Je vous souhaite la bienvenue à cette troisième réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous nous penchons sur le rappel de véhicules fabriqués par Toyota Motor Corporation.
Nous accueillons aujourd'hui le président-directeur général de Toyota Canada, M. Tomihara, et Stephen Beatty, directeur gestionnaire principal. Nous entendrons aussi le président et directeur de l'exploitation de Toyota Motor North America, M. Yoshi Inaba, et le président de Toyota Motor Manufacturing Canada Inc., M. Ray Tanguay.
Nous vous souhaitons la bienvenue à notre comité et vous remercions de votre présence.
À titre d'information pour les membres du comité, nous avons un comité combiné de l'industrie et des transports. À ce que j'ai compris, nous aurons besoin d'interprétation, alors je demande au comité son indulgence. Je déterminerai les périodes d'intervention en conséquence, pour que personne ne soit inutilement interrompu en plein milieu d'une traduction, en attente d'une réponse.
Monsieur Volpe, avez-vous des observations préliminaires à faire?
Merci d'avoir invité Toyota Canada à cette réunion du comité pour parler des rappels des véhicules Toyota.
Au cours des derniers mois, de nombreux Canadiens se sont interrogés sur la sécurité de véhicules Toyota et nous regrettons l'anxiété et les inconvénients que cette situation a causés à nos clients. Nous comptons aujourd'hui, en tant qu'entreprise canadienne, répondre à ces préoccupations.
Nous vendons plus de véhicules de fabrication canadienne au Canada que toute autre société. En fait, plus de la moitié des véhicules que nous vendons ici sont fabriqués au Canada. Nous sommes donc heureux de pouvoir saisir cette occasion d'expliquer pourquoi les véhicules Toyota sont sécuritaires et continuent d'être parmi les véhicules les plus sécuritaires et de la plus haute qualité du monde.
Je le sais parce qu'en tant que cadre supérieur chez Toyota, j'ai eu l'occasion de vivre de nombreuses expériences partout dans le monde. Il y a 10 ans, j'ai eu le privilège de travailler sur la mise en marché de la Toyota Écho hatchback, un modèle unique au marché canadien, pour les conducteurs canadiens et j'ai rapidement pu apprécier le caractère unique de ce marché.
En ma qualité de président-directeur général de Toyota Canada, mon mandat est de veiller à ce que nos opérations canadiennes soient conformes aux lois et règlements canadiens et respectent les valeurs fondamentales de Toyota à l'échelle mondiale. Une perspective canadienne est très importante pour situer le contexte du rappel et toutes les préoccupations entourant cette campagne, et pour parler de ce que nous ferons dans l'avenir pour minimiser la possibilité que de tels problèmes se reproduisent.
Nous sommes heureux de pouvoir profiter également de cette occasion pour faire quelques suggestions aux membres du comité sur la manière dont l'industrie, les organismes de réglementation et autres intervenants peuvent travailler ensemble pour assurer la sécurité de tous les véhicules sur les routes canadiennes.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Yoshi Inaba, président et directeur de l'exploitation de Toyota Motor North America, de M. Ray Tanguay, président de Toyota Motor Manufacturing Canada et de M. Stephen Beatty, directeur gestionnaire principal de Toyota Canada Inc.
Monsieur Inaba, je vous cède la parole.
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Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir convoqué ici aujourd'hui. J'apprécie cette occasion de venir au Canada et je tiens à vous dire tout le respect que je voue au système parlementaire canadien.
C'est toujours pour moi un grand plaisir que de venir au Canada parce que Toyota y bénéficie d'une tradition très riche. Toyota a commencé à vendre des véhicules ici il y a plus de 45 ans et a construit ses premières usines de fabrication de pièces pour l'Amérique du Nord en Colombie-Britannique il y a plus de 25 ans. Une usine d'assemblage de véhicules complets a suivi quelques années plus tard. De plus le Canada est actuellement le seul pays à l'extérieur du Japon à construire des véhicules Lexus. Donc je tiens très à coeur les centaines de concessionnaires Toyota et Lexus, les milliers d'associés de vente et de fabrication et, bien entendu, les millions de clients ici au Canada.
Cela étant dit, je pense qu'il est très important que je clarifie mon rôle ici au Canada et en Amérique du Nord. Mon rôle de président et de directeur de l'exploitation pour Toyota Motor North America est séparé des opérations de Toyota Canada. Bien que je sois responsable de l'ensemble des opérations consolidées en Amérique du Nord et généralement du développement commercial dans cette région, Toyota Canada est exploité en tant que coentreprise distincte qui distribue sous licence des véhicules au Canada. Ainsi, la responsabilité pour les véhicules Toyota et Lexus en circulation et pour la conformité de Toyota Canada avec les lois et règlements du Canada, y compris la Loi sur la sécurité des véhicules automobiles, incombe à MM. Tomihara et Beatty.
Par conséquent, je vous prie de ne pas interpréter le fait que je ne puisse pas répondre directement à vos questions comme un manque de respect. En vous priant d'adresser vos questions à M. Tomihara ou à M. Beatty, je m'assure que vous obteniez les meilleures réponses, et les réponses les plus directes à vos questions, de la part des cadres supérieurs de Toyota Canada qui sont les mieux à même d'y répondre, et j'admets mes connaissances limitées des activités quotidiennes qui se déroulent au Canada. Quoique ma capacité de contribuer à la discussion d'aujourd'hui soit limitée, je suis heureux d'être ici pour soutenir Toyota Canada, ses concessionnaires et ses clients.
Monsieur le président, M. Tanguay ajoutera maintenant quelques commentaires sur la fabrication de Toyota au Canada.
