:
Merci, monsieur le président. Je remercie aussi mes collègues.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour discuter du projet de loi , la Loi sur le Musée canadien de l’histoire, et de répondre à vos questions sur ce projet de loi. Je suis accompagné de M. Daniel Jean, sous-ministre au ministère du Patrimoine canadien, et de M. Hubert Lussier, sous-ministre adjoint, Citoyenneté et patrimoine.
Je serai concis afin de garder le plus temps possible pour la discussion avec vous et pour répondre à vos questions sur ce projet de loi.
[Traduction]
Le projet de loi est très court, et il est, bien sûr, facile à lire. Il énonce très simplement et très clairement la mission du Musée canadien de l'histoire proposé. Cette mission est formulée en ces termes:
Le Musée canadien de l'histoire a pour mission d'accroître la connaissance, la compréhension et le degré d'appréciation des Canadiens à l'égard d'événements, d'expériences, de personnes et d'objets qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes, qu'ils ont façonnées, ainsi que de les sensibiliser à l'histoire du monde et aux autres cultures.
C'est ce qu'on peut lire dans le projet de loi. Il n'y a pas de tendance idéologique sous-jacente. En fait, c'est plutôt direct.
[Français]
En 2017, nous célébrerons le 150e anniversaire du Canada. Nous aurons alors une occasion en or de célébrer tout ce que le Canada a accompli, de faire une rétrospective des 150 ans de notre histoire, d'être reconnaissants de notre passé et de nous tourner vers les 150 prochaines années du Canada.
[Traduction]
Aujourd'hui, malheureusement, toute une génération de Canadiens ignore une bonne partie de l'histoire du pays. C'est la vérité. Grâce au Musée canadien de l'histoire, nous allons commencer à bâtir l'infrastructure nationale dont notre pays a, selon moi, si cruellement besoin pour que nous puissions nous raconter nos récits les uns aux autres de manière à ce que les Canadiens puissent mieux comprendre leurs histoires locales et leur histoire commune.
Je suis d'avis que nous avons eu un débat constructif à propos du projet de loi à la Chambre des communes. Quelques députés ont soulevé des préoccupations à propos des effets que pourrait avoir ce musée, et je tiens simplement à répliquer à celles qui ont été soulevées par M. Simms et M. Nantel.
Tout d'abord, en ce qui concerne plus particulièrement la préoccupation selon laquelle le gouvernement, le ministre responsable ou, en fait, tout parlementaire pourrait s'ingérer dans les activités du musée, permettez-moi de citer la Loi sur les musées. Ce texte législatif est très clair. L'article 27 énonce sans détour le principe de l'indépendance de tous les musées du pays, y compris celui qui nous occupe. Ce principe est formulé de la manière suivante: « Ne s’appliquent pas aux musées, en matière d’activités culturelles, les instructions pouvant être données [...], notamment en ce qui concerne [...] leurs activités et programmes à l’intention du public, notamment les expositions et les publications [... et] la recherche ».
L'article 27 de la Loi sur les musées est très clair — il est direct, et il réfute toute fausse accusation selon laquelle le projet de loi ou la création du musée représente d'une manière ou d'une autre une politisation de l'histoire canadienne, vu qu'il s'agit d'une disposition législative.
[Français]
En fait, je suis heureux de voir le soutien non partisan et généralisé que ce projet de loi a reçu de la part d'historiens et d'associations d'histoire de chaque région du pays.
[Traduction]
Je tiens à signaler que je suis très heureux du vaste soutien qu'a reçu la proposition de créer le Musée canadien de l'histoire. Bien entendu, comme je l'ai dit à la Chambre des communes à M. Simms, aucune proposition n'est jamais appuyée à l'unanimité.
Je me rappelle le débat qu'avait suscité la décision du Parti libéral de créer, durant une période de récession, le Musée canadien de la guerre. Cette décision avait été très controversée, mais il se trouve que, aujourd'hui, ce musée est l'un des fleurons du réseau de musées du pays. Ses seuls équivalents dans le monde sont le Musée de l'Armée, situé dans l'Hôtel des Invalides de Paris, et le Musée impérial de la Guerre, qui se trouve à Londres. Il s'agit d'un musée fantastique qui suscite, d'après moi, l'adhésion de l'ensemble des Canadiens de tous les horizons idéologiques.
Le lancement du Musée canadien de la guerre s'est assorti d'un très grand nombre de difficultés. J'estime qu'il est important de garder cela présent à l'esprit au moment d'examiner la proposition de créer le Musée canadien de l'histoire et les commentaires positifs formulés par un vaste éventail de personnes. La création du musée a été saluée, par exemple, par Douglas Cardinal, architecte du Musée canadien des civilisations, par Jim Watson, maire d'Ottawa, et par M. Bureau, maire de Gatineau.
Le projet a également reçu l'appui d'historiens renommés de toutes les régions du pays, y compris l'historien et auteur primé Michael Bliss, qui, à propos du projet de loi, a déclaré ce qui suit:
C'est très excitant de penser que le plus important musée canadien se consacrera désormais à l'histoire du Canada. Je tiens à remercier le gouvernement du Canada d'avoir lancé ce projet.
Jack Granatstein, qui est, bien entendu, l'ancien président du Musée canadien des civilisations, a soutenu le projet de loi et la création du musée en ces termes:
Cette mesure — la création du Musée canadien de l'histoire — est exactement ce qu'il fallait faire. Je suis ravi de voir le gouvernement et le musée aller de l'avant.
John McAvity, qui se présentera cet après-midi devant le comité, appuie également la création du musée puisqu'il reconnaît la valeur de cette vaste institution nationale que représentera le plus important musée du Canada, de même que l'utilité de la création d'un réseau pancanadien de musées grâce auquel on pourra enseigner l'histoire du pays et diffuser de l'information à ce sujet, et qui permettra aux musées de mettre en commun leurs ressources et leurs collections et d'échanger entre eux des objets à l'échelle du pays.
Le projet sera bénéfique non seulement pour cette grande institution de la capitale nationale, mais également pour tous les musées du pays, qui pourraient établir des partenariats officiels avec le musée et accéder ainsi à sa collection de quelque 3,5 millions d'articles, dont plus de 90 p. 100 sont entreposés et auxquels aucun Canadien n'a actuellement accès.
L'institut Historica-Dominion, qui — je le souligne au passage —, grâce aux activités qu'elle mène auprès des enfants de toutes les régions du Canada, est l'une des grandes organisations du pays, reconnaît également la valeur du projet. L'Association des musées de l'Ontario — qui, soit dit en passant, compte en ses rangs d'importants historiens qui ne sont pas d'allégeance conservatrice et qui m'adresseraient probablement des réprimandes si je laissais entendre que cela puisse être le cas — a également fait savoir qu'elle soutenait le projet.
Par exemple, comme je l'ai mentionné à la Chambre des communes, John English, ancien député libéral et biographe de Pierre Trudeau, et Richard Gwyn, biographe de John A. Macdonald et de Pierre Trudeau, ont apporté leur soutien au projet de loi et félicité le gouvernement d'avoir pris cette initiative.
Deborah Morrison, qui dirige la Société d'histoire nationale du Canada, a déclaré: « Le potentiel de ce musée à établir un réseau national pour mettre en valeur notre histoire est fascinant. Le moment est venu d'aller de l'avant. »
Je suis d'accord avec elle. Je dois dire également que j'ai été ravi, au moment où nous avons tenu le vote en deuxième lecture à la Chambre des communes, d'entendre l'un de nos collègues, le député indépendant de Thunder Bay, de même qu'Elizabeth May, chef du Parti Vert, déclarer qu'ils soutenaient le projet de loi. Ils l'ont appuyé, comme l'a fait le Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique.
De plus, je suis heureux de dire que, la fin de semaine dernière, j'ai prononcé un discours à la réunion nationale de la Fédération canadienne des municipalités, à Vancouver. Durant l'heure de dîner, j'ai présenté le projet à plus de 1 000 délégués, et il a été bien reçu par tous — aucune protestation n'a été formulée. Avant mon discours, j'avais rencontré en privé le conseil d'administration de la Fédération, et les maires de toutes les régions du pays qui le composent, notamment M. Nenshi, maire de Calgary, et Gregor Robertson, maire de Vancouver et ancien député de l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique, qui est conscient de la grande valeur de ce projet et de ce qu'il pourrait représenter pour la ville qu'il dirige et, en fait, l'ensemble du pays; ils ont unanimement apporté leur soutien à la création du musée.
Il s'agit d'un projet qui s'inscrit dans une série d'initiatives que nous avons lancées en vue du 150e anniversaire du Canada, que nous célébrerons en 2017. Il a reçu un vaste soutien des Canadiens de toute allégeance idéologique et de tous les horizons — de même que des Canadiens qui ne se réclament d'aucune idéologie, mais qui sont simplement passionnés par l'enseignement et l'apprentissage de l'histoire du Canada et qui croient que les Canadiens méritent d'avoir leur propre Smithsonian, qu'ils méritent de posséder un grand musée national dont ils seront incroyablement fiers. Auparavant, ce rôle était joué par le Musée canadien des civilisations, mais le Musée canadien de l'histoire nous permettra d'aller beaucoup plus loin, dans la mesure où il nous permettra de relier entre elles l'ensemble des institutions du pays au moment où nous nous apprêtons à célébrer le 150e anniversaire du Canada et les récits fantastiques qui ont jalonné son histoire.
Bon nombre d'entre vous étaient présents à la Chambre des communes lorsque j'ai fourni des précisions concernant les réformes que nous proposons. Une somme de 25 millions de dollars sera consacrée à des travaux visant à apporter des modifications sur la moitié de la surface du musée actuel. Le Musée des enfants, qui se trouve à l'intérieur du musée en tant que tel, demeurera tel quel. La salle du Canada, située à l'arrière du musée, sera rénovée. La spectaculaire exposition sur les Premières Nations, qui s'est vu décerner des prix, demeurera elle aussi telle quelle.
