CHPC Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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Comité permanent du patrimoine canadien
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TÉMOIGNAGES
Le jeudi 24 novembre 2011
[Enregistrement électronique]
[Traduction]
Bonjour. Bienvenue à la présente réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
Le comité est très heureux d'accueillir aujourd'hui deux témoins, à savoir Rosemary Sadlier, présidente de la Société d'histoire des Noirs en Ontario, et Anthony Sherwood, directeur, Anthony Sherwood Productions.
Nous devions accueillir également M. Leslie Oliver, du Black Cultural Centre of Nova Scotia, mais comme le savent ceux d'entre nous qui sont originaires des provinces de l'Atlantique, une petite tempête de neige s'est abattue sur la région l'autre jour, de sorte que M. Oliver n'a pas été en mesure de prendre l'avion pour venir ici. Nous avons tenté de le faire participer à la réunion par téléconférence, mais cela ne semblait pas vouloir fonctionner. Cela dit, il veut témoigner devant le comité, et il le fera à une date ultérieure.
Je souhaite la bienvenue aux deux témoins.
J'ai expliqué plus tôt à M. Sherwood que le comité ne s'attendait pas, à ce moment-ci, à ce que tout le monde dispose de réponses en ce qui concerne 2017. Notre étude à ce sujet ne fait que commencer. Nous sommes à la recherche de personnes qui nous exposeront leur point de vue car l'une des choses que l'on nous a dites, c'est qu'il n'est pas trop tôt pour commencer à planifier — c'est l'une des choses que nous ont dites des témoins ayant participé, dans le passé, à l'organisation d'événements importants.
Nous allons maintenant commencer nos travaux. Chaque témoin dispose d'environ 10 minutes pour présenter un exposé, et nous passerons ensuite à la période de questions.
M. Sherwood aimerait nous présenter une vidéo avant de présenter son exposé.
Monsieur Sherwood, je vous cède donc la parole, et vous pouvez donner le signal du début de la projection.
Merci, monsieur le président.
Avant de présenter la vidéo, je me présenterai moi-même, si vous le permettez. Je m'appelle Anthony Sherwood. Je suis acteur, scénariste, réalisateur et producteur de films. Je travaille dans l'industrie du divertissement depuis plus de 35 ans.
La société de production que je dirige a réalisé de nombreux projets qui ont eu un grand retentissement pour le compte du gouvernement du Canada, et au cours des 20 dernières années, elle a organisé un certain nombre de manifestations pour le compte de Patrimoine canadien. Pendant sept ans, j'ai été coprésident national de la Campagne du 21 mars du gouvernement fédéral. Le 21 mars est la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. En outre, j'ai contribué à la conception et à la mise sur pied du concours national de vidéo Mettons fin au racisme! pour le compte de Patrimoine canadien. Ce concours existe toujours aujourd'hui.
Tout récemment, j'ai réalisé pour le compte de Patrimoine canadien un projet spécial soulignant le bicentenaire de l'abolition de la traite transatlantique des esclaves. Le projet a été réalisé à Halifax, Toronto, Montréal et Vancouver.
Plus récemment, cette année, j'ai réalisé une série de vidéos promotionnelles liées au Mois de l'histoire des Noirs pour le compte de Citoyenneté et Immigration Canada.
J'aimerais maintenant vous présenter l'une de ces vidéos.
Merci.
[Présentation audiovisuelle]
La nation canadienne a été forgée par des gens d'origines raciales diverses. La force du Canada tient à la diversité de sa population, et cette diversité fait l'envie du reste du monde. Aujourd'hui, le Canada est une mosaïque de cultures différentes qui ont toutes contribué de façon importante à la création de notre merveilleux pays. Je suis ici aujourd'hui pour vous parler plus précisément de la contribution de la communauté afro-canadienne, et pour demander que cette contribution soit reconnue à sa juste valeur dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire du Canada.
Les personnes d'origine africaine sont présentes au Canada depuis presque aussi longtemps que le sont les personnes d'origine anglaise ou française. À leur arrivée au Canada, les Britanniques et les Français ont amené avec eux leurs esclaves africains; quelques-uns d'entre eux sont devenus d'importants héros et héroïnes de notre pays. Le fait de ne pas reconnaître la contribution des Afro-Canadiens dans le cadre du 150e anniversaire du Canada équivaudrait à un crime.
Les gens d'origine africaine ont été parmi les premiers à s'installer dans de nombreuses régions du pays, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique.
Mathieu Da Costa était interprète pour les explorateurs français au Canada au début du XVIIe siècle.
Rose Fortune est arrivée en Nouvelle-Écosse en 1783, et est devenue par la suite la première femme à occuper un poste d'agent de police au Canada.
Richard Pierpoint, esclave d'origine sénégalaise, a contribué à la création de la première unité militaire entièrement composée de Noirs ayant combattu aux côtés des Canadiens durant la Guerre de 1812. Il faisait partie de l'un des premiers groupes de Canadiens à s'installer dans le Sud de l'Ontario.
Mary Ann Shadd est la première femme d'origine africaine à avoir publié un journal en Amérique du Nord, et elle a institué la première école intégrée du Canada en 1852.
Mifflin Gibbs est arrivée à Victoria, sur l'île de Vancouver, en juin 1858. Elle a ouvert un magasin général qui a été le premier concurrent de la Compagnie de la Baie d'Hudson à Victoria. En 1866, elle a été la première représentante noire à être élue au conseil municipal de Victoria, et la première politicienne noire du Canada.
Sir James Douglas, surnommé le père de la Colombie-Britannique, a été le premier gouverneur de cette province. Sa mère était d'origine africaine. En 1861, il a participé à la création des Victoria Rifles, premier régiment entièrement composé de soldats noirs et première unité de défense militaire de la Colombie-Britannique.
Elijah McCoy, né en 1844 à Colchester, en Ontario, est devenu l'un des inventeurs les plus prolifiques d'Amérique du Nord, et c'est à partir de son nom que l'on a forgé l'expression anglaise « the real McCoy ». En 1872, il a créé sa plus grande invention, le godet à graissage automatique pour les moteurs à vapeur, qui a révolutionné le transport ferroviaire. Il était connu partout dans le monde. Ses inventions ont été utilisées pour les moteurs, les locomotives, les bateaux à vapeur des Grands Lacs, les navires de ligne et la machinerie des usines. Aujourd'hui, les voitures, les locomotives, les bateaux, les fusées et de nombreux autres types de machines ont recours au processus de graissage qu'il a inventé. On lui attribue le mérite d'avoir contribué à la modernisation du secteur industriel au moyen de ses inventions.
À la lumière de cette histoire prestigieuse et riche, et qui remonte à loin, il convient d'affirmer que la contribution des Afro-Canadiens à notre pays et au reste du monde ne doit pas être passée sous silence durant les célébrations du 150e anniversaire du Canada.
Je recommande que le thème du 150e anniversaire du Canada soit le suivant: « Nous ne formons qu'un ».
L'un des projets commémoratifs du 150e anniversaire du Canada pourrait consister en la création d'un musée national afro-canadien permanent. Pour limiter les coûts liés à un tel projet, on pourrait installer ce musée dans un immeuble qui existe déjà, éventuellement à Toronto, Halifax ou Ottawa.
Plusieurs stratégies peuvent être adoptées pour créer un tel musée. Le Musée canadien de la guerre pourrait servir de modèle.
Une fois que la ville qui accueillera le musée aura été choisie, le gouvernement du Canada pourrait établir un partenariat avec les administrations municipale et provinciale afin de trouver le site ou l'immeuble qui hébergera le musée. Les ministères provinciaux du Tourisme, de la Culture et de l'Éducation pourraient être des partenaires du gouvernement fédéral.
Des commanditaires et des partenaires du secteur privé pourraient être choisis pour le projet — on pourrait entreprendre des démarches auprès de sociétés du secteur bancaire, pétrolier et automobile afin qu'elles participent au financement du musée.
Petro-Canada et Ford Canada pourraient être désireuses de commanditer une exposition sur Elijah McCoy puisqu'elles ont toutes deux utilisé son invention.
La contribution des Afro-Canadiens à l'histoire militaire canadienne est riche et remonte à loin. Le ministère de la Défense nationale pourrait contribuer au financement d'une exposition à ce sujet.
Le Mois de l'histoire des Noirs est l'un des événements les plus célébrés dans les écoles. Le musée national pourrait offrir des visites éducatives aux élèves.
Pendant plus de 200 ans, les personnes d'origine africaine ont subi une oppression liée à l'esclavage au Canada. Pendant des centaines d'années, elles ont été victimes d'atrocités inhumaines et de ségrégation; durant la Première Guerre mondiale, le gouvernement fédéral leur a interdit de s'enrôler dans l'armée canadienne, et durant la Deuxième Guerre mondiale, on leur a interdit d'occuper un emploi, ce qui leur a empêché de travailler à la réalisation de leurs rêves et de leurs aspirations. Le moins que le gouvernement du Canada pourrait faire dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire serait de reconnaître la contribution importante de la communauté afro-canadienne au moyen d'un projet commémoratif comme la création d'un musée national.
Merci.
Merci, monsieur Sherwood. Je vous remercie également de ces recommandations concrètes. Nous n'en avons pas reçu beaucoup à ce jour. À coup sûr, il s'agit là de choses que nous pourrons prendre en considération.
La parole est à vous, madame Sadlier.
Tout d'abord, je tiens à mentionner que je n'ai presque rien à ajouter à ce qu'a dit Anthony Sherwood durant son merveilleux exposé.
Je prendrai quelques instants pour me présenter. Je suis descendante d'Africains arrivés au Canada en 1783, et de gens qui sont entrés au pays grâce au premier mouvement de libération des Amériques, le chemin de fer clandestin.
Je dois également ajouter que je suis parente avec la plupart des personnes qui se sont enrôlées dans les forces armées canadiennes au Nouveau-Brunswick à l'époque du 2e Bataillon de construction. Je l'ignorais lorsque j'étais jeune, et c'est pourquoi je le mentionne. Voilà qui je suis, et voilà quel est mon patrimoine — comment les gens qui ne partagent pas cela avec moi pourraient-ils en arriver à connaître la contribution de mes ancêtres?
Monsieur le président, honorables membres du Comité permanent du patrimoine canadien, je suis honorée d'avoir été invitée à participer à la première phase de l'étude sur les préparatifs liés aux célébrations du 150e anniversaire du Canada. Je vous félicite d'avoir mis sur pied un comité à un moment aussi opportun. Il devrait en découler d'importantes discussions à propos de l'identité actuelle et future du Canada.
Je crois que l'on m'a invitée à me présenter ici à titre de représentante de la Société d'histoire des Noirs de l'Ontario — la SHNO —, l'Ontario Black History Society, et vous faire part de mes opinions — et de celles que j'ai recueillies durant les brèves consultations que j'ai eues l'occasion de mener — à propos de certaines questions liées aux commémorations et aux célébrations entourant le 150e anniversaire. Je suis enchantée d'être en mesure de le faire.
J'aimerais vous présenter brièvement la SHNO.
La SHNO a été fondée en 1978 par des éducateurs. Sa mission consiste à étudier, à préserver et à promouvoir l'histoire et l'héritage des Noirs. À titre de première organisation de cette nature au Canada, son rayonnement a dépassé depuis longtemps les frontières de l'Ontario pour s'étendre à l'ensemble du pays. À l'heure actuelle, je suis heureuse de dire que, grâce aux médias sociaux, ce rayonnement s'étend manifestement — et, bien souvent, quotidiennement — à l'échelle mondiale.
L'un des premiers actes qu'a posés la SHNO a été le dépôt d'une pétition auprès de la Ville de Toronto afin que février soit proclamé Mois de l'histoire des Noirs. Cette pétition a été couronnée de succès, et le Mois de l'histoire des Noirs a été institué en 1979. L'Ontario a ensuite emboîté le pas à Toronto — non sans un petit coup de pouce —, et, par la suite, la SHNO a réussi à lancer le processus à l'issue duquel la demande a été présentée à l'honorable Jean Augustine, première femme d'origine africaine à occuper un poste de député. Au bout du compte, février a été proclamé, en décembre 1995, Mois de l'histoire des Noirs à l'échelle nationale, et les premières célébrations ont été tenues en février 1996.
