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Tout à fait. Merci, monsieur le président.
J'aimerais exposer à nouveau cette question d'atteinte au privilège de la façon la plus claire et la plus concise possible.
Notre comité a tenu sa séance du jeudi 25 mars à huis clos. Bien que le débuté de Parkdale—High Park ne soit pas un membre régulier de notre comité, il a décidé de participer à la réunion ce jour-là et de présenter une motion au nom d'un membre régulier qui était également présent.
Le mardi 30 mars, M. Kennedy a envoyé un courriel à tous les membres du caucus libéral leur indiquant que notre comité allait « se pencher sur la date d'expiration indiquée par le gouvernement, soit le 31 mars 2011, et l'incidence que cela pourrait avoir sur les municipalités, comme mon collègue Sukh Daliwal et moi-même l'avions proposé » écrivait-il. Il a ajouté s'attendre à ce que le comité « tienne des réunions sur ce sujet à compter de la mi-avril ».
Il a joint à son courriel une lettre modèle et un questionnaire en demandant à ses collègues libéraux de les transmettre à leurs contacts au sein des administrations municipales dans leurs circonscriptions respectives Dans la lettre en question, on précisait que la motion de Gerard Kennedy avait été adoptée le 25 mars avec l'appui de tous les partis.
Le procès-verbal rendu public ne faisait pas état des faits contenus dans la lettre dont tout le monde a reçu copie, si je ne m'abuse. On ne précisait pas qui avait présenté la motion, ni qu'elle avait reçu le soutien de tous les partis, une affirmation qui pourrait être considérée comme trompeuse dans le contexte du débat tenu le 25 mars.
Je rappelle à mes collègues que M. Kennedy a en fait proposé une motion portant que la séance à huis clos devienne publique et que le comité a rejeté cette requête. J'estime qu'il s'agit là d'une circonstance aggravante. Le procès-verbal publié ne faisait pas non plus référence à l'audition de témoins ou à la possibilité de tenir des séances à la mi-avril. On pourrait également considérer que le député a intentionnellement cherché à induire les gens en erreur à l'égard de ce qui s'est dit le 25 mars.
Monsieur le président, si l'on considère les faits et les règles de la Chambre, il s'agit manifestement d'une atteinte au privilège de la part du député de Parkdale—High Park, et j'estime que le comité devrait signaler immédiatement la situation à la Chambre.
Comme vous le savez très bien, nous ne pouvons pas conclure qu'il y a eu atteinte au privilège; c'est la prérogative du Président de la Chambre. Mais nous sommes tenus de faire rapport à la Chambre si nous estimons que cela peut être le cas.
Pour être bien clair, à quoi nous sert-il de tenir des séances à huis clos si nous ne pouvons faire confiance à nos collègues pour garder nos discussions confidentielles? Le fonctionnement de cette Chambre s'appuie sur des règles et sur la confiance mutuelle. En l'espèce, je dirais que M. Kennedy a été fautif sur ces deux plans.
J'ai aussi rédigé un rapport en m'inspirant de celui utilisé par le Comité de l'environnement relativement à une atteinte semblable qui a eu lieu avec , et j'aimerais le déposer pour qu'il soit distribué.
C'est la motion que je souhaitais faire valoir.
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Merci, monsieur le président, et merci au député d'en face d'avoir soulevé ce point.
D'abord et avant tout, je veux présenter mes excuses au comité. J'ai commis une erreur. Conformément aux règles de fonctionnement du comité, j'ai pris des renseignements pour savoir si la motion avait été déposée durant la séance publique pour être ensuite adoptée. On m'a fourni ces renseignements et j'accepte l'entière responsabilité quant à la manière dont je m'y suis pris pour obtenir cette confirmation. J'aurais dû plutôt prendre connaissance moi-même du procès-verbal pour voir s'il correspondait effectivement à ce qu'on m'a répondu. Permettez-moi d'assurer au comité que je n'avais nullement l'intention de divulguer quoi que ce soit émanant d'une séance à huis clos.
Je veux en outre préciser que j'avais publiquement, soit devant le Caucus des maires des grandes villes, différents dirigeants municipaux et les membres du caucus libéral, et ce, dans différents contextes, exprimé mon intention de présenter une motion en ce sens. On devrait sans doute plutôt parler d'une « motion similaire ». Je n'aurais pas dû m'en approprier la paternité, car à la lecture du procès-verbal, cela ne ressort pas clairement. Je dois toutefois rappeler que cette motion avait déjà été annoncée publiquement, sur bien d'autres tribunes, à des personnes qu'elle pouvait concerner.