Si nous apportons des modifications, c'est également parce que ce qui est présenté dans le musée n'a pas été renouvelé depuis près de 20 ans. En fait, les Autochtones du pays ne sont pratiquement pas représentés dans la salle du Canada, qui doit donc être mise à jour et améliorée.
Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Nous célébrerons bientôt le 150e anniversaire du pays. Nous avons de merveilleux récits à raconter. Je crois que nous devons leur faire honneur.
J'aimerais terminer en disant à mes collègues que je comprends que le projet puisse soulever quelques préoccupations. Vous avez peut-être l'impression que je vous demande de faire un acte de foi. Toutefois, je suis ici pour vous dire que ce projet a reçu un vaste soutien à l'échelle du pays — les votes que nous avons tenus au Parlement et les commentaires formulés publiquement par des gens qui souscrivent au projet parlent d'eux-mêmes. Il est temps que nous commencions à viser haut et à ne plus nous contenter des initiatives prévisibles. Il est temps que nous disposions de grandes institutions nationales qui nous unissent.
Comme je l'ai dit à Scott, ce sont ces moments où nous faisons des grandes choses qui restent gravés dans notre mémoire. Je vous dirai ceci: au cours de l'histoire du Canada, ce que le NPD a fait de mieux, c'est de soutenir les projets d'envergure nationale qui, selon ses membres, feraient sentir leurs effets à l'échelle du pays, par exemple le régime d'assurance santé. Il s'agissait d'une idée d'envergure nationale, d'une idée bénéfique pour l'ensemble du pays, et le NPD a délaissé la partisanerie pour s'en faire le promoteur et tenter d'amener les gens à la soutenir. Bien entendu, ce régime a été instauré par un gouvernement du Parti libéral, mais il s'agissait d'une idée d'envergure nationale, et les autres partis ont collaboré à sa concrétisation parce qu'il s'agissait d'une chose en laquelle ils croyaient.
Ce que j'ai dit vaut également pour le Parti libéral. Il a lui aussi lancé des projets et des initiatives d'envergure nationale. Des gouvernements du Parti conservateur l'ont également fait dans le passé. À mes yeux, de pair avec d'autres institutions du pays, ce musée s'inscrit dans la suite logique de ce que nous tentons de faire, à savoir de renforcer les liens qui nous unissent à l'échelle du pays.
Vu sa superficie, le Canada vient au deuxième rang des pays du monde, mais il se classe au 34e rang mondial pour ce qui est de la taille de sa population. Qu'est-ce qui unit tous les Canadiens? La langue, les arts, la culture, un sentiment commun à l'égard de l'histoire, la compréhension que nous avons les uns des autres, une compréhension de nos griefs réciproques, des difficultés que nous avons éprouvées dans le passé et de ce que nous avons fait pour les surmonter, une compréhension du fait que nous allons continuer à faire face à des difficultés et le fait de partager un sentiment d'identité.
Dans un pays vaste comme le nôtre, nous sommes parvenus à surmonter les divisions qui ont marqué notre histoire — Anglais et Français, Est et Ouest, Nord et Sud, Autochtones et non-Autochtones, syndicats et entreprises et, jadis, protestants et catholiques — parce que nous avons, au fil du temps, acquis une meilleure compréhension de ce que nous pouvons accomplir.
Le gouvernement ira de l'avant avec le projet en question, dont il est très fier. Je remercie infiniment et sincèrement les personnes de toutes les régions du pays et de toute allégeance politique et idéologique qui ont manifesté leur adhésion et apporté leur soutien à cette initiative. J'enjoins à mes collègues du comité et à tous les députés qui siègent à la Chambre des communes d'adopter ce point de vue. C'est de cette façon que j'ai présenté ce projet.
Mes collègues savent que je leur ai présenté le projet de loi et que j'en ai discuté avec eux. J'ai discuté avec le critique du NPD en matière de patrimoine avant de déposer le projet de loi. Je lui ai parlé de cette idée. Je lui ai montré le texte législatif. Je lui ai parlé de ce que nous entendions faire. J'ai également présenté le projet de loi au critique du Parti libéral et à Elizabeth May, chef du Parti Vert et députée à la Chambre des communes. Il s'agit de l'une des raisons pour lesquelles elle appuie le projet de loi. Je veux collaborer avec d'autres parlementaires pour faire les choses comme il faut.
Sur ce, monsieur le président, je cède la parole à mes collègues pour qu'ils puissent me poser des questions à propos du projet. Je vous exhorte tous à y réfléchir sérieusement, à soutenir cette institution et à appuyer l'initiative visant à créer un réseau pancanadien de grands établissements voués à l'histoire qui renforceront l'unité de notre pays et qui feront de nous des personnes mieux éduquées et mieux à même de comprendre notre passé, de manière à ce que nous puissions demeurer unis dans l'avenir.
Merci.
:
Si vous le permettez, je vais me concentrer sur le fond de la question. Comme mes collègues le savent, dans le cadre du Budget de 2012, nous avons lancé le PARD, le Plan d'action pour la réduction du déficit, qui a pour but de réduire les dépenses du gouvernement de manière à ce qu'il puisse présenter un budget équilibré en 2015.
Au sein du ministère du Patrimoine canadien — troisième ministère en importance du gouvernement du Canada eu égard non pas à son budget, mais à l'ampleur de son domaine d'activités —, nous avons dû prendre un certain nombre de décisions — quelques-unes ont été difficiles à prendre, et d'autres allaient davantage de soi — afin de réduire notre budget et d'apporter notre contribution à l'atteinte d'un budget équilibré.
Nous avons décidé de préserver l'intégrité du financement du Conseil des arts du Canada. Comme tous les membres du comité le savent probablement, il s'agit de l'une des sociétés d'État les plus respectées des artistes de toutes les régions du pays, et l'une des plus importantes sur le plan du soutien à la culture.
Nous avons également décidé, par exemple, de réduire le financement octroyé à la SRC.
En outre, nous avons décidé de n'effectuer aucune compression dans le budget de l'un ou l'autre de nos musées nationaux. Cette décision s'explique par de multiples raisons. L'une d'entre elles tient au fait que le Musée canadien pour les droits de la personne est en train d'être construit à Winnipeg. Il y a eu quelques difficultés, mais sur le plan financier, les choses se passent bien. Le budget de construction est de 351 millions de dollars, et le budget de fonctionnement, de 21 millions de dollars par année. Comme ce musée est toujours en cours de construction, il aurait été insensé, selon moi, de réduire le financement que nous lui versons, et dont les travaux de construction dépendent en partie.
Dans le même ordre d'idées, le Musée canadien de l'immigration du Quai 21, à Halifax, bien sûr, est en train d'être établi. Il est tout juste en train de prendre son envol, et il envisage une expansion, de sorte que nous ne toucherons pas non plus à son budget.
Il y a aussi le Musée canadien des civilisations, que nous avons eu l'idée de transformer en Musée canadien de l'histoire. Nous ne voulions pas réduire le budget prévu pour ce musée parce que nous tenions à ce que le projet puisse être lancé et aller de l'avant.
Je suis certain que les partis d'opposition ont un certain nombre de raisons d'appuyer ou non le budget du gouvernement et les éléments qui le composent. Cela dit, en ce qui concerne plus précisément les musées, je vous dirai que nous avons tout mis en oeuvre pour les protéger, ce qui suppose, soit dit en passant, que nous avons peut-être dû réduire nos dépenses à d'autres égards, ce qui était plus lourd de conséquences pour ces établissements.
Cependant, j'estime que nous possédons quelques-uns des plus beaux et des plus grands musées du pays. Nous voulons nous assurer que le lancement du Musée canadien pour les droits de la personne sera grandiose, et faire en sorte que cet établissement soit merveilleux non seulement pour Winnipeg, au Manitoba, mais pour l'ensemble du pays.
Nous voulons faire en sorte que le Musée de l'immigration du Quai 21 rayonne non seulement à Halifax, mais à l'échelle du pays.
De même, nous voulons que le Musée canadien de l'histoire dispose d'un financement approprié de manière à ce qu'il puisse être une réussite pour tous les Canadiens.
:
Oui. Il s'agit d'un élément important, que nous avons également envisagé. Nous voulons non seulement que les musées régionaux soient en mesure de présenter des objets appartenant au musée national, mais également qu'ils puissent présenter leurs objets dans d'autres régions du pays ou au musée national.
Ainsi, les partenariats visent à permettre aux musées locaux de présenter des objets du musée national, mais aussi à permettre aux objets appartenant aux musées locaux d'être exposés au musée national ou dans d'autres musées du pays.
J'ai eu le privilège — et je vous assure qu'il s'agit d'un immense privilège — de visiter toutes sortes de musées au Canada. Il y en a des milliers, je peux vous le dire. Je les ai visités de fond en comble, même si, parfois, un immense ennui peut se lire sur le visage de mon épouse, et même si le temps que j'aime passer dans les musées exaspère quelques-unes des personnes qui m'accompagnent. Toutefois, la vérité, c'est que les musées du pays renferment de véritables merveilles. Il y a d'extraordinaires récits qui doivent être racontés.
Je pense avoir parlé au comité de l'un des éléments qui ont fait naître en moi l'idée de créer un réseau unissant tous nos musées. Cette idée m'est venue pendant une visite du musée de Midway, en Colombie-Britannique.
Je ne sais pas si certains d'entre vous sont déjà allés à Midway. Il s'agit d'une très petite ville. Son nom indique parfaitement son emplacement, c'est-à-dire à mi-chemin entre l'Alberta et l'océan Pacifique, à la frontière sud de la Colombie-Britannique. Cette petite ville compte environ 2 500 habitants, si je ne m'abuse. On y trouve un tout petit musée, et j'y suis entré. Au fond du musée, il y avait une petite exposition réalisée par les Canadiens d'origine japonaise de Midway, petite association de la Colombie-Britannique. Cette exposition portait sur les Canadiens d'origine japonaise vivant toujours dans le sud de la vallée de l'Okanagan qui ont décidé, après avoir été envoyés dans des camps d'internement pendant la Deuxième Guerre mondiale, de demeurer dans la région et de s'y bâtir une vie.
