:
Merci, monsieur le président. Messieurs du comité, bonjour.
[Traduction]
Je voudrais faire quelques remarques liminaires avant que nous ne passions à la période des questions.
Depuis la création du régime canadien de pensions d'invalidité, à la fin de la Première Guerre mondiale, il a toujours existé un mécanisme d'appel indépendant, de sorte que les militaires et les personnes à leur charge qui sont mécontents d'une décision puissent la porter en appel.
Le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) exerce actuellement cette fonction-là. En fait, il y a parfois de la confusion par rapport au Tribunal et à ses fonctions.
[Français]
Je suis donc heureux de pouvoir vous expliquer aujourd'hui quel est le mandat du tribunal et quelle est la place qu'il occupe dans le processus d'attribution des indemnisations d'invalidité. Je vais me concentrer sur les questions qui revêtent une importance primordiale pour le tribunal et qui présentent un intérêt pour le comité.
[Traduction]
Comme vous le savez, le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) est un tribunal quasi judiciaire autonome, c'est-à-dire qui n'a aucun lien de dépendance avec le ministre et qu'il rend directement compte au Parlement par l'entremise du ministre des Anciens combattants.
L'un des grands défis que nous avons à relever au Tribunal consiste à dissiper l'idée fausse que nous faisons partie du ministère des Anciens combattants. Sachez que les anciens combattants qui s'adressent au Tribunal peuvent être assurés d'une révision tout à fait impartiale de leurs demandes d'indemnité d'invalidité. Nous ne rédigeons pas la loi, pas plus que nous n'établissons les programmes. Notre mandat consiste uniquement à fournir un système de recours indépendant pour garantir aux anciens combattants un traitement équitable et pour veiller à ce qu'ils reçoivent les prestations d'indemnisation auxquelles ils ont droit aux termes de la loi. Ce n'est pas peu dire.
En 2005-2006, le Tribunal a rendu 6 594 décisions de révisions et d'appels au titre de demandes de pensions d'invalidité présentées en vertu de la Loi sur les pensions, et il tranche un très petit nombre d'appels en dernière instance au sujet de l'allocation aux anciens combattants aux termes de la Loi sur les allocations aux anciens combattants. En 2006-2007, le Tribunal prévoit de rendre des décisions sur des demandes d'indemnité d'invalidité présentées sous le régime de la nouvelle Loi sur les mesures de réinsertion et d'indemnisation des militaires et vétérans des Forces canadiennes.
Pour s'acquitter de cette énorme tâche, il dispose d'une équipe de membres à temps plein qui sont répartis entre son Administration centrale, à Charlottetown, et les grandes villes du Canada. Ses membres bénéficient du soutien d'une équipe de 80 personnes expérimentées à son Administration centrale, à Charlottetown.
Comme vous le savez, le processus décisionnel relatif aux indemnisations d'invalidité comporte trois étapes. Premièrement, une demande de prestations est présentée au ministère et un arbitre de l'Administration centrale rend une décision, en se fondant sur les dossiers et les documents soumis par le demandeur. Il arrive que le Tribunal soit l'objet de critiques de la part du public parce qu'un ancien combattant ou un groupe d'anciens combattants n'a pas obtenu la prestation qu'il demandait.
Je tiens à souligner au comité que lorsque le Tribunal rend une décision, cette décision porte sur le bien-fondé de la décision rendue par le ministère. Lorsqu'un électeur en colère vous fait part d'une décision défavorable du Tribunal, n'oubliez pas que cette décision n'est pas fondée sur des règles établies par le Tribunal, mais plutôt qu'elle rend compte du fait que le Tribunal a jugé que le ministre des Anciens combattants a appliqué correctement la législation adoptée par le Parlement.
Les personnes qui ne sont pas satisfaites d'une décision du ministère disposent de deux paliers de recours, la révision et l'appel, qui relèvent uniquement du Tribunal des anciens combattants (révision et appel). Le Tribunal est la première et la seule tribune où les anciens combattants peuvent exposer leur cas devant les gens qui rendront une décision relativement à leur demande. Ce témoignage oral, de même que celui de leurs témoins, joue un rôle critique pour amener le Tribunal à modifier une décision rendue par le ministère, car c'est la seule occasion qu'ils ont de présenter des preuves.