Merci.
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Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion de parler devant ce comité.
En tant que président de Toyota Motor Manufacturing Canada inc., je suis responsable de nos opérations de fabrication en Ontario. Cela inclut des usines à Cambridge et à Woodstock en Ontario.
[Traduction]
Depuis 1988, la capacité de notre usine de Cambridge est passée de 50 000 à plus de 270 000 véhicules, dont les modèles Corolla, Matrix et Lexus RX350. L'usine de Woodstock a ouvert ses portes en 2008 et a produit le RAV4. Elle a été la première nouvelle usine d'assemblage automobile à voir le jour au Canada depuis les années 1980. Je suis fier d'annoncer que, dans seulement six jours, soit le 22 mars, nous lancerons un deuxième quart de travail qui fera passer notre capacité à plus de 150 000 véhicules par année. Pour soutenir le lancement de ce deuxième quart, plus de 800 nouveaux membres d'équipe ont été embauchés au cours des derniers mois. Avec nos deux usines, TMMC pourra produire plus de 420 000 unités par année. Notre effectif comptera près de 7 000 membres d'équipe. En plus, TMMC fait affaire avec plus de 78 fournisseurs canadiens et crée des milliers d'emplois additionnels pour les Canadiens.
[Français]
Comme environ 55 p. 100 des véhicules que nous fabriquons sont exportés, nous contribuons de façon majeure à l'amélioration de la balance commerciale du Canada.
Encore une fois, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant ce comité.
Je passe maintenant la parole à M. Beatty, qui parlera des appels. Je vous remercie.
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Monsieur le président, merci d'avoir convoqué cette audience aujourd'hui.
Dans un monde parfait, les rappels n'existeraient tout simplement pas. Cela a toujours été notre objectif, mais nous savons aussi que nous ne pouvons pas supposer le monde parfait. C'est pourquoi Toyota a mis au point une approche unique en matière d'entretien des produits. Nous appelons cette approche « Détection anticipée, résolution anticipée », ou EDER. Ce processus décèle activement la présence de difficultés — pas seulement celles liées à la sécurité, mais celles couvrant tous les aspects de l'expérience de propriété Toyota.
Ici, au Canada, nous avons amélioré le système EDER en concluant des ententes d'échange de données avec tous nos concessionnaires, d'un océan à l'autre. Ce système unique, étroitement intégré et d'avant-garde dans l'industrie nous permet de passer en revue et d'étudier les tendances peu communes dans les réparations, et un système additionnel nous avertit automatiquement de toute activité de garantie hors du commun. Ces deux systèmes nous permettent de circonscrire rapidement les problèmes que pourraient présenter nos véhicules. Deuxièmement, Toyota a des ingénieurs sur le terrain en Amérique du Nord, qui se déplacent pour étudier les problèmes — que ces problèmes soient signalés par nos clients, nos propres enquêteurs ou Transports Canada. Toyota compte également une équipe spécialisée d'ingénieurs sur le terrain qui passent les mois d'hiver au Canada et peuvent rapidement cerner les problèmes potentiels attribuables à notre climat unique. Troisièmement, notre processus EDER exige, lorsqu'un problème est relevé, que nous intervenions.
De nombreux facteurs pourraient donner lieu à un incident. Il y a les défauts de produits, mais également d'autres facteurs sur lesquels les fabricants d'automobiles n'exercent aucun contrôle direct. Les modifications apportées aux véhicules, y compris l'installation d'équipement après la vente, des questions environnementales et des facteurs humaines, peuvent mener et mènent à des incidents. C'est pourquoi il est tellement important pour nos équipes EDER de trouver les causes fondamentales des problèmes.
Les leçons que retiennent nos équipes sont communiquées avec d'autres secteurs opérationnels de Toyota. Il importe néanmoins de se rappeler que les véhicules Toyota construits pour le Canada sont sélectionnés spécifiquement pour ce marché et plusieurs présentent des caractéristiques et spécifications uniques. Cette distinction est essentielle pour comprendre la différence entre les rappels portant sur les tapis protecteurs toutes saisons qui ont été lancés aux États-Unis et ceux qui ont eu lieu au Canada.
L'automne dernier, Toyota aux États-Unis a lancé un rappel touchant un certain nombre de modèles pour remédier aux problèmes potentiels de coincement des pédales d'accélérateur par des tapis protecteurs toutes saisons. Quand ce problème est apparu aux États-Unis, Toyota a mené une enquête approfondie pour déterminer si les tapis protecteurs toutes saisons canadiens provoquaient des problèmes semblables dans les modèles en question. Nous avons conclu que les tapis protecteurs toutes saisons vendus par Toyota Canada étaient de conception et de matériaux différents de ceux aux États-Unis, et donc la situation était différente.
Pourquoi alors avons-nous lancé un rappel, demanderez-vous? Parce que nous savions qu'il ne suffisait pas de dire à nos clients de ne pas s'inquiéter, pas lorsque leur confiance dans leur véhicule pouvait être ébranlée. C'est la raison pour laquelle, à la suite de discussions avec Transports Canada, nous avons annoncé une campagne volontaire et distincte d'amélioration de la sécurité en novembre portant sur les mêmes modèles qui étaient en cause aux États-Unis. De plus, notre enquête a abouti à la conclusion qu'il y avait de fait un tapis canadien problématique. Nous avons lancé un rappel lié à la sécurité exclusivement au Canada sur un tapis protecteur toutes saisons installé dans la Toyota Venza récemment mise sur le marché.