L'exposition présente toutes sortes d'objets qui évoquent les souffrances que ces gens ont dû subir, le racisme dont ils ont été victime, les difficultés auxquelles ils ont fait face au moment de s'établir, la fierté qu'ils éprouvent d'avoir surmonté tout cela et la vie prospère qu'ils ont réussi à construire pour eux-mêmes et leur famille.
L'exposition est petite, mais très touchante. Je me suis dit que c'était quand même assez extraordinaire, Lorsque j'ai signé le livre des visiteurs à la sortie du musée, j'ai été attristé de constater que j'étais à peu près la soixantième personne à visiter le musée au cours des deux mois précédents. J'ai pensé que cela était extrêmement dommage, car il s'agit d'une merveilleuse histoire à raconter. Durant le reste de mon voyage, je me suis dit qu'il devait bien y avoir quelque chose à faire pour remédier à cela.
Je sais que l'Association des musées canadiens plaide la cause des musées locaux, mais elle ne dispose pas vraiment des ressources requises pour faire ce genre de choses. Je me suis demandé ce que nous pouvions faire pour que des gens d'autres régions du pays puissent voir cette exposition, comprendre sa portée et peut-être l'accueillir dans le cadre d'un échange. Je me suis dit qu'un musée national devrait visiter cette exposition. L'internement de Japonais est évoqué au Musée canadien de la guerre, mais pas d'une manière aussi personnelle qu'il l'est au musée de Midway, où des gens racontent l'épreuve qu'ils ont vécue, la manière dont ils sont passés au travers et le fait qu'ils sont devenus de très prospères et très fiers Canadiens malgré toutes les souffrances qu'ils ont éprouvées. Il s'agit d'un merveilleux récit.
Ainsi, je me suis mis à réfléchir à tout cela, et l'initiative que je présente aujourd'hui est le fruit de mes réflexions. Je suis très fier de cela. Je me suis demandé comment nous devions nous y prendre pour unir toutes ces institutions, et voilà où nous en sommes. Nous parviendrons bientôt, du moins je l'espère, à l'étape du rapport du projet de loi visant à constituer le Musée canadien de l'histoire.
À présent, le petit musée de Midway, en Colombie-Britannique, peut devenir un partenaire. La petite collection d'objets que j'ai vus il y a deux ou trois ans peut désormais être présentée dans un musée national, et les Canadiens d'origine japonaise qui racontent leur histoire dans le sud de la vallée de l'Okanagan auront peut-être l'occasion de la raconter à d'autres Canadiens.
Voilà ce que nous faisons.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais saluer les membres du comité. Je vous suis très reconnaissant de me donner l'occasion de discuter du projet de loi , dans lequel est proposée la création du Musée canadien de l'histoire.
[Français]
Je crois que les modifications suggérées renforceront les capacités de notre musée et lui permettront d'enrichir sa contribution sur la scène publique du pays, et ce, de manière constructive.
Auparavant toutefois, j'aimerais vous parler de ce qui ne changera pas dans notre musée, ce qui a suscité maints débats et discussions dans les médias et ailleurs.
[Traduction]
Premièrement, soulignons que le Musée canadien de l'histoire proposé continuera de présenter d'exceptionnelles expositions temporaires qui mettent en évidence l'histoire et les cultures du monde. Ces expositions feront toujours partie de notre mandat et constitueront un important volet de notre programmation.
En fait, nous sommes en train de travailler, de concert avec nos collègues de la Grèce, à la réalisation d'une importante exposition sur l'antiquité grecque. Cette exposition, intitulée D'Agamemnon à Alexandre le Grand, regroupera plus de 500 objets exceptionnels. Elle sera inaugurée l'an prochain au Musée royal de l'Ontario — notre partenaire —, et elle amorcera une tournée qui comprend les villes d'Ottawa, de Chicago et de Washington.
Deuxièmement, nous conserverons aussi le toujours populaire Musée canadien des enfants.
Troisièmement, la Grande galerie et la salle des Premiers Peuples du Musée continueront de présenter les réalisations des Autochtones au cours de l'histoire et leurs contributions actuelles à la société. Les expositions présentées dans ces salles sont les meilleures du genre au Canada, et elles feront donc partie intégrante du nouveau musée si le projet de loi est adopté.
Enfin, le Musée continuera d'enrichir sa collection nationale et d'entreprendre des recherches de niveau universitaire et d'autres types de recherche, malgré le fait que certains prétendent le contraire. En fait, le fonds de la collection nationale totalise 9 millions de dollars, et, au moyen d'une consultation menée auprès d'universitaires partout au pays, la Société a élaboré une stratégie de recherche, la première dans l'histoire du Musée. Cette stratégie orientera les activités de recherche du Musée au cours des dix prochaines années.
[Français]
J'aimerais maintenant vous donner un aperçu du processus de participation que nous avons utilisé pour consulter le grand public.
Ce processus a débuté en octobre dernier. Nous nous sommes employés à susciter la participation des Canadiens de partout au pays en les invitant à réfléchir à leur histoire, ainsi qu'à la meilleure façon de la présenter dans un musée canadien de l'histoire.
Nous avons créé un site Web interactif et un sondage accessible en ligne. Nous avons organisé des tables rondes dans neuf villes canadiennes, de St. John's à Vancouver. Nous avons installé un kiosque interactif dans des endroits publics partout au pays. Nous avons organisé des réunions avec des élèves de différentes écoles et des membres de divers groupes. De plus, nous avons fait inscrire des questions à un sondage d'opinion réalisé par une firme externe. Plus de 24 000 personnes ont participé directement à ce processus, que ce soit en personne ou en ligne.
[Traduction]
Les résultats seront présentés en détail dans un rapport qui sera diffusé sous peu, mais je suis heureux d'être en mesure de faire part aux membres du comité de quelques-uns des commentaires que les Canadiens ont formulés.
Ils nous ont dit que la visite de musées et de sites historiques, qui leur permet d'entrer en contact avec des objets authentiques, est de loin leur manière favorite d'entrer en contact avec l'histoire. Bon nombre d'entre eux ont souligné le rôle original que jouent les musées au moment d'éduquer les enfants et les adolescents et d'offrir des occasions d'apprentissage mutualisé à leur famille et à leurs amis.
Ils nous ont dit que, en matière de données historiques, ils font davantage confiance aux musées qu'à toute autre source d'information, et qu'ils apprécient énormément la façon dont les musées leur permettent de tisser des liens avec leurs concitoyens et avec leur histoire commune.
Pourtant, monsieur le président, le Canada n'a jamais eu de musée qui raconte l'histoire de tout son territoire, depuis les temps les plus reculés jusqu'au temps présent. Le Musée des civilisations a bel et bien tenté de combler cette lacune, et il l'a fait en dépit de son mandat législatif actuel, qui vise essentiellement, comme l'énonce la Loi sur les musées, d'accroître la compréhension à l'égard des réalisations culturelles et des comportements de l'humanité, et non pas de l'histoire du Canada et de l'identité canadienne.
Néanmoins, depuis au moins 2005, et à la suite du succès remarquable remporté par le Musée canadien de la guerre, le Musée s'est employé à mettre davantage l'accent sur l'histoire du Canada. Il s'est efforcé de mieux raconter l'histoire du pays et de ses habitants en adoptant un point de vue pancanadien. Il a tout mis en oeuvre pour faire connaître cette histoire au plus grand nombre de Canadiens possible.
À l'heure actuelle, le Musée est un centre de recherche et d'études historiques essentiel. Grâce à ses objets, à ses expositions et à ses divers programmes d'activité, le Musée fait découvrir aux visiteurs de nombreuses facettes du passé de notre pays, et fait connaître partout au pays le résultat de ses recherches, et ce, de diverses façons, notamment au moyen de publications. Toutes ces activités se poursuivront conformément à notre nouveau mandat.
[Français]
Le musée a accompli un travail remarquable et a mené à bien des réalisations exceptionnelles, mais il comporte aussi de sérieuses lacunes. Elles sont les plus apparentes dans notre plus grande galerie de l'exposition permanente, soit la salle du Canada.
[Traduction]
La salle du Canada n'a pas été conçue comme une exposition de nature historique. En s'inspirant, dans une certaine mesure, des populaires rues de l'Epcot Center, en Floride, le personnel du musée a créé cette salle de manière à présenter une vision du Canada qui se fonde sur son histoire sociale et économique. Elle entraîne le visiteur dans un voyage dans le temps et l'espace qui commence mille ans avant Jésus-Christ dans les provinces de l'Atlantique, et se termine de nos jours, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Bien que cette démarche permette de proposer une visite à la fois intéressante et enrichissante, elle ne peut qu'offrir un tableau inachevé et incompréhensible de notre passé et des événements qui l'ont marqué. Dans la salle du Canada, les régions canadiennes sont figées dans le temps et totalement séparées les unes des autres. Des secteurs entiers de l'activité humaine — la politique, les sports, la culture et le rôle que nous avons joué sur la scène internationale — sont abordés de façon très superficielle ou laissés de côté. L'histoire des femmes se situe, au mieux, dans la marge. Ce voyage dans le temps se termine dans les années 1970, laissant complètement inexploré presque un demi-siècle de notre histoire.
Par conséquent, si vous visitez la salle du Canada, vous en apprendrez beaucoup sur la vie en Nouvelle-France, mais vous ne trouverez aucune mention de la Révolution tranquille ni quoi que ce soit d'autre sur le Québec. Vous découvrirez les anciennes activités de chasse à la baleine à Terre-Neuve, mais vous n'apprendrez ni les raisons qui ont motivé la province à entrer dans la Confédération, ni la façon dont elle a procédé à cette fin ni la date de son adhésion. Vous pourrez admirer des répliques de silos à grains et de plate-formes pétrolières, mais vous ne saurez rien au sujet du phénomène que l'on appelle la « désaffection de l'Ouest ».