De plus, je note que l'adoption de la motion figure dans le procès-verbal rendu public, sans que l'auteur ne soit mentionné. Cela témoigne du soutien du comité, et c'est tout ce que j'affirme. Je n'ai jamais, monsieur le président et chers collègues du comité, exprimé quelque opinion que ce soit. Je n'ai divulgué aucun des arguments soulevés. Je n'ai révélé aucun des éléments des discussions tenues à huis clos par le comité. J'ajouterais que bien que j'espère — et encore là je ne divulguerai pas publiquement le contenu d'une réunion à huis clos — que les séances en question puissent se tenir aussi rapidement que possible, je constate que notre comité s'est déjà réuni à 47 reprises sans que l'on parle d'infrastructures. Je suppose que c'est la décision que le comité a prise, mais il demeure important pour les municipalités de savoir assez rapidement s'il y aura une certaine souplesse, si les argumentations pourront être entendues, et des choses semblables.
Il a été question du moment choisi. D'après ce que je puis me souvenir des discussions tenues — et j'invite mes collègues à éclairer ma lanterne si je fais fausse route — il n'a jamais été question d'un échéancier. Je ne crois pas divulguer rien de confidentiel en précisant que le calendrier et les détails semblables n'ont pas été abordés lors des délibérations du comité, mais plutôt laissés à la discrétion de la présidence. Il s'agissait donc de simples spéculations, comme tout autre membre du comité peut en faire.
Alors, pour résumer, il était déjà de notoriété publique que j'allais présenter une motion en ce sens ou une motion similaire. Deuxièmement, la motion en question a été adoptée par le comité. Il n'y a eu aucune objection. Le vote n'a pas été demandé. Il n'y a pas eu débat. Je crois donc que l'on peut affirmer qu'elle avait le soutien de tous les partis. Tous les membres présents ont donné leur accord relativement à cette motion.
Troisièmement, le fait de présumer de certaines dates de réunion ne visait d'aucune manière à porter atteinte au privilège du comité ou de ses membres quant à l'établissement du calendrier. Je ne faisais qu'exprimer mon point de vue en cherchant à mobiliser les gens que la chose pouvait intéresser. En dernière analyse, c'est un sujet public, et je crois qu'il est censé en être ainsi, et la motion peut se lire comme une invitation à se faire entendre. Une motion subséquente demandait d'ailleurs aux gens de soumettre le nom des témoins qu'ils suggèrent pour différentes études convenues.
Encore une fois, je vous prie de m'excuser pour l'erreur que j'ai commise en ne vérifiant pas le libellé exact du procès-verbal qui ne mentionnait pas le nom du motionnaire. C'est mon erreur et je présente mes excuses sans aucune réserve au comité. Je n'ai toutefois pas, sciemment ou volontairement, porté atteinte à... Je suis d'accord avec les fondements de l'argumentation de M. Jean, à savoir que les discussions tenues à huis clos par les membres du comité doivent demeurées confidentielles. À mon sens, rien dans les remarques, les documents soumis ou nulle part ailleurs ne reprend les propos d'un membre de ce comité ou ne lui attribue quelque intervention que ce soit en dehors des délibérations publiques. J'ai pris bien soin de respecter le caractère confidentiel des séances à huis clos. J'ose espérer que chacun comprend bien que j'ai dû rendre sa place au membre régulier du comité, que j'ai effectué le suivi et que j'ai commis l'erreur de ne pas me rendre compte que la motion avait été rendue publique sans que le nom de son auteur ne soit dévoilé.
C'est l'explication que je vous donne. Je n'essaie pas d'enjoliver les choses et j'ose espérer que mes collègues pourront constater qu'il n'y avait ni intention ni effort de ma part pour porter atteinte à la nature confidentielle de nos discussions.
Merci.
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Monsieur le président, tout d'abord, j'ai bien compris ce que vient de dire M. Kennedy. Lorsqu'une motion portant atteinte aux privilèges est déposée en comité, c'est grave. La seule explication qui doit être offerte par un député et la seule conclusion qu'un député doit faire, c'est de constater qu'il y a eu une erreur. De plus, ledit député doit s'excuser.
