Bienvenue à tous. Nous amorçons la 50e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
Le comité est heureux d'accueillir aujourd'hui des témoins de CBC/Radio-Canada, qui est représentée par son président et directeur général, M. Hubert Lacroix. Il est accompagné de Maryse Bertrand, vice-présidente, Services immobiliers, Services juridiques et avocate-conseil. Du Commissariat à l'information du Canada, nous avons la commissaire à l'information, Suzanne Legault.
Au nom de tous les membres du comité, bienvenue à tous.
Nous allons vous demander de faire une déclaration préliminaire. Nous allons d'abord vous donner la parole, madame Legault, puis nous entendrons le témoignage de Radio-Canada. Mais avant, je veux y aller de quelques commentaires, simplement pour préciser le contexte et le cadre de travail de la réunion d'aujourd'hui.
Comme tout le monde le sait, le Canada a une mesure législative sur l'accès à l'information. Essentiellement, cela signifie que tout citoyen ou résident canadien peut, après avoir dûment rempli les formulaires de demande requis et payé les frais exigés, obtenir du gouvernement des renseignements qu'il détient et qui ne sont pas protégés pour des raisons de protection des renseignements personnels, de sécurité nationale, d'intérêts commerciaux ou toute autre raison jugée légitime. Cette loi s'applique à tous les ministères et, dorénavant, à tous les organismes gouvernementaux et aux sociétés d'État. Toutefois, malheureusement, le comité a constaté des cas pour lesquels des ministères et des organismes gouvernementaux ne respectent tout simplement pas la loi. Plutôt que de fournir les renseignements dans les 30 jours, les documents sont fournis en moyenne dans les 70, 80, 90 jours et, dans certains cas, après plus de 150 jours. On refuse de divulguer les renseignements sans raison apparente ou légitime. Or, beaucoup de ministères et d'organismes n'ont aucun problème à satisfaire aux exigences de la loi, et le comité les en félicite, à juste titre.
Chaque année, le Commissariat à l'information fait une vérification ou une analyse dans plusieurs ministères et organismes et leur attribue une note. Ce rapport est déposé au Parlement et est accessible au public, évidemment. Dans le rapport de l'an dernier, la commissaire à l'information a vérifié 10 ministères et organismes. Certains, sous la gouverne de dirigeants rigoureux, sont considérés comme remarquables ou au-dessus de la moyenne. Malheureusement, cinq ont été jugés insatisfaisants ou se sont vus décerner un F par la commissaire. Il s'agit de Ressources naturelles Canada, de l'ACDI, de Service correctionnel du Canada, de Patrimoine canadien et d'Environnement Canada. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a reçu une note plus que médiocre et une alerte rouge. De toute évidence, ces notes préoccupent beaucoup le comité.
Il y a deux semaines, la commissaire à l'information a déposé sont rapport 2009-2010. Elle a évalué huit organismes de moindre importance ou les bureaux des agents du Parlement. Dans cette évaluation, six de ces bureaux ont reçu une note au-dessus de la moyenne. Il s'agit de la Société du Centre national des Arts, du Bureau du vérificateur général du Canada, du Commissariat à l'information du Canada, du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, d'Énergie atomique du Canada limitée et de VIA Rail Canada Inc. Tous les membres du comité souhaitent remercier et féliciter les dirigeants et le personnel de ces organismes.
Malheureusement, comme dans le rapport de l'an dernier, deux sociétés d'État ont reçu une évaluation jugée insatisfaisante. Premièrement, la SRC a eu un F, ou insatisfaisant et, ce qui est plus alarmant, Postes Canada a reçu une alerte rouge, une note plus que médiocre. Il est fort probable que les représentants de Postes Canada soient cités à comparaître devant le comité pour expliquer pourquoi ils ont échoué — si l'on accepte l'évaluation et les renseignements que la commissaire à l'information nous a fournis — et pourquoi ils refusent de se conformer à La loi sur l'accès à l'information.
Aujourd'hui, comme je l'ai déjà indiqué, nous nous occupons de la SRC, qui se trouve dans une position assez inhabituelle, puisque ses journalistes et producteurs font plutôt bon usage — je m'empresse de l'ajouter — de la Loi canadienne sur l'accès à l'information pour préparer leurs produits. Encore une fois, si l'on accepte les conclusions de la commissaire à l'information, la SRC se retrouve dans la position peu enviable d'avoir à expliquer au Parlement, par l'entremise du comité, pourquoi elle insiste pour que tous les ministères et organismes gouvernementaux fédéraux se conforment à la loi tandis qu'elle-même ne le fait pas. Encore une fois, ce n'est valable que si l'on accepte les conclusions de la commissaire à l'information.
