Je tiens à remercier votre comité de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
[Français]
Je ferai ma présentation uniquement en anglais, mais je pourrai répondre aux questions en français.
[Traduction]
J'ai deux préoccupations importantes concernant le système canadien de sûreté aérienne qui n'ont rien à voir avec le bon travail qui se fait à l'avant-plan.
Permettez-moi d'être aussi clair que possible concernant les quatre points que je veux faire valoir.
Premièrement, la sûreté aérienne est une question de sécurité publique. Le public doit être engagé dans une discussion honnête et franche sur les risques, les responsabilités et les incertitudes de la sûreté aérienne. Selon moi, il est tout simplement inacceptable d'avoir une large portion de la politique publique qui ne puisse faire l'objet d'une discussion ouverte.
Deuxièmement, je ne vois aucune preuve probante que la gestion du risque soit le modèle approprié pour gérer la sûreté aérienne. J'y reviendrai, mais permettez-moi de dire qu'il est essentiel d'insister sur le fait que la sûreté aérienne et la sécurité aérienne sont des questions fondamentalement différentes et qu'elles exigent des approches de gestion très différentes. La sûreté est un domaine dans lequel quelqu'un peut acquérir des connaissances qui lui permettront de juger du risque. Si un boulon fait défaut 800 fois, nous pouvons supposer qu'il fera aussi défaut la 801e fois. Toutefois, en matière de sûreté aérienne, étant donné qu'il s'agit d'un élément mené par des personnes, l'approche est fondamentalement différente. Le fait que 800 personnes sont passées par un point de contrôle de sécurité ne signifie pas, en termes absolus, que le caractère sécuritaire de la 801e personne sera assuré. Ironiquement, plus nous en savons au sujet de la sûreté arienne, plus nous avons tort.
Troisièmement, étant donné cette incertitude sous-jacente, les systèmes de gestion de la sûreté et les systèmes de gestion de la sécurité sont fondamentalement différents. Je voudrais mettre en évidence la structure de gestion qui place l'ACSTA, en particulier, dans une situation impossible. Transports Canada a défini une structure de réglementation prescriptive, alors que les pratiques exemplaires et les règles du Secrétariat du Conseil du Trésor concernant la gestion de la sécurité exigent de l'ACSTA qu'elle fasse preuve de souplesse. Par conséquent, l'organisme est coincé entre les meilleures pratiques internationales et la réglementation prescriptive de Transports Canada. Selon moi, cela devrait être un des éléments de base de la discussion.
Finalement, je crois que le profilage est une avenue voie très dangereuse. Le profilage par nationalité, par origine, par race, par ethnicité et par langue donne des résultats forts trompeurs.
Il y a certains problèmes et je ferai de mon mieux pour les aborder de manière succincte.
Premièrement, la menace ne vise pas que le secteur de l'aviation canadienne, mais plutôt l'ensemble de la société canadienne. La façon dont nous protégeons le secteur de l'aviation canadienne doit refléter les besoins et les exigences plus larges de la société canadienne. Il me semble essentiel que la façon dont nous surveillons l'aviation reflète les valeurs du Canada. Il me semble que nous devons être très prudents, par exemple concernant l'adoption du profilage.
Deuxièmement, et avec tout le respect que je dois à mon collègue M. Sela, d'Israël, je soutiendrais qu'il est très dangereux de suivre la voie empruntée par Israël comme modèle doré pour la sûreté de l'aviation internationale. Je comprends qu'il s'agit là du discours tenu dans la majorité des discussions publiques concernant la sûreté de l'aviation. Mais je pense que la position des Israéliens, aux plans géopolitique, juridique et stratégique, en ce qui a trait aux risques et aux menaces est si fondamentalement différente de ce qu'elle est au Canada, que nous irions un peu trop loin si nous adoptions ou même si nous pensions adopter le modèle israélien. Je suis sûr que M. Sela et moi pouvons avoir une discussion franche et robuste sur ce sujet au cours des deux prochaines heures.
Pour vous donner un exemple clair, nous savons tous que nous pouvons être cambriolés ou assaillis dans notre propre maison et pourtant nous investissons dans les forces policières et nous investissons peut-être aussi pour l'achat de verrous pour nos portes. Si nous ne déployons pas de barbelés à lames ni de mines antipersonnelles, c'est parce que nous avons une compréhension différente de ce qu'est le risque pour nos domiciles et pour nous-mêmes et de ce qu'il peut être pour le pays ou pour la frontière qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud. Si nous voulons bien comprendre les mesures à prendre, nous devons aussi comprendre quel est le risque, plus particulièrement pour le Canada.
Troisièmement, je suis de plus en plus préoccupé par le fait que les Américains exercent un contrôle sur le chien de garde de la sûreté de l'aviation canadienne. Pour le moment, il semble — et je dis bien, « il semble » parce que le public n'a pas accès à des renseignements transparents à ce sujet — que les exigences américaines en matière de sûreté influencent les contrôles mis en place dans les aéroports canadiens. Cela concerne les services de prédédouanement, mais aussi d'autres services où cela est plus visible. Le gouvernement américain exige des contrôles supplémentaires pour les passagers à destination des États-Unis.
Ma question est de savoir comment on y parvient. Je ne le sais tout simplement pas. Je suis une personne sérieuse. Ce n'est pas parce que je suis paresseux et ce n'est pas parce que je ne pose pas de questions. Nous ne savons tout simplement pas quelles sont les règles. Nous ne savons pas dans quelle mesure la réglementation américaine influence la sûreté canadienne.
Finalement, une des questions clés, du moins pour moi, est de savoir quel est le niveau de fiabilité de notre système de sûreté aérienne.
Permettez-moi de soulever deux questions: premièrement, il n'est pas possible de le savoir. Il n'est pas possible de le savoir parce que nous ne savons pas ce que sera la prochaine menace. Je le répète, il ne s'agit pas de quelque chose qui fait partie du processus ou qui se rapporte à nos agences de renseignements. C'est tout simplement que le système de sûreté aérienne en est un qui comporte une forte dose d'incertitude.
Nous pouvons formuler des généralités concernant la sécurité routière et dire que 3 000 personnes se tueront sur les routes canadiennes au cours de l'année qui vient, mais nous ne pouvons dire quel accident se produira ni quel accident sera fatal. Nous ne pouvons que formuler des règles générales et imposer une limite de vitesse ou dire ce que nous faisons dans le cas des feux de circulation.
De la même manière, nous ne savons pas — et je dirais que dans une certaine mesure, nous ne pouvons le savoir — quel est le niveau de sécurité de notre système de sûreté aérienne parce qu'il n'y a pas moyen d'incorporer dans un modèle quelconque des événements qui ont une forte incidence et qui se produisent suivant une faible fréquence. Il n'y a tout simplement pas suffisamment de données qui nous permettent de dire que le Canada a un taux de sûreté de 90 p. 100 alors qu'en Israël il est de 99 p. 100, et que celui du Burkina Faso est de 95 p. 100. Nous devons donc fonctionner dans ce climat d'incertitude, ce qui signifie que nous devons chercher à apporter des améliorations supplémentaires plutôt que de nous fier à des nombres ou à des mesures quelconques.
Chose certaine, le scanner corporel constitue un véritable pas en avant en matière de technologie de contrôle de la sûreté aérienne. À n'en pas douter, cette technologie permet de mieux détecter non seulement les menaces courantes auxquelles nous faisons face en matière d'explosifs liquides et d'articles prohibés, mais elle permet aussi de détecter la génération suivante de menaces beaucoup mieux qu'avant, par exemple les couteaux en céramique ou d'autres types de dispositifs qui ne peuvent être observés lors du passage dans les arceaux de détection des métaux. La technologie du scanner à ondes millimétriques n'est doute pas la solution magique, mais c'est le meilleur dispositif que nous ayons pour le moment. Par conséquent, je crois que ce dispositif devrait être mis en place partout au pays.
