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Nous allons commencer. Bonjour et bienvenue à tous.
C'est la première séance du Comité permanent du patrimoine canadien consacré à l'étude du 150e anniversaire du Canada, et nous sommes tous très intéressés par cette étude. Nous accueillons aujourd'hui un excellent groupe de témoins qui nous aideront à lancer les travaux en beauté.
Nous accueillons Andrea Shaw, fondatrice et associée directrice du Twentyten Group, mais elle a été vice-présidente aux ventes de commandites et au marketing du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, dont tous les Canadiens ont été très fiers. Heureux que vous ayez pu venir, Andrea.
Nous accueillons aussi Keith Neuman, d'Environics Research, qui a fait un sondage auprès des Canadiens au sujet du 150e anniversaire du Canada. Nous tenons à entendre votre point de vue, monsieur Neuman.
Voici quelqu'un qui a écrit un livre sur les célébrations de 1967, Mme Helen Davies, qui est une universitaire indépendante. Elle a donc écrit un livre sur la question à laquelle nous allons réfléchir. Nous sommes très heureux que vous ayez pu vous joindre à nous aujourd'hui.
Voici comment les choses se passent. Vous aurez chacun dix minutes au maximum pour vos déclarations d'ouverture, après quoi nous passons aux questions et réponses. Au premier tour, chacun à sept minutes pour les échanges de questions et réponses, et la parole est donnée à quelqu'un d'autre. Au deuxième tour, chacun a cinq minutes.
Là-dessus, nous allons entendre Andrea Shaw.
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Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. C'est un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui.
Comme le président l'a dit, j'ai passé dix ans au Comité organisateur de Vancouver, d'abord pour la préparation de la candidature et ensuite au sein du comité organisateur. Dix années fantastiques. Ma responsabilité, comme vice-présidente aux commandites et aux ventes, était de recueillir tous les fonds possibles auprès des sociétés pour financer le budget d'exploitation des jeux. J'étais également chargée de la préparation, de la stratégie et de la réalisation du parcours de la flamme.
On m'a demandé aujourd'hui de parler surtout du parcours de la flamme et des partenariats avec les sociétés, ce que je vais faire. Je suis heureuse d'être parmi vous, car cela me rappelle 2001, ce rêve d'obtenir et de célébrer le droit de tenir les jeux et, ensuite, de mobiliser le Canada. Nous nous sommes réunis et nous nous sommes demandé comment nous allions nous y prendre. Le point de départ, et c'est ce qu'il y a de sain dans la formation de ce comité, est de se donner une conception d'ensemble, et une conception d'ensemble très claire.
Je ne me serais probablement pas jointe à organisation, n'eût été sa conception des jeux. Nous voulions que les jeux soient ceux du Canada. Je n'allais pas faire partie de cette organisation simplement pour tenir une manifestation olympique de deux semaines et des jeux paralympiques d'une semaine. Il fallait que ce soit plus grand. Si nous obtenions le droit de tenir les jeux, nous avions la possibilité de mobiliser les Canadiens et d'être une source d'inspiration pour les jeunes. Et dès le début, c'était en 2001, neuf ans avant les jeux, nous avons élaboré une conception très claire.
En 2003, comme vous le savez, nous avons obtenu le droit de tenir les jeux, ce qui a précipité une vraie concrétisation de cette conception. Il s'agissait tout à fait d'amener l'esprit olympique dans le foyer de tous les Canadiens. Cette conception était très claire.
Ce à quoi je convie le comité pour la célébration du 150e anniversaire, avant de commencer à songer aux divers éléments du programme, c'est à dégager une conception claire de ce que vous voulez réaliser. C'est essentiel et indispensable. Cette conception sera l'assise, le fondement, et elle déterminera la nature de tous les programmes que vous finirez par offrir.
Voilà ce que nous avons fait lorsque nous avons commencé à discuter du sens des jeux du Canada: comment pouvions-nous arriver à mobiliser le pays, à être une source d'inspiration pour les jeunes, à attirer les générations montantes et à susciter fierté et patriotisme? Pour la candidature, nous avons fait beaucoup de recherche et demandé aux Canadiens ce qui constituerait une réussite, à leurs yeux, en 2010. Ils nous ont dit plusieurs choses, mais quelques-unes sont ressorties du lot: nous réserverions au monde un accueil sans précédent, le Canada serait uni pour accueillir le monde, nous tiendrions des jeux impeccables. Une autre chose a émergé: nos athlètes recevraient un appui et accéderaient au podium. Nous savions ce que les Canadiens souhaitaient et ce qui les remplirait de fierté.