En 2005-2006, 58,7 p. 100 des révisions ont donné lieu à une modification de la décision du ministère. De nos jours, la grande majorité des personnes qui comparaissent devant le Tribunal sont d'anciens militaires et des militaires en service; ils sont suivis par des anciens combattants ayant été en service actif, des membres de la GRC, leurs survivants et leurs enfants à charge.
Ayant moi-même été membre du Tribunal, je peux vous parler par expérience des difficultés avec lesquelles sont aux prises les membres du Tribunal. Les changements survenus dans le profil des demandeurs, qui ne sont plus les anciens combattants du temps de guerre, mais de plus jeunes militaires, posent de nouveaux défis pour le Tribunal. Les dossiers sont plus volumineux et en général, plus un dossier est volumineux, plus les arguments avancés sont complexes.
De plus, avec l'entrée en vigueur en avril 2006 de la nouvelle Loi sur les mesures de réinsertion et d'indemnisation des militaires et vétérans des Forces canadiennes et d'une nouvelle Table des invalidités, on s'attend à ce que les subtilités des demandes deviennent encore plus importantes. Les représentants et les demandeurs ont accès à beaucoup plus d'information que jamais sur Internet et ils peuvent consulter une quantité toujours plus grande de sources médicales et juridiques.
Les membres du Tribunal doivent rester au courant des nouveaux enjeux auxquels font face les membres des Forces canadiennes et de la GRC, des nouvelles avancées dans le domaine de la médecine et des nouvelles informations qui sortent sans cesse et qui sont présentées lors des audiences. Par conséquent, il faut plus de temps aux membres pour entendre une cause et pour rendre une décision, et les enjeux médicaux et juridiques sont très souvent moins simples qu'ils ne l'étaient par le passé.
Une autre critique est souvent formulée à l'endroit du Tribunal: on nous accuse d'être une instance trop formelle, et de fonctionner trop à la manière d'un véritable tribunal. Comme nous sommes un tribunal administratif, nous nous efforçons de fonctionner de la façon la plus informelle et la plus diligente qui soit. En fait, c'est ce que nous dicte notre loi habilitante.
Dans la pratique, cela signifie que les audiences sont beaucoup moins formelles que les audiences devant un vrai tribunal judiciaire. Il n'en reste pas moins que nos audiences sont des procédures juridiques où les demandeurs ont la possibilité d'être représentés et de faire valoir leur point de vue. Les audiences sont de nature non accusatoires parce que personne n'est là pour présenter des éléments de preuve suggérant que le demandeur n'a pas droit à une indemnisation. Les membres du Tribunal peuvent interroger le demandeur et son représentant pour préciser certains points. Après tout, si tous les points étaient clairs, il est peu probable qu'il y aurait un appel.
Nos audiences n'ont pas lieu dans des salles de cours; elles ont plutôt lieu dans des salles de réunion ou dans des salles d'hôtels. Nos membres s'efforcent toujours de mettre les demandeurs à l'aise. Ils comprennent le sentiment de crainte qu'éprouvent les demandeurs en venant à l'audience et ils savent comment on doit aborder des questions de nature personnelle. D'autres moyens s'offrent aux demandeurs qui préfèrent ne pas assister à l'audience: ils peuvent soumettre un document écrit ou charger un représentant de présenter leur cas à leur place. Et pour les personnes âgées ou trop malades pour se déplacer, nous sommes heureux de leur offrir la possibilité de participer à une audience téléphonique.
En 2005-2006, le Tribunal a tenu 887 jours d'audiences de révision à 34 différents endroits au Canada, de Victoria à St. John's, de façon à permettre aux demandeurs d'assister à leurs audiences et d'y témoigner.
