Bonjour. Je m'appelle Howard Bohan. Je suis vice-président de l'exploitation et de l'expérience de la clientèle de l'Autorité aéroportuaire du Grand Toronto. Je suis également ici au nom du Conseil des aéroports du Canada. Mes collègues qui m'accompagnent sont Toby Lennox, vice-président de la Division des affaires générales et des communications, et Normand Boivin, vice-président de l'exploitation aéroportuaire et du développement de l'aviation d'Aéroports de Montréal.
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous présenter aujourd'hui le point de vue des aéroports sur la sûreté de l'aviation. Nous sommes également reconnaissants envers le comité de prendre le temps nécessaire pour examiner cette question cruciale. Selon nous, un dialogue ouvert sur le sujet avec les partenaires clés de l'industrie nous aidera à mettre en place un système de sûreté de l'aviation encore plus efficace. Nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes questions du comité, tant pendant cette séance qu'à n'importe quel autre moment.
Le Conseil des aéroports du Canada a été créé en 1992, lorsque le gouvernement fédéral a cédé le contrôle des aéroports à des sociétés privées locales sans capital social. Depuis ce moment, le CAC est devenu le représentant national des aéroports en ce qui touche un large éventail de questions et de préoccupations importantes.
Mais les aéroports du Canada sont des moteurs pour le développement économique dans les collectivités qu'ils desservent et ils sont au nombre des éléments les plus importants de l'infrastructure locale.
Le conseil regroupe plus de 200 aéroports au Canada, dont tous ceux qui font partie du Réseau national des aéroports et la plupart des aéroports qui accueillent des passagers dans chaque province et territoire.
Ensemble, les aéroports membres du conseil reçoivent dans leur quasi-intégralité le fret aérien du pays et le trafic international de passagers, ainsi que 95 p. 100 du trafic intérieur de passagers. Ils créent plus de 45 milliards de dollars en activité économique dans leurs différentes collectivités, et plus de 200 000 emplois sont directement associés aux aéroports membres du conseil, ce qui représente une masse salariale annuelle de plus de huit milliards de dollars.
Monsieur le président, le milieu aéroportuaire comprend l'importance de la sûreté de l'aviation et appuie les mesures visant à l'améliorer. La sécurité des passagers des transporteurs aériens est de très haute importance. Il s'agit de notre préoccupation première dans l'exploitation aéroportuaire et elle est à l'avant-plan de toutes nos activités. À notre avis, il y a un lien direct entre une sécurité aéroportuaire stable et fiable et la santé du système de transport aérien du Canada.
Il ne fait aucun doute que les attaques dirigées vers l'aviation, même celles qui ne proviennent pas du Canada ou qui ne le visent pas, ont une incidence sur la mesure dans laquelle le public est disposé à voyager par voie aérienne. Le Canada est un pays vaste, où les collectivités sont liées entre elles et au reste du monde par notre système de transport. Les autorités aéroportuaires sont conscientes que la sécurité de ce système de transport est essentielle à notre rendement économique et à notre bien-être national.
L'attaque, heureusement ratée, du 25 décembre nous a rappelé toute l'importance de la sûreté. Nous devons continuellement réexaminer le système de sécurité du transport aérien afin de veiller à ce qu'il permette d'enrayer comme il se doit les risques et les vulnérabilités, ce qui est fondamental pour la réussite économique du Canada.
Nous accueillons donc favorablement la décision du comité de mener l'étude actuelle, et la décision du gouvernement du Canada de voir à la réalisation d'un examen approfondi de la sécurité nationale. Il est tout à fait approprié de procéder à un tel examen et nous espérons être en mesure de fournir toute l'aide nécessaire.
Il est important de reconnaître que toute discussion sur la sûreté de l'aviation ne doit pas porter simplement sur les événements du 25 décembre. La discussion doit plutôt viser à anticiper les menaces en tenant compte de l'importance économique de la sûreté de l'aviation.
L'attaque ratée du 25 décembre nous rappelle que la menace est bien réelle, mais également que nous ne pouvons plus nous contenter de chercher un équilibre entre la sûreté et le service à la clientèle. Ces deux éléments ne s'excluent plus mutuellement. En tant qu'industrie, nous devons relever ce grand défi: exceller sur les deux plans.
Nous devons travailler ensemble afin de trouver des manières plus efficaces de cerner, d'évaluer et d'atténuer les risques de façon holistique, en accordant une nouvelle importance à l'incidence de la sûreté sur la durabilité des activités et de l'industrie.
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Pour nous permettre d'atteindre cet objectif noble, nous demandons à ce que tout examen tienne compte du rôle crucial des exploitants d'aéroports. Ces derniers sont les seuls à pouvoir « rassembler toutes les pièces du casse-tête », car ils sont outillés pour reconnaître les liens d'interdépendance entre l'industrie et les activités, ainsi que les incidences des interruptions liées à la sécurité.
Contrairement à d'autres organismes du milieu dont les mandats sont nécessairement limités, les exploitants d'aéroports sont les seuls à pouvoir porter un regard d'ensemble sur l'aéroport. Par conséquent, nous pouvons cerner et régler les diverses difficultés liées à la mise en oeuvre d'un système de sécurité pleinement intégré et holistique, c'est-à-dire qui fonctionne du périmètre de l'aéroport jusqu'aux sièges à l'intérieur de l'aéronef.
