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Comme il est 15 h 30, je déclare la séance ouverte et souhaite la bienvenue à tout le monde.
Cette réunion est tenue conformément au Règlement. C'est la dernière que nous consacrons à l'audition de témoins dans le cadre de notre étude des applications d'imagerie à l'échelle de la rue de Google, Canpages, etc. Le comité accueille aujourd'hui quatre témoins, dont deux par vidéoconférence.
Nous avons M. Jacob Glick, conseiller en matière de politique au Canada chez Google Inc., qui se joint à nous de Toronto. Nous avons aussi Mme Alma Whitten, ingénieure en chef responsable de la protection de la vie privée pour l'organisation mondiale Google, qui se joint à nous par téléconférence de Londres, en Angleterre.
Nous avons en outre deux responsables du Groupe Pages Jaunes qui, si j'ai bien compris, a récemment racheté la société Canpages. Nous accueillons donc François Ramsay, premier vice-président, conseiller juridique principal et secrétaire responsable du respect de la vie privée, ainsi que Martin Aubut, premier directeur, Commerce social.
Je voudrais souhaiter à tout le monde la bienvenue à la réunion. Avant de donner la parole aux témoins pour leur permettre de présenter leurs exposés, je voudrais m'assurer que nos liaisons fonctionnent bien.
Monsieur Glick, êtes-vous en ligne? Pouvez-vous m'entendre?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous avoir invités au comité. C'est un plaisir de comparaître devant vous.
Je suis accompagné cet après-midi par Martin Aubut, qui est premier directeur, Commerce social, du Groupe Pages Jaunes. Martin est un expert d'Internet. J'ai cru bon de l'inviter pour le cas où vous auriez des questions à poser sur des sujets que je ne connais pas très bien.
À part mes responsabilités de conseiller juridique général de Yellow Media Inc., ultime société mère de Canpages et du Groupe Pages Jaunes, je suis aussi agent intérimaire à la protection de la vie privée de la société.
Je voudrais commencer par vous présenter brièvement le Groupe Pages Jaunes, ou GPJ, qui a fait l'acquisition de Canpages en juin 2010.
Yellow Media Inc. est la principale société s'occupant d'Internet dans notre réseau d'entreprises, qui comprend le GPJ, la Trader Corporation et Canpages. Yellow Media possède et exploite quelques importantes entreprises et publications canadiennes, dont Yellow Pages Directories, YellowPages.ca, Canada411.ca, AutoHebdo.net, CanadianDriver.com, RedFlagDeals.com et LesPAC.com.
Nos destinations en ligne reçoivent tous les mois plus de 11,5 millions de visites, et nos applications mobiles servant à trouver des entreprises locales, de bonnes affaires et des véhicules ont été téléchargées plus de 2 millions de fois. Notre société est en outre un chef de file national en matière de publicité numérique par l'entremise de Mediactive, fournisseur de publicité numérique et d'initiatives de marketing desservant des organismes et des annonceurs nationaux.
Les prédécesseurs du GPJ ont publié leurs premiers répertoires en 1908. Nous avons des activités dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et employons environ 2 500 personnes au GPJ, 530 à Canpages et 1 200 à chez Trader.
Grâce à l'acquisition de Canpages, nous espérons être en meilleure position pour faire la concurrence à d'autres grands intervenants en ligne comme Google. Nous croyons que le rachat de Canpages renforcera notre compétitivité en développant notre effectif de ventes, nos capacités et nos produits, et en accélérant ainsi nos progrès en ligne.
En tenant compte des professionnels de la vente qui travaillent pour nous dans le GPJ ainsi qu'à Trader et Canpages, notre organisation de ventes compte au total quelque 2 000 personnes. Nous cherchons des moyens de mieux utiliser cette formidable force de vente qui cible les PME canadiennes.
Vous savez sans doute que le service Street View/Vue de rues est offert sur Canpages.ca sous licence de deux sociétés tierces, dont MapJack, pour certaines parties des villes de Vancouver, Toronto et Montréal. Ce service fonctionne depuis 2008. Nous avons recours au service Street View de Google pour le reste du Canada.