Le comité accorde beaucoup d'importance à cette question et est heureux d'accueillir la commissaire à l'information et le président et directeur général de la SRC aujourd'hui.
Je vais maintenant céder la parole à la commissaire à l'information, pour sa déclaration préliminaire. De nouveau, bienvenue au comité.
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Merci, monsieur le président.
Aujourd’hui, j’aborderai la question des récentes fiches de rendement contenues dans le rapport spécial intitulé: Le libre accès: une question d’ouverture. De plus, je parlerai brièvement de notre expérience avec la SRC dans le cadre de nos enquêtes. Cependant, avant de parler de ces deux points, monsieur le président, je tiens à remercier le comité d’avoir fait le suivi concernant les fiches de rendement de l’année dernière. Le rapport et le travail réalisé par le comité à ce chapitre font en sorte que les institutions fédérales doivent rendre compte de leur conformité à la loi.
Comme il est mentionné dans le 12e rapport du comité, les fiches de rendement ne servent pas à critiquer les institutions. Il s’agit d’un processus à ma disposition pour assurer un plus grand respect des exigences de la loi. Il me permet d’examiner les problèmes de conformité dans leur contexte et de proposer des solutions constructives. Dans cet esprit, le commissariat a préparé la fiche de rendement de la SRC et a formulé quatre recommandations pour qu'elle se conforme mieux à la loi.
Dès le début, en septembre 2007, la SRC a eu du mal à répondre aux demandes d’accès, car elle en a reçu une très grande quantité dans les premiers mois où elle est devenue assujettie à la loi. Par la suite, entre septembre 2007 et avril 2008, le commissariat a reçu 534 plaintes contre la SRC, ce qui représente 22 p. 100 de toutes les plaintes reçues cette année-là. La plupart d’entre elles portaient sur les délais. En réalité, depuis 2007, la SRC fait constamment partie des trois institutions contre lesquelles le commissariat reçoit le plus grand nombre de plaintes.
Comme vous l’avez mentionné, la SRC a reçu un F en raison des retards dans le traitement des demandes, du taux élevé de refus présumés et du long délai de réponse moyen, qui est de 158 jours. Ces retards s’expliquent en grande partie par l’arriéré de demandes reporté des années précédentes. Nous avons toutefois remarqué qu’ils sont aussi causés par un long processus de recherche, d’examen et d’approbation.
[Français]
Vers la fin de 2009-2010, des signes montraient que le rendement de la SRC s'améliorait puisque l'arriéré diminuait et que le délai de traitement des nouvelles demandes était plus court. Le commissariat a ainsi reçu moins de plaintes de retard cette année.
Avant de venir ici aujourd'hui, j'ai aussi questionné mes enquêteurs sur le rendement de la SRC pour l'année en cours. Ils sont d'avis que la société a fait des efforts pour améliorer l'efficacité de ses processus internes et fournir des réponses plus rapidement aux demandeurs. Ils ont surtout souligné — et je tiens à le mentionner — la bonne collaboration avec le nouveau directeur responsable de l'accès à l'information à la SRC.
Par contre, j'ai aussi signalé dans mon rapport spécial que la Loi fédérale sur la responsabilité avait provoqué des changements législatifs qui compliquaient la loi et suscitaient une certaine incertitude concernant l'interprétation juridique des nouvelles restrictions. L'exemple type est évidemment l'article 68.1 qui s'applique à la Société Radio-Canada et qui se rapporte à ses activités de journalisme, de création ou de programmation, à l'exception des renseignements qui ont trait à son administration. Le commissariat reçoit donc plus de plaintes contre les nouvelles institutions. Nous sommes impliqués dans plusieurs litiges, dont un impliquant également Postes Canada.
[Traduction]
La SRC a refusé de remettre aux enquêteurs du commissariat les documents qui sont exclus, selon elle, par l’article 68.1 de la loi. Fait à souligner, cette démarche contraste avec celle adoptée par Énergie atomique du Canada limitée, qui nous fournit tous les renseignements qu’elle considère être exclus par l’article 68.2.
Je pense sincèrement, monsieur le président, qu’un examen indépendant de l’information ou des documents détenus par la SRC est nécessaire pour veiller à ce que l’exclusion soit appliquée adéquatement.
