Au nom du chef national, Shawn A-in-chut Atleo et de tout l'exécutif je remercie tous les membres du comité d'avoir invité l'Assemblée des Premières Nations à s'exprimer aujourd'hui sur ce sujet. Nous sommes très honorés d'être ici et d'avoir cette occasion de faire part de certaines de nos idées.
Comme vous le savez, je l'espère, l'Assemblée des Premières Nations est le représentant national et politique des gouvernements et citoyens des Premières nations de tout le pays. Notre rôle n'est pas celui d'un gouvernement, nous ne sommes clairement pas un gouvernement. Nous sommes une organisation qui milite pour le compte des Premières nations et ce sont elles-mêmes qui déterminent les domaines dont elles veulent nous confier la responsabilité. Nous cherchons à harmoniser et à coordonner de notre mieux. Les Premières nations d'un bout à l'autre du pays sont caractérisées par une très large diversité, comme vous ne l'ignorez sûrement pas.
Ce débat sur le 150e anniversaire du Canada intervient à un moment très important, je pense, du point de vue de notre position, de la position des Premières nations au Canada. Près de sept générations se sont succédé depuis le début de la Confédération, et dans de nombreuses cultures autochtones, dont la mienne — j'appartiens à la Première nation de Curve Lake — sept générations représentent un jalon culturel important. Nous cherchons à anticiper sur sept générations l'effet qu'auront nos décisions et nous nous efforçons de planifier et d'établir nos priorités en conséquence.
Sept générations se sont donc succédé depuis le début de la Confédération et, comme vous le savez, nos histoires collectives parallèles ont connu de nombreux tours et détours au long de cette histoire. Réellement, cela a commencé par une relation économique. Ce ne sont nullement des ambassadeurs de la paix et de l'amitié qui ont franchi l'océan: ils étaient plutôt à la recherche de biens marchands et de richesses à ramener. Notre première relation a été très largement de nature économique.
Succinctement, au fil de notre histoire, cela s'est transformé en relations militaires, marquées par quelques épisodes d'affrontement et de soutien. Sans l'aide des Premières nations au cours de la guerre de 1812, nous serions probablement Américains aujourd'hui. Très franchement, nous ne serions probablement pas Canadiens. Je pense donc que c'est une histoire commune importante que nous avons partagée en construisant ce pays ensemble.
Ensuite nous avons cette notion de traités, de conclusion de traités et de construction nationale à travers le pays. D'aucuns diront que c'était pour ouvrir le pays au développement économique et à l'expansion vers l'Ouest, et d'autres argueront que c'était une vision plus large. Je pense que cela est un élément de notre réflexion sur 150 années d'histoire canadienne.
Ensuite est venue la période plus sombre de l'assimilation, lorsque les Premières nations n'ont plus été nécessaires économiquement. Elles n'étaient plus nécessaires militairement. Elles n'étaient plus nécessaires comme partenaires au sein de la Confédération; elles étaient devenues un problème et un fardeau pour le reste du pays. Le fameux Duncan Campbell Scott a tué « l'Indien dans l'enfant ». Les écoles résidentielles, l'interdiction des cérémonies du potlatch, et la détermination par une loi fédérale de qui est Indien, loi qui existe toujours, tout cela fait partie des 150 premières années.
Il semble réellement que la raison pour laquelle il est important que ce débat se déroule aujourd'hui est que l'on commence à s'engager un peu dans la voie d'un redressement. Des excuses historiques ont été présentées à la Chambre des communes au sujet des écoles résidentielles. Le Canada a récemment signé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui établit un cadre assez large pour la conclusion de partenariats avec les peuples autochtones partout dans le monde et, plus particulièrement, les Premières nations ici, au Canada.
Ce débat intervient également au lendemain de la manchette que le journal télévisé The National a accordé à la situation d'Attawapiskat et aux conditions infrastructurelles horrifiques qui y règnent aujourd'hui. Votre comité n'a pas pour mandat de creuser le problème d'Attawapiskat ni aucune de ces déficiences infrastructurelles chez les Premières nations, mais vous devez bien voir que cela est une facette de l'héritage de 150 années de partenariat au Canada. Si nous ne faisons rien d'autre ici aujourd'hui, il serait merveilleux de pouvoir mettre en marche une sorte de mouvement, de telle façon que dans 150 ans, dans un certain comité célébrant le 300e anniversaire du Canada, l'on n'ait pas à se désoler des conditions scandaleuses régnant dans les collectivités des Premières nations à travers le pays.
Pour contextualiser cette relation existante, elle est entièrement fondée, à notre avis, sur les traités. À nos yeux ils étaient réellement les principes fondamentaux d'une relation de nation à nation entre les peuples autochtones de ce pays et la Couronne. Les premiers traités, bien sûr, étaient caractérisés par des objectifs clairs et communs axés sur la coordination et, aujourd'hui, je pense que nous devrions essayer de trouver des mécanismes qui reflètent activement la nature et l'esprit de la collaboration et de la concertation.
Nous avons parlé un peu de notre longue histoire de dérogation à cette confiance réciproque et du fait que, selon moi, cette conversation intervient à un moment important, car nous sommes peut-être en train de prendre un nouveau départ. Votre comité et le ministère du Patrimoine canadien, franchement, se trouvent devant des possibilités sans précédent à court terme et pourraient donner le ton d'une collaboration à plus long terme.
Nous avons toujours eu un ambitieux programme de changement, particulièrement et toujours sur le plan de l'autodétermination et du désir de régir nos propres collectivités et nos affaires, mais notre autodétermination est profondément ancrée dans la langue, la culture et les mécanismes de prise de décisions traditionnels, tous aspects qui relèvent du ministère du Patrimoine canadien, en dehors de l'étude particulière que vous effectuez aujourd'hui.
Des choses plus immédiates peuvent être faites. Nous pouvons soutenir les langues des Premières nations. Vous savez, nous dépensons davantage au Canada pour soutenir des formes d'art principalement européennes comme le ballet, la danse et des choses de cette nature plutôt que de soutenir et préserver les langues ancestrales de ce continent, qui seront perdues à tout jamais si elles disparaissent. C'est un point important auquel réfléchir à l'occasion du 150e anniversaire du Canada et un domaine dans lequel le ministère peut agir.
Nous pouvons réfléchir à des programmes d'enseignement pour toutes les écoles qui expliqueraient clairement et en profondeur les histoires des Premières nations par rapport aux traités et à ces relations que nous avons.
