie.
Nous n'avons pas les statistiques que j'aurais aimé avoir maintenant, mais je n'ai aucune hésitation à recommander à mes collègues de prolonger ces programmes, parce qu'ils vont dans la bonne direction et parce qu'ils aident ces personnes. Les programmes ont été prolongés jusqu'à la fin de mars 2012. Je suis particulièrement heureux de les avoir et de les appuyer.