:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Pour commencer, permettez-moi de vous féliciter pour le choix exceptionnel des membres du comité qui ont décidé de vous reconduire, vous réélire ou vous contraindre d'accepter le poste de président. Je voudrais également féliciter les deux vice-présidents.
Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Helena Borges, directrice générale de la politique de transport de surface, et de Mme Brigita Gravitis-Beck, directrice générale de la politique aérienne.
Je me réjouis de cette possibilité qui m'est donnée de prendre la parole devant le comité. Comme entrée en matière, j'aimerais vous parler à nouveau de l'approche globale qu'adopte le gouvernement pour modifier la Loi sur les transports au Canada. C'est cette loi qui encadre les activités économiques liées au transport aérien et ferroviaire au Canada, et elle traite également d'un certain nombre de questions générales comme les responsabilités de l'Office des transports du Canada.
En vigueur depuis 1996, cette loi exige la tenue d'un examen. Un comité d'examen nommé en juin 2000 a entrepris de vastes consultations dans tout le pays et a déposé son rapport en juin 2001.
Au cours des cinq années qui ont suivi cet examen, des modifications à la loi ont été présentées par l'entremise de deux projets de loi déposés au Parlement, soit les projets de loi en 2003 et en 2005. Ces deux projets de loi sont morts au Feuilleton.
[Français]
Le gouvernement est conscient qu'au cours de cette période, il y a eu de vastes consultations en vue d'obtenir un consensus avec les intervenants. Bon nombre des dispositions du projet de loi ont reçu un solide et indéfectible appui.
Les intervenants souhaitent que le gouvernement apporte des améliorations à la Loi sur les transports au Canada. Le gouvernement souhaite aller de l'avant avec celles ayant suscité un consensus, avec comme base l'ancien projet de loi , et apportera les révisions qui s'imposent.
Afin d'accélérer l'adoption des modifications, le gouvernement a décidé de scinder le projet de loi en trois éléments plus faciles à gérer. Comme vous le savez, monsieur le président, le projet de loi , est maintenant entre les mains du Sénat.
Le deuxième élément, à savoir le projet de loi , prévoit des dispositions régissant le transport aérien, le transport ferroviaire voyageurs, le bruit causé par les activités ferroviaires et le plafond des revenus du grain. Il comprend aussi un certain nombre de dispositions générales.
:
Le troisième élément renferme des dispositions sur la protection des expéditeurs. Des consultations sont en cours auprès de ces derniers et des chemins de fer concernant des modifications probables à ces dispositions. Nous comptons déposer le projet de loi à l'automne.
Permettez-moi de vous souligner quelques-unes des modifications que renferme le projet de loi C-11.
L'article 5 de la loi renferme une déclaration de politique nationale des transports qui définit un contexte général pour la loi. Vous vous souviendrez que, dans son rapport, le Comité d'examen de la Loi sur les transports au Canada recommandait que l'énoncé de politique soit mis à jour. Malgré que les principes sous-jacents soient bien acceptés, le Comité d'examen abondait dans le même sens que bien des intervenants, qui trouvaient l'énoncé trop long et prêtant à confusion. En outre, l'énoncé doit être actualisé afin qu'on puisse y ajouter des principes en matière d'environnement et de sûreté.
La loi prescrit les pouvoirs et les responsabilités de l'Office des transports du Canada. Les modifications que renferme le projet de loi C-11 vont toucher le rôle et la structure de l'Office. Le nombre de membres à temps plein sera ramené de sept à cinq, et ses membres devront habiter dans la région de la capitale nationale. On compte ainsi réduire les dépenses administratives sans nuire à l'efficience et à l'efficacité de l'Office.
Au lieu de s'appuyer seulement sur des recours réglementaires, le Comité d'examen de la LTC prône l'usage d'autres mécanismes de règlement des différends qui mettent l'accent sur des solutions que les transporteurs et leurs clients auront négociées. De telles façons de faire sont souvent plus rapides, moins coûteuses et plus efficaces et suscitent moins la confrontation que les mesures réglementaires.
En juin 2000, l'Office lançait un projet pilote axé sur la médiation. Ce fut un succès. Le projet de loi C-11 va habiliter l'Office à avoir recours à la médiation sur demande pour des questions relevant de ses compétences.
Le projet de loi C-11 prévoit un nouveau processus d'examen des fusions qui touche tous les transporteurs et fournisseurs de services de compétence fédérale, notamment en matière de transport aéronautique, ferroviaire, maritime et routier, y compris les aéroports et les ports maritimes. Ce processus s'inspirerait des forces du processus actuel qui existe déjà pour les compagnies aériennes.