Même si des modules sur les rébellions du Haut-Canada et du Bas-Canada ont été ajoutés très récemment, l'histoire de la Confédération n'y est présentée que sous la forme d'une chronologie multimédia. Vous ne trouverez, dans la salle du Canada, aucune mention du débat sur le drapeau, des enjeux constitutionnels, du but compté par Paul Henderson à Moscou ou de l'internement, durant la guerre, des Canadiens d'origine ukrainienne ou japonaise. Vous ne trouverez aucune trace des pensionnats autochtones ou des opérations de maintien de la paix, ni de Terry Fox et de son Marathon de l'espoir. Vous ne trouverez aucune mention digne de ce nom de la Crise de 1929 ou des crises de la conscription, ni même une allusion au possible avenir du Canada. Dès que l'on entre dans cette salle, on peut constater ce qui constitue peut-être sa lacune la plus importante. Notre histoire nationale y débute non pas avec l'arrivée des Premiers Peuples, mais avec la venue des Européens au XIe siècle. La colonisation est une notion ou un terme qui est entièrement passé sous silence dans la salle du Canada.
[Français]
C'est un problème auquel nous comptons remédier. Les Canadiens nous ont signifié très clairement, lors de notre processus de participation publique, que les voix et les expériences des Premiers Peuples doivent s'inscrire dans toute trame narrative de l'histoire du Canada. Nous voulons centrer davantage notre attention sur le récit de l'histoire du Canada dans toute sa richesse et sa complexité. Nous croyons que la réalisation de cette tâche sera facilitée par l'obtention d'un nouveau mandat et d'un nouveau nom, un nom qui traduit mieux ce que nous aspirons à devenir.
[Traduction]
Voici comment s'incarne pour nous le nouveau Musée canadien de l'histoire.
Il présentera l'exposition la plus grande et la plus complète jamais créée sur l'histoire du Canada. La nouvelle galerie d'exposition permanente remplacera la salle du Canada et la salle des personnalités canadiennes. Elle deviendra le lieu où les Canadiens pourront reconstituer leur parcours national et découvrir leurs trésors nationaux et où ils pourront en apprendre davantage sur les gens, les événements et les thèmes qui ont façonné notre pays, qui mettent en lumière les réalisations du Canada et qui ont fondé notre identité nationale. Elle présentera les événements et les épisodes charnières de notre passé, ainsi que certaines des plus extraordinaires histoires canadiennes jamais racontées.
Nous sommes aussi en voie d'établir un réseau de musées d'histoire partout au Canada. Les membres de ce réseau profiteront d'une galerie permanente entièrement consacrée à la présentation de leurs expositions, qui compléteront et enrichiront notre récit national par l'ajout de contenu et de points de vue régionaux. Cette nouvelle galerie permettra en outre aux institutions muséales participantes de conquérir de nouveaux publics et de se mettre en évidence. Enfin, les membres de ce réseau bénéficieront d'un plus grand accès à la collection nationale afin de mieux mettre en valeur leurs propres expositions.
Au cours du processus de mobilisation du public, les Canadiens nous ont parlé de ce qu'ils comptent voir dans ces expositions et dans l'ensemble du musée, et plus particulièrement dans la nouvelle salle de l'histoire du Canada. Voici quelques-uns des points saillants de ces discussions.
Les Canadiens souhaitent que nous présentions leur histoire sous tous ses aspects avec franchise et équité. Ils veulent que nous leur fassions découvrir les bons et les mauvais épisodes de notre passé. Ils nous ont exhortés à alimenter leur sentiment de fierté nationale, mais sans passer sous silence nos lacunes, nos erreurs et nos controverses. Ils nous ont demandé de présenter divers points de vue et divers protagonistes, car ils sont d'avis que l'on peut comprendre les gens et interpréter les événements différemment selon le regard que l'on pose sur eux. Ils nous ont demandé d'établir avec eux un lien personnel. Ils veulent se reconnaître dans leur musée et y retrouver aussi leurs voisins, et ce, peu importe leur patrimoine culturel, le moment où ils se sont joints à la famille canadienne et l'endroit où ils habitent au pays. Ils nous ont aussi clairement indiqué de ne pas ignorer le monde qui s'étend au-delà de nos frontières.
Ces commentaires, suggestions et exhortations éclaireront chacune de nos décisions au moment où nous irons de l'avant. Le contenu de la nouvelle exposition est élaboré par une équipe pluridisciplinaire dirigée par M. David Morrison et composée de divers experts, notamment des chercheurs, des conservateurs et des muséologues, qui travailleront en étroite collaboration avec divers comités consultatifs composés d'historiens et de spécialistes de partout au Canada.
La création d'une nouvelle salle représentera un défi de taille. Nos experts devront d'abord élaborer un synopsis détaillé et cohérent, ce qui est déjà commencé. Ils devront déterminer quels sont les thèmes, les événements et les objets qui méritent une place dans cette salle. Ils devront faire des choix difficiles et s'attaquer à des questions controversées, et ils devront faire tout cela en sachant très bien que chacun de leur choix passera sous la loupe d'universitaires, du public, de groupes de pression, des médias et des politiciens de toutes les régions du pays. Cependant, les membres de notre personnel sont très compétents et sont les meilleurs dans leur domaine au pays. Ils ont assurément l'étoffe requise pour relever le défi.
Monsieur le président, le besoin d'un musée national d'histoire ne date pas d'hier. Il y a quelque 60 ans, dans son rapport, la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences mentionnait ce qui suit: « Quant à la nécessité d'un musée historique, nous ne saurions la souligner en termes trop énergiques. » En 2003, le gouvernement du Canada a annoncé qu'il investissait 50 millions de dollars pour l'exécution d'un plan visant à transformer le Centre des conférences du gouvernement en centre d'histoire du Canada.
Monsieur le président, si le projet de loi est adopté, la Société créera un musée qui méritera le soutien des Canadiens et suscitera leur fierté.
Merci. J'ai hâte de répondre à vos questions.
[Français]
J'y répondrai avec plaisir.
:
Bonjour et bon après-midi.
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
[Traduction]
Beaucoup de pays ont des musées nationaux consacrés à leur histoire et à leur patrimoine. Il y a de nombreux exemples que nous pourrions citer aujourd'hui. Je vais en mentionner quelques-uns. Il y a le fascinant Musée Te Papa, à Wellington, en Nouvelle-Zélande, qui présente l'histoire et la culture des premières nations ainsi que le patrimoine du pays. Il y a le Musée Smithsonian à Washington, un autre exemple bien connu, qui présente l'histoire des États-Unis selon une approche générale, qui va des grandes réalisations jusqu'au quotidien des Américains.
L'Association des musées canadiens est convaincue que le nouveau Musée canadien de l'histoire brossera un portrait aussi général de notre pays diversifié et complexe.
L'histoire canadienne englobe bien des choses. Il s'agit des grands événements, parfois de la guerre, et de grands personnages historiques significatifs, comme les premiers ministres et les monarques, mais aussi des choses qui appartiennent au quotidien, l'histoire avec un petit « h » que nous connaissons et vivons nous-mêmes.
Au chapitre de l'histoire de l'ordinaire et de l'extraordinaire, le nouveau Musée canadien de l'histoire sera véritablement un endroit où les Canadiens pourront explorer les différents aspects de notre identité et de ce que nous voulons devenir, en explorant tout d'abord les questions des Premières Nations, d'un point de vue moderne et d'un point de vue historique et, en fait, des événements contemporains se rattachant à des circonstances historiques. Parfois, ces événements sont importants mais difficiles, comme le camp d'internement de Minto, au Nouveau-Brunswick, la crise du FLQ ou les émeutes de Winnipeg.
Tout cela définit notre identité et notre cheminement, et la connaissance de l'histoire contribue à la qualité de vie au pays et soutient les riches réalisations créatives et scientifiques de notre nation. Ainsi, notre histoire est multidimensionnelle, qu'on l'exprime et qu'on la préserve par l'intermédiaire d'artéfacts, d'oeuvres artistiques, de documents ou de réalisations scientifiques, et il est essentiel de bien présenter ce riche patrimoine dans le musée. C'est un endroit où nous allons tous découvrir des liens avec les autres par l'intermédiaire de ces histoires.
Mentionnons l'article 9 en particulier, qui précise les pouvoirs et la capacité du nouveau Musée canadien de l'histoire et décrit sont mandat sur le plan des collections, de la recherche et de la préservation. L'alinéa 9(1)i) prévoit la création d'occasions pour travailler avec d'autres musées partenaires à l'échelle du Canada.
Encore une fois, à la lumière de mon expérience de vie dans trois provinces canadiennes, où j'ai aussi travaillé, je crois assurément que le musée national sera véritablement un partenaire encourageant auprès de toutes ces régions pour, encore une fois, faire avancer la recherche historique partout au pays. Ces histoires régionales peuvent s'intégrer dans le réseau et assurément contribuer à la discussion au sujet de notre identité et des orientations futures que nous voulons adopter.
Au-delà du projet de loi, nous sommes très heureux des propositions contenues dans l'article et des intentions du nouveau musée. La création d'un réseau pour relier les musées partout au pays est effectivement opportune, et le président-directeur général du musée en a tracé les grandes lignes la semaine dernière, devant 250 collègues du domaine muséologique venant des quatre coins du pays, dans le cadre de l'assemblée annuelle de l'AMC à Whitehorse, au Yukon.
À une époque marquée par les contraintes budgétaires, le partage des ressources est particulièrement important. Il s'agit d'une excellente occasion d'exposer plus facilement l'histoire de notre pays, pas seulement dans des musées canadiens par l'entremise de partenariats — ce qui sera extrêmement bénéfique à tout le pays —, mais aussi ici à Ottawa, dans le cadre d'une prestigieuse exposition nationale. Cela permettra de facilement distribuer la grande quantité d'artéfacts importants actuellement en stock que, bien souvent, personne ne voit.
