Nous en sommes à la sixième réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Conformément au sous-alinéa 108(3)h)(vi) du Règlement, le comité entreprend aujourd'hui son étude sur les allégations d'ingérence dans les demandes d'accès à l'information. Le témoin que nous entendrons aujourd'hui est M. Guy Giorno, chef de cabinet au Cabinet du premier ministre.
J'aimerais vous rappeler, chers collègues, que le comité a accepté d'ajouter quelques points à l'ordre du jour qui pourront être examinés lorsque nous aurons le temps de le faire à l'une de nos réunions. Je les ai donc ajoutés à l'ordre du jour. Le témoignage de M. Giorno sera toutefois notre premier point et durera jusqu'à ce que le comité n'ait plus de questions à lui poser et soit prêt à passer au point suivant.
Ce matin, la commissaire à l'information a déposé les fiches de rendement de 24 institutions. Je pense qu'il s'agit d'un rapport sévère, mais juste. Je suis convaincu qu'on y fera allusion dans nos discussions avec M. Giorno.
Monsieur, je crois savoir que vous avez une brève déclaration liminaire à faire au comité.
Je vois que Mme Davidson aimerait tout d'abord poser une question.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à vous féliciter de votre réélection le mois dernier, et à féliciter Mme Davidson et M. Siksay d'avoir été élus vice-présidents. J'aimerais remercier le comité de m'avoir invité aujourd'hui et d'avoir répondu à ma demande de comparaître le plus tôt possible.
Comme nous venons tous les deux de nous le rappeler, monsieur le président — et je le mentionne à l'intention des membres du comité —, nous nous sommes rencontrés il y a 30 ans pendant la campagne électorale fédérale de 1980 lors d'un débat auquel participaient tous les candidats dans la circonscription d'Etobicoke-Centre et qui était parrainé par l'école secondaire Michael-Power où j'étudiais. Le président participait au débat à titre de candidat et d'ancien élève. Il se présentait dans la circonscription voisine de Mississauga-Sud. À 14 ans, je me démenais comme un diable pour un candidat appelé Joe Cruden.
Le soir des élections, même si le parti auquel j'appartenais alors avait remporté une victoire majoritaire, j'étais amèrement déçu que Joe et le président aient perdu des batailles très serrées. Il semble que l'histoire nous montre toutefois que mon appui ne voulait pas dire grand-chose, car au moment où le président remportait la première de ses six victoires d'affilée, j'avais déjà changé de parti. Nous n'aurions pu imaginer ni l'un ni l'autre à l'époque, je crois, que nous nous retrouverions ici 30 ans plus tard dans nos rôles respectifs.
Quoi qu'il en soit, je suis heureux d'être ici aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions, en particulier celles qui relèvent de ma compétence.
Les membres du comité sont conscients qu'à titre d'employé non élu du gouvernement embauché en vertu de l'article 128 de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, ce n'est pas mon rôle de parler au nom de l'ensemble du gouvernement. Comme je le répète souvent — et ce n'est pas la première fois que certains membres du comité m'entendent le dire — bien que je porte le titre de chef de cabinet du premier ministre, je fais simplement partie du personnel.
La suprématie du Parlement est garantie par le principe de la responsabilité ministérielle et c'est la pierre angulaire d'un gouvernement responsable. Ce principe exige que ceux qui exercent le pouvoir constitutionnel de la Couronne soient membres du Parlement et redevables devant celui-ci. Ce sont les ministres, et non des hauts fonctionnaires, qui exercent le pouvoir constitutionnel, et ce sont les ministres, et non des hauts fonctionnaires, qui doivent rendre compte au Parlement.
Lorsque les employés du gouvernement comparaissent devant un comité pour répondre aux questions, comme je le fais aujourd'hui, les réponses qui sont données ne changent rien au fait que ce sont les ministres, et non des hauts fonctionnaires, qui ont la responsabilité constitutionnelle d'exercer l'autorité et qui doivent rendre compte au Parlement. En d'autres mots, la présence d'un représentant comme moi et les réponses que je vais vous donner peuvent vous éclairer sur la responsabilité des ministres devant le Parlement, mais ne changent en rien cette responsabilité.
Le 23 janvier 2006, les Canadiens ont voté pour le changement. Ils ont signalé à tous les politiciens que le moment était venu de tourner la page et de changer les façons de faire du gouvernement fédéral pour toujours.
La première réforme législative du présent gouvernement a été la Loi fédérale sur la responsabilité, la mesure législative contre la corruption la plus rigoureuse et la plus complète de l'histoire du Canada. Elle témoignait de la détermination du gouvernement à faire le ménage à Ottawa après le programme des commandites. Elle a modifié le mode de financement des partis politiques fédéraux, pour le purger de l'influence des gros donateurs, des fonds de fiducie secrets, et des dons des sociétés et des syndicats. Elle a fait le ménage dans les pratiques d'attribution des contrats, des sondages, de la publicité et de l'approvisionnement à Ottawa pour s'assurer que l'argent des contribuables était bien dépensé. Elle a donné une protection blindée réelle aux dénonciateurs qui attirent l'attention sur des actes répréhensibles. Elle a mis fin à la pratique des portes tournantes entre les cabinets des ministres, les bureaucrates et les sociétés de lobbying mercenaires, et elle a renforcé la Loi sur l'accès à l'information en doublant presque le nombre d'entités qui y sont assujetties.