Durant la cérémonie tenue ici même sur la Colline du Parlement pour souligner le premier Mois de l'histoire des Noirs au Canada, le gouvernement du Canada a annoncé la création du Défi Mathieu Da Costa, concours national de rédaction et d'art s'adressant aux élèves et conçu pour rendre hommage à la première personne d'origine africaine à être arrivée sur la côte Est du Canada en 1604, voire plus tôt. J'ai appris récemment que ce programme avait été suspendu, même s'il remportait un franc succès, et je ne sais pas encore quelle initiative nationale le remplacera.
Toutefois, le programme de la SHNO comprend toujours un brunch annuel donnant le coup d'envoi aux célébrations du Mois de l'histoire des Noirs, et vous êtes tous conviés à y participer. Il aura lieu le dimanche 29 janvier, à Toronto. Le programme comprend également une série de conférences — notamment celle sur les chefs de file de demain —, le programme de mobilisation des jeunes, l'affiche officielle du Mois de l'histoire des Noirs de la SHNO, un bulletin, la désignation de personnes et de lieux et d'autres événements à confirmer.
La SHNO agit comme porte-parole des Noirs sur des questions liées à l'histoire et au patrimoine des Afro-Canadiens. Elle possède une collection de photos et de documents audio sur l'histoire des Noirs. Elle offre des stages aux étudiants de niveau universitaire qui s'intéressent à l'étude du patrimoine des Noirs. Elle organise des expositions itinérantes, et exploite le site Web afro-canadien le plus fréquenté au Canada, voire en Amérique du Nord, le site blackhistorysociety.ca. Elle a participé au lancement des timbres de Postes Canada commémorant le Mois de l'histoire des Noirs. Elle offre une visite annuelle du site sur le patrimoine des Noirs. Elle est présente sur Facebook. Elle a créé le BIFF, le Black International Film Festival, dans le cadre duquel sont présentés des films réalisés par des gens d'origine africaine du Canada ou d'autres pays, ou des films sur ce sujet.
Pour créer ce festival, la SHNO s'est associée avec l'Office national du film afin de présenter au grand public des films tirés de sa collection, de même que des films de réalisateurs issus de la diaspora africaine. En octobre, la SHNO a organisé de nombreux événements pour souligner l'Année internationale des personnes d'ascendance africaine de l'ONU, notamment une conférence s'adressant aux professionnels, aux étudiants et à la collectivité. L'invité d'honneur était M. Molefi Asante, de l'Université Temple, conférencier reconnu à l'échelle internationale.
En outre, la SHNO a été à l'origine de l'institution, en 1997, du jour de l'émancipation — le 1er août — par la Ville de Toronto, la région du Toronto métropolitain et la Ville d'Ottawa, et à présent, grâce au projet de loi 111 par l'ensemble de l'Ontario. Le jour de l'émancipation n'est toujours pas institué à l'échelle du Canada, bien que le projet de loi déposé à cette fin en soit, à l'échelon fédéral, à l'étape de la deuxième lecture. Cela est décevant, vu que le 1er août marque le début de la libération des gens d'origine africaine au Canada. Le jour de l'émancipation met en évidence la présence et la contribution au Canada des gens d'origine africaine, et le rôle joué par l'empire britannique — dont le Canada faisait partie à l'époque — à titre de première puissance mondiale à promulguer des lois interdisant l'esclavage.
Est-ce la manière dont nous pourrions tenir la commémoration qui doit être remise en question? À coup sûr, la manière de commémorer doit être plus inclusive, si cela doit être l'avenir, si cela est l'héritage que nous devons léguer aux générations futures à titre de vision du Canada. À l'heure actuelle, la moitié des Canadiens d'origine africaine vivent à Toronto; en outre, un certain nombre de communautés d'origine africaine établies depuis longtemps dans cette ville ont énormément contribué à l'essor et à la survie du Canada depuis le tout début de son histoire.
Les Afro-Canadiens ont défendu la Couronne durant la révolution américaine au sein d'unités comme les Pionniers noirs et le régiment éthiopien, ou servi dans d'autres régiments britanniques. À la suite de cette guerre, ils sont arrivés au Canada à titre de réfugiés avec les Loyalistes de l'Empire-Uni, mais rappelez-vous que Mathieu Da Costa se trouvait déjà ici en tant qu'interprète et personne libre.
Plusieurs milliers de loyalistes noirs ont contribué de façon notable au remodelage de l'Amérique du Nord britannique — qui allait devenir le Canada —, particulièrement en Nouvelle-Écosse et en Ontario, mais également au Québec, où certains d'entre eux se sont installés.
En 1812, au moment où la sécurité du pays était menacée, les unités de Noirs et d'autres volontaires afro-canadiens ont contribué grandement à la défense du Canada, surtout le long de la frontière, à Niagara. En fait, l'un des premiers gestes posés par le premier Parlement de l'Ontario en 1793 a été de promulguer une loi restreignant l'esclavage, qui a eu pour effet de freiner la traite des esclaves en Ontario. Celle-ci a été l'une des premières administrations du monde à agir de la sorte. Il s'agissait d'une mesure clé sur la longue route menant à l'abolition de l'esclavage, laquelle a été finalement officialisée le 1er août 1834. À son tour, cet événement a ouvert la voie au premier mouvement de libération des Amériques, le chemin de fer clandestin, mouvement peu structuré dont l'objectif consistait, bien entendu, à faire entrer clandestinement au Canada des Africains réduits en esclavage aux États-Unis. De toute évidence, avant la Confédération, une énorme vitalité et un essor important ont débouché sur la création de collectivités où ont prospéré la culture, les arts, la religion, le commerce et la règle de droit. L'infrastructure de ce qui allait devenir le Canada se développait depuis le tout début, et a été officialisée par les Pères de la Confédération en 1867.
Si le 150e anniversaire du Canada devait se concentrer exclusivement sur ces derniers, sur ce qu'ils ont accompli, sur leur histoire et sur les moyens qu'ils ont pris pour parvenir à leurs fins, cela reviendrait à passer sous silence tous les événements qui se sont produits avant eux, toutes les étapes qui ont été franchies pour faciliter, dès le départ, la formation du Canada en tant que pays multiculturel qui valorise la liberté.
Par exemple, George Brown, Père de la Confédération et fondateur du Globe and Mail, est peut-être devenu premier ministre, mais il a également été mêlé, à Toronto, à un incident qui l'a changé à jamais — un Noir, William Peyton Hubbard, lui a sauvé la vie. Cet acte de bravoure a ouvert la voie à une amitié durable entre les deux hommes, et M. Hubbard est devenu le premier maire suppléant de Toronto, et le premier homme d'origine africaine à occuper un tel poste.
Cela peut nous amener à soulever la question de savoir ce qu'est un véritable Canadien, et ce qu'a fait une telle personne pour contribuer à bâtir le Canada. Sur quoi s'appuie-t-on, à l'échelle nationale, pour déterminer quels récits sont recueillis, préservés et jugés nécessaires? Que représente le Canada pour les personnes d'origine africaine? Dans quelle mesure notre interprétation de l'histoire renforce-t-elle la primauté des Blancs? Qu'est-ce que le Canada veut devenir? Est-ce que nous considérons que notre enseignement de l'histoire nous mène dans la bonne direction, qu'il s'agisse de l'enseignement officiel ou officieux?
Je pourrais recourir à une citation que nous connaissons tous de Son Excellence le très honorable David Johnston, mais je me contenterai d'attirer l'attention sur le fait qu'il veut que nous bâtissions « une nation plus avertie et plus bienveillante ».
Dans le même ordre d'idées, le ministre James Moore estime que le 150e anniversaire du Canada constituera une occasion de commémorer les batailles, les personnes, les réalisations et les événements importants qui ont façonné notre merveilleux pays et notre identité.
Au moment d'entreprendre cette discussion, il est important que tout le monde s'appuie sur le même arrière-plan en ce qui concerne l'histoire des Noirs. Celle-ci appartient autant à l'histoire du Canada que l'histoire de l'Afrique appartient à l'histoire du monde. Ces gens sont liés les uns aux autres, et se renforcent mutuellement.
Au moment d'entreprendre une discussion à ce sujet, nous pourrions nous poser la question de savoir comment nous avons réussi à promouvoir une partie d'une histoire du Canada qui exclut des Canadiens qui se trouvaient ici depuis le tout début. Si l'histoire des Noirs était systématiquement prise en considération, serait-il nécessaire de créer une organisation se consacrant à la promotion de l'histoire des Afro-Canadiens, ou même, plus récemment, une école afro-centrique?
Les Afro-Canadiens présentent un caractère unique dans la mesure où ils ont perdu leur culture en raison de l'esclavage, et ce qu'ils ont perdu, c'est non seulement leur religion et leur nourriture, mais également, ce qui est encore plus important, leur nom. Bien souvent, les chercheurs de la collectivité à plus vaste échelle sont confondus par le fait d'envisager qu'un ancien combattant, qu'une figure emblématique de la communauté ou un inventeur puisse être d'origine africaine.
Les célébrations entourant le 150e anniversaire du Canada constitueront une occasion de reconnaître la diversité qui compose le pays en soulignant et en mettant en évidence le fait que les personnes d'origine africaine qui définissent la réalité multiculturelle du Canada sont présentes au pays depuis très longtemps, de même que ce qu'elles ont réalisé et vécu durant cette longue période.
La SHNO a déjà élaboré un plan d'activités pour la création d'un centre sur l'histoire et le patrimoine des Afro-Canadiens, lequel constituera un lieu où les Canadiens pourront en apprendre davantage à propos des réalisations passées et présentes de ce peuple fondateur qui a façonné le Canada et contribue à l'enrichir depuis ses tout débuts, et les défis auxquels il fait face. Nous pourrions continuer longtemps. Ce peuple continuera de façonner et d'enrichir le Canada à l'avenir.
La reconnaissance est la raison d'être de l'histoire. Elle témoigne et rend compte de notre compréhension de la justice, et exerce une influence sur elle. Elle se concrétise par la formation juste de communautés fondées sur une compréhension adéquate de leurs contributions et de leurs réalisations réciproques. L'histoire accroît la connaissance tout en créant notre récit national, et nous transmettons ce récit à ceux qui viennent après nous.
Ce que nous célébrons, c'est non pas le 150e anniversaire du Canada, mais le fait que ce pays soit passé d'une réalité multiculturelle à une autre. Le moment est venu pour les Canadiens, qui se préparent pour leur avenir, à faire face à leur passé.
La création d'un centre voué à l'histoire et au patrimoine des Afro-Canadiens, ou d'un monument commémoratif en l'honneur des Afro-Canadiens — dans l'intérêt local et planétaire — dans le cadre du 150e anniversaire du Canada est un élément crucial de notre survie, de l'identité que nous revendiquons à titre de nation.
Merci.
Merci.
Merci à vous deux de vos exposés.
Nous allons maintenant passer à la période de questions. Nous tâcherons de limiter le premier tour à sept minutes — ces sept minutes comprennent les interventions du membre et les réponses des témoins. Il incombe à chaque membre de s'en tenir aux sept minutes qui lui sont allouées — j'ai fait preuve d'un peu de laxisme dans le passé en ce qui concerne le respect de cette règle, mais nous allons tenter d'être plus rigoureux à ce chapitre.
Monsieur Brown, à vous d'ouvrir le bal.
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus ici aujourd'hui. Je vous remercie d'être venus et de nous avoir parlé de l'histoire des Noirs au Canada.
Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de visiter un musée situé à Amherstburg, en Ontario, lequel offre aux Canadiens — de même qu'aux Américains qui visitent le pays — une excellente occasion d'apprendre des choses à propos de l'histoire des Noirs, du chemin de fer clandestin et du rôle qu'il a joué dans l'essor du Canada. En outre, je ne savais pas que le chemin de fer clandestin passait par la région des Mille-Îles, dont je suis originaire. Ainsi, je vous remercie d'être venus ici et de nous avoir parlé de cela.
