:
Nous vous remercions de votre invitation à comparaître devant le comité pour discuter de l'entraînement dans le sport amateur; il s'agit d'un sujet très important pour les Canadiens.
Patinage Canada a une riche et longue histoire qui fait notre fierté, et qui nous apporte un trésor de connaissances et une vaste expérience sur notre sport et le sport au Canada. En 2014, Patinage Canada célébrera le 100e anniversaire des Championnats canadiens de patinage artistique, ce qui n'est qu'un exemple de cette riche histoire.
Patinage Canada chapeaute plus de 180 000 membres, 1 150 clubs et plus de 5 100 entraîneurs. La structure de Patinage Canada est unique, puisque tous les patineurs, clubs et entraîneurs sont membres de notre association. Cette structure centralisée est extrêmement avantageuse, car elle nous permet de créer et de mettre en oeuvre des normes relatives aux activités des clubs et des programmes rigoureux et cohérents qui favorisent en retour la rétention des membres et la formation d'athlètes de haut niveau qui ont remporté de nombreuses médailles olympiques et de calibre international, et qui ont représenté le Canada avec tant de fierté sur la scène mondiale.
Nos sections, qui sont au nombre de 13 — l'Ontario est réparti en quatre sections, le Yukon fait partie de la section de la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut font partie de la section de l'Alberta —, sont chargées d'aider à la réalisation des priorités stratégiques de l'association, et de favoriser le respect des règlements et des politiques et l'exécution des programmes auprès des clubs membres. Tous les patineurs, les entraîneurs et les clubs paient des frais d'adhésion à Patinage Canada, et Patinage Canada verse une partie de ces frais aux sections, en vue d'aider au soutien et à l'exécution des programmes et de l'entraînement.
Les entraîneurs de Patinage Canada sont tous des membres de Patinage Canada. Pour devenir membre, un entraîneur doit détenir un certificat du Programme national de certification des entraîneurs, il doit détenir un certificat de secourisme valide, il doit présenter un certificat de police, il doit réussir l'atelier Prise de décisions éthiques de l'Association canadienne des entraîneurs, et il doit adhérer à titre de membre de Patinage Canada et payer les frais connexes.
Les entraîneurs sont rémunérés pour leurs services par leurs clients, et non par Patinage Canada. Certains travaillent à temps partiel, et d'autres à temps plein. Les entraîneurs fixent aussi leurs propres tarifs d'entraînement. En effet, Patinage Canada ne fixe pas les tarifs des entraîneurs et les tarifs ne sont pas fixés en fonction du niveau de certification.
Le modèle de développement de l'entraîneur de Patinage Canada comporte un profil Instruction et un profil Compétition, lesquels sont composés de différents niveaux ou contextes. Vous trouverez un modèle dans le document.
En ce qui concerne les taux de participation dans tous les niveaux de sport amateur, au cours de la saison 2011-2012, Patinage Canada comptait 5 182 entraîneurs. Au cours des 10 dernières années, le nombre d'entraîneurs a augmenté, tandis que le nombre de patineurs membres est demeuré stable et que le nombre de clubs a diminué. Par conséquent, le nombre d'entraîneurs ne représente pas un problème pour Patinage Canada.
Le nombre d'entraîneurs par niveau de certification, encore une fois pour la saison 2011-2012, était de 510 dans le programme Patinage Plus, 48 dans le programme Patinage intensif Plus, 1 950 dans le programme Patinage STAR primaire — qui est essentiellement un programme pour apprendre le patinage artistique —, 1 411 dans le programme Patinage STAR intermédiaire et provincial, 778 dans le niveau 3, 42 dans le niveau 4, et 10 dans le niveau 5. Il y a seulement 120 entraîneurs de niveau 5 au Canada au total.
Si on divise les entraîneurs par sexe, nous avons 4 622 femmes entraîneuses et 500 hommes entraîneurs. Dans l'ensemble, Patinage Canada est bien représentée par les entraîneuses, ce qui n'est pas le cas dans tous les sports.
Comment le gouvernement fédéral peut-il faire davantage la promotion de l'entraînement amateur au Canada? Nous avons quelques recommandations à cet égard.
Tout d'abord, il peut mandater la GRC pour permettre à des tiers d'avoir accès aux renseignements relatifs à un travail auprès de personnes vulnérables. Cela garantira l'uniformité des renseignements, l'uniformité des tarifs des entraîneurs, et des temps de traitement rapides. En effet, la sécurité des enfants est plus importante que le respect de la vie privée des personnes qui font l'objet d'accusations relatives à des mineurs.
Deuxièmement, nous recommandons l'élaboration de formulaires nationaux uniformisés pour les certificats de police et de vérification et les vérifications relatives à un travail auprès de personnes vulnérables. Encore une fois, les raisons sont similaires, mais dans l'ensemble, c'est pour assurer la sécurité des enfants qui participent à une activité physique sous la supervision d'entraîneurs.
Troisièmement, il faut favoriser le perfectionnement professionnel continu des entraîneurs. C'est important, car la formation des entraîneurs est très dispendieuse, mais essentielle à la qualité de l'expérience sportive de tous les participants à une activité physique.
Quatrièmement, il faut soutenir le mouvement Au Canada, le sport c'est pour la vie, la participation à des activités physiques et les autres initiatives visant un mode de vie sain. C'est essentiel pour encourager un mode de vie sain, réduire les coûts en soins de santé et offrir une meilleure qualité de vie à tous les Canadiens.
Cinquièmement, il faut valoriser et reconnaître le rôle de l'entraîneur. En effet, les entraîneurs jouent un rôle essentiel dans la qualité de l'expérience sportive des participants et à l'égard de la possibilité qu'ils demeurent actifs pendant toute leur vie.
Merci beaucoup.
