:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Être ici avec vous aujourd'hui est pour moi un grand plaisir.
[Traduction]
Je dirai d'abord quelques mots, puis je répondrai à vos questions. J'ai distribué ma déclaration.
D'abord, il peut être utile de rappeler une évidence, soit que l'Australie et le Canada se ressemblent à plusieurs égards. Ce sont des pays relativement jeunes, d'anciennes colonies, ayant une population multiethnique et un gouvernement fédéral. Alors je pense que comparer leur manière d'aborder les grandes célébrations historiques est une bonne idée.
Comme vous l'avez dit, monsieur le président, l'Australie a célébré le centenaire de la fédération en 2001. La commémoration a duré toute l'année.
Un des principaux objectifs était de rallier les gens de partout au pays. Le centenaire était situé, bien sûr, dans le contexte des fêtes du bicentenaire de l'établissement des Blancs en Australie, qui ont eu lieu en 1988, et des Jeux olympiques de Sydney, qui se sont déroulés en 2000. Ces deux événements étaient très axés sur Sydney. À l'inverse, les célébrations de 2001 devaient toucher toutes les villes d'Australie. De plus, elles se sont étendues sur de nombreux jours et de nombreux mois et soulignaient les événements de 1901.
Un des objectifs de l'année était de sensibiliser la population à l'évolution de la démocratie et à l'établissement du Commonwealth en 1901. Pourquoi? Parce que, selon des recherches, seul un quart des Australiens environ savaient ce qu'était une fédération, et moins d'un cinquième connaissaient le nom de leur premier premier ministre. D'ailleurs, il y a eu une vaste campagne de relations publiques à ce sujet au moment des célébrations, c'est-à-dire, quel genre de pays oublie le nom de son premier premier ministre?
Les célébrations visaient aussi à alimenter le débat sur les défis actuels et futurs que devait relever l'Australie. Le processus a été entamé par la formation d'un conseil consultatif sur le centenaire de la fédération, qui a soumis en 1994 un rapport contenant des recommandations sur la façon de célébrer le centenaire.
Le gouvernement fédéral a ensuite établi un conseil national en partenariat avec les États et les territoires fédérés. Il a alloué 12 millions de dollars au secrétariat du conseil, 22 millions aux célébrations, 9 millions à l'éducation et 15 millions aux communications ou médias.
Un fonds de 1 milliard de dollars a été créé pour laisser un héritage durable après les célébrations. Il devait être affecté à trois catégories. D'abord, les grands projets, notamment la construction d'un musée national et l'expansion du monument commémoratif de guerre. La deuxième catégorie visait les projets culturels et patrimoniaux, et la troisième, les projets communautaires.
Comme je l'ai déjà dit, les célébrations ont été très décentralisées, se sont étalées sur toute l'année et devaient avoir des répercussions importantes dans tous les États et les territoires. En tout, environ 4 000 activités ont eu lieu au cours de l'année.
L'approche adoptée comportait trois volets. Il y avait d'abord un programme d'événements d'importance nationale, centraux, comme on les appelait, auxquels ont participé tous les États et les territoires — les provinces australiennes —, et chacun a organisé au moins un événement.
Un aspect important du processus était de changer la perception selon laquelle l'Australie se limite à la Hume Highway, l'autoroute principale reliant Sydney à Melbourne. De nombreuses activités ont eu lieu dans le nord et à l'intérieur de l'Australie, dans les zones rurales, à l'extérieur des régions urbaines. Je vais vous donner quelques exemples de ce qui s'est fait.
Une cérémonie intitulée New Dawn a eu lieu à Alice Springs, dans le centre de l'Australie, le 1er janvier.
Le plus grand rassemblement d'Autochtones de tous les temps s'est tenu près d'Alice Springs pendant le festival Yeperenye. Le peuplement autochtone de l'Australie remonte à il y a très longtemps. Jamais, en 50 000 à 60 000 ans de peuplement, y avait-il eu de rassemblement de danseurs et d'artistes autochtones venus des quatre coins du pays. Ça aurait été difficile à faire avant 1788, alors c'était évidemment très spécial d'y parvenir à l'occasion du centenaire.
À Townsville, dans le Queensland, l'État du nord-est de l'Australie, une foule s'est réunie pour un défilé du nord du Queensland, une des plus nombreuses de l'histoire de l'Australie tropicale. Le défilé, qui mêlait fierté nationale et régionale, s'est ensuite déplacé lentement le long du littoral.