Nous nous sommes mis à la tâche. Une fois la conception définie, il fallait évidemment élaborer un plan stratégique. Ce plan, nous le savons tous, regroupe tous les aspects des éléments de programme. Qu'allions-nous faire au juste pour atteindre l'objectif? Voilà le stade vers lequel le comité s'orientera: définir une conception d'ensemble et un plan stratégique.
Je vais m'attarder au parcours de la flamme, dont j'étais responsable. Nous avons décidé que ce programme était un élément essentiel à la réalisation du grand projet de mobilisation du Canada. Ce programme n'était qu'un aspect, qu'un élément de notre conception d'ensemble. Mais il fut très important, et j'espère que la plupart d'entre vous avez vu passer la flamme dans vos villes et localités.
Nous avons commencé la planification et l'élaboration du concept du parcours de la flamme olympique en 2004, six ans avant les jeux. La planification demande beaucoup de temps. Bien sûr, lorsque nous avons fait une planification correcte et élaboré le concept, nous savions ce que nous voulions obtenir.
J'ai donc constitué une équipe qui allait diriger cette activité, et nous avons tracé le parcours sur une carte. Nous étions fébriles, car, nous le savons tous, notre pays extraordinaire est vaste. Nous étions déterminés à toucher 80 p. 100 des Canadiens. Nous avons tracé un parcours tel que 80 p. 100 des Canadiens seraient dans un rayon d'une heure de route autour du parcours. Nous étions très fiers de ce plan. Nous sommes allés le présenter, et le dirigeant, John Furlong, comme vous êtes probablement nombreux à le savoir, a dit: « Et les autres 20 p. 100? Andrea, nous devons parcourir le pays d'un océan à l'autre et du nord au sud; il faut rejoindre plus de 80 p. 100 des Canadiens. » Résultat final? Un parcours tel que plus de 95 p. 100 habitaient dans un rayon de moins d'une heure de route.
Il faut planification et réflexion. La planification du parcours de la flamme et de la mobilisation du pays s'est faite au moyen de groupes de réflexion. Nous nous sommes adressés à tous les groupes intéressés. Depuis le tourisme jusqu'aux Autochtones et aux athlètes, nous avons demandé à des Canadiens de toutes les régions quel aspect devrait prendre le parcours. Nous avons considéré des dimensions comme celle de l'inclusivité, bref, toutes les dimensions. Nous savions que, pour que cette activité soit assez attrayante pour mobiliser les Canadiens, nous devions retrouver les racines mêmes du Canada. Il fallait aller dans les municipalités et les petites localités; nous devions obtenir la participation de tous les ordres de gouvernement, municipal, provincial et fédéral. Nous devions mobiliser le pays à tous les niveaux et dans tout le territoire. Voilà comment la planification s'est passée. Il a fallu six ans pour préparer le parcours et être en mesure d'appliquer le plan de façon impeccable.
Comme vous êtes nombreux à le savoir, le parcours de la flamme a été le plus long de l'histoire olympique. Il a duré 106 jours et il y avait deux célébrations par jour: une à midi et l'autre le soir. Vous le savez tous, la flamme est arrivée de Grèce et nous l'avons promenée dans tout le Canada, et plus de 95 p. 100 des Canadiens ont eu la possibilité de la voir.
Vous imaginez facilement que, dans la plus petite localité, la journée olympique a été celle où la flamme est passée. Tous les jours, deux fois par jour, les célébrations ont été les Jeux olympiques pour ceux qui venaient voir la flamme. Mon équipe de plus de 250 personnes devait faire de son mieux tous les jours parce que chaque célébration, c'était les Jeux olympiques de l'endroit où nous nous trouvions. Raconter cela me donne encore le frisson. Tous les jours, on disait que ça commencerait en trombe et que cela se calmerait après. Mais il n'y a pas eu une de ces 106 journées où il n'y avait personne le long des rues. Des gens en fauteuil roulant sortaient des hôpitaux à 5 heures du matin. Nous pouvions voir dans l'obscurité du soir des jeunes, des aînés, des gens de tous âges le long des rues où la flamme passerait dans les localités, les unes après les autres.
Vous pouvez imaginer que mon équipe... Sur le plan du fonctionnement, je savais que tout était solide; j'avais une équipe extraordinaire. Mais qui motive les motivateurs? J'allais de temps à autre sur le parcours pour réconforter mon équipe, qui était à l'oeuvre tous les jours, y compris à Noël. J'étais avec elle à Noël. Les membres de l'équipe travaillaient inlassablement, mais je devais m'assurer, comme vous le ferez pour l'équipe qui mettra sur pied les célébrations du 150e anniversaire, que mon équipe était impeccable sur le plan de la stratégie et de l'exécution.