De plus, dans le cadre de son rôle en matière de partenariats, le Musée canadien de l'histoire offrira une orientation positive aux autres institutions canadiennes.
Enfin, selon les plans, une galerie spéciale sera créée au nouveau musée, ce qui permettra à d'autres musées de présenter des expositions de leur collectivité locale, qui ont été témoins de véritables événements historiques, dans le cadre d'une tribune nationale où seront racontées les histoires régionales. Plus de 2 800 musées canadiens racontent notre histoire collective. Relier ces entités à l'aide d'une grande institution nationale sera extrêmement bénéfique pour les musées et les Canadiens qu'ils servent et qui les visitent. Cela servira peut-être bien de modèle à d'autres musées nationaux, qui ne peuvent pas travailler sans tenir compte d'autres aspects du tissu culturel de notre pays.
Nous souhaitons remercier les membres du comité du temps qu'ils consacrent à l'étude de cette question.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être ici au nom de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Nous représentons 68 000 membres du corps professoral de 124 universités et collèges des quatre coins du pays.
Le projet de loi nous perturbe profondément. Le Musée canadien des civilisations est un musée fantastique, le plus fréquenté au pays et, pourrait-on avancer, le meilleur. Certes, je suis fier d'y amener tous les visiteurs qui débarquent à Ottawa. Le Musée canadien de l'histoire proposé sera moindre. Non seulement le projet de loi C-49 contribue-t-il à créer une institution de moindre envergure, mais le processus de consultation a été, au mieux, décevant.
L'ACPPU, notre organisation, a soulevé des préoccupations dès le départ et était ravie de constater que le PDG, Mark O'Neill; le vice-président, Recherche et exposition, Jean-Marc Blais; et le directeur d'archéologie et de recherche, M. David Morrison, ont accepté de nous rencontrer. Ils ont passé plus d'une heure à nous parler et nous ont assuré qu'il y aurait des consultations; cela date d'octobre. En février, M. Blais a communiqué de nouveau avec nous pour nous dire qu'il y aurait un processus de consultation dans lequel nous serions inclus, puis nous n'avons rien entendu depuis.
La Société historique du Canada, l'Association canadienne d'archéologie et la Société canadienne d'anthropologie ont écrit une lettre à M. O'Neill à ce sujet le 6 mai 2013, et je serais heureux d'en remettre une copie à la greffière:
Au nom de nos associations respectives, nous vous écrivons pour vous faire part de nos graves préoccupations découlant de l'absence de mobilisation exhaustive ou systématique de la communauté professionnelle d'historiens, d'anthropologues et d'archéologues dans le cadre de la planification, par le MCC du Musée canadien de l'histoire proposé. Si on ne tient pas d'importantes consultations significatives avec la communauté professionnelle du patrimoine pour rectifier le tir, nous craignons que ce manque de mobilisation ne compromette grandement la qualité et la crédibilité du nouveau musée.
Je parle de la préoccupation en matière de consultation, car le projet de loi contient de graves lacunes, et j'aimerais seulement en aborder quelques-unes. Je serais heureux de donner plus de détails durant la série de questions qui va suivre.
La première tient au changement de la vocation du musée. Le mandat actuel, en vigueur depuis 1990, du Musée canadien des civilisations est assez clair et assez impressionnant. Je vais citer une disposition pertinente:
... d’accroître, dans l’ensemble du Canada et à l’étranger, l’intérêt, le respect et la compréhension critique de même que la connaissance et le degré d’appréciation par tous à l’égard des réalisations culturelles et des comportements de l’humanité, par la constitution, l’entretien et le développement aux fins de la recherche et pour la postérité, d’une collection d’objets à valeur historique ou culturelle principalement axée sur le Canada ainsi que par la présentation de ces réalisations et comportements, et des enseignements et de la compréhension qu’ils génèrent.
On a remplacé cela par un mandat beaucoup plus limité qui ressemblera peut-être superficiellement à l'ancien, mais est fondamentalement différent. Je cite l'article qui prévoit le mandat proposé dans le projet de loi :
... d'accroître la connaissance, la compréhension et le degré d'appréciation des Canadiens à l'égard d'événements, d'expérience, de personnes et d'objets qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes, qu'ils ont façonné, ainsi que de les sensibiliser à l'histoire du monde et aux autres cultures.
Contrairement au changement proposé, le mandat du MCC établit clairement son rôle en tant qu'organisation de génération du savoir, caractéristique d'un grand musée. Dans le mandat proposé du Musée canadien de l'histoire, on élimine toute mention, par exemple, du maintien d'une collection destinée à la recherche et à la postérité.
Le projet de loi élimine l'alinéa 9(1)f) de la loi qui a constitué le Musée canadien des civilisations, ce qui est particulièrement troublant. Voici le passage éliminé:
entreprendre ou parrainer des recherches, notamment des recherches fondamentales, théoriques ou appliquées, dans le cadre de sa mission et de la muséologie, et en communiquer les résultats.
À notre avis, ces changements indiquent clairement que le volet de recherche et d'évolution du savoir du musée est menacé. Le remplacement des mots « compréhension critique » par « compréhension » est une source de préoccupation. Promouvoir la compréhension critique de l'histoire est un objectif essentiel de tout grand musée. Offrir aux visiteurs une compréhension critique de l'histoire signifie qu'on leur présente l'occasion d'examiner différents points de vue, de mener une analyse critique du passé et de réexaminer les points de vue traditionnels plutôt que de simplement vénérer des héros nationaux.
Un autre indice du remplacement du rôle de recherche et de génération du savoir du musée par un simple rôle d'exposition est l'élimination du poste de vice-président à la recherche pour le fusionner avec celui de vice-président des expositions.
Une autre préoccupation tient à la perspective historique limitée. La nouvelle loi cessera d'insister sur les réalisations culturelles et le comportement de l'humanité pour parler « d'événements, d'expériences, de personnes et d'objets qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes ».
L'insistance sur les dates, les héros et les objets, approche révolue chez les historiens depuis longtemps, est troublante. La version de l'histoire qui s'attache aux grands hommes et aux grandes femmes risque d'exclure l'expérience de la grande majorité des Canadiens. Les histoires sur des gens et des événements ordinaires qui ne cadrent pas avec le modèle de biographie politique seront marginalisées, alors qu'elles sont actuellement célébrées dans le Musée canadien des civilisations.
D'autres sources de préoccupation tiennent à l'élimination ou à la marginalisation de l'histoire et de la culture des Premières Nations et des questions de colonisation, d'industrialisation, de relations entre les sexes, de migration et de transformation environnementale, par exemple.
Ce changement de cap et d'image de marque suppose que l'on va vider de sa substance la salle du Canada, exposition permanente remarquable de l'histoire sociale du Canada. Ce qui est curieux, c'est que la salle du Canada a coûté plus de 50 millions de dollars à créer, alors que le budget total de la transformation visant le nouveau musée n'est que de 25 millions de dollars. Ainsi, comment recréera-t-on la vaste histoire sociale actuellement présentée dans le musée, en plus de toutes les autres choses? C'est pour nous un mystère total, surtout si on tient compte du fait que les 25 millions de dollars, plutôt que d'être affectés à cette fin unique, visent nombre d'autres choses aussi.
Le ministre Moore, par exemple, a récemment déclaré que les 25 millions de dollars allaient aussi servir à couvrir le coût des ententes pour établir un réseau national de musées pouvant se prêter des artéfacts, lesquels, selon sa description, comptent plus de 3 millions d'articles dans leur collection, dont 90 p. 100 sont dans des chambres fortes. Je le cite: « Nous devons sortir ces objets des salles d'entreposage... Nous devons faire en sorte qu'ils circulent dans le pays. » Or, cette déclaration trahit une ignorance fondamentale du matériel des musées. Ces artéfacts sont en grande majorité des choses comme des fragments osseux, qui ne sauraient servir aux expositions; ils servent à la recherche. Ensemble, ces articles revêtent une importance extrême pour notre compréhension du passé du Canada, mais ils n'ont pas une grande valeur comme pièces d'exposition.
La troisième préoccupation — et la dernière que je vais mentionner dans le cadre de ma déclaration préliminaire — c'est de savoir si tout cela va entraîner une représentation partisane de l'histoire. Tout ce qui se produit au chapitre de la transformation du musée des civilisations pour qu'il devienne un musée canadien de l'histoire s'inscrit dans le contexte de l'érosion des institutions patrimoniales canadiennes. Ici, je pense à Bibliothèque et Archives Canada, qu'on a mentionné à de nombreuses occasions, qui mène une campagne nationale appelée Veillons sur la mémoire du Canada; les compressions visant des sites archéologiques et patrimoniaux découlant des compressions à Parcs Canada; la fermeture de bibliothèques ministérielles fédérales; la réduction de l'accès du public aux bibliothèques; l'abolition du système de prêts entre les bibliothèques de notre Bibliothèque nationale; et l'élimination de programmes de subventions pour les archives locales et régionales. Tout cela s'inscrit dans un contexte qui est pour nous une source de préoccupations sur ce qui se produit.
La décision de transformer le Musée canadien des civilisations semble s'inscrire dans une tendance illustrant l'intérêt qu'a le gouvernement d'instrumentaliser l'histoire en faveur de ses propres fins politiques. Pour notre part, nous dénoncerions avec autant de vigueur tout gouvernement qui semblerait fait une telle chose.
La célébration de la Guerre de 1812 marquait la transformation d'une série d'escarmouches plutôt tapageuses en une caractéristique déterminante de l'histoire canadienne. La réécriture du guide d'étude à l'intention des aspirants citoyens, que l'actuel gouvernement a entrepris il y a quelques années — voilà ce à quoi il ressemble maintenant — est une célébration de héros et de guerriers, avec des illustrations de guerre, et il y a même une photo, sur la page des Autochtones, d'un ancien gouverneur général du Canada qui se faisait passer pour un indien. Notons l'intérêt soudain pour l'exposition de Franklin et le détournement de ressources destinées à Parcs Canada, dont le budget archéologique a déjà été amputé, afin d'axer les efforts sur la récupération d'une épave. C'est la glorification de la monarchie et de la Guerre de...