Enfin, une célébration visant le Parlement a eu lieu dans son lieu d'origine, Melbourne. La ville de Canberra a été bâtie dans les années 1913-1914. Auparavant, pendant la période séparant la fédération de la construction de la ville, Melbourne a été le siège temporaire du Parlement de l'Australie.
En fait, certaines des célébrations les plus populaires traversaient les frontières étatiques et territoriales. Par exemple, une flottille nommée Source to the Sea formée de bateaux anciens et modernes a suivi le fleuve Murray. Ce fleuve relie trois États australiens.
Un train de 31 voitures a assuré la liaison entre Perth et Adelaïde pour commémorer l'ouverture du chemin de fer transcontinental. La construction de ce chemin de fer était une des promesses qui avaient convaincu les Australiens de l'Ouest de se joindre au Commonwealth. On a mis 100 ans à la réaliser.
Le Federation AirShow s'est aussi tenu dans la région de l'intérieur, où Qantas et le Royal Australian Flying Doctor Service ont vu le jour.
Le deuxième volet concernait un programme visant à encourager les organisations et les communautés à élaborer leurs propres activités, qu'il s'agisse de festivals, de défilés, de compétitions sportives ou de colloques universitaires. Une d'elles était un concours de barbe en l'honneur des pères de la fédération. Il s'agissait sans doute plus d'un hommage au sens de l'humour des Australiens que d'un véritable projet historique.
Le troisième volet concernait des projets nationaux visant à laisser un héritage durable. Par exemple, 1,8 million de médaillons commémoratifs ont été fabriqués pour les enfants d'âge scolaire. Un site Web a été créé pour recueillir les histoires locales des communautés de tout le pays, surtout les histoires issues de la tradition orale, et une exposition de documents fondateurs s'est tenue aux Archives nationales.
La commémoration s'est aussi déplacée à l'étranger. À Londres, il y a eu une semaine de l'Australie. Des festivals artistiques et des expositions itinérantes se sont tenus en Asie — voisine de l'Australie — et certains d'entre vous se souviendront peut-être de la présence de l'Australie au Bal de neige d'Ottawa cette année-là.
Cette année se voulait avant tout une célébration, bien sûr, mais aussi un moment consacré à la réflexion et même, à certains égards, à la critique. Quelques conférences examinant des aspects de l'histoire de l'Australie d'un oeil critique ont été données. Dans de telles célébrations, il est souvent difficile de trouver le juste équilibre entre louer le passé et le décrier. Ces activités étaient une tentative de se pencher sur l'histoire de l'Australie de manière objective et de tirer des leçons du passé.
Dans l'ensemble, les célébrations du centenaire ont laissé un héritage à long terme positif et concret découlant des projets dont j'ai parlé, comme le chemin de fer reliant Alice Springs à Darwin, ou plus abstrait, comme l'accroissement important de la connaissance de l'histoire de l'Australie et la fierté nationale.
Je répondrai aux questions avec plaisir, monsieur le président.
[Français]
mesdames et messieurs les députés.
Je suis André Picard, vice-président des Affaires publiques et corporatives du Groupe Juste pour rire.
Je voudrais remercier M. Paul Calandra, secrétaire parlementaire du ministre du Patrimoine canadien, M. James Moore, qui a suggéré que je sois invité à témoigner devant vous ce matin. Je l'ai rencontré la semaine dernière avec mes collègues de FAME Canada.
[Traduction]
FAME Canada — Festivals and Major Events Canada — est un organisme national qui regroupe des festivals de partout au pays, dont le festival Luminato, le Festival international du film de Toronto, le Festival de Stratford,
[Français]
le Carnaval de Québec, le Festival d'été de Québec,
[Traduction]
et le Bluesfest d'Ottawa.
[Français]
La mission de FAME est de jouer un rôle de chef de file dans la promotion économique et sociale du secteur des festivals et des événements canadiens d'envergure internationale auprès du gouvernement, des médias et du public.
[Traduction]
Ma présentation ne sera peut-être pas exactement comme je l'aurais souhaité. On vient de célébrer l'Halloween — on m'a invité jeudi après-midi, et je vous remercie pour le privilège — et ma fille de 18 ans m'a demandé d'organiser une soirée pour l'occasion, probablement parce que je travaille dans le domaine de l'organisation d'événements. Ça a duré presque 12 heures.
Des voix: Oh, oh!