Les résultats de ce parcours de la flamme sont connus. Lorsqu'elle est arrivée à Vancouver, tout le pays, d'est en ouest et du nord au sud, était galvanisé. Mais il faut du temps et de la planification.
Dernier point important que je veux aborder: le rôle essentiel des partenariats avec les sociétés. Leur rôle a été vital.
Nous ne pouvons pas dire que les membres du comité organisateur ont été la cause de la réussite des jeux. Non, elle a été attribuable à nous tous, aux partenaires des gouvernements et des sociétés, qui ont joué un rôle essentiel au financement. Nous aimons à dire que nous avons tourné le dos aux commandites pour nous tourner vers les partenariats.
Lorsque nous avons présenté notre candidature à Prague, notre objectif était de recueillir 453 millions de dollars grâce aux partenariats avec les sociétés. Beaucoup nous ont pris pour des fous: comment était-il possible de recueillir autant d'argent de cette façon au Canada? Nous avons été choisis et nous avons réexaminé les budgets, et nous avons vu qu'il fallait trouver 765 millions au moyen des partenariats avec les sociétés, et cela, pendant la récession de 2008. Nous avons réussi.
Comment? En créant des partenariats stratégiques. Nous avons conclu des partenariats avec des entreprises qui avaient une conception et des valeurs semblables aux nôtres. Et dans notre stratégie pancanadienne, ce qui était notre conception, nous savions que les Bell et les BRC de ce monde voudraient s'associer à un projet qui mobiliserait tous leurs clients de l'ensemble du territoire. Pour l'essentiel, c'est ainsi et c'est pour cette raison que nous avons pu trouver autant d'argent pour soutenir les jeux et le parcours de la flamme.
Je conclus mon intervention de 10 minutes en soulignant l'étroite similitude entre nos jeux et la célébration du 150e anniversaire. En somme, l'essentiel est de veiller à ce que le gouvernement élabore une conception solide, claire et inspirante, car cette conception établit des repères. On peut ainsi dépenser l'argent là où c'est important pour concrétiser cette conception au lieu de l'éparpiller là où ce ne sera pas utile à la réalisation du projet. Il est essentiel que le plan stratégique soit prêt longtemps à l'avance.
Je dirais que la date d'aujourd'hui est très bien choisie pour que le comité commence à orienter la marche vers un anniversaire qui sera extraordinaire, en 2017. Si nous considérons le passé... En 1967, j'étais une jeune enfant, j'avais mon passeport... J'étais très jeune, et cela me fait vibrer encore.
Nous songeons à ce que les jeux ont fait pour susciter la fierté chez les Canadiens. Imaginez ce que nous pourrons faire en 2017. Nous convoquerons le passé et les générations qui sont toujours avec nous et nous présenterons le produit aux générations plus jeunes, de façon que nous puissions mobiliser ce qui s'est fait aux jeux, ce qui s'est fait par le passé et ajouter ces atouts à une brillante célébration en 2017, une célébration qui nous portera et qui fera du Canada un pays encore meilleur qu'il ne l'est aujourd'hui.
Merci.
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Difficile d'intervenir après cela. Bravo.
Merci de cette occasion de vous adresser la parole ce matin.
Comme on l'a annoncé, je voudrais parler d'un sondage d'opinion effectué au moment d'une activité à Ottawa, en mars 2010, la conférence 150!Canada organisée par MASS LBP et l'IAPC. Le but de la conférence était d'amorcer le dialogue entre beaucoup de leaders d'opinion clés au Canada sur la façon de célébrer l'anniversaire de 2017. C'est là qu'est née l'idée d'un sondage simplement pour élargir le dialogue au-delà de cette conférence et entendre l'opinion d'autres Canadiens.
En quelques minutes, je vais vous parler brièvement du sondage. Des exemplaires de l'exposé ont été distribués. Je m'en tiendrai aux faits saillants.
La prémisse du sondage, c'est que la plupart des Canadiens aiment le savoir-faire et aiment célébrer les occasions importantes. C'est en tout cas ce que permettent de croire les Olympiques de Vancouver et l'Expo. Il s'agissait de creuser un peu plus et de mieux comprendre en 2010.
Environics a mené un sondage national pour la conférence, sondage très modeste, comparativement, car il s'est borné à des appels téléphoniques à un millier de Canadiens, en février. Il a été payé par MasterCard, qui était disposée à assumer les coûts.