L’étendue de mes pouvoirs d’enquête relativement au refus de la SRC de communiquer les documents en application de l’article 68.1 a, comme vous le savez, mené à un litige. En première instance, la Cour fédérale s’est prononcée en faveur d’un tel examen indépendant réalisé par le commissariat. Elle a expliqué que je dois avoir le pouvoir nécessaire pour déterminer de façon objective et indépendante si les documents tombent sous le coup de l’exemption et s’ils satisfont aux critères d’exclusion. La Cour d’appel fédérale examine actuellement cette décision, ce qui m’empêche de formuler d’autres commentaires à ce sujet. Le litige a forcé le commissariat à suspendre les enquêtes sur plus de 180 plaintes de refus en vertu de l’article 68.1. Certaines d’entre elles remontent à 2007.
Monsieur le président, les retards occasionnés par ce litige ont considérablement nui à la capacité du public d'obtenir de l’information du secteur public en temps opportun, et je crains qu’il y ait d’autres retards lorsque ces procédures judiciaires seront terminées. L’expérience acquise par le commissariat au cours de ses enquêtes sur les plaintes les plus anciennes démontre que le dossier du traitement des demandes d’accès des institutions est incomplet et que les documents pertinents sont souvent difficiles à retracer et à récupérer; l’information électronique a été supprimée et les employés connaissant bien l’information demandée ne sont plus disponibles. Je propose donc une pratique exemplaire: les institutions dont les demandes d’accès sont touchées par un litige devraient s’assurer que la recherche, la récupération et le traitement des documents pertinents sont terminés, puis qu’on les met en suspens jusqu’à la fin des procédures. On éviterait ainsi des retards supplémentaires à la fin du litige.
[Français]
J'encourage vivement le comité à veiller au respect et à la mise en oeuvre des recommandations formulées dans la fiche de rendement de la Société Radio-Canada et à s'assurer que les retards découlant du litige en cours sont limités autant que possible.
Je vous remercie.
:
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de l'occasion qui nous est offerte de nous adresser à vous aujourd'hui.
Vous avez lu, j'en suis certain, des articles dans les médias concernant CBC/Radio-Canada et l'accès à l'information. Dans presque tous les cas, c'était probablement dans le Sun et Le Journal de Montréal, des journaux de Quebecor Média inc. Je dirai un mot à ce sujet dans quelques instants, mais je voudrais d'abord parler de notre rendement en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
Nous avons reçu un « F » pour l'exercice financier qui s'est terminé le 31 mars 2010. Personne à CBC/Radio-Canada ne trouve cette note acceptable, et nous travaillons pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus. En fait, dans son rapport et ses observations, dont il a encore été question aujourd'hui, la commissaire a souligné nos progrès depuis le mois de mars de l'année dernière. Je peux vous dire que nous apprécions cette reconnaissance de nos efforts.
Prenons le cas, par exemple, des présomptions de refus. Au moment où nous sommes devenus assujettis à la loi, nos ressources ont été totalement dépassées par le nombre imprévisible de demandes reçues. Nous avions embauché trois personnes à temps plein et une personne à temps partiel au bureau de l'accès à l'information en nous basant sur les avis reçus d'autres organisations concernant le nombre de demandes que nous pouvions raisonnablement nous attendre à recevoir durant la première année. Personne n'avait prévu que nous allions recevoir 434 demandes au cours des deux premiers mois seulement. Il en est résulté des plaintes liées à l'incapacité de répondre à l'intérieur du fameux délai de 30 jours, c'est-à-dire des présomptions de refus.
En 2007-2008, notre taux de présomptions de refus était d'environ 80,5 p. 100. Nous avons déployé beaucoup d'efforts depuis ce temps pour corriger la situation. Nous avons affecté plus de ressources. Nous avons maintenant sept personnes à temps plein qui s'occupent des demandes. Nous avons amélioré nos procédures internes et nous avons collaboré avec le personnel du commissariat en vue de répondre aux plaintes par ordre de priorité et de façon transparente. Je peux vous dire que nos résultats se sont améliorés chaque année depuis ce temps.
[Traduction]
L'an dernier, comme l'a indiqué la commissaire dans son rapport, notre taux de « présomption de refus » a été réduit à 50,7 p. 100. Cette année, jusqu'à la fin de février, il a chuté à 20,17 p. 100. En fait, pour l'exercice financier en cours, nous avons reçu une plainte de présomption de refus, qui a depuis été retirée.
Le nombre moyen de jours nécessaire au traitement d'une demande a également chuté, passant d'un sommet de 187 à 61. Comme je l'ai dit, nous y travaillons assidûment et sommes déterminés à satisfaire aux attentes de la commissaire.