M. André Picard: Les grands festivals et manifestations qui font partie de FAME contribuent à faire connaître à l'étranger le Canada en tant que pays dynamique et fier de sa culture.
[Français]
Je vous félicite de tenir ces audiences. Pour moi, il n'est pas trop tôt pour parler d'une initiative qui peut avoir l'envergure d'un 150e anniversaire.
Permettez-moi de commencer avec une histoire très personnelle. En 1967, l'année du centenaire du Canada, j'avais 12 ans. Je terminais mon primaire et j'entrais à l'école secondaire, en huitième année, à l'automne suivant.
Le centenaire du Canada coïncidait avec l'Expo 67 à Montréal, une expérience formatrice ou, devrais-je plutôt dire, transformatrice pour moi, mes amis, leurs grands frères, leurs grandes soeurs et leurs familles. En fait, pour toute notre société. Le Québec sortait de la grande noirceur et était en pleine révolution tranquille. Pour les gens de ma génération et moi-même, il n'y a pas vraiment de point de comparaison. Nous sortions de l'enfance, et l'Expo 67 a été une expérience déterminante. J'ai découvert le Canada, mon pays, ses provinces et le monde, en visitant chacun des pavillons. J'ai visité plusieurs pavillons plus d'une fois, le jour et la nuit. J'ai littéralement vécu sur le site pendant tout l'été. J'ai souvent été le premier au guichet de l'Île Sainte-Hélène, le ventre collé contre la barrière à attendre que l'exposition ouvre pour explorer le site. J'ai découvert les gens, les images, la musique et la cuisine de tous les pays et de toutes les cultures. Mon passeport — souvenez-vous, on avait un passeport — était plein de tampons du début à la fin. Je l'ai encore.
Je pense que si ça se tenait aujourd'hui, j'aurais les logos du centenaire du Canada et de l'Expo 67 tatoués sur les deux épaules.
[Traduction]
La tenue de l'exposition universelle et la célébration de notre centenaire ont eu pour effet d'ouvrir les yeux des Canadiens sur leur immense capacité et sur les occasions de réussite au Canada et à l'étranger. Elles ont inspiré toute une génération d'entrepreneurs, notamment dans le domaine des arts. C'était, en quelque sorte, la renaissance du Canada. L'héritage qu'elles ont laissé, les centres culturels, les places publiques et les infrastructures communautaires, façonne depuis l'identité canadienne et nos vies.
[Français]
C'était aussi l'époque de Perspectives Jeunesse, un programme qui a donné un sens à la vie et à l'avenir à une génération et qui a aussi développé l'esprit d'initiative, d'entrepreneuriat et de responsabilité sociale.
[Traduction]
J'ai parlé à Normand Legault récemment. Il a été le propriétaire et le promoteur du Grand Prix du Canada de Montréal pendant 20 ans. Aujourd'hui, il est président du conseil du parc Jean-Drapeau et de Montréal International.
Je lui ai demandé ce qui avait inspiré une génération d'entrepreneurs dans les domaines de la culture et du sport comme Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire, Alain Simard, fondateur du Festival international de jazz de Montréal, des FrancoFolies et de Montréal en lumière, et Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil. Où ont-ils trouvé le courage de se lancer dans de telles entreprises? Où ont-ils puisé la confiance nécessaire pour réaliser leur vision et leur rêve? Sa réponse a été Expo 67. Tout était possible.
À mon avis, ces deux manifestations, le centenaire et Expo 67, ont déclenché une réaction en chaîne.
Un de vous a posé une question sur les technologies. J'aimerais y revenir. Au début des années 1990, j'ai eu le privilège de travailler à Toronto pour IMAX Corporation, une entreprise canadienne créée grâce au brevet australien protégeant le projecteur à boucle déroulante. Ça a été une expérience professionnelle et personnelle unique et exceptionnelle. Aujourd'hui, la marque et l'expérience cinématographique IMAX sont reconnues partout dans le monde.
Les fondateurs se sont réunis pour mettre sur pied l'entreprise à la suite d'Expo 67. Si on se rappelle bien, les pavillons les plus populaires ont été les pavillons cinématiques, avec leurs cinémas multiécrans interactifs aux scènes et aux écrans pivotants. Trois de ces créateurs ont participé à la production de deux films: un pour un pavillon sur le Nord, et l'autre, produit par l'Office national du film du Canada, pour le labyrinthe, un des pavillons les plus populaires.