Selon l'endroit où on se trouve dans notre univers de sites Web, on utilisera la technologie Street View de Google et de Microsoft, à part celle de MapJack, fournisseur traditionnel de Canpages.
Je suis heureux de confirmer au comité que MapJack, fournisseur du service Street Scene/Scènes de rue de Canpages, n'a pas été utilisé pour recueillir des donnés réseaux ou des données utiles Wi-Fi. Par conséquent, nous n'avons jamais été en possession de telles données.
Les sociétés Yellow Media Inc., GPJ, Trader et Canpages sont déterminées à se conformer à la législation de protection de la vie privée qui s'applique dans notre secteur.
Nous serons heureux de répondre maintenant à toute question que les membres du comité voudront nous poser.
Je vous remercie.
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Je remercie le président et tous les membres du comité de m'avoir donné cette occasion de m'adresser à eux aujourd'hui.
J'ai consacré ma carrière, comme universitaire et maintenant comme directrice de la protection de la vie privée chez Google, à un seul grand objectif: permettre aux utilisateurs d'Internet d'assumer le contrôle de leur vie privée et de leur sécurité par des moyens intuitifs, simples et utiles.
C'est en fait le défi central de l'ingénierie de la vie privée. Les produits et les services, particulièrement sur Internet, évoluent constamment. De précieux nouveaux services, allant des réseaux sociaux aux vidéos en ligne en passant par l'informatique mobile, modifient sans cesse la façon dont nous réagissons les uns aux autres et utilisons l'information.
Ces services, qui se fondent en partie sur l'information que les fournisseurs tiennent de leurs utilisateurs, ont une valeur extraordinaire. Notre but est d'offrir à nos utilisateurs des produits innovants pouvant les aider à voir le monde sous des aspects nouveaux et passionnants.
Pour le faire et pour permettre aux utilisateurs de vivre des expériences agréables, nous comptons sur leur confiance. C'est notre plus grand atout. L'information que nos utilisateurs nous confient nous donne la possibilité de mieux apparier les chercheurs à l'information recherchée, de combattre ceux qui veulent escroquer nos utilisateurs ou compromettre l'utilité des résultats que nous leur offrons et de créer de nouveaux services tels que la traduction, la reconnaissance vocale, etc.
Nous essayons d'intégrer dans nos produits la transparence, le contrôle de l'utilisateur et la sécurité. Nous sommes constamment en train de revoir, d'innover et de recommencer pour nous assurer de répondre aux attentes des utilisateurs en matière de protection de la vie privée et de satisfaire leurs besoins de sécurité. Parce que la confiance des utilisateurs revêt pour nous une importance critique, nous croyons qu'il est très important de signaler que nous ne vendons pas les renseignements personnels de nos utilisateurs.
Google Dashboard constitue la pierre angulaire de nos efforts. Si vous n'avez pas vu cet outil, je vous invite à y jeter un coup d'œil à www.google.com/dashboard. Nous l'avons conçu pour offrir aux utilisateurs une sorte de guichet unique ou de panneau de commande leur donnant accès aux renseignements personnels liés à leur compte Google, de Gmail à Picasa et à l'outil de recherche ainsi qu'à plus d'une vingtaine d'autres produits Google.
À l'aide de Google Dashboard, un utilisateur peut voir, modifier et supprimer les données stockées dans son compte individuel Google. Il ou elle peut changer les paramètres régissant ses renseignements personnels, voir ce qui est partagé et ce qui est privé et vérifier les paramètres de n'importe quel produit.
Lorsque nous avons créé Google Dashboard, j'ai dit catégoriquement que je ne voulais pas qu'il s'agisse strictement d'un outil de protection de la vie privée. Par-dessus tout, je voulais que ce soit un outil utile auquel nos utilisateurs recourent souvent même s'ils ne pensent pas consciemment à la protection de leurs renseignements personnels.