Une des raisons pour lesquelles je pense que ce dispositif est meilleur est que, malgré l'hésitation du public face à la perspective d'être nu — ou d'être vu nu, bien que les images elles-mêmes ne soient jamais associées à une personne réelle —, la technologie est beaucoup moins intrusive que la fouille par palpation par un agent.
Permettez-moi de formuler des recommandations à l'intention de votre comité. Je serai aussi clair que possible.
Premièrement, je pense que nous devons parler de manière claire et franche au public canadien au sujet du risque et de l'incertitude du système de sûreté aérienne. Il faut notamment lui parler des aspects négatifs concernant l'incertitude tout autant que des aspects positifs associés aux succès enregistrés. Nous ne pouvons minimiser la vitesse à laquelle la sûreté aérienne au Canada s'est adaptée au cours des 10 dernières années pour offrir un bien meilleur niveau de sûreté, particulièrement avec le renouvellement de la technologie à tous les trois ou quatre ans.
Deuxièmement, je crois que nous devons dire clairement à nos partenaires internationaux que nous traiterons les passagers au Canada selon les mêmes normes que nous appliquons pour les citoyens canadiens. Il y a, selon moi, un très bon exemple de la façon dont cela a fonctionné à l'avantage du Canada et c'est l'entente UE-Canada sur le dossier du passager ou DP — et non les renseignements préalables sur les passagers, c'est-à-dire la nationalité, mais concernant tous les autres renseignements inscrits sur le formulaire de réservation. Cette entente, contrairement à celle qui existe entre l'Union européenne et les États-Unis, a été largement acceptée et approuvée par les responsables de la protection de la vie privée. Voilà donc un exemple concret où le Canada a été un chef de file mondial en faisant en sorte que la sûreté aérienne soit meilleure.
Troisièmement, je voudrais dire que la technologie du scanner à ondes millimétriques est une meilleure souricière et qu'elle devrait être mise en place partout au Canada. Même s'il y a un coût à cela, et qu'il faut mener une campagne publique pour démontrer son utilité, je pense qu'il s'agit là d'une meilleure souricière, moins invasive, et qui nous permettra de faire un meilleur contrôle de sécurité et, moins de profilage.
Je suis prêt à entendre vos questions. J'apprécie la possibilité d'être parmi vous aujourd'hui.
Merci.
Je vous prie de m'excuser, car j'ai un léger rhume de cerveau. J'essayerai de rester concentré le plus possible.
Premièrement, c'est un honneur et un plaisir pour moi que d'être ici aujourd'hui. Je fais bon accueil au point de vue exprimé par le professeur Salter. Je l'ai entendu à plusieurs reprises. De toute évidence, nous avons des points de vue divergents.
Je ne vous livrerai pas mon exposé au complet, mais j'aborderai neuf points qui, selon moi, correspondent à ce qui est mauvais et qui précisent la façon de corriger des problèmes qui ne relèvent pas de la sécurité aérienne — parce que je n'y crois pas — mais plutôt de la sûreté des aéroports. À elle seule, la sûreté aérienne aviation ne peut rassurer les Canadiens. S'il m'est possible de faire exploser un terminal dans quelque pays que ce soit, toute la notion de sûreté aérienne en souffrira. Je propose plutôt d'envisager la sûreté aéroportuaire dans le cadre d'un système de sûreté pour le transport national et les frontières. Il ne faut pas s'attarder uniquement à la sûreté de l'aviation.
Un organisme indépendant en vertu de la loi, qui se situe au-dessus des procédures politiques et bureaucratiques du gouvernement devrait être mandaté pour ce travail. Dans le système israélien, qui est l'exemple idéal, l'Agence de sûreté israélienne, qui relève du Premier ministre d'Israël, est le seul organisme qui puisse mettre en place un système et le contrôler pour protéger les Israéliens et toute personne qui visite le pays en provenance de tout, et je répète de tout pays, contre un acte terroriste au pays.
Permettez-moi d'insister posémentsur une chose en particulier. Vous ne pouvez adopter une partie du système israélien, ce que plusieurs pays tentent de faire, à tort. La façon israélienne de protéger ses frontières, ses aéroports, ses ports de mer et ses réseaux de transport est un système complet qui ne peut être fragmenté. Si vous le fragmentez et que vous ne prenez qu'un ou deux éléments que vous aimez, vous pourriez causer plus de tort que de bien. Le principal problème concernant le système israélien, et le professeur Salter a fait un excellent travail pour le combattre, est ce que vous appelez le profilage. Nous ne faisons pas de profilage racial ni ne faisons d'autres observations concernant la religion des gens, mais nous faisons beaucoup de profilage comportemental. J'y reviendrai lorsque vous poserez des questions.
À sa base, le système est fondé sur un partage à 90 p. 100 de renseignements en temps réel. Si vous ne faites pas cela, vous pourrez utiliser les meilleurs systèmes au monde et vous n'arriverez à rien. Si vous ne savez pas ce qui se dirige vers vous, comment pouvez-vous vous protéger?
Sûreté et intervention — et je le répète, sûreté et intervention, ensemble — [Note de la rédaction: inaudible]... la résilience nationale. Je n'ai pas encore vu de plans d'intervention ayant reçu l'approbation de l'ACSTA pour appliquer la soi-disant sûreté aérienne comme l'organisme est mandaté pour le faire.
La technologie et les humains ne sont pas interchangeables. Vous ne pouvez mettre en place des machines et des renifleurs automatiques, et je ne sais quoi encore, plutôt que des personnes et vice versa. Il y a une très fine frontière en ce qui a trait aux décisions qui doivent être prises, à savoir si vous utilisez des humains ou si vous utilisez la technologie.
En Israël, nous avons un système, le SAFE, que je décris dans mes documents et qui s'applique à la sécurité, à l'architecture, à la planification préalable et à l'ingénierie. Essentiellement, il s'agit d'un système de protection des infrastructures critiques, y compris des aéroports, des ports de mer et des postes frontaliers.
La sûreté aéroportuaire n'est pas la sûreté aérienne ni vice versa. La sûreté des aéroports est un système engagé. J'ai démontré ce fait à plusieurs reprises auparavant. Le système qu'utilise l'Amérique du Nord — et j'ai tendance à être d'accord avec le professeur Salter qui dit que les Américains sont ceux qui fixent les normes de sécurité et non les Canadiens — prévoit essentiellement un endroit dans l'aérogare où se fait le contrôle des passagers, un point c'est tout. Peu m'importe le genre d'équipement que vous avez en place. C'est l'approche qui est mauvaise quand il s'agit de sûreté aéroportuaire. Mais si je puis franchir ce point, j'ai toute liberté pour faire tout ce que je veux dans un aéroport, et cela est très dangereux.
J'aurais une dernière chose à dire au sujet des scanners corporels. Je ne vois vraiment pas pourquoi tout le monde s'empresse d'acheter ces appareils coûteux, mais essentiellement inutiles. C'est parce que... mais je ne peux pas, non, désolé, je ne peux pas; je ne pourrais le dire qu'en face à face, à des personnes ayant les habilitations de sécurité nécessaires.