Ils rêvaient de bâtir un pavillon du genre dans chaque ville du monde, et d'offrir une expérience cinématographique incomparable, à la fine pointe de la technologie, et elle l'est toujours aujourd'hui.
Je pourrais aussi parler de pionniers mondiaux du 3D, une technologie qui fait maintenant partie intégrante de l'expérience cinématographique.
Peu de gens le savent, mais Normand Legault, un homme très érudit, a fouillé dans nos archives nationales. Le mérite d'Expo 67 revient, avec raison, à Jean Drapeau, le légendaire maire de Montréal. Cependant, ce sont le premier ministre John Diefenbaker et Sarto Fournier, maire de Montréal en 1962 entre deux mandats de Jean Drapeau, qui ont obtenu l'exposition, et qui ont appuyé la candidature de Montréal après que Moscou eut retiré la sienne.
Un autre succès mondial est né au moment d'une célébration nationale. En 1984, à l'occasion du 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier, la province cherchait à créer un événement qui toucherait tous les Québécois. Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil, a convaincu les organisateurs que la meilleure façon serait d'organiser une tournée provinciale de sa troupe, composée d'équilibristes, de jongleurs, de danseurs, de cracheurs de feu et de musiciens.
Cet événement a été lancé par Gilles Ste-Croix dans la petite ville de Baie-Saint-Paul, sur les rives du Saint-Laurent, et n'a pas cessé depuis. Je crois qu'il est possible de mesurer les répercussions des célébrations d'un centenaire.
J'ai parlé avec Daniel Gélinas, directeur général du Festival d'été de Québec. Il m'a dit qu'il avait un message pour vous lorsque je lui ai dit que je vous rencontrais aujourd'hui. Il vous suggère de vous servir des plateformes existantes, comme des festivals, petits et grands, qui animent les villes de notre pays.
Si je peux me permettre quelques mots sur Juste pour rire — pour faire un peu d'autopromotion —, Gilbert Rozon a eu cette idée folle en 1982. Créateur dans l'âme, il s'est rendu compte que tous les principaux arts de la scène, sauf l'humour, avaient leur festival. Les festivals Juste pour rire ont vu le jour le 14 juillet 1983: 16 artistes francophones ont présenté 35 spectacles dans quatre salles de Montréal. Environ 5 000 personnes ont vu ces spectacles, avec les galas à la télévision.
En 1985, nous avons ajouté Just For Laughs. En 1988, nous avons ajouté des activités extérieures. Aujourd'hui, le Festival Juste pour rire de Montréal, présenté par Videotron avec le concours de Loto-Québec, est un des plus grands événements culturels au pays, en plus d'être le plus grand festival d'humour du monde. Il attire plus de 1 250 000 personnes chaque été à Montréal.
Plus récemment, ce qui distingue les Jeux olympiques de 2010, je crois, c'est l'adhésion et la participation de la population canadienne. La fierté nationale ainsi créée ressemblait à un puissant courant électrique, à un champ magnétique qui a parcouru le pays et qui a uni la nation pour célébrer la tenue des jeux et accueillir le monde. Le nombre record de médailles d'or que nous avons récoltées a été l'accomplissement ultime.
Le relais de la flamme a allumé l'esprit olympique dans toutes les régions du pays et a permis aux citoyens canadiens de s'approprier cet événement excitant. Grâce à l'Olympiade culturelle et aux pavillons des provinces, les Jeux olympiques ont mis en vedette le peuple canadien dans ce qu'il a de plus beau, malgré les différences. Ils ont créé une expérience pancanadienne qui a charmé les visiteurs et qui a inspiré les citoyens d'un océan à l'autre.
Les jeux de 2010 ont laissé en héritage des installations à la fine pointe de la technologie, mais, encore plus important, un sentiment d'appartenance et une fierté qui ont rassemblé notre peuple et lui ont donné le sentiment que tout était encore possible. Le 150e anniversaire doit raviver cette flamme qui brûle toujours dans le coeur des Canadiens et des Canadiennes et leur donner le goût de célébrer le sesquicentenaire — il fallait que je le dise au moins une fois. Disons plutôt le 150e. Il s'agit de célébrer nos réalisations passées et les innombrables possibilités qui s'offrent à nous.