Le sondage a porté sur trois thèmes ou questions. D'abord, et je sais qu'Helen en parlera, de quoi les Canadiens se souviennent-ils au sujet de 1967 et du centenaire? Comment pensent-ils que nous devrions célébrer le 150e anniversaire? Et enfin, qui devrait s'en occuper? Voilà les trois grandes questions étudiées au moyen du sondage.
Nous en discuterons davantage, mais en réponse à la première question, sur le centenaire, il est clair que, comme Andrea l'a dit, beaucoup de Canadiens ont des souvenirs très beaux et très vivaces de 1967 et des célébrations du centenaire. Environ le tiers se rappellent directement les faits, comme Andrea et Helen, j'en suis sûr, et un autre quart se souvient d'en avoir entendu parler. Les chiffres seraient plus élevés si on tenait compte du fait que bien des gens sont venus au Canada après le fait et, forcément, n'étaient pas ici. Je suis du nombre.
Nous avons demandé aux répondants ce dont ils se souvenaient le mieux, parmi les célébrations du centenaire, et ce qui a ressorti le mieux, c'est l'Expo 67. Peut-être pas étonnant. Les souvenirs varient, ce qui est normal. Plus important peut-être, nous avons demandé aux gens qui se souvenaient quels sentiments faisaient remonter le centenaire ou Expo 67. Avez-vous encore ces sentiments? Tous les sentiments étaient très positifs: fierté, fierté nationale, bonheur, enthousiasme. Il y avait très peu de réactions négatives. Il est frappant que, après toutes les années qui ont passé, des gens qui étaient parfois de jeunes enfants conservent un souvenir affectif vivace. Il est possible que le lien émotif soit ce qu'il y a de plus important.
Passons à la deuxième question, sans doute évidente. Nous avons demandé aux Canadiens s'il était important de fêter le 150e anniversaire, en 2017. Sans doute la plupart des Canadiens n'étaient pas au courant ou n'y pensaient pas quand nous les avons appelés, mais ce n'était pas exactement au premier plan de leurs préoccupations. Près de la moitié d'entre eux, soit 49 p. 100, ont dit que c'était très important de célébrer cet anniversaire de façon assez significative. Très rares sont ceux pour qui ce n'était pas important. Ils étaient peut-être dans un mauvais jour.
Il importe aussi d'étudier les sous-groupes importants de la population, par exemple selon l'âge. Ceux qui se souviennent de l'Expo sont d'avis qu'il faut recommencer. Il est normal que ce soit pour eux une priorité. Mais que dire des enfants du millénaire? De la jeune génération? Tiennent-ils vraiment à célébrer un vieil anniversaire comme ça? Le sondage a montré que le groupe des 18 à 29 ans accorde presque autant d'importance à ce type de célébration que le fait le groupe de 65 ans et plus.
Il est net que ce n'est pas une question de génération. Il n'y a pas que les gens âgés qui veulent célébrer. Nous avons considéré les groupes de revenus. Peut-être n'y a-t-il que les mieux placés dans l'échelle socioéconomique qui peuvent songer à ce genre de chose. Mais non. Même ceux qui sont les moins instruits et ont les revenus les plus faibles estiment que c'est important. Cela a peut-être été confirmé par la réaction au parcours de la flamme, dont Andrea a parlé: des gens de toutes les sphères de la société participaient.
Enfin, nous avons considéré la première langue, et, sans surprise, il y a un peu plus d'enthousiasme chez les anglophones que chez les francophones. Il y a des raisons historiques qui l'expliquent, et ce n'est peut-être pas étonnant. Ce qui étonne, ce sont les Néo-Canadiens, ceux que nous qualifions d'allophones, ceux dont la première langue n'est ni l'anglais ni le français et qui, pour la plupart, viennent de l'étranger. Ils sont encore plus enthousiastes que les anglophones. Même si le Canada est leur pays adoptif, ils ont l'impression qu'il s'agit d'un fait très important à célébrer.
Nous avons demandé aux Canadiens ce qui mérite d'être célébré au Canada par cet anniversaire. La question était ouverte. Nous ne voulions pas leur souffler des idées qu'ils répéteraient comme des perroquets dans le sondage. Un certain nombre de thèmes clés sont apparus. Le thème proéminent a été qu'il fallait célébrer les convictions et les valeurs du Canada, peu importe comment on les définit. Viennent ensuite les personnalités historiques, les grandes réalisations, le rôle du Canada dans le monde et, enfin, les ressources naturelles.
Quand on leur a posé cette question, les répondants ont trouvé eux-mêmes les grands types de réponse. Ce qui importe ici, c'est qu'ils n'ont pas étudié avant d'être appelés pour le sondage. Ils ont eu une réaction spontanée. Quant aux éléments précis qui ont surgi dans les réponses, le premier a été le multiculturalisme et l'accueil de gens venus d'autres pays.