Je peux vous dire cependant qu'il m'est possible, en deux minutes, de vaincre le scanner et de passer avec assez d'explosifs pour descendre un Boeing 74. Je passe et les explosifs ne sont même pas repérés par le scanner. Ce n'est pas technologiquement le bon procédé. Il permet de prévenir des incidents tels que celui qui s'est produit à Noël, mais on ne peut pas compter dessus pour assurer la sûreté de l'aviation. C'est bien pour cela que nous n'en avons pas installé à l'aéroport Ben Gurion. Nous préférons des systèmes qui permettent de détecter tant dans les bagages que sur les gens des traces d'explosif tellement minimes que l'appareil déclencherait une alarme si vous n'aviez fait que vous promener à proximité d'une bombe.
Si vous avez des questions à cet égard, c'est très volontiers que j'y répondrai.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à souhaiter la bienvenue, tant à M. Sela qu'au professeur Salter.
Même si nous n'avons jamais eu l'occasion de se voir, nous avons déjà eu l'occasion de converser. C'est cependant la première fois que l'on peut dialoguer face à face avec M. Sela, même si c'est par technologie interposée.
Nous vous écoutons avec beaucoup d'intérêt. La dernière fois que nous nous sommes entretenus, il n'y a pas eu de débat comme aujourd'hui, car vous avez, chacun de votre côté, présenté un exposé. Je sais qu'au moins un de mes collègues du comité a eu l'occasion de vous entendre.
L'autre jour, nous avons accueilli des représentants de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien et de Transports Canada avec qui nous avons abordé la question, du moins dans certains de ses aspects. La discussion a porté sur le procédé technique qui est, selon le professeur Salter, actuellement le meilleur. Selon lui, on ferait d'énormes progrès en l'adoptant — et là j'espère avoir correctement interprété ce qu'il nous a dit à ce sujet — alors que selon vous, monsieur Sela, nous gaspillerions notre argent en optant pour cet appareil.
Nous sommes, bien sûr, à la recherche d'une solution et j'imagine que beaucoup d'entre nous pensent que la sûreté du transport aérien au Canada suppose une approche multidimensionnelle.
Vous me pardonnerez, j'espère, monsieur Sela, car ce procédé donne assurément d'excellents résultats en Israël — je ne mets aucunement en doute ce que vous nous avez dit — mais, le professeur Salter, rappelle que la situation en Israël est très particulière et que cet appareil qui donne de si bons résultats chez vous, n'est pas nécessairement adapté à la situation ici.
C'est ce qu'il affirme et je vais lui demander de nous dire sur quoi il se base pour dire cela.
:
Là n'est pas d'après moi la question. Vous confondez, en effet, système de sécurité et niveau de sécurité.
Je suis d'accord qu'en Israël les mesures de sécurité atteignent un niveau nécessairement très élevé, mais je ne vois pas de différence essentielle sur le plan du système. C'est un peu comme la touche volume de votre radio. Il s'agit d'avoir un système qui fonctionne correctement et lorsque les risques augmentent, on augmente simplement le volume. Il ne s'agit pas de réagir en modifiant le système de contrôle ou en acquérant de nouveaux équipements ou en donnant aux agents une nouvelle formation. On ne peut pas modifier chaque année le dispositif de sécurité des aéroports en réaction aux incidents qui ont pu se produire. On ne peut pas, d'ailleurs, simplement réagir aux incidents qui se produisent, car il s'agit de les prévenir et de les anticiper.
Israël n'a jamais, par exemple, interdit aux passagers de monter à bord avec des liquides. Il leur est uniquement interdit de monter à bord avec des produits ou articles figurant sur la liste d'interdiction de l'OACI. Or, en 25 ans, nous n'avons eu aucun problème à cet égard, même si nous avons dû faire face à 70 menaces effectives d'attentat, ce qui veut dire que dans les deux heures l'aéroport ou ses alentours risquaient de faire l'objet d'un attentat à la bombe. Or, nous sommes toujours parvenus à les déjouer.
Je conviens, que comme il se doit, le niveau de sécurité est chez nous très élevé mais le système ne diffère pas fondamentalement. Nous ne faisons pas de profilage et ce n'est même pas une solution que je vous recommande. Je ne vous propose pas non plus d'interviewer les passagers comme nous le faisons en Israël. Au lieu d'avoir à contrôler chaque passager, je vous propose de mettre en place une procédure de classification des voyageurs et des employés à qui on peut faire confiance, c'est-à-dire de personnes qui souhaitent pouvoir franchir le plus rapidement possible les contrôles de sécurité et qui acceptent pour cela de fournir aux autorités certains renseignements qui leur permettront, justement, de bénéficier du statut de passager digne de confiance.
Cela permet de réduire énormément le nombre de personnes que vous allez devoir contrôler. Cela fluidifie beaucoup le passage aux postes de contrôle.
Il vous faut installer des caméras de sécurité pour surveiller les abords de l'aéroport et voir quels les personnes et les véhicules qui approchent, surveiller ce qui se produit dans les terminaux et, bien sûr, aussi dans les couloirs menant aux salles d'embarquement des compagnies aériennes.
Nous pourrions encore longtemps discuter des mérites des deux systèmes, mais je crois pouvoir démontrer que le meilleur c'est le nôtre.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Salter et monsieur Sela, d'être ici. Je pense qu'on touche un nerf sensible. Ma question s'adresse à vous deux. M. Salter pourra répondre d'abord et ensuite M. Sela.
Je m'inquiète par rapport à ce qui se passe au Canada et je vous explique pourquoi. On a vécu, le 25 décembre, ce changement de normes américaines et on s'est aperçus que notre administration canadienne de la sûreté du transport aérien, qui embauche des entreprises privées sous-traitantes pour les services de sécurité, n'avait pas le personnel requis et a dû faire appel à tous les corps policiers disponibles pour lui venir en aide.
Vous parliez de systèmes. Le système de sécurité qu'on s'est donné, qui consiste à confier la sécurité à des entreprises privées sous-traitantes, me pose beaucoup de difficultés, surtout avec ce que vous nous apprenez aujourd'hui. On veut que les employés soient fiables. Il y a eu des appels d'offres et on a changé de sous-traitant. Vous savez que des uniformes ont disparu. Des journalistes ont mis la main sur des uniformes et ont pu pénétrer dans certaines zones aéroportuaires. Donc, c'est effrayant. On veut avoir de la sécurité, mais on ne veut pas en payer le prix.
J'aimerais vous entendre par rapport au fait que l'administration canadienne de la sûreté du transport aérien utilise une entreprise privée sous-traitante et par rapport à notre capacité de maintenir du personnel adéquat afin de garantir que le travail se fera lorsqu'il y aura des alertes.
:
Je vais répondre en français, même si je ne connais pas certains mots techniques dans cette langue. J'en suis désolé.
Premièrement, il existe un système pour la sécurité aérienne et la sécurité des aéroports au Canada. C'est un système très complexe, car dans un aéroport, il y a des policiers locaux, des agents frontaliers, des enquêteurs et des vérificateurs de Transports Canada qui vérifient les systèmes et les procédures de l'ACSTA. Il y a aussi des gens de l'ACSTA et, peut-être, d'autres agences fédérales, dont la Gendarmerie royale du Canada. C'est un système complexe. Selon moi, la ligne hiérarchique n'est pas claire.
Si je comprends bien, l'ACSTA est exclusivement responsable du filtrage. Tout ce que l'employé peut chercher à détecter, ce sont les objets interdits. S'il trouve quelque chose d'interdit, il peut dire au passager qu'il ne peut être en possession de cet objet ou encore appuyer sur un bouton rouge et appeler quelqu'un qui peut mener une enquête. Dans le cadre du système actuel, l'ACSTA a des responsabilités très réduites.