Nous pouvons offrir un appui soutenu aux artistes autochtones qui produisent des oeuvres pouvant aider à raconter ces histoires, qui peuvent aider à croire en la renaissance des collectivités et peuvent réellement contribuer à cette première vague de changement.
Vous pouvez promouvoir la pleine reconnaissance et commémoration des Premières nations de ce pays à l'occasion du 150e anniversaire du Canada. L'un de nos grands sages, renommé dans tout le pays, William Commanda de Kitigan Zibi, est récemment décédé. Il avait une réelle vision pour l'Île Victoria comme lieu de rassemblement dans la capitale nationale, un lieu important sur le plan cérémoniel et de la commémoration, et là encore ce comité pourrait donner son concours.
On pourrait créer un Hall des sages pour célébrer la contribution des figures de proue autochtones de ce pays.
Il pourrait y avoir une bibliothèque des peuples autochtones, tant réelle que virtuelle, pour cataloguer et regrouper les contributions historiques que les peuples autochtones ont apportées à ce pays.
Donc, le 150e anniversaire du Canada est une occasion pour faire connaître les histoires des Premières nations et leurs contributions à ce pays. Je pense à la sensibilisation à ces histoires, ces optiques et ces aspirations afin que les sept prochaines générations aient un chemin beaucoup moins rude à parcourir que les précédentes.
Merci beaucoup.
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Le Parlement a déclaré le 1
er septembre 1996 Charlottetown comme lieu de naissance de la Confédération, et si le Parlement le dit, ce doit être vrai.
Bonjour, mesdames et messieurs. C'est un réel plaisir que d'être parmi vous dans ce comité. Quelques-uns de mes homologues sont venus vous parler dans le courant du mois dernier et j'étais très envieux de cette possibilité qu'ils avaient, et je vous remercie donc grandement.
Je veux également vous remercier d'avoir rassemblé ce groupe autour de la table, car Peter, Deborah, Paul et moi avons eu l'occasion de nouer contact et nous explorons des possibilités de collaboration dans le cadre de notre réflexion sur 2014 et de son lien avec 2017.
L'Île-du-Prince-Édouard est extrêmement fière que Charlottetown ait été déclaré le lieu de naissance de la Confédération, à tel point que nous avons beaucoup de lieux portant ce nom. Nous avons le Centre des arts de la Confédération, le Sentier de la Confédération, le Pont de la Confédération, le Coeur d'enfants du Centre de la Confédération, le concessionnaire Confederation Lincoln Mercury et l'agence Confederation Realty. La Confédération est partout.
De fait, comme vous êtes nombreux à le savoir, le Centre des arts de la Confédération a été inauguré le 1er septembre 1964. C'était le présent national du Canada à l'occasion de la conférence de Charlottetown qui a produit la Confédération. J'ai l'honneur d'avoir été président-directeur général du centre au cours des 10 dernières années.
Cinquante ans plus tard, des plans sont en cours d'élaboration dans l'Î.-P.-É. pour illustrer le rôle que l'île a joué dans la construction nationale, et j'aimerais vous en faire part.
En août de cette année, les gouvernements provincial et fédéral ont convenu de former une société du nom de Prince Edward Island 2014 Inc. dont j'ai été le président-directeur général pendant environ trois mois avant d'occuper les fonctions de sous-ministre. Cependant, je conserve certaines de mes responsabilités.
La vision de cette organisation et des partenaires est de créer en 2014 une année du 150e anniversaire inoubliable et qui servira de catalyseur à la célébration du sesquicentenaire de la Confédération en 2017. Il va être un facteur d'unification, d'inspiration et une source de fierté pour l'Île-du-Prince-Édouard et le pays.
L'ébauche du plan esquisse cinq piliers d'activités qui seront soumis à une série de consultations publiques, commençant jeudi. Parmi eux figure la célébration, qui est le côté fête de tout anniversaire. C'est réellement important pour les gens. Je sais que vous avez parlé avec Peter Aykroyd et Helen Davies, et tous deux ont souligné l'importance des célébrations pour le public.
Il y a aussi la commémoration: émission de timbres et de pièces pour 2014, des remises de prix et des expressions publiques de reconnaissance.
L'accueil est un élément important. La conférence des premiers ministres se tiendra en septembre 2014 dans l'Île-du-Prince-Édouard. Nous avons pressé chaque organisation, chaque groupe, chaque ministre et tous nos homologues fédéraux de tenir leurs conférences et réunions dans l'Île-du-Prince-Édouard en 2014. Nous avons également rencontré, tout juste la semaine dernière, les responsables des Prix Juno, des Prix de la musique country canadienne et des prix Gémeaux. Nous négocions avec l'Association de musique de la côte Est pour qu'elle tienne sa remise de prix dans l'Île-du-Prince-Édouard cette année-là. Voilà le volet accueil.
Il y aura un vaste volet marketing, qui sera d'envergure nationale. Nous collaborons de près avec les organisateurs de 2017 à travers le pays pour relier la conférence de Charlottetown et les valeurs qu'elle véhicule au reste du Canada. Ce programme de marketing sera d'envergure tout à fait nationale, tout comme tous les autres volets.
Le dernier volet est le legs au futur. On parle souvent de legs en rapport avec la construction de bâtiments et de ce type d'infrastructure. Ce n'est pas vers quoi nous penchons en l'occurrence.
Nous pensons qu'une idée a vu le jour à Charlottetown, et plus tard à Québec en 1864, et que cette idée a accouché de la Confédération en 1867. Nous nous mettons au défi, nous-mêmes et vous et tout le monde à travers le pays, de trouver de nouvelles idées capables de changer le pays, le monde. Que pouvons-nous faire en 2014 pour établir le lien avec 2017?
L'autre aspect est le dialogue public. Nous avons planifié quelques occasions pour le public de participer. Jeudi, nous recevons une centaine de personnes de toute l'île et de tous horizons, pour prendre connaissance d'une ébauche de plan stratégique conçu pour nous aider à façonner la vision pour 2014. Nous avons la chance que Deborah vienne se joindre à nous, car nous sommes en pourparlers avec le Sentier transcanadien au sujet de partenariats possibles pour 2014 et 2017.
Nous organisons également, en février et mars, un forum national sous la présidence de Peter MacLeod, avec lequel vous avez parlé depuis Toronto. Nous lui avons demandé de réunir des personnalités nationales à Charlottetown pour parler de 2017 et de façons d'établir la connexion avec le fait que 150 années se sont déroulées depuis la Conférence de Charlottetown.