C'est peut-être étonnant, mais peut-être pas. Lorsque nous avons demandé comment il faudrait célébrer l'anniversaire, c'est l'une des réponses qui sont venues. Cela concorde avec d'autres recherches que nous avons faites: c'est l'une des plus grandes sources de fierté au Canada aujourd'hui. Les répondants ont signalé la Charte des droits et libertés, la beauté naturelle et les ressources naturelles, l'histoire et la culture autochtones, et un pays de paix.
D'autres éléments que nous pouvions attendre comme sources de fierté et raisons de célébrer n'ont pas été aussi importants. Les pourcentages ont été de 4 p. 100 pour le système de santé, de 3 p. 100 pour le maintien de la paix, de 2 p. 100 pour le bilinguisme, de 1 p. 100 pour les programmes sociaux et de 1 p. 100 pour le hockey. Ce n'est pas qu'on n'aime pas le hockey, mais le lien n'est pas très étroit avec la célébration du 150e anniversaire.
Dans le sondage, nous voulions aussi présenter des idées pour obtenir des réactions à divers moyens de célébrer. Nous avions une liste de 10 ou 12 idées et nous avons demandé aux répondants si telle ou telle idée était excellente, acceptable ou pas très bonne.
Je ne vais pas entrer dans les détails, mais ce qui a suscité le plus d'intérêt, ce sont les programmes de bourses pour aider les étudiants à fréquenter le collège et l'université. Environ 51 p. 100 des répondants pensent que c'est une excellente façon de célébrer le 150e anniversaire. La plupart des gens ont trouvé que les activités communautaires, les programmes de voyages et les manifestations nationales étaient de bonnes idées, mais certaines suscitaient plus d'enthousiasme que d'autres.
Enfin, à qui incombe-t-il de veiller à ce qu'une célébration convenable ait lieu? Nous avons proposé cinq acteurs clés et demandé quel rôle ils avaient à jouer. Les répondants ont dit que les cinq acteurs avaient un rôle important à jouer, mais c'est le gouvernement fédéral qui se trouve à l'avant-scène, car ils estiment que c'est lui qui doit avoir le plus grand rôle. Pas étonnant, puisqu'il s'agit de célébrations de portée nationale et que, normalement, les Canadiens attendent des gouvernements qu'ils jouent un rôle de leadership, voire le seul rôle.
Si j'interprétais ces chiffres, je conclurais que les Canadiens ne comptent pas sur le gouvernement fédéral pour se charger de tout, mais ils attendent de lui qu'il veille à ce que tout soit en place, à ce que les mesures de soutien soient là et à ce que les autres partenaires soient mobilisés.
Les gens souhaitent-ils participer? Il s'agit de célébrations qui auront lieu dans sept ans. Ils n'ont pas la moindre idée de ce que ce sera, mais 37 p. 100 se disent très intéressés, peu importe de quoi il s'agira. La plupart des autres répondants sont quelque peu intéressés.
Il est frappant qu'il existe un intérêt indéniable, même si tout est encore vague et lointain. Même chose pour le bénévolat. Le comité organisateur de Vancouver et probablement l'Expo également, où il y avait peut-être beaucoup de bénévoles, nous ont appris des choses. Plus de 50 p. 100 des répondants ont dit qu'ils seraient sûrement ou probablement bénévoles d'une façon ou d'une autre. Ce qui donne à penser que bien des Canadiens ne souhaitent pas rester passifs.
Je voudrais terminer en signalant quatre choses que nous avons apprises grâce à ce sondage plutôt modeste. La première, c'est que le souvenir du centenaire de 1967 est toujours très vivant chez beaucoup de Canadiens. Cette célébration ne s'est pas perdue dans une lointaine histoire.
Deuxièmement, les Canadiens comprennent l'importance de 2017. Même s'ils n'y ont pas réfléchi, ils se disent spontanément: « Oui, c'est un anniversaire important. Nous devrions faire quelque chose, et nous voulons que ce soit significatif. »
Troisièmement, les Jeux olympiques ont montré que, même à notre époque de mondialisation et de scepticisme, etc., les Canadiens savent comment célébrer et bien célébrer.
Enfin, pour l'essentiel, aux yeux du Canadien moyen et même de la plupart des gens, le 150e est toujours une sorte de page blanche. Les gens n'y ont pas réfléchi. Ils savent que c'est important. Lorsqu'on leur en parle, ils veulent qu'on fasse quelque chose. Mais il y a très peu d'idées arrêtées sur ce que ce devrait être.