En réponse à votre question et à ce qu'a dit M. Sela, je dirai que nous avons au Canada une technologie pour contrôler l'identité des travailleurs dans les aéroports et ainsi assurer la sécurité. Cela s'appelle la carte d'identité des zones réglementées. D'ailleurs, cette carte a remporté des prix dans le domaine des technologies innovatrices au Canada. De plus, cela constitue un modèle pour les autres autorités aériennes du monde. Les uniformes font partie du système et ne constituent pas une menace à la sécurité aérienne parce que la carte biométrique est très fiable.
Dans le système actuel, la seule tâche des travailleurs de l'ACSTA est exclusivement le filtrage. Ils doivent détecter les objets interdits. Ce n'est pas une fonction de nature sécuritaire, mais plutôt une fonction d'observation. Si l'ACSTA fait appel à des sous-contractants, cela ne pose pas de problème selon moi car leur tâche n'est pas vraiment de nature sécuritaire. Je suis conscient de votre préoccupation relative à la sécurité, mais je pense que si cette fonction demeure une fonction d'observation, le fait d'engager des sous-contractants ne constituera pas un réel problème.
Je laisserai maintenant M. Sela répondre.
:
Le débat porte maintenant sur un système qui ne me paraît pas bon et vous me demandez d'expliquer pourquoi il est incapable de donner les résultats voulus. Ce n'est pas facile.
D'abord, il faut préciser qu'en Israël la gravité des menaces auxquelles le pays doit faire face varie beaucoup plus que ce n'est le cas en Amérique du Nord et, pourtant, il n'est jamais arrivé que nous ayons à augmenter les effectifs chargés du contrôle des aéroports et des frontières. Là encore, c'est en raison du système que nous avons mis en place. On peut élever la cote d'alerte ou l'abaisser, mais le système, lui, ne change pas. C'est pourquoi je prône avec une telle insistance l'adoption de ce type de système. Il permet de centraliser au sein même de l'aéroport le contrôle de toutes les personnes qui y pénètrent.
La carte si bien décrite par le professeur Salter est une belle conception technologique et elle donne de bons résultats au Canada. [Note de la rédaction: inaudible]... à Hong Kong ou à Singapour. Mais ce qu'il faut se demander, c'est si elle remplace aux États-Unis la carte TWIC? Eh bien non.
Vous envisagez une solution nationale et que les autres pays l'adopteront. D'après moi, ce n'est pas la bonne méthode. J'estime, en effet, qu'en matière de sûreté de l'aviation, l'OACI doit jouer, un bien plus grand rôle, comme elle le fait en matière de sécurité. J'ai, à deux reprises, eu l'occasion d'exposer mes idées à l'OACI, mais elles n'ont pas été retenues.
D'après moi, si le Canada veut jouer un plus grand rôle en ce domaine, il doit, avec les États-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne et la Russie dire à l'OACI que l'on a suffisamment tardé et qu'il est grand temps de s'activer, et demander à l'OACI d'élaborer des règlements qui s'imposeront à tous les aéroports du monde, et de faire en sorte qu'ils soient respectés. C'est le seul moyen d'aboutir à un système qui répond aux besoins.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos deux témoins. J'ai déjà eu naguère le plaisir de les entendre exposer leurs idées qui sont, je peux dire, aussi savantes que pratiques.
Le système actuellement en place dans nos aéroports me fait penser à la ligne Maginot construite par la France avant la Seconde Guerre mondiale. C'est assez impressionnant, comme ça, mais il a suffi de la contourner. Je songe également à ce qui s'est produit en Amérique du Nord, c'est-à-dire aux trois grands actes de terrorisme, que ce soit la destruction du vol Air India, les attentats du 11 septembre ou le récent incident. J'y vois moins une carence du système actuellement en place qu'un manquement au niveau de la communication des renseignements. Cela m'inspire une double réflexion.
D'abord, monsieur Salter, il y a, comme vous le dites, les complications qu'entraîne la répartition des responsabilités en matière de sûreté des aéroports. La sécurité des lieux relève en effet de Transports Canada, alors que la sécurité des vols relève du ministère de la Sécurité publique. Or, la coordination manque entre ces divers organismes.
Êtes-vous tous les deux d'accord que cela pose un problème?
:
Il y a en outre le scanner corporel.
Monsieur Salter, vous nous disiez que ces scanners permettent de repérer les objets en céramique. Or, lors de notre dernière séance, des représentants de l'ACSTA nous ont affirmé que la fouille-palpation est aussi efficace que le scanner corporel.
Dans la mesure où l'on dispose d'un personnel spécialement entraîné à repérer certains indices psychologiques tels que le stress, la fouille-palpation n'est-elle pas un meilleur moyen de jauger l'état d'esprit d'une personne alors qu'elle franchit le portique de sécurité? Autrement dit, ne devrait-on pas plutôt s'en remettre à des êtres humains qu'à des machines pour faire ce travail?
Il y a maintenant deux systèmes... dont un qui permet de détecter les objets en céramique, mais lors de la dernière séance, nous avons appris qu'en raison des nouvelles portes de sécurité protégeant le poste de pilotage, les armes blanches et les armes de poing ne sont plus le principal risque. Dorénavant, le plus grand risque pour un avion ce sont les explosifs.
Cela étant, quel serait, d'après vous, le système le plus efficace pour les repérer?
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs. Tout cela est très intéressant.
Au début de la semaine, j'ai vu quelque chose de très surprenant à bord du vol Toronto-Ottawa. Je devais encore avoir à l'esprit la discussion que nous avions eue ici, au sein du comité. De l'autre côté du couloir, une femme était assise en train de tricoter. Ailleurs qu'en avion, on y verrait simplement une personne tranquillement occupée à faire quelque chose de beau et d'utile. Mais, elle se servait d'aiguilles en fer et il m'est tout de suite venu à l'idée qu'aux mains de certains, ces aiguilles deviennent une arme redoutable. J'imagine que nous avons tous davantage qu'avant tendance à songer à cet aspect de la situation.
Pour préparer la séance d'aujourd'hui, monsieur Salter, j'ai effectué, hier soir quelques recherches sur Internet. Dans votre introduction au livre intitulé Politics at the Airport, vous employez deux termes que je vous demanderais de nous définir. Il s'agit de « gouvernementalité » et d'« assemblage ». Selon vous, on constate, au niveau de l'administration et de la gestion d'un aéroport, une grande dispersion. Vous entendez, je crois, par cela, qu'il s'agit de quelque chose d'incomplet, de fragmenté.
Est-ce à cela que vous faites allusion lorsque vous évoquez la foule de questions, de problèmes et de domaines d'intervention ayant une incidence sur la sûreté dans nos aéroports? Pourriez-vous nous dire quelque chose de cela?
:
Bravo, et merci. C'est très aimable de votre part. Je suis content de savoir que mes parents ne sont pas les seuls à être au courant de mon livre.
J'entends par « gouvernementalité », une manière d'envisager les règles qui régissent l'élaboration d'autres règles. À l'époque contemporaine, les gouvernements attachent une importance particulière à la notion d'efficience et quand l'ACSTA s'est penchée sur le dossier des contrôles de sécurité, elle s'est demandée s'il serait plus efficient d'employer pour cela des fonctionnaires fédéraux ou de faire appel à des sous-traitants. D'après eux, en raison de la souplesse de la main-d'oeuvre et du travail en cause, il est plus efficient de faire appel à des sous-traitants que de faire le travail eux-mêmes.
C'est ainsi qu'ils ont engagé des gens qui travaillaient déjà dans ce domaine et qui portent maintenant l'uniforme de l'ACSTA. Le contrat a été, à plusieurs reprises, renouvelé. J'entends donc par « gouvernementalité », le mode de penser qui régit et qui entraîne la formation de règles.