Le projet de loi C-11 renferme plusieurs dispositions sur les voyages par avion. À cet égard, je voudrais souligner que le gouvernement s'engage à promouvoir la concurrence dans le secteur du transport aérien et à offrir un plus grand choix aux voyageurs. J'ai donc l'intention d'énoncer dans un deuxième temps une politique plus complète en matière de transport aérien.
Le projet de loi contient plusieurs mesures qui visent à protéger davantage les clients. Les transporteurs aériens seront ainsi tenus d'afficher bien en vue leurs conditions de transport à leur bureau d'affaires ainsi que sur leur site Internet. Afin de pouvoir faire des choix éclairés, les clients ont le droit de connaître les conditions du service aérien avant de réserver un vol. Grâce à ces modifications, les clients pourront consulter une publicité sur les tarifs aériens qui sera claire et transparente et qui ne les induira pas en erreur.
[Français]
Monsieur le président, permettez-moi de revenir brièvement sur ce dernier élément, à savoir la publicité sur le prix du transport aérien.
Si les Canadiens disposent de bons renseignements, ils pourront faire des choix éclairés. Les clients veulent avoir la possibilité de comparer les différents prix qu'affichent les compagnies aériennes et savoir sur-le-champ combien le service coûtera quand viendra le temps d'acheter un billet d'avion. Les transporteurs aériens en ont pris conscience et le démontrent dans leurs pratiques renouvelées. Les clients font maintenant des achats plus intelligents, plus judicieux; on en voit pour preuve l'usage accru d'Internet pour l'achat de billets à rabais.
Toutefois, des clients déplorent que la publicité sur les prix, que ce soit dans les journaux ou sur les sites Internet, ne fournit pas des renseignements complets et clairs sur la tarification. C'est pourquoi les modifications proposées dans le projet de loi accordent au ministre, si nécessaire, le pouvoir d'autoriser la prise d'un règlement sur la transparence de la publicité sur les tarifs aériens, peu importe le média.
[Traduction]
Les modifications prévoient des directives concernant les coûts qui devraient être inclus dans un tarif aérien de base, et les coûts qui devraient être annoncés séparément. Dans le cas où un règlement s'avérerait nécessaire, l'Office en assurerait l'application, et cela de façon uniforme au sein de l'industrie.
Le Bureau du commissaire aux plaintes relatives au transport aérien a été créé, vous vous souviendrez, en 2000, en marge de modifications particulières apportées à la loi. La fonction du commissaire s'est avérée des plus utiles durant la période de transition des dernières années. Toutefois, cette fonction a été intégrée aux activités régulières de l'Office. Comme le marché a évolué depuis 2000 et que la concurrence est plus présente en raison des transporteurs à faibles coûts, le nombre de plaintes contre Air Canada et les autres transporteurs est revenu à un niveau qu'on pourrait qualifier de normal et qui correspond davantage à leurs parts de marché respectives. Par ailleurs, les plaintes se rapprochent de plus en plus des fonctions de base de l'Office.
Depuis l'automne 2004, la fonction du commissaire a été intégrée à celles de l'Office, dans le cadre du programme des plaintes relatives au transport aérien. L'Office a pu continuer de répondre aux plaintes des consommateurs d'une manière adéquate, informelle et conforme à son mandat. Aux termes des modifications proposées, la fonction de règlement des plaintes qu'assume l'Office serait permanente et transparente, car elle serait intégrée dans ses activités régulières.
Le projet de loi C-11 porte également sur les besoins des services ferroviaires voyageurs publics. Il permettra la mise en oeuvre d'un mécanisme plus efficace de règlement des différends lorsque des fournisseurs de services voyageurs et des compagnies de chemin de fer de marchandises négocient des contrats.
[Français]
VIA Rail, les administrateurs de trains de banlieue et autres exploitants de services publics de transport ferroviaire voyageurs préfèrent conclure leurs ententes commerciales directement avec les propriétaires de l'infrastructure. Si les négociations s'avèrent infructueuses, les fournisseurs de services publics de transport ferroviaire voyageurs pourront demander une décision arbitrale à l'office concernant les conditions d'exploitation des chemins de fer fédéraux, notamment les droits d'accès et les frais applicables aux services fournis par les compagnies de chemin de fer. Les décisions arbitrales sont interdites pour les contrats commerciaux existants, sauf s'il s'agit de régler des questions de priorité de train, en vertu des ententes actuelles de VIA Rail.
Par ailleurs, les dispositions sur le transfert et l'abandon de chemins de fer seront élargies pour englober les corridors urbains, les gares de voyageurs et les administrations de transport urbain.
