Je regrette que nous commencions avec un peu de retard. Nous recevons des invités aujourd'hui, et il est important que nous allions de l'avant.
J'ai besoin de l'approbation du comité. Un journaliste nous demande s'il peut filmer la séance. Normalement, ce genre de requête doit nous parvenir avec 24 heures de préavis. Comme ce n'est pas le cas, il me faut l'approbation du comité pour laisser entrer les caméras dans la salle.
Est-ce que tout le monde est d'accord?
Des voix: Oui.
Le président: Très bien.
Par ailleurs, j'aimerais vous lire quelque chose, histoire de faire le lien avec un passé récent. Je vais permettre au comité de se reporter aux rapports des sessions précédentes. En fait, nous nous référerions à la motion nous permettant d'utiliser dans nos discussions les témoignages et la documentation reçus par le comité au cours de la deuxième session de la 40e législature, dans le cadre de l'étude que nous avons réalisée sur les systèmes de gestion de la sécurité.
Très bien, voilà une bonne chose de faite.
Nous souhaitons la bienvenue à nos invités à cette séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons nous pencher sur la sûreté et la sécurité aériennes.
Nous accueillons aujourd'hui M. Marc Grégoire, sous-ministre adjoint du Groupe de sécurité et sûreté; Mme Nicole Girard, directrice, Politiques et services de réglementation, Aviation civile; M. Don Sherritt, directeur des Normes, Aviation civile; et Mme Yaprak Baltacioglu nous a demandé si elle pouvait...
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Et merci encore au comité d'avoir accepté ces changements de dernière minute dans les témoins.
Nous aimerions faire une brève allocution liminaire; je vais donc laisser la parole à mon collègue, Marc Grégoire, qui est responsable de la sûreté et de la sécurité à Transports Canada.
J'aimerais toutefois dire brièvement, pour commencer, que je crois que la dernière fois qu'un représentant du ministère des Transports a comparu devant ce comité remonte à novembre. Nous sommes très contents, aujourd'hui, de pouvoir faire état des progrès accomplis depuis lors, parce qu'il y en a eu beaucoup. Mes collègues et moi sommes ravis d'être ici pour vous en parler en détail.
En outre, je tiens à préciser que tout tourne autour de la sécurité de nos concitoyens et des voyageurs canadiens. Nous sommes très intéressés à connaître l'opinion du comité, à recevoir ses recommandations et, espérons-le, à les mettre en oeuvre, parce que nous ne pouvons accepter de compromis en matière de sécurité et nous devons nous efforcer continuellement de renforcer cette sécurité pour le bien des Canadiens.
Je cède maintenant la parole à mon collègue.
Monsieur le président, vous avez déjà présenté les personnes qui m'accompagnent et qui ont généreusement accepté de remplacer Martin Eley au pied levé.
Notre présence devant vous aujourd'hui coïncide avec une conférence internationale de haut niveau sur la sécurité aérienne qui se tient cette semaine au siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale, à Montréal. J'y étais hier, tout comme le ministre.
L'objet de cette conférence est d'améliorer la sécurité aérienne au niveau mondial, de faire reconnaître à la communauté internationale le programme de l'aviation civile du Canada et d'engager des débats avec nos partenaires internationaux sur les questions actuelles entourant la sécurité aérienne.
[Français]
La conférence a débuté hier et le ministre s'est adressé aux délégués à la fin de la première journée des débats. Le ministre, M. Baird, a confirmé son engagement envers la sécurité et la sûreté aériennes, il a souligné l'importance de notre réseau aérien dans l'économie du Canada et il a défendu notre position sur la scène mondiale.
L'OACI continue de reconnaître la position enviable du Canada en matière de sécurité du transport aérien. L'OACI reconnaît aussi que le Canada fait partie des leaders mondiaux dans l'élaboration et la mise en oeuvre des systèmes de gestion de la sécurité, les SGS. La mondialisation est devenue un catalyseur pour remettre en question les pratiques du passé et pour fournir des occasions de proposer des améliorations pour l'avenir. Nous continuons de collaborer avec nos partenaires internationaux pour harmoniser les règles dans la mesure du possible.
[Traduction]
En fait, à la conférence de cette semaine, le Canada fait partie des rares États qui avaient été invités à présenter un rapport sur l'élaboration du programme national de sécurité. J'ai ici des exemplaires de ce rapport pour le comité, en français et en anglais.