:
Bonjour, honorables membres du comité. Merci de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Si vous allez à la deuxième diapositive, vous verrez une photo de moi. J'étais un joueur de soccer âgé de 12 ans, et c'était ma première expérience de soccer organisé. Je jouais dans une ligue locale, à Mississauga. En grandissant, ce petit garçon a eu l'occasion de jouer au niveau professionnel au Canada et aux États-Unis, et de jouer pour notre province, et pour notre pays à une occasion, ce que je considère comme étant un grand honneur. Mais tout cela a été le fruit du hasard; c'était vraiment une question de chance. En effet, il n'y a aucun plan d'ensemble dans la structure au Canada — même si nous nous dirigeons actuellement dans cette voie — qui vise à garantir le succès des athlètes en herbe.
Le Oakville Soccer Club a été créé dans le garage de plusieurs bénévoles dévoués il y a environ 40 ans et nous avons aujourd'hui environ 12 000 participants. Onze mille d'entre eux jouent dans une ligue locale ou sont des joueurs récréatifs, et 1 000 d'entre eux — ou un peu moins — sont des joueurs de compétition. Dans le groupe de compétition, il y a probablement environ seulement 200 joueurs qui, à notre avis, font partie du volet haute performance.
Nous visons le succès par la mise en oeuvre d'un plan stratégique de cinq ans que nous avons lancé en 2011. Ce plan repose sur les principes du développement à long terme des joueurs, et s'inscrit dans le développement athlétique à long terme, qui est appuyé par Sport Canada. Nous croyons que l'entraînement joue un rôle essentiel dans notre réussite et dans l'atteinte de tous les objectifs de notre plan stratégique. Dans notre club, nous avons actuellement trois joueurs qui font partie du bassin national de joueurs masculins. Nous avons une petite joueuse appelée Diana Matheson, qui a marqué un but qui a valu une médaille de bronze au Canada aux derniers Olympiques. Kara Lang est une ancienne capitaine de notre équipe nationale, et elle habite aussi à Oakville. Nous avons aussi plusieurs joueurs dans les clubs actuels de jeunes à différents niveaux au Canada et dans les équipes juniors nationales sur la scène internationale.
Sur la diapositive suivante, si vous examinez le taux de participation au Canada, vous constaterez que nous avons une base très élargie de joueurs, c'est-à-dire environ 867 000 joueurs de soccer canadiens inscrits. Le Canada est 10e au monde à cet égard. En ce qui concerne l'ensemble des joueurs inscrits et non inscrits, nous occupons le 22e rang, ce qui est seulement deux rangs et probablement environ 100 000 joueurs de moins que la première puissance mondiale actuelle en matière de soccer, c'est-à-dire l'Espagne.
Nous avons remarqué que le nombre d'inscriptions dans les clubs commençait à stagner ou qu'il diminuait faiblement. À notre avis, c'est en partie en raison d'un manque d'entraîneurs qualifiés, d'un manque de ressources, et en raison de la concurrence venant d'autres sports, mais aussi au sein du sport.
Nous pensons que la différence entre le Canada et l'Espagne, c'est que l'Espagne peut compter sur une importante infrastructure nationale qui favorise le développement des joueurs et des entraîneurs à un très haut niveau. On vise l'excellence à un très haut niveau, et cela profite à tout le monde. En effet, on compte, en Espagne, environ 23 000 entraîneurs de licences B, A et pro de l'UEFA, l'équivalent des entraîneurs canadiens de licences A et B. Nous en avons environ 553 un peu partout au pays.
Il est important de faire la distinction entre le soccer communautaire et celui de haute performance. Le soccer récréatif est très différent, mais les deux sont reliés. Par exemple, le soccer communautaire est très abordable. Il s'agit d'avoir du plaisir, de s'amuser et de profiter du jeu. On peut jouer du berceau à la tombe. Nous avons des joueurs de 4 ans et des joueurs de 55 et 60 ans dans notre club. Le club doit investir dans ce type de soccer, mais le gros des investissements se fait dans le soccer de haute performance. Cela coûte très cher. C'est très intense, et une très petite partie de nos joueurs utilisent une grande partie des ressources. Nous dépensons énormément d'argent pendant une période de 20 ans sur ces athlètes. Toutefois, en ce qui concerne le soccer, et je pense que c'est la même chose pour l'ensemble des sports au Canada, c'est-à-dire que la ligne de démarcation entre le sport de haute performance et le sport communautaire n'est pas très claire. Nous voulons que tout le monde participe, mais on ne peut pas traiter tout le monde sur un pied d'égalité dans ces deux niveaux.
Mais je dirais que le sport communautaire et celui de haute performance sont certainement reliés. En effet, tous les athlètes de haute performance ont commencé par jouer au soccer récréatif et y reviennent plus tard dans leur vie. Comme je l'ai dit, en ce moment, étant donné que la distinction entre les deux types de soccer n'est pas claire, on ne répond pas très bien aux besoins de chacun des groupes.
Le Oakville Soccer Club a investi dans les entraîneurs. Nous avons plus de 800 entraîneurs dans notre club et parmi eux, 750 sont des bénévoles. Les parties encerclées sur la feuille sont les domaines dans lesquels nous avons énormément investi. Dans la partie en rouge, nous avons 28 entraîneurs en chef répartis par groupe d'âge. Il s'agit d'entraîneurs professionnels rémunérés à temps partiel. De plus, nous avons quatre entraîneurs à plein temps: moi-même, deux entraîneurs et un responsable du développement des entraîneurs.
Une fois encore, nous avons investi considérablement pour développer des entraîneurs et augmenter nos ressources à cet égard. Nous avons également financé ou subventionné toutes les licences pour l'ensemble des joueurs et des entraîneurs de notre club.
Si nous investissons dans les niveaux U8 à U12, où nous affectons une bonne partie de nos ressources, c'est qu'il s'agit du plus important bassin de joueurs possédant le potentiel pour se diriger vers le profil d'excellence. Nous croyons aussi que les athlètes qui bénéficient d'un meilleur perfectionnement des compétences aux niveaux U8 à U12 s'adonneront plus longtemps au sport et, ici encore, constitueront des atouts au sein de la grande communauté du soccer dans les années à venir.