Je parlerai brièvement de gouvernance. Nous proposons un organe consultatif national en vue de la préparation des célébrations de 2014, avec un conseil d'administration et un comité d'examen des projets qui serait composé de Patrimoine canadien, qui a été désigné comme le ministère responsable de 2014, de l'APECA, du gouvernement provincial et d'Î.-P.-É. 2014. Nous collaborons de près dans la région avec l'APECA, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, au sujet des objectifs touristiques et économiques des célébrations.
Abordant maintenant les questions d'argent, nous avons dressé un budget. Cela a été un travail assez peu ordinaire, car on nous a demandé de réfléchir au montant requis pour les célébrations, mais l'on ne sait pas par quoi commencer, puisque la programmation n'a pas été définitivement décidée, ce que nous ne voulons pas faire avant les consultations publiques. Mais nous avons élaboré un budget et la province de l'Î.-P.-É. a mis la main à la poche et engagé un total de 40 millions de dollars sur les quatre prochaines années, provenant du Trésor provincial mais aussi des municipalités et du secteur privé. C'est donc un objectif. Nous avons également demandé 30 millions de dollars au gouvernement fédéral, à compter de l'exercice prochain, et nous sommes en pourparlers avec Patrimoine canadien à cet égard.
Le plus gros objectif du financement sera de constituer ce que nous appelons un fonds Î.-P.-É. 150, auquel des groupes pourraient accéder sur la base de critères fixés par nous. Nous nous sommes inspirés d'exemples comme Vancouver 125 et Québec 400, auxquels des groupes et des collectivités et des particuliers pouvaient présenter des demandes de fonds en vue de réaliser leurs rêves. Là encore, pour en revenir à la philosophie, nous ne songeons pas nécessairement à construire de nouveaux bâtiments et infrastructures. Il s'agit plutôt pour nous d'appuyer et de renforcer ce qui existe, d'une côte à l'autre, dans le cadre de 2014.
Je crois savoir que vous avez reçu ici un très grand nombre de témoins. J'en ai vu une liste partielle. Colin Jackson est l'un de mes prédécesseurs au Centre des arts de la Confédération et nous avons parlé du travail qu'il accomplit à Calgary. Vous avez également reçu Peter Aykroyd et Helen Davies.
L'année 2017 sera, et doit être, une année très, très spéciale dans ce pays. Notre vision pour 2014 et le cent cinquantenaire de la Conférence de Charlottetown n'est pas moins ambitieuse et devrait constituer, comme cela a été le cas en 1864, un catalyseur pour 2017, la célébration d'un Canada qui évolue en tant que nation, une réflexion sur tout ce qui est possible à l'approche de 2017 et une occasion de réfléchir aux valeurs qui ont été façonnées à Charlottetown en 1864.
Je vous remercie de votre attention. Je suis impatient d'entendre vos questions et vos commentaires.
Merci, monsieur le président.
[Français]
Membres du comité, c'est un vrai plaisir d'être ici aujourd'hui.
[Traduction]
Vous avez devant vous un résumé de nos notes. Vous avez également un cahier qui vous donne une petite idée de la majesté du Sentier transcanadien, un article du Globe and Mail, ainsi qu'une documentation représentant l'argumentaire en faveur du soutien que nous avons rédigé en vue de la collecte de fonds.
[Français]
Canada 125 était l'entité créée par le gouvernement fédéral du Canada pour les célébrations du 125e anniversaire de la Confédération canadienne. Une diversité d'événements et de projets ont été réalisés, mais les plus réussis ont réuni les Canadiens à titre de participants, et non comme simples spectateurs.
[Traduction]
Donc, la réussite de Canada 125 tient à des événements dont l'initiative appartenait aux Canadiens et que Canada 125 n'a fait que faciliter. Nous considérons le Canada comme une collectivité de collectivités, dont la volonté de s'épauler, de partager et de coopérer compte parmi les plus nobles qualités définissant les Canadiens des quatre coins du pays.
[Français]
C'est une nation de sentiers et de voyageurs. Pour moi, c'est une histoire qui vient des coureurs des bois et des aventures de La Vérendrye et des Groseillers. Cela comprend toutes les aventures de notre histoire. Il y a une immense fierté pour nos grands espaces et la splendeur de notre magnifique pays.
[Traduction]
Le Sentier transcanadien est un legs de Canada 125. Il a été lancé, lui aussi, à Summerside dans l'Î.-P.-É. en septembre 1992, et est le fruit de l'esprit visionnaire de deux personnes, Bill Pratt de Calgary et Pierre Camu d'Ottawa. Ils le voyaient comme un moyen d'assurer une présence permanente du Canada dans la vie quotidienne de ses citoyens et il remporte un succès extraordinaire.
Pourquoi étaient-ils persuadés qu'il en serait ainsi? Parce que l'événement planifié par Canada 125 qui a été le plus populaire est ce que l'on appelait le « block party ». Ce terme ne renvoie pas au Bloc québécois, mais plutôt à un « bloc », un îlot d'une ville. L'initiative en appartient à une femme de Winnipeg qui avait soumis cette idée.
Canada 125, pour cette occasion, a conçu un seau, littéralement, qui contenait des banderoles, des logos, des drapeaux, des idées — des initiatives pour une fête. Ces fêtes se sont déroulées partout le même jour, le 1er juillet 1992, et le succès a été énorme. Le volume de correspondance et les réactions émanant du public au sujet de ce seul événement... La raison en était qu'il permettait aux gens de partager le Canada, de rencontrer leurs voisins et de s'en faire de nouveaux amis. Cela permettait également à tous les habitants du Canada de célébrer leurs différences et nos valeurs communes.
À l'instar du chemin de fer et de la route Transcanadienne, le Sentier transcanadien relie les Canadiens les uns aux autres, mais à vitesse humaine. Il connaît un vif succès. Il a été réalisé par des collectivités locales dans le cadre d'un plan coordonné appartenant à tous les Canadiens. Il a été construit par des milliers de donateurs et de bénévoles dans toutes les régions du pays.
[Français]
Le Sentier transcanadien profite de l'appui concret de chaque province et territoire, et de plus de 400 groupes de sentiers locaux. On peut dire qu'on a le soutien non partisan de tous les gouvernements. De plus, chacun des premiers ministres qui a gouverné durant l'existence du Sentier transcanadien lui a donné son soutien. Il en va de même pour les gouverneurs généraux.
