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Il est 15 h 30; la séance est ouverte. Je souhaite la bienvenue à tous.
La réunion de cet après-midi du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique porte sur l'étude du suivi aux fiches de renseignements du commissaire à l'information, conformément au Règlement.
Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui, du ministère de l'Environnement, M. Bob Hamilton, sous-ministre délégué. Il est accompagné de M. Pierre Bernier, directeur général, Secrétariat ministériel, et de Mme Shelley Emmerson, gestionnaire, Accès à l'information et protection des renseignements personnels.
Le comité a attribué une heure et demie à cette question particulière. Permettez-moi de glisser un mot au nom du comité.
Comme je l'ai dit, il s'agit de l'étude du suivi du rapport déposé par la Commissaire à l'information du Canada qui est intitulé Hors délais : Fiches de rendement 2008-2009: Problèmes systémiques influant sur l’accès à l’information au Canada.
Le rapport, qui est à la fois très étendu, très long et très complet, note les différents organismes du gouvernement du Canada en fonction de leur respect de la Loi sur l'accès à l'information. Malheureusement, le rapport révèle un certain nombre de problèmes systémiques dans différents ministères qui, essentiellement, manquent à leurs engagements envers les Canadiens et Canadiennes concernant le fait de fournir de l'information en temps opportun conformément à la loi.
Selon le rapport de la commissaire à l'information, parmi les raisons qui expliquent cet échec figurent le manque de leadership, l'utilisation abusive des prorogations de délai, les consultations prolongées, l'insuffisance des ressources, les lacunes dans la gestion de l'information et toute la question de la délégation de pouvoir déficiente ou mal appliquée.
Dans son rapport, la commissaire à l'information a noté 24 institutions fédérales. Cinq ministères ont obtenu un classement de un sur cinq, ou la note F. Il s'agissait de Ressources naturelles Canada, de l'ACDI, de Service correctionnel du Canada, de Patrimoine canadien et d'Environnement Canada.
Malheureusement, le ministère des Affaires étrangères a reçu un classement de zéro; la commissaire lui a donné le classement alerte rouge.
Le comité considère qu'il s'agit d'une question très sérieuse. En conséquence, il a décidé de convoquer des responsables du ministère de l'Environnement et des responsables du ministère des affaires étrangères qui, eux, comparaîtront la semaine prochaine.
Nous sommes heureux que le sous-ministre délégué soit ici. Nous sommes heureux de la présence des autres fonctionnaires également. Nous allons maintenant vous demander de faire votre déclaration préliminaire.
Monsieur Hamilton, vous avez la parole.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Comme vous l'avez dit, je suis le sous-ministre délégué d'Environnement Canada. Je suis accompagné de deux des personnes clés du ministère qui travaillent dans le domaine de l'accès à l'information: Pierre Bernier, qui est le coordonnateur de notre secteur de l'accès à l'information; et Shelley Emmerson, qui est la gestionnaire de notre bureau de l'accès à l'information. Je vais décrire dans une minute la place que nous occupons au sein de l'organisme.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de vous fournir des renseignements sur la façon dont nous donnons suite au bulletin de rendement de la commissaire à l'information et de vous parler un peu des progrès que nous avons accomplis et des progrès que nous espérons accomplir. Il ne fait aucun doute qu'il y a encore du travail à faire, mais nous croyons avoir mis en place certains mécanismes qui ont déjà commencé à porter fruit.
Permettez-moi tout d'abord d'affirmer qu'Environnement Canada croit que la Loi sur l'accès à l'information constitue un véhicule important grâce auquel la population peut obtenir de l'information sur les activités gouvernementales et un moyen par lequel les Canadiens et Canadiennes peuvent nous tenir responsables de nos actes. Nous sommes fortement engagés envers l'accès à l'information et ses principes d'ouverture, de transparence et de responsabilisation.
Malgré le fait que nous ayons rencontré certains défis au cours des dernières années, que je vais décrire dans un instant, nous demeurons déterminés à fournir l'accès aux dossiers, sous réserve des exceptions très limitées et particulières qui sont précisées dans la loi.
Je vais vous donner quelques renseignements pour vous mettre en contexte. Environnement Canada se classe constamment parmi les 10 institutions gouvernementales fédérales qui reçoivent le plus grand nombre de demandes d'accès à l'information par année. Nous recevons beaucoup de demandes à traiter, alors, de toute évidence, il se pose un problème de charge de travail.
Au cours des cinq dernières années, nous avons constaté une augmentation de 10 p. 100 du nombre de demandes reçues en moyenne par année et une augmentation d'environ 40 p. 100 du nombre de pages examinées. C'est un volume énorme et c'est un volume qui est en croissance. Nous avons dû nous adapter à cette situation.