Vous avez parfaitement raison, c'est-à-dire que je pense avoir moi-même raison de dire qu'en matière de sûreté, nous avançons avec des forces dispersées. M. Sela a cité tout à l'heure, l'OACI, l'Organisation de l'aviation civile internationale qui, entre autres, fixe, en matière de sûreté des aéroports, des normes dont elle recommande l'adoption aux États membres. L'OACI administre un programme universel de vérification des mesures de sécurité. Le Canada a participé à ce programme de vérification et était même le premier pays à le faire, mais les résultats des vérifications opérées n'ont pas été rendus publics. Ils existent, certes, et sans doute pourriez-vous les obtenir, mais ils ne sont pas publiés.
Aux termes du traité de Chicago, nous devrions, en tant que pays signataire, avoir une agence nationale de la sûreté aérienne, c'est-à-dire une agence responsable de l'ensemble de ce secteur. Or, ce n'est pas le cas même si le Canada a plusieurs agences et ministères qui, chacun pour sa part, est chargé de tel ou tel aspect de la sûreté. Et puis, il y a aussi le régime de sanctions applicables aux transporteurs aériens, responsables de la sûreté à bord des aéronefs. Il y a en outre le Secure Flight Program instauré par les États-Unis. Cela fait donc beaucoup de règles, beaucoup de règlements et beaucoup d'acteurs dans ce secteur d'activité.
Il ne s'agit pas, d'après moi, de demander au gouvernement d'en faire encore davantage ou de prôner la création d'une sorte de super agence qui serait chargée de tous les aspects du problème, même si je comprends fort bien que, comme M. Sela nous l'a expliqué, un tel système donne de bons résultats dans le cas très particulier d'Israël. Ce que je dis, plutôt, c'est que tous ces divers organismes forment un système extrêmement complexe et que cette complexité peut être un facteur de souplesse, certes, mais également un facteur de confusion.
J'ai eu, moi aussi, l'occasion de passer par l'aéroport Pearson hier. Il y avait foule aux postes de sécurité, car à tous les points de contrôle les passagers étaient soumis à une fouille-palpation. Quand j'ai dit à l'agente de sécurité « C'est nouveau », elle m'a répondu « Oui, en effet, le règlement nous a été remis hier. Il sera peut-être supprimé demain ». Je lui ai alors demandé « Vous ne savez pas? » Et elle m'a répondu, « Pourquoi nous le dirait-on? »
D'après moi, ce serait, au contraire, bon de le dire aux passagers, car comme ça nous saurions qu'il faut arriver avec une demi-heure ou une heure d'avance en raison des contrôles de sécurité. Le fait de ne rien en dire au personnel chargé de mettre en oeuvre les consignes, me semble justement être néfaste de cet ensemble de règlements et d'intervenants qui n'oeuvrent peut-être pas toujours dans le même sens.
:
Vous avez parfaitement raison. L'aéroport Ben Gurion, que personne ne semble vouloir suivre l'exemple, est effectivement géré comme une entreprise. L'aéroport gagne en fait de l'argent sur les mesures de sécurité. Vous n'allez peut-être pas me croire, mais c'est vrai. Ils ont mis en place des mesures tellement efficaces que personne ne se sent harcelé en franchissant les contrôles de sécurité. Tout se déroule de façon très naturelle. Chacun a le temps de visiter la boutique hors taxes. Il y a même un service spécial à l'intention des gens se rendant à l'étranger. Ils peuvent, en effet, acheter un produit détaxé, le laisser à l'aéroport et le reprendre au retour. L'aéroport Ben Gurion est un des plus efficaces du monde.
Permettez-moi, maintenant de revenir un peu sur quelque chose qu'a dit le professeur Salter. L'ISA, l'agence israélienne de sûreté de l'aviation est sans doute la plus petite organisation de sécurité du monde. Et cela n'est pas simplement dû à la faible dimension du pays, mais simplement au fait que cet organisme est particulièrement efficace. Nous avons, en Israël, plusieurs organismes gouvernementaux chargés chacun de différents aspects de la sécurité du pays, mais il y en a un qui assure la régulation du système dans son ensemble et définit les tâches à accomplir et les moyens de le faire. Dans la mesure où ses directives sont claires, vous pouvez avoir au sein d'un même aéroport, 17 intervenants différents, mais s'ils connaissent tous les règles et les règlements, cela ne pose aucun problème.
Je tiens à dire, ensuite que dans la mesure où il y a, effectivement, autant d'intervenants, il faut procéder non seulement à leur formation, mais à leur entraînement. Je n'ai jamais assisté à un exercice mettant en même temps en oeuvre tous les intervenants, ont pu faire ce qu'ils avaient à faire sans gêner la bonne marche de l'aéroport.
Permettez-moi de vous citer un exemple. L'autre jour je suis arrivé à Toronto par un vol direct d'Air Canada en partance de Tel Aviv. On me considère un peu comme un dignitaire donc je franchis vite les divers contrôles. Tout d'un coup, aux douanes, on m'arrête. Je déclare « Je viens voir mon petit-fils. Qu'est-ce qui se passe? » On me répond « Un instant je vous prie », et je réponds « Bon, il s'agit d'un exercice », mais on ne veut pas me dire qu'il s'agit d'un exercice. On me dit simplement « Attendez un instant, il y a quelque chose. Cela ne prendra pas longtemps. » En fait, cela a pris deux minutes et demie et puis chacun a pu repartir.
Il s'agissait d'un exercice d'alerte à la bombe dans la zone d'accès réservée aux douanes. Tous les intervenants y ont pris part. La chose a pris deux minutes et demie, mais cela a permis aux divers agents de s'entraîner et de tirer un certain nombre de leçons.
Ces choses-là sont sérieuses. Si, Dieu nous en garde, il se passait quelque chose de grave dans l'un de vos aéroports, vous ne vous en remettriez jamais. Vous ne finiriez jamais de tenter de cerner les responsabilités et de demander pourquoi nous n'avons pas fait ceci, pourquoi nous n'avons pas fait cela.
Or, il existe des solutions qui n'ont d'ailleurs rien d'extraordinaire. Il s'agit simplement de les mettre correctement en oeuvre.
:
Vous nous avez dit là des choses très dramatiques, monsieur Sela. Merci.
L'actuel gouvernement est très enthousiasmé par l'achat de ces 44 nouveaux scanners corporels annoncé à Noël. M. Salter est tout à fait partisan de ces scanners alors que, pour M. Sela, c'est de l'argent jeté par les fenêtres. Selon M. Sela, il nous faudrait adopter des méthodes de criblage psychologique alors que, pour M. Salter, ces méthodes s'apparentent au profilage et lui paraissent dangereuses.
Nous sommes conscients du fait que la situation géopolitique du Canada est sensiblement différente de celle d'Israël. C'est entendu, mais cela pourrait changer.
Pour M. Sela, ce qui compte, ce n'est pas la sûreté de l'aviation, mais la sûreté des aéroports. D'après lui, c'est cela qu'il faut parvenir à assurer. M. Salter considère, pour sa part, que la sûreté des aéroports est quelque chose d'extrêmement complexe. Il y a donc là deux points de vue diamétralement opposés.
Le gouvernement a, néanmoins, affecté 11 millions de dollars à l'achat de ces 44 scanners. Étant donné cet investissement et le fait qu'une nouvelle taxe de sécurité doit lui rapporter, comme nous l'avons appris hier, de 1,5 milliard à 3,2 milliards de dollars, quel serait le moyen, à partir des scanners, de mettre en place un système qui permet d'assurer la sécurité à la fois dans les aéroports et à bord des aéronefs?
La question s'adresse à tous les deux.