C'était l'une des deux premières entités qui ont été reconnues dans la Loi de l'impôt sur le revenu à titre d'organisme qualifié pour le don de terres écosensibles.
[Traduction]
Aujourd'hui, le sentier est achevé à près de 75 p. 100. Il est composé de plus de 400 sentiers locaux, chacun présentant des caractéristiques distinctes et des panoramas uniques et diversifiés. De fait, Peter a fait remarquer que chaque fois qu'il voyage au Canada, il cherche une section du sentier pour y faire de l'exercice. Je fais la même chose, et Deborah aussi. De très très nombreux Canadiens en font autant. Le sentier est à 30 minutes de 80 p. 100 des Canadiens. Lorsqu'il sera terminé, il s'étendra sur plus de 22 500 kilomètres entre les océans Atlantique, Pacifique et Arctique, reliant plus de 1 000 communautés et tous les Canadiens.
Les noms des tronçons du sentier évoquent leur place dans l'espace et l'histoire: le sentier Waterfront, le sentier récréatif de la rivière Niagara, le sentier Voyageur, le sentier de la Confédération, le sentier du canal Lachine, le sentier Grand Concourse et le sentier Fundy. Tous évoquent un pan de notre histoire.
[Français]
D'un bout à l'autre du pays, plusieurs projets de sentiers d'envergure progressent à grands pas. Il nous reste encore 200 segments manquants identifiés sur le tracé du sentier. Il reste près de 600 kilomètres à compléter.
On a l'obligation de faire des liens entre les sentiers en pleine nature et les liens urbains. Certains nécessitent des travaux d'ingénierie et de construction en terrain très difficile, et d'autres requièrent une conception ingénieuse afin de protéger les zones écosensibles. Nous savons exactement ce qui doit être accompli et nous avons une stratégie en place.
[Traduction]
Le Sentier transcanadien s'est récemment doté d'une fondation — vous avez sa description dans la documentation — et a lancé une campagne de collecte de fonds visant 150 millions de dollars. Les coprésidents nationaux en sont Hartley Richardson et Valerie Pringle, et nous ne manquons donc pas de porte-parole ou d'enthousiasme.
Nous voulons créer des occasions pour tous les Canadiens de participer à ce projet historique national. Le sentier est un projet collectif. Il est un lien à la fois tangible et symbolique qui nous relie tous et nous pensons qu'il est une source de fierté nationale.
L'une de ses caractéristiques est qu'il témoigne de notre histoire. Il est l'incarnation de notre caractère, à nous les Canadiens.
Ce pays a commencé avec des sentiers, suivis d'un chemin de fer, puis, en 1963, d'une route. Nous opérons maintenant un retour vers l'avenir. Nous avons créé un sentier qui est un sentier pédestre, un sentier de ski, un sentier de cyclisme et un sentier équestre, et, dans certains endroits, un sentier aquatique. Pourquoi l'avons-nous construit? Parce qu'il existe une forte aspiration chez notre public à préserver notre environnement naturel et aussi à partager ce pays d'une manière humaine.
Je pense que le sentier incarne certaines des plus grandes qualités qui nous définissent en tant que peuple. La détermination et les efforts déployés par les bénévoles qui construisent et entretiennent ce sentier sont véritablement étonnants.
[Français]
Il sert de tremplin pour célébrer ce que nous avons de meilleur à offrir: nos sites, notre passé et les expériences qui nous distinguent comme Canadiens. En plus, cela célèbre les valeurs canadiennes.
En insufflant passion et engagement à la population canadienne envers notre pays, le Sentier transcanadien renforce le Canada. Il nous inspire sur les plans émotif, intellectuel et spirituel. Je dirais que l'aspect humain du Sentier transcanadien est extrêmement important pour les familles et pour notre pays.
[Traduction]
Le sentier est l'un des plus grands projets bénévoles jamais entrepris au Canada. Plus de 100 000 personnes y ont investi leur temps, leur énergie et leurs ressources et la plupart nous disent être motivés non pas par leur intérêt égoïste mais par leur désir de faire une différence et de laisser un héritage à leurs enfants et petits-enfants.
Je dois vous dire qu'il est inspirant de rencontrer ces gens, inspirant de voir les efforts qu'ils déploient et inspirant de participer à toute cette entreprise.
[Français]
Le Conseil du Sentier transcanadien, les partenaires, les groupes de sentiers locaux et les bénévoles sont pleinement impliqués dans le raccordement du Sentier transcanadien d'ici 2017, pour le 150e anniversaire du Canada.
Le raccordement du Sentier transcanadien sera un événement historique marquant pour le Canada et les Canadiens. Cela représente, en effet, le résultat de 25 ans de travail de bénévoles. Cela veut dire non seulement les individus, mais aussi les organisations communautaires, les entreprises partenaires et les gouvernements.
Le Sentier transcanadien est un cadeau durable offert aux Canadiens. Il y a une expression, en français, qui dit « ce n'est pas un cadeau ». Toutefois, c'est vraiment un cadeau.
[Traduction]
Ce n'est pas un cheval de Troie, c'est un cadeau véritable. C'est réellement un travail de la base. C'est une énorme réussite parce qu'il s'agit là d'une initiative de Canadiens individuels dans tout le pays. Cela n'a pas été imposé d'en haut.
J'ai relevé dans le témoignage de M. Aykroyd qu'il a estimé que, selon son expérience, le facteur prépondérant a été que l'initiative vienne de groupes locaux. Nous avions fait le même constat avec Canada 125 et je pense que cela devrait être pour vous une considération fondamentale lorsque vous formulerez vos recommandations. Les initiatives doivent émaner des trésors de créativité que les Canadiens ont à offrir, car leurs idées seront nourries par une émotion sincère. C'est cette énergie que vous devrez mettre à votre service pour assurer la réussite des célébrations du 150e anniversaire.
[Français]
Comme on vous l'a dit, les activités du Sentier transcanadien sont reliées à d'autres événements: le Bicentenaire de la guerre de 1812; le Jubilé de diamant de la Reine; le 150e anniversaire des Pères fondateurs de la Confédération; la Conférence de Charlottetown et celle de Québec de 2014. De plus, il nous reste toujours d'autres occasions à explorer.