[Français]
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le tribunal est responsable de deux niveaux d'appels. Après la révision, si un demandeur est toujours mécontent de la décision rendue, il peut la porter en appel devant le tribunal. Je constate souvent que l'on croit à tort que les membres qui ont examiné le dossier à l'étape de la révision pourraient également entendre l'appel. Or, ce n'est pas du tout le cas. Il est clairement précisé dans la loi que trois membres distincts de ceux qui ont rendu la décision précédente entendent l'appel. L'audience d'appel est une toute nouvelle instance, de nouveaux éléments de preuve peuvent y être présentés et chaque décision d'appel est rendue comme s'il s'agissait d'une audience initiale.
[Traduction]
De temps en temps, on me pose la question suivante: « Pourquoi les demandeurs ne peuvent-ils pas assister à leurs audiences d'appel? » En fait, les appelants ont le droit d'assister à leurs audiences d'appel à leurs propres frais; cependant, la loi précise qu'aucune preuve ne peut être présentée de vive voix à l'audience d'appel -- seuls des éléments de preuve documentés et des arguments oraux peuvent y être présentés.
La plupart des audiences d'appel ont lieu à Charlottetown. Les représentants des demandeurs peuvent prendre des dispositions pour que leurs clients puissent entendre les délibérations par conférence téléphonique, s'ils le désirent.
Je voudrais prendre quelques minutes pour aborder quelques-uns des aspects plutôt uniques en leur genre du régime d'indemnisation d'invalidité. Par exemple, il n'y a aucun délai de prescription pour chaque palier de recours. Ainsi le Tribunal reçoit fréquemment des demandes d'appel au sujet de décisions rendues jusqu'à il y a 50 ans.
De plus, même si la Loi sur le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) précise que la décision d'un tribunal d'appel est définitive et exécutoire, on y trouve une disposition extraordinaire qui permet à une personne de demander un nouvel examen si elle présente de nouveaux éléments de preuve ou si elle peut prouver que la décision tribunal d'appel était fondée sur des faits ou sur une interprétation du droit erronés.
Ce nouvel examen ne constitue pas un autre palier d'appel. Cette personne demande seulement au même tribunal de réexaminer sa décision pour les motifs susmentionnés.
Il m'arrive, comme cela arrive au ministre, de recevoir une plainte -- une plainte que vous avez peut-être entendue de la part de vos électeurs -- au sujet du fait que le Tribunal n'a pas accordé le bénéfice du doute à l'ancien combattant, comme cela est exigé dans la loi.
Il n'est pas facile de rendre des décisions: les cas qui sont soumis au Tribunal sont souvent complexes. Ces personnes ont bien servi leur pays, avec honneur, en temps de guerre comme en temps de paix. Cependant, comme nous sommes un tribunal, nous n'avons pas le pouvoir de ne pas nous conformer à la loi ni de la modifier. Les membres du Tribunal doivent trancher d'après les éléments de preuve qui leur sont présentés et les dispositions législatives en vigueur.
La meilleure interprétation du « bénéfice du doute » est celle qui est donnée dans certaines décisions de la Cour fédérale, notamment la décision rendue dans l'affaire Hall c. Procureur général du Canada. Dans cette décision, le juge a énoncé que:
Bien que le demandeur affirme à juste titre que les éléments de preuve non contredits qu'il soumet doivent être acceptés à moins que l'on conclue à une absence de vraisemblance, et que les conclusions qui lui sont les plus favorables doivent être tirées et que toute incertitude quant au bien-fondé de sa demande doit être tranchée en sa faveur, le demandeur est quand même tenu de démontrer que le trouble médicale dont il souffre présentement découle de son service militaire ou y est rattaché. En d'autres termes, il doit faire la preuve d'un lien de causalité.
Il ne faut pas croire que je cherche à vous laisser entendre que nous trouvons notre système parfait. C'est pour cette raison que nous essayons toujours de perfectionner notre mode de fonctionnement, et dernièrement, nous avons pris un certain nombre de mesures pour améliorer le service aux demandeurs et pour montrer au grand public que nous adoptons une démarche équitable, équilibrée et sérieuse face à nos responsabilités en tant qu'instance de dernier recours dans le système de recours des anciens combattants.