Comme l'a mentionné le premier ministre au moment du dépôt de la Loi fédérale sur la responsabilité, et je le cite: « Nous créons une nouvelle culture de la responsabilisation qui changera à jamais la façon dont les choses se passent à Ottawa ». L'objectif était de remplacer la culture du tout m'est dû par un gouvernement propre, car c'est ce pour quoi les Canadiens ont voté le 23 janvier 2006.
Le renforcement de l'accès à l'information était un élément central de notre loi contre la corruption. L'honorable John Baird a mentionné par conséquent le 25 avril 2006: « Les Canadiens méritent d'avoir un meilleur accès à l'information détenue par l'État. L'État fédéral appartient au peuple, et le gouvernement ne devrait pas inutilement empêcher les gens d'avoir accès à l'information ». L'accès à l'information est un droit de la population. En vertu de la Loi sur l'accès à l'information, tous les citoyens canadiens et tous les résidents permanents « ont droit à l'accès aux documents relevant d'une institution fédérale et peuvent se les faire communiquer sur demande ».
Tous les ministres ont délégué les responsabilités qui leur sont conférées en vertu de la Loi sur l'accès à l'information à des fonctionnaires désignés et ce sont ces fonctionnaires qui, en vertu des pouvoirs qui leur sont délégués, qui sont responsables des décisions prises en vertu de la loi. Aucun membre du personnel politique ne s'est vu déléguer de pouvoirs en vertu de la loi, et ainsi, aucun membre du personnel politique n'a le pouvoir de prendre des décisions dans le domaine de l'accès à l'information.
La nouvelle politique du Conseil du Trésor sur l'accès à l'information, qui est venue remplacer la politique plus faible de l'ancien gouvernement, prévoit ce qui suit. et fait référence à l'arrêté de délégation de pouvoirs, à la section 6.1.2: « Une fois l'arrêté signé, les pouvoirs, attributions ou fonctions qui sont délégués ne peuvent être exercés que par le responsable de l'institution ou son représentant délégué ».
Je le répète donc, aucun membre du personnel politique ne s'est vu déléguer des pouvoirs en vertu de la loi, et ainsi, aucun membre du personnel politique n'a le pouvoir de prendre des décisions dans le domaine de l'accès à l'information. Les membres du personnel politique sont assujettis aux directives émises sous l'autorité du premier ministre dans un livre intitulé Un gouvernement responsable: Guide du ministre et du secrétaire d'État. On peut y lire ce qui suit:
[Français]
à l'article 6.1 de la page 37 :
[l]e personnel politique n’est pas habilité à donner des ordres aux fonctionnaires, mais il peut leur demander de l’information ou leur transmettre les instructions du ministre, en passant normalement par le sous-ministre.
[Traduction]
Le respect du principe de gouvernement responsable est une condition d'emploi permanente pour les membres du personnel politique. Dans tous les ministères, ce sont les fonctionnaires, et non les membres du personnel politique, qui compilent les dossiers des réponses aux demandes d'accès à l'information, qui prennent les décisions et informent les demandeurs au sujet de la prolongation des délais, qui déterminent les exemptions obligatoires et discrétionnaires qui s'appliquent dans un dossier donné, et qui prennent la décision d'invoquer ou d'appliquer une exemption discrétionnaire.
Je ne peux pas parler des pratiques utilisées dans tous les ministères, mais je peux vous dire qu'au ministère du premier ministre — c'est-à-dire le Bureau du Conseil privé — lorsqu'une décision est prise au sujet d'une demande d'accès à l'information, avant la diffusion de la réponse, le cabinet du ministre — dans le cas présent, le CPM — est informé du fait qu'une décision a été prise au sujet d'une demande d'accès à l'information et que l'information sera diffusée. Cet avis préalable, habituellement donné, si je ne m'abuse, environ quatre jours avant la diffusion, vise notamment à informer le ministre du contenu du dossier, à le préparer à répondre aux questions posées en Chambre ou par les médias, et à lui permettre de fournir des explications à quiconque lui pose des questions à ce sujet.
L'avis préalable ne vise pas, et ne doit pas viser, à modifier la décision, à contrôler le contenu, ou encore à retarder ou à empêcher la divulgation de l'information. Cet avis s'inscrit toutefois en droite ligne avec le fait qu'en vertu de la constitution, chaque ministre est responsable du fonctionnement de son ministère. L'avis préalable ne modifie en rien le fait que les décisions concernant la diffusion, la prolongation des délais et les exemptions sont prises par des fonctionnaires impartiaux en vertu des pouvoirs qui leur sont délégués.
