Je vous remercie de m'avoir invité. Je suis très heureux que le Parlement fasse cette étude et je suis honoré de pouvoir y contribuer.
[Traduction]
Je suis ici parce que j'ai lancé il y a six mois le site Web openparliament.ca. Je sais que certains d'entre vous l'avez visité et avez eu de bons mots à son égard, ce que j'apprécie grandement. Mais pour ceux qui n'en connaissent pas l'existence, je dirais que c'est un site qui s'efforce de faciliter le suivi des activités de la Chambre des communes et de rendre des outils comme le hansard un peu plus intéressants et utiles. Sur mon site, chacun d'entre vous a sa propre page où l'on reprend ses déclarations récentes à la Chambre, les reportages médiatiques à son sujet, les votes auxquels il a participé, les projets de loi qu'il a parrainés et ainsi de suite. Tous ces éléments peuvent être retracés au moyen d'une recherche. Vous pouvez aussi laisser votre nom pour qu'on vous envoie un courriel ou une mise à jour lorsqu'un certain député prend la parole, lorsqu'on discute d'un projet de loi qui vous intéresse ou dès qu'un mot clé est mentionné.
C'est un projet que j'ai réalisé bénévolement dans mes temps libres et c'était avec un énorme plaisir que je constate que mon site est jugé utile et qu'il est consulté chaque mois par des dizaines de milliers de Canadiens.
Je dois vous dire que je n'ai jamais travaillé pour, ni même avec, le gouvernement. Alors mes commentaires au sujet d'un gouvernement transparent, l'objet de votre étude, correspondent dans une très vaste mesure au point de vue de quelqu'un de l'extérieur.
Le concept de gouvernement transparent — et vous entendrez également le synonyme « gouvernement 2.0 » — est une notion plutôt vague qui a pris bien des sens différents au fil des ans. J'estime toutefois qu'il traduit actuellement l'idée voulant que les récentes avancées technologiques peuvent permettre un mode de gouvernement davantage axé sur la mobilisation, la collaboration et l'appui à certains types d'innovations. Il va de soi que tout cela est fort attrayant pour moi, et pour vous aussi je l'espère, mais il faut bien avouer qu'il serait assez difficile de s'opposer à ces objectifs aussi vagues que réjouissants.
Parlons donc de quelque chose de plus concret dans un domaine que je connais un peu. Je vais m'intéresser à un aspect particulier de la question, celui des données transparentes.
Permettez-moi de vous citer le groupe de travail australien sur le gouvernement 2.0 dans son excellent rapport que je ne saurais trop vous recommander: « ... l'information du secteur public est une ressource nationale dont la diffusion la plus large possible suivant les conditions les plus permissives qui soient permettra de maximiser la valeur économique et sociale et de renforcer la contribution à une saine démocratie. »
À la simple évocation du terme « données », bien des gens voient leurs paupières s'alourdir et leurs épaules s'affaisser. Je trouve que c'est très malheureux. Dans mon cas, c'est l'effet contraire. Pour moi, les données sont synonymes de possibilités et de découvertes. J'espère vraiment pouvoir vous transmettre un peu de mon enthousiasme.
Examinons les définitions. Lorsque je parle de données, j'entends de grands ensembles de renseignements structurés de manière à ce que les ordinateurs puissent s'y retrouver. Je pourrais vous citer le hansard, les répertoires de polluants dans les rapports de l'industrie, les horaires d'autobus, l'imagerie par satellite, la liste des organismes de bienfaisance enregistrés et leurs rapports publics, les documents scientifiques financés par le gouvernement, les cartes numériques et les détails sur les différents codes postaux, et les rapports sur les médicaments prescrits et la prévalence des maladies. Les exemples sont innombrables. Si vous posez la question dans le secteur technologique, tout le monde vous répondra que les données ont une valeur inestimable.
De plus en plus, l'activité économique sur Internet est le fait d'entreprises qui trouvent de nouvelles façons de valoriser les données. Comme le disait Ray Ozzie, une véritable légende en informatique — et je suis bien placé pour vous le dire — qui est maintenant l'un des dirigeants de Microsoft: « Les données seront la bougie d'allumage des 25 prochaines années ».