Le contexte de tout cela est pour nous une source de graves préoccupations.
Le Musée canadien des civilisations a offert une contribution remarquable à l'histoire et aux peuples du pays — et c'est aussi vrai à l'échelle internationale —, et le fait de le transformer en une instance qui supprime sa fonction de recherche fondamentale et de génération de savoir et est privée des ressources nécessaires pour raconter l'histoire sociale générale de notre pays est quelque chose que nous trouvons déplorable.
Nous vous demandons instamment de modifier le mandat de cette institution, reflété dans le projet de loi , pour poursuivre la tradition du Musée canadien des civilisations.
Merci.
:
Merci, monsieur le président, de m'offrir l'occasion d'être ici aujourd'hui.
En guise de présentation personnelle, j'ai occupé la fonction de PDG au Musée canadien des civilisations de 2000 à 2011. Durant mon mandat, on a construit le Musée canadien de la guerre, et le MCC a beaucoup accru ses collections et ses expositions sur l'histoire canadienne et des thèmes internationaux. Avant, j'ai occupé le poste de sous-ministre adjoint au ministère du Patrimoine canadien et dans d'autres ministères. J'ai toujours exercé avec beaucoup de plaisir le pouvoir que me conférait le ministre pour parler aux membres de l'opposition ou à tout député — à l'époque, à tout le moins — en ma qualité de fonctionnaire, pour prendre l'information et en faire rapport aux ministres de façon adéquate.
Actuellement, je ne représente pas d'organisation. Je suis professeur adjoint, politiques culturelles, à l'Université Queen's. Je suis également le président bénévole d'Opera Lyra, la compagnie d'opéra professionnel d'Ottawa. Je publie beaucoup d'articles dans des périodiques canadiens et internationaux. Je dis tout cela pour vous informer de mes antécédents et du fait que j'apporte une certaine quantité de connaissances au débat, ce qui, je l'espère, sera utile pour les membres du comité.
Comme vous le savez, le projet de loi s'inscrit dans l'initiative annoncée par le ministre Moore. Un aspect important de cette initiative a été évoqué par les autres qui sont venus témoigner à ce jour, et je parle du financement qui permettra au Musée des civilisations de créer des réseaux afin de mieux échanger des données historiques. Ce type d'annonce s'inscrit vraiment dans un débat beaucoup plus vaste qui dure depuis des années en ce qui concerne le rôle que devraient jouer les « musées nationaux ». On s'entend généralement pour dire — surtout dans le milieu muséologique — que les musées nationaux sont particulièrement bien placés pour promouvoir les liens et les réseaux, partager du matériel et mettre en commun la recherche et l'information. Et, à cet égard, l'annonce du ministre cadre certainement à merveille avec ce qui pourrait être une percée importante dans le monde muséologique canadien. Le type d'initiative qu'a annoncée le ministre pourrait toujours être administrée par le ministère du Patrimoine, ainsi que par des musées particuliers. Quoi qu'il en soit, j'espère certainement qu'il ne s'agit pas de la dernière annonce de ce type.
Je vais maintenant aborder la substantifique moelle de la discussion de ce soir, à savoir le projet de loi . J'avoue trouver la substance du projet de loi profondément troublante. À l'article 2, on propose d'abandonner l'image de marque la plus fructueuse dans le secteur muséologique canadien. Il s'agit d'une marque reconnue et respectée à l'échelle du monde professionnel. Le Musée des civilisations est un précurseur de ce qu'on appelle maintenant les « musées sociologiques » à l'échelle internationale. Pour illustrer sa prédominance, on a récemment tenu une conférence à l'Université de Barcelone pour parler des expériences du MCC, qui servent de modèle au travail que mène l'université pour le compte de la région de la Catalogne, en Espagne. Et plusieurs autres musées sociologiques, comme le Musée de la civilisation de Québec et le Tropenmuseum d'Amsterdam, ce sont joints au MCC pour expliquer comment les musées pouvaient présenter les gens, la société et le développement selon un modèle accessible, crédible et instructif et contribuer à la compréhension nationale.
L'industrie du tourisme mondial décrit le Musée des civilisations comme un site canadien incontournable. De fait, le Guide Vert Michelin lui accorde trois étoiles; la Colline du Parlement n'en a que deux. De toute évidence, les gens du Guide Vert Michelin n'étaient pas ici il y a une heure; ils auraient changé d'avis. La même chose est vraie des guides Frommer, Lonely Planet... et la liste continue. Voilà seulement trois exemples.
La reconnaissance par les visiteurs du nom, du style et du contenu du MCC est enviable. C'est l'un des grands atouts canadiens, qui sait se présenter. Les diplomates étrangers insistent constamment sur ce point et ils considèrent que la visite du musée est une étape clé qui contribue à orienter les nouveaux employés arrivés au Canada et aussi les dignitaires en visite.
Si le musée des civilisations se démarque par sa qualité, pourquoi voudrait-on en modifier l'image de marque? Pensez comme un homme d'affaires. General Motors, même durant ses jours les plus sombres, n'a jamais abandonné la marque de Cadillac ou de Chevrolet.
Du point de vue de la commercialisation, la difficulté réside dans l'élargissement d'une marque. On peut ajouter de nouveaux produits, et on peut s'appuyer sur une vieille marque pour gagner l'attention et la confiance. Si le gouvernement croit que l'histoire devrait être plus présente dans le titre, alors pourquoi ne pas tout simplement renommer le musée le Musée canadien d'histoire et des civilisations.
En anglais, le sigle serait CMHC, ce qui sonne bien...
Des voix: Oh, oh!
M. Victor Rabinovitch:... surtout si vous êtes un jeune propriétaire.
La simplicité du changement est presque à couper le souffle. Il s'agit simplement de relier l'histoire et la civilisation.
Outre le changement de nom proposé, toutefois, il y a une autre tendance profondément inquiétante. Au centre de cette inquiétude, je crois que M. Turk en a parlé il y a quelques moments lorsqu'il a abordé la modification de l'objet du musée — se trouve le nouveau mandat, que je caractériserais d'étroit et de restreint.
Le mandat actuel du musée des civilisations est décrit à l'article 7 de la Loi sur les musées de 1990. Le libellé n'est pas élégant, mais l'intention est parfaitement claire. La priorité est le Canada, et la loi habilite le personnel du musée à créer des connaissances, à élargir des collections qui éclaireront les générations à venir et à mettre en commun des connaissances dans le cadre d'activités publiques. Elle confère aussi au musée le pouvoir secondaire de mener des travaux de recherche externes, de constituer des collections et de diffuser du savoir à l'intention du public.
La Loi sur les musées de 1990 mentionne toute une gamme d'activités humaines. Elle appelle les musées à accroître les connaissances et la compréhension critique à l'égard des réalisations culturelles et des comportements de l'humanité. Ce volet du savoir ne se limite pas à l'histoire.
Je dois dire, monsieur le président, que j'ai un doctorat en histoire, et c'est avec beaucoup de modestie que je vous parle de mon domaine de formation et de mes connaissances professionnelles.
D'autres champs d'expertise sont essentiels à la compréhension de la société et au fonctionnement de bons musées. Le personnel du MCC dans des secteurs tels que l'archéologie, les études autochtones, la musique et les cultures populaires, le design et l'artisanat ont fait d'énormes contributions à la compréhension du pays dans son sens le plus global. L'histoire fait partie du travail, mais l'histoire n'est pas tout.
La réussite du musée des civilisations est le fruit de son équilibre. Il trouve un juste équilibre entre la priorité accordée au Canada et des expositions sur des thèmes internationaux; entre la priorité accordée aux activités intérieures et des expositions et des salles canadiennes à l'étranger; entre la recherche sur le passé et la recherche sur l'antiquité; entre l'histoire et des études contemporaines portant sur l'art autochtone, les soins infirmiers, les collectivités, les sports d'hiver et les expériences de l'enfance. Tout cela contribue à un équilibre, et le savoir qui s'en est dégagé a été diffusé.
Je n'aborderai pas en détail les bons coups du Musée canadien des civilisations. Il s'agit du musée de loin le plus fréquenté au pays. En moyenne, sur une année, le taux de fréquentation est le double de celui qu'enregistre pour toute une saison une équipe de la LNH. C'est beaucoup de monde.
Que signifie le nouveau mandat proposé? Essentiellement, il s'agit de restreindre et de réduire les activités d'un musée d'histoire portant un nouveau nom. Le libellé est subtil, mais le sens, à mes yeux, est clair. Premièrement, le champ d'intérêt se limitera maintenant aux événements et aux expériences « qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes, qu'ils ont façonnées ». Il s'agit d'une démarche rétrograde, qui met l'accent purement sur le passé. Les enjeux contemporains, les activités contemporaines, les enjeux communautaires et les modes d'expression culturelle n'ont pas leur place ici, si ce n'est que de façon périphérique en tant que résultats du passé.
Deuxièmement, l'autorité de la recherche est réduite de beaucoup. M. Turk en a parlé. Peut-être que l'intention est de reléguer la recherche à quelque chose d'accessoire visant l'accroissement des connaissances canadiennes. Peut-être que la recherche ne sera rien de plus qu'une forme de journalisme améliorée visant la popularisation.
Troisièmement, on mentionne bel et bien l'histoire du monde et les autres cultures, mais on se limite à ce qui peut être exposé ici au Canada. Le musée d'histoire n'a pas de mandat pour participer aux activités de recherche à l'étranger ni aux échanges qui permettraient de diffuser des connaissances muséologiques canadiennes à l'échelle internationale.
Ces modifications du mandat proposées auront pour effet global de réduire le champ d'activité du musée et de créer une tendance de repli sur soi et d'exclusion du reste du monde et éliminent toute préoccupation relative au moment et au lieu présents.