Pour l'instant, nous mettons l'accent sur le perfectionnement des compétences en misant sur le plan de développement à long terme des joueurs, ou DLTJ. Nous ne mettons pas l'accent tant sur l'équipe que sur le joueur.
La diapositive suivante porte sur les profils d'entraînement canadiens. Tous nos entraîneurs sont également inscrits au Programme national de certification des entraîneurs. Il existe un profil communautaire et un profil de haute performance. Le premier profil est géré par la province et l'association provinciale, et chaque niveau du cours coûte environ 250 à 500 $. Les participants doivent également suivre les cours sur la prise de décision éthique et le respect au soccer, qui coûtent aussi de l'argent. Pour entrer dans le profil de compétition, il faut avoir déjà joué au niveau national ou professionnel, ou suivre le cours de soccer pour la vie.
Quand on entre dans le profil d'excellence, les deux premiers niveaux, la licence provinciale B et les essais préliminaires de la licence B, sont gérés par l'association provinciale. Ces cours coûtent entre 900 et 1 200 $, sans compter les frais de voyage. Le club de soccer d'Oakville subventionne ces cours pour chacun de ses 800 entraîneurs.
Si vous passez à la diapositive suivante, la structure constitue le message. Comme Marshall McLuhan l'a indiqué, le médium est le message. Nous croyons fermement que la structure est le message. Si nous établissons convenablement la structure, elle nous permettra de faire des choix éclairés au sein du club concernant la manière d'affecter les ressources.
La relation de pouvoir est inversée dans le domaine du soccer au Canada. L'Association canadienne de soccer a très peu de pouvoir, car ce sont en fait les provinces, voire les clubs dont font partie les 867 000 joueurs, qui se partagent ce pouvoir. Pour résoudre la situation, il faut évidemment disposer de pouvoir économique, mais aussi de pouvoir organisationnel et d'expertise. Si l'ACS disposait de ces pouvoirs, nous pourrions susciter davantage d'intérêt et de passion à l'égard du sport et constituer un modèle d'excellence dont nos entraîneurs pourraient s'inspirer.
Nous considérons en outre qu'il est essentiel d'assurer le développement à long terme des joueurs et de suivre les lignes directrices pour permettre à ce sport de prendre de l'expansion au Canada. C'est là qu'il faut faire une distinction entre le profil d'excellence et le profil récréatif, qui doivent tous deux recevoir un financement adéquat.
À la diapositive suivante, qui porte sur la répartition des fonds, le club de soccer d'Oakville dispose d'un budget annuel de 7,5 millions de dollars, alors que l'ACS a un budget annuel de 12 millions de dollars. Le fait que ces deux budgets soient si proches l'un de l'autre nous semble problématique. De plus, le club de soccer d'Oakville dépense 10 % de ses fonds pour le perfectionnement des entraîneurs, et dépense ainsi environ 750 000 $ par année pour le formation ou la rémunération des entraîneurs.
À la prochaine diapositive, vous verrez que nous comptons sur un excellent bassin qui comprend un grand nombre de joueurs, ce qui est formidable. Mais dans la plupart des pays, s'il existe un aussi grand bassin, le perfectionnement des entraîneurs est financé par un solide réseau professionnel et national. En Espagne et en Angleterre, littéralement 40 à 50 équipes contribuent au développement des joueurs et des entraîneurs et font figure de modèles d'excellence au sein de la communauté.
Nous savons qu'au Canada, le pouvoir d'investissement global de tous les clubs dépasse de loin ce que les associations provinciales et nationales peuvent investir. Une fois encore, nous considérons qu'une structure adéquate aidera à affecter intelligemment les ressources au sein de ces clubs.
À la prochaine diapositive, nous considérons que la formation d'entraîneurs est une question d'intervention et d'attraction.
L'intervention se fait à la base. Nous devons continuer de déployer des efforts pour effectuer le changement structurel à l'échelle provinciale, en Ontario, où nous constituons une ligue de haute performance régie par des normes. Nous considérons que cela nous aidera à affecter des fonds adéquats là où il le faut. Il faut faire la distinction entre le profil de haute performance et le profil récréatif. Nous devons appuyer pleinement le développement à long terme des joueurs ainsi que la planification stratégique pour tous les clubs. Sans planification, on jette l'argent par les fenêtres, et c'est du gaspillage de ressources.
Quant au pouvoir d'attraction, il doit être source d'inspiration. Nous sommes convaincus qu'il faut remettre en valeur la formation des entraîneurs au pays. L'ACS et les associations provinciales doivent constituer des pinacles et des modèles d'excellence, car celui qui cherche l'inspiration aspire à ressembler au meilleur de l'industrie.
Nous sommes d'avis qu'il faut, au Canada, investir dans l'entraînement et les compétences administratives et organisationnelles, en recrutant à l'étranger au besoin. Nous considérons également que sur le plan de l'inspiration, il faut appuyer et encourager le sport professionnel au Canada.
Notre dernière diapositive montre une photo qui était affichée à notre club, où l'on voit Diana Matheson serrant la main d'une joueuse de notre ligue locale de jeunes de cinq ans. Même si tous les joueurs du pays n'atteignent pas le niveau d'excellence, quand ils y arrivent, tout le monde en profite. Nous qualifions donc ces joueurs de héros et espérerons être en mesure d'appuyer les deux profils de notre club.
Merci beaucoup.
:
Merci de me donner l'occasion de participer à cette séance du comité.
Je suis entraîneur principal et directeur du club Airdrie Edge, dont je fais partie depuis 19 ans. Au fil des ans, j'ai été entraîneur à tous les niveaux, qu'il s'agisse de jeunes d'âge préscolaire, de sportifs d'un ou de deux ans, ou d'athlètes de haut niveau. Je suis actuellement entraîneur de l'équipe nationale.