Cette situation se poursuit durant le présent exercice. Les données statistiques que nous avons recueillies à Environnement Canada indiquent une augmentation de 33 p. 100 du nombre de demandes cette année et de 61 p. 100 du nombre de pages examinées.
Nous devons trouver des moyens de traiter cette charge de travail importante et en croissance, de manière que nous puissions remplir nos obligations en vertu de la loi.
Le bureau d'accès à l'information relève du secrétariat ministériel. Il compte actuellement 15 employés chargés de traiter les demandes et il continue de doter des postes pour accroître cet effectif. Je vais revenir sur cette question de dotation dans un moment.
[Français]
On reconnaît l'importance d'établir des responsabilités relativement à l'accès à l'information. Le ministère suit les meilleures pratiques du Secrétariat du Conseil du Trésor en ce qui concerne la délégation des responsabilités. C'est la raison pour laquelle M. Bernier et Mme Emmerson sont responsables de ce domaine.
[Traduction]
J'aimerais maintenant aborder le bulletin de rendement de la commissaire à l'information et parler un peu de ce que ce rapport nous dit et de la façon dont nous y avons répondu.
Le rapport souligne les défis auxquels faisait face Environnement Canada pendant cette période. En réalité, un certain nombre de facteurs ont contribué à la mauvaise note que nous avons reçue.
Le premier facteur, comme je l'ai dit, c'est la charge de travail que nous avions, et il a été reconnu dans le rapport que cette charge augmentait. Le deuxième facteur, c'est que le ministère a procédé à une importante restructuration au cours de laquelle un grand nombre de nouvelles directions générales ont été créées et cela a eu des répercussions sur notre capacité à régler rapidement les dossiers. Alors, c'est quelque chose dont nous sommes responsables, si vous voulez, mais c'est quelque chose qui a contribué aux difficultés survenues au cours de l'exercice 2008-2009 qui a été examiné. De plus, pendant une courte période de temps, nous nous sommes occupés des demandes de Parcs Canada; alors, en réalité, nous avons accepté plus de demandes au cours de cet exercice-là que nous en aurions normalement reçu. Et enfin — et je vais revenir sur cette question — nous avons perdu un certain nombre de personnes expérimentées qui ont quitté notre bureau d'AIPRP, alors, nous avions une importante pénurie de personnel à ce moment-là.
Nous avions une charge de travail lourde, nous étions en train de procéder à une réorganisation, nous avions les dossiers additionnels de Parcs Canada et nous avons perdu un certain nombre d'employés expérimentés dans notre bureau d'AIPRP. Alors, il y a là une combinaison d'éléments qui, de toute évidence, a été à l'origine des résultats soulignés par la commissaire et qui nous a donné du pain sur la planche.
Je vais revenir sur la question du personnel qualifié, parce que c'est un défi auquel le ministère est encore confronté à l'heure actuelle. Et ce n'est pas une situation qui est unique à Environnement Canada; c'est quelque chose que l'on voit ailleurs, mais c'est quelque chose que nous essayons de régler, et c'est probablement l'un des problèmes les plus importants que nous avons.
À partir de cette analyse et de cette information, la commissaire a présenté quatre recommandations. Premièrement, que le sous-ministre affecte des ressources suffisantes pour assurer un effectif complet au bureau d'accès à l'information. Deuxièmement, que nous élaborions un plan explicite pour traiter l'arriéré de demandes d'accès à l'information, parce que nous avions accumulé, au cours de cette période, un arriéré de demandes qui n'avaient pas été traitées. Et comme vous le savez, lorsque les demandes s'accumulent et que vous en voyez de nouvelles arriver... nous devons trouver des façons de faire face à cet arriéré, et la commissaire nous a donné cette recommandation. Ensuite, que nous déterminions et apportions les améliorations requises aux systèmes de gestion des dossiers afin d'assurer une récupération rapide des dossiers appropriés en réponse à une demande d'accès à l'information, et que nous avisions la commissaire à l'information de toutes les prorogations auxquelles nous avons recours pour une durée de plus de 30 jours.
[Français]
On a élaboré un plan d'action en vue de répondre à chacune des recommandations, et je suis heureux d'annoncer que le ministère a fait des progrès dans chaque domaine. À ce sujet, je vais vous donner plusieurs exemples dans le cadre de mon discours.