Comme vous le savez, nous avons mis en oeuvre un processus, annoncé à l'échelle nationale, dans le cadre duquel nous invitons les Canadiens et les Canadiennes à présenter des demandes de nomination au Tribunal. De plus, en 2005, nous avons mené un sondage sur la satisfaction des clients, en nous adressant à plusieurs demandeurs qui avaient reçu des décisions du Tribunal. Les résultats de ce sondage ont révélé des aspects de notre service qui peuvent être améliorés, et nous sommes en train d'élaborer un plan d'action en vue de réaliser ces améliorations.
Nous sommes conscients du fait que les demandeurs veulent être mieux informés sur le processus. Nous avons donc amélioré les communications par l'entremise de notre site Web et en diffusant des fiches de renseignements, et nous sommes en train d'élaborer un dépliant qui fournira aux appelants des renseignements sur le processus de révision et d'appel.
Nous avons aussi beaucoup travaillé pour respecter notre norme de service, qui prévoit que nous devons publier les décisions écrites dans les 30 jours suivant l'audience. Cette année, bien que les statistiques ne soient pas encore définitives, nous avons publié 90 p. 100 des décisions de révision dans un délai de 31,6 jours et 90 p. 100 des décisions d'appel dans un délai de 30 jours après l'audience.
La plupart de nos demandeurs sont représentés par des avocats indépendants du Tribunal, et dès que nous savons qu'un représentant est prêt à participer à une audience, nous prévoyons l'étude du dossier des demandeurs le plus tôt possible.
Il ne faut pas oublier que le temps que passent un représentant et un demandeur pour préparer leur cas est entièrement indépendant de la volonté du Tribunal. Nous suivons l'avancement des demandes et nous communiquons souvent avec les représentants pour nous assurer que les cas ne traînent pas dans le système.
[Français]
Comme je l'ai déjà mentionné, nous savons que le système n'est pas parfait, mais nous nous efforçons de l'améliorer là où des lacunes sont notées. Je suis néanmoins fier du travail du tribunal et je vous remercie de l'appui dont il bénéficie et dont ont bénéficié ses prédécesseurs, appui provenant du gouvernement, des groupes d'anciens combattants et de la population canadienne.
[Traduction]
Je suis aussi fier des efforts déployés par les membres du Tribunal et par le personnel de soutien. Ils forment un groupe de personnes compatissantes, dévouées et motivées. Parfois, nous ne réalisons pas à quel point nous avons, au Canada, une tradition de service alliant générosité, ouverture et fierté. Nous, du Tribunal, sommes conscients du fait que les hommes et les femmes qui optent pour la vie militaire le font pour le Canada, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour eux.
Je vous remercie.
:
Comme le président vous l'a déjà dit, nous avons établi un processus de sélection des membres en décembre 2004. À l'aide de différentes méthodes de communication et de publicité depuis lors, le plus récent exemple étant les annonces publiées dans des journaux à l'échelle nationale, nous avons recours à ce processus pour évaluer les candidats en fonction de leurs compétences et de leur expérience. Il s'agit d'un processus transparent et professionnel.
Ce processus se déroule en trois étapes. Dans un premier temps, un comité de présélection indépendant est établi pour examiner les demandes en fonction d'une série d'exigences en matière d'expérience et d'éducation. Les candidats qui répondent aux exigences sont invités à faire l'objet d'une évaluation écrite formelle visant à évaluer leurs connaissances, leurs aptitudes et leurs compétences. Si leurs candidatures sont retenues à cette étape du processus, on les convoque à une entrevue, où leurs compétences et leurs connaissances sont de nouveau évaluées, avant que nous ne procédions à une vérification de leurs références.
Tous les renseignements pertinents au sujet de ce processus se trouvent sur notre site Web, y compris le nom et le curriculum vitae des personnes qui participent aux comités de présélection et d'entrevue.