L'un des sujets que j'ai abordés un certain nombre de fois dans le cadre des réunions du comité est le fait que la réussite d'un cours d'histoire n'est une condition de l'obtention d'un diplôme d'études secondaires que dans trois des 10 provinces du Canada. De toute évidence, l'histoire des Noirs représente un pan important de l'histoire du Canada. Ainsi, vous pourriez peut-être nous dire quelques mots à ce sujet, et à propos de ce que nous pouvons faire, de façon générale, pour intégrer l'histoire des Noirs et l'histoire globale du Canada aux célébrations du 150e anniversaire du Canada, et faire en sorte que ces éléments constituent une part importante de ces célébrations.
Je sais que, en Nouvelle-Écosse, l'histoire est un cours optionnel; les élèves peuvent choisir, dans le cadre de leur programme, de suivre un cours d'histoire — qu'il s'agisse de l'histoire des Noirs ou des Autochtones — afin d'obtenir leur diplôme. La société que je dirige consacre énormément de temps à produire du matériel destiné aux réseaux scolaires. Le Mois de l'histoire des Noirs est un événement extrêmement populaire dans l'ensemble des systèmes d'éducation du pays. Dans la plupart des écoles des grandes villes, on consacre beaucoup de temps à l'enseignement de l'histoire des Noirs du Canada. Ma société a produit plusieurs pièces didactiques destinées aux écoles et visant à présenter cette riche histoire aux enfants.
L'histoire, c'est l'histoire. Elle ne devrait pas être définie par la couleur de la peau des gens qui l'ont faite. Des personnes comme Elijah McCoy — le grand inventeur —, Mary Ann Shadd et William Hall sont des héros canadiens qui appartiennent à tous les Canadiens et devraient figurer dans les livres d'histoire du Canada à titre de héros et de héroïnes ayant contribué à l'édification du pays. Ainsi, je pense que le système d'éducation doit envisager sérieusement de faire figurer des héros canadiens de ce genre dans son programme. Nous savons pourquoi cela ne s'est pas produit dans le passé. À présent que nous avons l'occasion de les reconnaître et que les Canadiens connaissent ces merveilleuses figures du passé, le système d'éducation doit véritablement envisager d'intégrer à son programme la contribution de ces héros et héroïnes incroyables.
Rosemary.
Il s'agit d'une question très complexe. Je crois que l'on sait que le Mois de l'histoire des Noirs fait fureur, et l'organisme que je représente est celui qui s'occupe au Canada de l'organisation du Mois de l'histoire des Noirs. Cela dit, nous savons que l'histoire des Noirs ne devrait pas être célébrée seulement pendant un mois, mais il est très difficile d'encourager les éducateurs et les médias à envisager de se pencher là-dessus pendant une plus longue période.
En plus de m'occuper des activités que j'ai mentionnées, je suis aussi écrivaine. J'ai rédigé six livres sur l'histoire des Afro-Canadiens, et l'un d'entre eux a été adopté par l'ensemble de la Nouvelle-Écosse, même s'il s'agit d'un texte de portée générale, bien que de très bonne tenue — si j'ose le dire, c'est que je ne suis pas la seule personne à l'avoir rédigé. Hélas, l'intérêt à l'égard d'un cours sur l'histoire des Noirs est limité; j'estime qu'un tel cours serait très utile, et qu'il permettrait de faire en sorte que quelques-uns de ces documents circulent. Si aucun cours sur l'histoire des Noirs ou aucun volet de cours à ce sujet n'est obligatoire, le besoin de quelque chose d'autre n'en sera que plus pressant. La société que possède Anthony est merveilleuse, et je représente moi-même une merveilleuse organisation sans but lucratif exploitée par des bénévoles, mais d'autres mesures de création de capacités devraient être prises pour faire en sorte que tout le monde soit informé de tous les aspects de l'histoire des Afro-Canadiens.
Merci, monsieur Sherwood, d'avoir dit que l'histoire des Noirs fait partie intégrante de l'histoire du Canada. Bien souvent, l'histoire de certains des groupes ethnoculturels du Canada n'est pas incluse dans l'histoire du pays — comme vous l'avez mentionné, cela est attribuable à des raisons liées au passé. Aujourd'hui, il n'y a aucune raison de ne pas intégrer leur histoire à celle du pays.
Comment devons-nous nous y prendre pour tendre la main aux communautés ethnoculturelles afin d'intégrer encore plus leur histoire à celle du Canada, et pour enseigner cette histoire non seulement aux enfants du pays, mais aussi à la population en général?
À mon avis, il faut tout d'abord que les ministères de l'Éducation des provinces participent activement à la modification de l'enseignement de l'histoire. Cette matière est extrêmement importante pour les Canadiens. Il faut que l'on sache d'où nous venons si l'on veut savoir où nous nous en allons.
À coup sûr, en Nouvelle-Écosse, on a pris acte de cela, car c'est dans cette province que l'on trouve la plus ancienne communauté afro-canadienne. Le système d'éducation de cette province s'est penché sérieusement sur la manière d'intégrer à son programme l'histoire de cette communauté.
Cela commence par les ministères de l'Éducation. Cela commence par les associations parents-professeurs locales. Cela commence par les organisations et les groupes nationaux du secteur de l'éducation, par exemple, la Fédération canadienne des enseignants et des enseignantes, dont le siège se trouve ici, à Ottawa. Nous devrions nous adresser à tous ces groupes pour leur demander de participer à la redéfinition de l'enseignement de l'histoire au pays.
Comme je l'ai indiqué, il est inapproprié de diviser l'histoire selon les races. À l'heure actuelle, la tenue, dans les écoles, de manifestations liées au Mois de l'histoire des Noirs est optionnelle. Il revient à chaque école de décider si elle célébrera ou non le Mois de l'histoire des Noirs. Remarquez, bon nombre d'entre elles le font. Néanmoins, chaque école a le choix de le faire ou non.
Le message que l'on transmet aux enfants est le suivant: vous n'êtes pas tenus de connaître la contribution des Noirs à l'histoire du Canada, et vous ne subirez aucune évaluation à ce sujet; cependant, vous devez connaître la contribution des autres Canadiens, et vous serez évalués là-dessus. Est-ce là le message que nous voulons transmettre aux élèves?
J'estime que cela nous ramène au message que nous transmettons aux Canadiens. Si les peuples fondateurs du pays sont Européens, et que, d'une façon ou d'une autre, comme par magie, les peuples autochtones reviennent soudainement en vogue ou que leur histoire et leur présence sont reconnues...
Comment peut-on dire à quelqu'un dont les ancêtres sont arrivés ici en 1604, étaient libres et ont contribué à l'essor du Canada en facilitant le commerce entre les communautés autochtones et les communautés européennes que, d'une façon ou d'une autre, leur histoire n'est pas importante? En outre, nous ne créerons pas un concours d'art ou de rédaction en son nom. Pourtant, nous affirmons que l'histoire des Noirs est importante, ou que le Canada est un pays multiculturel. Comment peut-on affirmer, de façon générale, que notre histoire est englobante, alors que, dans les faits, elle est axée sur les peuples européens? À mes yeux, il s'agit d'un autre message que l'on transmet.
Nous pouvons nous adresser aux ministères, mais il s'agit là d'une démarche descendante. Les choses doivent aller dans les deux sens. La démarche ascendante s'est révélée très solide et a très bien fonctionné pendant longtemps, malgré des ressources limitées. J'estime que nous devons également adopter une démarche descendante, dans le cadre de laquelle nous affirmerons que nous reconnaissons cette communauté à sa juste valeur, que nous reconnaissons sa contribution, et que tous les Canadiens doivent la connaître.
Merci infiniment à vous deux d'être ici.
Comme Tony le sait, il s'agit là d'un combat que nous avons mené ensemble pendant un long moment.
Avant d'être élu, j'ai dirigé une compagnie théâtrale pendant six ans, le Black Theatre Workshop. Il s'agit de la plus ancienne compagnie théâtrale noire du Canada. Il s'agit d'une compagnie anglophone du Québec qui existe depuis 40 ans, ce qui, en soi, représente un exploit. Le désir de raconter ces histoires est une chose très importante.
Au moment où nous examinons tout cela, un des éléments qui ressort est la notion de l'inclusion. La contribution des communautés autochtone et noire à l'histoire du Canada n'est pas de nature simplement accessoire — cette contribution se manifeste dès le tout début de l'histoire du pays, avec Mathieu Da Costa et les loyalistes noirs. Comme cette histoire n'est pas enseignée dans les écoles, cela transmet un message très clair, à savoir que, dans les faits, la connaissance de cette histoire est optionnelle — il ne s'agit pas d'une chose que nous devons connaître. Ce que nous disons à nos jeunes, c'est que les Noirs ne sont pas importants. Cela alimente la désillusion des Noirs; cela alimente leur sentiment d'être coupés de la société, ce qui les mène à commettre des crimes et à tenter de trouver quelque chose qui leur permettra de se valoriser à leurs propres yeux.
Le 150e anniversaire du Canada nous donne l'occasion de corriger cela. L'une des choses à faire consistera à raconter ces histoires. Par exemple, des bustes de bronze représentant des personnes qui se sont vu attribuer la Croix de Victoria au Canada se trouvent sur le terrain du Château Laurier, mais le buste de William Hall ne s'y trouve pas. Pourquoi? Quel est le message que l'on transmet par là?
Monsieur Sherwood, vous avez formulé quelques recommandations concrètes quant aux mesures que nous pourrions prendre pour reconnaître cela et faire en sorte que tous les Canadiens connaissent cette histoire et la manière dont leur pays a été fondé.
Ma question s'adresse aux deux témoins. À votre avis, que devrions-nous faire, sur le plan de l'éducation, pour que l'histoire des Noirs soit durablement inscrite au sein de l'histoire du Canada, de manière à ce que nous n'ayons plus besoin d'un Mois de l'histoire des Noirs? Ainsi, on parlerait non plus d'un Mois de l'histoire des Noirs, mais d'un mois des Canadiens, d'une année des Canadiens. On célébrerait la contribution de tous les Canadiens à l'histoire du pays.
Il s'agit d'une question épineuse.
Il y a un certain nombre d'années, j'ai écrit une pièce intitulée « Why A Black History Month? », et, si je ne m'abuse, la dernière réplique de la pièce — qui se trouve probablement sur Internet — avait trait au fait que nous n'aurons plus besoin d'un Mois de l'histoire des Noirs lorsque l'ensemble de notre contribution et de nos réalisations seront reconnues. De toute évidence, nous n'en sommes pas encore rendus à ce stade, et nous n'y parviendrons que lorsque les gens d'origine africaine se verront reconnaître le statut de peuple fondateur. De surcroît, les nouveaux arrivants, les nouveaux Canadiens, ont beaucoup de difficulté à admettre ce qui leur semble être le message transmis par le Mois de l'histoire des Noirs, à savoir qu'il se résume au chemin de fer clandestin, surtout en Ontario. À mon avis, cela rassure les enseignants — ils mettent l'accent sur tout élément de l'histoire des Noirs qu'ils connaissent. Toutefois, les nouveaux arrivants ont vécu d'autres expériences, surtout les nouveaux arrivants d'origine africaine provenant des Caraïbes, dont la vision du monde a été influencée et forgée par le colonialisme et le néo-colonialisme. Ces gens veulent que le Canada reconnaisse non seulement la merveilleuse histoire du chemin de fer clandestin, mais également les autres aspects des débuts de la société canadienne. Il y a eu de l'esclavage au Canada, et ces gens veulent que nous traitions de cette question de façon convenable.
Nous ne pourrons pas transmettre ces messages sans mobiliser au préalable les éducateurs. Cela dit, la responsabilité n'incombe pas entièrement aux éducateurs. Ayant moi-même fréquenté l'institut pédagogique, je peux vous assurer que l'histoire ou le patrimoine des Noirs n'a jamais été mentionnée durant mes études — la seule fois où on en a parlé, c'est lorsque j'ai soulevé des questions à ce sujet. Je suppose que les choses se passent ainsi dans une multitude d'écoles et de programmes de formation des enseignants.