Nous en avons aussi fait davantage. Cette année, nous avons affiché sur nos sites Web plus de 24 000 pages de documents divulgués en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, afin de les rendre facilement accessibles à tous les Canadiens. Ces documents contiennent de l'information sur nos stratégies, nos vérifications, nos politiques et nos périodes de réflexion de même que toutes les factures présentées par les membres de la haute direction. Cela s'ajoute aux rapports sur les dépenses que nous publions déjà de manière proactive tous les trimestres. Comme vous le savez, publier ces documents va au-delà des exigences de la loi. En fait, aucun autre organisme fédéral n'a rendu disponibles autant de documents liés à l'accès à l'information sur ses sites Web, et nous allons améliorer ce service et continuer d'ajouter des catégories de renseignements dans les mois à venir.
Cependant, nous continuons de recevoir un grand nombre de demandes liées à l'accès à l'information. Parmi les organismes évalués dans le plus récent rapport de la commissaire, c'est nous qui avons enregistré le plus grand nombre de nouvelles demandes, soit 247 pour l'exercice qui s'est terminé le 31 mars 2010. Énergie atomique du Canada suit, avec 108 demandes. Postes Canada en a reçu 78, et le Commissariat à l'information, 28. Au 4 mars 2011, CBC/Radio-Canada avait reçu un total de 1 340 demandes en vertu de la loi. Nous avons répondu à 1 307 de ces demandes et divulgué plus 77 800 pages d'information.
On pourrait croire que toutes ces demandes témoignent de l'intérêt des Canadiens à l'égard de CBC/Radio-Canada, mais c'est Quebecor Media inc., de son propre aveu, qui est la source de la plupart de ces demandes. Évidemment, agir ainsi est son droit le plus strict. Nos propres journalistes utilisent l'accès à l'information pour préparer leurs dossiers, comme l'a fait remarquer le président il y a quelques minutes. La différence est que nous n'utilisons pas la Loi sur l'accès à l'information pour faire des recherches sur nos concurrents ni pour les utiliser dans le cadre d'une campagne pour promouvoir nos propres intérêts commerciaux. Les journaux de Quebecor prétendent qu'ils veulent « obliger le radiodiffuseur public à rendre des comptes ». Cependant, ce n'est pas le titre qu'ils utilisent pour leurs séries d'articles. Ils s'intitulent « Down the Drain », et les 66 articles publiés sous ce thème illustrent leur motivation: attaquer un concurrent et promouvoir leurs propres chaînes de nouvelles.
[Français]
De notre côté, fidèles aux principes de la responsabilisation, nous poursuivrons nos progrès en matière de traitement des demandes d'accès à l'information. Toutefois, si d'autres utilisent cette information pour fausser ou déformer les faits concernant le radiodiffuseur public, nous interviendrons très publiquement, nous corrigerons leurs commentaires et ferons connaître notre position haut et fort.
Je voudrais ajouter quelques mots sur le litige qui se trouve actuellement devant la Cour fédérale et qui nous oppose à la commissaire à l'information. CBC/Radio-Canada est la seule organisation de journalisme assujettie à la Loi sur l'accès à l'information. Le Parlement a reconnu que notre indépendance, à titre de radiodiffuseur public, devait être protégée et, par conséquent, a expressément exclu de la loi les renseignements qui se rapportent à nos activités de journalisme, de création ou de programmation.
[Traduction]
La commissaire veut pouvoir examiner des documents qui sont exclus en vertu de la loi. Nous estimons que seul un juge devrait avoir le droit d'exiger la divulgation de renseignements qui sont liés aux activités de création, de journalisme ou de programmation. Il est important de mettre au clair les règles qui s'appliquent à nous.
Enfin, je voudrais dire un mot au sujet de la responsabilisation. CBC/Radio-Canada est une société qui a un budget de 1,7 milliard de dollars, dont les deux tiers proviennent des contribuables canadiens par le truchement de nos crédits parlementaires. Je crois que les Canadiens devraient avoir l'assurance qu'un tel investissement rapporte, non seulement par rapport aux services qu'ils peuvent voir et écouter chaque jour, mais aussi dans notre façon de fonctionner. C'est pourquoi nous faisons rapport de nos activités au ministre, au CRTC et au Parlement chaque année. C'est pourquoi la vérificatrice générale examine nos livres annuellement et procède à une vérification spéciale tous les 10 ans. C'est pourquoi nous affichons les frais de déplacement et de représentation de nos hauts dirigeants sur nos sites Web. C'est également pourquoi nous sommes assujettis à la Loi sur l'accès à l'information.
Nous avons récemment publié notre plan stratégique 2015, une feuille de route indiquant ce à quoi les Canadiens peuvent s'attendre de leur radiodiffuseur public au cours des cinq prochaines années. Ce plan, accessible sur notre site Web, s'accompagne de mesures précises permettant d'évaluer et de faire connaître nos progrès deux fois par année.