Plus j'entends les explications de M. Kennedy, moins je suis convaincu qu'il a compris l'erreur qu'il a commise, ce qui est dangereux. Je me souviens très bien de ce que M. Kennedy a voulu faire. Il a voulu que cette motion soit rendue publique, alors qu'on avait déjà discuté des motions d'autres collègues à huis clos. Ce n'est pas parce qu'on en avait contre la motion de M. Kennedy; c'est qu'on en était à une étape de la réunion où l'on siégeait à huis clos.
M. Kennedy aurait dû tenir un débat au début de la discussion sur les motions de tous les députés. Ainsi, on aurait tenu un débat. Le comité est maître de sa destinée. La réunion avait lieu à huis clos et on a décidé de continuer à siéger à huis clos. Ce n'est pas une question d'infrastructure ou de sujet; c'était une discussion à huis clos.
Vous avez commis une erreur, monsieur Kennedy, et vous devez vous en excuser. C'était une stratégie de votre part et vous aviez planifié toute votre intervention. Du moins, c'est ce que cela me porte à croire. Au fond, votre stratégie était simple: vous vouliez que ce soit rendu public parce que vous aviez l'intention d'envoyer cela dans toutes les villes. C'était une stratégie de votre part. Vous faites de la politique et vous avez le droit d'en faire.
Lorsque, en comité, vous portez atteinte aux privilèges de députés, vous devez vous excuser. Évidemment, si vous pensez qu'il n'y a pas atteinte aux privilèges des députés, vous le dites. À ce moment-là, on appuiera la motion du Parti conservateur et on verra ce que le Président de la Chambre des communes décidera.
Une chose est certaine, si vous avez commis une erreur, la seule chose à faire, c'est de vous excuser auprès du comité. J'accepterai ces excuses. Toute autre explication n'est que de la politique de votre part. Si vous voulez vous excuser auprès du comité, vous en aurez la chance. Vous avez commis une erreur, point à la ligne et on n'en parlera plus.
Par contre, si vous essayez de m'expliquer que ce n'était pas ce que vouliez faire, il y a un problème. Vous aviez une stratégie et elle est claire aujourd'hui. Vous vouliez que ce soit rendu public parce que vous aviez l'intention d'envoyer cela dans toutes les villes. Je le regrette, mais je n'avais pas vu ça. Vous n'en avez parlé à personne et c'est votre choix politique. Toutefois, en faisant cela, vous avez porté atteinte aux droits des députés et aux privilèges des députés qui siègent à ce comité. La réunion se tenait à huis clos. Aucune discussion ne devait être rendue publique, mais vous l'avez fait. Vous avez commis une erreur. Si vous vous en excusez, cela ne me pose pas de problème, mais n'essayez pas de me donner des explications, sinon ça a l'air d'une stratégie politique et je n'embarque pas là-dedans.
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Monsieur le président et honorables députés, je tiens à vous remercier d'avoir invité le Bureau de la sécurité des transports du Canada à comparaître devant votre comité. Je suis accompagnée aujourd'hui de collaborateurs possédant une solide expérience: M. Jean Laporte, administrateur en chef des opérations du BST; et M. Mark Clitsome, qui est responsable de toutes les enquêtes aéronautiques.
Il y a 20 ans, le Parlement a créé le Bureau de la sécurité des transports du Canada pour mener des enquêtes indépendantes, qu'un accident survienne sur nos voies navigables, le long de nos pipelines, sur nos voies ferrées ou dans les airs. La création du BST était un investissement dans l'avenir du Canada; elle était un investissement dans l'infrastructure essentielle à la santé économique et sociale de notre pays.
Cet investissement a été rentable pour les Canadiens puisqu'il a amélioré la sécurité lorsque nous nous déplaçons et que nous transportons des marchandises partout au pays et dans le monde. Depuis 20 ans, nous avons rendu des comptes aux Canadiens et nous avons indiqué clairement ce qui doit être fait pour améliorer la sécurité du réseau. Le Canada bénéficie aujourd'hui d'un des réseaux de transport les plus sûrs au monde.
Qu'à cela ne tienne, les Canadiens s'attendent à ce que le Bureau de la sécurité des transports s'efforce de le rendre encore plus sûr. Voilà pourquoi nos experts continueront de mener des enquêtes indépendantes. Nous informerons les Canadiens de ce qui est arrivé et pourquoi, et nous suggérerons des solutions à l'industrie et au gouvernement. Lorsque le bureau estime que les mesures prises pour régler les problèmes de sécurité que nous avons repérés ne suffisent pas, nous le disons, comme nous l'avons fait le mois dernier au moyen de notre liste de surveillance.