Comme le témoin précédent, j'ai agi comme participant et entraîneur aux niveaux récréatifs et de haute performance, et ai travaillé au sein de nos organisations provinciale et nationale.
Au Canada, dans les sports acrobatiques, nous sommes confrontés à un défi particulier au chapitre de l'entraînement amateur. Notre recrutement va très bien. Nous observons une excellente participation de la part des jeunes, qui deviennent entraîneurs à un niveau relativement précoce, obtiennent la certification initiale à un jeune âge et font un excellent travail. Mais nous éprouvons beaucoup de difficultés à conserver ces entraîneurs et à leur permettre de se perfectionner pour atteindre un niveau auquel ils sont suffisamment instruits et expérimentés pour travailler auprès des athlètes d'élite.
Les difficultés associées à la conciliation travail-vie personnelle des entraîneurs sont problématiques quand vient le temps de passer du niveau élémentaire au niveau élite. Dans les disciplines acrobatiques, les athlètes de compétition s'entraînent quatre, cinq et six fois par semaine, les soirs et les week-ends. Au niveau élémentaire, ce sont bien 85 ou 90 % de nos entraîneurs qui sont des jeunes, surtout des femmes, qui accordent une grande importance à la famille. À mesure qu'elles gravissent les échelons et qu'elles acquièrent des connaissances et de l'expérience, elles ont de la difficulté à s'occuper de leur famille et à être disponibles les soirs et les week-ends. Nous constatons notamment que nos femmes entraîneurs abandonnent au moment où elles pourraient commencer à entraîner les athlètes d'élite.
Nous n'avons aucun entraîneur bénévole. Tous nos entraîneurs sont des professionnels rémunérés, instruits et formés. Il faut posséder des années d'expérience pour devenir entraîneur de niveau 3 et 4, où on commence à travailler avec des athlètes d'élite.
Une bonne partie de nos problèmes concernent la rétribution financière, c'est-à-dire le revenu et les avantages sociaux qu'un entraîneur à temps plein obtiendra, au regard du temps perdu et d'autres facteurs. Lorsque j'ai discuté avec nos entraîneurs en prévision de ma comparution, ils ont déploré une attitude encore courante au sein de la population canadienne en général. Lorsqu'ils disent qu'ils travaillent comme entraîneurs, ils se font demander quel est leur vrai travail et quelles sont les véritables fonctions qu'ils assument avant d'être entraîneurs à temps partiel le soir. L'entraîneur professionnel qui s'occupe de sport amateur est une entité relativement méconnue et prise à la légère au Canada.
Nous considérons que pour encourager les gens à devenir et à rester entraîneurs, et à s'intéresser à l'entraînement amateur, il faut que l'entraînement amateur soit considéré comme un vrai travail viable. Il faut également reconnaître l'influence que l'entraîneur professionnel en sport amateur a sur le développement, le recrutement et la persévérance des jeunes dans le sport.
Au final, les entraîneurs amateurs aux niveaux initiaux ne feront pas apparaître d'athlète au gym ou sur le terrain, mais les toutes premières expériences des enfants seront influencées par leur comportement, leur énergie positive et leur capacité de permettre aux sportifs de s'amuser et de se dépasser.
À l'heure actuelle, le défi consiste à faire reconnaître le travail d'entraîneur et à assurer un sain équilibre à cet égard. L'estime du public peut jouer un rôle. Le financement, l'éducation, le mentorat et l'investissement dans les excellents travaux réalisés relativement au modèle de développement d'athlète à long terme sont aussi importants. Il faut aussi que ces travaux profitent directement aux entraîneurs qui travaillent avec les concepts. Ainsi, il faut s'assurer que chaque entraîneur ait un excellent accès aux travaux de développement d'athlète à long terme grâce à l'éducation, au mentorat et aux diverses manières dont nous appuyons les professionnels qui veulent faire de l'entraînement amateur.
En l'absence de gens instruits, expérimentés et dévoués pour encadrer les athlètes tout au long de leur démarches sportives aux niveaux amateur et élite, nous ne verrons pas augmenter le nombre de jeunes s'adonnant aux sports amateurs, alors que c'est un facteur extrêmement important pour la santé générale et le développement de nos jeunes, et participant aux sports de niveau élite qui contribuent à la renommée du pays tout entier.
Merci.
:
J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir donné l'occasion de venir témoigner.
Au cours des 30 dernières années, j'ai été entraîneur dans de nombreux sports pratiqués au Canada. J'ai commencé avec la nage de compétition, et avec le temps, je me suis consacré au triathlon, à la course, à un peu de cyclisme, et quand mes enfants ont vieilli, à un peu de crosse et de hockey. Être entraîneur était ma principale occupation jusqu'à ce que j'obtienne une maîtrise en entraînement de l'Université de Calgary il y a environ 10 ans. Je suis maintenant physiologiste de l'exercice auprès d'équipes paralympiques.
Ma première recommandation — et je sais que beaucoup d'entraîneurs au Canada ne la verront pas d'un bon oeil — est de mettre en place un système de certification qui viendrait couronner des études universitaires. Certaines universités canadiennes ont un programme en entraînement, mais il y en a très peu, et beaucoup de ces programmes commencent à disparaître. L'Université de Calgary donnait une maîtrise, mais elle est maintenant offerte par l'Université de l'Alberta.
La principale raison pour laquelle je formule cette recommandation est que, selon moi, les entraîneurs au Canada n'en savent pas assez sur la façon d'entraîner et d'enseigner. Ils ne connaissent pas suffisamment les sports en général. Beaucoup sont des parents ou d'anciens athlètes qui n'ont jamais étudié la biomécanique, la physiologie de l'exercice, la force et le conditionnement. Une grande partie de leurs connaissances provient de leur expérience, ce qui veut dire que nous répétons les mêmes erreurs qui ont été commises il y a 20 ans, alors que beaucoup de pays ont recours à des professionnels.