Monsieur le président, c'est grâce à toutes ces mesures, à mon avis, que les Canadiens pourront avoir l'assurance que leur investissement dans CBC/Radio-Canada est rentable.
Maryse et moi serons heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, je ne sais pas ce que nous pouvons faire à cet égard. Je suis un ardent défenseur de l'accès à l'information, mais je n'approuve pas qu'on l'utilise pour perturber ou ébranler un organisme. Comme je l'ai déjà dit, je crois que nous le voyons dans d'autres domaines.
À mon avis, il s'agit probablement d'un abus du système. Il a été mis en place avec les meilleures intentions, mais on en abuse pour des intérêts commerciaux ou politiques afin de se débarrasser du système de radiodiffusion publique ou de l'ébranler, et je dois l'admettre, je suis un ardent défenseur de notre système. Avez-vous une idée de la façon dont nous pourrions régler la question?
Par ailleurs, je suis préoccupé par le fait que la SRC a reçu un F, car comme le président l'a dit tout à l'heure, nous utilisons tous l'accès à l'information, en particulier les journalistes de la SRC, et ils s'attendent à ce que les ministères, le gouvernement et d'autres parties respectent les règles. Ce n'est pas très bon d'obtenir un F.
Nous nous enfonçons dans un bourbier en quelque sorte. Nous voulons que la loi soit respectée, mais comment empêcher les demandes d'accès frivoles ou servant des intérêts politiques de nuire au système?
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Certainement, monsieur.
Comme vous pouvez le lire, la loi exclut les renseignements qui se rapportent à toutes nos activités de journalisme, de création et de programmation. Ces domaines n'ont pas été choisis sans raison par le législateur. Ce sont exactement les mêmes qui figurent dans la Loi sur la radiodiffusion. Le législateur les a repris, et je suppose que, d'après la façon dont la loi a été rédigée, on a voulu s'assurer de l'intégrité des activités du radiodiffuseur public. C'est très important.
À titre d'exemple, supposons que l'un de nos journalistes du Québec fait une enquête sur l'industrie de la construction, qu'il a des sources journalistiques et que ces sources ne sont même pas dévoilées à l'équipe de direction de CBC/Radio-Canada. Aux termes de la Loi sur la radiodiffusion, une partie des renseignements que nous détenons ne sont même pas accessibles à notre ministre ou au ministre des Finances ou ne peuvent pas être dévoilés parce qu'ils sont protégés par la loi. À mon avis, l'exemple de nos sources d'information est le plus manifeste.
Maryse, veux-tu ajouter quelque chose?
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Vous m'avez entendu parler du rôle que le leadership joue dans le domaine de l'accès à l'information. Je vous ai personnellement dit que j'étais mécontent et que nous travaillons très fort en vue d'améliorer notre situation.
Je veux parler un peu de l'histoire — accordez-moi deux secondes, car c'est vraiment important —, car oui, nous savions que l'accès à l'information allait avoir des répercussions sur CBC/Radio-Canada. Nous avons donc fait ce que nous avions à faire. Nous sommes allés voir le Conseil du Trésor et nous avons tenté d'en apprendre plus sur son expérience à ce sujet et sur l'expérience d'autres organismes. Nous avons consulté la BBC pour connaître sa façon de faire. En effet, la BBC emploie trois fois plus de gens que nous, c'est-à-dire 30 000 personnes. Elle dessert environ 75 millions de personnes, soit environ deux fois et demie notre auditoire. Lorsque ce processus a commencé en 2005, elle recevait environ 80 demandes par mois. Comme elle comptait 10 employés pour s'occuper de 80 demandes par mois, nous avons calculé que la moitié serait suffisante pour notre population, et nous avons embauché notre personnel selon ces données. Nous n'aurions jamais pu prévoir que nous recevrions 434 demandes; c'était tout simplement aberrant.
Nous avons donc retroussé nos manches. Nous pensions être préparés; nous ne l'étions manifestement pas. On nous a pris par surprise, et nous essayons de rattraper notre retard depuis. Et comme vous pouvez le constater par les données que je vous ai rapportées, nous nous améliorons, et nous y travaillons toujours.
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Madame Legault, pouvez-vous nous expliquer les étapes d'une demande? Cet aspect n'est pas très clair.