En terminant, j'aimerais simplement ajouter que ces points sont couverts dans le cadre de la formation du personnel. Il l'était avant mon arrivée. Après mon arrivée en 2008, une nouvelle édition du guide Pour un gouvernement responsable, qui traite de ces éléments, a été publiée. Depuis, j'ai pris des mesures particulières pour renforcer ces règles, y compris celles voulant que la Loi sur l'accès à l'information doit être appliquée et qu'il est interdit à un membre du personnel politique d'ordonner quoi que ce soit à un fonctionnaire concernant l'exercice de ses pouvoirs. Ces règles ont été confirmées et diffusées encore cette année. Elles ont été réémises et rediffusées, afin qu'il n'y ait aucune confusion possible.
Monsieur le président, je vous remercie, vous et les membres du comité, de votre patience. Je me ferai un plaisir maintenant de répondre à vos questions.
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D'accord. Eh bien, je suis un peu surpris que, à peine quelques instants après la publication de ce rapport, après cette conférence de presse, où l'on critique vertement le rendement du gouvernement en matière de respect de la Loi sur l'accès à l'information, vous veniez ici pour nous dire que nous devrions en quelque sorte acquiescer au bilan de votre parti dans ce domaine.
Elle a examiné le rendement de 24 organismes, et la majorité d'entre eux n'ont pas obtenu la note de passage. Si vous regardez les notes attribuées, vous constaterez en fait que certains ont reçu un « F ». Environnement Canada et Affaires étrangères ont un rendement tellement pitoyable qu'ils ont reçu une alerte rouge. Elle mentionne que les retards équivalent à de la censure.
Vous avez mentionné dans votre déclaration liminaire qu'il n'y a pas, non, d'ingérence des ministres, d'aucune façon, et que les décisions sont bel et bien prises par les agents chargés de l'information. Pourtant, à la page 60 de son rapport, sous Ressources naturelles Canada, elle mentionne:
L’effet conjugué de l’instabilité de la dotation, d’une délégation de pouvoirs diffuse et de l’intervention indue de cadres supérieurs dans le processus d’approbation s’est soldé par un taux inacceptable de conformité aux règles d’accès à l’information à RNCan en 2008–2009. Le taux de présomption de refus a doublé par rapport à 2007–2008.
Ces accusations sont endémiques dans diverses institutions, divers organismes qu'elle a examinés. Nous devons savoir, en vertu de quel pouvoir ces ministres font-ils de l'ingérence? Vous venez vous-même de le dire, ce sont les ministres et non le personnel qui sont responsables. En vertu de quel pouvoir font-ils de l'ingérence? Est-ce que cela découle d'une convention ou d'une loi? Je ne trouve pas d'exceptions dans la Loi sur l'accès à l'information qui permet, selon moi, ce genre d'ingérence.
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Bonjour, monsieur Giorno.
Je vous remercie de témoigner devant nous ce matin.
Vous avez commencé votre présentation en soulignant que, pour vous, l'arrivée au pouvoir du Parti conservateur en 2006 constituait un changement absolument positif sur le plan de la transparence. J'aimerais souligner qu'on ne fait peut-être pas tous la même lecture que vous. Pour beaucoup de concitoyens, de concitoyennes et de gens, l'arrivée au pouvoir du Parti conservateur n'était pas le début d'une ère nouvelle comme il l'avait prétendu.
En fin de semaine, je visionnais les discours de M. Harper. Lorsqu'il a été élu, il prétendait offrir un gouvernement intègre, ouvert et transparent. On voyait d'ailleurs celui qui était son candidat vedette, M. Allan Cutler, qui avait été l'instigateur de l'ouverture du dossier des commandites après la dérive libérale que nous avons connue, le scandale des commandites. M. Harper se présentait donc comme le chef d'un gouvernement de la transparence.
J'aimerais souligner que, tous azimuts, on considère que la situation est assez aberrante après quatre ans sous le régime conservateur. Il y a eu un reportage de l'émission Enquête, où Mme Hélène Buzzetti, présidente de la Tribune de la presse parlementaire canadienne, s'inquiétait fortement de la situation de l'accès à l'information au sein de votre gouvernement. Le Devoir, de son côté, notait qu'il faut 300 jours pour obtenir l'information sur les détenus afghans. Le Globe and Mail parlait de 32 mois pour obtenir l'information. L'agence de presse a eu droit à 82 jours supplémentaires pour obtenir l'information concernant les allégations au coeur de l'enquête sur M. Christian Paradis.
Tout le monde est en mesure de constater qu'il y a une multiplication des délais et qu'on exerce énormément de censure. Quand un gouvernement exerce ce genre de fonctionnement, avec des multiplications de délais et de censure des documents, cela constitue une atteinte aux fondements même de la démocratie. Ce sont les prétentions des journalistes.
En tant que parlementaire, depuis quatre ans, sous votre gouvernement conservateur, je vois également des choses. On a prorogé le Parlement et, par la force des choses, on est au coeur d'une tempête sur les prisonniers afghans, sur l'incident de l'environnement à Copenhague. Fermer le Parlement pour ne pas répondre à des questions aussi importantes que celles-là, c'est aussi bafouer la démocratie.