Les événements du 25 décembre ont mis rudement à l'épreuve la capacité de fonctionnement du système de transport aérien. La mise en oeuvre de mesures dans un secteur a eu des conséquences imprévues dans un autre secteur simplement parce que l'exploitant n'a pas pu coordonner les diverses activités. Il est également crucial que tout examen tienne compte des distinctions bien réelles entre la taille et le rôle des différents aéroports au Canada. Il est essentiel que tant les aéroports régionaux que les aéroports points d'accès participent au processus. La question est une question d'« échelonnabilité ». Nous voulons profiter des possibilités qui existent dans chaque type d'aéroport. Les petits aéroports sont beaucoup moins complexes que les grands et leur caractère plus communal permet aux exploitants d'améliorer la sécurité en utilisant des moyens qui seraient impossibles pour des aéroports points d'accès comme ceux de Montréal, Toronto et Vancouver.
Les systèmes doivent être suffisamment souples pour garantir la sécurité d'une façon complètement différente d'un aéroport à l'autre, en fonction d'un certain nombre de facteurs, dont les ressources disponibles et les niveaux de risques. Nous reconnaissons que cela ne sera pas facile, mais nous estimons que la question d'« échelonnabilité » devrait être abordée comme une possibilité et non comme une difficulté.
Si nous pouvions laisser une seule impression au comité aujourd'hui, nous aimerions que ce soit le fait que les aéroports reconnaissent l'importance de la sécurité, une priorité de premier plan à tous les aéroports du pays, et qu'à titre de partenaire de l'industrie de l'aviation, nous devons travailler ensemble afin de créer un système intégré permettant d'anticiper les menaces et d'offrir une « expérience client » qui amènera les gens à choisir le transport aérien.
Nous sommes conscients que si un incident semblable à celui du 25 décembre survenait à l'un de nos aéroports, les répercussions pourraient se révéler immédiates et dévastatrices. Il ne fait aucun doute que nous sommes déterminés à éviter que cela se reproduise. Je tiens encore une fois à mentionner, au nom du Conseil des aéroports du Canada, que la sécurité de nos passagers et de nos transporteurs aériens est primordiale. Nous nous engageons à collaborer avec l'ensemble des intervenants, notamment le gouvernement fédéral et nos divers organismes de sécurité, afin de veiller à ce que le système d'aviation du Canada soit parmi les meilleurs au monde sur le plan de la sûreté.
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Je vous remercie de m'avoir invitée. Je m'appelle Nathalie Des Rosiers, je suis de l'Association canadienne des libertés civiles. Je vais faire la première partie de ma présentation en français et la deuxième en anglais.
L'Association canadienne des libertés civiles est un organisme sans but lucratif qui a été reconnu à maintes reprises pour son expertise dans la question des enjeux soulevés par les libertés civiles au Canada. Elle existe depuis 1964 et a été reconnue à la fois devant les tribunaux et devant la Chambre des communes pour son expertise.
Selon nous, il y a quatre visions de la sécurité qui animent présentement les débats sur la sécurité dans les aéroports. La première vision est une vision que j'appellerais « de profilage », un peu nouvelle, qui est d'inspiration israélienne et qui vise à utiliser des techniques d'identification behaviorales, ou de comportement, pour assujettir certaines personnes à des enquêtes plus approfondies. Il s'agit d'un modèle de profilage qui, d'un côté, peut s'accompagner d'un fardeau plus élevé pour certains passagers, mais de l'autre, d'un fardeau moins élevé pour d'autres. On suppose ici des régimes de passe-droit qui permettent d'éviter de longues files d'attente. Le premier modèle s'engage vers l'identification de certains passagers pour les placer dans des catégories de sécurité différentes.
La deuxième vision est celle que j'appellerai « la vision plus technologique » de la sécurité qui estime que des techniques de détection de plus en plus raffinées appliquées à l'ensemble des voyageurs est la meilleure garantie de sécurité. Dans cette catégorie, on inclurait le dernier investissement dans les scanneurs corporels qui a été fait après les événements du mois de décembre dernier.
Une troisième vision met davantage l'accent sur le côté aléatoire des recherches, sur l'imprévisibilité dans les moyens de recherche et dans leur application, qui pourrait assurer d'empêcher que des terroristes potentiels comprennent le système et puissent le détourner.
Un quatrième modèle mise davantage sur les services de renseignement pour détecter les réseaux terroristes et empêcher que leurs membres se rendent à l'aéroport ou qu'ils montent à bord des avions. L'association se préoccupe en particulier des régimes d'interdiction de voler, en place au Canada. Je vais y revenir.
[Traduction]
Mon exposé examinera ces quatre systèmes et soulignera quelles sont les préoccupations à leur sujet du point de vue des libertés civiles, et quelles sont les recommandations que vous devriez examiner, si vous décidez de choisir l'une d'elles. Nous croyons que nous serons probablement dans une situation où il y aura différentes visions appliquées aux différents aéroports, mais ces visions ne s'excluent certes pas mutuellement. De toute façon, il faut prendre en compte les questions de libertés civiles pour chaque système.
En ce qui concerne les avantages et les inconvénients du profilage, le premier modèle, je crois que de nombreuses personnes doutent de l'idée d'adopter le modèle israélien, en soulignant les différences quant au degré et aux types de menace entre le Canada et Israël. Selon eux, les menaces envers les aéroports israéliens sont plus fréquentes et d'un degré plus élevé et elles visent surtout une situation politique précise, alors qu'au Canada, il pourrait y avoir un degré moins élevé de menace, mais qui sera sans aucun doute d'un type plus diffus.