Il y a deux conséquences. D'abord, il ne faut pas compter maintenant sur le public pour donner des idées ou une orientation et vous dire quoi faire, mais il souhaite, avec une certaine ouverture, voir comment les choses se dérouleront. Il existe une possibilité de définir une conception d'ensemble à laquelle les gens adhéreront. Si vous le faites, les gens vont se laisser mobiliser.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président et membres du comité, de me permettre de comparaître ce matin au moment où vous entamez votre étude sur les préparatifs du 150
e, le sesquicentenaire.
Je suis heureux de comparaître ce matin pour parler des enseignements tirés des célébrations du centenaire de 1967.
Comme les autres témoins l'ont dit, les Canadiens ont souligné le 100e anniversaire de la Confédération avec un enthousiasme et une fierté extraordinaires. Ils ont participé très nombreux aux manifestations officielles pancanadiennes.
Ainsi, on estime que deux millions et demi de Canadiens ont visité le train canadien qui est passé dans 63 villes et localités du Canada, sans doute un peu à l'image du parcours de la flamme. Des centaines de jeunes Canadiens de tout le pays ont profité de programmes de voyages-échanges. Les gens ont assisté aux manifestations culturelles organisées par Festival Canada ou sont allés voir le carrousel de la GRC, toujours populaire, ou le carrousel des forces armées.
Toutefois, les Canadiens ont été encore plus nombreux à participer à des activités locales. Ils ont été encouragés à célébrer le centenaire à leur façon et à exprimer leur fierté nationale. Ils l'ont fait par des moyens étonnants et, je dirais, très originaux.
Ils ont participé à des projets d'embellissement de leur quartier. Ils ont tricoté des tuques du centenaire. Ils ont organisé des danses. Ils ont parrainé des tournois sportifs, accueilli des échanges de jeunes, organisé des défilés et participé à des manifestations comme les Canots voyageurs: neuf provinces et le Yukon ont inscrit des équipes qui ont pagayé sur 3 283 milles pour arriver à Expo 67 en septembre. C'est l'équipe manitobaine qui a remporté la bourse.
Tous étaient invités au centenaire.
Comme vous pouvez le comprendre, les années 1960 ont été une décennie marquée par des changements sociaux considérables, avec la culture des jeunes qui s'épanouissait et le mouvement féministe. De nouvelles voix se sont fait entendre. Le dialogue national a évolué. Pendant cette période de transition sociale et politique, le centenaire a donné aux Canadiens l'occasion de se réunir et de redéfinir leur appartenance à un groupe plus vaste.
S'émerveillant de l'extraordinaire participation du public, un participant a fait remarquer: « ... quelque chose d'immatériel s'est produit. Toutes sortes de barrières sociales, religieuses et autres ont semblé tomber lorsque les gens ont commencé à travailler à des projets du centenaire. » Comme M. Newman l'a dit, le centenaire reste présent dans l'esprit des Canadiens.
Les grandes manifestations comme le centenaire et les Jeux olympiques de 2010 peuvent être des outils puissants du symbole et du spectacle, car elles aident à mobiliser l'attention du public et à susciter l'enthousiasme, car les gens se réunissent pour célébrer collectivement. Toutefois, il n'y a pas toujours consensus sur l'objet, le pourquoi ou les modalités de la célébration. Les organisateurs de grandes manifestations comme le centenaire choisissent de s'éloigner de modèles trop prescriptifs, préférant faire naître le sentiment de valeurs communes, de liens communs, ce qui transparaît, me semble-t-il, dans ce que vous avez dit de votre sondage.
Par exemple, les organisateurs du centenaire ont tâché de promouvoir l'image d'un pays fort et uni pendant une période de changements sociaux. Ils ont aussi réussi à créer un espace de dialogue et la prise en compte des différences.
Toutefois, refusant de simplement promouvoir ce qu'un haut dirigeant a qualifié de « magma informe de manifestations isolées », ils ont reconnu qu'il était valable de définir des thèmes. Ils étaient aussi conscients du fait que les célébrations d'une année entière ne devaient pas être axées uniquement sur le passé ou l'acte politique que fut la Confédération. Il fallait s'orienter vers un nouvel avenir.
On avait aussi le sentiment que « la partie officielle du programme du centenaire ne devrait pas dominer au point que la participation de la base soit entravée ". La réussite dépendait de la capacité de préparer les activités, de créer une atmosphère propice à un large éventail d'interprétations et de susciter des occasions de participer.