[Traduction]
Ce projet rejoint les Canadiens dans maintes dimensions. Si vous faites l'analyse, vous verrez qu'il concerne la santé et la forme physique des Canadiens. Je suis sûr que vous avez tous vu les rapports établissant la différence que le fait de se lever du divan et de partir sur les sentiers produit sur les chiffres de maladie cardiaque, de diabète, d'obésité et même de cancer.
Une demi-heure par jour sur le sentier peut sauver des vies. Cela peut unir des familles. Le sentier est un grand outil pédagogique et il renforce notre souci de l'environnement. Mais surtout, il est une source d'unité et de solidarité.
En 2017, lorsqu'il sera achevé, le Sentier transcanadien sera le sentier récréatif le plus long et le plus grandiose au monde. Il relie, comme nous l'avons dit, tous les Canadiens, 1 000 communautés et trois océans, et offre des possibilités énormes à titre de site pour les célébrations du 150e anniversaire.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités.
Je veux aborder avec nos trois invités un aspect technique précis.
Sachez auparavant que cela fait quelque temps que j'attends de vous rencontrer, monsieur Dinsdale, car je pense que votre histoire ou vos histoires tiendront une place incroyablement importante lors du cent cinquantenaire. Je n'aurais pas la prétention de vous dire par où devrait commencer l'histoire que vous voulez raconter.
Non, en fait ce n'est pas vrai. Il est une histoire que j'aimerais que vous racontiez. J'espère, personnellement, que l'histoire des Beothuk de Terre-Neuve-et-Labrador en sera une. Je pense qu'elle peut être un exemple de la manière dont vous pouvez raconter l'histoire des nations à l'intérieur d'une nation, lors du cent cinquantenaire. Quelle histoire incroyable, comme vous l'avez bien dit. C'est plus que les rudiments que l'on connaît aujourd'hui.
Il y a la Guerre de 1812 et les négociations constitutionnelles de 1987, comme vous l'avez rappelé, mais il y a bien plus que cela et l'élément humain est résumé en clips sonores d'une minute et de 30 secondes chaque soir, et c'est franchement une honte.
Je pense que 2017 constituera un pinacle, un exemple fantastique, non seulement de la création de lieux d'exposition que les gens viendront visiter mais aussi du message qui sera diffusé concernant les myriades d'histoires à relater à travers le pays.
Cela dit, oui, je suis très intéressé par les musées. Je suis très intéressé par les centres que ces gens viennent visiter. Mais il est une autre façon pour les gens, jeunes et vieux, qui ne peuvent se rendre sur place et veulent connaître l'histoire et veulent connaître l'histoire des Premières nations. Je pense que nous pouvons réaliser un investissement substantiel dans la production de contenu à travers ce pays. Vous avez mentionné le documentaire de l'Office national du film sur 1987. Pensez-vous que c'est là un volet clé?
Je n'ai pas de liste précise à vous soumettre aujourd'hui, mais c'est exactement le genre de choses que nous rangeons sous la notion de « relation ».
En décembre 2010, le a écrit au chef national pour lui exprimer son désir de travailler sur ces enjeux. Au printemps, il s'est engagé à dresser un plan d'action conjoint Canada-Premières nations qui vise effectivement, au cours des prochaines années, à déterminer quels objectifs concrets nous pouvons réaliser ensemble. Vous en avez évoqué certains. Nous avons dit que l'éducation était la grande priorité. Vous avez mentionné le logement, bien sûr... eh bien, je ne sais pas si vous avez mentionné le logement, mais le logement et l'eau sont habituellement cités lorsqu'on parle de déficience infrastructurelle.
Le développement économique est également très important, et nous nous heurtons à un certain nombre de barrières structurelles réelles sur le plan des traités et du processus des revendications territoriales — tant globales que particulières — qui appellent un examen et une modernisation. Si vous faites cela, je pense que nous serons en voie de remédier à ces conditions, afin que les Premières nations elles-mêmes puissent devenir des partenaires actifs au sein de la fédération. Nous avons peut-être quelques divergences d'opinion sur les objectifs du projet de loi , mais la reddition de comptes et la transparence sont importantes en soi, naturellement, tout comme une meilleure gouvernance, naturellement; simplement, il existe différents chemins pour y parvenir.
Voilà quelques exemples, sans aller jusqu'à dire qu'il nous faut porter le taux de scolarisation à un certain pourcentage de la moyenne nationale. Dans certaines collectivités, moins de la moitié des enfants autochtones terminent leurs études secondaires. Je garantis que si la moitié des enfants de vos circonscriptions décrochaient avant le diplôme dans les écoles publiques secondaires, on lancerait des commissions royales d'enquête et un appel national massif à agir, mais c'est la réalité dans les collectivités autochtones, et c'est pourquoi nous devons tous nous rallier derrière cette priorité. Les autres enjeux sont importants aussi, mais si nous devons en privilégier un, je dirais que c'est l'éducation.
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Merci, monsieur le président. Madame et messieurs, merci. Comme je vous l'avais dit, je pose mes questions en français.
Il y a un an ou deux, je travaillais encore dans un musée de Montréal, Pointe-à-Callière. Il y avait un groupe composé d'une demi-douzaine de personnes des Premières nations — je crois qu'ils étaient tous Iroquois — qui provenait du Canada et des États-Unis. Il y avait également quelqu'un qui représentait, disons, les Anglais, mais personne ne représentait les Français. Je brosse un tableau à gros traits.
Ces gens se promenaient un peu partout dans la ville de Montréal et cherchaient des endroits où il s'était passé certains événements. Si c'était un groupe religieux, je devrais vous le dire. Leur but était de faire face aux problèmes pour pouvoir mieux guérir par la suite. Il s'agissait de cérémonies de guérison. Quand ils sont venus au musée, ils venaient en touristes. Puis, ils se sont rendus compte que le musée comptait un cimetière où sont enterrés des Français, dont les dépouilles datent de la fondation de Montréal, ainsi que des gens des Premières nations. Une douzaine de personnes des Premières nations qui étaient catholiques y sont enterrées. Ils étaient en train de faire la cérémonie et ils m'ont appelée en tant que représentante des Français. C'était très touchant. J'étais littéralement en larmes. Toutefois, je connais déjà la situation. Je sais qu'il y a déjà eu des problèmes et que l'on a besoin de guérison. Cependant, ce n'est pas l'état de la situation pour la population en général.