Comme je vous l'avais dit lorsque je m'étais adressé à vous en novembre dernier, l'OACI est en train d'élaborer une norme et des pratiques recommandées pour le programme national de sécurité. Le Canada a déjà mis en place les éléments principaux, à savoir la réglementation, les normes, les lignes directrices et la formation pour promouvoir la sécurité et l'harmonisation du système d'aviation. Nous prévoyons d'ailleurs que le Canada sera bien placé pour satisfaire aux exigences de la norme de l'OACI quand celle-ci entrera en vigueur.
J'aimerais vous informer de ce qui s'est passé depuis la dernière fois que je me suis présenté devant le comité, en novembre dernier, pour discuter de la sécurité aérienne, et en particulier de la mise en oeuvre des systèmes de gestion de la sécurité.
[Français]
Le sous-ministre adjoint associé, Gerard McDonald, et moi-même avons parcouru tout le Canada et avons tenu des groupes de discussion avec les inspecteurs — nos inspecteurs — et leurs agents négociateurs pour qu'ils nous donnent leur avis sur l'orientation future de la mise en oeuvre des systèmes de gestion de sécurité.
Il y a eu un total de 21 séances dans les régions et 4 autres ont eu lieu ici, à Ottawa. De plus, Martin Eley, directeur général de l'Aviation civile, a rencontré la majorité des employés de l'Aviation civile partout au pays, pas seulement les inspecteurs à l'administration centrale mais aussi dans les régions. Les commentaires ont été positifs, et la réponse et les dialogues constructifs engagés avec les syndicats m'encouragent beaucoup.
Nous prenons des mesures pour répondre aux questions et aux préoccupations qui ont été soulevées. Nous avons effectué des ajustements pour continuer de faire avancer le programme. Nous resterons à l'écoute et apporterons d'autres ajustements dans la mesure du nécessaire. Nous sommes déterminés à améliorer le niveau déjà élevé de sécurité grâce à la mise en oeuvre des SGS.
Les grands exploitants commerciaux ont maintenant terminé la mise en oeuvre des SGS, et l'information tirée de leur expérience sert à peaufiner le plan pour la prochaine phase, la mise en oeuvre des SGS chez les petits exploitants commerciaux. À partir des commentaires fournis par les inspecteurs et le milieu aéronautique, Transports Canada a modifié le calendrier d'exécution de la mise en oeuvre des SGS pour donner au moins une année de plus aux petits exploitants. Ce délai permettra de raffiner les procédures et les documents d'orientation, et nous permettra de donner aux inspecteurs une formation actualisée.
[Traduction]
Les inspecteurs jouent un rôle important et ont plusieurs responsabilités clés en matière de surveillance, dont la détermination de l'efficacité du SGS d'une compagnie, la vérification du respect des exigences réglementaires et l'évaluation de l'efficacité des mesures correctives prises par la compagnie visée. Les inspecteurs procèdent à des activités de surveillance planifiées et non planifiées. Les outils qu'ils utilisent pour exécuter ces activités sont les inspections, les vérifications, les validations et les évaluations. Grâce à ces activités, l'Organisation de l'aviation civile peut déterminer si une compagnie doit ou non faire l'objet d'une surveillance de routine, d'une surveillance accrue, de sanctions ou de mesures relatives aux certificats.
Même si les inspecteurs ont déjà reçu une formation, une mise à niveau visant à intégrer les changements apportés aux procédures est en cours. En effet, une demande de propositions concernant la mise au point d'une formation sur les procédures de surveillance a été approuvée le 4 mars dernier. Les phases de conception et d'élaboration seront terminées le 1er juin, et un cours pilote sera donné un peu plus tard ce mois-là. Une fois que les révisions nécessaires auront été apportées au cours pilote, le cours sera donné aux inspecteurs à partir de début septembre 2010.
[Français]
Nous prenons notre rôle de surveillance très au sérieux. Environ les trois quarts du budget alloué à la sécurité aérienne sont consacrés aux activités de surveillance. Celles-ci sont menées conformément aux politiques et aux procédures établies, et elles ont été mises à jour en février pour clarifier les exigences auprès des inspecteurs.