Ici, au sein de ce comité, nous avons travaillé pendant trois mois à essayer de faire des recommandations sur la Loi sur l'accès à l'information. Nous avons fait venir beaucoup de témoins, comme M. Marleau, nous avons revu toutes les recommandations faites par M. Reid pour améliorer cette loi, et nous avons reçu une maigre réponse d'à peine une page de M. Nicholson, qui nous disait de retourner faire nos devoirs. Je pense que l'on bafoue, encore une fois, le système parlementaire.
Je vous ai parlé du journal Le Devoir, du Globe and Mail et de la Presse Canadienne, mais j'ai oublié de parler de l'Ottawa Sun qui a écrit que Harper régnait comme un monarque sur une démocratie éteinte.
Il existe actuellement des allégations d'ingérence politique systématique des bureaux des ministres en vue de bloquer ou d'entraver la diffusion de l'information. L'article 67.1 de la Loi sur l'accès à l'information se lit comme suit:
67.1 (1) Nul ne peut, dans l'intention d'entraver le droit d'accès prévu par la présente loi :
a) détruire, tronquer ou modifier un document;
b) falsifier un document ou faire un faux document;
d) ordonner, proposer, conseiller ou amener de n’importe quelle façon une autre personne à commettre un acte visé à l’un des alinéas a) à c).
(2) Quiconque contrevient au paragraphe (1) est coupable :
a) soit d'un acte criminel...
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Merci, monsieur le président. J'essaierai d'être bref.
Le député a soulevé plusieurs points.
D'abord, le député fait référence à l'article 67.1 de la Loi sur l'accès sur l'information. Ce qui est en fait la loi. Pas plus tard qu'en février, j'ai envoyé une circulaire administrative aux chefs de cabinet des ministres qui confirmait les dispositions relatives à un gouvernement responsable auxquelles j'ai fait référence. J'ai confirmé la nécessité de respecter la loi et leur ai rappelé, et à leurs subalternes, que l'article 67.1 crée une infraction pour entrave au droit d'accès. J'ai envoyé cette circulaire le 9 février.
Comme suivi à cette circulaire, une formation a été offerte aux membres du personnel des ministres chargés de la gestion des questions ponctuelles. J'ai assisté à l'une de leurs réunions régulières et j'ai parlé de la Loi sur l'accès à l'information, de mes attentes et aussi de certains des points soulevés par le député.
Je pense que le bilan montre que le gouvernement a, en fait, introduit beaucoup de réformes positives à l'accès à l'information. Le député parle de responsabilité. C'est ce gouvernement qui, dans la Loi fédérale sur la responsabilité, a ajouté le paragraphe 4(2.1) de la loi, qui donne aux responsables des institutions — c'est-à-dire les ministres — la responsabilité d'assurer qu'il y ait des réponses complètes, précises et en temps utile sans égard à l’identité de la personne qui fait une demande. C'était une réforme faite par ce gouvernement et la politique du gouvernement relative à l'accès à l'information a été renforcée dans ce sens.
C'est en fait ce gouvernement qui à introduit, par le biais de la Loi fédérale sur la responsabilité, une exigence donnant au ministre concerné la responsabilité de compiler des statistiques afin que les députés, les médias et le Commissariat à l'information puissent poser le genre de questions qui sont posées.
Je termine en disant que le délai de réponse pose un problème qu'il ne faut pas ignorer. La politique du gouvernement demande que les ministères répondent dans les délais prescrits par la loi ou qu'ils prolongent les délais conformément à la loi, sous réserve du droit du demandeur à s'adresser au Commissariat à l'information et finalement à la Cour fédérale.
Cela est évidemment une préoccupation; autrement, le gouvernement n'aurait ni introduit la Loi fédérale sur la responsabilité ni renforcer la politique relative à l'accès à l'information comme il l'a fait.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être ici aujourd'hui, monsieur Giorno. Je suis sûr que vous êtes quelqu'un de très occupé et que vous auriez pu faire beaucoup d'autres choses ce matin. Je vous remercie donc d'être venu.
Je rejoins les propos des autres députés. Compte tenu de nos préoccupations concernant la demande initiale entourant cette question, mais compte tenu aussi du rapport de la commissaire à l'information présenté aujourd'hui, beaucoup d'entre nous sont très préoccupés par le développement d'une culture du secret, une culture du secret très bien développée; en fait ce gouvernement a accordé de moins en moins d'importance à la transparence. Nombreux sont ceux qui parmi nous croient que l'accès à l'information et la capacité des Canadiens et d'autres de consulter l'information du gouvernement constituent l'oxygène de notre démocratie. Le problème très grave que représente la privation de cet oxygène à notre démocratie nous préoccupe.