Il y a divers types d'extrémistes, et je crois que mes collègues seront d'accord pour dire que la désignation de la sécurité d'un aéroport ne devrait pas se faire en n'ayant à l'esprit qu'un seul type de terroriste, mais en reconnaissant que notre histoire comprend également la catastrophe d'Air India et d'autres conflits politiques internes. Nous devons être prudents dans l'élaboration du modèle et ne pas penser que la menace terroriste sera la même que celle qui touche les autres pays, et surtout, qu'elle ne changera pas.
Avec chaque nouvelle vague d'immigration, on peut imaginer que de nouveaux conflits puissent se transformer et se radicaliser pour mener au terrorisme. En gros, nous ne devons pas concevoir le système qu'en pensant aux attaques du 11 septembre ou à l'attentat raté du 25 décembre.
Il y a de nombreuses objections au profilage, qu'il soit comportemental ou autre. Le modèle israélien qui nous a été présenté invite les agents ayant suivi une formation à suivre un peu leur intuition et à surveiller tous les voyageurs afin de repérer ceux qui semblent plus nerveux pour leur poser des questions et les soumettre à une vérification de façon plus approfondie.
D'après nous, cela pourrait mener au pire type de profilage racial et causer de nombreux faux positifs. Cette proposition pourrait perturber toujours les mêmes personnes, les jeunes hommes aux traits arabes, les gens qui ont peur de prendre l'avion, les gens souffrant de maladie mentale et ceux qui font preuve de maladresse dans les aéroports.
Le profilage par pays, qui est un autre aspect mentionné, est aussi répréhensible, ou encore plus. L'image d'une équipe de soccer canadienne composée de jeunes qui arrivent à l'aéroport et dont les membres sont divisés entre ceux qui sont nés au Canada et ceux qui sont nés à l'étranger est inacceptable, je crois, dans notre contexte. Je pense que cela va également à l'encontre du gros bon sens d'oublier qu'il faut une participation communautaire pour cibler les terroristes éventuels, et non pas pour les marginaliser. C'est pourquoi le profilage par pays d'origine et par pays de destination semble être contre-productif.
D'après nous, il existe de meilleures options. J'y arriverai dans une minute. Mais si vous songez au profilage, nous vous exhortons à faire ce qui suit.
Le modèle doit être approuvé par la Commission canadienne des droits de la personne. Il faut s'assurer qu'il n'y aura pas de profilage racial. Il doit être examiné régulièrement pour déterminer les conséquences sur les voyageurs, surtout par rapport à leur race, leur âge et leur religion.
Le modèle doit prévoir — et je reviendrai à cet aspect deux fois dans mon exposé — une certaine indemnisation pour les voyageurs qui ont été faussement ciblés, qui ont manqué leur vol ou qui ont subi d'autres inconvénients graves. D'après moi, il faut commencer à penser que c'est comme la vaccination. Si nous mettons en oeuvre un modèle où certaines personnes seront ciblées pour le bien de tous, nous devons faire en sorte qu'elles soient indemnisées et qu'elles ne doivent pas passer des années à se battre pour faire reconnaître leurs souffrances.
Le modèle de profilage est également utilisé d'une façon positive, avec la possibilité qu'il y ait des voyageurs sécuritaires qui ont des cartes spéciales leur permettant de réduire ou d'éviter l'inspection. Cela peut aussi être inquiétant, je crois, parce que l'on pourrait s'attendre à ce que des terroristes futés puissent obtenir à l'avenir de telles cartes.
Pour résumer, nous nous inquiétons de la mise en oeuvre du profilage parce qu'il pourrait mener au profilage racial, qu'on l'admette ou pas, et qu'il faut donc l'évaluer clairement sur cette base. Il ne faut pas éviter notre responsabilité à ce sujet.
Le modèle technologie s'applique à tous et il ne comprend pas les inconvénients éventuels que je viens d'expliquer. Cependant, ils soulève trois types de questions.
Premièrement, comme nous en avons discuté plusieurs fois, il y a les risques et les inquiétudes concernant la vie privée de ce que je nommerais le mauvais fonctionnement ou la malfaisance.
Toute technologie risque de ne pas fonctionner correctement. Par conséquent, avec les scanners corporels, l'ACLC a exprimé plusieurs fois son inquiétude que même si les images sont supposées disparaître rapidement, il existe un risque qu'on les fasse circuler.
Il y a aussi un risque de malfaisance. Quelqu'un qui voit des personnes célèbres — certains d'entre vous pourraient passer par l'aéroport — pourrait utiliser l'image et essayer de la vendre.
La protection de la vie privée est menacée lorsque nous investissons dans des technologies, surtout des technologies qui envahissent de plus en plus notre vie privée.
Je pense qu'on a grandement l'impression qu'il y a des faux positifs; la dernière fois que j'ai comparu, nous avons parlé de l'expérience de Kelowna. D'après notre examen du rapport de Kelowna, il y avait un très haut degré de faux positifs. Peut-être qu'il y en aura moins avec la formation. D'après le rapport, il y avait 68 p. 100 de faux positifs. Cela nous semblait être un niveau assez élevé. Avec la formation, peut-être que ce niveau diminuera. Toutefois, les faux positifs ne constituent pas une façon efficace d'assurer la sécurité. Cela peut également mener à une fausse impression de sécurité chez les voyageurs.
D'une certaine façon, c'est un système coûteux, parce qu'on n'en voit pas la fin. Il pourrait y avoir une croissance exponentielle des appareils de sécurité inventés. À un certain point, je pense qu'il faut décider si les coûts marginaux, comme les coûts en matière de protection de la vie privée et ceux pour les voyageurs, le justifient.