Au lieu d'imposer une conception unique du contenu et des modalités de la célébration et de la commémoration, les organisateurs ont appuyé toute une série de perspectives. Qu'il s'agisse de concevoir une plateforme de lancement pour OVNI à St. Paul, dans le nord de l'Alberta, pour accueillir des visiteurs inattendus, ou d'organiser une course de baignoires entre Nanaimo et Vancouver, cela avait assez peu de conséquences; la commission du centenaire demandait une seule chose aux Canadiens: participer et faire quelque chose pour souligner le centenaire.
Ces moments charnières offrent de belles occasions de réfléchir, de se rebrancher, de se remotiver davantage. Toutefois, les organisateurs ont pris conscience qu'ils ne pouvaient pas contrôler tous les aspects de la célébration. Ils ont décentralisé la réalisation concrète de nombreux projets, laissant des comités locaux du centenaire, des groupes philanthropiques, des entreprises et le plus souvent des simples citoyens planifier les activités de leurs localités respectives.
Pour certains, c'était dérangeant. On craignait que cette approche ne serve à accentuer les loyautés régionales et ne mine l'objectif premier du centenaire, qui devait servir à renforcer l'identité commune et l'unité nationale. Il est arrivé pendant le centenaire que des Canadiens ne soient pas d'accord ou au moins qu'il y ait des différences entre les points de vue et les opinions. Après coup, on peut dire que les risques redoutés ne se sont pas matérialisés, et on peut soutenir que les divergences d'opinions ont enrichi l'expérience du centenaire, puisqu'elles ont suscité un dialogue national.
Le gouvernement fédéral a assuré un leadership essentiel — nous l'avons entendu, les Canadiens s'y attendent — dans l'élaboration et la gestion du cadre pancanadien qui mobilisait l'attention sur la diffusion et la promotion d'idéaux et de valeurs comme l'unité nationale et le patriotisme. Pour appuyer ce cadre, le personnel a organisé une ambitieuse campagne de relations publiques qui a utilisé à fond la presse écrite, le film, le documentaire, la radio, la télévision et les manifestations centrales dont il a été fait mention, comme Expo 67, et qui, pour certains, sont synonymes du centenaire, bien qu'elles en soient distinctes. Puis, il y a eu les caravanes et trains du centenaire qui ont parcouru le pays, comme la flamme olympique.
Le centenaire a été pour les Canadiens un point d'appui qui leur a permis de mieux comprendre qu'il n'existe pas une expérience canadienne authentique unique. Il y a plutôt un grand nombre d'histoires et d'expériences à partager. En discutant avec les gens et en me faisant une idée de leurs souvenirs attachants, je me dis que c'était là une part très riche de l'expérience du centenaire: ce partage et cette adhésion ont été un résultat important de la célébration. Un processus inclusif de planification qui s'appuie sur un cadre national et intègre la créativité d'acteurs non gouvernementaux, un effort authentique visant à appuyer et à concilier de nombreux intérêts et la volonté de soutenir les activités locales, voilà des leçons du centenaire.
En s'abstenant de trop déterminer les activités à l'avance, les organisateurs du centenaire ont trouvé une voie qui, bien souvent, a permis de renforcer les relations existantes et d'en créer de nouvelles. Les Canadiens ont pris le temps de célébrer leur histoire personnelle et collective, brossant le tableau d'un pays dynamique, plein de vitalité, qui entre dans sa maturité.
Un dirigeant qui était présent pour officier à une cérémonie officielle de Noël a remercié les membres de leur bon travail et dit: « C'est une chose que les gouvernements organisent des programmes et même que la population y réponde... », ajoutant que: « ... la vraie mesure de 1967 va bien plus loin, car il y a eu des milliers de projets entrepris par les simples citoyens eux-mêmes ». Selon lui, les gens ont célébré « non parce ce qu'ils devaient le faire, mais parce qu'ils le voulaient ».
Le centenaire persiste par de fiers souvenirs, et ceux qui y ont participé parlent de façon sincère et convaincante de ce qui a été pour eux, de toute évidence, un moment important et marquant. Beaucoup de ceux qui étaient enfants à l'époque se souviennent de la chanson de Bobby Gimby, que je ne vais pas chanter, Ca-na-da. Voilà, c'est consigné, je chante. Ils se souviennent d'une visite en famille à Expo 67 ou de l'exposition du train et de la caravane.
Lorsqu'un ami a appris que je faisais ma dissertation sur le centenaire, il est allé chercher dans un placard et, tout fier, a trouvé une médaille du centenaire qu'il avait reçue à l'école. Une femme qui est aujourd'hui d'âge mûr a parlé avec tendresse d'un échange auquel elle a participé: du nord de l'Alberta, elle est allée à Terre-Neuve. Cette expérience l'a transformée.