Par ailleurs, le monde nous observe. D'autres pays continuent à s'inspirer de notre expérience et nous consultent pour obtenir des indications sur la méthode de mise en oeuvre des SGS. Le Canada participe au groupe international de collaboration en matière de SGS qui a été créé l'an dernier pour faciliter une compréhension commune des principes et exigences des SGS, ainsi que l'application de ces derniers dans l'ensemble de la communauté aéronautique internationale.
[Traduction]
Ainsi, comme vous pouvez le constater, beaucoup de travail a été accompli, et nous continuons d'améliorer un système déjà très solide. Je suis convaincu que ce travail permettra d'accroître grandement la compréhension, de la part de nos employés et du public, de ce que sont les SGS. Quoi qu'il en soit, les Canadiens peuvent avoir confiance dans le programme de surveillance de la sécurité aérienne.
La sécurité aérienne a fait l'objet d'une presse négative au cours de la dernière année, ce qui a fini par entamer la confiance du public. C'est malheureux parce que la plupart du temps, les faits rapportés contiennent des informations incorrectes, trompeuses ou dépassées. La réalité est que l'industrie canadienne de l'aviation se porte très bien, jour après jour.
[Français]
En 2008, il s'est produit 12 p. 100 moins d'accidents qu'en 2007. En 2008, il y avait eu 251 accidents et en 2007, 284. Ça représente un plancher record. Le taux d'accidents pour 2008, 5,7 accidents pour 100 000 heures de vol, est le plus bas enregistré au cours des 10 dernières années. Ces statistiques représentent un aspect capital dans le maintien de la confiance du public, ce qui représente un élément important des décisions qui sont prises à l'égard du programme.
Transports Canada fait de gros efforts chaque jour, pour que les Canadiens continuent d'avoir confiance en la sécurité aérienne lorsqu'ils prennent l'avion.
[Traduction]
Merci, nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions et à recevoir vos commentaires.
:
Merci, monsieur le président.
Lors de votre présentation, vous nous avez dit qu'on s'était rencontrés en novembre, alors que vous aviez fait une présentation sur le système de sécurité. C'est vrai, vous nous aviez parlé des améliorations que vous y aviez apportées.
Toutefois, vous avez omis de mentionner que, depuis novembre, le rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada nous a appris que 12 accidents d'avion, qui ont causé 28 morts, étaient dus à la fatigue des pilotes. Je ne sais pas si vous êtes conscients ou pas de ne pas en avoir parlé, mais cela pose problème, selon moi.
Quand on écoute, regarde et lit la déclaration de M. Eley, directeur général de l'Aviation civile, on apprend que Transports Canada avait une étude depuis 2001 sur le rythme biologique des pilotes qui recommandait d'ajuster les horaires en conséquence. M. Eley nous a dit que Transports Canada n'a jamais donné suite à ces recommandations. Il a avoué que ces recommandations n'ont pas suscité beaucoup d'intérêt à l'époque, et qu'elles ne faisaient pas partie des priorités. Ce qu'il a dit est important.
À Transports Canada, se concentrait-on sur le système de gestion de sécurité, alors qu'il aurait fallu se concentrer sur le dossier de la fatigue des pilotes? Je peux me permettre de le penser suite aux déclarations faites.
Vous aviez d'autres préoccupations que la fatigue des pilotes. C'est inquiétant. En effet, vous nous dites que vous êtes le leader mondial des systèmes de gestion de sécurité. J'ai déjà eu la chance de vous dire que, selon nous, vous vouliez économiser en confiant ce système de gestion aux entreprises privées. Vous vous êtes amendés depuis ce temps. Vous venez de nous dire que votre rôle de surveillance sera accru au cours des prochaines années, mais permettez-moi de penser que vous avez laissé aller tout un pan de la sécurité, celui de la fatigue des pilotes.
Essayez de me réconforter, s'il vous plaît.
:
La fatigue des pilotes est une chose qu'on prend très au sérieux. Je suis à Transports Canada depuis très longtemps, et au cours des années 1980-1990, cela a fait l'objet d'énormément d'analyses et d'études. Après plus de 10 ans de communications et de réunions avec les transporteurs et les associations de pilotes, nous avons produit le règlement qu'on a aujourd'hui.