Il s'agit d'une question complexe, mais j'estime que les éducateurs doivent faire partie de la solution. Nous devons changer notre vision de ce qu'est le Canada. Si cela se produit, j'espère que nous pourrons nous appuyer là-dessus pour aller de l'avant.
Je tiens à ajouter, Tyrone, qu'il s'agit de changer notre façon de voir les choses. Au moment où nous avons institué l'enseignement de l'histoire des Noirs dans les écoles, on a observé beaucoup de résistance de la part d'enseignants et de parents. Cette résistance était entièrement fondée sur l'ignorance, car ces personnes ne connaissaient pas la riche histoire des Afro-Canadiens ni leur contribution à l'histoire du Canada, et ils ignoraient qu'ils étaient présents au pays depuis plus de 400 ans. Comme Rosemary l'a dit, les Afro-Canadiens forment l'un des peuples fondateurs du pays.
Il faut que cette attitude change. Il faut que les enseignants soient plus réceptifs à l'idée de modifier l'enseignement de l'histoire de manière à inclure celle des Afro-Canadiens, et qu'ils prennent davantage les devants en demandant à leurs commissions scolaires locales et à leurs ministères provinciaux de procéder à ces changements. Ainsi, cela passe par un changement d'attitude, un changement de notre conception du Canada.
Un musée national serait certainement utile à cet égard. Lorsque nous lançons, dans les écoles, des projets touchant les Afro-Canadiens, nous disons aux élèves de se laisser inspirer par ces projets et de partir à la recherche de leurs propres racines culturelles afin d'y découvrir leurs propres héros. Il ne s'agit pas uniquement de nous; il s'agit de nous tous. Nous ne formons qu'un.
Madame Sadlier, vous avez évoqué l'établissement et l'afflux des Noirs dans l'Est du Canada. En outre, nous possédons de plus en plus de connaissances concernant l'établissement des Noirs dans l'Ouest du pays. Il y a la famille Estes Stark, qui s'est établie sur l'ìle Salt Spring, en Colombie-Britannique; il y a les Noirs qui ont quitté l'Oklahoma — que l'on appelait à l'époque les « territoires indiens » — pour s'installer dans le Nord de la Saskatchewan. Pouvez-vous nous dire quelques mots à propos des travaux qui sont menés pour accroître les connaissances à ce sujet?
Il existe actuellement, dans l'Ouest du pays, une organisation qui s'appelle Ligne nationale des Noirs; une section locale de cette organisation existe encore, et nous tentons de collaborer avec elle.
Il y a également l'histoire phénoménale des « Exodusters », ces gens qui ont accepté de venir s'installer au Canada comme n'importe qui d'autre, mais qui ont soudainement découvert qu'ils devaient répondre à des exigences particulières afin d'être admis au pays; comme ils étaient riches et en bonne santé, on a jugé qu'ils répondaient à ces exigences. On a pris toutes sortes de mesures pour tenter de les dissuader de s'installer au pays, et, de fait, on a décidé qu'ils étaient impropres à s'adapter au climat du Canada puisqu'ils provenaient de l'Oklahoma, où le climat est plus doux.
Je crois qu'il existe une multitude d'histoires. Comme je disposais de 10 minutes pour présenter mon exposé, je me suis demandé quelle était la meilleure manière d'aborder le sujet, de répondre à toutes les questions ou de tenter de donner une idée générale de la raison pour laquelle j'estime qu'il est important que nous considérions les Africains comme l'un des peuples fondateurs du pays et que nous créions un centre d'histoire de culture afro-canadienne — idée que nous avons en commun, comme la suite des choses l'a révélé. J'estime qu'il s'agit là de quelques-unes des histoires qui doivent être racontées.
Un peu plus tôt, un intervenant a fait allusion au musée d'Amherstburg... il s'agit d'un merveilleux musée. L'histoire qu'il raconte semble être axée sur Amherstburg, et peut-être un peu sur Essex-Kent.
Ce que je souhaite, c'est que notre proposition mette en évidence le fait que nous voulons raconter toutes ces histoires, car la moitié des Canadiens d'origine africaine vivent à Toronto. Cette ville est un important centre touristique, et, jusqu'à tout récemment — et peut-être aujourd'hui encore — un centre culturel. Toronto semble avoir une influence qui excède ses propres frontières. À mon avis, il s'agit là de moyens que nous pouvons prendre pour faire cela.
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus ici. Il y a deux sujets que j'aimerais aborder. Le premier concerne les histoires que vous racontez et leur rapport avec le cadre plus global de notre propre histoire commune. Je tiens à vous souligner, au passage, que le thème que vous avez suggéré me plaît. C'est un très bon thème. Comme le président l'a mentionné, nous n'avons pas reçu beaucoup de suggestions à ce jour, de sorte qu'il était plaisant d'entendre cela.
Le deuxième sujet a trait à la diffusion de l'histoire. Je suis d'accord avec ce qu'ont dit mes collègues à propos de l'éducation. J'estime que l'observation de M. Brown concernant la manière dont nous enseignons l'histoire et la place qu'elle occupe par rapport aux autres matières était éminemment valable.
Deux choses. Je me rappelle avoir vu un sketch ou un court métrage à propos du chemin de fer clandestin — il s'agit de l'une des productions canadiennes les plus remarquables que j'aie vues. Je peux vous dire que, la première fois où j'ai visionné ce document, il y avait beaucoup de négativité dans l'air — on se concentrait sur tout ce qu'il y avait de mauvais dans les relations raciales aux États-Unis, et tous les films réalisés à cette époque mettaient l'accent sur l'état lamentable de la situation. Et puis, tout d'un coup, cette merveilleuse histoire émerge du Canada, et j'avais le sentiment qu'il s'agissait de ma propre histoire. J'avais terminé l'école à ce moment-là, mais je ne connaissais pas cette histoire — cela est malheureux.
À mes yeux, le message contenu dans ce document faisait oublier toute la négativité entourant les relations raciales, non seulement au Canada, mais aussi en Amérique du Nord. Et l'histoire qui était racontée... C'était vraiment un merveilleux petit film.
Cela dit, en ce qui concerne les histoires que vous avez racontées aujourd'hui... l'histoire du maire suppléant de Toronto et celle du Bataillon de construction du Nouveau-Brunswick sont de merveilleuses histoires. Elles sont frappantes, mais le sont-elles suffisamment pour pénétrer nos esprits et nous convaincre que le Canada est digne de célébrer son 150e anniversaire?
La question que je veux poser s'adresse aux deux témoins, mais peut-être davantage à M. Sherwood, qui travaille dans le secteur. Quel est le meilleur véhicule technique dont nous disposons pour transmettre ces histoires? Il y a le Fonds des médias du Canada. Il y a l'Office national du film. Il y a les Minutes Historica.
Je crois à l'enseignement en salle de classe, mais je crois également — de tout mon coeur et de toute mon âme — aux médias dont nous disposons, et aux artistes talentueux qui les utilisent. En outre, j'estime que les histoires que nous avons à raconter deviendront un cadeau non seulement pour le Canada, mais également pour le reste du monde.
Vous avez tout à fait raison. Le cinéma est un médium puissant lorsqu'il s'agit de raconter une histoire. Ce petit film que vous avez vu est l'un des cinq courts métrages que j'ai réalisés pour le compte de Citoyenneté et Immigration Canada. Ces cinq petits films, qui ressemblent beaucoup aux Minutes Historica, sont accessibles sur le site Web du ministère. J'ai été membre du conseil d'administration de Historica pendant un certain nombre d'années.
Les cinq courts métrages sont accessibles sur le site Web de CIC. L'un d'entre eux porte sur le 2e Bataillon de construction. Un autre porte sur William Hall. J'ai choisi ces sujets car j'avais l'impression que beaucoup de Canadiens connaissaient l'histoire du chemin de fer clandestin et savaient que des esclaves avaient fui les États-Unis et s'étaient réfugiés au Canada, mais que l'on connaissait moins ce qu'il était advenu de ces Afro-Canadiens une fois qu'ils étaient arrivés au pays. Ils ne sont pas restés là à ne rien faire. Ils avaient des rêves à réaliser. Ils sont devenus des héros. Je voulais mieux faire connaître cela. L'utilisation du cinéma pour raconter ces histoires est une idée merveilleuse. Depuis de nombreuses années, la société que je dirige produit des documentaires et des vidéos promotionnelles pour le gouvernement et des organismes provinciaux. Toutefois, là encore, les gens de mon industrie font face aux mêmes obstacles que ceux auxquels vous vous butez au sein du système d'éducation, à savoir la résistance de ceux qui ne veulent pas que l'on raconte ces histoires. Cette résistance se manifeste par la difficulté à obtenir les fonds requis pour raconter ces histoires. Il s'agit d'un type de résistance avec laquelle notre communauté est aux prises depuis des décennies, depuis des siècles.
Lorsque vous parlez de priorités, vous devez placer... Si vous disposez d'un fonds et que vous dites que vous voulez que chaque groupe communautaire raconte son histoire... Nous n'avons tout simplement pas suffisamment d'argent pour en donner à tout le monde. Y a-t-il un autre problème? Y a-t-il trop d'organismes qui distribuent les fonds destinés aux productions médiatiques? Cette distribution devrait-elle être centralisée? Je ne fais que lancer des idées, car j'estime, surtout en ce qui concerne le 150e anniversaire, que nous devrions dépenser de l'argent afin de produire quelque chose du genre, qu'il s'agisse d'un documentaire de 30 ou de cinq minutes.
Votre observation est pertinente, monsieur Simms, mais je préfère l'idée d'un musée national, car il s'agit de quelque chose de permanent. Un film suscite un vif intérêt pendant quelques années, pour ensuite finir sur une tablette et sombrer dans l'oubli. Un musée est un monument durable et permanent que les gens peuvent visiter, et dont les gens — dont tous les Canadiens — peuvent être fiers.
Les États-Unis comptent 75 musées consacrés à l'histoire des Afro-Américains. On est en train de construire à Washington un énorme musée — d'un coût de 500 millions de dollars — sur les Afro-Américains. Nos héros à nous ont-ils moins de valeur que les leurs? La contribution des Afro-Canadiens à l'histoire du Canada est-elle moins valable que celle des Afro-Américains à l'histoire des États-Unis? Bien sûr, les Afro-Canadiens sont moins nombreux que les Afro-Américains. Toutefois, l'oppression qu'ils ont subie et à laquelle ils ont survécu est la même, et leur contribution à l'édification et à l'essor du pays est tout aussi fantastique. C'est la raison pour laquelle je préférerais, même si je travaille dans l'industrie du film, un musée à un film, car un musée est un legs durable.
Je suis heureux d'avoir discuté avec vous, et je souligne que vous êtes un cinéaste et un scénariste extraordinaire. Ce que vous dites est merveilleux. Je vous souhaite la meilleure des chances pour l'avenir.
Que Dieu nous bénisse.
Je vous suis reconnaissante de votre question, et je crois que l'argent constitue un facteur. Il serait injuste et faux d'affirmer le contraire.
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus ici aujourd'hui. J'estime que notre discussion est très intéressante.
J'aimerais poursuivre quelques instants sur le sujet que M. Simms a abordé. Je me rappelle que, dans les années 1950, mes quatre frères et moi nous voulions être dispensés d'aller à l'église le dimanche soir — et ce, même si mon père était pasteur et que nous vivions sur la propriété de l'église — parce que nous voulions regarder les dessins animés de Walt Disney. Ces dessins animés étaient fascinants, car ils permettaient à l'histoire de prendre vie. Vous vous imaginez: des petits enfants canadiens commandant par la poste des chapeaux comme celui de Davy Crockett. Il y avait des dessins animés sur Paul Bunyan. Tout cela était romancé. Walt Disney excellait à raconter ces histoires et, bien souvent, à déformer les faits... à les exagérer, devrais-je dire. Quoi qu'il en soit, on romançait l'histoire.