Pendant que nous travaillions à cerner et à résoudre le problème lié aux tapis protecteurs, nous avons été informés de quelques plaintes de clients, lesquelles ne pouvaient s'expliquer par les tapis protecteurs toutes saisons. Nous avons découvert que, dans de rares cas, une combinaison d'usure et de condensation pouvait faire que la pédale d'accélérateur était plus dure à enfoncer, plus lente à revenir à la position de repos ou, dans le pire des cas, rester collée en position partiellement enfoncée, mais pas — j'insiste là-dessus — en position plein gaz. Vous trouverez à l'onglet 7 du document que nous vous avons remis la chronologie des mesures adoptées.
À la lumière des situations concernant le tapis protecteur et la pédale, Toyota a rehaussé l'accent sur la qualité. Le président de Toyota Motor Corporation, Akio Toyoda, a annoncé un programme en six points décrit à l'onglet 8. Toyota Canada est en pourparlers sur la manière de coordonner mieux les initiatives de qualité canadiennes dans le cadre de ce programme. Soyez assurés que les problèmes connus au Canada feront partie intégrante de ce processus global.
Les problèmes des tapis protecteurs et de la pédale ne sont pas liés, et sont d'ordre mécanique. Certaines personnes ont néanmoins émis fait l'hypothèse que les véritables causes des plaintes relatives à l'accélération étaient des défauts du système de commande électronique du papillon des gaz, ou ETCS. Nous voulons répondre à ces questions une fois pour toutes.
Chaque véhicule Toyota et Lexus doté de notre système de commande électronique du papillon des gaz est équipé d'un mécanisme de sécurité intégré multiple qui, dans l'éventualité d'une anomalie, coupe le régime du moteur plutôt que de permettre au véhicule d'accélérer contre le gré du conducteur. Je tiens à ce que ce soit absolument clair. En conclusion de nos tests poussés, nous ne croyons pas qu'une accélération involontaire se soit jamais produite en raison d'un défaut de notre système de commande électronique du papillon des gaz.
Toyota a mené des essais sur le système de commande électronique du papillon des gaz en appliquant la norme d'essai européenne régissant le brouillage électromagnétique dans les automobiles, la norme ECE-R10. D'après les essais, le système de commande électronique du papillon des gaz de Toyota dépasse deux fois cette norme. La robustesse des mécanismes de sécurité intégrés dans le système de commande électronique du papillon des gaz de nos véhicules a été confirmée par la firme d'ingénierie Exponent, un chef de file mondial qui a mené ses propres tests indépendants. Le travail de la firme Exponent n'est pas encore terminé, mais nous ferons connaître les résultats dès qu'ils seront disponibles.
En plus des mécanismes de sécurité intégrés équipant nos systèmes de commande électronique du papillon des gaz, les systèmes de freinage Toyota sont conçus pour maîtriser la puissance du moteur. Nous venons de terminer un programme d'essai au volant à l'échelle nationale pour en faire la démonstration. Le système de priorité des freins constitue l'une des améliorations apportées à l'ensemble de notre gamme de produits. Ce système réduit la puissance du moteur lorsqu'on appuie sur la pédale de freinage en même temps qu'on enfonce la pédale d'accélérateur. D'ici la fin de l'année, tous les modèles Toyota et Lexus neufs seront équipés en usine du système de priorité des freins. Entre-temps, dans le cadre de nos programmes d'amélioration de la sécurité liée au tapis protecteur toutes saisons, nous intégrons le système de priorité des freins à plusieurs des modèles visés par nos campagnes. Un sommaire de ces rappels est fourni aux membres du comité à l'onglet 12 de notre document. Ce qui est important, c'est que nous avons cerné le problème, nous avons mis en oeuvre une solution, et avec un taux d'exécution de plus de 60 p. 100 sur les pédales qui coincent, nous ne tarderons pas à achever les correctifs.
Et finalement, chaque véhicule neuf Toyota et Lexus au Canada est équipé d'un enregistreur de données d'événements, ou EDR. Toyota Canada a fourni à Transports Canada un lecteur EDR et a offert de fournir une formation pour l'aider dans ses enquêtes. Il est important de noter que les véhicules ne sont pas tenus par la loi d'être équipés d'un enregistreur de données d'événements en Amérique du Nord. Il existe par contre un règlement de la NHTSA qui stipule que toute société équipant des véhicules d'EDR doit commercialiser d'ici à 2012 un outil de lecture EDR. Grâce au déploiement du EDR et des outils de lecture pour nos véhicules, nous offrons cette technologie bien avant 2012.
Avant de conclure, permettez-moi de donner suite à certaines des questions soulevées par le comité jeudi dernier. Lors de cette audience, Transports Canada a déclaré avoir reçu 17 plaintes concernant tous les problèmes d'accélération de tous les véhicules Toyota dans la période comprise entre 2006 et l'automne dernier. Bien entendu, un événement d'accélération involontaire sur une Toyota est un événement de trop. Cependant, nous n'avons pas 17 événements d'accélération involontaire. Il s'agit de plaintes touchant le contrôle de la vitesse, y compris les cas d'hésitation, de pannes de composants lors desquelles les mécanismes de sécurité ont fonctionné, et d'interprétation erronée de variations de régime normales sur les véhicules dotés du système ETCS. En fait, un seul événement sur les 17 signalés peut être qualifié d'événement d'accélération soudaine et continue. Cet événement concerne une Camry 1996 sans ETCS dont le papillon des gaz est commandé par câble. L'un des avantages du système ETCS, c'est qu'il élimine les risques de grippage d'un câble mécanique.