Monsieur Dinsdale, plus tôt vous avez parlé de coopération et de travailler ensemble pour tourner le coin. Je crois que c'est essentiel, non seulement pour les Premières nations, mais également pour les descendants des Européens. Je sais que l'on en a déjà parlé. M. Young, notamment, en a parlé. À mon avis, il y a des projets et des legs très importants. Ce ne sont pas seulement des legs physiques — ils sont importants pour le 150e anniversaire —, mais également des legs sociaux qui sont en fait des legs psychologiques. J'ai déjà parlé de choses comme le logement social en général. Il s'agirait d'importants legs pour le 150e anniversaire. Dans la discussion d'aujourd'hui, on s'en va vers cela. Vous avez dit qu'il était difficile pour les Premières nations de mentionner certaines choses, comme l'eau.
Cependant, j'ai un autre exemple. Il existe un projet qui s'appelle le Wapikoni mobile. Je ne sais pas si vous êtes au courant de ce projet. Il a été annulé. Il s'agissait d'un projet de base, de conditions de base pour aider les jeunes des Premières nations à retourner au travail, à avoir une base non seulement pour retourner au travail mais aussi une base de survie. Pensez-vous que ce genre de programme devrait être mis sur pied et pourrait être utile pour aider à la guérison et susciter la coopération entre les Premières nations et les autres nations?
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Merci beaucoup de la question.
Tout d'abord, nous avons une histoire tellement fascinante, et elle est si peu connue. Vous avez parlé de ce groupe iroquois. Je suis sûr qu'ils étaient membres des Six-Nations, probablement Mohawks, vu la proximité.
Les gens disent souvent, eh bien, vous êtes des Autochtones, mais pourquoi n'êtes-vous pas Canadiens d'abord et pourquoi vous accrochez-vous à cet autre concept? Je décris alors parfois la situation des Mohawks autour d'Akwesasne et de St. Regis, près de Cornwall. Une partie de la réserve est située en Ontario, une autre partie au Québec et une autre encore dans l'État de New York. Ils sont régis par cinq instances de gouvernement: le Canada, les États-Unis, l'État de New York, l'Ontario et le Québec. Donc, si vous demandez à un jeune qui grandit dans l'une de ces collectivités ce qu'il est, il dira « Je suis un Haudenosaunee, je suis Onkwehon:we, je ne suis pas Canadien, je ne suis pas Américain, je ne suis pas Québécois... ». Nous sommes donc le fruit de cette histoire fascinante qui a vu des frontières tracées de manière quelque peu arbitraire, divisant les nations.
Je connais le projet dont vous parlez, mais pas cette excursion de réconciliation particulière. Si vous ne l'avez pas déjà lu, le Rêve de Champlain est une histoire fascinante et une relation des premières incursions dans l'intérieur du Canada et de la nature des relations, particulièrement avec les Mohawks dans ce qui est maintenant l'État de New York et la région de Québec et les rapports entretenus. Cela fait partie de l'histoire, mais ce n'est pas assez connu.
Au sujet de la narration de récits, l'activité de Wapikoni Mobile, nous avons rencontré ses responsables l'an dernier lorsque leurs crédits ont été coupés. Le chef national a envoyé une lettre de soutien, je crois. Ce sont les arts, plus généralement, qui permettent de conter les histoires que nous ne parvenons pas toujours à formuler verbalement. Leurs projets avaient de nombreuses fonctions différentes. L'une, bien sûr, était d'employer et de former des jeunes à remplir ce rôle de conteur et à diffuser ces récits. Comme beaucoup d'autres projets artistiques, c'est là une tâche incroyablement importante et nous serions en faveur d'une multiplication de tels projets pour préserver la tradition orale et encourager cette relation.
J'ai une question pour M. Dinsdale.
Vous avez mentionné quelque chose dans votre introduction qui m'a réellement intriguée: votre idée d'investir dans la préservation des langues des Premières nations.
J'ai produit un film documentaire sur la réserve des Indiens du Sang, située tout près de chez moi. Nous cherchions à déterminer ce qui peut faire une différence. J'ai adopté deux enfants d'une fratrie de la tribu. Leur mère est décédée d'une surdose de Listerine, mais son frère est sobre, de revenu moyen et enseigne dans une classe d'immersion en langue pied noir; mêmes parents, situations différentes.
La question était de savoir qu'est-ce qui fait la différence entre les 20 p. 100 qui sont comme Andrew, qui sont sobres et libres, et ceux qui sont asservis? Nous avons constaté que trois caractéristiques étaient présentes chez presque tous ceux qui étaient libres. Les voici: ils parlaient le pied noir, ils pratiquaient une religion, chrétienne ou autochtone, et ils avaient une relation étroite avec leurs grands-parents.
Nous avons constaté également que la perte d'identité était pire que la souffrance elle-même. Un adolescent nous a dit: « Que diable est un Indien? Je n'ai pas idée de ce que cela veut dire ». Ses parents et ses grands-parents avaient été enlevés à leur entourage et on leur avait enseigné qu'ils étaient non seulement des sauvages, mais qu'ils ne devraient même pas exister. Ensuite, dans les années 1960 et 1970, nous avons repris nos esprits — au sens que vous voudrez — et décrété que l'Indien précolombien était quelque chose de merveilleux, et que cela le rendait merveilleux. Mais ce gamin a dit: « Je ne peux pas être cela, et donc ma valeur repose sur quelque chose qui n'existe même pas ».
Alors, comment pouvons-nous aider les Autochtones? Si vous prenez les gens qui étudient leur généalogie pour connaître leurs racines, vous constatez que la connexion avec ses ancêtres présente un grand pouvoir libérateur. Mais comment pouvoir faire cela dans une perspective d'avenir sans les plonger dans ce désespoir de ne pouvoir revenir en arrière?
Je pense que vous mettez là en lumière les séquelles des écoles résidentielles, le fait que les grands-parents de cet enfant avaient soit réussi à éviter les écoles résidentielles soit à leur survivre d'une manière ou d'une autre avec leur culture intacte, ce qui leur a permis d'être des parents et de tourner la page. Je pense que c'est là une dynamique importante du phénomène que vous décrivez.
Je pense que cette notion que notre culture est statique, qu'après le contact et la signature des traités dans l'Ouest, et particulièrement dans les Plaines, avec les longues coiffures à plumes et les tipis... si c'est ainsi que nous sommes perçus, alors nous devrions nous attendre à voir nos frères et soeurs britanniques porter la perruque poudrée et se déplacer en chariot couvert et ce genre de... Les cultures évoluent, et la nôtre a certainement évolué.