Moses Znaimer, pionnier et innovateur reconnu, certains diraient même illustre, dans le milieu des médias, a déjà dit que le concept des Jeux olympiques était dépassé. Selon lui, plutôt que d'avoir d'immenses projets d'infrastructure et une concentration de compétitions sportives dans une seule ville, en cette ère de mondialisation — et c'était avant l'explosion d'Internet —, pourquoi ne tiendrait-on pas plutôt une grande manifestation dans chaque grande ville du monde? Ça serait différent en raison des fuseaux horaires, et chaque pays pourrait accueillir une manifestation particulière. Vous pourriez peut-être vous inspirer de cette vision pour la planification du 150e anniversaire.
Même en cette ère de messages instantanés et de billets sur Twitter, une initiative d'envergure nationale demande du temps pour grandir et des racines pour se propager. Vancouver 2010 est un exemple à suivre quant à l'information graduelle des citoyens, à la conception des célébrations et à leur mise en oeuvre.
Internet 2.0 nous a initiés au contenu généré par les consommateurs. La scène et l'écran ont évolué depuis 1967. Il existe aujourd'hui encore plus de plateformes pour nous divertir, nous informer et nous éduquer au travail, à la maison et partout, ou presque, où nos posons les yeux ou tendons l'oreille.
Pour planifier et concevoir le 150e anniversaire, il faut connaître l'opinion des citoyens canadiens. Il est important de mettre à contribution les organisations existantes et d'assurer l'uniformité de la marque et du message sur toutes les plateformes. Il ne faut surtout pas oublier les institutions comme Radio-Canada, l'Office national du film et le Centre national des Arts, qui ont participé et énormément contribué aux manifestations de ce genre dans le passé.
Les grands festivals et salons canadiens sont parmi les meilleurs du monde, et leur programmation met en valeur ce que le Canada et le monde ont de meilleur à offrir. Ces événements qui se déroulent partout au pays célèbrent tous les aspects de la culture canadienne, des beaux arts à la tragédie en passant par la comédie, de la culture à l'agriculture — qui ont plus en commun qu'on pourrait le croire — en passant par le sport. Ce réseau de manifestations d'envergure mondiale devrait être mis à profit pour les fêtes du 150e anniversaire, pour servir de vitrine aux réalisations et aux talents canadiens.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur Moore, pour cette invitation.
[Français]
Messieurs et mesdames les députés,
[Traduction]
Je ferai ma déclaration en français. Je présenterai une brève introduction en anglais, mais je passerai ensuite au français.
L'an dernier, Pointe-à-Callière, en collaboration avec la ville de Montréal et le gouvernement du Québec, a réalisé d'importantes fouilles archéologiques dans le Vieux-Montréal, sur le site du marché Sainte-Anne, où était situé le Parlement du Canada-Uni de 1832 à 1849. Ces fouilles ont non seulement permis de mettre au jour un site important et ses vestiges, elles ont aussi fait revivre une page importante de l'histoire du Canada, page qui, étonnamment, n'était connue que de très peu de gens à Montréal, bien entendu, au Québec et au Canada.
Aujourd'hui, notre objectif est de nous assurer que ce site ne sera plus jamais oublié.
[Français]
Pointe-à-Callière est un musée d'archéologie et d'histoire inauguré en 1992, à l'occasion du 350e anniversaire de Montréal. Il s'agit donc d'un musée de commémoration érigé sur le lieu de fondation de la ville.
Le musée forme un complexe qui regroupe cinq sites historiques reconnus d'importance nationale par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. C'est le seul grand musée d'archéologie au Canada.
Pointe-à-Callière accueille entre 350 000 et 400 000 visiteurs par année. Il a une image positive dans les médias. Il s'est mérité 80 prix d'excellence dont une douzaine sur le plan international. Malgré sa jeunesse, il a déjà une reconnaissance publique.
Le musée a également une certaine expérience en organisation d'événements commémoratifs.
[Traduction]
Je vais prendre comme exemple la grande paix de Montréal, qu'on a célébrée en 2001. C'était le 300e anniversaire de la signature d'un traité de paix entre les Français et leurs alliés autochtones. L'événement a attiré 2,5 millions de visiteurs à Montréal cet été-là. Nous avons aussi reçu la visite des jeunes ambassadeurs, notamment grâce au jumelage d'écoles de Montréal et d'écoles cries du Nord. Ils ont été invités à passer une fin de semaine à Montréal durant les célébrations. Nous avons donc une certaine expérience dans l'organisation d'événements commémoratifs.