Je crois que si vous décidez d'aller dans cette direction et continuez de recommander plus d'investissements dans des technologies qui envahissent la vie privée, il est important que le commissaire à la protection de la vie privée poursuive son travail et que les mesures de protection de la vie privée demeurent en place. D'après notre expérience avec les scanners corporels dans des aéroports à l'étranger, le choix n'existe plus après un certain nombre d'années. Cela devient une affaire de routine et on oublie les mesures de protection initiales. Alors si vous décidez de suivre cette voie, faite en sorte que l'évaluation se poursuive.
Il me reste une minute. Nous croyons que le troisième modèle, le modèle aléatoire, permettrait de désamorcer entre autres les actes terroristes en variant constamment les inspections.
Je veux terminer en parlant des avantages et des inconvénients du modèle de renseignement et vous suggérer de vous référer à nos mémoires précédents sur les problèmes concernant la protection des passagers. Je vous exhorte à adopter un cadre législatif à ce sujet. Nous croyons que le programme de protection des passagers dans sa forme actuelle est inconstitutionnel. Il viole le droit à la liberté et au déplacement et il n'est pas prescrit par la loi. Il n'est pas prescrit par un texte législatif.
Je crois que le Parlement a la responsabilité de promulguer un programme pour les passagers, et s'il décide de le faire, il faut que ce soit une liste d'interdiction de vol qui est guidée par la primauté du droit et qui prévoit des garanties procédurales. En effet, nous avons maintenant une certaine expérience dans la conception de programmes qui nécessitent des avocats spéciaux. Je vous implore encore une fois de voir qu'il est important qu'il ne s'agisse pas simplement d'un programme administratif, mais que cette mesure soit examinée par le Parlement et établie par celui-ci.
Merci beaucoup.
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Oui, mais malheureusement, j'avais déjà entendu M. Bohan. J'imagine que j'exprime la même frustration que tous ceux qui m'ont reconnu ce matin voulaient me transmettre. Je leur ai dit que j'allais participer au comité, et vous voici, alors j'ai voulu remplir une partie de mes responsabilités.
Je ne crois pas que la population soit convaincue, et je ne le suis pas non plus, parce que vous parlez de paradigme de gestion qui doit sûrement être amélioré. Je sais que ce n'est pas votre responsabilité ni celle des aéroports qui sont vos clients. Mais l'ACSTA s'occupe de l'inspection; elle ne dépasse pas les frontières de l'aéroport. Alors il y a quelque chose dans la structure de la gestion qui pose problème.
Il ne me reste qu'une minute, mais si vous me le permettez, j'aimerais passer à Mme Des Rosiers, parce que ce que vous avez dit est lié à une chose qu'elle a dite plus tôt, à savoir que certaines de ces augmentations subites — pour utiliser votre expression — peuvent être causées par des gens qui ont l'ambition de résoudre un problème ailleurs.
Il y a quelques semaines, on a appris que le mouvement Khalistani au Canada menaçait certains députés. On peut imaginer que si l'ACSTA est sérieuse, il y a peut-être eu une augmentation subite des problèmes, surtout avec tous les décollages et atterrissages.
Une situation semblable s'est produite il n'y a pas si longtemps, en 2006, alors que le SCRS, la GRC et des fonctionnaires inspectaient environ 14 000 personnes qui quittaient la zone de combat dans le Sud du Liban. Il y avait seulement 11 000 résidents permanents inscrits, mais 4 000 personnes qui n'étaient ni des résidents permanents inscrits ni des citoyens canadiens se sont retrouvés dans les avions et les bateaux revenant au Canada. Une personne rationnelle se demanderait quel type de précontrôle y a-t-il eu si ces 3 000 personnes non inscrites se sont retrouvées dans un environnement canadien, tout en sachant que cela pourrait exacerber un problème ailleurs?
Je ne sais pas, madame Des Rosiers. Je sais ce que le gouvernement dira continuellement: « Vous présentez de bons arguments, mais la sécurité a priorité sur les droits de la personne, le droit à la vie privée et tout système que vous voulez mettre en place. » C'est ce qu'il dira.
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Je voulais dire deux choses à ce sujet. La raison pour laquelle les files étaient les plus longues au Canada, c'est que Toronto et Montréal sont les deux plus importants points d'entrée aux États-Unis. En fait, chaque jour, Toronto est entre le cinquième et le septième plus important point d'entrée aux États-Unis. Alors s'il y a des retards, il y en aura à Toronto.
Cependant, ce que nous disons, c'est que nous allons faire un examen de la sécurité nationale, et si tout ce que nous ferons, c'est de renforcer le contrôle au préembarquement, pour ensuite essayer de régler les autres problèmes — monsieur Volpe, vous avez absolument raison —, il faut se demander de quelle façon on le fera et jusqu'où on ira. Le ferons-nous pour avoir un système qui respecte les libertés civiles et qui va du trottoir jusqu'au siège d'avion?
Parce que si tout ce que l'on fait, c'est d'améliorer une seule file, on ne réglera jamais les problèmes de service à la clientèle et, conséquemment, il y aura de temps en temps d'autres problèmes qui retarderont tout le monde et décourageront les gens de prendre l'avion. Et vous ne profitez même pas de la géographie de l'aéroport, qui vous permettra de mettre en place différentes interdictions à différents moments.
Le problème à l'heure actuelle — et c'est ce que l'on a appris d'autres pays —, c'est qu'il n'y a pas un seul point de coordination qui surveillera comment cela s'applique du trottoir au siège d'avion, parce que tout est passé d'une organisation à une autre. Le résultat concret en a été quatre files d'attente distinctes et incroyablement longues le 26 décembre.