Nous avons adopté une approche semblable dans le cas de notre réseau publicitaire. Notre gestionnaire des préférences publicitaires, qui est relié à chacune des annonces de notre réseau, permet aux utilisateurs de choisir de ne pas être ciblés et de se renseigner sur nos pratiques touchant la vie privée. Il est également important de savoir qu'il permet aux utilisateurs de voir les catégories d'annonces qui leur seront présentées, de choisir de nouvelles catégories d'intérêt et de désélectionner celles qui ne les intéressent pas.
En offrant ce service utile, nous espérons amener plus de gens à comprendre et à confirmer les paramètres régissant leurs renseignements personnels. Chose intéressante, nous avons noté que pour chaque utilisateur qui visite ce site pour se soustraire à la publicité, il y en a quatre qui choisissent de réviser leurs préférences et dix autres qui regardent la page et décident de ne rien faire.
Ce sont là d'excellents exemples des facteurs de transparence et de contrôle intégré dans les produits de façon à inciter les utilisateurs à en apprendre davantage sur le contrôle de leur information. Nous sommes fiers de ce que nous avons réalisé à cet égard.
Toutefois, malgré tous nos efforts, il arrive à l'occasion que nous fassions des erreurs. Comme le comité le sait, Google a découvert en mai qu'il avait, par erreur, inclus dans le logiciel des véhicules Street View des instructions qui recueillaient des échantillons des données utiles Wi-Fi, c'est-à-dire des renseignements transmis sur des réseaux Wi-Fi ouverts et non protégés. Soyons clairs. Google n'a jamais utilisé ces données recueillies par erreur dans un produit ou un service quelconque. Il n'y a pas eu de violation ni de communication de renseignements personnels à des tiers. Aussitôt que nous en avons eu connaissance, nous avons reconnu les faits et notre erreur.
Google travaille fort pour remédier de façon pleine et entière à cet incident. Nous admettons que nous devons faire mieux.
Mon collègue Jacob Glick vous a parlé en novembre de certains de nos plans destinés à renforcer nos pratiques internes de sécurité et de protection de la vie privée. Ces plans comprennent des responsabilités supplémentaires pour moi, dont je voudrais vous parler brièvement aujourd'hui.
Je suis enchantée d'avoir l'occasion, dans mon nouveau rôle, de rendre plus rigoureuses nos pratiques de sécurité et de protection de la vie privée. Dans le cadre de mes responsabilités étendues, j'aurai la possibilité de superviser les équipes d'ingénierie et de produits et de collaborer avec elles pour veiller à ce que les considérations de sécurité et de protection de la vie privée soient intégrées dans la totalité de nos produits.
Même si les fonctions qui correspondent à ce rôle sont lourdes, je suis sûre que je pourrai compter sur les ressources et le soutien interne nécessaires pour aider Google à faire mieux. De plus, je crois que l'engagement de Google à redoubler d'efforts pour former le personnel aura des effets très sensibles.
M. Glick en a parlé lorsqu'il a comparu devant vous le 4 novembre et je suis heureuse de vous en dire un peu plus à ce sujet. Nous voulons donner des pouvoirs à cet égard à chacun de nos employés. Nous voulons être sûrs que chacun des nouveaux produits que nous mettons en service répond aux normes élevées de sécurité et de protection des renseignements personnels que nos utilisateurs attendent de nous.
Nous sommes une entreprise innovatrice. Nous créons tous les ans de nouveaux produits qui contribuent à transformer la façon d'organiser l'information et d'interagir les uns avec les autres comme personnes. La confiance de nos utilisateurs est le fondement de l'entreprise Google, et nous nous sommes engagés à ne pas tenir cette confiance pour acquise.
Je suis maintenant disposée à répondre à vos questions.
Je vous remercie.
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Très volontiers. Je serai heureuse de vous l'expliquer.
Permettez-moi d'abord de donner quelques précisions sur ce que j'entendais quand j'ai dit que je ne voulais pas que ce soit uniquement un outil de protection de la vie privée. Tandis que mon équipe de protection de la vie privée cherche à créer des outils et à mettre en place des moyens de contrôle et de transparence dans tous les produits Google, nous restons très conscients de certaines critiques, souvent justifiées, d'après lesquelles les options et les paramètres mis à la disposition des utilisateurs sont enterrés derrière un lien ou une option de protection de la vie privée que personne ne consulte jamais.