À mon avis, il a contribué à réduire le nombre d'accidents. On surveille chacun d'entre eux, on lit tous les rapports du Bureau de la sécurité des transports du Canada, et la priorité est d'abord accordée aux recommandations du BST. Le BST n'a pas fait, depuis les années 1995, de recommandation quant à la fatigue des pilotes. Le BST a noté que la fatigue était un des facteurs contributifs à l'accident, mais n'en était pas la cause principale. Depuis, j'ai parlé, la semaine dernière, à la présidente du Bureau de la sécurité des transports du Canada pour lui demander si elle avait d'autres préoccupations. Vous voudrez peut-être l'inviter, pour parler de ce sujet. Ce n'est pas la priorité absolue du BST, et c'est pourquoi cela n'est pas inclus dans la liste des neuf éléments principaux sur lesquels ils aimeraient que l'on se penche.
Cela étant dit, nous reconnaissons qu'aujourd'hui, on peut améliorer la réglementation sur les horaires de travail des pilotes, et nous avons mis en place le système pour faire cette revue. À cette fin, nous allons utiliser un système que nous avions développé, grâce aux études dont a fait part l'émission Enquête, pour les mécaniciens, d'abord, et pour les pilotes. Un groupe de travail se rencontre en juin, je crois, pour commencer le travail sur l'inclusion, principalement, des différents horaires et de l'impact des systèmes circadiens sur les horaires des pilotes.
Je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour discuter de ce très important dossier.
Je crois que je vais revenir sur une partie des questions posées par M. Bevington. L'une des choses que j'ai découverte, c'est que lorsque vous voulez savoir comment fonctionne quelque chose que vous avez mis en oeuvre ou si l'application est adéquate, vous devez parler avec les personnes directement concernées, c'est-à-dire celles qui s'occupent de la mise en oeuvre ou qui en subissent les effets.
Je représente une circonscription très agricole. Lorsque je veux savoir ce qui se passe dans le secteur de l'agriculture, je m'adresse à des agriculteurs. Il y a aussi beaucoup de tourisme dans ma circonscription, et quand je veux savoir où en est l'industrie touristique, je parle aux gens du secteur. Je crois que vous comprenez que le plus important, c'est de déterminer quels seront les effets sur les gens directement visés par les changements effectués.
J'aimerais que vous m'en disiez un peu plus sur ce que vous avez fait et sur ce que vous envisagez de faire au chapitre des consultations et des échanges directs avec ceux qui seront les plus touchés par vos décisions. Évidemment, il y a les inspecteurs et tous ces gens qui travaillent sur le terrain à la mise en oeuvre des changements, mais il y a aussi tous ceux qui en subiront les conséquences, comme les exploitants.
Qu'avez-vous fait au chapitre des consultations? Qu'envisagez-vous de faire à cet égard?
:
Je vous remercie beaucoup pour cette question.
Je vais commencer à y répondre, puis je céderai la parole à mon collègue sous-ministre adjoint responsable du dossier, qui vous parlera des consultations et des discussions qu'il a tenues.
Depuis que je suis sous-ministre des Transports, j'ai traversé le pays de part en part au moins une fois, si ce n'est deux. À chaque fois que je suis allée dans une région, j'ai passé du temps avec nos inspecteurs, sans la présence des gestionnaires. Voilà ce que j'ai fait. Maintenant, nous allons passer au niveau supérieur. Nous sommes en train de constituer un groupe consultatif d'inspecteurs auprès du sous-ministre, de sorte que nous aurons nos inspecteurs sur le terrain qui me conseilleront et qui me feront part des problèmes concrets et des préoccupations dont ils entendent parler. Nous considérons que c'est un bon moyen, pour le personnel de première ligne, d'avoir accès à la haute direction.
Nous avons travaillé avec les syndicats. Nos réunions avec eux ne se limitent pas au niveau de la direction générale ou du domaine de responsabilité, mais elles touchent l'ensemble du ministère. Nos directeurs rencontrent les représentants syndicaux de tous les syndicats chaque quatre mois. D'ailleurs, cet après-midi, nous nous réunissons encore avec les syndicats. Nous les avons déjà rencontrés, je crois, au cours des deux ou trois derniers mois. Il est donc important de nous rapprocher davantage de nos syndicats.
Pour ce qui est de l'industrie, nous travaillons en étroite collaboration avec elle, dans le cadre des règles établies et en sachant clairement que nous sommes l'organisme de réglementation. Toutefois, la sécurité n'est pas l'affaire que d'une seule des parties. C'est la responsabilité du gouvernement, de l'industrie et des voyageurs. Nous devons nous assurer que tous s'entendent pour que les Canadiens puissent bénéficier des normes de sécurité les plus élevées au monde.