Il importe de souligner qu'une plainte n'est pas la même chose qu'un signalement de défaut. En fait, une plainte est le point de départ d'une enquête et une mesure est seulement prise si un défaut lié à la sécurité a été décelé. Transports Canada a noté que les 17 cas concernant Toyota représentaient un faible volume de plaintes, tout à fait conséquent avec les plaintes reçues contre d'autres grands fabricants d'automobiles. Il ne faut pas oublier que Toyota et Transports Canada sont tous deux tenus par la loi de remédier à tout problème de sécurité qui est relevé. Il n'est pas de l'intérêt de Toyota Canada, de nos concessionnaires ni de nos clients d'écarter les problèmes connus. Nous agissons s'il y a apparence de défaut.
Par souci de maintien de la confiance du public, nous avons fait appel à des experts indépendants pour tester et confirmer nos propres enquêtes et processus. Nous prenons très à coeur la sécurité de nos clients et la confiance qu'ils témoignent à nos véhicules. À ce chapitre, nous croyons que nous sommes à l'avant-garde de l'industrie.
Monsieur le président, j'aimerais porter à votre attention l'onglet 13 du cahier, où nous avons formulé quelques recommandations de politique publique que nous demandons à votre comité d'examiner. Je serais certainement heureux de pouvoir en parler plus longuement pendant la séance de questions et réponses si nous en avons le temps.
Monsieur le président, c'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Bonjour.
Good morning. Ohayo gozaimas. J'espère que je prononce bien. Mes parents m'ont enseigné qu'une personne bien élevée doit s'efforcer de souhaiter la bienvenue dans la langue de ceux qu'elle accueille.
Je vous remercie, messieurs, d'être venus témoigner devant le comité.
Je pense que nous avons tous certaines appréhensions quand les entreprises s'évertuent à défendre leurs intérêts. Les cyniques y voient de la manipulation de l'opinion publique. Je crois pour ma part que c'est une approche saine dans la recherche du profit. Il faut aussi, en contrepartie, faire les investissements nécessaires en ingénierie pour garantir la sûreté. Je crois que c'est ce dont le comité s'inquiète.
Je sais, monsieur Inaba, que vous connaissez bien les inquiétudes exprimées aux États-Unis. Là-bas, on craint que l'équilibre entre la protection des vies humaines et la recherche du profit soit menacé. Nous nous inquiétons des responsabilités et de la transparence, tant de la part du constructeur que de celle de l'État. Comme M. Beatty vient de l'indiquer, le lien est très étroit entre les deux acteurs. Il ne s'agit pas d'une question partisane; il y va de l'intérêt des consommateurs.
Je voulais vous parler, monsieur Inaba, parce que j'aimerais savoir si votre entreprise a une définition des défauts liés à la sûreté. Vous me semblez mieux placé que vos homologues canadiens pour répondre à cette question. Avez-vous une telle définition?
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais simplement vous expliquer très brièvement que, si vous examinez les plaintes dans la base de données de Transports Canada, vous verrez que, dans nombre de cas, lorsque le moteur se met à tourner plus vite subitement, c'est une indication d'un fonctionnement normal du véhicule, parce qu'avec le contrôle électronique du papillon, le moteur peut se mettre à tourner plus vite selon les besoins. Je serai heureux de vous expliquer cela plus en détail tout à l'heure.
Je tiens vraiment à souligner une chose. Même si on parle beaucoup de l'enregistreur de données routières, qui se mettrait à enregistrer des données en cas de freinage très brusque ou de déploiement des coussins gonflables, cet enregistreur n'est pas la seule source de données dans une automobile.
Compte tenu de votre propre expérience, monsieur le président, vous savez probablement que nos techniciens sont équipés d'instruments qui leur permettent de sonder l'historique de maintenance du véhicule et de détecter nombre de choses qui se sont produites au cours des derniers cycles de maintenance. Dans les ateliers de nos concessionnaires, nous sommes en mesure de voir quelles erreurs se sont produites dans le système. Les données sont enregistrées dans l'historique de maintenance dont j'ai parlé au cours de mon exposé.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie également, messieurs, d'avoir accepté notre invitation.
J'ai eu l'occasion d'interroger des représentants de Transports Canada et je leur ai fait part du fait que j'avais l'impression que le Canada était toujours à la remorque des États-Unis en matière de sécurité. Leur comparution devant le comité ne m'a pas convaincu.
Monsieur Beatty, lors de votre présentation, vous avez fait grand état des 17 plaintes, dont une seule était reliée à l'accélérateur. Cependant, les représentants de Transports Canada nous ont aussi dit que selon eux il n'y avait jamais eu de problème d'accélérateur par le passé. Cela ne semblait pas être une grande priorité. Par contre, M. Lehouillier nous a dit qu'il avait été très surpris d'apprendre que Toyota Canada avait reçu cinq plaintes concernant les accélérateurs, car Transports Canada n'avait pas reçu de transfert de données relatives à ces plaintes.
Cela m'inquiète et je me pose de sérieuses questions sur l'importance de la sécurité canadienne, par rapport à ce qu'on ne veut pas que les États-Unis sachent. Pourquoi la compagnie Toyota Canada a-t-elle reçu cinq plaintes concernant les accélérateurs et n'en a pas fait part immédiatement à Transports Canada?
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Merci, monsieur le président.
Je crois qu'il est juste de dire que Toyota a toujours joui d'une réputation de marque à l'échelle mondiale, du moins jusqu'à tout récemment, et que la plupart des gens seraient d'avis qu'elle est tout à fait méritée. Je dois dire que j'ai été moi-même le fier propriétaire d'une Camry durant 11 ans.