Nous avons voulu être ambitieux en nous attaquant à ce problème. Nous avons donc conçu Google Dashboard, dans la mesure du possible, comme un endroit où les gens vont simplement pour voir tous les renseignements qui figurent dans leurs comptes pour toutes sortes de raisons, peut-être parce qu'ils cherchent quelque chose ou que c'est utile pour eux d'une façon ou d'une autre. En procédant ainsi, ils sont au courant des données et des renseignements conservés dans les différents services Google auxquels ils ont eu recours à un moment ou à un autre.
Ils savent ainsi quels services ils ont utilisé un jour, même s'ils l'ont oublié par la suite, et quelles données sont restées là. Ils sont ainsi mis au courant même s'ils n'ont jamais pensé à vérifier leurs renseignements personnels. Nous avons pensé que c'était un moyen pour nous de toucher, de protéger et de mieux servir un plus grand nombre de nos utilisateurs qui ne sont pas nécessairement très conscients des questions qui se posent au sujet de la protection de la vie privée.
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Votre question est excellente et j'espère être en mesure de réconforter le comité en donnant certaines assurances.
Ce que je peux vous dire, c'est que Canpages ou Groupe Pages Jaunes, en fait, n'est pas une compagnie de technologie très développée. On ne possède, ni chez Canpages ni chez Groupe Pages Jaunes, la technologie interne qui permette de produire un service comme Street Scene ou Street View.
Dans le contexte où M. Olivier Vincent était venu faire des interventions au comité en juin 2009, sauf erreur, il avait expliqué qu'on en était au tout début de la prestation de services de nature dite « Street Scene ».
Dans ce contexte, Canpages avait quand même eu la vision d'exiger de son fournisseur des assurances concernant la confidentialité. À moins que je ne me trompe, M. Vincent avait témoigné devant le comité en indiquant que la compagnie s'était engagée à détruire et à ne conserver aucune image qui n'aurait pas été brouillée, telle que celles de plaques d'automobile ou, sauf erreur, de visages.
Tout d'abord, je crois avoir dit au comité, lors de ma comparution le 4 novembre, que nous avions détruit les données recueillies au Royaume-Uni. En fait, je ne suis pas vraiment sûr que ce soit le cas. J'ai fait une erreur quand je l'ai dit parce que je pensais alors que l'enquête était terminée. Toutefois, elle ne s'est terminée qu'après ma comparution.
Je ne suis pas sûr que les données ont été supprimées. Je ne le sais vraiment pas. Toutefois, l'analyse qui sera entreprise au Royaume-Uni sera semblable à celle qui est faite au Canada et ailleurs dans le monde. Nous voulons confirmer toutes les obligations qui nous imposent de conserver les données aux termes de la loi afin de nous assurer que leur destruction n'est pas contraire à d'autres dispositions.
Encore une fois, c'est ce que j'ai mentionné en réponse à la question du comité et au point soulevé par M. Siksay: nous n'avons qu'une seule chance de détruire les données. L'analyste doit être extrêmement poussée si nous voulons être sûrs de bien faire les choses.
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Je ne voudrais pas me lancer dans des conjectures à ce sujet parce que je ne suis pas un spécialiste du droit américain.
M. Bill Siksay: Êtes-vous...
M. Jacob Glick: Il n'y a cependant pas de mystère. Je ne voudrais vraiment pas vous donner l'impression qu'il y a une loi secrète dont on n'a pas parlé. C'est précisément ce que la commissaire a dit au paragraphe 69. Il s'agit simplement « d'autres lois canadiennes et américaines, y compris les règles de droit sur la preuve ».
Monsieur le président, les membres du comité savent probablement qu'il y a des procès en cours aux États-Unis sur cette question. Nous devons donc nous assurer que le droit de la preuve est respecté. Cela ne veut pas dire que des décisions ont été prises dans un sens ou dans l'autre. Comme je l'ai dit dans mon exposé, je crois que chacun ici recherche exactement le même résultat, à savoir la suppression de toutes ces données.
Si vous me permettez une observation personnelle...
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Permettez-moi de vérifier quelque chose d'abord.