Peut-être que mon collègue pourra vous donner une idée de ce que lui et son personnel ont fait, et aussi des conclusions générales qu'il a pu tirer de ces rencontres.
Tout d'abord, pour en revenir à vos deux questions, je vous dirais que nous avons communiqué abondamment, ces 10 dernières années, tant avec l'industrie qu'avec nos inspecteurs. Mais ce que nous n'avons peut-être pas fait suffisamment, c'est établir une distinction entre le rôle d'inspecteur, celui de surveillant, et la philosophie des SGS. Au cours de la dernière année, nous nous sommes rendu compte que tout le monde avait adhéré au concept des SGS, à la philosophie des SGS, mais que tous les problèmes tournaient autour de la mise en oeuvre effective et du rôle du ministère à cet égard.
J'allais oublier de dire que l'un des événements qui m'a aidé à comprendre cela, c'est quand j'ai lu le rapport sur la listériose et que j'ai tenté de faire des analogies entre ce qui était arrivé dans le secteur agroalimentaire et notre situation. Au bout du compte, la mise en oeuvre d'un système de gestion de la sécurité constitue un changement culturel majeur, tant pour nos employés que pour l'industrie.
J'ai été inspecteur au ministère. J'ai commencé ma carrière comme inspecteur, il y a longtemps. J'attache une énorme importance au travail de nos inspecteurs et, comme vous, je conviens de l'importance d'aller sur le terrain pour entendre les préoccupations de ceux qui sont touchés, tant du côté des inspecteurs que de celui des compagnies aériennes.
Pour ce qui est des transporteurs aériens, petits et gros, nous avons organisé beaucoup de conférences sur la question. Nous avons parcouru le pays pour présenter les SGS, et nous avons invité, à certaines occasions, 300 participants ou plus. Je vous parle de propriétaires ou d'exploitants de compagnies aériennes qui apprennent comment mettre en oeuvre les SGS dans leurs activités.
Quant au fait que nous ralentissions la mise en oeuvre des SGS, je vous dirais que nous le faisons essentiellement pour nous aligner avec nos propres inspecteurs, pour leur apporter la formation et les outils nécessaires à leur travail. Mais j'ai entendu beaucoup de transporteurs aériens dire qu'ils étaient désolés du retard parce qu'ils avaient hâte d'être régis par la partie 703 ou 704 du règlement.
:
Le gouvernement s'est déjà doté d'une loi en la matière, il a aussi un commissaire, et les fonctionnaires ont différentes instances auxquelles ils peuvent s'adresser.
Toutefois, selon ma conception de la gestion, j'espère qu'avant d'en arriver à la dénonciation, nous aurons établi des systèmes et des processus, dans notre ministère, pour que mes collègues qui gèrent le programme de sûreté et de sécurité, ainsi que moi-même, comme gestionnaire du ministère, obtenions l'information de notre propre personnel. C'est la raison pour laquelle j'ai parlé de ce groupe-conseil composé d'inspecteurs que je rencontrerai pour qu'il m'informe de l'évolution de la situation. C'est important.
Par contre, si le but est d'établir un système pour dénoncer des problèmes dans l'industrie de l'aviation ou un transporteur en particulier, il faut entreprendre un changement de culture complet. La question n'est pas tant d'instaurer un système de dénonciation que d'avoir des compagnies aériennes ouvertes et transparentes à l'égard des incidents en matière de sécurité et des mesures correctives à prendre. Nous voulons que les gens, les compagnies viennent à nous. Nous voulons savoir s'ils ont des problèmes de sécurité, parce que si tout le monde craint d'avoir des démêlés avec l'organisme de réglementation et s'efforce d'occulter les problèmes, le système manquera de transparence.
Je crois qu'en 2008, nos rapports indiquaient une augmentation de 1,8 p. 100 du nombre d'incidents dans l'industrie aéronautique. C'est un petit pas, mais cela démontre que le système commence à changer. Les compagnies nous informent lorsqu'elles ont des problèmes, de sorte que nous sommes parfaitement au courant de ce qui se passe dans l'industrie.
Il y a donc deux côtés à la... J'ai répondu à vos deux questions, mais je ne sais pas si j'ai...
:
Merci, monsieur le président.
Je reviens sur la question de la fatigue, monsieur Grégoire, parce que c'est trop important.