De nombreux pays européens ont des programmes en entraînement, et je crois qu'ils s'en sortent mieux avec moins d'athlètes parce qu'ils les forment adéquatement. Je reconnais le mérite des bénévoles et des parents, mais les enfants inscrits dans des programmes de sport n'ont pas toujours un excellent entraîneur. Nous n'avons pas assez d'athlètes qui atteignent le niveau international pour réellement combler nos besoins. Je pense qu'ils abandonnent parce qu'ils ne sont pas encadrés adéquatement.
Le principal inconvénient des entraîneurs diplômés est le coût, car ceux qui feront des études voudront être bien payés. Cela dit, je pense que les athlètes n'abandonneront pas si nous leur donnons un meilleur entraînement, et leurs parents seront davantage disposés à les soutenir financièrement s'ils font des progrès.
Comme l'ont mentionné les entraîneurs qui viennent de témoigner, ce sont les entraîneurs diplômés qui devraient travailler avec les enfants de 6, 7, 8, 9 et 10 ans, car ils savent quelles sont les aptitudes dont ils auront besoin à l'âge de 19, 20 ou 21 ans, et ils les aideront à les développer. De nombreux pays européens jumellent un groupe d'athlètes avec un entraîneur, qui travaille avec eux et les forme à partir de l'âge de 6, 7, et 8 ans jusqu'à ce qu'ils aient 21 ans. S'ils ne sont pas à la hauteur des attentes, l'entraîneur sera congédié. Autrement, il recommence avec des jeunes de 6, 7 et 8 ans une fois le programme terminé.
Nous avons tendance à réunir les entraîneurs et les athlètes les moins expérimentés, mais ces athlètes ont besoin de développer leurs habiletés, et les entraîneurs ne savent pas comment les encadrer ni leur montrer comment y arriver.
En ce qui concerne les taux de participation insatisfaisants, je crois qu'il s'agit simplement d'une question d'argent. Le coût des installations est particulièrement élevé. Le soccer est plus abordable qu'un sport comme le patinage, car louer une patinoire pendant une heure coûte, par exemple, 160 $ à Airdrie. Il faut beaucoup d'athlètes qui payent un montant élevé pour pouvoir se le permettre. En nage de compétition, l'utilisation d'un seul couloir de 25 mètres coûte 12 $ l'heure.
Quand j'étais entraîneur à Nanaimo, mon budget pour les couloirs s'élevait à presque 100 000 $, tandis que je disposais de 70 000 $ pour engager cinq entraîneurs professionnels. Je pense que les taux de participation s'amélioreraient si nous pouvions réduire le coût des installations, ce qui veut dire que davantage d'enfants pourraient participer et que les taux d'obésité diminueraient.
C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment, en attendant vos questions.
:
Merci. J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir invité à comparaître.
Je suis un ancien joueur de soccer. J'ai signé mon premier contrat professionnel à l'âge de 16 ans. Je suis allé jouer à l'étranger quand j'avais 22 ans et j'y suis resté 12 ans. En tout, ma carrière professionnelle a duré 18 ans. J'ai eu la chance d'être le capitaine de l'équipe de mon pays pendant 5 ans et de brandir le seul trophée que le Canada a remporté sur la scène internationale, la Gold Cup, gagnée dans la finale de soccer masculin en 2000. Je connais tous les aspects du jeu.
J'ai arrêté de jouer en mai 2008 pour devenir analyste; c'est d'ailleurs ce que je fais en ce moment. Je suis actuellement à l'emploi de TSN, mais j'ai aussi travaillé un certain temps comme directeur technique pour le club de soccer d'Oakville. J'ai occupé le poste de novembre 2010 à juin 2012 pour ensuite me consacrer entièrement à mes fonctions d'analyste. Je savais que je pouvais partir l'esprit tranquille en cédant ma place à Dino Lopez, qui est très qualifié. Le club est entre bonnes mains.
L'expérience a été révélatrice. J'ai entre autres accepté le poste pour me familiariser avec le jeu au niveau débutant et comprendre exactement quelles en sont les difficultés. Je suis très chanceux parce que mon travail dans les médias me procure un moyen de me faire entendre, et je pense qu'il est de mon devoir de le faire de manière proactive. C'est très facile d'adresser des critiques, mais très difficile de faire partie d'une solution. J'aimerais contribuer à promouvoir le soccer et le sport dans notre pays.
Le soccer est le sport participatif le plus pratiqué au Canada. Notre pays compte près de 850 000 joueurs inscrits. Vous avez demandé ce que le gouvernement peut faire pour améliorer la qualité de l'entraînement et, par extension, le sport au Canada. Je vais vous donner quelques chiffres.
L'Union des associations européennes de football, l'UEFA, est l'organisme de régie du sport en Europe. Son programme de certification des entraîneurs est considéré par la plupart des gens comme le meilleur au monde. L'UEFA offre une licence B nationale, une licence A nationale et une licence pro. Pour être directeur d'une équipe du plus haut niveau, il faut détenir une licence pro de l'UEFA. Je travaille actuellement à l'obtention d'une licence A nationale, que je devrais recevoir en juin. Je connais donc le cours, et il est fantastique.
En Europe, la France compte 17 500 entraîneurs certifiés à l'échelle nationale, l'Espagne 24 000, l'Italie 29 000 et l'Allemagne 35 000. Au Canada, nous avons une licence B nationale et une licence A nationale. L'ACS, l'Association canadienne de soccer, est en train d'élaborer une licence pro, qui n'a pas encore vu le jour. Nous avons 553 entraîneurs certifiés à l'échelle nationale pour 850 000 joueurs, donc un pour 1 500 joueurs.