À ce titre, il faut noter que la valeur des données n'est pas toujours manifeste au premier coup d'oeil. Il n'y a pas si longtemps, moins de 10 ans en fait, bien des gens n'accordaient pas une si grande valeur aux outils de recherche sur le Web, ces petites cases où vous tapez le terme qui vous intéresse. Ces outils étaient bien sûr tout de même offerts, mais comme produits d'attraction. Puis Google a fait son apparition et on s'est rendu compte que cette fonction de recherche pouvait valoir plusieurs milliards de dollars par année.
Plusieurs études ont été menées pour essayer de mesurer la valeur des données gouvernementales. Une étude européenne a fixé à 27 milliards d'euros la valeur du marché pour l'information publique utilisée; d'autres travaux en sont arrivés à des chiffres tout aussi impressionnants. Ces données sont extrêmement précieuses, et ce, pour bien des groupes différents: les gens qui s'intéressent aux politiques publiques, qu'il s'agisse de chercheurs ou, grâce aux possibilités croissantes, de simples citoyens engagés; les entreprises de différents secteurs industriels; les citoyens conscientisés qui disposent en quelque sorte d'un nouveau mode de collaboration avec le gouvernement aux fins de réalisations profitables à tous; et les gouvernements eux-mêmes qui peuvent désormais bénéficier en grande partie de cette innovation externe pour utiliser bien sûr les données aux fins de leur planification et de leurs programmes.
La valeur des données gouvernementales est peut-être reconnue, mais c'est leur caractère « transparent » qui peut permettre de les exploiter. Je crois qu'il vaut la peine de prendre quelques instants pour essayer de mieux comprendre ce qu'on entend par « données transparentes ».
Vous excuserez le jargon, mais je vous jure que c'est important. Les données doivent d'abord et avant tout être lisibles par machine.
Permettez-moi d'utiliser mon site comme exemple pour vous expliquer le tout. J'y ai reproduit le contenu du hansard à partir du site Web du Parlement. Compte tenu du mode d'accès offert, il est toutefois difficile d'en extraire les données que je souhaite reproduire, et il m'a fallu beaucoup de temps et bien des astuces pour y parvenir. Mais le tout demeure très fragile; si le Parlement change l'apparence ou le format de son site, le mien va s'écrouler. Comme il n'est pas facile d'extraire les données, il est également beaucoup plus complexe d'accomplir différentes choses, comme de rendre mon site entièrement bilingue — ce qui n'est pas encore fait— ou faire état des travaux des comités comme le vôtre.
Dans mon cas, ce n'est pas la fin du monde. Les obstacles ont été la source de bien des frustrations, mais mon site a quand même vu le jour. Bien souvent, il est tout simplement trop difficile d'utiliser de façon productive les données qui ne sont pas lisibles par machine. D'un point de vue strictement technique, il n'est pourtant pas si compliqué de rendre les données disponibles dans ce format qui se prête davantage à l'exploration. Les obstacles sont plutôt question de volonté et de culture.
Lorsqu'on parle de données transparentes, on pense à des données accessibles librement et gratuitement, deux considérations fort importantes.
[Français]
Pour être vraiment utiles, les données du gouvernement devraient être gratuites et accessibles.
[Traduction]
Elles devraient être accessibles sans frais, car c'est la façon la plus efficiente d'en tirer une valeur économique et d'appuyer l'innovation et parce qu'il n'en coûte à peu près rien au gouvernement pour communiquer l'information déjà existante via Internet. Elles devraient en outre être accessibles librement, au sens de la liberté d'expression, c'est-à-dire suivant des modalités permettant leur réarrangement et leur rediffusion de manière à maximiser leur valeur.
Je veux insister sur le fait que le reformatage est une réalité bien concrète. Le site openparliament.ca en est bien sûr un exemple, mais je pourrais vous en citer d'autres dont j'ai moi-même fait l'expérience.