Cependant, songez à ce résultat concret comme étant la manifestation que la responsabilité est transmise à quelqu'un d'autre chaque fois. Nous ne disons pas que l'ACSTA a raison ou qu'elle a tort; nous disons qu'il faut examiner ce que l'on veut mettre en place et ensuite demander à une agence de s'en occuper, plutôt que de faire l'inverse.
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Une partie de ce que vous dites est vraie. Il faut regarder comment on pourrait faire les interventions d'une meilleure façon. C'est Transports Canada qui aurait dû coordonner cela mais, inévitablement, en confiant différentes responsabilités à des agences indépendantes, chacun a sa responsabilité. Vous, les administrations aéroportuaires, êtes responsables d'une partie de la sécurité. L'Agence canadienne de la sécurité a une autre part de responsabilité.
Quand on raconte cela aux représentants d'Israël, ça leur semble bien drôle, ils se « bidonnent », parce qu'ils ont une seule organisation qui contrôle tout dans l'aéroport alors que nous avons quatre ou cinq organisations responsables chacune de son petit secteur de sécurité, ce qui fait en sorte qu'il y a de très longues files d'attente.
Ma deuxième question s'adresse à Mme Des Rosiers. Inévitablement, quand on évalue la façon d'assurer la sécurité, le meilleur moyen est le profilage. C'est ce qui ressort de tous les témoignages qu'on a entendus. Tout à l'heure, je relisais le témoignage de Mme Lynch, lorsqu'elle a comparu. Elle n'est pas contre le profilage de comportement. Le profilage de comportement, c'est ce qui est utilisé par Israël. On nous dit que la seule façon de découvrir des terroristes qui transportent des explosifs, ce n'est pas à l'aide d'un scanneur, mais bien de chiens. Ce sont eux qui font le mieux ce travail dans le monde entier. Donc, cela veut dire nécessairement qu'il doit y avoir, dans l'aéroport, des maîtres-chiens avec leurs bêtes capables de découvrir quelqu'un qui aurait des explosifs. Les gens d'Israël nous disent qu'ils ne veulent pas de scanneurs parce qu'ils n'y croient pas. Donc, ce sont deux mondes différents. Nous utilisons les scanneurs corporels tandis qu'eux n'y croient pas.
Il faut essayer de trouver un équilibre et s'assurer que tous les intervenants sont assis à la même table pour trouver un responsable. L'ACSTA nous a dit qu'elle n'était pas responsable. Vous nous dites que c'est l'ACSTA qui n'a pas fait son travail correctement. Finalement, on ne saura jamais qui est responsable de quoi. À mon avis, le problème, c'est qu'on verse des centaines de millions de dollars à l'ACSTA pour qu'elle s'occupe d'une partie de la sécurité et que c'est surtout elle qui est responsable du délai d'attente, ce qui nuit à votre industrie. S'il se produisait une nouvelle alerte qui entraînerait une attente de cinq heures, vous allez perdre des clients qui vont aller ailleurs.
Notre problème à Montréal, monsieur Boivin, c'est qu'ils vont aux États-Unis afin de prendre l'avion à Plattsburgh.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
On a souvent dit, au cours des dernières années, que tout système de sécurité est aussi fort que le plus faible de ses éléments. Tout le système dépend de l'élément le plus faible, et c'est vrai pour un aéroport à Yellowknife ou un autre à Toronto. C'est pourquoi il faut faire preuve de vigilance dans tous les cas...
Je suis d'accord avec Mme Des Rosiers. Je suis désolé de la qualité de mon français. Vos commentaires ont été très intéressants, et vous avez soulevé des préoccupations que partage le gouvernement. Cependant, je n'approuve pas nécessairement votre analyse selon laquelle les programmes de protection des passagers et pour les voyageurs dignes de confiance sont contraires à la Charte. Même s'ils l'étaient, je crois qu'il s'agirait d'une atteinte raisonnable à la Charte et à la Constitution, étant donné la menace actuelle.
Puisque je souscris en grande partie à ce que vous dites, j'aimerais me concentrer sur nos autres témoins. Vous représentez 200 aéroports canadiens, et 95 p. 100 des passagers de vols intérieurs... Les aéroports de partout au pays apportent une contribution remarquable à notre économie et à notre PIB. Nous sommes les premiers à le reconnaître.
Mais j'aimerais aujourd'hui réfléchir à ce que deviendrait la productivité du pays si nous pouvions accroître l'efficacité du système de 1 p. 100, ou même de 10 p. 100, tout en maintenant le même niveau de sécurité et de vigilance. C'est sur cette question que j'aimerais mettre l'accent pour les prochaines minutes. J'aimerais qu'on l'aborde ensemble en laissant de côté les idées préconçues.
Tout d'abord, sachez que nous terminerons bientôt notre étude et que nous aimerions formuler des recommandations pratiques. Vous pouvez nous faire part de vos suggestions sur les personnes que nous devrions écouter, comme des spécialistes des files d'attente — je crois que nous en recevrons un bientôt —, mais aussi sur les mesures que nous pourrions facilement mettre en oeuvre pour rendre notre système plus productif et plus efficace. J'aimerais recevoir vos commentaires à ce sujet.
Cela dit, j'aimerais préciser — je ne me lance jamais dans de longs discours, du moins habituellement — qu'en Israël, 50 p. 100 des habitants détiennent un laissez-passer destiné aux voyageurs dignes de confiance. C'est ce que des témoins nous ont dit. Chez nous, le pourcentage est bien plus bas, et la mise en place d'un programme tel que celui pour les voyageurs dignes de confiance serait un bon moyen, pour le Canada et les États-Unis, de faire des progrès.