Dès lors que le comité d'entrevue a déterminé que les candidats ont les compétences requises, leurs noms sont inscrits sur une liste de candidats qualifiés et selon les exigences opérationnelles du Tribunal, le ministre y a recours pour faire des recommandations au gouverneur en conseil en vue de leur nomination. Je crois savoir que nous avons remis un tableau au greffier, qui pourrait être distribué aux membres, qui décrit simplement et en peu de mots tout ce processus.
Le tableau suivant résume le processus décisionnel. Il vous donne une bonne idée du volume du travail effectué par le Tribunal. Comme vous le constatez, il existe différents niveaux décisionnels, si bien que les intéressés peuvent demander à plusieurs reprises le réexamen de la décision qui les concerne; par exemple, ils peuvent s'adresser d'abord au ministère, pour demander un examen ministériel; il y a ensuite deux niveaux de recours au sein du Tribunal; et ils peuvent aussi demander le réexamen d'une décision s'ils ont de nouveaux éléments de preuve à produire ou s'ils estiment que la décision était fondée sur des faits ou une interprétation du droit erronés. Et enfin, ils peuvent s'adresser à la Cour fédérale pour demander une révision judiciaire.
Nous vous avons donné un aperçu général du volume de cas que nous traitons. Par exemple, le ministère rend environ 36 000 décisions, que nous appelons des premières décisions, sur les pensions d'invalidité et se chargera bientôt des décisions arbitrales. Soixante pour cent de ses décisions sont des décisions favorables -- c'est-à-dire en faveur du demandeur.
Au Tribunal, nous recevons environ 4 870 demandes de révision. Comme vous le constatez, ce ne sont pas tous les demandeurs insatisfaits qui décident de demander la révision de leurs dossiers ou encore d'interjeter appel de la décision rendue. Encore une fois, environ 59 p. 100 des décisions de ce genre sont en faveur du demandeur.
Si une personne est encore insatisfaite de sa pension d'invalidité ou de la décision concernant son indemnisation, elle peut demander une audience d'appel. À ces deux étapes du processus, il existe un droit d'appel. Ainsi l'intéressé n'est pas obligé de prouver le bien-fondé de ses motifs d'appel; il doit tout simplement être satisfait de la décision. Nous recevons environ 1 510 demandes d'appel chaque année et environ 38 p. 100 d'entre elles sont en faveur des demandeurs. Nous recevons environ 205 demandes de révision chaque année et nous en révisons 122. D'après les critères de révision, la plupart des décisions finissent par être favorables. En moyenne, 25 demandes de révision judiciaire sont traitées par la Cour fédérale.
Nous ne sommes pas partie à l'audience devant la Cour fédérale. C'est le Procureur général et le demandeur qui se présentent devant la Cour fédérale.
En ce qui concerne les membres du Tribunal, nous en avons d'habitude environ 29. Il y a deux types de membres, et c'est toujours compliqué d'expliquer la différence entre les deux. Nous sommes limités à 29 membres titulaires mais il n'y a pas de limites en ce qui concerne le nombre de membres vacataires, qui dépend de notre charge de travail. La seule différence entre les membres titulaires et vacataires est leur admissibilité à un poste permanent et la durée de leur mandat.
Tous les membres sont nommés à titre inamovible, et il convient de noter qu'il s'agit d'un poste à plein temps. Nos membres travaillent à plein temps pour le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) et ne peuvent occuper un autre poste tant qu'ils travaillent pour nous.
Là nous avons une petite carte qui vous montre la répartition de nos membres dans tout le Canada. Nous avons tendance à concentrer nos membres dans les villes où se déroulent la majeure partie de notre travail. C'est épuisant d'avoir à parcourir le pays pour assister à des audiences, et nous essayons par conséquent de situer nos membres là où notre charge de travail est la plus importante -- et en général, c'est dans la région de Vancouver et de Victoria. En ce moment, il nous manque des membres, mais nous en avons aussi à Edmonton, Montréal, Ottawa, Toronto, et Québec. Dans les provinces maritimes, nos membres de Charlottetown desservent les villes de Halifax et de St. John's, ainsi que la province du Nouveau-Brunswick.