[Français]
Je suis ici pour vous présenter un grand projet amorcé par Pointe-à-Callière dans le Vieux-Montréal, soit la création de la Cité de l'archéologie et de l'histoire, un vaste complexe qui regroupera une dizaine de lieux historiques et patrimoniaux.
La première phase de ce projet est d'ailleurs déjà en construction, avec l'aménagement de la Maison-des-Marins, où se trouveront de nouveaux espaces publics, des expositions et des espaces éducatifs. Ce sera prêt en 2012.
Ce qui nous intéresse est la deuxième phase, prévue d'ici 2017. Cela s'inscrit dans le contexte du 375e anniversaire de la fondation de Montréal et du 150e anniversaire de la Confédération.
L'une des composantes majeures de ce projet est le site du parlement du Canada-Uni. Il s'agit d'un vaste site archéologique d'importance nationale, où se trouvent les fondations encore intactes d'un bâtiment de plus de 100 mètres de long, de même que les riches niveaux d'occupation qui nous permettent de reconstituer l'histoire du site.
Ce bâtiment a d'abord été construit pour abriter un marché, en 1832. Il a été converti en parlement en 1844, alors que Montréal est devenue la capitale du Canada, de la Province du Canada, ou Canada-Uni. C'est devenu le premier site du parlement permanent au Canada. Ce bâtiment possédait la caractéristique tout à fait unique d'avoir été construit au-dessus d'une rivière canalisée en pierre, qui faisait partie intégrante de ce monument. Tout cela est encore intact sous la surface. Le parlement est localisé dans le Vieux-Montréal, à la place d'Youville, en face de l'Agence des services frontaliers du Canada. Certains d'entre vous connaissent peut-être ce bâtiment, puisque c'est celui où logent les ministres lors de leurs séjours à Montréal.
La Ville de Montréal a investi près de 1,5 million de dollars pour y réaliser la première phase de fouilles archéologiques, l'été dernier. D'ailleurs, nous complétons en ce moment la fermeture du chantier en prévision de l'hiver. L'objectif était d'en mesurer l'importance et l'intégrité, et de mieux connaître son potentiel pour sa mise en valeur. Les résultats de ces travaux dépassent nos attentes. Des dizaines de milliers d'artefacts ont été mis à jour, et les fondations du bâtiment ont été retrouvées intactes, en excellent état de conservation, sur une profondeur de cinq mètres.
Ces fouilles archéologiques ont suscité la participation de milliers de visiteurs, et elles ont généré au moins 250 reportages pancanadiens très positifs, notamment à l'émission Découverte de Radio-Canada.
Dans la pochette qui vous a été distribuée, vous trouverez un échantillonnage des reportages qui ont été diffusés tout au long de l'été. Je vais vous avouer qu'on n'a pas eu à faire beaucoup d'efforts. Il y a eu un achalandage de journalistes extrêmement surprenant tout au long de l'été, ce qui nous a ravi, bien sûr. On a été surpris d'une telle popularité.
Le projet a même suscité l'intérêt sur la Colline du Parlement à Ottawa, relativement aux archives des lois conservées au Sénat. Pour la petite histoire, précisons qu'à notre connaissance, une seule loi, datée d'avril 1849, a échappé aux flammes qui ont détruit ce bâtiment le soir du 25 avril 1849. Ce document, cette loi se trouve actuellement aux archives du Sénat; j'ai pu la voir.
Les archéologues ont jusqu'à maintenant retrouvé, dans les niveaux de débris de l'incendie, quelques fragments de documents en papier dans un état malheureusement très fragmentaire. La voûte qui abritait au sous-sol les documents officiels n'a pas encore été localisée ni fouillée, ce qui nous permet d'espérer pour l'avenir. Des milliers d'autres objets moins périssables ont été recueillis; ils documentent et évoquent des aspects de la vie parlementaire et de la société canadienne de cette époque. Certains objets sont mêmes assez touchants.
Je vous ai apporté, en primeur, un artefact intéressant qui a été retrouvé sur le site. On pourra peut-être l'examiner pendant la période des questions. Je vais quand même vous en donner un aperçu. Ce sont des lunettes qui ont été retrouvées dans les débris de l'incendie. Quand l'incendie s'est déclaré, les députés siégeaient encore, ce soir-là, au parlement. Il y a eu une évacuation rapide. Par quel hasard ces lunettes se sont-elles retrouvées dans les débris et ont-elles été retrouvées intactes?