J'aimerais donc que vous trois me fassiez part des mesures facilement applicables que nous pourrions recommander au gouvernement. Ces mesures pourraient être mises en oeuvre dans un proche avenir et elles rendraient notre système plus productif et plus efficace, tout en renforçant grandement notre économie.
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Merci, monsieur le président.
Mon nom est Chantal Bernier. Je suis la commissaire adjointe à la protection de la vie privée, responsable de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Je suis accompagnée aujourd'hui de Carman Baggaley, analyste principal à notre bureau, qui a une longue expérience du sujet en cause.
Aujourd'hui, je veux aborder la question de la sécurité aérienne et partager avec vous notre démarche face à cette question.
[Traduction]
Ce que j'aimerais donc faire, c'est de parler de respect de la vie privée dans le contexte de la sécurité aérienne, de vous expliquer notre approche, et de vous dire comment cette approche s'applique précisément au Programme de protection des passagers et au programme Secure Flight. Même si je ne compte pas parler des scanners corporels, je serai heureuse de répondre à vos questions à ce sujet.
Je commencerai par cette prémisse: la sécurité et la protection de la vie privée n'ont pas à être opposées. En fait, elles doivent s'intégrer. Elles vont même jusqu'à converger: la protection de la vie privée impose que la collecte d'information personnelle soit minimale. Parallèlement, cependant, l'efficacité de la sécurité repose seulement sur la collecte d'information pertinente.
L'intégration de la protection de la vie privée et de la sécurité s'articule autour de la Charte canadienne des droits et libertés, de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, ainsi que du droit jurisprudentiel qui les interprète. Elle peut se résumer aux quatre principes suivants.
Premièrement, le droit à la vie privée est un droit fondamental qui ne peut être enfreint sans que l'on puisse faire la preuve que cela est nécessaire pour protéger l'intérêt public. Il s'ensuit, deuxièmement, que la collecte de renseignements personnels ne doit se faire que lorsque le besoin est manifeste, et qu'une telle collecte doit être proportionnelle à ce besoin. Troisièmement, ce besoin doit être continuellement réévalué en vérifiant si la collecte est réellement efficace et nécessaire aux fins déterminées. Quatrièmement, il faut aussi démontrer qu'il n'y a pas d'autres options moins envahissantes pouvant répondre à ce besoin.
Lorsque la collecte et l'usage de renseignements personnels sont justifiés en vertu des lois qui régissent les droits de la personne, la protection du droit à la vie privée se réalise par une gestion stricte de cette information selon des règles de protection des données personnelles. C'est sous cet angle que nous avons vérifié le Programme de protection des passagers, ce dont je parlerai maintenant.
[Français]
Le Programme de protection des passagers a fait l'objet de l'attention du commissariat dès sa création. Plus récemment, à l'automne 2009, nous avons effectué une vérification du programme et de sa liste de personnes précisées, mieux connue sous le nom de « liste des personnes interdites de vol ».
Notre vérification visait à savoir si Transports Canada prend généralement des mesures adéquates pour protéger les renseignements personnels dont il est responsable. Notre vérification a permis de constater que ces mesures étaient généralement adéquates. Toutefois, nous avons formulé des recommandations afin d'améliorer les mesures de protection des renseignements personnels du programme. En particulier, nous avons recommandé que le fonctionnaire de Transports Canada, responsable de l'ajout ou du retrait de noms à la liste, dispose de suffisamment de renseignements avant de prendre cette décision.
Deuxièmement, nous avons recommandé que Transports Canada renforce les mesures de sécurité liées aux technologies de l'information qui visent à protéger la liste.
Troisièmement, nous avons recommandé que Transports Canada améliore ses activités de surveillance des transports aériens, afin de s'assurer qu'il protège les renseignements figurant sur la liste. Toutes ces recommandations ont été mises en vigueur ou sont en voie de l'être. Toutefois, nous demeurons préoccupés par le fait qu'il est difficile de s'assurer que les transporteurs aériens étrangers ne communiquent pas les renseignements de la liste à leur gouvernement ou à des tiers. Lorsque nous analysons les mesures de sécurité, cette optique nous permet de garantir que le droit à la vie privée est respecté et que les besoins en matière de sécurité sont également pris en compte.
[Traduction]
Passons maintenant au programme Secure Flight. Semble-t-il que ce programme américain pourrait s'appliquer aux vols qui ne font qu'emprunter l'espace aérien des États-Unis. Comme il s'agit d'un programme du gouvernement américain, il ne relève pas de notre mandat. Toutefois, nous en avons examiné attentivement la teneur, notamment l'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée élaborée par le département de la Sécurité intérieure des États-Unis, parce qu'il aura des répercussions sur les voyageurs canadiens dès qu'il sera entièrement déployé.
Du point de vue du Canada, l'aspect le plus controversé du programme Secure Flight réside dans son application aux vols vers le Canada ou hors du pays qui empruntent l'espace aérien des États-Unis. Cela signifie, par exemple, que les autorités américaines pourront empêcher l'embarquement d'une personne au Canada à destination du Mexique.
Nous ne remettons pas en question l'autorité du gouvernement américain de mettre en oeuvre un tel programme; la loi internationale est claire que la souveraineté d'un État comprend son espace aérien, mais nous devons comprendre les incidences de ce droit sur les voyageurs canadiens.
Permettez-moi de souligner certains aspects importants du programme. D'abord, les transporteurs aériens seront tenus de fournir au département de la Sécurité intérieure non seulement des informations élémentaires permettant d'identifier une personne, comme le nom, la date de naissance et le sexe, mais également, si elles sont disponibles, des informations relatives au passeport et à l'itinéraire. Puisque ces renseignements seront toujours disponibles pour les vols internationaux partant du Canada et empruntant l'espace aérien des États-Unis, ils seront toujours fournis.