Le 16 mars dernier, le Bureau de la sécurité des transports du Canada a publié sa liste de surveillance. Je vais vous en présenter les grandes lignes. La liste désigne neuf problèmes de sécurité critiques auxquels il faut s'attaquer pour améliorer la sécurité du réseau de transport du Canada.
Dans le secteur maritime, il y a deux problèmes. Le premier est la sécurité à bord des bateaux de pêche. Presque la moitié des accidents maritimes signalés au BST sont des accidents de bateaux de pêche. En moyenne, un Canadien meurt chaque mois dans un accident de bateau de pêche. Nous sommes confrontés à de vastes défis dans l'industrie de la pêche; ils vont de la stabilité des bâtiments à la culture de sécurité.
Le deuxième problème maritime concerne la sécurité des traversiers au Canada. Nos traversiers jouissent d'un bon dossier en matière de sécurité, mais nous devons tous nous rappeler que des dizaines de millions de passagers les empruntent chaque année. Il y a plus de 100 grands navires à passagers, et environ la moitié d'entre eux peuvent transporter et transportent plus de 400 personnes.
Au bureau, la dure réalité nous a appris que ces navires doivent être mieux préparés aux situations d'urgence. En cas d'accident, les exploitants d'un traversier doivent savoir combien de personnes se trouvent à bord. Et chacune d'elles a de meilleures chances de s'en tirer sans mal si les équipages se sont entraînés au moyen d'exercices réalistes.
Dans le domaine ferroviaire, la liste de surveillance tient compte du fait qu'il survient toutes les deux semaines une collision entre un train de voyageurs et un véhicule à l'un des deux 20 000 passages à niveau du Canada. Le bureau exige que les compagnies ferroviaires et Transports Canada prennent le temps de déterminer quels passages à niveau posent les plus grands risques, puis de faire le nécessaire pour réduire le nombre de collisions.
Le deuxième problème ferroviaire découle de l'utilisation de trains plus longs et plus lourds. Depuis 15 ans, la masse et la longueur des trains ont augmenté de 25 p. 100. La formation des trains est l'ordre dans lequel les wagons sont disposés. Si l'on compare un long train à un accordéon, les forces de traction séparent les wagons, et les forces de poussée les pressent les uns contre les autres. Lorsque des wagons vides plus légers sont positionnés dans le train sans tenir compte de ces forces, il peut y avoir un déraillement.
La formation et l'exploitation de trains plus longs et plus lourds exigent une plus grande attention dans l'optique de la sécurité. Nous croyons que l'industrie ferroviaire comprend l'importance de ce problème, mais nous constatons dans les faits que le manque de vigilance est parfois mis en évidence. Il est encore tôt, mais je peux vous dire que notre enquête sur le récent déraillement survenu à Pickering, en Ontario, examinera de près la question de la formation des trains et son incidence sur les forces générées dans le train.
En ce qui concerne l'aviation, deux problèmes figurant sur notre liste de surveillance ont trait à la sécurité dans les aéroports du Canada. Le premier est celui des conflits au sol. Bien que la probabilité de ces conflits soit faible, nous croyons que l'on peut et que l'on doit diminuer encore plus les risques aux aéroports achalandés du Canada, grâce à l'amélioration des méthodes et à l'adoption de meilleurs systèmes anticollision. Nous nous inquiétons aussi au sujet des millions d'atterrissage aux aéroports canadiens. Des accidents peuvent se produire sur la piste, ou des avions peuvent faire des sorties de piste. Nous tirons de pénibles leçons de toutes nos enquêtes de sécurité.
Lorsqu'un appareil Air France a dépassé l'extrémité de la piste 24L, à Toronto, nous avons appris que nous avions un problème au Canada. Et ce problème persiste. Dans une livraison récente du périodique AeroSafety World de la Fondation pour la sécurité aérienne, on a pu constater que le taux de sorties de piste sur chaussée humide était plus de deux fois plus élevé au Canada que dans le reste du monde. Il sera difficile de construire des aires de sécurité d'extrémité de piste suffisantes ou, encore, d'utiliser des dispositifs d'arrêt à matériau absorbant, et l'amélioration de la sécurité des extrémités de piste du Canada exigera une volonté politique.