J'ai vécu pendant un certain temps à New York où le merveilleux site Web EveryBlock extrait les détails anodins de l'administration municipale — permis de construction, permis d'exploiter une entreprise, inspections de restaurants, rapports de police, réunions du conseil — pour les restructurer en vue de publier un journal pour chaque quartier. Les informations générales deviennent ainsi intéressantes lorsqu'on les filtre en fonction de ce qui peut intéresser les différents voisinages et l'on facilite ainsi grandement la participation citoyenne à l'administration locale.
Voici un autre exemple tiré de ma vie privée. J'ai étudié brièvement dans le domaine de la santé publique. C'est un secteur où l'on s'efforce souvent d'utiliser des ensembles de données disparates — par exemple sur l'incidence du cancer et l'émission de polluants — pour essayer de les combiner et de les reformater afin de générer des hypothèses permettant d'améliorer la santé des Canadiens.
Voilà pourquoi il est essentiel que le gouvernement parte toujours du principe que l'information doit être mise en commun, plutôt que d'adopter une politique des portes closes, et que la licence ouverte, comme celle de Creative Commons et plusieurs autres, devienne la norme pour l'information gouvernementale, de préférence aux restrictions actuelles découlant des droits d'auteur de la Couronne qui freinent l'innovation.
Tous ceux qui ont voulu travailler avec les données gouvernementales se sont heurtés à ces portes closes, la position par défaut de nos autorités. Voici quelques exemples personnels de situations où j'ai dû solliciter ce qu'on appelle la permission du Président. Je peux ainsi reproduire le contenu du hansard pour la Chambre des communes, mais ce n'est pas le cas pour le Sénat. La reproduction serait alors illégale. Les droits d'auteur de la Couronne s'appliquent à vos photographies officielles, et je n'ai pas eu la permission de les utiliser. À l'échelon municipal, j'ai essayé d'obtenir les cartes numériques des arrondissements de Montréal de même que les horaires d'autobus, mais on n'a pas acquiescé à ma demande, même s'il n'aurait fallu que cinq minutes bien comptées pour me faire parvenir le tout en format lisible par machine.
Il y a quelques années, un ami à moi s'est heurté à un refus semblable lorsqu'il a voulu obtenir les mêmes renseignements — horaires d'autobus, cartes et arrondissements — de la ville d'Halifax. Il a toutefois poussé les choses plus loin. Sa demande d'accès à l'information a été rejetée tout comme sa démarche devant un tribunal qui a notamment fait valoir qu'une carte numérique n'était pas un document, mais bien un mécanisme pour produire des documents.
Il va de soi que je n'étais pas d'accord avec ce verdict, mais j'ai tout de même retenu l'expression « mécanisme pour produire de l'information ». Dans une économie du savoir, c'est pas mal ce qui est important: un moyen de créer de l'information. Pas plus tard que samedi dernier, des milliers de citoyens de toute la planète et des centaines de Canadiens se sont mobilisés à l'occasion de ce qu'on a appelé une journée pour la transparence des données, un événement piloté par David Eaves de Vancouver et une formidable équipe ici même à Ottawa.
[Français]
Pour ma part, j'ai collaboré avec le groupe montréalais. Une vingtaine de personnes ont travaillé à une douzaine de projets à l'échelle municipale, notamment à un site permettant de savoir quelles patinoires de la ville sont ouvertes et lesquelles ont été arrosées, ainsi qu'à un système visant à avertir les conducteurs quand il y a de nouveaux chantiers sur leur parcours habituel.
[Traduction]
Les cartes numériques sont un outil de création de l'information. C'est ce que confirme l'expérience de Ressources naturelles Canada, le seul ministère fédéral doté d'une véritable culture de la transparence des données. Les ensembles de données géographiques de RNCan sont utilisés par une vaste communauté de chercheurs qui sauront vous dire à quel point ces données leur sont précieuses. Elles sont également largement utilisées par l'industrie, y compris les secteurs minier et forestier, bien évidemment, mais aussi par les promoteurs immobiliers et les exploitants de restaurant. Je me suis moi-même servi des données du programme GeoGratis de RNCan pour un récent projet visant le repérage des bureaux de scrutin lors des élections municipales.