Je suis également ingénieur et je sais que l'on doit être vigilant lorsque l'on conçoit, construit ou répare une automobile, qui peut s'avérer un véhicule dangereux. J'aimerais revenir sur les statistiques que mon collègue, M. Volpe, vient de mentionner — celles de la NHTSA, qui révèlent qu'environ 48 plaintes d'accélération involontaire ont été déposées en 2000, un nombre qui a grimpé à 660 en 2009.
Cela me dérange de voir une telle augmentation. Vous avez mentionné qu'en fait, on parle de 17 cas de problèmes liés à l'accélération. J'aimerais vous parler de quelques témoignages inclus dans certaines plaintes déposées ici au Canada.
Dans une plainte reçue en avril 2004, on indiquait que la pédale de frein semblait coincée. Dans une autre, reçue en mai 2004, on faisait état de plusieurs incidents d'accélération soudaine et d'emballement du moteur. Comme vous l'avez souligné, cela n'était peut-être pas dû à la pédale d'accélération, mais peut-être à une montée soudaine en régime du moteur, pour des raisons inexpliquées. Quoi qu'il en soit, que ce soit à cause de la pédale d'accélération ou non, un tel incident imprévu surprend vivement le conducteur et peut augmenter les risques d'accident.
En janvier 2005, un plaignant a indiqué qu'il avait enfoncé la pédale d'accélération et qu'elle était restée coincée. En juin 2005, un autre plaignant a indiqué qu'il avait retiré son pied de la pédale d'accélération, mais que le véhicule avait continué à accélérer. Dans tous ces cas, le conducteur s'est rendu au garage, où l'on a examiné le véhicule sans trouver l'origine du problème. Cela s'est arrêté là.
Cette information et ces statistiques semblent indiquer qu'un problème ou des problèmes sont restés non résolus. Nous parlons ici de pédales d'accélération. Nous savons tous à quel point cela peut être dangereux. On peut penser que l'on aurait dû procéder à des rappels, mais qu'on ne l'a pas fait. Cela indique que les problèmes signalés n'ont pas été résolus durant une très longue période. On parle d'une période d'environ neuf ans, d'après les statistiques de la NHTSA. On peut penser que l'information qui aurait dû être fournie au public ne l'a pas nécessairement été.
Je sais que vous nous avez fourni des explications, mais comment faites-vous face à cette impression qui semble se dégager aujourd'hui? Et surtout, pouvez-vous garantir que les problèmes associés au tapis de sol et à la pédale d'accélération que vous avez signalés sont maintenant résolus?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais répondre d'abord à la dernière question en disant que nous avons entièrement confiance dans les correctifs que nous avons mis en place pour les tapis de sol et l'assemblage de la pédale. Encore une fois, je serai heureux, durant la séance ou plus tard, de vous expliquer en quoi consistent au juste ces correctifs, simplement pour que ce soit bien clair.
Il est également important de revenir en arrière et de consulter la base de données de la NHTSA, comme vous et vos collègues l'avez fait, mais aussi de la comparer à celle de Transports Canada. L'une des différences les plus importantes entre les bases de données des États-Unis et du Canada, c'est que celle de la NHTSA se fonde sur un questionnaire rempli par les clients, et non sur des incidents vérifiés. Elle ne porte que sur les incidents signalés sur son site Web. En revanche, les données que vous avez reçues de Transports Canada sont très différentes sur le plan de la qualité. Le ministère examine ces plaintes et tente de vérifier ce qui s'est passé. Dans bien des cas, ces plaintes ne sont pas transmises au constructeur, mais elles sont traitées par les enquêteurs de Transports Canada.
Durant la période dont vous avez parlé, au début de la décennie, presque tous les véhicules qui ont été touchés, surtout dans notre série, étaient dotés de dispositifs mécaniques de papillon des gaz. Depuis longtemps, les câbles d'accélérateur et de raccordements mécaniques des automobiles ont tendance à provoquer le grippage du système. C'est un défaut mécanique bien connu. En fait, au Canada, compte tenu de l'épandage d'abrasif et de nos conditions climatiques, le problème est peut-être pire. Le mouvement de commande électronique du papillon des gaz élimine le problème.
Lorsqu'on examine les données de la NHTSA, on constate qu'approximativement 40 p. 100 de tous les rappels effectués aux États-Unis relativement à l'accélération involontaire — et je vois que 12 fabricants sont touchés — concernaient des incidents liés au grippage d'un câble. Comme je l'ai dit, le problème disparaît lorsque nous utilisons les nouvelles technologies.
Nous nous sommes penchés sur nos propres données de garantie. Nous les avons transmises à une firme d'ingénierie indépendante pour qu'elle les examine. D'après nos garanties, aucun problème ne s'est produit après l'adoption du système de commande électronique du papillon des gaz. Nous sommes donc tout à fait convaincus que cette nouvelle technologie permettra de résoudre ce problème précis.
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Habituellement, nous entreprenons un processus provisoire. Au fur et à mesure que nous recevons d'autres rapports qui semblent faire état du même problème, nous les ajoutons à ceux qui sont envoyés au Japon. Chaque fois qu'un rapport est porté à notre attention, les données sont transmises aux ingénieurs.
Les ingénieurs commencent à examiner le processus. En général, lorsqu'une pièce est mise au point par un fournisseur externe, les ingénieurs travaillent en collaboration avec le contrôle de la qualité chez le fournisseur pour comprendre la nature du problème et en reproduire les conditions. Cela a été fait. Je ne peux pas vous donner de date précise, mais je suis certain que nous pourrons vous donner cette information plus tard, si nécessaire.