En ce qui a trait à ce dossier, l'étude de 2001 vous recommandait d'agir. Je reviens à la déclaration suivante de M. Eley concernant l'étude sur la fatigue: « La décision a été prise de ne pas aller plus en profondeur avec les conclusions de cette étude. »
Vous nous avez dit plus tôt qu'au cours des 10 dernières années, vous aviez beaucoup communiqué avec les gens de l'industrie et vos inspecteurs. Vous avez travaillé, mais il reste qu'au cours de ces 10 dernières années, 12 accidents dus à la fatigue ont causé 28 décès. Vous me dites que le Bureau de la sécurité des transports n'a jamais fait de recommandation. Vous nous avez dit également que dans le cas de Sept-Îles, le pilote avait avoué avoir été de service pendant 18 heures consécutives.
Au cours des 10 dernières années, n'avez-vous jamais entendu parler du fait qu'il y avait dans cette industrie tout un système permettant de falsifier les registres pour respecter les règles? Vous avez vu de quoi il s'agissait. Plusieurs pilotes nous ont dit qu'ils falsifiaient leur fameux logbook. Êtes-vous en train de me dire que vous n'avez jamais entendu parler d'un problème d'horaire ou de falsification de documents dans l'industrie?
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie les témoins d’être des nôtres.
Avant d’être élue députée il y a un an et demi, j'ai travaillé dans le secteur de la santé et de la sécurité. Notre société offrait des consultations sur la santé et la sécurité à de nombreuses grandes sociétés canadiennes, y compris dans les secteurs manufacturier, forestier et alimentaire, étant donné que tout le monde a des incidents. Nous mettions l’accent sur les programmes de retour au travail et sur l’assistance aux entreprises relativement à l'indemnisation des travailleurs, essentiellement dans toutes les provinces. Cependant, au cours des années pendant lesquelles nous avons fait des affaires, nous avons constaté une réelle évolution en matière de sécurité — et c'est une question de gestion de la sécurité parce qu’il s’agit d'évaluation des risques, quel que soit le secteur d’activité. Par exemple, nous avons constaté un changement dans le système médical, puisque nous embauchons maintenant des ergonomes, des kinésiologues et des physiologistes, qui participent tous au processus du retour au travail.
Cependant, c’est toujours à la suite d’un incident, ou parfois d’une catastrophe, qu’on a eu recours à nos services. Une entreprise devrait tout d’abord faire vérifier le système en place par une évaluation de sa conformité aux règlements, puis constamment relancer ce processus d’examen et de vérification. Ainsi, l'entreprise s'améliore constamment.
Je présume que ma première question porte sur le fait que le changement observé dans le système médical se produit également dans la technologie. Les entreprises aéronautiques connaissent également une évolution actuellement et elles doivent toujours mener leurs évaluations, corriger les problèmes de conformité, examiner leurs processus et en mettre de nouveaux en place. Je me demande donc, tout d'abord, si vous pouvez nous dire en quoi la technologie fait évoluer l'industrie aéronautique.
Deuxièmement, comment Transports Canada fait-il en sorte que le SGS est suivi correctement étant donné que, comme dans le domaine de la santé et de la sécurité, un certain nombre de fournisseurs ont créé des manuels ou des documents pour respecter la réglementation? Comment Transports Canada s’y prend-il pour évaluer constamment l'industrie de sorte que ce soit en place?
:
Monsieur le président, la députée a raison à propos des changements dans les approches de réglementation et de l'évolution qu’ont connue tous les systèmes dans le monde.
En aviation, la technologie est un élément essentiel pour assurer la sécurité. Quand la technologie s'améliore, on diminue les erreurs humaines. Cependant, les incidents et accidents qui se produisent en aviation peuvent aussi relever d’une erreur humaine, d’une erreur d'organisation ou de questions environnementales. Nous avons constaté que la réglementation normative n’assure pas toujours la sécurité, car on ne peut pas tout prévoir. On ne peut pas dire qu’il faut faire seulement A, B, C, D, E et F. Il y a d'autres facteurs. Que faire s’il y a un G?