J'ai la ferme conviction que cette faculté de créer de l'information et de stimuler l'innovation est l'un des arguments les plus probants en faveur d'une politique de gouvernement transparent et de diffusion ouverte des données. Il existe de nombreux points de vue à partir desquels on peut revendiquer l'accès libre aux données et préconiser le concept plus global de transparence du gouvernement. Je ne vous en ai présenté qu'un seul aujourd'hui. J'aurais aussi pu vous parler par exemple de reddition de comptes en toute transparence, un concept en soi très important, mais j'espère avoir été en mesure de vous transmettre tout au moins partiellement l'enthousiasme que ces enjeux suscitent chez moi comme chez un nombre grandissant de Canadiens. J'espère d'ailleurs que notre pays emboîtera le pas à un mouvement mondial en pleine évolution qui laisse entrevoir un avenir prometteur.
Je vous remercie.
Je disais donc que le gouvernement transparent n'est plus une simple tendance: c'est devenu un mouvement planétaire. Les gouvernements de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni ont fait la preuve que les nouvelles technologies permettent aux gouvernements nationaux de devenir davantage transparents et responsables de leurs actes envers leurs citoyens.
En prêchant par l'exemple, la ville d'Edmonton a grandement contribué au mouvement en faveur d'une plus grande transparence dans l'administration gouvernementale et l'accès aux données au Canada. En mars 2010, nous avons été invités à Canberra, dans le Territoire de la capitale de l'Australie, pour rencontrer les membres du groupe de travail sur le gouvernement 2.0 ainsi que les hauts fonctionnaires travaillant à la mise en oeuvre des orientations imprimées par ce groupe.
Nos stratégies et nos pratiques ont fait l'objet de différents articles publiés au Canada, en France et dans la région Asie-Pacifique. En 2009, nous nous sommes penchés sur l'utilisation de l'information et de la technologie à la ville d'Edmonton. Cet examen nous a inspiré notre nouvelle orientation stratégique fondée sur le juste équilibre entre la nécessité de répondre aux besoins des différentes instances municipales chargées d'offrir des services aux citoyens et aux entreprises, et l'élaboration de solutions technologiques durables pour la communauté dans son ensemble.
Pour en arriver à cet équilibre, nous devions obligatoirement tenir compte des possibilités offertes dans le cadre de ce que nous appelons notre « écosystème transparent ». À l'intérieur de cet écosystème, nous élaborons des solutions en misant sur la transparence des données, des sources, des systèmes et des réseaux. Pour ce faire, nous avons intégré à notre écosystème des entreprises d'Edmonton de même que d'autres ordres de gouvernement et différentes organisations publiques.
Nous avons déterminé que la première chose à faire était de créer un catalogue de données accessible à tous. La ville proposait déjà sur son site Web des documents en format PDF et RTF, mais ce n'est pas nécessairement ce qui convient le mieux pour les gens qui souhaitent utiliser nos données afin de concevoir des logiciels. Notre catalogue permet donc l'accès aux données dans un format lisible par machine, ce qui augmente d'autant l'utilité de nos informations municipales.
En octobre 2009, le conseiller Don Iveson a formulé une requête dans laquelle il posait les questions suivantes à l'administration municipale:
Dans quelle mesure l'administration municipale est-elle consciente de l'importance de l'accès libre aux données dans la gestion des affaires de la ville?
Quelles sont les initiatives en cours au sein de l'appareil municipal qui pourraient aller dans le sens de l'objectif de transparence des données?
Quelles autres initiatives sont envisagées par la ville et au moyen de quels critères en établit-on la pertinence?
L'administration municipale se tient-elle aux faits des bons résultats obtenus ou des difficultés éprouvées par d'autres instances, et plus particulièrement par les grandes villes canadiennes, et, le cas échéant, quelles informations pourraient être transmises au conseil municipal à cet égard?
Quelles seraient les prochaines étapes recommandées par l'administration municipale relativement aux plans et aux stratégies en matière de transparence des données?
Le 13 janvier 2010, l'administration municipale a répondu à cette requête et lancé notre catalogue offrant l'accès libre aux données. En misant sur l'innovation et la créativité, on a pu dresser ce catalogue en à peine trois semaines. Il renfermait au départ 12 ensembles de données. Il en compte maintenant plus de 40, dont ceux des conseils scolaires et d'autres organisations.