Le rapport de la commissaire à l'information présenté aujourd'hui est vraiment une affaire très grave. Le fait que ce rapport donne au Bureau du Conseil privé la note « D » doit être, je l'espère, très préoccupant pour vous et vos collègues. Le fait que la prestation d'un ministère, Affaires étrangères et Commerce international, a été si mauvaise que la commissaire ne pouvait même pas lui donner une note et qu'elle a dû déclarer une alerte rouge est extrêmement inquiétant et j'espère que le gouvernement se penchera immédiatement là-dessus.
Cela dit, je veux vous poser quelques questions bien précises. Vous avez décrit le processus de notification qui se déclenche quand une demande d'accès est prête à être divulguée. Vous avez dit qu'un avis de quatre jours était donné. Certains se préoccupent que ce processus de notification est en fait devenu un processus de consultation où des membres du Cabinet ont essayé de convaincre des fonctionnaires de divulguer moins d'informations. Ils ont suggéré que cela pourrait endommager les relations avec un autre palier de gouvernement, un gouvernement provincial ou un gouvernement étranger pour que ces informations passent par le Bureau du Conseil privé et accusent encore plus de retard.
Pouvez-vous nous dire un mot sur l'apparente transformation du processus de notification en quelque chose autre qu'une simple notification qui donnerait à un ministère le temps de préparer une réponse appropriée à l'information divulguée?
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Monsieur le président, je remercie le membre d'avoir posé cette question.
Je ne me prononcerai pas sur les statistiques auxquelles il a fait allusion; il s'interroge au sujet de mon expérience dans le domaine de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels.
Je pratique le droit depuis près de 20 ans. J'ai été admis au Barreau en 1991, environ 81 jours après que l'Assemblée législative de l'Ontario a mis en vigueur la première loi municipale sur l'accès à l'information au Canada. J'ai commencé à pratiquer dans ce domaine — la liberté de l'information, ou l'accès à l'information, comme on l'appelle dans bien des provinces — et j'ai comparu dans l'une des huit premières affaires jugées en vertu de la loi ontarienne, et j'ai comparu devant le tribunal dans le cadre de deux des cinq premières décisions de la cour en vertu de cette loi.
Peu avant de venir ici, j'ai été engagé, à titre d'avocat-conseil pour le compte d'un demandeur, dans un différend qui a duré quatre ans pour réussir à convaincre la cité de Toronto de fournir des documents relatifs à une transaction importante portant sur la vente de pylônes d'éclairage. Six décisions consécutives ont été rendues en faveur de mon client sur ce point, et j'ai réussi à combattre les manoeuvres d'obstruction. En fait, cette affaire a tellement traîné en longueur que trois des six affaires pour lesquelles on a rendu des décisions favorables aux termes de la loi ont été défendues lorsque je travaillais dans un cabinet privé; les décisions n'ont été rendues qu'après mon arrivée ici.
J'ai également de l'expérience à titre de demandeur, de tiers. Avant de venir ici, je faisais régulièrement des exposés à cet égard. M. Siksay est de Colombie-Britannique, où la loi est sévère. L'Ontario, ma province d'origine, et l'Île-du-Prince-Édouard sont les deux seules provinces où les hôpitaux et les établissements de santé ne sont pas assujettis aux lois sur la liberté de l'information ou l'accès à l'information. J'ai été un défenseur et j'ai soutenu que les hôpitaux devraient adopter les politiques d'accès à l'information de leur plein gré afin d'être plus transparents et responsables.
J'étais membre de la Freedom of Information and Privacy Association, société de Colombie-Britannique qui vise à promouvoir et à faire avancer la cause de l'accès à l'information gouvernementale. En fait, j'en ai fait partie jusqu'à ce que j'accepte mon poste actuel. En raison des règles qui régissent les conflits d'intérêts, j'ai dû quitter l'association.
J'ai passé la totalité de ma carrière d'avocat à travailler dans le domaine qui applique ces principes. Bien qu'en tant que fonctionnaire embauché en vertu de l'article 128 de la Loi sur la fonction publique je sois assujetti à certaines contraintes, je crois que mon expérience et mon point de vue à cet égard sont de notoriété publique.
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Merci, monsieur le président.
Merci aussi à vous, monsieur Giorno, de comparaître devant le comité.
Après avoir écouté votre déclaration préliminaire et vos réponses à certaines des questions qui vous ont été posées ce matin, j'ai beaucoup de difficulté à déterminer au juste ce que vous dites au sujet de la situation réelle et surtout à la lumière du rapport publié ce matin par la commissaire à l'information par intérim. Il y a ici deux tableaux différents.
J'en déduis que, compte tenu des travaux réalisés par la commissaire à l'information par intérim, vous aussi devez reconnaître qu'avec ce que vous dites, malgré le portrait idyllique brossé par M. Poilievre, la majorité des institutions qu'elle a observées ne sont toujours pas, dans les faits, en conformité avec la loi, elles sont plutôt aux prises avec des problèmes très sérieux. Soit elles reçoivent une note d'échec, soit l'une d'entre elles reçoit la cote d'alerte rouge.