:
J’aurais deux autres questions à poser, mais je voudrais également recueillir l’avis de M. Sela. Merci.
Monsieur Sela, avez-vous quelque chose à ajouter sur ce point ou préférez-vous que l’on passe à la question suivante?
De toute manière, les deux me semblent liées. Ma question suivante concerne en fait le criblage psychologique ou comportemental qui me semble être une technique prometteuse.
On a recours actuellement, au Canada, à des contrôles aléatoires. On a choisi au hasard. Je sais de source sûre que chaque semaine de nombreux députés sont soumis, comme cela, de manière aléatoire à un contrôle. Je ne suis pas certaine que cela soit le meilleur moyen d'employer les ressources disponibles. Il m’est même arrivé à moi et à mes trois enfants de faire l’objet d’un tel contrôle. Là non plus, je ne suis pas certaine que cela constitue un emploi efficace de nos ressources en ce domaine.
Pourriez-vous nous dire, M. Sela, en quoi la méthode que vous prônez, le criblage psychologique, diffère des méthodes actuellement employées au Canada?
N’hésitez pas à répondre en même temps aux deux questions que j'ai posées, la première concernant la possibilité d’instaurer, en prenant les scanners corporels comme point de départ, un système plus complet et plus intégré.
Une voix: Avez-vous bu votre tequila?
Mme Bonnie Crombie: Non, je n’ai rien pris.
:
D'accord. Je répondrai en anglais, puisqu'il s'agit d'une question complexe.
[Traduction]
Cela ne veut aucunement dire que l’autre question n’était pas, elle aussi, d’une grande complexité.
En matière de sûreté, la meilleure pratique internationale est, comme le disait M. Sela, la gestion des risques qui consiste à repérer les personnes qui posent un risque particulier et à les distinguer des voyageurs dignes de confiance. Or, à l’heure actuelle, avec les contrôles aléatoires assurés par l’ACSTA, tout le monde est traité de la même manière.
Voilà l’inconvénient dont j’ai parlé tout à l’heure. M. Sela a raison de dire que les systèmes les plus efficaces sont ceux qui permettent de distinguer entre les personnes qui présentent un risque particulier et les voyageurs dignes de confiance. Or, le système actuellement en place traite tous les passagers de la même manière.
Ce qu’il convient de préciser c’est qu’actuellement, aux termes de la mission qui lui est confiée par le législateur, l’ACSTA ne peut pas faire de distinction entre passagers. Cela lui est interdit. Il lui est interdit d’enquêter. Il lui est interdit de contrôler vos papiers d’identité. Il lui est même interdit de participer au système de voyageurs dignes de confiance.
Il existe donc une véritable tension entre la volonté qu’aurait l’ACSTA d’adopter les meilleures pratiques et les termes de son texte d’habilitation qui lui prescrit de traiter tous les passagers de la même manière.
:
Permettez-moi très rapidement une petite précision au sujet du point de vue exprimé par le professeur Salter.
Je me place dans une optique radicalement différente, car la démocratie n’a rien à avoir avec la sûreté, la politique non plus. Il s’agit, en effet, d’assurer la protection des passagers.
D'après moi, la méthode des contrôles aléatoires dans les aéroports, c’est comme la roulette russe. C’est la même chose. Comment cibler les gens qu’il s’agirait justement de contrôler? Sans criblage, il n’est pas surprenant que des gens passent à travers les contrôles.
En ce qui concerne le renseignement, qu’il me soit permis, en quelques mots, de raconter une anecdote historique. Lorsque M. Ariel Sharon était premier ministre, il a donné un ordre. Il était général et n'a jamais, même après avoir été nommé premier ministre, oublié qu’il était général. Il a donné à tous les services de renseignement israéliens l’ordre de se communiquer dorénavant les renseignements qu'ils étaient parvenus à recueillir.
Or, nous savons que cela ne pouvait pas se faire. Cela ne se fera jamais en Israël et cela ne se fera jamais ailleurs non plus.
Mais, dans les trois mois, l’administration israélienne de la sûreté a développé un logiciel très perfectionné permettant à chaque service de renseignement de transmettre en temps réel à une base de données commune les alertes qui lui avaient été signalées, tous les services ayant, également en temps réel, accès à cette base de données. Ce n’est pour l'instant qu’avec les États-Unis que ce système fonctionne correctement, mais je suis certain que l’on pourrait s’entendre sur cela avec d’autres gouvernements alliés.
En matière de sûreté des aéroports et de l’aviation, la communication en temps réel des données recueillies par les services de renseignement est essentielle.
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs, je tiens à vous remercier de vos interventions.
Mes questions portent sur deux points précis. Le premier est le programme de voyageurs dignes de confiance ou d’un programme analogue.
J’ai récemment déposé une demande auprès de NEXUS et de CANPASS, uniquement pour voir un peu de quoi il s’agissait et en savoir davantage sur la sûreté de l’aviation. Je dois dire, franchement, que je n’y ai vu aucune atteinte à ma vie privée. Bien sûr, je n’ai pas encore passé les entrevues. Nous verrons bien ce que cela donne.
Il y a un an et demi, j’ai eu l’occasion de me rendre en Israël avec ma mère et 30 personnes appartenant à une synagogue du New Jersey. Il m’est arrivé quelque chose d’intéressant en retournant à l’aéroport Ben Gurion. Notre véhicule a fait l’objet d’un contrôle. J’étais assis à l’avant et on m’a posé toute une série de questions. Je suis sorti du véhicule. On m’a demandé mes papiers d’identité et en tendant mes papiers d’identité, j’ai décliné ma qualité de député fédéral. Ils avaient commencé à sortir les bagages de cinq ou six personnes qui se trouvaient aussi dans le véhicule, mais dès qu’ils ont su que j’étais député, ils ont arrêté de sortir les bagages, ont remis les valises à bord du véhicule et nous ont laissé partir.
C’est assez différent de la manière dont on procède au Canada, où je me déplace presque toutes les semaines. Après m'avoir demandé ce que je fais dans la vie on m’oriente parfois vers un deuxième, voire un troisième palier de sûreté, ce qui me surprend toujours. Je transite fréquemment par un aéroport et je peux dire qu’une fois sur trois je fais l’objet d’un contrôle plus poussé, bien qu'ici, dans l’enceinte parlementaire, je me déplace tout à fait librement, pouvant sans le moindre contrôle m'approcher des ministres de la Couronne et du premier ministre. Voilà pourquoi je pense que le moyen que nous avons actuellement de procéder n'est pas entièrement satisfaisant.
Israël et d’autres pays démocratiques ont-ils adopté un système cohérent de voyageurs dignes de confiance et quelle serait à peu près la proportion de personnes à qui l’on refuse le statut de voyageur digne de confiance par rapport à la proportion de personnes faisant l’objet d’un premier contrôle, et parfois de contrôles ultérieurs?
:
En Israël, comme je le disais tout à l’heure, nous avons su écarter les inquiétudes que le professeur Salter a exprimées tout à l’heure. Nous avons, par exemple, supprimé les entrevues pour les personnes demandant une carte de voyageur digne de confiance. Nous avons mis en place un système automatisé qui ressemble un peu à un photomaton. L’appareil est doté d’un ordinateur et d’une souris. Vous vous y asseyez et répondez aux 10 questions qui vous sont posées.
Le système vous donne après cela une réponse, soit négative soit positive. Si la réponse est positive, il vous est délivré une carte.
Les passagers dignes de confiance sont, chaque année, à nouveau soumis à cette procédure. Pas d’entrevue, aucun contact avec un agent. Si vous êtes refusé, vous pouvez en quelque sorte faire appel.