Supposons qu'un citoyen, que ce soit QMI ou peu importe, dépose une demande. Je pense que la plupart des Canadiens seraient d'avis qu'une demande qui fait appel à des sources confidentielles dans l'industrie de la construction ne devrait pas concerner votre commissariat ou n'y serait pas liée. Mais supposons que le demandeur veuille connaître le montant accordé en remboursement des dépenses à un certain gestionnaire de la SRC pour le mois de février, et que les représentants de la SRC répondent « Non, cette demande est liée à la programmation, à la création, au journalisme, et nous refusons d'y répondre. » Vous n'avez pas le pouvoir d'ordonner... Ils se contentent de secouer la tête et de dire non, et ensuite d'annoncer qu'ils vont aller en cour. Est-ce ainsi que les choses se passent?
Ce n'est pas compliqué: en tant que parlementaires, nous aimerions voir une version simplifiée, que cela requière une modification à la loi ou non. N'oubliez pas que lorsque vous êtes devant les tribunaux, les contribuables paient pour les deux parties et je sais que ce n'est pas donné. Pourquoi ne peut-on pas trancher? S'il s'agit de journalisme légitime et créatif, en tant que parlementaires, nous aimerions que le cas soit réglé rapidement. Il pourrait exister un processus d'appel, mais il ne faudrait pas qu'il s'étire en longueur et qu'on se retrouve à régler des évènements qui remontent à 2007. Si c'est légitime, par exemple, les sources d'une affaire concernant les médias, il s'agirait, à mon avis, d'une question de journalisme.
Pouvez-vous clarifier la question et nous expliquer en quoi consiste le problème, selon vous?
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Je vais essayer de répondre à votre question.
Premièrement, je ne veux pas utiliser d'exemples précis. Notre bureau reçoit beaucoup de plaintes au sujet de la SRC. Je ne veux donc pas utiliser votre exemple, monsieur le président, tout simplement parce que je dois préserver mon objectivité. Par contre, je peux faire le commentaire suivant.
Lorsqu'un requérant présente une demande d'accès à l'information à une institution fédérale, peu importe laquelle, cette institution doit rechercher tous les documents demandés. Ensuite, son personnel examinera les documents et appliquera les exceptions et les exclusions se trouvant dans la loi. Les responsables décident des exceptions ou des exclusions qu'ils jugent pertinentes dans les circonstances. Ils doivent exercer leur pouvoir discrétionnaire en évaluant si un renseignement devrait être divulgué parce que c'est d'intérêt public, ou ne devrait pas l'être. Enfin, l'institution envoie les documents censurés au requérant. Si le requérant est insatisfait de la réponse de l'institution, il peut alors déposer une plainte à mon commissariat.
Au cours de nos enquêtes, l'institution nous remet normalement tous les documents, les documents non censurés, et nous passons en revue toutes les exceptions et les exclusions qui ont été appliquées. Nous évaluons le tout de manière indépendante et objective et nous déterminons si nous donnons raison ou non à l'institution dans les circonstances. Enfin, nous faisons des recommandations à l'institution. Comme vous le savez, je ne peux pas forcer une institution à divulguer des documents; je peux seulement faire des recommandations. Au cours de ce processus, nous obtenons aussi les observations du requérant ou du plaignant. Si l'institution n'est pas d'accord avec notre recommandation, elle peut refuser de l'accepter — c'est normalement parce qu'elle refuse de divulguer l'information —, puis il y a deux options: je peux, avec l'accord du plaignant, saisir la Cour fédérale du dossier, ou le plaignant peut le faire lui-même. Je ne peux pas forcer une institution à divulguer quoi que ce soit; je peux seulement faire des recommandations.
C'est le fonctionnement. Les documents confidentiels du Cabinet sont les seules exceptions à cette règle, parce que la Loi sur la preuve au Canada impose un processus précis, comme vous le savez, au paragraphe 39 pour le processus d'attestation. Il s'agit donc d'un processus différent.
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Monsieur Abbott, nous ne voulons pas de traitements de faveur. Nous ne sommes pas heureux du F. Nous nous améliorons et nous continuerons de le faire. Ainsi, la prochaine fois que Mme Legault témoignera ici, elle n'aura pas besoin que je sois à sa gauche pour essayer d'expliquer notre F; elle n'est vraiment pas contente. Voilà pour le premier point. Nous nous améliorons et nous sommes tout à fait conscients du F qu'elle nous a remis.
Toutefois, en aucun temps, avec le financement de 1,1 milliard de dollars que le gouvernement nous accorde pour accomplir ce qu'aucun autre télédiffuseur commercial ne peut accomplir, nous... Je l'ai affirmé bon nombre de fois devant divers comités parlementaires: il n'y a aucun télédiffuseur qui ferait ce que nous faisons, parce qu'il n'y a pas de modèle économique pour eux. On ne peut pas couvrir le Nord canadien comme nous le faisons et avoir un modèle économique.