Je veux en revenir à la situation avec M. Sparrow, parce que vous faites une distinction entre les demandes provenant des médias d'information et les demandes d'accès à l'information. Je me demande ce qu'est la distinction, car bien entendu, peu importe qui demande l'information, le même principe de transparence et de responsabilité doit s'appliquer. Alors, pourquoi une demande d'information d'ordre administratif serait-elle balisée par le Cabinet du premier ministre, ou le cabinet du ministre, comme ce fut le cas pour M. Sparrow, même s'il ne s'agissait que d'une question d'ordre administratif des médias d'information?
:
Merci, monsieur le président.
Je crois avoir répondu à cette question. Comme je l'ai expliqué, je m'en suis remis, par exemple, à l'autorité de M. Leadbeater. Par ailleurs, je fais remarquer que la version précédente du document intitulé Un gouvernement responsable était un document appelé Guide du ministre, et la version publiée en novembre 2003 par le nouveau gouvernement du premier ministre Chrétien a dit ce qui suit — et cela répond directement à la question du membre. Elle se trouve à la page 51, section V.6.
[Français]
En français, ce sont les pages 51 et 52.
[Traduction]
« Il vous est recommandé de traiter conformément à l'esprit, aussi bien qu'à la lettre de la Loi, les demandes d'accès à l'information que vous recevez du public; » — et voici le point principal —« vous avez le droit de vous attendre à recevoir de votre ministère des renseignements détaillés sur les demandes d'accès qui sont agréées. »
C'était la politique du premier ministre Chrétien et aussi des deux premiers ministres qui l'ont précédé.
Alors il n'y a pas de mal à informer le personnel du ministre ou le ministre que l'on a pris une décision et que des renseignements sont diffusés. Le point le plus important du processus est que la diffusion d'information ne devrait pas être retardée et que la décision ne devrait pas être modifiée.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Giorno, d'être parmi nous ce matin et de clarifier ces questions avec nous.
Je sais que dans votre déclaration préliminaire, vous avez dit que le gouvernement prend les demandes d'accès à l'information très au sérieux. C'est certainement la façon de faire, et j'étais, bien entendu, ravie de vous l'entendre dire. Je crois aussi fermement que le public a le droit d'avoir accès à l'information et qu'il a besoin de le savoir.
On nous a donné différentes statistiques aujourd'hui. On a fait allusion au rapport qui a été présenté ce matin, et on a réfuté la nature de certaines améliorations en relation avec d'autres rapports déposés. Je crois que c'est important. Je crois que c'est un point que nous devons ne pas perdre de vue. Je crois que nous devons bien comprendre que des améliorations ont été réalisées, et je crois que nous sommes certainement tous libres d'admettre qu'il y a lieu d'en apporter d'autres.
Alors je crois que nous sommes sur la bonne voie. Je crois que la politique est juste. Je crois que nous devons continuer à suivre la loi comme nous en avons l'intention.
Vous avez également dit dans votre déclaration préliminaire que l'on prend certainement ces demandes très au sérieux, et que le personnel politique n'a pas à s'y ingérer. Depuis que vous êtes chef de cabinet — je crois que c'était en 2008 ou dans les environs — qu'avez-vous fait pour inculquer aux membres du personnel politique l'importance de maintenir un gouvernement ouvert et transparent?
:
Monsieur le président, je pense que la députée pose une question intéressante. Elle a mentionné mon expérience en matière d'accès à l'information ou de liberté d'accès à l'information. Avant de travailler ici comme conseiller juridique et de traiter des questions relatives à l'accès à l'information, je, enfin, mon client et moi-même avons été victimes d'ingérence politique; je n'avais aucunement l'intention d'accepter le poste et de permettre qu'une telle chose se poursuive. Je tiens donc à être bien clair à cet égard.
Pour ce qui est de la loi sur le lobbying, de la loi qui régit les lobbyistes, j'ai dit avoir toujours été un défenseur des règles strictes, rigoureuses et sévères pour régir la conduite des lobbyistes. Pour une raison quelconque, le comité de la Chambre n'était aucunement intéressé à entendre ce que j'avais à dire, mais j'ai comparu devant le comité sénatorial qui tenait des audiences sur le projet de loi C-2, la Loi fédérale sur la responsabilité, et j'ai parlé expressément de la loi sur le lobbying et j'ai avancé l'idée de l'améliorer. Remarquez que le projet de loi était déjà très solide.
J'ai comparu par téléconférence devant le comité législatif de la province de l'Alberta qui envisageait de présenter la première loi sur le lobbying de la province. J'ai témoigné devant les membres du conseil de la Ville de Toronto et du comité législatif de la province de l'Ontario pour les exhorter à améliorer le règlement sur les lobbyistes au niveau municipal. J'ai été consulté par la République d'Irlande, par exemple, et d'autres pays membres de l'OCDE qui souhaitent adopter leurs propres régimes de lois en matière de lobbying. J'ai une vaste expérience en la matière.