Un autre problème qui retient l'attention du BST dans l'aviation est ce que nous appelons les « impacts sans perte de contrôle ». Au Canada, entre 2000 et 2009, 129 avions en parfait état ont percuté le sol alors que l'équipage ne se doutait de rien. Ce n'est là que 5 p. 100 des accidents d'avion, mais ils causent presque 25 p. 100 de toutes les pertes de vie. La solution à ce problème est technologique; il s'agit de doter les petits avions de systèmes d'avertissement et d'alarme d'impact. Nous devons nous atteler à cette tâche.
Les deux derniers problèmes de la liste de surveillance touchent à la fois les domaines maritime, ferroviaire et aérien. Le premier concerne les données. Le BST a récemment participé à une rencontre sur la sécurité, sous l'égide de l'Organisation de l'aviation civile internationale, à Montréal. La question de l'heure était la difficulté de récupérer les enregistreurs du vol 447 d'Air France. Pour faire son travail, le Bureau de la sécurité des transports du Canada a besoin de données objectives provenant d'enregistreurs de bord — boîte noire d'un avion, consignateur d'événements d'une locomotive, enregistreur des données du voyage d'un navire. Les exigences disparates qui sont en vigueur au Canada ne sont plus acceptables. Nous devons nous assurer que, lorsqu'il y a un accident, le Bureau de la sécurité aura toujours accès à des données récupérables et sécurisées.
Le dernier problème figurant sur la liste de surveillance dont je veux discuter avec vous concerne les systèmes de gestion de la sécurité, ou SGS. Ce problème touche les domaines maritime, ferroviaire et aérien. Mais parce que je sais que vous examinez actuellement la sécurité aérienne, je me concentrerai sur les SGS du domaine aérien. Je veux aussi parler des avions d'affaires et des leçons de notre enquête sur l'accident survenu à Fox Harbour.
Le BST a toujours insisté sur les avantages des systèmes de gestion de la sécurité. Que l'on m'entende bien: ces systèmes constituent de puissants outils de gestion, reconnus à l'échelle internationale, qui aident à repérer les problèmes avant qu'ils ne dégénèrent. Nous croyons qu'ils sont la bonne façon de procéder. Par contre, pour bien fonctionner, ils exigent un engagement ferme et continu de la part des entreprises, tandis que la surveillance de la part de l'organisme de réglementation est essentielle.
Des systèmes de gestion de la sécurité ont été entièrement mis en oeuvre par les 35 grands transporteurs du Canada — les RAC 705, qui transportent la plupart des passagers au Canada. Il faut noter que nos grands transporteurs ont un excellent dossier en matière de sécurité. Le prochain défi à relever se situe dans le reste de l'industrie du transport aérien du Canada: les taxis aériens, les hélicoptères, les transporteurs régionaux et les écoles de vol. Transport Canada devra surveiller étroitement les petites entreprises, qu'elles exploitent des appareils commerciaux ou des avions d'affaires, pour s'assurer qu'elles adoptent toutes des SGS et que cette adoption se fait en douceur. Nous y porterons une attention particulière dans nos enquêtes.
Les avions d'affaires constituent un cas spécial. J'insiste là-dessus. Pour le situer dans son contexte, permettez-moi de vous parler de notre enquête sur l'accident de Fox Harbour et de ses répercussions.
Il y a une dizaine d'années, Transports Canada a commencé à transférer les responsabilités de la certification et de la vérification à l'Association canadienne de l'aviation d'affaires, l'ACAA. Ce transfert supposait que l'ACAA respecterait un certain nombre de conditions. Je vous épargnerai les détails pour ne parler que de la condition concernant les systèmes de gestion de la sécurité.
Selon l'intention initiale, l'ACAA devait exiger que chaque exploitant d'avion d'affaires dispose d'un système de gestion de la sécurité en bonne et due forme. Après qu'un appareil Global Express a touché des roues la zone précédant la piste à Fox Harbour, en Nouvelle-Écosse, l'enquête du BST a examiné en profondeur le transfert de responsabilités ainsi que l'adoption et le fonctionnement des SGS en aviation d'affaires. Nous avons constaté que, si les exploitants d'avions commerciaux sont tenus de mettre en oeuvre les SGS par étapes, dans un délai prescrit, les exploitants d'avions d'affaires sont libres de le faire comme ils l'entendent, sans qu'aucun délai ne soit fixé.