Je vous remercie d'avoir raconté l'histoire de William Peyton Hubbard. J'adore cette histoire. J'ai grandi à Toronto. C'est une histoire qui exige d'être racontée. Le père de William Peyton Hubbard était un esclave qui s'était enfui de la Virginie. C'est toute une histoire. Il a rencontré George Brown, qui allait devenir l'un des Pères de la Confédération, et l'a tiré hors de la rivière Don. Il est devenu son chauffeur, et ils ont été de bons amis. Il a été réélu 13 fois, puis est devenu maire suppléant. Il n'a été défait qu'une seule fois, et c'est parce qu'il avait créé la Toronto Hydro Electric Commission. Il s'agit d'une histoire en soi. Il a vécu dans les années 1930. À cette époque, les journalistes allaient lui rendre visite chaque année. On le surnommait « Old Cicero » en raison de ses grands talents d'orateur. On pourrait raconter sa vie dans le cadre non seulement d'un film, mais également d'une télésérie. Son histoire ferait une excellente télésérie. J'adorerais regarder cela. Votre société ne peut peut-être pas se charger de réaliser cela, mais cette histoire devrait être racontée dans un film.
Je veux vous demander — et M.Sherwood pourrait peut-être répondre en premier — de formuler des idées quant à ce que nous pourrions faire pour rendre vivante l'histoire du Canada et raconter des épisodes qui l'ont marquée sur scène, au cinéma, à la télévision et même à l'opéra. En 2000, on a commandé un opéra, qui s'est intitulé Iron Road, qui traite de la construction de la ligne de chemin de fer canadienne, de la contribution des Chinois à cet ouvrage et des épreuves qu'ils ont subies durant ces travaux. Comment pouvons-nous raconter ces histoires et les rendre intéressantes? Les adolescents sont blasés. Si l'on tente de leur enseigner l'histoire d'une façon politiquement correcte, ils n'écouteront pas, mais si on leur raconte l'histoire de façon dynamique et qu'on leur raconte les drames qui l'ont marquée, ils écouteront, et paieront même pour aller voir cela au cinéma.
Quelles idées avez-vous à formuler en ce qui a trait à la façon de raconter ces histoires en vue de 2017?
On pourrait s'y prendre d'un certain nombre de manières... Ma société le fait d'un certain nombre de manières. Il y a 10 ans, elle a réalisé un documentaire intitulé Honour Before Glory, qui portait sur le 2e Bataillon de construction — l'unité canadienne composée entièrement de Noirs — et qui a été diffusé à l'échelle nationale par la SRC. Ce film a mérité un certain nombre de prix à l'échelle nationale et internationale, et a été distribué à grande échelle dans les écoles, les universités et les bibliothèques du Canada, et même aux États-Unis. Depuis un certain temps, ma société participe à la diffusion de ces histoires.
Les vidéos promotionnelles d'une durée de 60 et de 30 secondes que je réalise pour le compte de Citoyenneté et Immigration Canada peuvent être visionnées en ligne. Une fois qu'il s'est engagé à réaliser ces vidéos, le gouvernement du Canada doit jouer un rôle actif en ce qui concerne leur promotion. Personne ne saura qu'elles sont accessibles en ligne si elles ne font pas l'objet d'une campagne de publicité dynamique.
En outre, ma société contribue à raconter l'histoire de ces Afro-Canadiens sur scène et dans les écoles. Elle a créé une pièce à propos de William Hall, premier navigateur canadien et premier Noir à recevoir, en 1859, la Croix de Victoria. Cette pièce a été produite, distribuée et jouée dans des écoles de Toronto, de Halifax et d'Ottawa. Elle a également été jouée en Irlande.
L'an dernier, ma société a créé une pièce à propos de Mary Ann Shadd, première Noire à publier un journal en Amérique du Nord et première enseignante à ouvrir une école intégrée au Canada. Cette pièce a été jouée dans des écoles de Toronto. Cette année, une pièce sera créée dans le cadre du Mois de l'histoire des Noirs, et sera présentée dans des écoles de toutes les régions du Canada. Cette pièce porte sur Richard Pierpoint et la compagnie des hommes de couleur, créée durant la Guerre de 1812. Il s'agit d'un projet commémoratif lié aux célébrations du 200e anniversaire de cette guerre.
Il s'agit là de choses que nous faisons.
Il s'agit de merveilleux projets. Ai-je raison de dire que vous croyez que nous devrions mener un plus grand nombre de projets de ce genre d'ici 2017?
Tout à fait. Sinon, qui apprendra cela aux Canadiens? En tant que Canadien, peu importe notre origine, lorsqu'on lit des histoires concernant William Hubbard, on est fasciné par cet homme et pris d'admiration pour lui en raison des obstacles qu'il a surmontés. On admire ses qualités.
De plus, il a été élu dans le secteur le plus fortuné de Toronto, pendant qu'aux États-Unis, on se préparait pour une guerre civile. Il a réussi à devenir boulanger, et il était un inventeur. On lui a permis de fréquenter les écoles de Toronto, alors que, partout en Amérique du Nord, les Noirs étaient victimes de ségrégation. Il s'agit d'une histoire canadienne, et, en fait, d'une histoire canadienne romantique. Les Canadiens peuvent se dire qu'ils ont réalisé d'assez grandes choses dans le passé, ou, à tout le moins, que leurs ancêtres n'ont rien à envier à ceux des autres.
Vous voyez, il s'agit là de choses que ma société... toutefois, je ne suis qu'une personne parmi d'autres. Ma société n'est qu'une société parmi d'autres, et nous ne pouvons pas tout faire nous-mêmes.
Quels rôles devraient jouer l'Office national du film et la SRC d'ici 2017 en ce qui concerne le fait de raconter ces histoires? Il s'agit là d'institutions nationales qui reçoivent de l'argent du gouvernement fédéral.
Tout à fait, il s'agit d'une observation pertinente. Ces institutions disposent de programmes de promotion de la diversité visant à favoriser l'émergence de nouveaux réalisateurs axés sur la diversité, mais elles doivent en faire davantage à ce chapitre. Elles doivent adopter une stratégie dynamique afin de nouer des relations avec la communauté des cinéastes afro-canadiens, laquelle est très solide, très énergique et très talentueuse; à Toronto et à Halifax, cela ne fait aucun doute. Nous devons leur demander de participer à cela. Malheureusement, des réalisateurs canadiens primés à l'échelle internationale se sont tournés vers les États-Unis pour des raisons de nature financière. Toutefois, ils sont encore au pays, et nous devons mettre leurs talents à profit.
Nous avons parlé de l'histoire, qui constituera un élément clé, et d'autres témoins ont mentionné que nous devions célébrer notre histoire, mais dans le cadre des célébrations de 2017, nous devrons également nous tourner vers l'avenir. J'ai beaucoup aimé le thème que vous avez proposé: Nous ne formons qu'un. Que devrions-nous faire, d'ici 2017, pour indiquer au reste du monde — ou à nous-mêmes — vers où se dirige le Canada? Avez-vous des idées à ce sujet?
J'ai l'impression que nous passons d'une réalité multiculturelle à un avenir multiculturel. Je pense que nous n'avons pas assez reconnu et souligné le fait que les débuts du Canada ont été caractérisés par le multiculturalisme. Je pense qu'il faut le faire, sinon nous risquons d'être incapables d'aller vers un avenir multiculturel. Je parle autant d'un point de vue matériel et concret que du point de vue de l'idéologie.
C'est cela: un passé multiculturel qui est gage d'un avenir multiculturel.
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les deux d'être ici aujourd'hui.
Je suis né, j'ai grandi et j'ai passé toute ma vie à Toronto et, à ce titre, je suis honoré, madame Sadlier, de vous entendre aujourd'hui, parce que j'ai vu l'évolution et la croissance de la prise de conscience de l'histoire des Afro-Canadiens, notamment chez les Afro-Canadiens de la Ville de Toronto, mais aussi chez tous les habitants de la ville. Vous et tous vos partenaires — les artistes, la société civile, les groupes qui ont consacré d'innombrables heures, et même plutôt des années, et qui ont surmonté les critiques formulées par les médias — vous méritez toutes nos félicitations parce que vous avez persévéré. Je vous en remercie de tout coeur.
Campagne 2000 vient tout juste de publier son Rapport 2011. Campagne 2000 avait été créée dans le cadre d'une initiative du Parlement en 1989 qui visait à mettre fin à la pauvreté des enfants avant l'an 2000. J'en parle parce qu'il est question de ce musée. De toute évidence, la pauvreté au Canada — et peut-être même encore plus précisément à Toronto — est racialisée. À Toronto, nous sommes dans une situation où 50 p. 100 des résidents de la ville ne sont pas nés à Toronto. Je me souviens de l'époque où j'étais petit, à Scarborough, et je dois vous dire que je me souviens du jour où un Afro-Canadien est entré pour la première fois dans ma classe. Aujourd'hui, si vous prenez l'autobus Finch jusqu'à Scarborough ou jusqu'à Etobicoke, à peu près chacune des personnes qui est à bord de l'autobus vient d'une communauté afro-canadienne multiethnique, plurinationale et interconfessionnelle. Elles vivent, en grande majorité, dans la pauvreté.
Si nous organisons un projet commémoratif en 2017 pour le 150e anniversaire et que nous ne tenons pas compte de cet enjeu essentiel pour l'avenir — le pays compte plus de 600 000 enfants qui vivent dans la pauvreté —, nous serons passés à côté d'une occasion formidable. J'aimerais donc que vous nous parliez tous deux de la question de la pauvreté au sein des communautés raciales, et de la question de la communauté multiethnique afro-canadienne. Nous comptons, à l'heure actuelle, de nouveaux Afro-Canadiens au pays. Nous avons une importante communauté haïtienne. Nous avons aussi une communauté éthiopienne et érythréenne en croissance à Toronto.
C'est une question à deux volets. De quelle façon un musée viendrait-il toucher ces nouvelles communautés? Et, fait plus important encore, d'après moi, en quoi un musée permettrait-il de repousser les limites en ce qui concerne l'élimination de la pauvreté chez les enfants?
Je pense, d'abord et avant tout, que nous n'allons pas éliminer la pauvreté. Cela n'arrivera pas de sitôt, quelles que soient les initiatives adoptées, et que l'on vise l'année 2017 ou une autre année.
Mais le point que vous avez soulevé concernant les personnes auxquelles le musée s'adresse — j'adore les tirs de canons —, c'est que, quand il y a, comme vous l'avez si correctement souligné, un niveau de pauvreté racialisé, ce niveau de pauvreté reflète aussi la façon dont on voit ces personnes et y est lié.
Comme il y a des tirs de canons à l'extérieur et que tout le monde aurait probablement envie d'observer ce qui se passe, nous devrions peut-être suspendre la séance pour un instant.
Cela ne devrait pas être très long. Je pense que c'est simplement une salve de 21 coups d'artillerie. J'ai l'impression que certaines personnes aimeraient regarder la cérémonie qui se déroule à l'extérieur.
Je suis désolé de l'interruption. Comme vous avez pu le constater, tout le monde était heureux d'observer le défilé aérien.
Nous avons beaucoup parlé du système scolaire public. Cela m'a rappelé un peu quand j'étais à l'école et que cela se produisait, et toute l'excitation que nous ressentions à la vue des avions.
Quoi qu'il en soit, monsieur Cash, c'est à votre tour et il vous reste à peu près deux minutes.
D'accord.
Je pense que ce que j'ai commencé par dire, c'est que, quoi que le comité choisisse de faire, nous ne réussirons pas à mettre fin à la pauvreté. C'est malheureusement une certitude.
L'autre partie de ce que je disais, c'est que, s'il y a de la pauvreté, c'est en partie parce qu'il y a du racisme. S'il y a un racisme, c'est en partie parce que nous avons une connaissance hégémonique de qui sont censées être les personnes d'origine africaine et de ce qu'elles sont censées être. Tout cela est influencé par ce que nous pensons savoir à leur sujet, ce qui peut être juste ou non.
Si nous avons un centre du patrimoine et de l'histoire des Afro-Canadiens qui nous aide à faire connaître des cas vécus — je parle non pas nécessairement d'histoires comme celles de Paul Bunyan, mais d'histoires véritables, d'incidents qui se sont vraiment produits, d'authentiques réalisations de personnes d'origine africaine, et pas seulement des histoires qui ont eu lieu en 1604, mais aussi des histoires toutes récentes —, qui aide à informer les personnes responsables de l'embauche, des admissions et de la sélection des personnes qui devraient... parce que c'est aussi là et pour ces raisons que la pauvreté fait son apparition et prend de l'ampleur.