On cherche ensuite à savoir non seulement si l'on a identifié une situation dans laquelle ce problème se produit, mais également s'il s'agit du seul cas où cela se produit. On procède à de nombreux tests afin de déterminer si l'on a trouvé ou non la cause. En l'occurrence, on a découvert une combinaison d'usure et de condensation. Lorsque cela se produit, on doit tenter de mettre au point une solution. On ne peut pas apporter de réponse sans avoir trouvé une solution technique au problème relevé.
Durant ce processus, les pédales sont démontées. Elles font l'objet de divers traitements d'ingénierie afin de déterminer si l'on a résolu le problème et elles sont testées dans des conditions encore plus extrêmes que celles que l'on trouve normalement sur le marché — des centaines de milliers de cycles sur une machine exposée à des conditions de condensation et d'humidité élevées afin de s'assurer que non seulement on ne peut pas reproduire la situation immédiatement après l'ajustement de la pédale, mais également que la pédale pourra résister à l'équivalent de nombreuses années d'utilisation. Nous devons reproduire cela en laboratoire. Nous ne pouvons évidemment pas avoir l'équivalent de 15 années d'utilisation, parce qu'il ne s'est pas écoulé cette période entre le premier signalement et le moment où nous avons pu procéder au rappel.
Lorsque nous avons cerné le problème et que nous pensons avoir trouvé une solution, nous ne pouvons pas la présenter à Transports Canada avant d'être convaincus qu'elle peut être utilisée sur le marché. Nous effectuons donc un rappel, et dans certains cas, nous le faisons des mois avant d'avoir trouvé une solution au problème. Dans ce cas-ci, à cause des problèmes techniques qui sont apparus en tentant de mettre le doigt sur le problème, l'ingénierie s'est faite pratiquement en parallèle. Il s'est donc écoulé environ une semaine entre le moment où nous avons informé Transports Canada que nous allions procéder à un rappel et le moment où nous avons présenté, avec l'appui des ingénieurs, une solution viable pour régler le problème.
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Merci, monsieur le président.
Arigato gozaimasu.
C'est un plaisir de vous accueillir. Merci d'être venus.
Je vais vous poser quatre questions très rapidement. Je crois que ma collègue, Bonnie Crombie, va vous poser le reste des questions.
Je tâcherai d'être bref. Dites-moi, à quand remonte le correctif du système de commande électronique du papillon des gaz? Quels modèles sont touchés, et de quelles années parle-t-on? Il s'agit de ma première question. Tous les témoins sont invités à y répondre, s'ils le souhaitent.
Monsieur Beatty, les chiffres que vous nous avez fournis ne concordent pas avec ceux de Transports Canada. Vous avez parlé de 17 plaintes, alors que Transports Canada en dénombre 125. Je reconnais que ces plaintes peuvent s'échelonner sur plusieurs années.
Pouvez-vous me dire si les propriétaires de Toyota continuent de se plaindre après que le correctif ait été installé sur leur véhicule? Est-ce que la situation est la même qu'aux États-Unis, où 60 p. 100 des voitures réparées continuent à faire défaut?
Finalement, j'aimerais aussi savoir si votre compagnie fait face actuellement à des poursuites judiciaires liées à ces plaintes? Pourriez-vous nous donner un chiffre exact?
Arigato gozaimasu.
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Merci. Je vais tenter de me souvenir de toutes les questions.
Pour ce qui est des poursuites judiciaires, comme vous le savez, lorsqu'il est question d'un recours collectif, ce recours doit être certifié. Si je ne me trompe pas, aucun recours collectif certifié n'a été intenté au Canada à ce stade-ci. Évidemment, différentes sources nous ont informés de cette possibilité, mais pour le moment, aucun recours collectif certifié n'a été intenté.
Pour ce qui est du nombre de plaintes, si on remonte à jeudi dernier, Transports Canada faisait état de 17 plaintes de 2006 au 1er septembre. Puis, le ministère vous a aussi fourni des données concernant les plaintes déposées depuis le 1er septembre, c'est-à-dire la période qui coïncide avec la publicité entourant la campagne de rappel, particulièrement aux États-Unis.
Nous savons que lorsqu'il y a un rappel, peu importe le type de produits, la publicité accroît le nombre de plaintes déposées. Dans certains cas, le plaignant peut remonter plusieurs années en arrière, en affirmant qu'en y pensant bien, une quelconque situation aurait très bien pu être causée par le problème signalé. Ce qui est difficile dans de tels cas, c'est qu'il peut être impossible de retracer le véhicule en question, et qu'il est encore moins évident de savoir ce qui se passait à l'intérieur au moment de l'incident, alors certaines de ces plaintes pourraient n'être jamais résolues.
J'ai bien peur d'avoir oublié...
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être venus témoigner ce matin.
J'aimerais vous poser quelques questions. Tout d'abord, monsieur Beatty, vous nous avez parlé de votre approche de détection anticipée et de résolution anticipée. Pourriez-vous expliquer au comité le système que vous avez en place pour communiquer l'information ou les plaintes au sein de la compagnie?
Si je fais réparer ma voiture chez un concessionnaire, est-ce que cette information est automatiquement communiquée à la compagnie? Combien de ces indicateurs faut-il avant qu'on ne signale qu'il y a peut-être un problème?
De quels facteurs tenez-vous compte? Je suis certaine qu'il y a autant de facteurs dans ces situations qu'il y a de conducteurs derrière le volant. Combien de facteurs prenez-vous en compte avant de reconnaître qu'il y a un problème?