Je tiens à préciser que les exploitants de trains de banlieue de Vancouver, Toronto et Montréal appuient fortement les modifications proposées aux dispositions sur les services ferroviaires voyageurs. Ils voudraient que ces modifications soient apportées le plus tôt possible.
[Traduction]
Le projet de loi C-11 porte également sur la question du bruit causé par les activités ferroviaires. L'Office examinait auparavant les plaintes à cet égard. Toutefois, en décembre 2000, la Cour d'appel fédérale a jugé qu'il n'avait pas les compétences voulues pour entendre les plaintes relatives au bruit. Il n'y a donc à l'heure actuelle aucune instance fédérale mandatée pour réglementer le bruit découlant des activités ferroviaires. Le projet de loi C-11 modifiera la Loi sur les transports au Canada en exigeant que les chemins de fer ne causent pas de bruit excessif lorsqu'ils construisent ou exploitent un chemin de fer, en tenant compte des exigences des activités ferroviaires et des intérêts des collectivités touchées. En outre, l'Office aurait le pouvoir de régler les plaintes relatives au bruit si les deux parties ne peuvent en arriver à une entente à l'amiable. Les parties intéressées, dont un certain nombre de députés, appuient fortement les dispositions sur le bruit.
Le projet de loi C-11 renferme une disposition qui permettra au ministre des Transports de déposer une requête unique à l'Office afin qu'il modifie les plafonds de revenu pour le transport du grain de manière à ce qu'ils reflètent les coûts d'entretien réels des wagons-trémies. Cette disposition fera en sorte que leur ajustement ne sera pas imputable à une aliénation. Les producteurs de céréales de l'Ouest appuient fortement cette modification.
Parmi vous, bon nombre sont probablement curieux de savoir en quoi le projet de loi C-11 vient modifier la Loi sur la sécurité ferroviaire. Laissez-moi vous l'expliquer dans quelques instants. En vertu du projet de loi C-11, la LTC sera modifiée de façon à abroger les dispositions qui accordent aux compagnies de chemin de fer des pouvoirs policiers et à incorporer des dispositions semblables dans la Loi sur la sécurité ferroviaire. Par ailleurs, d'autres modifications à cette dernière vont prescrire que les chemins de fer doivent établir un mécanisme indépendant d'examen pour répondre aux plaintes du public contre la police des chemins de fer. Ce mécanisme d'examen devra être approuvé par le ministre.
[Français]
Avant de terminer, monsieur le président, j'aimerais attirer votre attention sur une autre disposition législative. Le projet de loi comprend une nouvelle disposition qui autorise le ministre des Transports à conclure une entente avec une autorité provinciale, qui se verrait accorder le pouvoir de réglementer une compagnie de chemin de fer au même titre que le ministre. La disposition vise à faciliter la mise en oeuvre du service O-Train élargi, à Ottawa, qui relève du gouvernement fédéral et est donc assujetti aux règlements de sécurité fédéraux.
La ville veut convertir l'actuel corridor ferroviaire en un train léger sur rail de type tramway électrique à double voies réservées. Toutefois, un train léger fonctionne habituellement avec différents systèmes de contrôle et de freinage. Le matériel roulant et le fonctionnement d'un train léger ne cadre pas avec la plupart des règles, règlements et normes établis à l'heure actuelle en vertu de la présente Loi sur la sécurité ferroviaire.
Une entente provisoire conclue avec la ville et la province prévoit que la ville assumerait toutes les responsabilités applicables au système de train léger d'Ottawa.
[Traduction]
Monsieur le président, nous estimons que ces amendements vont considérablement améliorer la Loi sur les transports au Canada et profiter à tous ceux et celles qui voyagent par avion, aux collectivités partout au pays, aux fournisseurs de services de transport urbain, aux producteurs céréaliers et à l'environnement.
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aussi aux membres du comité.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et félicitations pour votre réélection.
Monsieur le ministre, bienvenue au comité. C'est toujours agréable de vous revoir. Merci donc d'être venu nous entretenir du projet de loi .
Je voudrais également vous remercier d'avoir bien voulu, la semaine passée, reconnaître à la Chambre que la majeure partie du gros travail d'abattage effectué sur le projet de loi et, en l'occurrence aussi, le programme de votre gouvernement dans le domaine des transports, devait être créditée au gouvernement précédent, au ministère et aux différents intervenants de l'industrie des transports qui travaillent sur ce dossier depuis plus de 10 ans. Je vous remercie donc pour votre générosité à ce sujet.
Je voudrais vous poser deux questions précises, et j'aimerais savoir en quoi le projet de loi permet d'apporter une solution dans les deux cas.