On voit se multiplier les exemples d'utilisation concrète des données reformatées à la suite de leur libre diffusion. Après la fermeture des bureaux de scrutin, le 18 octobre dernier, les résultats électoraux les plus récents étaient affichés à toutes les cinq minutes sur notre catalogue et pouvaient être visualisés grâce à une application conçue par un informaticien d'Edmonton. Ce spécialiste s'est servi de la même application pour permettre la visualisation des résultats des élections municipales ontariennes la semaine suivante. Ainsi donc, grâce à la transparence des données et à l'esprit d'entreprise d'un Edmontonien, les résidants de London, d'Ottawa et de Toronto ont également pu suivre la soirée électorale en Ontario.
Dans le cadre de notre écosystème transparent, nous avons également tenu en 2010 un concours où les concepteurs de logiciels devaient créer des programmes utiles pour les citoyens en se servant des données transparentes de la ville d'Edmonton. Nous étions la première municipalité et la première instance gouvernementale au Canada à organiser un tel concours doté de 50 000 $ en prix qui a permis à des entreprises et des particuliers de concevoir 32 applications. En outre, 86 idées ont été soumises par le public. Le concours Apps4Edmonton a remporté un vif succès. Voilà qui illustre bien dans quelle mesure un gouvernement transparent peut être tout à fait à l'écoute des besoins de ses citoyens tout en offrant des perspectives de développement économique.
En octobre dernier, la ville d'Edmonton était en vedette à l'occasion du GTEC, la conférence sur la technologie dans l'administration gouvernementale qui se tient à Ottawa. La ville a présenté le travail des gagnants du concours Apps4Edmonton et deux des vainqueurs ont recréé leurs applications aux bénéfices des citoyens d'Ottawa pendant la conférence.
C'était là simplement quelques exemples de la façon dont la ville d'Edmonton tire profit du concept de gouvernement transparent et des innovations technologiques pour accroître la participation citoyenne aux fins de la diffusion de l'information.
Quelles seront les prochaines étapes pour Edmonton? La ville travaille en collaboration avec les villes de Vancouver, de Toronto, de Montréal et d'Ottawa à établir une relation de travail en vue de réaliser des progrès sur le plan de la transparence gouvernementale et du libre accès aux données. En nous regroupant pour nous pencher sur des questions comme la révision des conditions de notre licence d'utilisation de données et du format de notre catalogue de données, nous pouvons avancer plus rapidement et élaborer une démarche uniforme pour toutes les villes.
À Edmonton, nous élaborons actuellement d'autres stratégies de transparence gouvernementale en déterminant quelles politiques et règlements doivent être adoptés pour assurer la durabilité du travail déjà effectué. La direction des services informatiques travaille avec les unités d'entreprises de la ville à rendre les données accessibles et à intégrer systématiquement des flux de syndication aux données ouvertes du catalogue dans les systèmes des entreprises de la ville. En 2009 et 2010, la ville a organisé des ateliers à l'intention de ses employés, du public et du personnel du secteur technologique. Durant ces ateliers, la ville a collaboré à mettre en oeuvre l'orientation en matière de transparence gouvernementale. Ce recours à la participation de la collectivité continuera de caractériser cette initiative essentielle.
La ville a également organisé un atelier sur la transparence gouvernementale à l'intention des municipalités de la région de la capitale, afin de les inciter à tenir compte des avantages d'offrir un accès libre à nos données, à nos connaissances et à notre expérience. Bon nombre de municipalités de la région de la capitale travaillent à des projets de libre accès aux données.
La Ville d'Edmonton travaille également en étroite collaboration avec le commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Alberta et le commissariat. La ville appuie la résolution adoptée le 1er septembre 2010 par la commission fédérale, provinciale et territoriale de l'information et de la protection de la vie privée intitulée « Résolution sur la transparence gouvernementale ». La ville travaillera avec le commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de la province, en 2011, en vue d'élaborer d'autres initiatives de transparence gouvernementale aux niveaux municipal et provincial en Alberta.