Permettez-moi de vous faire part de ce qui m'est arrivé. Lorsqu’on m’a demandé d’opérer une vérification de ce système et que je me suis rendu pour cela dans l'entreprise qui fournit ce système, celui qui m'a accueilli était en fait un agent de l’administration israélienne de la sûreté. Il m’a dit « Allez, prenez ma carte d’identité, car vous ne pourrez sans cela pas entrer dans le système. » Il m’a passé sa carte d’identité et je l’ai mise dans ma poche.
Je me suis assis dans l’appareil, et j'ai répondu à toutes les questions, mais la machine a rejeté ma demande. J'ai alors demandé pourquoi. « On m'a pris pour un terroriste? » Il m’a répondu, « Oui, vous avez menti à l’appareil. » « L'appareil vous a demandé si quelqu’un vous avait donné quelque chose avant d’entrer et vous avez répondu que non. » Je me suis dit « Au fait, c’est vrai; il m’avait donné sa carte. »
Donc, bien que j’aie répondu tout à fait inconsciemment, l’appareil a su que je lui avais caché quelque chose.
J’insiste sur le fait qu’il existe effectivement des systèmes qui permettent de remédier aux inconvénients de cette approche et de faire en sorte que la plupart des gens n’hésitent plus à demander une carte de voyageur digne de confiance.
Vous est-il possible de nous fournir des précisions au sujet des questions qui vous ont été posées, sur la manière dont on est arrivé à les formuler et notamment si c’est par des méthodes de profilage psychologique? Je dois passer maintenant à une autre question, mais nous vous saurions gré de nous faire parvenir davantage de détails au sujet de ce programme.
J’aurais maintenant une question au sujet du profilage. J’ai cherché à en savoir plus sur le profilage en général et je suis tombé sur un rapport de la Commission canadienne des droits de la personne, L’efficacité du profilage en contexte de sécurité nationale. Je précise tout de suite que le concept de profilage ne se limite aucunement au profilage racial. Il existe, en effet, diverses sortes de profilage, y compris le profilage comportemental, géographique, le profilage attitudinal et, bien sûr, le dernier, le profilage fondé sur les habitudes de consommation.
D’après moi, il serait dangereux de s’engager dans cette voie, mais comme vous avez raison de le dire, les exigences de la sûreté transcendent les clivages politiques, et parfois même la raison lorsqu’il s’agit d’assurer la sûreté et la sécurité des Canadiens et des ressortissants de divers autres pays.
Selon vous, monsieur Salter, conviendrait-il donc de supprimer entièrement le profilage et de contrôler tout le monde, sauf les membres du programme des voyageurs dignes de confiance et les personnes qui n’auront pas à passer un deuxième, voire un troisième palier de contrôle? Convient-il de faire entièrement abstraction de la situation et des antécédents des passagers et de contrôler tout le monde au même titre?
:
La question mérite en effet d'être posée.
D’abord, en ce qui concerne le programme NEXUS, il n'y a aucune difficulté au niveau des gens qui y ont adhéré. Le problème provient simplement du faible nombre de personnes qui, effectivement, ont décidé d’y participer. Le problème ne provient pas des renseignements à fournir, mais simplement de l’idée qu’il faille les fournir. Encore une fois, de bons arguments commerciaux et un peu de diplomatie devraient permettre de faire comprendre qu’en échange des renseignements qu’ils sont tenus de fournir, les passagers seront davantage en sécurité.
Si j’étais persuadé de l’efficacité des méthodes de profilage, j’en serais partisan, mais le complot du jour de Noël montre bien que nous ne sommes pas en mesure d’établir les liens permettant d'extraire des renseignements recueillis les indices qu'il nous faudrait pour prévenir et anticiper les attentats.
Ce que M. Sela ne nous dit pas au sujet du système de voyageurs dignes de confiance et en particulier du système mis en place en Israël, c’est qu’il repose non seulement sur une énorme base de données, mais aussi sur un énorme appareil de sécurité qui permet, au vu des renseignements recueillis au moyen des 10 questions posées à l’administration israélienne de sûreté de se prononcer. Or, au Canada, la culture juridique et politique est différente au point où elle ne tolérerait pas un tel degré de surveillance et d’immixtion dans la vie privée des citoyens qui, naturellement, refuseraient de répondre à de telles questions.
J’estime qu’à l’heure actuelle, un profilage effectué de manière aléatoire est préférable au type de profilage qu’on nous propose d’adopter.
:
Non. J’ai présenté un exposé du système et de ses principaux aspects lors de deux conférences sur la sûreté de l’aviation et de cinq conférences devant l’administration américaine de sûreté des transports.
D’après moi, le principal problème est que, comme le professeur Salter l'a dit si plaisamment, en évoquant l’image de la queue qui remue le chien et non le contraire — c’est qu'en fait, c’est l’administration américaine de sûreté des transports qui décide.
Étant donné que depuis un an et demi déjà, cet organisme n’a plus de chef, tout porte à penser que Mme Napolitano n’attache guère d’importance à la mission qu’il est censé remplir.
La deuxième chose est que M. Kip Hawley, l'ancien commissaire a montré, en séance publique, qu'il ne laisse pas les faits modifier les idées dont il refuse de se départir. Il ne voyait absolument aucune raison de changer, ni ses idées, ni la manière dont l’administration dont il était chargé accomplissait sa mission. D’après lui, Israël fait ce qu'elle pense devoir faire, un point c’est tout.
Cette approche ne me paraît ni éclairé, ni efficace. Au moins convient-il de s’intéresser à ce qui se fait ailleurs, à ce que nous faisons nous, à ce que font les Allemands, les Britanniques, ou les Singapouriens. Vous avez, en ce domaine, des personnes spécialisées à qui vous pourriez demander d’étudier les divers systèmes et après cela, opter pour celui qui convient le mieux à vos habitudes nationales, à votre législation et à la manière dont vous entendez assurer la sûreté de vos aéroports.
:
Je tiens à remercier nos témoins, qu’ils soient effectivement présents devant le comité ou qu’ils interviennent par vidéoconférence.
Vous avez parlé, tout à l’heure, M. Salter, des préoccupations concernant la protection de renseignements personnels. Pourtant, ceux qui travaillent dans les aéroports se voient délivrer des cartes d’identité leur permettant de pénétrer dans les zones réservées. Ils doivent donc pour cela se soumettre à un processus de sélection et doivent, par conséquent, fournir un certain nombre de renseignements.
Ne devrait-on pas donner aux passagers l’occasion de livrer certains renseignements afin d’être rangés dans la catégorie des voyageurs dignes de confiance? J’ai parfois moi-même l’impression de faire l’objet d’une discrimination lorsque je me vois, aux postes de contrôle, tenu pour un éventuel suspect. Que pensez-vous de cette possibilité d'être rangé dans une autre catégorie qui permettrait de franchir plus rapidement les divers contrôles?
Je voudrais, maintenant, M. Sela, vous poser une question au sujet de la sûreté dans les aéroports. J’ai passé par l’aéroport Narita, au Japon, et j’ai pu constater qu’il y a également des contrôles à l’extérieur de l’aéroport, notamment pour les véhicules. La méthode me semble bonne. Ils emploient des chiens renifleurs et effectuent à l'extérieur des contrôles qui permettent d’accélérer les contrôles assurés à l'intérieur de l'aéroport. Je dis cela, car parfois, les contrôles ralentissent beaucoup le mouvement des passagers.
Pourriez-vous, M. Salter, nous parler un peu du respect de la vie privée des passagers et, parallèlement, de cette possibilité qu’il pourrait y avoir d’être rangé dans une catégorie de personnes ne présentant aucun risque?