Vous avez sans doute remarqué une tendance. Les volumes dans les régions où il existe une forte population de membres des Forces canadiennes ont tendance à être plus importants, puisque cela représente la majorité de nos clients en ce moment.
Nous allons nous représenter devant vous pour parler du Budget principal des dépenses, et je ne vais donc pas vous donner de détails au sujet du budget pour l'instant, mais je peux vous dire que nous avons un budget d'environ 9,4 millions de dollars et, comme nous l'avons déjà mentionné, le plus gros des crédits dévolus à notre service servent à payer le soutien opérationnel associé à nos audiences. De plus, nous rendons compte au Parlement chaque année par l'entremise de rapports de rendement et de rapports sur les plans et les priorités.
Dans notre cas, la répartition géographique des appelants est un peu différente, comparativement au ministère. La plupart des appelants sont membres des Forces canadiennes. Plus de 75 p. 100 d'entre eux sont membres des Forces canadiennes, et sur les 25 p. 100 restants, il y a majoritairement des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale ainsi qu'un petit nombre de survivants, alors que 7 p. 100 des clients sur les 25 p. 100 restants sont membres de la GRC.
Presque tous sont représentés par le Bureau de services juridiques des pensions, mais environ 5 p. 100 d'entre eux sont représentés par les agents fonctionnels de la Légion royale canadienne lorsqu'il s'agit de révisions et d'appels. Il arrive que certains demandeurs fassent appel à un avocat privé ou décident de se représenter eux-mêmes, mais s'ils décident d'être représentés par quelqu'un d'autre, ce sont eux qui supportent les dépenses de cette représentation, alors que les services assurés par le Bureau de services juridiques des pensions et de la Légion royale canadienne sont gratuits.
Comme je vous l'ai déjà fait remarquer, vous avez ici une indication de la proportion de décisions favorables, et dans l'ensemble, 59 p. 100 des décisions sont en faveur du client lorsqu'il s'agit d'une révision, par opposition à 38 p. 100 en faveur du client lorsqu'il s'agit d'un appel.
Le président a fait remarquer tout à l'heure qu'à l'étape de la révision, le premier recours correspond à la possibilité pour les appelants de comparaître devant les personnes qui vont prendre une décision au sujet de leur demande, si bien qu'ils ont la possibilité de témoigner et de faire venir des témoins qui témoigneront aussi. La plupart des demandeurs assistent aux audiences de révision. C'est sans doute la seule différence entre le processus décisionnel au ministère et celui du Tribunal des anciens combattants (révision et appel).
Nous tenons des audiences presque chaque semaine de l'année, et nous nous déplaçons dans 34 endroits différents au Canada. En fait, nous allons sur place chaque fois qu'il y a un volume important d'affaires à instruire. Toutes nos audiences sont enregistrées. Les décisions sont toutes consignées par écrit et envoyées à l'appelant, de préférence dans les 30 jours qui suivent l'audience. Nous avons constaté grâce à notre sondage -- dont nous allons bientôt publier les résultats -- que la plupart des appelants ont l'impression d'avoir été traités avec courtoisie et respect, qu'ils ont eu l'occasion de raconter leur version des faits dans le contexte d'un examen indépendant, et par conséquent, leurs impressions de l'audience sont assez favorables.
Lorsqu'un dossier est traité en appel, la question à décider est déjà très bien délimitée, et par conséquent les audiences tendent à durer beaucoup moins longtemps. Elles se tiennent à Charlottetown, et comme nous l'avons déjà dit, en général les demandeurs n'assistent pas aux audiences. Dans un très grand nombre de cas, les arguments sont soumis par écrit pour les audiences d'appel. Dans un certain nombre de cas, cela se fait par vidéoconférence et, comme le président vous l'a déjà dit, si un demandeur veut vraiment écouter ce qui se passe pendant l'audience, nous pouvons nous organiser pour qu'il soit branché par téléphone.