[Traduction]
En 2008, pour donner suite à ces recommandations, nous avons commencé à élaborer un programme de perfectionnement professionnel relatif à l'AIPRP, qui est, en réalité, un programme que nous avons mis sur pied pour essayer d'aller chercher du personnel compétent dans le domaine de l'accès à l'information. Nous avions de la difficulté à recruter et à maintenir en poste ces personnes et il était nécessaire d'élaborer un bon plan de relève; alors, nous avons institué ce programme. Il est destiné à nous aider à recruter des gens dans le domaine de l'accès à l'information, à créer un milieu de travail plus favorable de manière qu'ils restent chez nous et à assurer une certaine continuité dans la relève pour l'avenir.
De toute évidence, il faut un certain temps pour mettre ce programme sur pied et lui trouver une place dans l'institution, mais nous sommes persuadés qu'à long terme, nous devons faire ce genre de choses pour pouvoir attirer des gens compétents dans ce domaine. Il est extrêmement difficile d'éliminer un arriéré pendant qu'on reçoit de nouvelles demandes si vous avez une pénurie de personnel qualifié ou si ces gens quittent continuellement.
Nous voyons déjà des signes de réussite. Une deuxième vague de recrutement est en cours, et nous constatons que les gens acquièrent des connaissances, non seulement sur la Loi sur l'accès à l'information et comment on doit gérer cela, mais également, ce qui est important, sur le ministère. Dans ce domaine, vous devez connaître les règles, évidemment, et savoir comment traiter ces demandes, mais vous devez également acquérir une connaissance du ministère. Nous commençons à voir cela.
Le deuxième point, c'est que nous nous sommes engagés dans un plan destiné à traiter l'arriéré de demandes. Nous avons ciblé ces demandes comme nécessitant une intervention, même si nous avons certaines difficultés à nous doter d'un effectif complet. Nous avons eu recours à des sous-traitants pour nous aider dans cette tâche parce que nous avons compris que nous devons tout simplement éliminer cet arriéré pour pouvoir nous occuper de manière appropriée des demandes qui arrivent. De toute évidence, il s'agit d'un équilibre. Nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur l'arriéré et ignorer les nouvelles demandes qui arrivent; de la même manière, nous ne pouvons pas nous limiter à traiter les nouvelles demandes et ignorer l'arriéré. Nous avons essayé d'accorder une certaine attention pour essayer d'éliminer cet arriéré avec le temps.
Nous avons fait certains progrès. Nous avons réduit notre arriéré global de 28 p. 100 cette année et nous avons réduit l'arriéré de certains de nos dossiers les plus en retard de plus de 50 p. 100. Nous voyons des signes de progrès, mais comme dans tous ces domaines, il reste encore du travail à faire.
Nous avons mis l'accent sur la sensibilisation et la formation en matière de gestion de l'information et d'AIPRP pour essayer de sensibiliser non seulement les spécialistes en AIPRP, mais également les gens en général dans le ministère à la façon dont on doit gérer les dossiers et à ce que l'on doit faire pour se conformer aux exigences de l'AIPRP. Nous avons enregistré une certaine amélioration dans le temps requis pour récupérer les dossiers. Nous sommes passés de 26 jours en moyenne à 18 jours et nous visons une moyenne de 13 jours. Nous voyons certains signes; nous avons encore du chemin à faire, mais dans ce domaine clé de la récupération des dossiers, nous voyons certains signes de vie.
Cela nous a également permis de répondre à un plus grand nombre de demandes dans le délai prescrit de 30 jours. En 2008-2009, nous avons répondu à 62 p. 100 des demandes dans le délai prescrit; et cette année, nous sommes maintenant rendus à 72 p. 100 des demandes. Espérons que l'amélioration se poursuivra.
J'ajouterais également que nous reconnaissons que ce problème nécessite que les dirigeants fassent preuve de leadership, et le sous-ministre et moi avons joué des rôles actifs pour essayer de nous assurer que nous faisons des progrès. Des rapports sur les données statistiques que nous avons recueillies sur nos progrès sont présentés à chaque trimestre à la haute direction du ministère. Le sous-ministre et moi examinons ces rapports et nous suivons attentivement nos progrès. Nous savons que c'est un défi, mais nous savons que nous avons mis en place un plan d'action. Nous voyons certains signes de progrès et nous nous attendons à ce qu'il y en ait davantage avec le temps.
En ce qui concerne le temps de traitement des demandes, en 2008-2009, le temps de traitement moyen était de 97 jours. Il est maintenant de 77 jours. De toute évidence, il y a encore de la place pour l'amélioration, mais nous allons dans la bonne direction.
Nous avons également renforcé nos procédures administratives internes pour nous assurer que la commissaire à l'information soit informée de toutes les prorogations de plus de 30 jours.