Il y a tout d'abord la sécurité aéroportuaire. Vous avez entendu parler de l'incident qui s'est produit au début du mois à Montréal, en l'occurrence qu'un journaliste a réussi à pénétrer six ou sept fois dans l'enceinte de l'aéroport Trudeau. Sans aucune pièce d'identité, il a pu donc pénétrer dans l'enceinte réservée sans être arrêté. En toute déférence, monsieur le ministre, vous êtes resté très vague à ce sujet et vous n'avez rien dit de catégorique. Les citoyens s'inquiètent beaucoup de cet état de choses. Le problème apparaît encore plus flagrant aujourd'hui dès lors qu'on a pu lire dans la presse, monsieur le président, qu'il y aurait des membres d'organisations criminelles comme les Hell's Angels qui ne se privent pas d'intimider les agents de sécurité en fonction dans nos aéroports afin de faciliter — c'est ce que dit l'article en question — le trafic de drogues florissant auquel ils s'y livrent.
En quoi ce projet de loi permettra-t-il d'apporter une solution à ce problème, c'est ma première question, de la sécurité aéroportuaire?
:
Eh bien, de toute évidence, monsieur McGuinty, ce projet de loi ne fera rien pour résoudre ce problème en particulier. En ce qui concerne la prétendue infiltration d'un journaliste à l'aéroport Trudeau à Montréal, je suis bien sûr intervenu rapidement et promptement en ordonnant aux responsables de vérifier comment les choses se passaient et de me faire rapport pour me dire si oui ou non le système fonctionne et s'il fonctionne bien.
Vous savez fort bien, tout comme moi, qu'au cas où ce rapport serait négatif, nous avons à notre disposition plusieurs mesures auxquelles nous pouvons avoir recours, depuis des amendes jusqu'à des sanctions très lourdes imposées aux administrations aéroportuaires, ainsi qu'à tous ceux qui interviennent de façon importante dans le système de sécurité. Et c'est un processus qui est là en permanence.
S'agissant maintenant du personnel qui travaille dans ces zones restreintes, vous savez que depuis 1986 — cela ne date pas d'hier — le gouvernement fédéral se charge d'effectuer les enquêtes de sécurité pour tous ceux qui souhaitent travailler dans les zones restreintes de nos aéroports. Le gouvernement peut donc découvrir des données qui lui permettent de déterminer si le postulant pose ou non un risque pour la sécurité de l'aéroport ou pour la sécurité aéronautique en général.
En décembre, nous allons introduire un système d'accès sécurisé qui obligera tous les employés à avoir sur eux une carte dont ils devront se servir pour pouvoir pénétrer dans ces zones. C'est également un processus en cours.
Comme vous l'avez mentionné dans votre entrevue à la radio il y a deux semaines, nous avons déjà fait beaucoup depuis trois ans et nous continuons dans ce sens. Vous savez tout comme moi que le gouvernement fédéral, jusqu'à ce que nous soyons élus, avait investi grosso modo 2,5 milliards de dollars, voire 2,6 milliards de dollars, dans la sécurité à la suite des attentats du 11 septembre — et qu'il l'avait fait surtout dans le secteur aéronautique, qui a eu la part du lion — et depuis lors, nous avons encore fait mieux en donnant à l'ACSTA 133 millions de dollars dans notre budget de cette année.
Nous avons également contribué à l'élaboration d'un programme de transit du fret dont le sénateur Kenny a, je crois, parlé lors de certaines de ses interventions, en disant que le gouvernement précédent devait absolument participer à ce genre de choses. Nous avons donné suite, de sorte que je m'enorgueillis de notre mandat et je suis très fier de ce que nous avons fait jusqu'ici pour donner l'absolue priorité à la sécurité et à la sûreté des aéroports afin que les Canadiens puissent se servir de ces infrastructures pour leurs déplacements.
:
Merci, monsieur le ministre. J'aurais maintenant une seconde question à vous poser. L'heure tourne, j'en suis parfaitement conscient. Il s'agit de la sécurité ferroviaire.
Le comité s'est engagé à étudier le dossier de la sécurité ferroviaire lorsqu'il en aura le temps. Tout dernièrement, mon collègue de North Vancouver, qui est notre vice-président, Don Bell, a réagi à des problèmes de sécurité ferroviaire, surtout en Colombie-Britannique.
Il y a eu beaucoup d'accidents sur les voies du CN. Le nombre de déraillements enregistré par cette compagnie a augmenté de 35 p. 100 l'an dernier. Votre prédécesseur, le ministre Lapierre, avait ordonné un audit des systèmes de gestion de la sécurité au CN. Il avait promis de rendre cet audit public sitôt celui-ci terminé. Depuis lors, il y a eu des élections. L'audit est maintenant terminé, vous avez eu le rapport en juin, votre cabinet a reçu cet audit en juin, c'est-à-dire il y a quatre mois.