Encore une fois, les décisions sont transmises aux demandeurs par écrit et elles sont définitives et exécutoires; par contre l'intéressé peut demander le réexamen de son dossier.
En ce qui concerne les anciens combattants âgés, chaque année nous traitons de moins en moins de cas qui touchent l'allocation d'anciens combattants. Nous en traitons un petit nombre -- moins d'une cinquantaine -- et ce, parce que l'allocation d'anciens combattants cesse d'être payée lorsqu'un ancien combattant atteint l'âge de 65 ans. Il s'agit essentiellement d'un programme de remplacement du revenu destiné aux anciens combattants.
Comme on vous l'a déjà dit, il n'y a pas de délais de prescription. Nous instruisons des pourvois qui remontent très loin dans le temps parce qu'il arrive souvent que les gens n'interjettent pas appel tout de suite. Il n'en reste pas moins que les membres des Forces canadiennes et d'anciens membres ont tendance à interjeter appel beaucoup plus rapidement que les anciens combattants traditionnels de la Seconde Guerre mondiale, si bien que leurs dossiers sont traités beaucoup plus rapidement.
Enfin, le Tribunal est également habilité à accorder ce qu'on appelle une allocation de commisération. Elle s'adresse surtout aux personnes qui se sont vu refuser une indemnité au titre de la Loi sur les pensions ou de la nouvelle Charte des anciens combattants et qui ont épuisé tous les recours possibles. Si certains critères sont respectés, le Tribunal peut donc autoriser le versement d'une allocation de commisération et en fixer le montant.
Enfin, je vous ai parlé de la Cour fédérale. Heureusement, seulement 25 dossiers par an sont renvoyés à la Cour fédérale et je peux vous dire que nous tenons tout à fait compte des instructions et des renseignements qui nous sont donnés par la Cour fédérale. Notre charge de travail au Tribunal est très lourde. Je pense que nous avons la troisième charge de travail en importance parmi les tribunaux fédéraux du point de vue du volume de dossiers que nous traitons chaque année. Au cours des dernières années, nous avons traité plus de 6 000 cas par an. Selon nos estimations, ce nombre va se maintenir, et peut-être même augmenter un peu.
Je crois que le président vous a déjà parlé d'une norme de prestation de services, ainsi que du principe du « bénéfice du doute », et c'est donc là-dessus que je vais conclure ce bref résumé.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Nous avons permuté, mais si je n'emploie pas tout mon temps de parole, c'est Anthony qui pourra l'utiliser.
Merci, monsieur le président. Merci à nos témoins de leur présence aujourd'hui.
Parmi les nombreux points fort intéressants qui ont été soulevés cet après-midi, ce qui m'a le plus frappé était la motion suivante à la page 4 de votre texte: « Les changements survenus dans le profil des demandeurs, qui ne sont plus les anciens combattants du temps de guerre, mais de plus jeunes militaires, posent de nouveaux défis pour le Tribunal. » Nous avons tous eu de nombreuses conversations avec des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, et cela m'a immédiatement rappelé une conversation que j'ai eue à plusieurs reprises avec un de mes électeurs âgés dans une petite ville du nord de l'Ontario qui se trouve dans ma circonscription électorale, du nom de Massey.
Depuis de nombreuses années, il essaie de faire reconnaître et accepter sa demande d'indemnités d'invalidité pour une blessure au genou. Comme il m'avait décrit le contexte, quand j'ai lu cela, je me suis dit que par rapport à l'époque de la Seconde Guerre mondiale, le contexte a certainement changé pour les nouvelles recrues. Souvent -- la plupart du temps -- il s'agit de jeunes adolescents ou de jeunes hommes, plutôt. Il m'a expliqué comment il s'est blessé pendant l'entraînement. Il s'est blessé au genou. Je crois qu'il s'est fait opérer et il s'est peut-être fait remplacer le genou, mais je sais que cela l'a dérangé toute sa vie.