Tout cela a aussi une influence sur la personne d'origine africaine. Comme je l'ai dit au tout début quand je me suis présentée, je suis une personne d'origine africaine. Ma famille est au Canada depuis 1783. Je ne vous dirai pas à quel âge j'ai découvert que ma famille — des gens qui me ressemblent — ont vraiment fait quelque chose parce que tout autour de moi me dit qu'elle n'a rien fait. Et cela s'applique à moi, et je suis d'ici.
Par conséquent, en quoi cela peut-il aider une personne qui vient tout juste d'arriver au pays et qui n'a pas ce type de connaissance d'apprendre que son grand-père...? Comment pouvez-vous avoir l'impression de vous établir et le sentiment qu'il y a des gens qui ont fait des choses?
Les gens ont une opinion négative des personnes d'origine africaine ou des personnes qui leur ressemblent. Les responsables de l'embauche ont une image négative de ces personnes, et cela entraîne une pauvreté non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan de l'expérience et de la compréhension.
Je pense que le ministère du Patrimoine canadien a compris depuis déjà longtemps que le racisme systémique entraîne des problèmes sociaux, comme l'a mentionné Tyrone, comme un sentiment de la valeur qui mène à la criminalité et à la violence chez les jeunes.
L'une des mesures prises par le ministère au début des années 1990 a été la création de la Campagne du 21 mars, à laquelle j'ai participé. Le 21 mars est la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. Si nous avons mis sur pied des programmes, comme le concours de vidéo « Mettons fin au racisme » qui s'adresse aux étudiants de partout au pays, c'est parce que le ministère du Patrimoine canadien, comprenait, je pense, l'importance de l'élimination du racisme dans la société canadienne.
Je pourrais peut-être seulement ajouter une chose. En 1967, je pense, l'un des fruits que nous avions récoltés de cette célébration bien spéciale était un plus fort sentiment de ce qu'est le Québec et des enjeux connexes. Je pense que nous avons maintenant l'occasion d'ajouter cet autre élément aux peuples fondateurs afin d'acquérir un sentiment plus complet et approfondi de qui nous sommes.
Je vous remercie tous deux de vos observations. Tout cela est très excitant. Je veux tous vous féliciter d'avoir formulé des recommandations précises. C'est un cadre sur lequel nous pouvons nous appuyer, à titre de comité, pour formuler des recommandations à l'intention du ministère à la suite de cette étude.
J'adhère au thème « Nous ne formons qu'un ». Je pense que c'est une orientation intéressante pour le Canada et que c'est un aspect que nous devrions fortement envisager. Pour ce qui est du musée, je pense aussi que c'est un projet formidable, un projet que nous devrions certainement envisager fortement dans le cadre de nos célébrations du 150e anniversaire du Canada. Nous devons faire une grande place à notre passé si nous voulons aller de l'avant. Nous devons célébrer nos victoires et les réussites passées du Canada, sans oublier les erreurs que nous avons commises en tant que pays.
Je vais parler brièvement de l'une de ces erreurs, mais je vais devoir revenir à un point que j'ai abordé pendant la dernière réunion du comité. L'année 2017 correspond aussi au 100e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy, qui constitue, à mon avis, un moment charnière de l'histoire canadienne. Il y a eu, à la crête de Vimy, une histoire formidable à propos d'un Afro-Canadien qui s'appelait Jeremiah Jones, qui est originaire de ma ville natale; c'est un peu comme ce que disait mon collègue à propos de sa région.
Jeremiah Jones était un soldat dans le 106e bataillon des Nova Scotia Rifles. Pendant la bataille de la crête de Vimy. Il a franchi les lignes allemandes et il s'est séparé de son peloton — nous combattions en peloton à la crête de Vimy, et c'est probablement pour cela que nous avons gagné la bataille — et a capturé à lui seul un nid de mitrailleuse et, je suis sûr que vous connaissez cette histoire, a amené avec lui toute la troupe d'Allemands, à qui il a fait transporter la mitrailleuse pour la remettre à son commandant avant de lui demander: « Est-ce que cela peut servir à quelque chose? »
Il y a eu une grande fête en ville parce que la famille Jones était très connue et que Jeremiah était un membre très actif de la collectivité avant de partir à la guerre — et c'était aussi un grand ami de mon grand-père, qui était aussi de la bataille de la crête de Vimy. Je vais vous lire un extrait du journal de Truro de l'époque:
Jerry Jones [...] a capturé une mitrailleuse allemande, a forcé les soldats allemands à la transporter jusqu'à nos lignes et à la déposer aux pieds du commandant, avant de dire:
« Est-ce que cela peut servir à quelque chose? »
Il a été dit qu'on l'a recommandé pour la médaille de conduite distinguée. J'espère que c'est vrai. [Nous devons] tous honorer cet homme, qui est de nouveau prêt à retourner au front [après avoir été récemment blessé].
Nous espérons qu'il survivra et qu'il reviendra à Truro, où il recevra l'accueil et les honneurs qu'il mérite.
Nous sommes heureux d'avoir reçu ces mots d'encouragement des collègues d'un camp militaire en Angleterre et, sait-on jamais, Jerry Jones pourrait revenir à Truro avec la médaille de conduite distinguée. Il deviendrait une célébrité.
Eh bien, dans ce qui a été l'une des grandes tragédies de l'histoire canadienne, il n'a pas reçu la médaille de conduite distinguée. J'ai eu le plaisir d'assister il y a deux ans à une cérémonie au cours de laquelle cette erreur a été corrigée, et il s'est finalement vu décerner à titre posthume la Médaille du service distingué des mains de Peter MacKay et Mayann Francis, qui est la lieutenante-gouverneure de la Nouvelle-Écosse. Malheureusement, sa fille, qui avait déployé de grands efforts pour rétablir l'histoire, et qui m'a déjà enseigné est décédée la veille de cette remise de médaille.
C'est de ce type de dévouement que la communauté a fait preuve et ce type de service qu'elle a rendu au Canada. C'est aussi la façon dont les Canadiens ont traité une partie de cette communauté par le passé. Ce serait extraordinaire de raconter des histoires comme celle-là dans un musée qui porterait uniquement sur l'histoire des Noirs pour que tous les Canadiens soient au courant, et pas seulement les Afro-Canadiens ou les Néo-Écossais d'origine africaine. Je pense que ce sont des choses que tous les Canadiens devraient voir et connaître; ils devraient savoir que nous ne formons qu'un et que nous allons aller de l'avant ensemble.
Je pense donc que le musée est une bonne idée.
L'autre réponse, c'est l'éducation. L'éducation vient régler ce dont parle M. Cash à propos de la pauvreté. Nous avons parlé de déplacer des gens et d'organiser des échanges entre des jeunes. Mais je pense que nous devrions profiter du 150e anniversaire du Canada pour remettre sur pied un programme de bourse pour tous les étudiants et les jeunes qui vivent dans la pauvreté afin de les aider à poursuivre une formation postsecondaire, quelle qu'elle soit, parce que l'éducation est le meilleur outil de nivellement. Nous en avons parlé un peu pendant la pause.
Quels seraient donc vos commentaires concernant le type de programme que nous pourrions mettre en place pour soutenir l'éducation afin de contribuer à réduire le problème de la pauvreté chez les membres de votre communauté et, de fait, chez tous les Canadiens?
Je voulais dire que j'ai parlé, dans mon film Honour Before Glory du 2e Bataillon de construction. Nous nous sommes rendus à Truro, et j'ai interviewé la fille de Jerry Jones, dont vous avez parlé. J'ai eu l'honneur et le plaisir de la rencontrer, et j'ai été atterré d'apprendre qu'elle est décédée la veille du jour où cette récompense a été remise à son père.
J'expliquais à M. Simms pourquoi je disais que le Musée canadien de la guerre pouvait servir de modèle à ce centre. Pourquoi le Musée de la guerre a-t-il été créé? Le Musée canadien de la guerre a été créé afin que les Canadiens puissent comprendre quel a été l'apport et quels ont été les sacrifices des Canadiens pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, pour faire connaître des histoires personnelles d'héroïsme et d'intenses sacrifices humains qui ont été faits par des Canadiens, pour susciter un sentiment de fierté chez les Canadiens, et pour instruire les gens à propos de la contribution du Canada sur le plan international pendant ces deux événements primordiaux. C'est pour cela que le Musée canadien de la guerre a été créé. On devrait donc suivre la même philosophie et créer le Musée afro-canadien dans le but de susciter un sentiment de fierté chez tous les Canadiens et de souligner, par un monument durable, la contribution de cette communauté. Il s'agirait déjà, en soi, d'un aspect instructif pour les Canadiens.
Je me dois de rappeler que ce processus d'éducation provient directement de la base, des groupes d'enseignants aux ministères provinciaux de l'éducation, en passant par les districts scolaires, les associations de parents et les autres ministères. Nous devons modifier l'enseignement de l'histoire dans nos écoles puisque le Mois de l'histoire des Noirs demeure pour l'instant facultatif. C'est vrai, c'est un événement apprécié qui est célébré dans bon nombre d'écoles situées dans de grandes villes, mais il faut changer notre façon d'enseigner l'histoire à l'école. La création d'un musée constituerait certainement un pas dans la bonne direction. Cela viendrait créer un monument durable de fierté et d'éducation, et les Canadiens pourraient s'y rendre pour en apprendre plus sur l'histoire canadienne.
On connaît bien les besoins auxquels le musée répondrait. Mais quel que soit le modèle que l'on adoptera pour un centre ou un musée de l'histoire afro-canadienne, ce sera, au bout du compte, un endroit où les gens pourront se rendre pour apprendre, et un endroit où on pourrait établir les fondements d'une mémoire collective. Mais entre aujourd'hui et 2017, nous devrions créer plus de matériel. Ces films, ces vignettes pourraient tous faire partie de ce qui se trouvera dans le musée, en plus des expositions et des objets qui pourraient être créés grâce à une plus grande sensibilisation. Tout cela pour dire qu'il y a là une occasion de trouver une façon de mieux refléter qui nous sommes en tant que Canadiens.
[Français]
Tout d'abord, lorsque je vous entends dire que ce serait bien d'avoir un musée de l'histoire des Noirs au Canada pour 2017, une chose me préoccupe. Je me demande si on ne devrait pas intégrer l'histoire des Noirs aux musées existants. Le même raisonnement vaut pour le Mois de l'histoire des Noirs. Ça ne devrait pas exister, on devrait avoir intégré l'histoire des Noirs partout, tout comme on devrait peut-être, pour 2017, essayer d'intégrer l'histoire des Noirs à nos musées existants. Mais je ne suis pas assez connaissant en la matière pour avoir une opinion réellement documentée sur ce sujet.
Toutefois, j'aurais une question à vous poser. Si on a un objectif qui porte le titre « We are one », n'a-t-on pas justement intérêt à préparer un programme intitulé « To be one »? Le 150e anniversaire pourrait être très gênant si on a encore ce problème lié à l'exclusion des Noirs de l'histoire. Si on veut éventuellement être prêt pour ces célébrations et ne pas avoir un bitter feeling, je n'ai pas l'impression que c'est en distribuant des seaux portant l'emblème du Canada aux gens qui vivent à Attawapiskat, afin qu'ils puissent avoir de l'eau potable, qu'on va y arriver.
Tout à l'heure, on évoquait des enjeux criminels. Or je ne crois pas non plus que ce sera en adoptant le projet de loi C-10 qu'on va arriver à aider les jeunes à s'identifier avec fierté à l'identité canadienne.
Ne croyez-vous pas qu'on pourrait se fixer une série de priorités, des objectifs atteignables pour que tous soient à l'aise relativement au 150e anniversaire?
[Traduction]
J'ai bien compris ce que vous voulez dire. Je pense que les priorités incluraient...
D'abord, laissez-moi revenir en arrière et vous dire que le noir n'est pas une couleur, c'est une idéologie. Et je pense que l'on utilise le terme « Noir » comme synonyme d'« Afro-Canadien ». Donc, est-ce que les gens se perçoivent comme des Noirs ou des Afro-Canadiens? Je ne sais pas.