En juillet, à l'insu des députés, du moins à ce que je sache, vous avez émis en secret au CN une ordonnance ministérielle en vertu de l'article 32 de la Loi sur la sécurité ferroviaire — et c'est d'ailleurs la première fois qu'un ministre a jamais exercé ce pouvoir d'intervention extraordinaire — le CN n'ayant apparemment rien fait pour rectifier les carences en matière de sécurité que l'audit avait révélées. Le CN, ai-je appris, a interjeté appel de cette ordonnance, mais à mon sens, rien ne vous interdirait de nous faire part de cet audit et de nous confirmer les détails de l'ordonnance ultérieure que vous avez émise en vertu de l'article 32, comme nous l'avait promis le ministre précédent.
Pourriez-vous donc nous donner au comité l'assurance que vous allez effectivement rendre ces deux documents publics?
:
Je vous remercie pour vos propos et c'est avec beaucoup de plaisir que je vais répondre à votre question, monsieur McGuinty. Je sais que c'est un dossier qui préoccupe aussi beaucoup M. Julian, tout comme moi d'ailleurs.
Sur le plan de la chronologie, vous avez parfaitement raison: mon prédécesseur, M. Lapierre, avait pris l'initiative et avait fait effectuer un audit. Cet audit fut terminé en juin et ultérieurement, avant d'émettre l'ordonnance aux termes de l'article 32, j'avais moi-même demandé un deuxième audit pour corroborer l'essentiel des premières conclusions. Le CN ayant beaucoup rechigné, j'ai donc décidé d'émettre l'ordonnance en question.
Comme vous le savez, cette ordonnance est maintenant en appel, et je suis dès lors très limité dans ce que je puis dire publiquement à ce sujet. Par contre, lorsque l'appel sera entendu, j'entends rendre l'audit public. Je pense en effet qu'il n'y a absolument aucune raison pour nous de ne pas vouloir rendre cet audit public. J'ajouterais également qu'une demande aux termes de la Loi sur l'accès à l'information — par l'entremise de l'agent responsable — a également été introduite. Il faut en l'occurence qu'il y ait accusé de réception de la part de la tierce partie — en l'occurrence le CN —, et celui-ci nous a refusé la possibilité de rendre l'audit public. Tant et aussi longtemps que le commissaire à l'information n'aura pas statué en l'instance, je suis tenu par la loi de respecter les modalités et conditions qui régissent cette institution.
C'est un dossier extrêmement grave. La semaine dernière, j'ai rencontré le président et directeur général du CN, M. Hunter Harrison. Entre autres choses, nous en avons également discuté. Je lui ai signalé sans aucune ambiguïté que nous allions défendre l'appel et que nous n'allions en aucun cas céder à une obstruction systématique dans le dossier de la sécurité ferroviaire. Je m'empresse également d'ajouter à votre intention, que cela soit dit pour mémoire, que j'étudie actuellement d'autres options pour aller plus loin, et notamment un processus qui ferait intervenir votre comité.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, de participer au comité. Je vais faire un commentaire et poser deux questions.
Mon commentaire est évidemment relié à l'intervention de mon collègue M. McGuinty, du Parti libéral. Vous avez tout à fait raison: le projet de loi C-11 ne règle pas les problèmes de sécurité, entre autres à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, pas plus que ne le faisait le projet de loi C-44 lorsque les libéraux étaient au pouvoir.
Ce matin, il y a encore des problèmes sur l'aire de trafic, le « tarmac ». Il est question d'infiltration par le crime organisé et de tout le personnel concerné. Je pense que c'est inquiétant, monsieur le ministre, mais que vous allez sûrement en tenir compte dans le cadre des prochains projets de loi. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le propos du projet de loi que nous étudions aujourd'hui.
Je vais maintenant passer à mes deux questions.
Les sociétés de transport se posent des questions. Je sais que votre passage dans le milieu municipal et vos fonctions dans cette belle industrie vous permettent de comprendre ce qu'il en est. Est-ce que le projet de loi va permettre de forcer un peu la main aux compagnies qui détiennent des voies désaffectées pour qu'il soit possible d'utiliser celles-ci pour du transport en commun? Est-ce qu'on pourrait y arriver au moyen d'une procédure de médiation? Ce n'est pas parce qu'il y a des voies désaffectées que les compagnies vont nécessairement décider de négocier de bonne foi. Avez-vous pensé à cela ou est-ce une situation que le comité peut voir à améliorer?
:
Et cela s'appliquerait, même si il n'y avait pas du tout de volonté de la part de la compagnie. Il y aurait un processus de négociation. C'est en gros ce que je comprends.