Imaginez à quoi ressemblerait notre système d'éducation s'il y avait un seul enseignant pour 1 500 élèves. Je compare les entraîneurs aux enseignants parce que je crois sincèrement que l'enseignement des sports ne diffère pas de celui des mathématiques, de la science ou de l'anglais. Il s'agit de savoir comment transmettre des connaissances et comment permettre aux enfants de les mettre en pratique pour qu'ils apprennent et puissent ensuite accomplir de grandes choses au cours de leur vie. Un entraînement inadéquat à des étapes cruciales du développement nuit au soccer dans notre pays. Je crois que cela nuit également au sport en général. Nous comptons énormément de joueurs, mais nous échouons lamentablement au moment de l'entraînement, car nous nous fions principalement à des parents bénévoles non qualifiés et non formés. J'appuie sans réserve le plan de développement à long terme des athlètes de Sport Canada. Si vous avez eu l'occasion de lire ce que j'ai écrit sur le site de TSN et auparavant sur celui de la CBC, vous savez que je pense qu'il s'agit d'un très bon plan, d'un bon programme. Il présente des lacunes, mais nous tâchons d'y remédier.
Je suppose que vous êtes nombreux à avoir entendu parler dans les médias des critiques concernant l'élimination des résultats et des classements pour les jeunes joueurs de soccer de moins de 12 ans. Cette décision a été prise parce que des adultes qui devraient être formés pour entraîner des enfants ne le sont pas. Ce sont des parents bénévoles. Leurs intentions sont bonnes, mais ils ne savent pas ce qui est nécessaire pour inculquer des habiletés aux enfants.
L'argument présenté contre de nombreux changements introduits par le plan de développement à long terme du joueur de l'ACS, le DLTJ, est que le soccer n'est pas vraiment important. Quelle est l'importance du sport dans le cadre des grands enjeux de notre société? Je pense qu'il joue un rôle primordial, car il nous enseigne de nombreuses leçons qui nous sont utiles tout au long de nos vies. J'ai moi-même appris ces leçons quand j'étais un jeune joueur de soccer, et je les ai mises en pratique dans tout ce que j'ai accompli.
En ce qui a trait à la contribution du gouvernement au développement de l'entraînement et à l'incidence qu'elle peut avoir, je pense à deux éléments, dont un d'ordre financier. Je ne crois pas que notre pays finance particulièrement bien les athlètes, et il le fait certainement moins bien que d'autres pays. Tous les quatre ans, on déplore le fait que les hommes n'arrivent pas à se qualifier pour la Coupe du monde; on se tord les mains de désespoir et on se demande pourquoi. C'est parce que nous ne finançons pas suffisamment le programme.
En préparation pour les championnats nord-américains de 2003, la médaille d'or, nous avons dû, moi et mes coéquipiers de l'équipe nationale canadienne, nous entraîner dans un parc public de Burnaby étant donné que nous n'avions pas suffisamment de fonds pour des installations adéquates. Les gens promenaient leur chien sur le terrain d'entraînement de l'équipe nationale, qui tentait de faire compétition aux meilleures équipes de l'Amérique du Nord, comme les États-Unis et le Mexique, qui sont dotés de ligues professionnelles chevronnées. Les joueurs masculins et féminins vous le diront, il s'agit d'une lutte constante.
La formation des entraîneurs est également sous-financée. Je fais du lobbyisme pour l'Association canadienne de soccer en vue de trouver des moyens de compenser le coût de la formation.
Beaucoup de ceux qui souhaitent avoir une formation font face à deux problèmes: le coût et la disponibilité. Bon nombre des parents bénévoles considèrent qu'ils consacrent suffisamment de temps à la cause, et ne peuvent se permettre d'en prendre plus pour devenir un entraîneur qualifié. Je crois qu'il s'agit d'une grave erreur et que nous devons trouver une solution.
Les entraîneurs peuvent avoir une grande incidence sur les jeunes joueurs, au-delà du sport.
En 2009, je crois, j'ai écrit une texte pour la CBC. Au cours de ma carrière, j'ai eu la chance de travailler avec de très bons entraîneurs professionnels. Mis à part mon père, qui m'a entraîné toute ma vie, le meilleur entraîneur que j'ai connu est Jack Mackinnon, qui était mon entraîneur de hockey lorsque j'avais 10 ans. Plus que toute autre personne que j'aie jamais rencontrée au cours de mes 18 années de carrière à titre de joueur de soccer professionnel, Jack Mackinnon a su me montrer ce qu'était un athlète professionnel. Il m'a fait comprendre qu'il fallait penser à l'équipe et non à soi, et qu'il fallait parfois renoncer à un certain succès individuel au profit de l'équipe.
Je me souviens très bien, pendant une séance d'entraînement, il nous montrait comment utiliser l'extérieur de notre lame en patinant. Il nous a fait la démonstration à de nombreuses reprises. Lorsque j'ai réussi l'exercice, il m'a soulevé dans les airs et m'a dit « Mon garçon, je vais faire de toi un grand joueur. » Cette phrase, que j'ai entendue lorsque j'avais 10 ans, est restée avec moi toute ma vie. Il m'a appris plus que tout autre entraîneur professionnel ce qu'était un athlète professionnel.
Comment pouvons-nous aider les entraîneurs comme Jack Mackinnon? Comment pouvons-nous leur offrir la formation et l'éducation dont ils ont besoin pour influencer nos enfants? Je crois qu'il s'agit d'une tâche énorme et que le gouvernement pourrait trouver des façons de compenser ces coûts de sorte que la formation soit plus accessible. Ils sont nombreux à vouloir suivre une formation, mais le coût et le temps constituent deux obstacles importants.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux de vous joindre à nous.
Monsieur Esau et moi nous connaissons, puisque nous sommes tous deux d'Airdrie. Je suis heureux que vous ayez accepté de partager votre expertise. Je sais que vous avez une grande expérience d'entraîneur à divers niveaux et dans diverses disciplines; votre témoignage et vos réponses nous seront très utiles.