L'an prochain, en 2012, la Jamaïque célébrera son 50e anniversaire. C'est toute une source de fierté pour les gens qui ont des ancêtres jamaïcains.
Ce sera aussi le 50e anniversaire de Trinité-et-Tobago. C'est aussi une grande source de fierté que cet anniversaire en particulier.
Comment ces personnes se perçoivent-elles d'abord? Comme des Afro-Canadiens, des Canadiens, des Noirs ou des Jamaïcains, ou quoi que ce soit d'autre? J'ai bien l'impression qu'elles se perçoivent d'abord comme des Jamaïcains ou quoi que ce soit d'autre.
Si c'est le cas, c'est parce que nous n'avons pas, à titre de pays, mis en valeur notre communauté d'Afro-Canadiens. Pourquoi est-ce que je viendrais au Canada? Vous m'excuserez, parce que je prends toute une série d'impressions et je les rassemble. Mais pourquoi venir au Canada et s'identifier à ces personnes — se sentir lié à elles — ici quand vous venez d'un autre endroit où l'on reconnaît votre contribution, tandis qu'ici, vous êtes invisible et, bien souvent, pauvre, peu instruit, et bien d'autres choses que l'on peut seulement supposer être vraies?
C'est l'un des défis que nous essayons de surmonter — aider les gens à se sentir fiers d'être Afro-Canadiens, et cela pourrait se faire, en partie, par une reconnaissance de leur rôle à titre de peuple fondateur. Cela se ferait en partie dans le cadre du processus, parce que cela ne peut pas arriver d'un seul coup; c'est un processus. Le fait d'avoir du matériel, une série de films, de vignettes et d'expositions, le fait d'avoir plus de documents écrits, de recherches et de photos à l'avant-plan, et le fait de recueillir ces objets seraient une façon d'attirer l'attention sur ce que nous avons, sur qui nous sommes et sur ce que nous pouvons devenir.
Je pense que vous avez aussi parlé de la priorité de, disons, une série d'événements distincts qui nous mèneraient jusqu'à 2017. Encore une fois, c'est déjà un processus continu. Mon entreprise est certainement une entreprise parmi tant d'autres qui effectue de façon continue des projets pour le gouvernement du Canada afin de sensibiliser les gens à la contribution des Afro-Canadiens.
L'Ontario Black History Society est, certes, constamment en train d'informer les Canadiens au sujet de la contribution de notre communauté.
Ce serait extraordinaire de regrouper tout ce travail dans le but de créer un centre ou un musée des Afro-Canadiens en 2017. Je pense que ce serait la solution idéale. Comme l'a mentionné Rosemary, tous ces objets, ces films et ces renseignements seraient accessibles dans ce centre ou ce musée, qui fonctionnerait à peu près de la même façon que le Musée canadien de la guerre, que les gens peuvent visiter et où ils peuvent accéder... Quand vous visitez le Musée canadien de la guerre, vous pouvez accéder à des renseignements, de l'information historique, des articles et des photos. Ce peut-être une source d'éducation, de fierté, de culture, de tourisme — toutes ces choses. Ce peut même être une source importante de revenu pour ceux qui décideront d'être propriétaires de ce centre et de le diriger.
Mais c'est un peu comme pour le bronze devant le Château Laurier, qui brille par son absence. Ne pensez-vous pas que tout ce que vous avez décrit, et qui est si instructif, devrait se retrouver en général dans tous les musées du Canada plutôt que de se retrouver dans un musée à part qui lui serait réservé?
Bien sûr que ce devrait être ainsi, mais ce ne l'a jamais été. Si vous continuez à agir toujours de la même façon, vous obtiendrez le même résultat. Quelle est l'expression que l'on emploie?
Cela ne s'est pas produit. Est-ce que cela se produira dans l'avenir? C'est peu probable, c'est en partie pour cela que nous défendons notre point de vue. Cela demeure pertinent puisque, si nous ne faisons pas cette revendication et que nous ne prenons pas des mesures pour nous assurer que les choses se concrétisent, elles ne se concrétiseront pas. Elles ne se sont pas concrétisées au cours des 400 dernières années.
Merci, monsieur le président.
Ma première question concerne la généalogie. Vous avez dit que vous ne saviez pas qui étaient vos ancêtres avant d'être adulte.
Le film Roots, et le livre du même nom, raconte une histoire assez connue au sujet d'Alex Haley qui cherche ses racines et qui découvre que son histoire est assez intéressante. Je pense que tout le monde peut y trouver une inspiration.
Ma question est la suivante: comment pouvons-nous aider les gens — compte tenu du contexte, je parlerais surtout des Afro-Canadiens ou des Noirs — à se préoccuper de la généalogie ou de l'histoire de leur famille? Ensuite, comment peut-on les aider à découvrir leur histoire?
Je pense que les Noirs se préoccupent de leur généalogie. Je pense qu'ils se préoccupent de leur histoire.
Je pense que c'est plus facile pour certaines personnes de retracer leurs ancêtres que pour d'autres. J'ai rencontré des gens venant d'un peu partout dans le monde, et ils ne savent parfois même pas quelle est leur date de naissance exacte. De toute évidence, elles auront de la difficulté à simplement essayer de découvrir quoi que ce soit d'autre sur leur propre histoire.
Si j'ai ignoré la mienne pendant un certain temps, c'est notamment parce que je ne savais pas à qui m'adresser. Je ne savais pas que mon histoire remontait là-bas. Mon père avait quitté le Nouveau-Brunswick tôt dans sa vie et n'y était pas vraiment retourné avant très longtemps. C'est donc seulement quand je suis entrée en contact avec des parents de cette région que j'ai appris certaines choses qui m'ont motivée pour aller plus loin. Le gouvernement canadien a aussi publié certains documents sur le 2e Bataillon de construction et sur les anciens combattants, dont des documents qui m'ont été utiles. Un sénateur noir, Calvin Ruck, a fait un travail phénoménal qui a mené à la création d'un livre sur le 2e Bataillon de construction. Une fois que j'ai eu quelques indices qui m'ont permis de remonter mon arbre généalogique, je n'ai pas eu à faire beaucoup plus de recherche pour découvrir que 60 p. 100 de toute la population du Nouveau-Brunswick était parente avec moi; cette révélation a été pour moi hallucinante.
Il y a simplement un autre point que j'aimerais soulever. J'ai été très chanceuse d'avoir cette possibilité, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Je pense que, quand on a l'occasion de retracer ses origines, c'est merveilleux, et c'est exaltant de savoir et de dire que nous avons des racines dans ce pays. Mais l'histoire des Noirs, ce n'est pas seulement de dire « Hé! Mes ancêtres ont joué un rôle important dans le 2e Bataillon de construction », ou « Les frères Carty, qui sont parents avec moi, auraient pu disparaître s'il y avait eu un événement tragique pendant la Seconde Guerre mondiale. » Ils auraient tous — toute la famille, toute une génération — pu disparaître, mais ils ont réussi à revenir. Ce n'est pas toute leur histoire, mais une partie. Je pense que le fait de mettre l'accent bien précisément sur la famille, c'est un aspect, mais qu'il faut aussi prendre en considération l'histoire en général, le fait que nous avons été ici, nous avons joué un rôle, nous avons apporté la prospérité, nous avons défendu ce pays, et nous continuerons de le faire. C'est une partie très importante de l'histoire.
J'ai une histoire semblable.
Je ne savais pas que j'avais des parents en Nouvelle-Écosse, et je ne savais pas ce qu'ils avaient accompli. Je pense au 2e Bataillon de construction et au livre dont Rosemary a parlé, écrit par Calvin Ruck, qui a aidé à me mettre au monde. Je suis né à Halifax, et Calvin Ruck était un bon ami de ma mère. Je suis né à la maison, et il faisait partie des personnes qui ont aidé à me mettre au monde. J'ai grandi en étant au courant de l'existence du 2e Bataillon de construction, mais je ne savais pas du tout que l'aumônier du Bataillon était mon grand-oncle. Je ne savais pas qu'il avait rédigé un journal. Quand j'ai lu son journal, qui m'avait été remis par son fils, mon cousin, j'ai été renversé puisqu'il s'agissait du seul récit écrit à la main de ce qui était arrivé à ces soldats noirs pendant leur service en France. C'était le seul compte rendu existant de ce qui s'était produit. Il a écrit tout ce qu'il a vu et tout ce qui est arrivé à ces soldats. Quand j'ai lu le journal, j'ai tout simplement été renversé, et c'est ce qui m'a poussé à faire le film.
Le révérend William White, qui était l'aumônier du 2e Bataillon de construction, était le seul officier commissionné de race noire de toutes les forces armées britanniques pendant la Première Guerre mondiale. Sa fille, Portia White, est devenue la première vedette internationale canadienne de race noire de l'opéra.
J'ai donc été renversé par l'histoire de ma propre famille. Je ne m'étais pas rendu compte de tout cela avant d'essayer d'en savoir plus sur l'histoire racontée dans le livre de Calvin Ruck.
L'une des choses que pourrait faire le centre — et nous voyons toutes ces annonces pour des sites comme ancestry.com ou ancestry.ca —, c'est offrir une section où l'on demanderait « Quelle est votre histoire? » Voici où vous devriez aller. « Qu'avez-vous fait? Qu'ont fait vos ancêtres. »
L'une des choses que nous faisons quand nous visitons des écoles dans le cadre du Mois de l'histoire des Noirs, c'est de donner aux enfants l'idée d'enquêter sur l'histoire de leur propre famille, de découvrir leur histoire.
Il y a quelques années, j'ai fait une série pour OMNI Television. Au Canada, il y a environ 18 communautés ethniques distinctes qui ont contribué au pays: les Portugais, les Italiens, les Chinois... Pour moi, l'animation et la production de cette émission a vraiment été une révélation parce que je n'avais jamais été au courant de cette contribution. Je ne savais pas que les Italiens avaient participé à la construction du chemin de fer du pays. Évidemment, nous connaissons tous les sacrifices faits par les Chinois, mais je ne savais pas que les Italiens avaient aussi participé, de même que tous les autres groupes ethniques.
C'est important de connaître la contribution de votre propre groupe culturel au pays. Le musée pourrait donc offrir une petite section où l'on demanderait aux gens: « Quelle est votre histoire? D'où venez-vous? »
[Français]
Bonjour et merci d'être ici.
Madame Sadlier, vous avez mentionné tout à l'heure qu'un programme appelé « Mathieu Da Costa Challenge » avait été aboli. J'imagine que vous seriez en faveur de ramener ce genre de programme, peut-être même, comme l'a suggéré M. Armstrong, dans le cadre d'un programme de bourses d'étude, ce qui pourrait être intéressant.
Auriez-vous des idées afin de moderniser ce genre de programme? Plutôt que d'avoir seulement l'écrit, ce serait peut-être plus intéressant pour les jeunes qu'il y ait des bandes dessinées ou des vidéos. Comment votre ou vos groupes pourraient-ils aider ce genre de programme?
[Traduction]
Le Défi Mathieu Da Costa était un concours national de création artistique et littéraire. Il s'agit, pour les jeunes, d'utiliser les médias traditionnels pour rédiger un court document ou réaliser une oeuvre d'art dans le cadre du concours.
Avec l'arrivée des médias sociaux et leur facilité d'utilisation, avec la micro-édition et, tout simplement, la capacité... Avec les caméras numériques qui sont probablement disponibles dans la plupart des écoles ou que les élèves possèdent peut-être eux-mêmes, c'est certainement possible de... Eh bien, on a mis fin au concours. On aurait certainement pu le poursuivre, mais en utilisant des médias plus contemporains pour produire un résultat.
C'est toujours important de faire connaître le nom de Mathieu Da Costa puisqu'il s'agit du premier nom africain qui a été connu au Canada. Cela ne signifie pas qu'il a été le premier Africain au Canada ni le premier Noir dans l'Ouest.
Je ne suis pas sûre que le nom devait être changé. On aurait peut-être dû modifier le format, le média et la nature de la technologie.