En ce qui concerne les langues, une fois qu'elles ont disparu, c'est pour toujours. Nous ne pouvons retourner sur une terre d'origine quelque part, et nous réintégrer dans cette culture, dans cette langue. Lorsque ces cultures meurent, lorsque les Beothuks sont morts, lorsque d'autres nations meurent, ces langues disparaissent à jamais.
Nous allons voir nos anciens et leur demandons sur quoi nous devrions mettre l'accent. Lorsque nous concevons des programmes de lutte contre la drogue et l'alcool, lorsque nous adoptons des programmes de formation professionnelle, pourquoi ne nous adressons-nous pas simplement aux institutions ordinaires? Parce que cela ne marche pas. Si ces institutions étaient efficaces, les interactions que nous avons déjà avec elles produiraient de bons résultats. Il s'agit d'ancrer ces programmes dans la culture, et la langue fait partie de la culture. Nos anciens disent que la culture est la langue. Elle exprime une vision du monde. Elle exprime notre place dans le cosmos. Elle exprime notre interaction avec la nature. Elle exprime tous les aspects de notre identité. Une fois que l'on perd cela, où allez-vous pour définir cette identité? C'est ce qui rend la culture si cruciale.
Il s'agit donc réellement d'investir dans ces cultures. Vous avez mentionné le programme d'immersion en langue pied noir. C'est un programme qui donne de merveilleux résultats chez les Six-Nations, qui font de l'immersion en mohawk et en onkwawenna kentyohkwa dans leurs collectivités. C'est réellement une action qui exige d'être soutenue, car la situation est actuellement si précaire. On pourrait voir que sur les 50 langues ancestrales aujourd'hui, seules 12 vont survivre une génération: que pouvons-nous faire pour enrayer cela? Entreprendre un tel projet représenterait un grand legs pour le Canada.
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Vos questions sont très intéressantes.
Parlons d'abord du financement. Que ce soit Canada 150, Parcs Canada, Environnement Canada ou un autre organisme qui participe au financement, dans un certain sens, on est indifférents. Si cela fait partie du budget, oui, c'est fantastique.
Néanmoins, je constate une chose, entre autres, que je crois essentielle: d'une certaine façon, notre histoire est comme un fil. Le sentier comprend le fil qui continue. Le 150e anniversaire n'est pas un événement solitaire. Il s'agit en effet d'arriver à un point et de continuer. Ce n'est donc pas une célébration d'une journée, mais une célébration de notre existence. Pour cette raison, nous croyons que le Sentier transcanadien peut en effet être le site par excellence des activités du 150e anniversaire. Nous reconnaissons qu'il faut avoir des méthodes pour encourager la visite du sentier, que ce soit un passeport qui serait conçu pour chaque région ou un accueil spécial pour les voyageurs. Un membre de notre conseil avait décidé, à 90 ans, d'effectuer 100 kilomètres dans chaque province et territoire avant de mourir. Et il l'a fait. Il s'agit donc de créer le degré d'enthousiasme qui reflète les valeurs de base.
Je regarde les choses et je me dis franchement que c'est l'occasion non seulement d'encourager la visite, mais de faire connaissance avec d'autres, à chaque visite, et de s'y faire des amis. En outre, ce qui est encore plus important, c'est qu'on apprend la réalité des autres. Pour ma part, je considère que j'ai été très chanceux, au cours de ma carrière, d'avoir pu travailler partout au Canada, et j'en suis tellement fier. Pour moi, c'est un cadeau énorme. C'est bénéfique, que ce soit en Nouvelle-Écosse, en Colombie-Britannique, en Alberta ou au Québec.
Supposons que je sois allé à Mont-Tremblant par le P'tit Train du Nord: 500 000 personnes par année utilisent le sentier dans cette région. Cinq cent mille personnes, c'est énorme! On veut créer ce degré d'enthousiasme et on veut que ce soit le sentier qui attire les gens d'une région à une autre. Il n'y a pas de politique là-dedans. Il s'agit simplement du Canada.
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Merci à tous de votre présence.
Monsieur Dinsdale, j'ai une question pour vous.
M. Simms a de la chance d'avoir le Sentier transcanadien au bout de son jardin. Pas très loin du mien a été découvert un village de la tribu Wendat, me dit-on; il remonte aux années 1500 à 1530. C'est un endroit assez remarquable. On dit qu'environ 2 000 personnes y vivaient. Il y avait quelque 90 structures sur le site, entourées d'une palissade. Nous cherchons encore à déterminer où étaient les lieux de sépulture.
On va baptiser une école « Wendat Public School », mais l'un des problèmes est que nul en ville n'a la moindre idée de ce que ce nom signifie. Nul en ville n'a la moindre notion de ce qui existait auparavant et ne sait qu'il s'agissait d'une voie commerciale reliant le lac Simcoe.
Je n'aime pas la notion de reprendre à zéro la relation, car une relation est toujours évolutive. Je trouve ce concept presque... Je ne veux pas dire insultant, mais beaucoup de gens ont travaillé très fort pendant longtemps pour édifier une relation — pas toujours bonne, mais parfois bonne. J'aime penser que nous la faisons évoluer.
L'un des problèmes à l'heure actuelle, et que nous avons connu dans le passé pendant trop longtemps, est que lorsqu'on veut marquer un événement spécial, on demande aux Premières nations de participer, et tout de suite après on vous demande de rentrer chez vous. Je crois que les Jeux olympiques ont commencé à changer cela.
Dans une localité comme la mienne, Stouffville, je ne pense pas qu'aucun des élèves ait jamais parlé à un Autochtone. Il n'y a jamais eu de visiteur autochtone dans une école pour parler de ce qui existait sur ce site. Comment pouvons-nous, dans le cadre du 150e, aider les gens...? Ma ville est à 40 kilomètres au nord de Toronto. Comment pouvons-nous amener les Premières nations à...? Je sais que vous êtes accaparé par quantité d'enjeux très importants, mais comment pouvons-nous les financer — et je ne sais même pas si c'est une question de financement — pour aller dans les écoles, pour expliquer le passé? Nous avons un excellent petit musée à Stouffville, mais aucune mention n'est faite des Premières nations qui vivaient là.
Comment réaliser cela et peut-être aider les gens à comprendre qu'il n'y a pas que les problèmes qu'ils voient chaque soir dans les journaux télévisés, mais qu'il y a derrière toute une histoire incroyable?
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Merci beaucoup de la question. Je l'apprécie.