Étant moi-même archéologue, je sais que dans ce métier, on aime bien se raconter des histoires. On pourrait même imaginer qu'elles appartenaient à un député ayant quitté l'édifice pendant la bousculade. On pourrait s'en raconter bien d'autres. Par contre, certaines histoires sont vraies et documentées.
Comme vous le savez, nous allons célébrer le 150e anniversaire de la Confédération en 2017 ainsi que le 375e anniversaire de Montréal. Ce sont des circonstances intéressantes. Bien sûr, étant donné que le musée Pointe-à-Callière est né au moment du 350e anniversaire de Montréal, nous allons aussi fêter son 25e anniversaire. Alors en quoi consiste ce projet prévu pour 2017?
Il fait partie d'un complexe archéologique et historique majeur qui comprend trois sites distincts, dont le site du parlement et la canalisation en pierre de la petite rivière, qui est un véritable joyau d'ingénierie civile. Elle date de la première moitié du XIXe siècle. On peut entrer dans le collecteur et y marcher. Cette voûte en pierre est extraordinaire. Dans toute l'Amérique du Nord, c'est probablement la canalisation souterraine en pierre la plus ancienne. Les Canadiens peuvent vraiment en être fiers. Étant donné qu'elle n'est pas ouverte au public, elle n'est pas connue, mais notre objectif est de la rendre accessible à la population. Enfin, il y aura une nouvelle salle d'exposition sous l'édifice des Douanes du gouvernement du Canada. Nous sommes déjà en communication avec les gens de Travaux publics Canada pour ce qui est de l'utilisation de ce lieu.
Quelle est l'importance du site du parlement de Montréal? C'est un symbole majeur dans l'histoire canadienne. En 1848, c'est là que fut votée la loi relative au gouvernement responsable. Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin étaient alors au pouvoir. Cette loi a été sanctionnée par le gouverneur général de l'époque, Lord Elgin. D'autres lois importantes y ont également été votées. Mentionnons également que des Pères de la Confédération ont siégé à ce parlement de Montréal, notamment John A. Macdonald, George-Étienne Cartier et Alexander Galt.
Ce projet prévu pour 2017 se veut rassembleur. Il a la capacité de rejoindre toutes les Canadiennes et tous les Canadiens. Il est aussi identitaire, car il touche cette corde sensible qu'est l'accord des peuples entre eux. Nous avons beaucoup à retenir de cette période de notre histoire. Il souligne également de façon tangible un élément fondateur de la démocratie canadienne. Ce projet est porteur de valeurs canadiennes qu'il est important de partager et de transmettre aux générations aussi bien actuelles que futures. Ces valeurs sont la démocratie, le respect et la liberté. Nous sommes convaincus qu'en raison de son importance et de son rayonnement, le site du parlement de Montréal deviendra également un site touristique majeur.
En conclusion, nous recommandons que ce projet devienne le legs patrimonial du Canada à l'occasion des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération. Le fait que cela coïncide avec le 375e anniversaire de Montréal permettra de conjuguer deux commémorations importantes. Très peu de villes ont le privilège de connaître leur lieu de fondation, d'avoir conservé des traces physiques de toutes les époques de leur histoire et, surtout, d'avoir la capacité de les rendre accessibles à la population canadienne.
Nous avons la chance extraordinaire d'avoir accès à un lieu symbolique fort et rassembleur qui est toujours intact sous la surface et qui, bien que méconnu jusqu'à tout récemment, suscite déjà énormément d'intérêt dans les médias et le public. Nous avons besoin de votre appui pour faire en sorte que ce lieu ne tombe pas de nouveau dans l'oubli. Étant donné qu'on parle d'oubli et de mémoire, je voudrais vous raconter une petite histoire.
L'année dernière, quand on a annoncé le projet de fouilles archéologiques sur le site du parlement, un collectionneur est venu nous rencontrer et nous a offert un objet extraordinaire.
[Traduction]
Je ferai de mon mieux pour rendre l'émotion qui s'est emparée de nous à ce moment-là. Cet objet serait les armoiries royales du Royaume-Uni et proviendrait du bâtiment qui a abrité le Parlement de Montréal au XIXe siècle. Un collectionneur a acheté cet objet dans un salon d'antiquaires dans l'État de New York il y a 15 ou 20 ans.