Bien que l'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée du département de la Sécurité intérieure demeure nébuleuse à ce sujet, nous comprenons que l'information recueillie peut être divulguée et utilisée à d'autres fins que celle de la sécurité aérienne, par exemple, pour l'application de la loi et de l'immigration.
Il faut aussi souligner que le département de la Sécurité intérieure conservera cette information pendant sept jours après la fin du voyage, même pour les personnes dont le nom ne figure pas sur la liste des personnes interdites de vol. Cette période sera de sept ans pour les personnes dont le nom pourrait correspondre à un nom sur la liste et de 99 ans pour les personnes dont le nom figure effectivement sur la liste. Un mécanisme de recours existe pour résoudre de faux positifs, mais le processus prendra de 50 à 60 jours en moyenne, ce qui équivaut à l'annulation du voyage.
Le programme Secure Flight et le programme canadien comportent une différence importante: la responsabilité du filtrage des passagers en fonction de la liste des personnes interdites de vol passera de la compagnie aérienne, comme c'est le cas actuellement, au département de la Sécurité intérieure. Ce changement soulève des questions tant sur la protection des renseignements personnels que sur les risques qui y sont associés.
Il vise à améliorer la précision et, par conséquent, à réduire le nombre de faux positifs — par exemple, un nom semblable, mais la mauvaise personne. Il vise aussi à dissiper les inquiétudes sur l'utilisation des renseignements à des fins non légitimes ou la divulgation de la liste par les transporteurs. Comme je l'ai indiqué, il s'agit d'une préoccupation que nous avons soulevée dans notre vérification du PPA.
D'autre part, cela signifie que le département de la Sécurité intérieure recueillera des renseignements personnels sur les voyageurs canadiens. Cette mesure n'est pas sans risque. Nous comprenons que le gouvernement fédéral a tenté de faire exclure du programme Secure Flight tous les appareils de transporteurs canadiens qui survolent le territoire américain.
Malheureusement, il n'a pas réussi, sauf pour les vols entre deux villes canadiennes. Nous croyons comprendre également que le gouvernement du Canada, par le truchement d'une note diplomatique, a déclaré que la protection des renseignements personnels des Canadiens est une préoccupation vitale pour ce qui est du programme Secure Flight.
Nous incitons fortement le gouvernement du Canada à poursuivre les négociations avec les autorités américaines afin de minimiser l'impact de ce programme et à prendre les mesures suivantes. J'aimerais formuler six recommandations précises.
D'abord, le gouvernement du Canada devrait négocier une collecte minimale de renseignements personnels servant seulement à identifier correctement une personne et à éviter les faux positifs.
Deuxièmement, on devrait remettre en question les périodes de rétention des renseignements de sept jours pour les personnes dont le nom ne figure pas sur la liste d'interdiction, et de sept ans pour les personnes dont le nom pourrait correspondre à un nom sur la liste afin que les États-Unis respectent leur engagement de ne recueillir des renseignements personnels que pour des raisons de sécurité aérienne.
Troisièmement, il faudrait négocier des mécanismes de recours solides et accessibles pour les Canadiens afin de minimiser l'impact des faux positifs.
Quatrièmement, on devrait mettre en oeuvre des mesures visant à appuyer les Canadiens qui se prévalent du recours du département de la sécurité intérieure.
Cinquièmement, il y a lieu d'informer les Canadiens sur la portée exacte des renseignements personnels qui seront recueillis par le département de la Sécurité intérieure à leur sujet en vertu du programme Secure Flight.
Enfin, il faudrait clarifier la loi canadienne sur les conditions de divulgation de renseignements personnels au département de la Sécurité intérieure par les compagnies aériennes afin de permettre un débat public et d'obtenir une certitude juridique.
[Français]
En conclusion, monsieur le président, j'aimerais insister sur un élément que j'ai soulevé précédemment, soit l'importance d'intégrer le respect de la vie privée aux mesures de sécurité aérienne. Si nous pouvons y parvenir, nous améliorerons autant la sécurité que la protection de la vie privée.
Je serai heureuse de répondre à vos questions. Merci.
:
Madame Bernier et monsieur Baggaley, je vous remercie de votre présentation. J'ai déjà eu le plaisir d'entendre cette présentation ou une présentation similaire.
Ce qui me trouble toujours, c'est le rapport entre le gouvernement canadien et le gouvernement américain. Comme vous l'avez déjà indiqué, il y a le problème de la géographie. Nous sommes obligés de coopérer avec les Américains, car on utilise un droit qui leur appartient, à savoir le droit de survoler leur territoire.
[Traduction]
Mais les problèmes que nous éprouvons toujours, il me semble... Et je ne veux pas critiquer le gouvernement à ce sujet, parce qu'il est nécessaire que nos gouvernements tiennent des négociations sur les vols qui empruntent l'espace américain, étant donné qu'au moins la moitié de tous les vols au Canada partent du Sud de l'Ontario, notamment de l'aéroport international Pearson. Nous ne pouvons pas échapper au fait qu'environ la moitié des vols doivent emprunter l'espace aérien américain, même s'ils ne sont pas à destination des États-Unis. C'est pourquoi il est important de négocier.
J'aimerais connaître votre point de vue sur le programme Secure Flight, compte tenu surtout du fait que les Américains, en appliquant simplement la Patriot Act, peuvent faire fi de notre Loi sur la protection des renseignements personnels et de toutes les mesures que vous préconisez. En raison de la Patriot Act, les Américains peuvent ne tenir aucun compte de tout ce que vous et votre collègue, Mme Des Rosiers, dites concernant les droits de la personne.