Ce qui veut dire que beaucoup d'exploitants, notamment celui de l'avion dont on parle, n'avaient pas de SGS entièrement fonctionnels. Par exemple, cet exploitant n'avait pas convenablement évalué le risque associé à l'ajout d'un gros appareil à sa flotte, comme l'auraient voulu les principes de saine gestion de la sécurité. C'est pourquoi le bureau a recommandé que l'ACAA établisse un calendrier de mise en place des SGS pour ses titulaires de certificat. Il a aussi recommandé que Transports Canada veille à ce que l'ACAA mette en place un programme d'assurance de la qualité efficace pour la vérification de ses titulaires de certificat.
Le 16 mars dernier, Transports Canada est allé plus loin et a décidé de reprendre à son compte la certification et la surveillance de l'aviation d'affaires. Ce changement entrera en vigueur le 1er avril 2011. Je dois vous avouer que le BST est heureux de ce résultat.
Comme toujours, nous continuerons de surveiller la réponse à cette recommandation et à toutes celles du bureau et nous rendrons compte des progrès réalisés, le cas échéant. Lorsque les efforts sont insuffisants, comme dans le cas des neuf problèmes sur notre liste de surveillance, le BST le fera savoir aux Canadiens et exigera que l'industrie et le gouvernement fassent le nécessaire pour améliorer la sécurité des transports.
Les premières réactions de l'organisme de réglementation et de l'industrie à la liste de surveillance sont positives. Sur la grande majorité des problèmes de sécurité, nous sommes d'accord, mais ces problèmes figurent sur la liste de surveillance parce que les progrès se font beaucoup trop attendre et parce que ceux que nous avons relevés nous ne savons combien de fois ne sont pas réglés. Parfois je pense que c'est parce que les consultations auprès de l'industrie s'éternisent, et cela fait partie du processus réglementaire. Parfois, c'est parce que le processus réglementaire lui-même n'est pas assez prompt pour traiter de problèmes critiques de sécurité.
Je vous laisse sur cette pensée. Il faudrait peut-être un moyen plus rapide pour réaliser les modifications aux règlements qui sont nécessaires à la sécurité des Canadiens.
Merci de votre attention.
Nous répondrons maintenant volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup nos témoins de comparaître.
J'aimerais tout d'abord vous complimenter pour le DVD que vous avez fait parvenir à mon bureau. J'ai été fort impressionnée par le travail que ce document a nécessité, particulièrement par l'expertise du personnel chargé des enquêtes portant sur les accidents. Vous avez expliqué de manière très exhaustive le déroulement de votre travail, et j'aimerais vous remercier de nous avoir fourni ce document. Complimentez donc les personnes qui l'ont préparé. Je recommanderais ce document à tous mes collègues, car il aide beaucoup à comprendre les processus de travail.
Nos discussions d'aujourd'hui ont porté principalement de la sécurité dans le domaine de l'aviation, peut-être en raison de l'incident qui s'est produit récemment en Europe. Nous sommes de tout coeur avec la population polonaise, qui vient de perdre tant de ses dirigeants. Je crois que nous devrions peut-être examiner nos propres mesures de sécurité et réévaluer le processus que vous appliquez régulièrement.
M. Laporte a parlé plus tôt de nous comparer à d'autres pays. Je me demande si vous pourriez faire un survol de tous les aspects que vous examinez, que ce soit dans le domaine des transports terrestres, aériens ou maritimes. J'ignore comment nous nous comparons à d'autres pays européens, qui sont peut-être enclavés et ne sont pas obligés de mener les mêmes enquêtes que nous dans le domaine maritime. Mais pouvez-vous nous donner une idée de la manière dont le Canada se compare à d'autres pays?
Je pourrais peut-être commencer par dire que vous avez indiqué plus tôt, madame Tadros, que le Bureau de la sécurité des transports a commencé à tirer la sonnette d'alarme en 1995, puis en 2003. Aujourd'hui, en 2010, quelle est la situation concernant les enquêtes et l'amélioration de la sécurité des Canadiens? De toute évidence, s'il s'agit d'une priorité de notre gouvernement. Nous voulons nous assurer que tous les modes de transport sont sécuritaires pour les Canadiens.
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