Ma deuxième question portera sur la réglementation relative au bruit. Vous savez sans doute qu'il s'agit d'un problème qui, dans bien des cas, touche les citoyens des grands centres urbains. Je comprends le but de la loi, c'est-à-dire de donner à l'office un pouvoir qu'elle n'avait pas. La Cour d'appel le lui avait refusé en 2000.
Moi aussi, je viens du milieu municipal, et je sais qu'il y a des normes, un niveau de décibels et ainsi de suite, mais ce n'est pas l'approche de ce projet de loi. On y considère plutôt les besoins des industries et le lieu où elles sont établies. J'aimerais savoir si on pourra apporter des améliorations.
En termes de décibels, est-ce qu'il va être possible d'imposer des restrictions pour les cas où le niveau de bruit est vraiment trop élevé, ou allez-vous vous en tenir aux normes de l'industrie? De cette façon, l'office ferait plutôt de l'arbitrage et essaierait de trouver la solution qui convient le mieux aux parties intéressées.
Vous savez ce que cela va donner. J'ai des craintes à ce sujet. On donne un pouvoir à l'office, et j'en suis heureux, mais je crois qu'on ne va pas assez loin. Pensez-vous qu'on puisse apporter des améliorations?
:
Merci, monsieur le président.
Les travaux parlementaires sont quelque chose de nouveau pour moi. Je voudrais vous remercier, monsieur le ministre, de votre présence. Je crois que les questions clés ont été posées cet après-midi, et on sent le respect que vous accordez aux travaux du comité, comme vous l'avez démontré sur la question des agents de bord ou encore, notamment dans le cadre du projet de loi C-11, sur la question du bruit, qui est un enjeu qui tient particulièrement à coeur aux électeurs de mon comté. On retrouve cela dans la réglementation.
Ce qui est intéressant également, c'est que vous avez pu fragmenter le projet de loi par rapport à l'ancien projet de loi. Il a été amélioré, ce qui fait en sorte qu'on procède plus rapidement.
Les échanges de cet après-midi ont été très constructifs. Je salue aussi votre courage en ce qui a trait à la sécurité ferroviaire. On sent vraiment votre intention de considérer cet enjeu qui, je crois, en est un que les membres du comité partagent.
Voilà mes commentaires. Vous aviez parlé d'un témoignage de 30 minutes; or, vous êtes ici depuis déjà plus de 50 minutes. Je vous remercie donc d'avoir accepté l'invitation du comité. Je pense que cela nous aidera par la suite à orienter nos travaux.
Bien entendu, avant de passer à l'étude article par article du projet de loi C-11, nous entendrons des témoins. Je crois qu'on a déjà soumis au président les noms des témoins que l'on souhaite convier à cet exercice.
:
Merci infiniment de vos commentaires, monsieur Blaney.
Je voyais mon ami le critique du Parti libéral m'indiquer que, grâce au travail exceptionnel du gouvernement précédent, on a vu des projets de loi, etc. Je serais beaucoup plus humble. On a été capable, je pense, de choisir des mesures, des actions, des initiatives auxquelles l'ensemble des parlementaires réunis ici ont souscrit et au sujet desquelles ils ont donné leur opinion. Évidemment, il y a un gouvernement, et un ministre doit proposer ces initiatives, mais en toute humilité, je dirais que c'est le résultat du travail fructueux que les membres ce comité ont accompli pendant de nombreuses années. Ces derniers ont réussi à bien circonscrire, à bien identifier, à bien peaufiner les mesures législatives contenues là-dedans.
Nous avons simplement eu la bienveillance de prendre les éléments sur lesquels il y avait un consensus pour faire avancer les choses, plutôt que de présenter des mesures législatives tous azimuts, qui allaient dans toutes les directions, et qui pouvaient créer, à toutes fins pratiques, une résistance. Ce qui nous a paru important, c'était d'aller de l'avant avec des choses sur lesquelles il y avait généralement consensus. Or, ce consensus a été atteint par l'intermédiaire des parlementaires qui siègent à ce comité.
Il me fait toujours plaisir de travailler avec les parlementaires, car je me souviens de mes origines. J'ai siégé à plusieurs commissions parlementaires à l'Assemblée nationale pour discuter de plusieurs projets de loi. Au fond, le rôle des parlementaires est d'examiner ces choses et d'y apporter leur éclairage, éclairage qui est extrêmement important parce que plus tard, nous devons expliquer ces choses à nos commettants.
Merci infiniment de votre écoute attentive aujourd'hui. Je continuerai, monsieur le président, à être à votre disposition lorsque vous sentirez l'obligation ou le besoin de me rappeler ici. Merci.