Revenons à l'intégrité journalistique de notre travail et à la raison derrière l'exclusion dans la loi. La loi prévoit qu'elle ne s'applique pas aux renseignements qui se rapportent à nos activités de journalisme, de création et de programmation. Je suis le responsable de cette société d'État à laquelle le gouvernement verse 1,1 milliard de dollars par année, et je crois que vous, monsieur Abbott, seriez le premier à dire que les responsabilités qui nous sont conférées à ce titre sont importantes. De plus, nous avons le droit de dire que la loi nous accorde certains droits, parce que la loi prévoit que les activités de journalisme, de création et de programmation ne peuvent faire l'objet d'examen de la part de la commissaire. Nous avons le droit de faire valoir ces droits.
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Merci mesdames et messieurs d'être ici aujourd'hui afin de témoigner devant nous.
Vous savez que ce comité a réalisé une étude au cours des dernières semaines sur le gouvernement ouvert. Je vous dis cela parce que je veux faire un parallèle entre l'accès à l'information et un gouvernement ouvert.
Dans le cadre de notre étude du gouvernement ouvert, plusieurs témoins nous ont dit que les demandes relatives à la Loi sur l'accès à l'information avaient nettement chuté parce que leur ministère avait fait preuve de plus d'ouverture par rapport aux informations qu'ils donnaient aux gens.
J'ai moi-même écrit à un ministère dernièrement pour avoir la liste des fournisseurs juridiques du gouvernement. On m'a répondu que le gouvernement ne me divulguerait pas le nom de ces fournisseurs.
Je considère que c'est une lacune pour un gouvernement ouvert. J'ai donc fait une demande d'accès à l'information en vertu de la loi. Le demandeur, qui avait écrit à mon bureau, a fait également la même demande, ainsi que le député porte-parole de mon parti. Par conséquent, trois demandes portant sur le même sujet ont été faites. Cependant, si les informations avaient été sur le site Internet, il y aurait eu trois demandes de moins.
Je voulais savoir si vous aviez travaillé à un plan d'action permettant à votre organisation de faire preuve de plus d'ouverture et de faire diminuer le nombre de demandes d'accès à l'information. Pensez-vous plutôt que cette formule ne s'adapte nullement pas à la SRC?
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Non. Votre question comporte deux volets. Il est important d'apporter des précisions.
La loi confère au commissaire à l'information des pouvoirs d'enquête très étendus. Le Commissariat à l'information a le pouvoir d'obliger des gens à témoigner sous serment et aussi d'exiger la communication de dossiers pour lui permettre de mener à bien ses enquêtes.
La position que nous avons adoptée, dans l'affaire entendue par la Cour fédérale concernant la SRC, c'est que ce pouvoir d'examiner les documents s'applique à la SRC, nonobstant l'article 68.1.
Ce que je n'ai pas le droit de faire — et cela vaut pour toutes les institutions —, c'est d'exiger la divulgation d'informations à la fin d'une enquête. Par exemple, je n'ai pas le pouvoir d'exiger la divulgation de sources journalistiques. Mon seul pouvoir en la matière consiste à faire des recommandations aux institutions, et cela touche toutes les institutions. Si l'une d'elles n'approuve pas ma recommandation concernant la divulgation des sources, l'affaire peut se retrouver devant la Cour fédérale. Je pourrais donc m'adresser au tribunal, avec le consentement du plaignant, ou ce dernier pourrait s'adresser directement à la Cour fédérale, une fois mon enquête terminée, et ce serait l'institution qui serait mise en cause.
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Très bien. Votre temps est écoulé, monsieur Calandra.
Voilà qui conclut la deuxième série de questions. Je vais peut-être accorder quelques minutes à Mme Freeman, mais je voudrais encore préciser quelque chose, puis, je reviendrai sur le point soulevé par M. Calandra.
Je veux seulement vous poser une question, monsieur Lacroix. J'ai l'impression, pour résumer tout cela, que des centaines de demandes sont déposées et rejetées en raison des soi-disant activités de journalisme, de création ou de programmation, ce qui est légitime. Mais c'est la SRC elle-même qui décide et qui ne permet aucune consultation des documents par le Commissaire à l'information.
Vous vous rendez compte que si un citoyen se présente demain ou le jour après avec une demande qui a été rejetée pour ces raisons, et qu'il est évident que ce n'est en aucune manière une activité de journalisme, de création ou de programmation, un grand nombre des témoignages présentés en ces lieux seront alors discrédités. Vous vous en rendez compte, n'est-ce pas?