On a surtout parlé du passé, mais j'aimerais aussi qu'on parle de l'avenir. Une de vos recommandations consiste à élaborer des politiques pour rendre obligatoire et promouvoir l'éducation continue des automobilistes, un des facteurs auxquels je fais référence. Puisque vous ne voulez sans doute pas briser votre relation avec vos clients, croyez-vous que cette responsabilité devrait revenir au concessionnaire ou à Transports Canada?
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Pour répondre à votre dernière question, j'estime que la responsabilité est partagée.
De plus en plus, nous invitons les consommateurs à revenir nous voir avec leur véhicule après la livraison pour leur expliquer comment fonctionnent les nouvelles technologies. Nous constatons qu'au cours du processus normal de vente et de livraison d'un véhicule, il n'est pas possible de tout voir en détail, notamment parce que les consommateurs veulent prendre le volant de leur nouvelle voiture le plus rapidement possible. Nous les invitons donc à revenir nous voir pour leur expliquer certains de ces nouveaux systèmes et personnaliser avec eux les réglages que permettent aujourd'hui les instruments de bord.
Pour ce qui est du rôle de Transports Canada, de même que de celui des provinces, les nouvelles technologies implantées dans nos véhicules, comme le système de commande électronique du papillon des gaz, sont là en raison des exigences réglementaires. Le système de commande électronique du papillon des gaz, par exemple, est essentiel pour les systèmes de stabilité d'une voiture. C'est important pour atteindre les objectifs en matière d'émission de gaz et d'économie d'essence. Étant donné que l'ensemble de l'industrie est tenue de mettre en place ces technologies, il serait utile d'avoir la responsabilité commune de communiquer au public comment fonctionnent ces systèmes.
En ce qui a trait à notre processus de détection anticipée des problèmes, le cartable contient une présentation plutôt détaillée à ce sujet. Permettez-moi d'ajouter que Toyota Canada a été la première filiale de Toyota au monde à mettre en place une telle entente de communication de l'information. Notre processus permet de consigner dans la base de données informatiques de Toyota Canada toutes les réparations effectuées sur les véhicules des consommateurs. De plus, nous disposons d'un système distinct qui permet de détecter les tendances inhabituelles de réparations couvertes par la garantie, et des rapports sont automatiquement produits à cet égard.
Dès qu'il se produit quelque chose d'inhabituel, d'après les premiers rapports que nous recevons des concessionnaires, nous sommes en mesure d'approfondir l'analyse et voir ce qui se passe dans l'ensemble du Canada, puis déterminer s'il y a bel et bien un problème. Si nous ne pouvons pas comprendre ce qui se passe, nous soumettons la question aux ingénieurs du contrôle de la qualité. Y a-t-il vraiment un problème ou avons-nous tout simplement mal compris ce qui se passait? Il peut en effet arriver que quelque chose nous échappe.
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Monsieur Beatty, vous avez formulé devant nous une recommandation au sujet de Transports Canada. C'était à notre dernière réunion, la semaine dernière, alors que nous avons constaté que le nombre d'incidents signalés à Transports Canada avait doublé au cours de la dernière décennie pendant que, pourtant, ses effectifs stagnaient.
En même temps, vous dites que vous n'avez pas eu ce genre de relation sur ce problème particulier avant janvier. Or, Transports Canada a publié, le 26 novembre, un avis intitulé: « Transports Canada félicite Toyota d'avoir pris des mesures afin de protéger les consommateurs ». D'après ce document, le ministère aurait collaboré avec Toyota Canada à la résolution de ce problème. Je suppose que si l'avis a été publié le 26 novembre et que le ministère a collaboré avec vous à la résolution du problème, vous étiez en relation depuis un certain temps. Donc, évidemment, il y a eu beaucoup d'interactions avec Transports Canada sur ce problème bien avant la notification officielle au ministère.
Pouvez-vous déposer devant notre comité tous les documents montrant les échanges que vous avez eus avec Transports Canada, depuis le premier jour, sur ce sujet particulier, pour que nous puissions connaître les interactions du ministère avec vous, afin de comprendre la nature de votre recommandation selon laquelle Transports Canada a besoin de plus de ressources, qu'il a besoin de se moderniser?
Faute de comprendre comment ce processus s'est instauré entre Toyota et Transports Canada, nous ne pouvons pas vraiment situer le problème. Pouvez-vous informer le comité?
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Merci, monsieur le président.
Ohayo gozaimasu. Bienvenue au comité.
Étant moi-même ingénieur, je crois personnellement que, si j'ai des réserves à l'égard de mon propre travail, il est difficile pour autrui de penser différemment. D'après la National Highway Traffic Safety Administration, 400 p. 100 de plus de véhicules dotés d'une commande électronique de l'accélérateur que de véhicules à commande manuelle donnent lieu à des plaintes. Ce chiffre fait hausser les sourcils. Mais, par dessus le marché, la société Exponent reconnaît certaines carences de son système, puis, plus tard, prétend avoir examiné tous les problèmes. Même si, monsieur Beatty, vous avez affirmé qu'aucun cas d'accélération incontrôlable n'est survenu, la firme ne croit pas que ses propres résultats sont scientifiquement valides. Comment pouvez-vous laisser entendre que ses travaux sont concluants, quand elle n'y croit pas?
Deuxième question: vous étiez au courant du problème depuis de nombreuses années; qu'avez-vous fait pour le corriger? Avez-vous eu des discussions avec Transports Canada? Transports Canada a le mandat de protéger les consommateurs canadiens. Qu'a fait le ministère et comment est-il convaincu que le problème n'existe plus?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir à ce que vous avez dit, monsieur Beatty. Vous avez rapporté 17 cas à Transports Canada, c'est vrai. Toutefois, des plaintes ont été déposées directement chez Toyota Canada. Votre culture d'entreprise fait que vous ne les rendez pas publiques. Vous essayez de nous convaincre aujourd'hui que vous avez mis sur pied toute une série de comités d'experts avec le Japon, etc., quatre mois avant qu'il y ait un rappel. C'est trop long pour la sécurité de la population.