Il est évident que le centenaire a eu des répercussions durables. Il serait intéressant de réfléchir à cette réalisation au moment où le comité commence à préparer le sesquicentenaire, le 150e anniversaire.
Merci de votre temps.
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Oui. Peter Aykroyd a écrit un livre sur le centenaire. Il était directeur des relations publiques, alors il était un des hauts fonctionnaires membres de la commission du centenaire.
Voici comment fonctionnait la structure de gouvernance au fédéral. Une commission du centenaire, qui comptait environ 230 personnes en 1966, avait diverses responsabilités de surveillance, notamment d'activités comme celles que j'ai mentionnées tout à l'heure. Il y avait un commissaire, John Fisher, un commissaire adjoint, M. Gauthier, et des fonctionnaires.
Il y avait aussi la conférence sur l'administration du centenaire, je crois, qui offrait l'occasion au gouvernement fédéral de collaborer avec les administrations provinciales et territoriales à la planification des activités. Ensuite, il y avait des comités du centenaire, à l'échelle locale, dans les communautés partout au pays.
Donc, la commission du centenaire, en collaboration avec les administrations provinciales, territoriales et municipales, a joué un rôle important dans l'établissement du cadre. Comme l'a dit Mme Shaw, la participation de tous les ordres de gouvernement est cruciale.
Le commissaire Fisher était un grand défenseur de la tournée promotionnelle du centenaire au pays. C'était un ancien journaliste de la CBC, et il possédait une vaste expérience. Trois fois par semaine, si je ne m'abuse, il présentait un topo de trois minutes sur des choses dont nous pouvions être fiers, en plus de capsules sur l'histoire du Canada. C'est pourquoi il était tout désigné pour discuter du centenaire.
Cela étant dit, je trouve intéressant que nous parlions de planification et d'échéancier. En fait, je dirais que la commission du centenaire ne s'est mise en branle qu'en 1964, ce qui ne lui a pas laissé beaucoup de temps.
Je crois comprendre que M. Aykroyd, une mine d'information, viendra peut-être s'adresser au comité.
Aujourd'hui, les entreprises ont plus de comptes à rendre, si on peut dire, aux conseils d'administration, alors elles examinent attentivement chaque dépense et chaque investissement. Elles doivent connaître le rendement de l'investissement.
Notre relation avec nos partenaires a toujours été donnant, donnant. Elle n'a jamais été unidirectionnelle. Par le passé, les commandites au Canada ont souvent été unidirectionnelles. Elles doivent être bidirectionnelles.
Laissez-moi vous parler du relais de la flamme pour illustrer ma réponse. Tous les commanditaires y ont participé, et seuls les commanditaires des jeux pouvaient commanditer le relais.
Comme vous le savez, nous avons dû financer le relais, dont le budget était de 40 millions de dollars, au moyen de commandites. C'est un gros montant pour des commanditaires qui avaient déjà investi beaucoup d'argent dans les jeux. Nous pouvions, selon le CIO, avoir deux commanditaires principaux. C'est ce que nous avons réussi à obtenir, donc la majeure partie des fonds provenait d'eux.
Notre stratégie — pertinente, à mon avis, par rapport à la direction que vous souhaitez prendre pour le 150e anniversaire —, a consisté à demander dès le départ à deux entreprises que nous estimions prêtes à investir de nous aider à concevoir le programme. Pourquoi? Parce que si nos visions et nos valeurs étaient les mêmes que les leurs, nous savions que l'investissement supplémentaire serait plus grand. Notre stratégie nous a permis d'obtenir leur aide pour élaborer les programmes. Nous connaissions leurs besoins, elles connaissaient les nôtres — je tiens à préciser qu'elles avaient bel et bien des besoins —, mais nous ne voulions pas que le relais de la flamme soit trop commercial. Elles ont compris que ça faisait partie du plan de match.
En faisant participer des partenaires à votre stratégie et à la programmation de vos activités, vous pourrez... Lorsque vous irez les voir pour leur demander 10 millions supplémentaires, il n'y aura aucune hésitation. Elles seront là et auront donné leur adhésion. Cette stratégie a fonctionné pour nous, autant pour le relais de la flamme que pour l'Olympiade culturelle, qui a aussi été financée séparément par des partenaires des jeux. C'était une question de stratégie.
Si on parle d'échéancier et de la nécessité de planifier avant de chercher des commanditaires, laissez-moi vous dire que les commanditaires n'aiment pas être approchés à la dernière minute. Plus ils participent tôt à un projet, plus il a de valeur à leurs yeux et plus le rendement de l'investissement est grand.