Je ne me décrirais pas nécessairement en ces termes, mais quelqu'un a dit que j'étais l'un des grands experts, à tout le moins en dehors du gouvernement, en matière de lois et de règlements sur le lobbying. C'est un dossier dans lequel je croyais fermement avant de venir ici, pour la raison que j'ai expliquée: qu'il s'agisse des ressources du gouvernement, de l'argent des contribuables, de l'information ou des dossiers du gouvernement, des réseaux qu'un fonctionnaire ou qu'un membre politique se créent, cette information, cet argent et ces réseaux n'appartiennent pas aux politiciens, aux membres du personnel ou aux fonctionnaires; ils appartiennent aux Canadiens. C'est la raison pour laquelle il est important d'avoir un régime de lois solide, un régime d'accès à l'information solide et des règles en matière de reddition de comptes solides, dans l'ensemble.
Maintenant, en réponse aux observations de M. Poilievre concernant le bilan du gouvernement conservateur actuel, il convient de noter, aux fins du compte rendu, que le pourcentage de demandes où toute l'information est divulguée a diminué radicalement depuis que le gouvernement est arrivé au pouvoir, et le pourcentage de demandes déposées auprès de la commissaire à l'information a augmenté considérablement. Je pense que nous devons remettre les pendules à l'heure.
Cela dit, durant la conférence de presse de ce matin, la commissaire à l'information a dit qu'il y avait « un manque de volonté à faire preuve de transparence ». Elle a également dit que le Canada n'est plus un « chef de file en matière de transparence ». Ce sont là les propos de la commissaire à l'information. Elle a ajouté que nous devons changer la législation, essentiellement pour obliger le gouvernement à respecter les délais.
J'en conclus qu'en dépit du fait que vous ayez peut-être joué un rôle dans la création de ce genre de lois quand vous pratiquiez le droit, le simple fait de participer à l'établissement de la loi ne veut pas dire que vous sentez nécessairement le besoin de la respecter.
À vrai dire, monsieur Giorno, j'ai l'impression que la seule raison pour laquelle la commissaire à l'information recommanderait de changer la loi serait à cause du problème systémique du gouvernement actuel de toujours pousser les limites, à tous les niveaux.
Pourriez-vous me dire pourquoi, d'après vous, la commissaire à l'information voudrait changer la loi pour forcer les gens à la respecter? Et s'il s'agit d'une demande valable, recommanderiez-vous au premier ministre de changer la loi?
:
Monsieur le président, le député me demande de parler plus en détail de certains des changements qui étaient prévus dans la Loi fédérale sur la responsabilité. Je vais commencer par parler de l'accès à l'information avant de passer aux autres sujets.
On a apporté plusieurs autres changements à la Loi sur l'accès à l'information qui, encore aujourd'hui, n'ont pas reçu, selon moi, toute l'attention ou la publicité qu'ils méritaient.
La définition de « document » a été mise à jour dans la loi, et c'est important parce que l'ancienne définition de ce terme était une longue liste de différents types de médias et de supports dans lesquels l'information pouvait être contenue. Afin de rendre la loi neutre sur le plan technologique ou de lui permettre de s'adapter aux progrès technologiques, en fonction de l'évolution des pratiques de tenue des dossiers et de l'information, on dispose maintenant d'une définition très simple. On a supprimé la longue liste et ajouté la définition suivante:
« document » Éléments d'information, quel qu'en soit le support.
Bien entendu, c'est une amélioration qui favorise l'accès puisque cela signifie que, peu importe les changements technologiques, tout ce qui est en la possession du gouvernement tombe sous le coup de la loi.
La Loi fédérale sur la responsabilité a également prévu l'ajout d'un nouvel article à la Loi sur l'accès à l'information — je crois que c'était l'article 72.1 —, aux termes duquel:
Le responsable de tout ministère ou département d'État
... autrement dit, un ministre du Cabinet...
publie chaque année un rapport sur toutes les dépenses engagées relativement à son bureau et payées sur le Trésor.
C'est, encore une fois, une nouvelle disposition dans la Loi fédérale sur la responsabilité.
La loi a également prévu l'ajout d'un nouvel alinéa 70(1)c.1), en vertu duquel le ministre désigné est responsable, et je cite:
de la collecte annuelle de données statistiques permettant de faire une évaluation du respect de la présente loi et de ses règlements par les institutions fédérales;
Enfin — et c'est probablement la réforme la plus importante, mis à part le fait d'avoir presque doublé le nombre d'entités dans la liste... Monsieur le président, certains députés m'ont interrogé là-dessus tout à l'heure, et on a bien documenté les préoccupations avant 2006 voulant que le traitement varie selon les différents types de demandeurs — par exemple, les médias d'information ou les recherchistes de l'opposition. Bien entendu, ce n'est pas ce que prévoit la loi. Elle stipule que le traitement des demandes devrait se faire sans tenir compte du requérant; d'ailleurs, dans la loi britannique sur la liberté d'accès à l'information, on désigne cela par l'expression « applicant-blind ».