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Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Michel Drapeau, qui est professeur de droit (auxiliaire) à l'Université d'Ottawa a fait de nombreuses observations en ces lieux sur les attentes qu'il nourrissait, en tant que professeur de droit, particulièrement dans les domaines de l'accès à l'information. Selon lui, la SRC, étant un organe d'information, devait être spécialement bien préparée pour prévoir le nombre de demandes d'accès à l'information. Il a dit que la SRC devait avoir une capacité ambidextre pour prévoir quels arrangements, préparations, mesures, etc., étaient nécessaires. Il a dit également que la SRC ne voudrait pas compromettre sa bonne réputation, justement méritée, et il a indiqué que la société disposait des actifs financiers nécessaires.
Il a poursuivi en disant que, sans surprise, dès le départ la SRC s'est plainte d'être inondée de demandes d'accès à l'information. Pour répondre à ce flot de demandes, la SRC a ralenti le processus espérant qu'on lui accordera des prolongations. Il a ajouté que la SRC continue à se montrer surprise par la quantité de demandes d'accès à l'information.
Si je répondais à un rapport fait en 2008 indiquant un taux de refus de 57 p. 100, en tant que député, je l'aurais probablement accepté, mais le processus est en cours depuis quatre ans maintenant et le taux de refus est encore de 57 p. 100. Je crois qu'un tel taux de refus est difficile à justifier.
Je vous crois sur parole que la situation s'est améliorée cette année. Nous n'en avons pas encore la preuve dans un rapport, mais comment pouvons-nous, nous les députés, être sûrs que le taux sera de 20 p. 100 l'année prochaine alors qu'il n'était que de 57 p. 100 après quatre ans? Voilà ce qui me préoccupe.
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Il y a pas mal de questions. D'abord, je serais ravi de commenter la déclaration de M. Drapeau si l'on nous en remet une copie. Nous n'avons malheureusement pas eu la chance d'en recevoir une, donc je n'ai aucune idée de ce qu'elle contient.
Comme vous le savez, le lien entre M. Drapeau et Quebecor Media est clairement établi. Il ne travaille pas pour cette société, mais Quebecor Media est parfois un de ses clients.
Oui, le taux de refus est de 20,17 p. 100 aujourd'hui. Il vous faudra me croire sur parole jusqu'à ce que vous le constaterez dans le rapport que présentera Mme Legault à sa prochaine comparution.
Au sujet de notre préparation, j'ai tenté d'en parler il y a quelques minutes. Permettez-moi d'y revenir. Lorsque notre organisation a été assujettie à la Loi sur l'accès à l'information. Nous avons fait preuve de diligence raisonnable. Je vous ai dit que nous avions parlé avec le Secrétariat du Conseil du Trésor et essayé d'obtenir les nombres des demandes que recevaient les organismes du gouvernement fédéral et les sociétés d'État. Nous avons consulté la BBC puisque c'est l'organe d'information qui ressemble le plus à la SRC en termes d'accès à l'information. Nous avons examiné la quantité et le nombre de demandes. Nous avons reçu 434 demandes durant les deux premiers mois. La BBC a reçu 80 demandes pour une population de 70 millions de Britanniques et elle est de trois a cinq fois plus grande que la SRC.
Oui, nous nous sommes préparés en faisant preuve de diligence raisonnable. Nous avons été surpris et dépassés et nous y travaillons.
Le comité a quelques autres affaires mineures à régler.
Commençons par l'approbation du procès-verbal de la réunion du comité de direction qui s'est tenue plus tôt aujourd'hui. Seulement deux points nécessitent une approbation et une discussion. Le premier est que le calendrier des travaux du comité proposé soit approuvé tel qu'il est présenté. Ce calendrier vous a été distribué. Vous en avez tous une copie.
Le deuxième point est que le comité commence l'étude du rapport spécial de la commissaire à l'information intitulé « Le libre accès: une question d'ouverture » et c'est la raison pour laquelle nous convoquons la commissaire et le président de Postes Canada, M. Deepak Chopra. Ils seront invités à comparaître probablement en avril ou au début de mai, en fonction de leur emploi du temps.
La présidence souhaite que quelqu'un propose la motion.
M.Siksay en fait la proposition.
(La motion est adoptée.) [Voir le Procès-verbal]
Le président: Le dernier point concerne la motion de Mme Freeman.
Je vais demander à Mme Freeman de la lire et peut-être d'en parler pendant deux minutes au maximum. Nous donnerons la parole à ceux qui veulent intervenir, puis nous conclurons.
Madame Freeman.