Vous nous parlez de la technologie. Cela évolue tellement vite que nous avons besoin rapidement que toutes les plaintes soient déclarées à Transports Canada et que le ministère dispose des budgets nécessaires pour faire la surveillance, avec l'équipement et la technologie requis.
C'est ce que j'aurais aimé vous entendre dire aujourd'hui, vous et M. Inaba. J'aurais aimé que vous disiez que vous comprenez qu'il doit y avoir un organisme indépendant au Canada pour assurer la sécurité. Je comprends que votre entreprise fera tout pour que cela n'arrive plus, mais si jamais cela arrive, il ne faut plus qu'il se passe quatre mois avant qu'on effectue le rappel. Il faut au moins que toutes les plaintes soient comptabilisées et que Transports Canada soit capable de dire à la population ce qui se passe.
Aujourd'hui, encore une fois, je vois que vous essayez de protéger votre entreprise, mais nous, on a à protéger les citoyens contre votre culture d'entreprise, justement.
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Monsieur Beatty, excusez-moi, mais mon temps de parole est limité.
Deux choses. Tout d'abord, pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps pour informer les propriétaires de Toyota? Voilà ma question. Quatre mois, c'est beaucoup trop long, alors que vous saviez qu'il y avait un problème. Il ne fait aucun doute que Toyota a attendu trop longtemps pour informer les propriétaires, si on prend en considération votre réseau aux États-Unis et ailleurs dans le monde. J'aimerais certainement obtenir une vraie réponse à cette question.
Deuxièmement, dans vos recommandations, vous parlez de quatre recommandations particulières, aucune ne porte réellement sur la question des pédales d'accélération qui coincent. Vous essayez, selon moi, de faire porter le blâme sur les responsables de Transports Canada, leur reprochant de ne pas avoir assez de ressources; or, ils ont indiqué clairement qu'ils disposent d'assez de ressources. C'est une question de perception, au sujet de laquelle vous parlez d'un « niveau supplémentaire de confiance », pour que les Canadiens puissent avoir davantage confiance, un meilleur sentiment de sécurité.
Or, il s'agit de la réalité et de la vie au quotidien des gens qui utilisent vos produits, lesquels ne sont pas sécuritaires. J'aimerais savoir pourquoi il vous a fallu autant de temps pour informer les propriétaires — et l'organisme de réglementation, dans ce cas — qu'il y avait un problème de sécurité, alors que nous tous, ici présents, reconnaissons clairement que cette technologie présente un problème de sécurité depuis un certain temps. Pourquoi?
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Monsieur le président, nous venons tout juste d'avoir une belle démonstration de la façon de refiler la responsabilité à quelqu'un d'autre. Je suis absolument sidéré des réponses données par M. Beatty et par les questions posées par les députés du parti ministériel. Le gouvernement a donc décidé que Toyota est réellement le problème.
En fait, lorsque je lis la lettre de rappel, qui n'en est pas une, parce que le mot « rappel » n'y figure pas — on parle d'une « campagne d'amélioration de la sécurité volontaire » — je constate qu'on y affirme que les améliorations seront apportées lorsque les pièces seront disponibles, soit dit en passant, elles ne sont pas encore disponibles; en fait, on y dit qu'on ne connaît pas la nature même du problème et qu'on rappellera les propriétaires lorsqu'on le saura. Voilà ce que dit la lettre.
M. Beatty dit: le gouvernement ne nous a pas demandé d'information et nous ne sommes donc pas obligés de lui en fournir. Le gouvernement, pour sa part, dit: vous avez mal agi. Vous auriez dû nous informer, parce que nous avions besoin d'information pour assurer la sécurité de la population.
J'ai la tête qui tourne, parce que je regarde la lettre de rappel, qui dit que le problème de la pédale qui coince n'est pas attribuable à un défaut de construction du véhicule. Cependant, j'ai demandé à MM. Inaba et Tomihara, en fait à eux tous, s'il existe une définition dans leur organisation des défauts liés à la sécurité? Il doit sûrement y en avoir une, mais ils ne m'ont pas répondu. Et le gouvernement n'a pas demandé de réponse. Il n'a pas demandé d'information. Toyota ne s'est pas senti obligé de donner de l'information, et nous sommes encore ici aujourd'hui à parler de véhicules non sécuritaires qui, selon le gouvernement, ne devraient pas se trouver sur la route. Mais, ils ne sont pas des ingénieurs. M. Beatty n'est pas un ingénieur.
Monsieur le président, il ressort clairement que Toyota aimerait nous voir modifier la Loi sur la sécurité automobile pour que le gouvernement demande des renseignements précis au niveau mondial, à cause de toutes les poursuites en recours collectif qui ont lieu actuellement concernant des véhicules qui, selon MM. Inaba et Beatty et d'autres, sont en fait conçus au Japon. Ils ont dit que les véhicules sont conçus et dessinés au Japon et qu'il y a très peu de différences entre le véhicule conçu et dessiné au Japon et celui qui est mis sur la route au Canada.
Donc, tout porte à croire que quelqu'un cherche à faire porter le blâme à quelqu'un d'autre. Je crois que le gouvernement n'a pas assumé toute la responsabilité qui lui revient pour ce que Toyota fait actuellement au Canada.