Monsieur deVos, il y a un parallèle à faire entre l'histoire de votre entraîneur M. Mackinnon, que vous venez de partager, et les propos de M. Esau au sujet de la nécessité d'avoir des entraîneurs qualifiés pour nos jeunes.
Je ne peux que vous parler de mon expérience personnelle au hockey. J'ai vu l'importance des entraîneurs pour mon fils au fil de son évolution dans ce sport, et pour moi lorsque j'étais enfant, puis lorsque je suis devenu entraîneur. Comme vous l'avez dit précédemment, Shane, certains entraîneurs sont excellents, d'autres le sont moins. J'en ai été témoin avec mon fils. Il a eu un très mauvais entraîneur pendant une saison. C'était à un moment critique de son développement en tant que joueur de hockey, et son expérience l'a découragé du jeu. L'entraîneur peut faire toute la différence. Il faut veiller à ce que les entraîneurs soient bien formés et à ce qu'ils comprennent le jeu.
Je comprends également qu'il y a des milliers d'entraîneurs dans le sport mineur. Au cours d'une table ronde à laquelle vous étiez présent, nous avons entendu des représentants des sports techniques et spécialisés comme la gymnastique et le patinage artistique. Il est très difficile pour un parent d'être entraîneur dans ces disciplines. Il faut des professionnels.
Au cours de cette table ronde, j'ai fait part de mon expérience d'entraîneur de hockey. Je quittais tout juste les rangs du hockey junior. J'avais environ 20 ans, et j'entraînais des jeunes qui avaient trois ou quatre ans de moins que moi. Certains d'entre eux ont eu une brillante carrière dans le hockey junior, et même à des niveaux supérieurs.
Est-ce que je savais ce que je faisais comme entraîneur? Non. Je n'ai fait que leur transmettre mon expérience de joueur. Est-ce que j'aurais pu être plus efficace? Oui. Est-ce que certains entraîneurs que j'ai connus au cours de mon cheminement personnel ou avec mon fils auraient pu être plus efficaces s'ils avaient été mieux formés? Oui, tout à fait.
Comment peut-ont concrétiser cet objectif? Je vous pose la question à tous les deux. Nous avons dit plus tôt que certains sports comme le patinage artistique et la gymnastique sont différents du soccer et du hockey, qui comptent des milliers d'équipes partout au pays et qui misent sur le travail d'entraîneurs bénévoles. J'ai entendu parler de certaines associations de hockey qui engageaient un entraîneur responsable, aidé par les parents. Nous avons peut-être besoin d'un modèle similaire.
Comment devrions-nous procéder, selon vous?
:
Oui, je pense que l'approche holistique est une approche en laquelle je crois vraiment.
L'ACS a lancé son programme de développement à long terme des joueurs, qui est l'adaptation au soccer du Modèle de développement à long terme des athlètes de 2008, et j'ai passé les cinq dernières années à en étudier les fondements scientifiques. Si je le compare à ma propre éducation, j'ai vraiment bénéficié d'une formation sportive complète qui m'a aidé. Je crois vraiment que c'est la voie à suivre.
Le défi que nous avons eu à relever au soccer est que les gens croient que c'est un sport facile. Ils croient qu'il suffit d'enfiler une paire de chaussures et de botter un ballon, que ce n'est pas bien difficile et que n'importe qui peut vous montrer à le faire. Avez-vous déjà vu un entraîneur de hockey qui ne peut pas patiner ou un entraîneur de natation qui ne sait pas nager? Comment pouvez-vous montrer à un enfant à botter un ballon si vous en êtes vous-même incapable?
Les taux de participation sont vraiment intéressants. Lorsque vous examinez la chose de plus près, le soccer est le sport le plus pratiqué dans notre pays, mais le taux d'abandon est dément pendant la phase d'apprentissage des enfants de 8 à 12 ans. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas acquis les compétences nécessaires pour jouer aux niveaux supérieurs. Vous lâchez un groupe d'enfants de 8, 9 ou 10 ans sur un terrain et on dirait un essaim d'abeilles. Ils courent après le ballon où qu'il aille. Vous avez probablement tous des enfants et ils ont tous joué, alors vous savez de quoi je parle. C'est plutôt drôle pendant un bout de temps, mais après un moment, c'est un peu frustrant. Je suis à ce stade avec mes propres enfants. Je trouve très frustrant de les voir jouer, car je sais qu'ils ont besoin de leçons, sans quoi ils n'arriveront jamais à bien jouer plus tard.
Encore une fois, je ne peux parler que de ma propre expérience. J'ai appris à jouer au hockey parce que j'avais un entraîneur génial quand j'étais enfant, Jack Mackinnon. J'ai arrêté de jouer au hockey à 12 ans parce que je ne pouvais pas jouer à la fois au hockey et au soccer. À ce moment-là, le soccer est devenu pour moi un engagement à l'année et j'ai manqué de temps pour le hockey. Je n'ai plus patiné pendant 22 ans, jusqu'au jour où j'ai pris ma retraite du soccer. Aussitôt que je suis revenu au Canada, j'ai tout de suite acheté de l'équipement pour recommencer à jouer avec mes copains. J'ai pu le faire sans problème parce que j'avais bien appris à l'âge de 10 ans.
C'est un aspect de tous les sports sur lequel nous devons nous concentrer. Il faut former les entraîneurs pour qu'ils puissent apprendre les compétences de base aux enfants, et les enfants resteront actifs toute leur vie. Le but ne sera pas de former des joueurs pour l'équipe nationale, car il y a très très peu d'athlètes qui atteignent ce niveau. Ce n'est pas l'idée. Comme Dino l'a mentionné, chaque joueur de l'équipe nationale a commencé comme joueur local.
:
J'ai eu une note de 80 % en soccer dans mon cours d'éducation physique de 9
e année. L'année suivante, je suis devenu joueur professionnel, alors je dirais que les enseignants n'ont pas l'oeil en général.