Je dois vous dire que, pendant huit ans, j'ai fait la navette entre Barrie, où j'habitais, et Toronto, et je connais donc bien les nombreux vestiges des Hurons et Wendats découverts dans la région du lac Simcoe.
Si nous n'allons pas rebâtir la relation à partir de zéro, alors allons chez un conseiller psychologique. Peut-être faudra-t-il passer par là pour trouver le moyen de changer les comportements antérieurs et en adopter de meilleurs. Je pense que c'est l'intention.
De nombreux acteurs font ce travail d'ouverture aux Canadiens et de partage culturel. L'un, qui relève de ce ministère, est le mouvement des centres d'amitié. L'Association nationale des centres d'amitié relève de vous depuis 1972, lorsque votre Secrétariat d'État... Cette relation a été maintenue sans interruption jusqu'à aujourd'hui; j'ai vu que son directeur exécutif a comparu au comité il y a quelque temps.
Il existe des centres d'amitié à Barrie et Toronto et d'autres organisations qui font ce travail d'extension. Ont-ils assez de ressources pour tout faire? Ils vous diraient probablement que non, mais ils peuvent venir plaider eux-mêmes leur cause. Je pense qu'il est tout aussi important qu'ils établissent également le contact avec vous, ou bien avec vos conseils scolaires, et ouvrent un dialogue plus régulier. Un énorme pow-wow se tient à Toronto et tous les enfants des écoles y vont pour participer et voir des cultures actives et vivantes. C'est une contribution importante.
Je pense que de nombreux partenaires peuvent participer à cet éveil qui se produit dans le pays au sujet de la relation. Les excuses et tout ce dévoilage de l'histoire des écoles résidentielles y contribuent et les gens posent davantage de questions et s'ouvrent un peu plus.
Nous n'avons pas parlé de notre histoire commune avec ces peuples anciens. Je suis de Curve Lake, en Ontario. Nous avons des pétroglyphes, et nous avons des monticules en forme de serpent, des tertres funéraires en forme de serpent. Nul ne sait pourquoi ils sont là. On nous a simplement dit que c'était l'oeuvre des anciens. Nous pensons que les mêmes anciens étaient aussi à St. Louis. On y retrouve également ces tumulus et les mêmes types de sociétés s'y sont développées. Il reste donc beaucoup d'histoires à explorer et à comprendre ensemble, et c'est un travail que nous pouvons faire ensemble à l'avenir.
Je me suis un peu égaré, mais je pense que la notion d'un dialogue en vue de reconnaître notre passé est importante.
Je mentionnerai une autre chose encore, si vous m'accordez une petite minute. Je ne pense pas qu'il faille avoir honte. Tout à l'heure, quelqu'un a dit que nous allions avoir honte de notre passé lors du cent cinquantenaire, mais je pense que nous devrions être fiers de ce que nous allons réaliser à l'avenir. C'est ainsi qu'il faut voir les choses, à mon avis. Oui, nous pouvons reconnaître ce passé, mais soyons fiers de la manière dont nous allons nous comporter dorénavant. Je pense que c'est quelque chose que nous pouvons faire ensemble. C'est juste un autre contexte que je voulais esquisser.
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C'est une très bonne question. Je vais puiser dans mes souvenirs de secrétaire de Canada 125.
Je mentionnerai tout d'abord que Canada 125 a été mené comme un exercice d'alerte-incendie maximale. Le travail n'a commencé que quelques mois avant l'année-même et, de ce fait, dès le départ, cela a été une course de rattrapage. J'avais une limitation structurelle. Au début, le responsable était un fonctionnaire et, dans le courant de l'année, la responsabilité est passée à Bill Pratt, qui était chef de projet pour les Jeux olympiques à Calgary, ainsi que du Heritage Park à Calgary. On a donc fait venir Bill parce que l'on avait besoin d'un chef de projet.
Donc, une bonne partie du temps a été consacrée à faire du rattrapage. Il y a donc lieu de vous féliciter car ce que vous faites aujourd'hui, en vue de la mise sur pied d'un plan, représente un immense progrès par rapport au mode réactif qui a été le nôtre jusqu'au bout par la force des choses.
La deuxième considération est que — lorsque je jauge le succès des manifestations — les manifestations ont été très bien fréquentées, mais ce n'était que l'espace d'un jour. Elles n'avaient pas de résidu. C'était comme une grenade aveuglante: elle laissait derrière elle un peu de cendres et c'était tout. Il y avait un éclair intense, beaucoup de bruit, et c'était fini.
Nous avons fait régulièrement le constat que tout ce qui faisait appel à l'initiative locale était une bonne dépense. Wanuskewin est un bon exemple d'un lieu toujours en service que les enfants peuvent visiter. C'était une bonne dépense. Le Sentier transcanadien, à mon avis, a été une dépense fantastique.
Je pense que si nous voulons capter l'imagination des gens, alors... De fait, l'une de mes plus fortes convictions est que le Sentier transcanadien instille à ceux qui l'empruntent un sentiment d'appartenance à un espace, à une communauté, un sentiment d'espoir en l'avenir. Cela explique en partie pourquoi il a perduré. La réalité est que c'est un lieu que les gens fréquentent chaque jour. Je m'y promène à vélo chaque jour; il fait partie de ma vie.
C'est ce que nous voulons faire et c'est réellement la dynamique qui fera de Canada 150 une réussite: créer quelque chose qui apportera quelque chose aux Canadiens chaque jour, durablement. Il jettera des ponts à travers le pays, des ponts entre les collectivités et entre les générations. Lorsque vous emmenez vos petits enfants faire une promenade sur le sentier, ce souvenir durera toute la vie. Ce sont des cadeaux qui dureront toujours. Donc, pour faire de la célébration une réussite, il faut en faire un symbole — quelque chose qui soit représentatif de nous, le peuple.
J'en reviens à un aspect, car l'on en a beaucoup parlé aujourd'hui. J'ai grandi dans une famille d'historiens. Ma mère était une historienne du Moyen Âge, et mon oncle était Mason Wade, l'auteur de The French Canadians. J'ai vécu immergé dans l'histoire. Lorsque je songe à mes lectures d'enfance — L'Odyssée, l'Iliade, les légendes nordiques et les légendes autochtones... c'est le type de légendes que le sentier devrait intégrer. C'est ainsi que nous forgeons le Canada. C'est ainsi que nous inscrivons le sentier dans notre imagination et notre identité: il devient l'un de nos symboles. C'est de là que dérive le succès, à mon avis.