Sur ce point précis, je peux vous donner mon interprétation du droit parlementaire. Il est évident que, dans ce genre de situation internationale, les choses deviennent plutôt compliquées. Toutefois, M. Poilievre a dit à juste titre qu'une déclaration faite devant un comité parlementaire, y compris celui-ci, est soumise au privilège parlementaire et, partant, ne peut pas être utilisée devant un tribunal ou un organisme d'enquête du Canada. Toutefois, la présidence n'est pas tout à fait certaine que le privilège parlementaire, qui est bien connu, s'étend à des organismes étrangers tels que la Cour suprême des États-Unis. Je n'ai pas de réponse définitive à donner à ce sujet.
Je ne connais pas la réponse, mais je peux vous donner l'assurance que rien de ce qui se dit ici — et cela s'applique aux témoignages reçus par téléconférence — ne peut être utilisé devant un tribunal ou un autre organisme.
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Je vous remercie de votre question.
Je vais essayer de préciser ce que j'ai dit. Lorsque j'ai appelé la commissaire à la protection de la vie privée en mai pour l'informer de ce regrettable incident, je lui ai demandé ce qu'elle voulait que nous fassions de ces données. Elle a alors dit qu'elle souhaitait que nous les conservions parce qu'elle voudrait peut-être ouvrir une enquête ou faire une étude quelconque. En fait, le Commissariat a ouvert une enquête et a examiné les données. Nous les avons donc gardées à ce moment.
En même temps, des conversations du même genre avaient lieu ailleurs dans le monde, et certaines analyses ont été faites. Là où les autorités locales responsables de la protection de la vie privée l'ont jugé utile et là où nous l'avons jugé indiqué en fonction des différents systèmes juridiques, les données ont été détruites.
Aujourd'hui, un certain nombre de mois ont passé. Nous devons faire l'analyse en question en fonction des circonstances actuelles et non de celles du mois de mai.
Je suis encore un peu inquiète au sujet des mesures prises pour s'assurer que cet incident ne se reproduira plus jamais. J'ai été surprise d'apprendre que l'ingénieur qui a supposé que ce n'était pas une violation importante de la vie privée travaille encore pour Google.
Comme les différentes organisations essaient de déléguer la responsabilité des décisions aussi bas que possible dans la hiérarchie, j'aimerais que vous me donniez une idée de la nature de la formation spéciale que vous comptez dispenser en matière de protection de la vie privée. Est-ce que l'ingénieur en cause sera condamné à donner cette formation, un peu comme si c'était un service communautaire? Je ne comprends pas comment cette personne peut justifier ce qu'elle a fait. Et je ne comprends pas plus comment elle fait encore partie de l'effectif de Google.
Dans toutes les sortes de formation que j'ai connues, que ce soit pour la résidence en médecine familiale ou pour les nouveaux candidats, le principe fondamental était le suivant: connaître ce qu'on sait, connaître ce qu'on ne sait pas et savoir à qui s'adresser, et quand, pour obtenir de l'aide. S'il y a des gens capables de faire des hypothèses aussi grossières au sujet de ce qui constitue ou ne constitue pas des renseignements personnels, j'aimerais savoir quel genre de cours vous avez l'intention de donner. Que signifie l'expression « formation intensive » quand une personne de ce niveau peut se rendre coupable d'une violation aussi flagrante de la vie privée malgré la formation qu'elle a pu recevoir auparavant?
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Je vous remercie. C'est une excellente question. Je suis très heureuse d'avoir l'occasion d'y répondre en détail.
La députée vient de dire qu'il faut être conscient de ce qu'on ne sait et savoir à qui s'adresser pour obtenir de l'aide. Ces deux éléments jouent un rôle essentiel dans la formation et les mesures d'amélioration des procédures que nous mettons en place. Il est très important pour nous de sensibiliser l'ensemble de nos ingénieurs et de nos gestionnaires de produits. Toutefois, nous n'arriverons jamais en faire des experts internationaux de tous les aspects de la protection de la vie privée. Tenter de le faire serait courir à l'échec.