:
Merci. Les pilotes de compagnies aériennes, les députés, les membres des Forces armées ou de la police ont déjà fait valoir, après avoir été soumis à des contrôles de sécurité, que cela n'est peut-être pas nécessaire.
Je comprendrais très bien, par exemple, que soient considérées comme des voyageurs dignes de confiance les personnes bénéficiant d’une autorisation de sécurité délivrée par un gouvernement. La procédure de délivrance d’une CIZR relève de Transports Canada. Transports Canada se livre, par l’intermédiaire de la GRC, à une enquête et il s’agit donc d'une procédure tout à fait officielle.
Ma préoccupation se situe entièrement au niveau du citoyen, car étant donné que nous ne recueillerons pas suffisamment de renseignements fiables, il y en a certains, certes, qui accepteront de fournir des renseignements, mais cela ne servira finalement pas à grand-chose.
Songez aux auteurs de l’attentat du 11 septembre. Pas de problème au niveau de leurs antécédents en matière de crédit, et la plupart d’entre eux avaient tous les papiers nécessaires, plusieurs ayant même une carte de grand voyageur. On aurait donc été porté à penser qu’ils ne présentaient aucun risque particulier, mais ce n’était pas du tout le cas.
Tant que nous ne posséderons pas suffisamment de renseignements, le seul appel à la bonne volonté des passagers ne nous permettra pas de mettre en place un système efficace.
:
Permettez-moi d’abord de revenir un peu sur quelque chose qu'a dit le professeur Salter.
En Israël, le programme de voyageurs dignes de confiance ne fait pas appel au renseignement, pas du tout. Cette catégorie comprend en effet des étrangers dont nous ne savons absolument rien. Permettez-moi d’ajouter au sujet des auteurs des attentats du 11 septembre que nous les aurions repérés, car ils avaient effectivement quelque chose à cacher et notre système nous signale les gens qui cachent quelque chose. Il s’agit d’un système très performant et j’espère que quelqu’un va noter cela.
-En ce qui concerne la sécurité périmétrique, je ne voudrais pas vous effrayer, mais il est actuellement possible, avec une camionnette chargée de 500 kilos d’explosifs, d’arriver jusqu’à la porte du terminal et de tout faire sauter. Cela donnerait, au niveau de l’aviation, un désastre comparable à ce qui s’est passé en Europe avec les cendres du volcan islandais. L’aéroport est fait d’un verre qui ne résiste pas aux chocs et ceux qui ne seront pas tuées par l’explosion le seront par les éclats de verre.
Vous n’êtes pas actuellement en mesure de savoir qui pénètre dans l’aéroport. Or, il faudrait avoir les moyens d’arrêter tout véhicule suspect et, encore, de l’arrêter à une distance qui, dans l’hypothèse où il s’agit d’un attentat-suicide, permet de limiter les dégâts.
Et je pourrais vous en dire encore davantage. Vous savez, les files d'attente qui se forment dans les aéroports aux contrôles de sécurité? C’est déjà dangereux. Il ne faudrait pas, en effet, immobiliser sur place de grands groupes de personnes. Cela doit être fluidifié, car si vous obligez les gens à faire la queue pendant des heures pour subir un contrôle de sécurité qui prend 10 secondes, ce n'est plus une mesure de sécurité, mais au contraire, un risque pour la sécurité.
Je suis tout à fait d'accord avec M. Sela en ce qui concerne une petite partie de son discours. Les agences américaines dictent maintenant leurs exigences à l'échelle du monde. C'est en partie parce que 50 p. 100 des vols de passagers ont lieu aux États-Unis. L'effet de ces derniers est très important.
[Traduction]
Ce qui me préoccupe beaucoup au niveau d’une éventuelle adoption des normes américaines, c'est que les États-Unis exigent que les ressortissants de certains pays fassent l’objet d’un contrôle plus poussé, même dans d’autres pays tels que le Canada. Or, les nationalités visées par les Américains le sont de manière peu nuancée. C’est ainsi qu’après la tentative d’attentat d’Abdulmutallab, à Noël, tous les Nigériens doivent maintenant faire l’objet d’un contrôle renforcé.
Nous n’avons pas, ici au Canada, cette même perception des risques et nous n’évaluons pas la menace de la même manière. J’ajoute que, selon la presse, jusqu’à un million de citoyens canadiens originaires des 13 pays en question devraient, eux aussi, être soumis à des contrôles renforcés.
C’est d’après moi une question de souveraineté nationale et j’estime que nous devrions faire savoir aux Américains que la législation canadienne ne nous permet pas d’imposer aux personnes originaires de ces pays des mesures de contrôle renforcées. De telles mesures me paraissent à la fois injustes et contraires à nos traditions politiques.
Premièrement, l'Accord d'Ogdensburg dit aux États-Unis que, par exemple, le Canada ne sera pas un lieu de lancement d'attaques contre les États-Unis. Ainsi, notre sécurité est en réalité liée à celle de notre voisin. Mais Israël est sujet à des bombardements suicides beaucoup plus fréquemment que le Canada ne l'a jamais été. Ahmed Ressam, le kamikaze du millénaire, est en quelque sorte un des événements primaires que nous ayons connus, de même que l'attaque contre Air India. Il y a donc eu deux incidents au cours des 35 dernières années.
Par conséquent, le niveau de menace à notre endroit est beaucoup plus faible. Vrai, le réseau Al Qaïda a nommé le Canada comme un des alliés des États-Unis. Nous sommes donc sur une liste. Je ne veux pas dire que notre pays n'a pas été nommé spécifiquement, parce qu'il l'a été, mais il l'a aussi été en raison de notre situation géographique, de nos politiques et de l'ouverture de notre société. Nous sommes dans une situation fort différente. Notre niveau de risque est bien inférieur à celui d'Israël.
Permettez-moi de revenir sur un élément qu'a mentionné M. Sela. Il a dit a parlé de l'incapacité de détecter les personnes au sujet desquelles vous avez des préoccupations dans le périmètre même de l'aéroport, puis de l'identifier en prévision d'un contrôle plus serré, quand cette personne passe dans le système.
Je voudrais que vous réfléchissiez à ce que cela signifierait pour le Canada. Cela voudrait dire la mise en place d'un système de télévision en circuit fermé ou d'un type de détection quelconque, mettons sur la 409, sur la promenade qui mène à l'aéroport, sur le QEW, n'est-ce pas? Cela voudrait dire de pousser la surveillance à l'extérieur de l'aérogare et de l'aéroport d'une manière qui ne correspond pas vraiment à la culture de liberté de circulation des Canadiens.
Sur ce, je remercie nos invités.
Je crois que le défi qui se pose à nous tous est d'assurer la sûreté et la sécurité des voyageurs et d'avoir entendu deux points de vue divergents, ce qui est bien, je crois, pour notre comité. Nous comptons bien vous revoir et vous rendre visite.
Merci, monsieur Sela de nous avoir consacré du temps aujourd'hui. Nous savons que vous n'êtes pas présent parmi nous, mais vous y étiez assurément par la pensée et par l'esprit.
Monsieur Salter, merci de votre contribution.
Nous passons maintenant en sous-comité, mais j'aimerais d'abord attirer l'attention de tous les membres de notre comité. J'ai fait circuler une demande de déplacement. Tout dépend s'il y a suffisamment de personnes disposées à voyager en mai, après la semaine de congé de mai dans nos circonscriptions. J'ai besoin d'une motion pour approuver cela, afin que nous puissions soumettre la demande au comité du budget.
Monsieur Laframboise propose et M. Jean seconde.
Êtes-vous tous en faveur de la motion?
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Merci. J'apprécie. La motion ira maintenant au comité de liaison dès aujourd'hui.
M. Jean.