:
Je vais répondre en ce qui concerne le transport de surface, et je laisserai ma collègue parler du transport aérien.
La question qui a suscité le courrier le plus abondant est celle du bruit provoqué par les activités ferroviaires. Ce dossier remonte à l'an 2000, au moment où la Cour d'appel fédérale avait jugé que l'Office n'avait pas compétence dans des litiges de ce genre.
À partir de 2001, nous avons consulté la Fédération canadienne des municipalités. Des collectivités nous ont écrit. Des citoyens nous ont également écrit. Nous avons entendu les interventions de très nombreux parlementaires; il y eut même des journées d'opposition qui ont été consacrées à ce dossier. Pour l'essentiel, c'est la raison pour laquelle cet élément de la loi est aussi important, puisqu'il confère à l'Office un pouvoir qu'il n'avait pas auparavant. Ce pouvoir n'existe pour aucun des autres modes et il ne vaut que pour le transport ferroviaire.
C'est dans ce dossier que nous avons, et de loin, fait de notre mieux pour donner suite aux préoccupations qui nous avaient été soumises. Nous avons la conviction que la solution permettra, du moins il faut l'espérer, l'adoption d'une formule en coopération mais, dans le cas contraire, l'Office aura le pouvoir d'imposer une solution pour essayer de rectifier le problème.
Je vous dirai que le deuxième dossier qui nous a le plus occupés concerne les exploitants de services de trains de banlieue et de transport en commun, il s'agit en l'occurrence de l'accès aux corridors ferroviaires qui vont être abandonnés, les intervenants voulant que ces corridors puissent servir à l'exploitation de services de transport en commun. Nous renforçons les dispositions législatives actuelles pour prescrire un processus extrêmement détaillé et rigoureux qu'il faudra suivre en cas d'abandon ou de mise hors service de certains corridors. Nous les intégrons au processus, mais nous élargissons également celui-ci par la même occasion pour y inclure les voies d'évitement, les embranchements et les gares, afin qu'elles puissent continuer à être utilisées pour des services de transport en commun.
Par ailleurs, les exploitants de services de trains de banlieue sont venus nous voir plusieurs fois. Nous les avons plusieurs fois rencontrés. Ils nous ont aidés à élaborer les dispositions du projet de loi qui intéressent les exploitants de services ferroviaires voyageurs publics. Le nouveau mécanisme d'arbitrage que nous avons ajouté au projet de loi a été élaboré avec leur aide. Nous avons bien entendu consulté les compagnies ferroviaires afin de déterminer l'impact que cela aurait. Les compagnies de chemin de fer acceptent, je pense, les dispositions qui sont contenues dans le projet de loi. Comme l'a dit le ministre, les groupes intéressés veulent vraiment que ces dispositions soient adoptées, et je pense qu'ils seraient très heureux de venir en parler ici au comité.
Voilà donc les trois grands dossiers qui ont fait l'objet de nombreuses demandes et qui ont donné lieu à de vastes consultations.
:
En ce qui concerne le transport aérien, je voudrais signaler deux éléments.
Pour commencer, je vous dirai que nous avons travaillé en très étroite collaboration avec les associations du secteur du transport aérien, ainsi qu'avec l'Office, afin de pouvoir profiter de ses contacts avec les transporteurs, et nous avons tenté d'arriver à des solutions aux problèmes qu'ils nous ont mentionnés.
Il y a un secteur qui a donné lieu à certaines préoccupations, de la part du comité, mais aussi des intervenants, et il s'agit des craintes qu'avaient fait valoir un groupe de consommateurs qui souhaitaient une meilleure protection dans le cas des publicités entourant les voyages par avion. Ici aussi, le projet de loi comporte une disposition très précise, un volet très précis, qui permettrait au ministre de donner à l'Office le pouvoir de réglementer, si besoin est, dans le domaine de la publicité entourant la tarification des voyages par avion. Pour la première fois, il y aurait ainsi des directives précises qui diraient ce qu'on peut attendre des compagnies aériennes en matière de publicité, et ce que ces dernières devraient faire. Nous avons donc le sentiment d'avoir bien donné suite aux préoccupations exprimées tout en conservant suffisamment de souplesse pour nous adapter à l'évolution du marché pour tout ce qui concerne la publicité relative à la tarification des voyages par avion.