L'investissement de la ville dans un gouvernement transparent et son engagement à ce chapitre contribuent dans une large mesure à la qualité de la ville.
Encore une fois, je tiens à remercier l'honorable Shawn Murphy, président du comité, et les honorables membres du comité permanent de m'avoir donné l'occasion de faire connaître la valeur de la transparence gouvernementale pour la ville d'Edmonton.
Merci.
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Merci beaucoup. Je remercie également nos deux témoins.
Le gouvernement fédéral se compose de trois pouvoirs: le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Nous traitons ici principalement du pouvoir exécutif dans le cas de la transparence gouvernementale, mais je crois que nous continuerons, dans le cadre de l'étude du comité de la Bibliothèque du Parlement, à traiter davantage de l'approche relative à la transparence du Parlement que préconise Michael afin de nous assurer que nous, parlementaires, avons la technologie et les outils nécessaires pour mieux représenter les Canadiens entre les élections. Nous examinerons cette question.
Il va sans dire que nous devons être transparents sur les trois plans si nous voulons avoir un gouvernement transparent. J'aimerais savoir où nous en sommes à ce chapitre au Canada, selon vous. Dans le cadre de l'étude du comité, quel conseil nous donneriez-vous sur ce que nous devrions demander aux témoins?
Il est vrai qu'il est un peu tôt pour formuler des recommandations, mais en ce qui concerne la démarche la plus importante pour un gouvernement transparent, j'aimerais savoir ce sur quoi nous devrions nous concentrer en tant que comité et comment nous devrions procéder. De plus, du point de vue municipal, comment cela cadre-t-il avec ce dont nos citoyens communs, à tous les ordres de gouvernement, ont besoin pour gérer leur entreprise?
Je dois dire qu'au début, à l'Agence de santé publique du Canada, j'étais très enthousiaste à l'idée de connaître, grâce à la cartographie SIG des déterminants sociaux de la santé, les quartiers où les besoins sont criants, sur le plan de la pauvreté, de la violence, de l'environnement, du logement, de l'équité et de l'éducation, et de savoir comment on fusionnerait, comme vous l'avez dit, toutes ces données de sorte que les Canadiens sauraient que nous serions capables d'apporter un financement fondé sur les besoins en fonction de la cartographie des données.
Auriez-vous des conseils à nous donner, tous les deux, sur la façon d'entreprendre cet énorme projet?
C'est une excellente question. J'y ai beaucoup réfléchi au cours de la dernière année, en particulier lorsque le sénateur Lundy et son personnel m'ont invité en Australie, il y a quelques mois.
Je suis préoccupé par le fait qu'il y a quelques années, nous étions des chefs de file mondiaux en matière de cybergouvernance et de transactions sur le Web, mais qu'après avoir discuté avec des gens en Australie — et je suis aussi allé à Séoul et à Manille, il y a quelques semaines —, je constate que notre pays a perdu sa position de chef de file. Selon moi, il serait assez facile de la reprendre, car il existe une bonne collaboration entre les ordres de gouvernement partout au pays. La question est de savoir par où commencer.
Je crois que les commissaires à l'information et à la protection des renseignements personnels du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux et territoriaux ont accompli un travail unique, au début septembre. Je n'ai vu cela dans aucun autre pays ayant adopté une stratégie gouvernement 2.0. Généralement, en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, l'initiative vient d'un parti ou d'un politicien, ce qui est parfois problématique, car si les acteurs changent, comme ce fut le cas en Australie, comment savoir si la stratégie va survivre? Durant un certain temps, on ne savait même pas qui dirigeait le pays.
Je dirais que le groupe de travail gouvernement 2.0, ou le travail qui a été fait en Australie, est un excellent modèle. Il a compris une chose importante, que nous avons découverte au niveau local: la participation de la collectivité est nécessaire. La question est de savoir qui forme la collectivité.