Nous avons été un participant actif aux initiatives interministérielles pour essayer d'apprendre quels sont les pratiques exemplaires dans d'autres ministères. Nous essayons de jouer un rôle de chef de file en faisant état de certaines de nos pratiques exemplaires, mais nous voulons également savoir ce qui a bien fonctionné ailleurs, pour être à l'affût des bonnes pratiques des autres que nous pourrions emprunter ou adapter au contexte d'Environnement Canada.
Encore une fois, nous entendons poursuivre nos efforts. Je pense que vous m'avez entendu dire que dans la foulée du rapport de la commissaire, nous savons qu'il y a plus de travail à faire, mais nous croyons avoir mis en place un bon plan d'action pour progresser. Nous avons vu des signes de progrès, nous sommes à l'affût des améliorations futures et nous suivons la situation de près.
C'est ainsi que prend fin ma déclaration.
M. Bernier, Mme Emmerson et moi serons heureux de répondre à vos questions.
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Oui, merci. Je crois que vous avez eu une journée bien remplie. Je vais donc prendre le moins possible de votre temps.
Comme vous l'avez dit, monsieur le président, mesdames et messieurs, nous sommes ici pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses concernant notre rôle de supervision dans le contexte du projet de loi , qualifié d'antipourriel. Je me contenterai de vous rappeler qu'il a principalement pour but de lutter contre les pourriels pour améliorer la sécurité sur Internet. Les pourriels constituent un grave problème, qui a eu une incidence considérable sur l'économie. Soulignons que le Canada est actuellement le seul pays du G8 à ne disposer d'aucune loi à ce sujet.
Trois organismes fédéraux se partageront le rôle de surveillance: le CRTC, le Bureau de la concurrence du Canada et le Commissariat à la protection de la vie privée. Il me semble pertinent de prendre quelques minutes pour décrire notre rôle en ce qui a trait à ce projet de loi.
[Français]
Notre rôle sera d'enquêter sur la collecte et l'utilisation de renseignements personnels réalisées sans autorisation au moyen de diverses techniques: les collectes d'adresses de courriel, les attaques par dictionnaire et les logiciels malveillants et espions.
Ce projet de loi ne change pas nos pouvoirs actuels quant à l'application de la loi, mais nous jouerons un rôle important à cet égard. Pour remplir ce rôle, nous devons expliquer la nouvelle loi aux intervenants et au public, et diffuser de l'information sur l'observation de la loi. Dans le cadre des enquêtes, il faudra vraisemblablement posséder une expertise technique, collaborer avec des organismes de mise en application nationaux et internationaux, et entamer des actions en justice dans certains cas.
Ce projet de loi reprend également des modifications de la LPRPDE qui sont déjà familières à de nombreux membres du comité. La première consiste à donner au commissariat la latitude nécessaire pour refuser de faire enquête sur une plainte ou la renvoyer à d'autres instances. Elle permet aussi de collaborer et d'échanger des renseignements avec les homologues provinciaux et étrangers qui surveillent la conformité avec des lois similaires à la LPRPDE et qui les font respecter. Il s'agit de modifications générales qui s'appliqueraient à toutes nos activités et non pas seulement à la lutte antipourriel.
[Traduction]
Si, monsieur le président, le projet de loi reçoit la sanction royale au cours de l'exercice financier actuel, nous recevrons environ 700 000 $ cette année, puis 2 millions de dollars en tout au cours des années ultérieures.
Nous prévoyons d'embaucher un petit nombre d'employés supplémentaires, qui totaliseront six équivalents temps plein. Nous nous concentrerons, cette année, sur une campagne d'éducation du grand public au sujet de la nouvelle loi. Nous embaucherons des spécialistes, améliorant ainsi nos connaissances et notre compréhension des diverses facettes du pourriel, et nous collaborerons avec d'autres acteurs.
Au cours des années suivantes, nous envisageons de déployer des efforts considérables pour répondre aux demandes de renseignements du public, sensibiliser davantage le public et faire respecter la loi. Nous devons nous préparer à répondre aux demandes de renseignements de la part du public et des entreprises. Nous avons déjà commencé à accroître notre expertise technique, ce qui nous servira à mener des enquêtes sur les logiciels espions et les maliciels en vertu du projet de loi C-28. Nous avons également investi dans des logiciels pour mener ces enquêtes en ligne.
Cet exposé est peut-être suffisant pour vous aider à situer notre demande de crédits supplémentaires d'aujourd'hui dans son contexte. Je me ferai un très grand plaisir de répondre aux questions des honorables membres du comité.