D'abord et avant tout, nous voulons sensibiliser nos gens à la nécessité de ne pas essayer de prendre eux-mêmes ce genre de décision. La vie privée est un sujet complexe qui nécessite, aussi bien chez Google que n'importe où ailleurs, l'intervention de personnes ayant une vaste gamme de compétences. De toute évidence, on a besoin pour cela de juristes. On a également besoin de techniciens experts qui comprennent parfaitement les possibilités de la technologie en cause. On a aussi besoin de spécialistes de la psychologie des utilisateurs qui puissent comprendre comment les utilisateurs d'un produit réagiront aux options qui leur sont offertes. Il faudra en outre des experts en politiques et en communications.
Le point le plus important sur lequel nous insisterons constamment dans le cadre de la formation, c'est que les ingénieurs ne doivent jamais faire eux-mêmes ce genre de jugement de valeur. Nous voulons les sensibiliser à l'environnement de la vie privée et aux préoccupations qu'elle soulève.
Nous sommes également déterminés à leur faire comprendre les principes Google de protection de la vie privée, qui sont fondés sur la transparence, le contrôle et l'administration responsable. Nous voulons surtout leur apprendre à ne jamais perdre de vue les processus améliorés que nous mettons en place pour nous assurer d'avoir des mesures à sécurité intégrée et des procédures d'examen réfléchies et pour veiller à ce que les ingénieurs n'essaient pas de se substituer aux avocats pour régler certaines questions.
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Nous en sommes conscients, évidemment. J'ai demandé ce matin à un collègue de Martin de me parler un peu de la technologie de MapJack et de la comparer à celle qui était utilisée par Google. On m'a expliqué aujourd'hui, que c'était une technologie beaucoup moins sophistiquée, beaucoup moins pointue que celle de Google ou de Microsoft.
En fait, c'est une technologie « rudimentaire ». Ce terme est peut-être plus approprié pour définir le type de produit qui avait été développé par MapJack. Si je peux m'exprimer ainsi, on a obtenu la permission d'avoir recours au volet technologique de MapJack.
Vous avez raison. Tout comme n'importe quel fournisseur de Groupe Pages Jaunes, on fait des interventions auprès de notre groupe. On se fie à celles-ci quand on n'a aucune raison de croire qu'on nous dit autre chose que la vérité. Bien sincèrement, on a été très clair sur cette question. On ne croyait pas, à la base, qu'il y avait déjà eu un problème à ce sujet. Cela n'avait jamais été porté à notre attention au cours de nos échanges avec MapJack.
Toutefois, compte tenu des travaux du comité et des questions qui avaient été posées à Google, on a, de manière proactive, demandé à MapJack d'obtenir cette confirmation, qu'on nous a donnée sans hésiter.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence en personne et en ligne.
Je crois qu'il est important de prendre un peu de recul pour nous rappeler pourquoi nous avons entrepris cette étude. Nous l'avons fait à cause de l'inquiétude suscitée par le service Street View et la collecte d'images. Toutefois, si j'ai bien compris où nous en sommes actuellement, je crois que nous convenons qu'il s'agit d'un moyen très utile et d'un projet valable. Les préoccupations relatives à la protection de la vie privée qui étaient initialement au premier plan semblent avoir été réglées dans une grande mesure grâce au floutage des visages et des plaques d'immatriculation et à la suppression rapide des images à la demande des utilisateurs. Cette partie de la solution adoptée me satisfait.
Pour ce qui est de la collecte accidentelle de données, nous avons tous des préoccupations parce que cela n'aurait pas dû se produire. Google a cependant agi d'une manière très responsable dans ce dossier. Nous avons des préoccupations légitimes autour de cette table, de même que tous les Canadiens qui se soucient de la protection de leurs renseignements personnels. Toutefois, comme je l'ai dit, Google a pris des mesures positives pour remédier à cette erreur, ce que j'apprécie personnellement.
Vous avez présenté des excuses pour l'erreur commise. Vous avez pris des mesures concrètes pour que cette situation ne se reproduise plus. De plus, si j'ai bien compris, vous collaborez étroitement avec le Commissariat à la protection de la vie privée pour être sûrs de vous conformer à la législation canadienne.