Encore une fois, on revient au manque de formation des entraîneurs à ces étapes clés du développement. Ma fille a 10 ans. Elle joue au soccer dans une ligue interne du Club de soccer d'Oakville. Je vais la voir jouer tous les samedis lorsque je ne passe pas à la télé, et presque chaque fois que j'y vais, j'envoie un courriel à Dino pour lui dire: « Il faut que tu jettes un coup d'oeil au numéro 4 dans l'équipe orange des moins de 9 ans parce qu'il a quelque chose de spécial ».
Le New York Times a récemment publié un article concernant Ajax, l'institut de perfectionnement aux Pays-Bas. Ajax est réputée pour perfectionner les talents. L'équipe joue évidemment aux Pays-Bas et son institut est sans doute le meilleur au monde. Il est clair que Barcelone essaie de le rejoindre. L'entraîneur a fait une remarque intéressante: « Je ne m'intéresse pas aux compteurs. Je regarde la façon dont les joueurs bougent. Je regarde comment ils bougent à l'âge de 8, 9 ou 10 ans pour pouvoir dire s'ils ont le potentiel de monter ».
Cela vient de la formation et de la connaissance. Allez-vous trouver cela dans une petite localité? Sûrement pas. Mais à mon avis, dans chaque sport, il nous faut mettre en place une voie à suivre. Lorsque vous vivez à Appin, en Ontario, mon patelin, et jouez dans une ligue de soccer interne mixte à Glencoe jusqu'à l'âge de 10 ans... Mon père a reconnu que j'avais besoin de me retrouver dans un milieu plus compétitif pour me développer comme joueur de soccer, et c'est ce que j'ai fait. Je ne compte plus le nombre de joueurs que j'ai vu, au fil des ans, être catalogués et ne pas être reconnus.
La voie du hockey est assurément beaucoup plus développée que celle de tout autre sport. Regardez la liste de joueurs canadiens dans la LNH et le nombre d'entre eux qui viennent de trous perdus en Saskatchewan dont vous n'avez jamais entendu parler.
Une voix:[Note de la rédaction: inaudible]
Des voix: Oh, oh!
M. Jason deVos: Je ne veux offenser personne en Saskatchewan, mais on le voit constamment.
Pouvez-vous devenir assez bon pour la LNH dans ce milieu? Non. Mais le talent s'y trouve, et les personnes talentueuses savent qu'elles doivent aller vivre dans un milieu où elles peuvent perfectionner leurs compétences et progresser.
:
N'envahissez pas mon territoire en étant compétitif.
[Français]
En fait, ma question s'adresse à vous deux.
[Traduction]
Est-ce que cela va? Je peux parler en anglais. Ce n'est pas un problème.
[Français]
Admettons qu'on retire l'aspect compétitif de l'entraînement des jeunes joueurs. Le sport que je connais le mieux, c'est le hockey. De toute évidence, au hockey, ce sont des minipros.
[Traduction]
Dès le début, ils sont habillés comme des pros. Ils ont l'équipement et tout. Ils font comme s'ils étaient des professionnels.
[Français]
Ce serait très difficile de retirer cela.
[Traduction]
C'est comme si on essayait de déplacer une montagne d'un centimètre.
[Français]
Ça impliquerait de changer la mentalité des parents et des bénévoles responsables pour que ce ne soit plus compétitif. Toutefois, si on y arrivait, plutôt que de disséminer les efforts stratégiques et la compétence reliés à la compétition, ne pourrait-on pas se concentrer, tant sur le plan budgétaire que sur celui de l'énergie et de la compétence humaine, sur l'élite qui se distingue naturellement?
Peut-on imaginer de se déplacer vers le sport d'élite pour chercher l'excellence? Cela permettrait à davantage de gens, comme le disait M. Esau, de pratiquer le sport avec moins de pression.
Est-ce que, du côté des jeunes qui s'initient au sport, le fait de destiner ces sommes et ces efforts aux pros pourrait constituer une économie?
:
C'est un débat intéressant. Devrions-nous nous concentrer sur l'élite de sorte que cela tirera tous les autres vers le haut parce que cela les amènera à aspirer à quelque chose? Je ne crois pas que ce soit nécessaire, et je pense que beaucoup de gens s'opposeraient à cette idée.
Au bout du compte, quel est l'objectif dans tout cela? Vous étudiez l'état de l'entraînement amateur au Canada. De toute évidence, vous voulez améliorer le niveau. Pour les joueurs d'élite ou pour tout le monde?
En améliorant les normes pour tout le monde, les joueurs d'élite feront leur chemin dans le système. J'ai grandi à Appin, en Ontario, sur une route de terre. Il n'y a pas de programme de soccer de haut niveau là-bas. J'ai atteint ce niveau parce que j'ai été capable d'avancer dans le système.
À mon avis, il est très important que tous les sports de notre pays aient une démarche bien définie et des normes pour chaque niveau.
Que signifie être un entraîneur de soccer récréatif au Canada? À l'heure actuelle, tout ce que cela signifie, c'est qu'on doit donner de son temps. Les clubs font appel aux parents. Il n'est pas nécessaire d'avoir de l'expérience. Ils ne font que les supplier d'entraîner les enfants, parce qu'ils n'ont pas assez de ressources.
C'est l'analogie que je fais. Je fais beaucoup référence au système d'éducation, car je crois qu'il y a beaucoup de parallèles à faire entre le sport et l'éducation. À l'école, feriez-vous confiance à un parent bénévole qui n'aurait pas de formation d'enseignement? Pour ma part, jamais, mais c'est ce qui se passe dans le sport. C'est le cas du soccer. Je ne peux pas parler pour les autres sports, mais c'est certainement le cas au soccer, et cela a des répercussions négatives sur notre capacité de produire des athlètes d'élite et d'enseigner aux enfants les aptitudes dont ils ont besoin pour continuer d'évoluer, même s'ils ne le font que pour le plaisir pour le reste de leur vie, et sur leur bien-être.