On peut très bien dire qu'il faut intégrer les préoccupations sur la sécurité à l'industrie aérienne ou, comme l'on dit des représentants des autorités aéroportuaires qui ont témoigné avant vous, qu'on doit intégrer la sécurité au service à la clientèle.
Mais si les Américains sont déterminés à appliquer la Patriot Act, peu importe ce que le Canada leur dira, que proposez-vous de faire?
:
Monsieur le président, je vais partager mon temps avec Mme Brown.
D'abord, merci d'être venus aujourd'hui.
J'aimerais que vous sachiez qu'il y a un autre groupe de personnes dont je fais partie. Je viens du Nord de l'Alberta, de sorte que je suis peut-être un peu différent des autres Canadiens. Mais, lorsque j'examine le programme de protection des passagers et le programme pour les voyageurs dignes de confiance, je remarque que de part et d'autre, on travaille à partir des extrémités pour aller vers le milieu. Je ne veux pas parler du programme de protection des passagers, mais plutôt du programme pour les voyageurs dignes de confiance.
Lorsque je parle d'autres groupes de personnes, je m'appuie sur les nombreux voyages que j'ai faits. Je suis membre du programme « Super Élite » d'Air Canada. Je prends constamment des avions à destination et en provenance de Fort McMurray. J'ai voyagé partout dans le monde. J'aime voyager. Je suis tout à fait prêt à permettre au gouvernement des États-Unis ou à n'importe quel autre gouvernement démocratique d'avoir accès à toute l'information qu'ils désirent tant et aussi longtemps qu'on ne me fait pas faire la queue. Tel est mon point de vue.
Je ne veux pas faire la queue. J'en ai marre des files d'attente. On me fait attendre constamment. Je n'ai pas à le faire pour me rendre ici. Je n'ai pas à passer à la sécurité pour accéder à cette pièce-ci, en dépit de la présence de tous les ministres du Cabinet et de tous les députés, mais je dois attendre à Ottawa pendant une demi-heure et quelques fois pendant une heure, comme nous l'a dit notre ami M. Volpe, à l'aéroport Lester B. Pearson. C'est beaucoup de temps.
J'aimerais parler brièvement des privilèges et des droits ou des privilèges, parce qu'en fait, nous n'avons pas le droit de voler. Nous avons des droits en vertu de la Charte, mais le droit de voler n'en est pas un, si je puis m'exprimer ainsi. Je suis avocat de formation, de sorte que je comprends que la Cour suprême ait déclaré que les automobilistes ne disposent pas du droit de conduire. Conduire, c'est un privilège, et c'est pourquoi on vous donne un permis et que ce permis peut être révoqué selon le bon vouloir de l'État.
Il en va de même avec les transports aériens. Et il en va de même dans les aéroports. Il n'existe pas de droit concernant l'utilisation des aéroports comme il n'y a pas de droit vous permettant de voler, et dans le même ordre d'idées, il n'y a pas de droit vous permettant d'entrer dans l'espace aérien américain. On accorde aux Canadiens le privilège de passer dans l'espace aérien américain, comme c'est un privilège pour nous de pouvoir conduire un véhicule.
De mon point de vue, vous pouvez prendre des renseignements à mon sujet et les conserver aussi longtemps que vous voulez, 100 ans si vous le désirez, parce qu'au terme de cette période, je serai mort. Peu m'importe, du moment qu'il ne s'agit pas d'un numéro de VISA ou de mon adresse de courrier électronique, parce que je ne veux pas qu'on entre en communication avec moi. Prenez l'information que vous voulez, mais laissez-moi passer.
Qu'en dites-vous?
Monsieur le président, j'aimerais revenir sur des observations formulées plus tôt par M. Volpe au sujet de la période pendant laquelle les renseignements sont conservés. Mon arrière-grand-mère a vécu jusqu'à 104 ans et sa soeur jusqu'à 110 ans. Par conséquent, je crois que l'on vit vieux dans ma famille. Je pourrais me faire frapper par un autobus de la Chambre des communes cet après-midi, mais les renseignements à mon sujet seront conservés encore longtemps.
L'hon Joseph Volpe: Voilà un autre argument en faveur de l'élimination...
M. Brian Jean: Joe se placerait délibérément devant l'autobus.
Des voix: Oh, oh!
Mme Lois Brown: Madame Bernier, je vous remercie d'avoir parlé du programme pour les voyageurs dignes de confiance. Si vous le permettez, j'aimerais en discuter davantage.
Toutes les discussions que nous avons eues avec les différents témoins au sujet de la sécurité aéroportuaire ont fait ressortir le besoin d'élaborer un processus uniforme. C'est non seulement très important pour le sentiment de bien-être chez les passagers, mais aussi pour la productivité du Canada. Nous devons tenir compte de tous ces facteurs.
Ma question porte sur les situations où les renseignements pourraient tomber entre les mains de personnes malveillantes, dans les cas où les passagers ont déjà affiché des renseignements personnels sur des tribunes comme Twitter et Facebook. Vous aviez d'ailleurs parlé de menaces technologiques.
Lorsque j'ai transmis en toute connaissance de cause mes renseignements à NEXUS et que j'ai présenté une demande, je n'avais pas l'impression que c'était intrusif. D'après vous, quels renseignements serait-il convenable de demander? Voulez-vous formuler des observations à cet égard? Quels conseils donneriez-vous au gouvernement sur le type de renseignements colligés et la façon de les obtenir?