Le second domaine qui avait donné lieu, de la part des groupes de consommateurs, à certaines préoccupations, était le fait que le gouvernement avait annoncé son intention de ne pas reconduire le commissaire aux plaintes relatives au transport aérien. Je sais que la question a suscité un certain intérêt dans plusieurs milieux. Par le biais du projet de loi, nous avons très vigoureusement fait valoir que la fonction de règlement des plaintes par voie officieuse, qui est en fait devenue une fonction centrale de l'Office, devait demeurer et devenir permanente. Selon nous, cela répond à un besoin, exprimé par les passagers, besoin de pouvoir disposer d'un mécanisme d'audition, mais d'un mécanisme qui ne comporte nécessairement pas la présence d'un responsable en chef qui assumerait ce rôle.
:
Je vais vous répondre en anglais.
[Traduction]
À l'heure actuelle, le processus vaut pour les chemins de fer qui cessent leur exploitation ou qui abandonnent une ligne. Dès qu'une compagnie n'est plus active — qu'elle n'offre plus de service de transport de marchandises — il faut qu'elle trouve un acquéreur, pour cette emprise, parmi d'autres entreprises privées, par exemple une compagnie de chemin de fer secondaire. Si personne n'en veut dans le secteur privé, il faut alors que la compagnie offre de céder sa ligne à un ordre du gouvernement, le gouvernement fédéral étant prioritaire si la ligne traverse plusieurs municipalités ou encore une réserve d'une première nation; ensuite, la ligne est offerte au gouvernement provincial, et enfin à une administration municipale. Chaque ordre de gouvernement a 30 jours pour décider s'il souhaite ou non se porter acquéreur de ce couloir ferroviaire pour l'utiliser à sa convenance.
Si, en dernier ressort, aucun acquéreur ne se montre intéressé et si la municipalité, qui est la dernière sur la liste, décide de ne pas s'en porter acquéreur pour en faire un couloir de transport en commun, une piste cyclable ou que sais-je encore, à ce moment-là la compagnie de chemin de fer peut la mettre hors service. Cette emprise devient alors un terrain comme les autres, un terrain qui peut être vendu. Mais ce terrain ne relève plus du processus en question, étant donné que la compagnie a parfaitement suivi le processus de cessation de service.
Avec le projet de loi C-11, nous ajoutons une étape intermédiaire entre la province et la municipalité en intégrant les régies de transport en commun qui chevauchent plusieurs paliers de compétence, par exemple la West Coast Express ou TransLink en Colombie-Britannique, AMT à Montréal, GO Transit à Toronto. Lorsqu'une régie de transport en commun dessert plusieurs municipalités, il faut actuellement que toutes les municipalités acceptent de racheter la ligne pour qu'elle puisse l'exploiter. Cela donne donc le droit à ces administrations, qui viennent immédiatement après la province — étant donné que ce sont des créatures des provinces — le droit de se porter elles-mêmes acquéreur et d'acheter le couloir en question pour l'utiliser pour le transport en commun. Cela renforce en fait tout le processus et permet la conservation d'un plus grand nombre de ces couloirs ferroviaires qui peuvent ainsi servir pour le transport en commun ou à d'autres fins utiles pour la collectivité.
:
Je crois bien, oui. Nous n'avons pas le chiffre exact, et je ne suis pas prête à miser ma chemise.
Ces employés commencent par faire enquête auprès de la compagnie aérienne, si cela n'a pas encore été fait, pour voir si une solution est possible. Voici les éléments dont on tient compte en premier: d'abord, travailler de concert avec la compagnie aérienne pour chercher une solution.
Toujours en ce qui concerne les solutions, l'Office nous affirme qu'au niveau un, le niveau de satisfaction est très élevé, et j'imagine que cela consiste à travailler de concert avec la compagnie aérienne pour préciser de quoi il s'agit, trouver une solution et, de concert toujours avec la compagnie aérienne, prendre les mesures appropriées pour donner suite à la plainte. Si nécessaire, on passe ensuite au second niveau, c'est-à-dire que l'Office, et c'est toujours un processus officieux, approfondit un peu le dossier. On essaie de voir quelle a été la réaction de la compagnie aérienne, on analyse la plainte et on regarde s'il n'y aurait pas un compromis possible, un genre de moyen terme, on détermine la validité de la plainte et ainsi de suite.
À ce niveau-ci également, dans la plupart des cas on arrive à une solution. Il s'agit en l'occurrence de trouver une solution qui satisfasse le plaignant grâce à des discussions, en circonscrivant mieux la plainte, toujours de façon officieuse, et en faisant en sorte que la compagnie aérienne donne suite. Il n'y a que très peu de dossiers qui passent au stade du processus officiel et quasi judiciaire. Sur les mille et quelques plaintes reçues en 2005, sept seulement ont donné lieu à un recours quasi judiciaire.
Je suis un peu vague ici parce que je ne tiens pas à me substituer à l'Office pour parler de son travail courant.