Ce matin, au Musée de la guerre, j'ai pris la parole à un événement, le GoC3, un rassemblement de fonctionnaires, de spécialistes du Web 2.0 et de médias sociaux. On y parlait de technologie. À cette occasion, je leur ai dit, et je vous dirai la même chose, que nous avons, parmi nos 240 000 fonctionnaires, beaucoup de personnes créatives et très inspirantes, selon moi. Ils savent ce qui doit être fait. Il ne nous faut qu'un cri de ralliement, une stratégie pour les réunir. Je crois que nous avons tous les éléments qu'il nous faut au pays. Nous avons des fonctionnaires dévoués, des politiciens actifs à tous les niveaux, et nous sommes capables de travailler ensemble.
Je crois vraiment que si nous conjuguons nos forces au pays, dans tous les ordres du gouvernement, nous pourrons surpasser les autres pays, parce que leurs initiatives sont prises davantage par leur gouvernement national ou central et qu'on ne fait pas participer les municipalités, les États ou les provinces.
J'aime dire, entre autres choses, que, à Edmonton, la transparence du gouvernement n'est pas une notion nouvelle. Nous la pratiquons depuis 1905, depuis notre entrée dans la Confédération.
Grâce à la technologie, nous pouvons nous engager plus à fond. À l'égard des enjeux les plus récents dont il a été question à Edmonton, que ce soit l'aéroport municipal ou la patinoire couverte au centre-ville, on a organisé les réunions publiques traditionnelles, mais, également, une foule de médias sociaux en ligne. D'après moi, la transparence du gouvernement c'est faire ce que nous avons toujours pratiqué dans notre pays, à tous les niveaux de l'administration; mais, maintenant, grâce à la technologie qui nous permet de nous engager plus à fond et plus rapidement, cette transparence est multipliée.
Pourquoi est-elle importante pour les Canadiens? D'abord, actuellement, nous stagnons. Si nous continuons de faire du surplace pendant que tous les autres avancent, nous reculerons. Il faut faire quelque chose. Comme je l'ai dit, dans les années 1990, nous occupions l'avant-garde du gouvernement électronique. Plus aujourd'hui. Je pense qu'il serait facile de reprendre le premier rang. C'est important pour notre fierté nationale, pour tout ce que nous avons légué aux autres pays. Ils se sont appropriés beaucoup de nos joyaux — le basket-ball, le hockey, l'insuline — et nous exerçons beaucoup d'ascendant en ce qui concerne l'emploi de la technologie au gouvernement. Je pense que nous avons simplement besoin de regagner notre position de meneur.
La première chose que j'ai faite, devant l'obligation de répondre à l'enquête du conseil et de rédiger un rapport, c'est de partir à la recherche de collaborateurs dans le monde des médias sociaux. Mon rapport au conseil a été l'un des premiers écrits en collaboration. J'avais 39 collaborateurs, d'un peu partout en Amérique du Nord. La difficulté consistait à transformer toute l'information recueillie sous une forme qui serait présentable au conseil, tout en préservant l'intégrité de l'information sur leurs sources.
Nous nous sommes adressés deux fois à la collectivité: en novembre 2009 et en mars 2010. Nous nous sommes simplement manifestés à elle, en faisant appel à tous les intéressés.
À la première réunion, il y avait un certain nombre de fonctionnaires municipaux et quelques spécialistes de la technologie qui savaient ce sur quoi nous travaillions, soit 45 participants sur une population de 850 000 habitants. À la deuxième réunion, en mars 2010, 120 personnes étaient présentes. Nous l'avons diffusée en anglais et en français sur le Web, où se trouvaient 50 participants. Toutes les archives sont encore en ligne. Les participants venaient de partout au pays.
Pour la deuxième réunion, nous voulions des gens — pas seulement des technologues — d'autres administrations publiques, des universitaires, du monde ordinaire, tout simplement. Ce sont avec de telles gens que nous nous sommes finalement retrouvés.
Il s'agit tout simplement de participer à la conversation. Certains sont davantage intéressés à parler de l'utilité des données. Les développeurs veulent obtenir les données. Ils concevront des applications. Mais la masse veut savoir comment cela leur annoncera que, demain, par exemple, il faut déposer les ordures ménagères sur le bord du trottoir. C'est l'une des applications que l'on a créées.
Tous étaient invités.