Le principe sous-jacent du SGS rejoint exactement vos propos: c'est pour ancrer une culture de sécurité dans les opérations quotidiennes d’une organisation. Il est très important d'être clair. Je doute que mes propos soient nouveaux pour votre comité, car vous avez fait beaucoup de travail approfondi. Le SGS n’a rien à voir avec l’absence de surveillance gouvernementale. Il s’agit d’une bonne surveillance de la part du gouvernement. Il s'agit d'utiliser nos ressources dans les secteurs les plus faibles. Ce n’est pas une question de déréglementation. Il s'agit d’avoir un règlement plus astucieux. Ce n’est pas une question d'autoréglementation par le secteur. Les entreprises ont un rôle à jouer, mais la surveillance est extrêmement importante.
Dans ce contexte, étant donné que nous cherchons à mettre en œuvre le SGS, c’est important à retenir. Lorsqu’on met en place de nouveaux systèmes et de nouvelles procédures, on oublie parfois de raconter toute l'histoire. C'est ce que nous entendons des entreprises, mais nous l’entendons aussi de notre propre personnel.
Marc, souhaitez-vous ajouter quelque chose à propos de la technologie?
Premièrement, encore une fois, j'ai apporté des corrections au sujet de la délégation, alors je vais le refaire à propos du partenariat. Nous ne sommes pas partenaires de l'industrie. Nous travaillons en partenariat dans certains secteurs, mais nous sommes l'organisme de réglementation de l'industrie. Je crois que c'est un point très important.
Deuxièmement, pour ce qui est de la fatigue, c'est précisément ce que nous avons dans nos périodes de service et de vol. Ce n'est pas seulement la période de vol, mais bien la période de service et de vol. Alors, si un pilote se présente au travail à 6 heures du matin, qu'il ne part qu'à 10 heures en raison de divers retards, qu'il commence ensuite son trajet et qu'il est retardé à divers endroits, il ne peut travailler que 14 heures, à compter de 6 heures du matin. Par contre, d'autres pays comptent les heures de vol dans une journée, mais ici, pour l'instant, nous comptons la période de service et de vol.
Je crois que le comité peut et devrait étudier tous les points que vous avez mentionnés, ainsi que le groupe de travail du CRAC, qui se penchera sur la question de la fatigue des pilotes en juin.
:
J'aimerais poursuivre sur ce que disait M. Dhaliwal.
En effet, les statistiques sont importantes, sachant que les syndicats comparaîtront aussi devant nous.
En novembre, les gens de l'Association des pilotes fédéraux nous disaient qu'aucun incident n'avait été déclaré par les grands transporteurs depuis 2007. Vous, vous avez parlé d'accidents. Au début de votre présentation, vous avez mentionné des chiffres, soit 284 accidents en 2007 et 251 accidents en 2008.
Premièrement, quelle est la différence entre un incident et un accident? Pourquoi les compagnies n'ont-elles rapporté aucun incident depuis 2007, alors qu'avant la mise en place des SGS, les inspecteurs en rapportaient?
Deuxièmement, quel est l'achalandage? Vous nous dites qu'il y a eu 284 accidents en 2007 et 251 en 2008. Quel était l'achalandage de tous les transports? De 2007 à 2008, y a-t-il eu une augmentation ou une diminution du trafic aérien? C'est tout ce que je veux savoir.
:
Merci, monsieur le président.
M. Grégoire a parlé d'un document de travail présenté par le Canada pour le compte de l'Organisation de l'aviation civile internationale et qui contient quelques conclusions. Si je puis me permettre, j'aimerais déposer ce document dans les deux langues officielles, auprès de la greffière, à titre d'information pour les membres du comité. Il contient entre autres quelques conclusions.
Je fais partie de ceux qui, depuis environ 5 ans, provoquent des discussions sur les SGS, et je constate que la situation semble avoir évolué au cours de la dernière année. Nous avons observé un changement d'orientation au sein du ministère. La sous-ministre a fait allusion aux changements qu'effectue le ministère en ce qui concerne la mise en oeuvre des SGS. Premièrement, je me demande pourquoi? Je sais que la sous-ministre est en poste depuis huit ou neuf mois je crois.
Deuxièmement, qu'a fait le ministère au cours des neuf derniers mois en ce qui concerne les inspecteurs? Vous avez discuté avec combien d'entre eux? Quel genre de groupes de travail avez-vous tenus et qu'allez-vous faire maintenant compte tenu des discussions que vous avez eues avec les inspecteurs?
J'aimerais savoir combien d'inspecteurs et combien d'intervenants au sein de l'industrie vous avez consultés.