Il a parlé de la pression de ses pairs -- il faut bien reconnaître que c'était une époque difficile -- pour supporter la douleur et aller marcher quand même, pour ne pas passer pour un mou ou un faible, ce qu'il n'était pas et n'a jamais été. Il a souffert en silence, mais il en a fait les frais plus tard au niveau psychologique.
Sachez que je ne remets pas en cause les décisions rendues dans ce dossier, parce que je ne vais pas le nommer, bien entendu, mais j'aimerais savoir si les membres du Tribunal ont reçu la formation appropriée pour leur permettre de comprendre le changement de contexte entre les années 1940 et l'époque actuelle? S'agissant des dossiers qu'ils ont à traiter maintenant, comme vous l'avez dit vous-même, monsieur Marchand, les appelants sont beaucoup plus au courant des règles et de leurs droits. Un jeune homme dans les années 1940 -- ou peut-être peu de temps après la guerre, vers la fin des années 40 ou au début des années 50 -- qui aurait fait ce genre de demande aurait été beaucoup moins sophistiqué sur ce plan-là. Je sais que vous en êtes conscient, mais je me demande si cela fait partie de la formation donnée aux membres du Tribunal. Est-ce qu'on leur dit, lorsqu'ils traitent avec un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, de tenir compte de cette réalité? Il ne s'agit pas d'être injuste envers quelqu'un de l'époque moderne, mais il reste que c'était une autre époque. Je m'intéresse à votre réaction. Je trouve cela intéressant.
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Je dois aller m'asseoir à la place du NPD? Non, je ne pense pas que je pourrais.
J'ai eu l'occasion de visiter Charlottetown l'été dernier, et j'ai observé les opérations. J'étais très impressionné par la compassion des personnes qui font ce travail. Les membres du Tribunal doivent faire preuve de beaucoup de compréhension. Ils ne prennent pas de décisions à la légère.
Par contre, quand il s'agit d'un appel, comme on a vu tout à l'heure, il s'agit d'une autre génération. Ce n'est pas une génération qui acceptera, disons, de faire les choses par téléphone, ou par vidéoconférence. Les membres de cette génération aiment que ce soit plus personnel, et c'est d'ailleurs une préoccupation qui est mentionnée à maintes reprises dans ma circonscription électorale. Les gens me disent: « J'ai parlé à quelqu'un au téléphone mais je ne sais pas à quoi il ressemble. » Le contact visuel compte pour beaucoup.
Mais si ce n'est pas possible, on peut toujours voir un peu qui sont les membres du Tribunal et quelles régions ils représentent. J'ai regardé la carte qui se trouve à la page 12 -- celle qui montre la répartition des membres. Si vous ne pouvez pas bien comprendre une personne du fait de ne pas la voir, parfois il peut être utile de savoir qu'elle vient de la même région que vous, parce que cela peut faciliter la compréhension. Selon ce qu'indique la carte, il y a 19 membres répartis dans tout le Canada, mais l'Ouest n'est pas du tout représenté. Il n'y en a aucun de l'Alberta, du Manitoba, ou de la Saskatchewan. L'Ontario, qui est sans doute la province la plus peuplée, n'en a que quatre. Il y en a huit sur la côte est, cinq au Québec, deux en Colombie-Britannique, et aucun dans les Territoires. Il y a aussi dix postes vacants à pourvoir.
Quel est le délai prévu pour la dotation des postes vacants, et dans quelle mesure seront-ils représentatifs de la population canadienne, c'est-à-dire répartis dans toutes les régions? Nous sommes un pays fort et uni, mais il existe des différences régionales, et je pense qu'une personne habitant une région donnée se sent mieux comprise de quelqu'un qu'elle connaît. Est-ce un facteur qui compte pour vous, par opposition à un accueil froid et bureaucratique, comme celui que les gens peuvent recevoir?
Je cherche à comprendre la nature de la relation entre celui qui représente le Tribunal et celui qui est représenté.