Ma question s'adresse à Mme Whitten. Elle concerne l'aspect international de la vie privée. Est-ce que Google a des experts en protection de la vie privée dans chaque pays? Ou bien les efforts déployés par les commissaires à la protection de la vie privée des différents pays, lorsqu'ils se retrouvent dans le cadre de conférences internationales et s'entendent sur certains arrangements internationaux, suffisent-ils pour établir des règles du jeu assez équitables pour qu'il ne soit plus nécessaire d'avoir un expert dans chaque pays?
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Je vous remercie de votre question.
Je dirais que c'est un peu des deux. Nous avons des experts locaux sur le terrain dans autant de pays que possible... en fait, dans la plupart des pays. En réponse à une question posée plus tôt, j'ai parlé de la nécessité de recourir à toutes sortes d'experts juridiques, techniques, etc.
Nous en sommes aussi très conscients sur le plan interculturel. Nous voulons donc que notre examen de vie privée nous donne des perspectives venant de tous les coins de la planète où nos produits sont vus et utilisés. C'est en partie la raison pour laquelle je suis maintenant basée en Europe: je peux ainsi veiller personnellement à apporter un petit peu plus d'équilibre grâce à l'expérience que j'ai acquise aux États-Unis.
Le Canada est certainement l'un des pays auxquels nous prêtons une très grande attention par suite des travaux de votre commissaire à la protection de la vie privée et de son influence sur la scène internationale. Nous comptons beaucoup sur les relations et les contacts étroits de Jacob avec le Commissariat. Nous faisons la même chose dans tous les pays où nous sommes présents.
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Oui. Il y a un certain nombre de points que je voudrais établir pour répondre à votre question.
Le premier, c'est que la collecte de données de base sur les points d'accès Wi-Fi à des fins de géolocalisation — je donnerai des explications ce sujet dans un instant — n'a rien de neuf. En fait, nous avons tardé à aborder ce domaine.
Je sais qu'un certain nombre de sociétés des États-Unis, d'Allemagne et d'ailleurs le faisaient déjà: elles recueillaient des renseignements de base sur les points d'accès Wi-Fi en vue de donner des services de géolocalisation. Lorsque nous avons envisagé ce service, nous avons probablement observé ce qui se passait dans le monde et avons constaté que c'était déjà une norme de l'industrie et que nous ne ferions rien de neuf ou de différent en recueillant nous-mêmes des renseignements de base.
Pour vous donner une idée de la nature de ces renseignements et du but que nous poursuivions en les recueillant, l'exemple le plus simple que je peux vous présenter est le suivant: Vous êtes debout ou assis dans un taxi au coin d'une rue. Vous sortez votre téléphone intelligent ou votre BlackBerry, qui affiche pour vous les réseaux sans fil qu'il peut voir afin que vous puissiez vous brancher s'ils sont ouverts ou si vous êtes un abonné. C'est exactement les mêmes renseignements que nous recueillons. Ce sont les informations diffusées par tous les services Wi-Fi pour permettre aux gens de les voir et de les utiliser d'une façon légitime.
Examinons maintenant le but de la collecte de ces renseignements. Si je suis debout au coin d'une rue et que je veux consulter Google Maps, par exemple, pour savoir comment atteindre ma destination, mon téléphone portable, qui fait partie de ce service de géolocalisation, peut utiliser trois réseaux Wi-Fi qu'il peut voir pour obtenir ma position et me donner les instructions nécessaires.
La raison pour laquelle on a recours aux réseaux Wi-Fi au lieu du modèle traditionnel fondé sur le GPS, c'est tout d'abord que la réception de l'information à partir d'un satellite consomme beaucoup plus d'énergie, sans compter que le GPS fonctionne mal à l'intérieur d'un bâtiment. Par conséquent, on peut utiliser les renseignements de base diffusés par les services Wi-Fi pour obtenir une position par triangulation et donner aux gens les instructions nécessaires pour atteindre leur destination. C'est une méthode qui marche très bien. On peut donc comprendre que beaucoup de sociétés l'aient adoptée.