Alors, le paragraphe 4(2.1) exige clairement que les demandes soient traitées, et je cite: « sans égard à l’identité de la personne qui fait ou s’apprête à faire une demande ». Cette disposition vise justement à répondre à des préoccupations légitimes et bien documentées selon lesquelles un accès différent était accordé aux différents types de demandeurs.
Les tribunaux ont clairement établi ce principe, qui est prévu non seulement dans cette loi, mais aussi dans les lois sur la liberté d'accès à l'information des provinces et des pays partout dans le monde. Si François fait une demande de document, il devrait obtenir la même réponse que Françoise, tout comme le devraient Jean ou Jeanne; de même, si un journaliste présente une demande, il devrait obtenir le même traitement, en vertu de la loi, qu'un recherchiste de l'opposition, un intervenant ou un citoyen ordinaire. Le fait d'avoir clarifié ce principe et amélioré la politique sur l'accès à l'information constitue, à mon avis, une réforme très importante.
Et je m'excuse, monsieur le président, parce que je n'ai même pas le temps de parler des autres modifications prévues dans la Loi fédérale sur la responsabilité, qui ne sont pas liées à l'accès à l'information.
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Bonjour. Pour faire suite à ce qu'a dit M. Pierre Poilievre, je voudrais revenir sur votre bulletin chiffré. Le Conseil privé, qui reçoit les demandes d'accès à l'information visant le , refuse de répondre à une demande sur cinq, lorsqu'il y répond, et prend cinq fois plus de temps que celui prévu par la loi pour y répondre, quand il le fait. C'était mon commentaire.
À la suite de la question posée par ma collègue Mme Thi Lac et par Mme Foote, vous avez demandé si on pouvait vous donner un exemple précis d'ingérence de la part du personnel politique. Je vais vous parler d'un cas d'accusations pour ingérence. La Presse Canadienne en a parlé ainsi que plusieurs journaux.
La Presse Canadienne avait demandé, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, un document sur l'utilisation des immeubles fédéraux pendant que M. Paradis était ministre des Travaux publics. Alors que le document était sur le point d'être envoyé, un employé politique, soit le directeur des affaires parlementaires, Sébastien Togneri, a ordonné qu'on intercepte le document en question.
Étiez-vous au courant de cet événement? Dans l'affirmative, j'aimerais savoir quelles mesures vous avez prises, compte tenu que M. Togneri est toujours en fonction.
Ma question est-elle claire, cette fois-ci? Ça fait trois fois qu'on vous la pose, mais vous n'avez jamais...
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Giorno, même si j'adore un bon match de tennis, il semblerait que conservateurs et libéraux se renvoient la balle pour savoir qui a été mauvais et qui a été pire. J'ai hâte au jour où, peut-être, ce sera qui a été mauvais et qui a été meilleur dans ce domaine. Nous ne sommes certainement pas encore rendus là.
Je dois également dire que j'ai toujours aimé voir un type très partisan se débattre pour être non partisan. Et il a été très intéressant de vous voir dans ce rôle ce matin.
Je dois dire que le gouvernement libéral n'est pas la norme en ce qui concerne l'accès à l'information. Je pense que la norme en matière d'accès à l'information est facilement la plate-forme même du Parti conservateur pour les élections de 2006. Quiconque s'intéresse à l'accès à l'information serait d'accord pour dire qu'il s'agissait d'une plate-forme bien pensée et exhaustive. Je soupçonne, étant donné ce que nous avons entendu ce matin au sujet de votre intérêt personnel pour la question de l'accès à d'information, que vous êtes bien au courant de l'existence de cette plate-forme.
La plate-forme comportait huit points. Lorsque je regarde cela et d'après les questions que j'ai posées aux témoins depuis que je siège à ce comité, il semble que les conservateurs n'ont donné suite qu'à un seul de ces points — la Loi fédérale sur la responsabilité et son application à l'ensemble des sociétés d'État. Nous n'avons pas vu l'adoption des modifications ou des réformes à la Loi sur l'accès à l'information proposées par le commissaire à l'information. Nous n'avons pas vu le commissaire obtenir le pouvoir d'ordonner la publication de l'information. Nous n'avons pas vu l'examen des secrets du Cabinet par le commissaire à l'information. Nous n'avons pas vu les fonctionnaires êtres obligés de constituer les dossiers nécessaires. Nous n'avons pas vu de primauté de l'intérêt public pour toutes les exemptions. Nous n'avons pas fait en sorte que les exemptions à la communication de renseignements gouvernementaux ne soit justifiée que par le préjudice qui pourrait en résulter. Nous n'avons pas fait en sorte que les exigences de divulgation ne puissent être contournées par des dispositions relatives au secret dans d'autres lois fédérales.
Je constate que par rapport à cette norme, vous ne faites pas aussi bien que vous aimeriez nous le faire croire. Qu'avez-vous à dire à ce sujet? Quel est le plan? Y a-t-il un engagement substantiel ou est-ce que les conservateurs ont oublié ce que c'est que d'être dans l'opposition et combien l'accès à l'information est important au fonctionnement du Parlement et de notre démocratie?