Il a acheté cet objet parce qu'il le trouvait intéressant. Le vendeur lui avait dit que l'objet provenait du parlement de Montréal. L'homme n'avait pas cru cette histoire, mais comme il trouvait l'objet intéressant, il l'a acheté et l'a suspendu dans le salon de son appartement, à New York. Lorsqu'il a lu l'article paru dans The Globe and Mail, l'an dernier, il a réalisé que le vendeur avait peut-être dit vrai. Il est venu à Pointe-à-Callière nous offrir les armoiries. Il nous a demandé de vérifier si l'histoire était vraie.
Comme vous pourrez le lire dans les documents que je vous ai remis, j'ai été très étonnée et fascinée de constater que cet objet se trouvait dans la chambre d'Assemblée, l'équivalent de la Chambre des communes aujourd'hui. Il était suspendu au-dessus du siège du président. Personne ne savait que cet objet avait été sauvé. On croyait que seul le portait de la reine Victoria, qui se trouve maintenant dans la chambre du Sénat au Parlement, à Ottawa, avait été sauvé de l'incendie dans lequel ont brûlé quelque 20 000 livres.
Nous savons maintenant que cet objet existe. Vous trouverez une photo dans les documents qu'on vous a remis. C'est un objet assez gros, et il doit être remis en état. Il a été abîmé durant les événements du XIXe siècle et les années obscures qui ont suivi son retrait du parlement. Maintenant, il est sorti de l'ombre. J'ai choisi ce projet parce qu'il s'agit d'un projet important et chargé d'émotion.
Je vous remercie de votre attention.
:
À Juste pour rire, nous utilisons divers moyens pour ce faire. Nous avons un réseau de recrutement mondial dont le Canada fait partie. Nous avons des représentants, qui travaillent pour la plupart à temps partiel, des personnes de l'industrie du divertissement et d'autres industries qui ont un intérêt, un amour ou une passion pour la comédie. Vous pourriez faire de même. Le Cirque du Soleil fait la même chose pour le cirque. Il se rend en Mongolie, dans les mines de la Russie, où ils ont trouvé beaucoup d'artistes. Il y a un réseau officiel de recrutement mondial qui peut être en quelque sorte reproduit pour tous les arts.
Aussi, comme nous travaillons dans l'industrie du divertissement, comme vous l'avez dit à propos du succès mondial de Gags, nous avons en français ce qu'on appelle En route vers mon premier gala, une sorte de « premier spectacle solo ». Nous essayons d'intégrer des événements précis dans notre plateforme d'émissions de télévision, de médias et de spectacles. Parfois, ils sont réalisés par un diffuseur différent, un diffuseur affilié, plus petit, ce qui nous sert de moyen pour joindre les jeunes et les amener à participer, et ce, durant toute l'année.
Les gens pensaient que nous étions fous quand nous avons proposé de fonder une école de l'humour. Pourtant, on avait dit la même chose pour les beaux-arts quelques centaines d'années auparavant, et la même chose pour la télévision et la radio il y a 50 ans. Les gens disaient que ça ne s'enseignait pas, qu'il fallait être un génie ou avoir un talent naturel, que c'était inné, et qu'on ne pouvait pas l'enseigner. Mais on peut enseigner la comédie de la même façon qu'on enseigne la sculpture, la peinture, etc., et ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas être un excellent artiste sans passer par ce processus.
Je pense qu'il y a des sentiers formels, certains sans aucun doute liés aux médias, et que la même chose existe aujourd'hui pour le contenu généré par l'utilisateur, qui est un sentier moins formel, plus spontané, moins organisé. Je dirais donc que, dans cette optique, si on prend seulement notre domaine et le domaine des arts, on pourrait réaliser de nombreux projets.
La Ligue nationale d'improvisation est un autre exemple du Québec. Cette ligue a été fondée par un groupe de comédiens qui voulaient faire de l'improvisation à partir de... Je ne sais pas si vous connaissez ça. Ça se déroule sur une petite patinoire de hockey, avec un arbitre et différents types d'improvisation chronométrés: un joueur, deux joueurs et toute l'équipe. Eh bien, le mouvement s'est répandu dans les écoles secondaires, les cégeps et les universités, et c'est devenu un phénomène d'envergure mondiale, avec un tournoi national.
Donc, je pense que certaines idées, qui ne semblent être que le noyau d'un phénomène local qui a pris naissance sur le Plateau Mont-Royal, au Québec, peuvent devenir des phénomènes qui s'intègrent verticalement et horizontalement dans le système d'éducation et dans la société.