[Français]
Je répète la deuxième partie de ma question. Comment votre ou vos groupes pourraient-ils participer à ce genre de programme?
[Traduction]
[Français]
[Traduction]
Dans l'avenir, d'accord.
Eh bien, à l'heure actuelle, nous nous servons des médias sociaux pour transmettre un certain nombre d'informations aux gens. C'est une façon de fournir de l'information ou de faire connaître certaines choses, comme une bourse que nous offrons en collaboration avec une société commanditaire. Encore une fois, on pourrait se servir des médias sociaux pour dire: « Hé! C'est une chose que nous pouvons faire, c'est une chose que vous pouvez faire, c'est une chose à laquelle vous pouvez participer, » et on toucherait un certain nombre de gens.
[Français]
[Traduction]
Oui, ce serait une façon de faire de la publicité, parce que les autres façons coûtent quelque chose.
[Français]
Ma deuxième question porte sur les femmes. Comme vous pouvez le constater, nous sommes minoritaires ici.
Vous avez raison, il y a un manque de connaissance de l'histoire des Canadiens d'origine africaine. Il y a aussi des erreurs, dans l'histoire. Il ne faut pas se le cacher, l'histoire, c'est de l'interprétation, donc ça vient d'un point de vue en particulier.
Je vous donne un exemple très particulier. Marie-Josèphe Angélique, qui était à Montréal, en Nouvelle-France, avait été accusée d'avoir mis le feu à la ville. Elle a admis avoir mis le feu à la ville, mais seulement après avoir été torturée pendant plusieurs jours. Ensuite, elle a été mise à mort. Or, récemment, quelques livres ont été écrits pour tenter de modifier ces informations afin de, peut-être, apporter des faits dans cette histoire et, donc, de réhabiliter son histoire.
Dans les deux cas, vos groupes font de la recherche. Vous produisez du matériel éducatif, des vidéos promotionnelles. Quel pourrait être le rôle de vos groupes dans ce genre de projet de réhabilitation de l'histoire de certains personnages?
[Traduction]
Si je comprends bien votre question, je dirais que nous avons diverses façons de faire connaître des personnalités en particulier.
D'abord, nous avons un site Web où l'on trouve une série de thèmes permettant d'accéder à des renseignements et des photos qui se trouvent déjà sur notre site Web.
Nous utilisons aussi Facebook. Je suis la webmestre de notre page Facebook. S'il y a un sujet qui est proposé, pas seulement au sujet des femmes, même s'il s'agit là d'un sujet qui m'intéresse particulièrement... Mes livres ont traité des femmes. J'ai écrit sur Mary Ann Shadd et Harriet Tubman, et j'ai écrit un livre intitulé Leading the Way: Black Women in Canada. Évidemment, les femmes noires occupent une grande place dans mon coeur — elles sont peut-être le contraire absolu de ce qu'étaient les Pères de la Confédération. Il y a des façons d'afficher cette information.
Nous avons aussi créé quelques expositions itinérantes par le passé, qui nous ont permis de mettre l'accent sur la contribution et les réalisations non seulement des femmes, mais aussi des autres Afro-Canadiens. Je pense que c'est le type de mesures qui peut se poursuivre.
La Société d'histoire des Noirs en Ontario a aussi créé le premier film afro-canadien, qui s'intitulait A Proud Past, A Promising Future. Il est un peu dépassé, mais ce serait peut-être le temps de le rafraîchir. Peut-être que le présent comité appuiera, dans ses recommandations, un plus grand nombre de films éducatifs et de produits qui utilisent d'autres médias.
Le livre récent d'Afua Cooper a fait connaître l'histoire de Marie-Joseph Angélique. C'est une histoire remarquable à propos de cette jeune esclave noire qui a été accusée d'avoir mis le feu à Montréal et qui a été torturée. Tout cela a commencé avec le Code noir, un règlement imposé par les Français au Québec en 1709 et qui donnait la permission aux gens de posséder et de vendre des esclaves.
Ce sont toutes des histoires que l'on pourrait faire connaître, et la Société d'histoire des Noirs en Ontario l'a fait par l'entremise de son site Web, de films et de courts-métrages qui ont été faits sur Marie-Joseph Angélique, et il y en a quelques-uns.
L'histoire des Noirs au Québec est très riche. Le Conseil des éducateurs noirs du Québec a présenté au ministère de l'Éducation du Québec un programme d'enseignement intitulé « Some Missing Pages ». C'était il y a un certain nombre d'années. Je ne sais pas si les commissions scolaires l'utilisent encore, mais il a été créé il y a bien des années.
J'ai produit il y a quelques années un film sur l'Union United Church de Montréal, qui célébrait son 100e anniversaire en 2007. L'un des groupes fondés par cette église était le Club des femmes de couleur de Montréal. Il s'agit de la plus vieille organisation de femmes au Canada. Bien des gens l'ignorent. Il y a une riche histoire afro-canadienne à Montréal et au Québec.
La Société d'histoire des Noirs en Ontario a certainement permis de faire connaître cette histoire, et mon entreprise a aussi joué un rôle actif en produisant des histoires et des films.
Il y a tant d'histoires à l'échelle du pays. Certains des premiers habitants de Victoria et de Salt Spring Island en Colombie-Britannique et de la vallée de l'Athabasca en Alberta étaient de race noire. Certains des pionniers qui sont arrivés les premiers dans le Sud de l'Ontario et, de toute évidence, en Nouvelle-Écosse, étaient de descendance africaine. C'est le cas de bien des régions, et il ne faudrait pas exclure le Québec quand vient le temps de raconter de telles histoires parce qu'il a une histoire riche.
Merci, monsieur le président.
Je remercie les deux témoins. Vous vous prêtez au jeu depuis déjà quelques heures. Je vous en suis reconnaissant. Je vais vous poser quelques questions, et ce sera tout.
Madame Sadlier, j'aimerais savoir comment nous pouvons réunir des organisations comme la vôtre de partout au Canada. Est-ce qu'il y a une collaboration entre elles? Y a-t-il des ressources que nous pourrions mettre de l'avant d'ici 2017 pour réaliser certaines des choses dont vous parlez, et ce, en collaborant peut-être plutôt qu'en travaillant de façon isolée?
Vous avez aussi mentionné, dans vos remarques, que l'une des caractéristiques distinctives des Afro-Canadiens, c'est qu'il y a eu perte de culture. Je me demande comment, dans le contexte du 150e anniversaire et pour le temps qu'il nous reste avant d'y arriver, nous pouvons renverser cette situation dans les communautés en tant que telles, et pas seulement aux fins d'un musée.
Quand vous parlez de musées... je suis issu de la communauté italienne. Nous n'arrivons pas à nous entendre sur l'endroit où devrait se trouver notre musée. Nous n'arrivons pas à nous entendre sur ce qu'il devrait y avoir dans le musée. Nous n'arrivons pas à nous entendre sur quoi que ce soit. Au bout du compte, tout cela a contribué à diviser les gens plutôt qu'à les unir. Certains groupes au sein de la communauté ne se parlent plus. Ils sont devenus des ennemis jurés à cause d'une chose qui devait les unir.
Comment pouvons-nous éviter cela dans le contexte du 150e anniversaire du Canada?
J'aimerais qu'il y ait peut-être du soutien pour organiser, peut-être pas nécessairement des réunions du comité directeur, mais des réunions des personnes qui travaillent dans le secteur du patrimoine afro-canadien pour qu'elles puissent peut-être échanger une partie de cette information et, éventuellement, concevoir le matériel dont vous avez parlé.
Évidemment, vous comprenez que j'ai un parti pris évident pour que ce qui est du choix de l'endroit. Étant donné que la décision a été prise en quelque sorte relativement à la Confédération, le nombre de votes exprimés, notamment, compte tenu du nombre de personnes, si nous voulons partir de ce modèle en particulier, Toronto serait l'endroit tout désigné pour la création d'un centre culturel et historique afro-canadien. Évidemment, il y a certains événements récents qui se sont produits, et le maire a dit récemment dans les journaux qu'une décision a été prise et qu'elle sera avantageuse pour le promoteur comme pour la Ville de Toronto. Des arrangements particuliers pourraient être pris, peut-être pas dans le super grand immeuble sur le point d'être créé à Toronto — qui serait mon choix personnel —, mais il peut y avoir d'autres possibilités.
Il y a un nombre limité d'organisations qui s'occupent de l'histoire afro-canadienne. Le Black Cultural Centre s'en sort très bien dans la situation actuelle. Ses responsables ont tout simplement transformé et rajeuni ce qu'ils possédaient déjà. Cela s'est fait dans le cadre d'un processus intéressant, mais c'est terminé, en quelque sorte, maintenant. C'est peut-être maintenant le tour de Toronto d'avoir la chance d'avoir ce type de structure. Comme je l'ai dit et comme l'ont dit d'autres personnes ici, la communauté noire n'est pas unique, elle est multiple. Elle est multiculturelle en tant que telle. Je pense que le fait de créer cet espace à cet endroit, où il y a tant de diversité, serait la décision la plus logique.
Cela pourrait être utile au reste du pays. Pourquoi y a-t-il un musée des civilisations à Hull? Pourquoi y a-t-il un musée des droits de la personne dans l'Ouest? Des décisions ont été prises, et je pense que la décision appropriée serait peut-être de choisir Toronto.
Rosemary et moi avons fait partie d'un comité consultatif mis sur pied par Parcs Canada pour créer une exposition sur le chemin de fer clandestin au Musée royal de l'Ontario, et je pense que l'on pourrait se servir du même modèle pour mettre sur pied un comité consultatif créatif qui s'occuperait de l'établissement de ce musée, et auquel participeraient des gens de l'Est, du Black Cultural Centre de la Nouvelle-Écosse, de la région de Chatham-Kent, du musée Buxton, d'Amherst et de l'Ouest.
Je pense que c'est important de créer le musée parce que le pays en a besoin. Je comprends tout à fait la communauté italienne, et je sympathise avec elle, parce que nous avons aussi les mêmes problèmes au sein de la communauté noire.
Une chose est sûre, toutes les organisations et les communautés canadiennes noires de partout au pays reconnaissent que nous avons besoin d'un musée national. Ce qu'il contiendra, ce qu'on y trouvera et la structure qu'il aura peuvent faire l'objet de discussions avant que des décisions ne soient prises, mais nous sommes d'accord pour dire qu'il faut créer un tel musée.
Je ne pense pas que ce soit réaliste de s'attendre à ce que le gouvernement canadien investisse 100 millions de dollars pour construire un immeuble à partir de rien. Il y a toutes sortes de bâtiments — des églises abandonnées, des cinémas abandonnés, des immeubles vacants ayant appartenu à des sociétés — que ces sociétés ou des groupes religieux pourraient donner et qui pourraient être utilisés. Partout au pays, il y a des immeubles qui deviennent vacants.
Si je peux simplement ajouter quelque chose. Au moment où nous avons créé notre plan d'affaires, il y avait une église noire qui aurait pu être disponible pour nous, mais nous n'avons pas pu l'avoir à cause des processus qu'il aurait fallu suivre.
Je veux aussi mentionner qu'il n'y a pas que la communauté noire qui pense qu'il devrait y avoir un musée afro-canadien. L'expert-conseil qui nous a fourni ses services n'a jamais reçu un soutien aussi positif pour les projets dont il s'était occupé à ce jour.
Merci, monsieur Calandra.
Merci aux deux témoins d'avoir pris le temps de répondre aux nombreuses questions. Vos commentaires sont très utiles au moment où nous commençons à nous pencher sur le 150e anniversaire du Canada. Nous vous remercions aussi d'avoir fait des propositions concrètes et de vous montrer ouverts à d'autres discussions avec nous dans l'avenir.
Oh, monsieur Benskin.
Je ne sais pas si vous voulez d'abord renvoyer les témoins. J'ai une question concernant le budget et la comparution du ministre.
La réunion est terminée. Nous avons dépassé le temps qui nous était alloué d'une minute. Il est 10 h 46.
C'était une question à propos de la date de sa comparution. Je voulais être certain que ce ne serait pas trop tard.
Nous avons la date, mais je crains que ce ne soit trop tard. Nous avons entendu dire que le délai était le 30.
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