Aujourd'hui, le comité permanent a le mandat d'étudier les conséquences à long terme des modifications. Les modifications seront cumulatives. Les décisions que prendra le musée auront une grande incidence sur l'embauche du personnel, l'élimination de gens qui ne sont pas des historiens, la sélection de sujets pour les projets à venir et la dépréciation des tâches difficiles visant à créer de la substance. Les célébrations de 2017 seront depuis longtemps chose du passé lorsque les répercussions de la réduction du mandat se feront sentir.
Monsieur le président, compte tenu de tout ce qui précède, j'ai formulé deux recommandations que j'espère que le comité voudra examiner et je vous remets des copies du mémoire que j'ai rédigé.
La première recommandation est d'envisager de substituer au nom proposé « Musée canadien de l'histoire » le nom « Musée canadien de l'histoire et des civilisations ».
Ma deuxième recommandation est de coucher sur papier l'objet du Musée canadien de l'histoire et des civilisations afin d'accroître — partout au Canada et à l'échelle internationale — la connaissance, la compréhension critique et la reconnaissance des cultures, des événements, des expériences et des peuples qui ont façonné l'histoire, l'identité et la société contemporaine en accordant une attention particulière, mais pas exclusive, au Canada, à l'aide de l'expansion, de l'étude et de la préservation pour la postérité d'une collection d'objets ayant un caractère significatif sur le plan historique ou culturel, là encore en accordant une attention particulière, mais pas exclusive, au Canada.
Monsieur le président, comme je l'ai dit, j'ai des exemplaires de mon exposé. J'espère sincèrement que, malgré ma formulation, mes propos donneront lieu à une bonne discussion impartiale entre les membres du comité permanent et que votre travail permettra d'améliorer un important projet de loi.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, de me donner l'occasion de venir témoigner devant vous au nom de la Société canadienne d'anthropologie, organisme qui représente les anthropologues professionnels et du milieu universitaire à l'échelle du Canada.
J'ai préparé une déclaration, mais, lorsque j'étais en route aujourd'hui, je pensais au projet de loi, et une image a surgi dans mon esprit: j'ai vu mon oncle, dans les années 1930, sur sa ferme en Saskatchewan, dans une berline qu'il avait convertie en camionnette pour pouvoir traîner des blocs de pierre afin de les sortir des champs. Je me suis dit: c'est exactement comme le projet de loi . Malheureusement, c'est plus que cela. Vous prenez une Rolls-Royce, et vous retirez le toit et la banquette arrière pour pouvoir la convertir en camionnette. Les Canadiens méritent un excellent musée canadien de l'histoire, et la Société canadienne d'anthropologie est en faveur de la création d'un musée canadien d'histoire, mais nous ne sommes pas en faveur de le vider de sa substance — comme on l'a déjà dit — le joyau de notre collection de musées. Il s'agirait d'une erreur lourde de conséquences à long terme.
J'aimerais commencer ma déclaration en précisant que nous sommes également préoccupés par le processus de consultation tel qu'il s'est déroulé jusqu'à maintenant. Nous estimons qu'il y a un manque de mobilisation exhaustive ou systématique chez la communauté professionnelle d'historiens, d'anthropologues et d'archéologues à l'égard de la planification par le MCC du Musée canadien d'histoire proposé.
Les réunions tenues jusqu'à maintenant au sujet du nouveau musée ne correspondent pas à la définition d'une véritable consultation, à savoir une discussion officielle entre plusieurs groupes avant la prise d'une décision. Les réunions publiques tenues en automne dernier étaient des séances de remue-méninges ou de sensibilisation, mais pas de véritables consultations. Les représentants du musée n'ont pas entrepris de transmettre aux participants un résumé des commentaires, une réponse officielle à leurs préoccupations ou toute indication précise de la façon dont le musée cherchera à intégrer la rétroaction reçue au volet de recherche ou à la mise en oeuvre des nouvelles expositions. Seule une minorité de professionnels des disciplines liées à l'histoire a été invitée à participer à ces séances.
Je suis passablement certain que tout le monde ici dans la salle a eu la chance de visiter le Musée canadien des civilisations, monument national du patrimoine culturel et donc vivant de tous les peuples qui ont déjà occupé les lieux, particulièrement les Premières Nations, les Inuits et les Métis, à la suite de la conservation, de la recherche et de la diffusion publique assurées par un ensemble d'experts et de chercheurs dévoués depuis plus d'un siècle. Cette histoire remonte à la fondation de la Division d'anthropologie de la Commission géologique du Canada, en 1910. Dès cette époque, et, par la suite, dans le cadre du Musée national du Canada, puis du Musée national de l'Homme, les collections étaient surtout axées sur les peuples autochtones du Canada. Selon les dispositions établies en 1990 et toujours en vigueur aujourd'hui, la Loi sur les musées énonce le mandat qui reflète la vision du Musée canadien des civilisations, un nouveau nom à l'époque:
... d’accroître, dans l’ensemble du Canada et à l’étranger, l’intérêt, le respect et la compréhension critique de même que la connaissance et le degré d’appréciation par tous à l’égard des réalisations culturelles et des comportements de l’humanité, par la constitution, l’entretien et le développement aux fins de la recherche et pour la postérité, d’une collection d’objets à valeur historique ou culturelle principalement axée sur le Canada.
Selon ce processus, le musée avait l'autorité d'entreprendre ou de parrainer des recherches, notamment des recherches fondamentales, théoriques et appliquées, dans le cadre de sa mission et de la muséologie, et d'en communiquer les résultats.
Ainsi, le Musée canadien des civilisations est dévoué à sa mission de recherche publique sur des thèmes centraux se rattachant à l'expérience canadienne et humaine, et son travail est reconnu à l'échelle internationale. Fruit d'une base de recherche substantielle, les expositions publiques, permanentes et temporaires, ont été créées avec soin pour être présentées au public et faire l'objet de critiques et d'un renouvellement constant, pour le compte du peuple canadien. L'essentiel de ce travail, mais pas la totalité, est de nature anthropologique et est tributaire du travail soutenu — parfois du travail d'une vie — de conservateurs spécialisés en ethnologie, en études culturelles, en archéologie et en histoire.
Toutefois, en mai 2012, la structure administrative du Musée canadien des civilisations a été réaménagée: le poste de vice-président de la Direction de la recherche et des collections est disparu. La recherche et les collections relèvent maintenant de l'ancien vice-président, qui est maintenant directeur général, Expositions et programmes. En outre, la direction actuelle du musée ne comprend pas de représentants possédant une expertise en recherche ou en collections. L'avenir de la recherche au musée n'est pas clair, malgré l'énorme besoin en matière de recherche fondamentale et de recherche étayant des expositions et des programmes de qualité.
Le projet de loi prévoit une modification et une réduction considérable de la mission, qui consisterait désormais à « accroître la connaissance, la compréhension et le degré d'appréciation des Canadiens à l'égard d'événements, d'expériences, de personnes et d'objets qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes, qu'ils ont façonnées, ainsi que de les sensibiliser à l'histoire du monde et aux autres cultures ». Il limite également le pouvoir d'entreprendre ou de parrainer des recherches dans les domaines liés à sa mission ou en muséologie. Ce libellé rend même facultative la recherche déjà limitée par le nouveau mandat. Selon ce libellé, il serait possible de n'entreprendre aucun travail de recherche au musée proprement dit, et on semble prévoir que la recherche joue un rôle de second plan dans le cadre des expositions, une fois qu'elles sont établies, plutôt que de former la base critique d'information à la source de ces expositions.
Certaines conséquences se manifestent immédiatement. La salle des Premiers Peuples, création vedette du Musée canadien des civilisations, a 10 ans. Elle ne s'entretiendra pas toute seule et elle ne se renouvellera pas toute seule, et une recherche et une collaboration continues sont nécessaires pour qu'elle demeure le reflet de la vie autochtone contemporaine et aborde de nouveaux enjeux liés au passé et au présent des premiers peuples du Canada.
Le nouveau Musée canadien de l'histoire prévu, selon M. Mark O'Neill, inclura des aspects de l'expérience autochtone, mais il s'orientera vers d'autres thèmes non précisés de l'histoire canadienne. À ce chapitre, il faudra mener beaucoup de recherches et apporter beaucoup d'améliorations aux collections, car le musée ne s'attachait pas d'emblée à ces thèmes. À l'heure actuelle, les collections du musée — selon la définition adoptée — sont de 70 à 80 p. 100 autochtones, à l'image de l'expertise établie en matière de conservation au musée. On ne peut pas tout simplement emprunter des éléments culturels physiques à d'autres collections pour les exposer. Il y a de nombreux enjeux relatifs au coût, à l'accès, au temps, à la recherche et à la vision.
Apparemment, il y aura un financement ponctuel de 25 millions de dollars pour la transformation du musée, mais il ne s'agit pas de nouveaux fonds. Ils sont consacrés à la rénovation de la moitié de la superficie de 100 000 pieds carrés du musée, entre autres. Compte tenu des coûts actuels associés au respect des normes actuelles en matière de conservation, soit environ 1 000 $ par pied carré, il y a un sous-financement d'au moins 50 p. 100.
La planification du musée devrait être menée à terme au moment du 150e anniversaire de la Confédération et présenter une vision de l'histoire canadienne axée sur la colonisation. Comme le disait Mark O'Neill: « L'histoire du Canada prendra vie, de la traite des fourrures à la Rébellion du Nord-Ouest et à la Confédération, en passant par deux guerres mondiales et la Révolution tranquille, sans oublier la place du Canada dans le monde. »
Alors, l'histoire du Canada a commencé par la traite des fourrures. Le cadre s'est clairement et définitivement transformé. Il est maintenant composé des images importées de l'État-nation européen moderne, que l'on a transplanté dans un nouveau territoire. Cette histoire suppose une vision très réduite, comparativement à la vision concertée qui reconnaît l'occupation partagée de ces territoires et le caractère fondamental des traités dans l'identité de tous les Canadiens.
L'histoire du Canada a véritablement commencé bien avant que surgisse l'idée même du Canada, et nous profitons tous de l'héritage vivant des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui avaient créé des sociétés et des cultures dynamiques et entretenaient des relations avec leurs voisins. Ceux qui sont arrivés plus tard, les Français et les Britanniques, ainsi que des vagues successives de nouveaux arrivants des quatre coins du monde, ont apporté avec eux une abondance de liens avec des réalités mondiales nouvelles et plus vastes. Les Canadiens sont tournés vers l'extérieur et cosmopolites par leur nature même. Les Canadiens méritent un musée qui reflète cela. L'expérience canadienne n'a jamais été limitée dans le temps et dans l'espace et fait partie intégrante de l'expérience humaine plus générale.
Nous craignons que la décision du gouvernement de transformer le MCC pour qu'il devienne le MCH ne s'inscrive dans une tendance de politiques patrimoniales à saveur politique qu'on voit émerger depuis quelques années. À l'instar des dépenses substantielles de deniers publics consacrés à la célébration du bicentenaire de la Guerre de 1812, cette initiative semble refléter une nouvelle instrumentalisation de l'histoire aux fins du programme politique du gouvernement, qui consiste à mettre en lumière des aspects particuliers de notre passé, privilégiés par les ministres à la tête du gouvernement actuel.
Si tel est le cas, il s'agit d'une utilisation extrêmement abusive de nos institutions culturelles nationales, qui devraient être indépendantes de tout programme gouvernemental particulier et devraient plutôt être dirigées selon de saines normes et de sains principes professionnels d'impartialité.
Encore une fois, je félicite le gouvernement de son initiative d'établir un musée canadien de l'histoire. Je déplore la décision du gouvernement de convertir le Musée canadien des civilisations en une camionnette.
Merci.
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Monsieur le président, membres du comité, je tiens d'abord à vous remercier de cette invitation à comparaître devant vous aujourd'hui.
L'Institut Historica-Dominion est l'institut le plus important du Canada ayant comme mandat de mieux faire connaître les questions d'histoire et de citoyenneté.
[Traduction]
Notre conseil d'administration est composé de certains des représentants du monde des affaires les plus respectés au pays ainsi que de représentants de milieux philanthropique et artistique, dont un certain nombre sont membres de l'Ordre du Canada.
Parmi toute notre gamme de programmes, notons nos Minutes du Patrimoine, lesquelles sont bien connues, et le Projet Mémoire, dans le cadre duquel on organise des visites d'anciens combattants dans les écoles et on enregistre sur vidéo le récit de leurs expériences de guerre. Passages vers le Canada permet à des Canadiens venant d'autres pays et appartenant à différentes ethnies et cultures d'aller dans nos écoles et nos institutions publiques pour parler de leur expérience. L'Encyclopédie canadienne, qu'on est actuellement en train d'améliorer, est assurément un registre numérique qui regroupe toutes sortes d'éléments canadiens, et Rencontres du Canada, initiative annuelle qui dure chaque fois plus de 30 semaines, accueille plus d'un millier d'étudiants du nord au sud et d'est en ouest pour qu'ils passent une semaine à apprendre ici à Ottawa.
Nous sommes un organisme non partisan. Cela dit, nous sommes vivement en faveur du projet de loi.
On peut diviser les Canadiens en une infinité de catégories, mais prenons-en deux: ceux nés ici et ceux nés à l'étranger. Les Canadiens nés ici sont automatiquement des citoyens et, en fait, ne sont pas tenus d'en savoir très long au sujet de notre pays. Paradoxalement, ceux qui viennent ici en savent souvent plus au sujet de leur pays d'accueil, car ils l'ont choisi et parce qu'ils doivent posséder des connaissances pour réussir leur test de citoyenneté.
Mais ils ont besoin de plus et en veulent plus, et, trop souvent, la réponse ne se trouve pas dans nos écoles. Comme nous le savons, seulement 4 des 13 provinces et territoires rendent obligatoire l'obtention d'une note de passage en histoire pour obtenir le diplôme d'études secondaires.
[Français]
L'histoire nous enseigne ce que nous avons réalisé à titre de nation, comment nous nous sommes rendus là où nous nous trouvons et nous offre une carte routière pour l'avenir. Nous ne sommes pas toujours d'accord sur ses leçons et non seulement cela est-il acceptable, mais c'est même souhaitable. Un bon débat engendre davantage de clarté, nous fait connaître d'autres points de vue, provoque en nous davantage de réflexion et ainsi produit de meilleurs résultats.
[Traduction]
Un musée national de l'histoire aide à lancer ce processus. Bien sûr, 25 millions de dollars, c'est beaucoup d'argent, mais, d'une certaine manière, ce ne l'est pas. Il coûte environ 70 ¢ par Canadien pour créer un meilleur débat et discuter de notre histoire nationale. Aucune institution n'est mieux placée pour le faire qu'une institution appartenant au gouvernement fédéral, tel qu'en a décidé la Chambre des communes, par l'intermédiaire de laquelle chaque Canadien a voix au chapitre.
À notre institut, nous sommes fiers du travail que nous réalisons, mais nous ne présumons pas ni ne prétendons couvrir l'ensemble de l'histoire. Nos Minutes du Patrimoine, il y en a plus de 60, offrent des clichés de moments clés de l'histoire. J'aimerais souligner que cela comprend des événements mettant en cause des Canadiens dits ordinaires, de même que de mauvaises nouvelles ainsi que des chapitres tristes et malheureux de notre histoire. Nous supposons que ces minutes informent et sensibilisent les gens qui les regardent — et ils se comptent par millions, bien sûr, depuis plus de 20 ans maintenant. Nous espérons qu'elles susciteront un désir d'en apprendre davantage, et, le cas échéant, les Canadiens auront ensuite besoin d'un endroit pour satisfaire ce désir.
L'histoire appartient à tout le monde.
[Français]
Notre récit national a sa place là où tout le monde peut revendiquer le droit de s'y voir. Nous savons que plusieurs éléments de la société canadienne ne se jugent pas suffisamment représenter dans nos livres d'histoire.
[Traduction]
Nous nous attendons à ce que, dans le cadre de ce processus, ces voix se fassent entendre et qu'elles se reflètent dans un musée d'histoire.
En ce qui me concerne, j'ai principalement travaillé en journalisme, et non en histoire, et beaucoup d'entre vous pensez peut-être que le journalisme est le frère ou la sœur moins bien élevé de l'histoire. Le journalisme est parfois décrit comme étant la première ébauche de l'histoire.
Aujourd'hui, étant donné la grande démocratisation du processus d'information par le monde numérique, nous entendons de nombreuses voix interpréter des événements de nombreuses façons. Les gens intelligents comprennent qu'il est sage de lire de nombreuses interprétations pour avoir une meilleure idée du contexte d'un événement et de ses ramifications, notamment la création et le développement continu ainsi que l'évolution de la nation.
Pour mettre en marche ce processus, pour lancer la discussion, il doit y avoir un leader, un lieu de rassemblement et un élément déclencheur.
Nous disons souvent que la perfection est l'ennemi du bon. L'inverse peut parfois être vrai: le bon peut être un obstacle à la perfection. Le bon peut devenir très bon; le très bon vise la perfection. Nous ne devrions donc pas arrêter et affirmer que, puisque nous avons actuellement quelque chose de très bon, nous ne pouvons l'améliorer. En 2017, quand nous célébrerons les 150 ans de notre union reconnue en tant que Canadiens, un Musée canadien de l'histoire dirigé par le gouvernement fédéral servirait bien l'intérêt de notre pays, et de façon grandiose.
Merci beaucoup.
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Monsieur le président, merci pour la question posée par le député.
J'approuve certainement la façon dont vous avez décrit le problème. J'ai également grandi dans les années 1950, et j'avais un chapeau en peau de raton-laveur. Je sais, évidemment, que les Américains ont gagné la guerre de 1812 à cause de ce qui s'est passé en 1815, outre la fameuse bataille de la Nouvelle-Orléans, et je peux également chanter la chanson.
Cependant, ces problèmes de représentation dans les médias de masse ne seront pas réglés simplement en renommant un musée. La représentation dans les médias de masse, le type de narration populaire des histoires, à la manière d'Hollywood, c'est une chose à laquelle on ne peut faire concurrence qu'au moyen d'activités et d'industries culturelles importantes: le cinéma canadien, le cinéma britannique, le cinéma d'ailleurs.
Où le Musée canadien des civilisations et le musée de l'histoire proposé se situent-ils dans cela? Dans sa forme actuelle, le Musée canadien des civilisations offre une couverture très, très étendue de l'histoire canadienne. Selon mes calculs, 75 p. 100, environ les trois quarts, de tout l'espace réservé aux expositions publiques est consacré à l'histoire canadienne. Il y a des expositions sur sir John A. Macdonald, sur D'Arcy McGee. Rien ne permet de dire qu'elles ne peuvent être améliorées, et je pense qu'on peut saluer le fait qu'elles le soient. Les installations qui datent de 1989 et 1990 peuvent également être améliorées. Toutefois, le projet de loi permet-il fondamentalement cette amélioration? Selon moi, non. Le projet de loi, sous sa forme actuelle, nuit au mandat global de comprendre le monde et de jouer un rôle actif au sein de celui-ci.
Une des choses auxquelles j'ai participé qui me rend le plus fier a été d'inaugurer une exposition au centre-ville de Beijing pendant les Jeux olympiques, suivie, peu de temps après, de quatre expositions au Brésil montrant certains aspects de la vie canadienne, des artéfacts canadiens, ce que nous réalisons au Canada. C'est un élément essentiel du mandat du Musée canadien des civilisations.
Donc, je ne sais pas comment le problème devrait être réglé. Je crois que, sous sa forme actuelle, la législation, plutôt que de la renforcer, réduit et élimine la capacité des musées de contribuer à régler le problème auquel vous et moi avons fait face en grandissant.