:
Merci, monsieur le président et membres du comité.
[Français]
Permettez-moi de commencer en remerciant le comité pour son invitation à venir ici aujourd'hui pour discuter de questions concernant le protocole national.
Comme l'a mentionné M. Moore, je m'appelle Nicole Bourget et je suis la sous-ministre adjointe, Sport, Événements majeurs et Régions au ministère du Patrimoine canadien. Je suis accompagnée par Denis Racine, directeur exécutif, Événements majeurs et célébrations, et Joel Girouard, directeur, Cérémonial d'État et protocole.
Bien que les questions protocolaires ne soulèvent pas généralement beaucoup d'attention médiatique, elles constituent le fondement de toutes les cérémonies nationales qui se déroulent au Canada, et elles déterminent les règles de l'étiquette à respecter pour le traitement de symboles nationaux comme le drapeau national du Canada.
Aujourd'hui, nous aimerions profiter de l'occasion pour donner au comité une vue d'ensemble des différents types de questions protocolaires dont nous sommes responsables, après quoi nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
La responsabilité du protocole national relève du ministère en vertu de la Loi sur le ministère du Patrimoine canadien. Par définition, le protocole doit être souple et adaptable aux divers intervenants sur la scène politique ou sociale. Les fonctionnaires du ministère du Patrimoine canadien ont développé au fil des ans une grande expertise dans le domaine du protocole national. Cette expertise est utilisée pour organiser de nombreux événements comme des tournées royales, des funérailles d'État et l'installation d'un gouverneur général.
Le ministère fait également office de centre d'expertise sur des questions liées au protocole national et aux procédures connexes concernant, entre autres, les règles régissant le drapeau national du Canada, sa mise en berne, son déploiement et son utilisation. Nous donnons suite à des demandes de renseignements provenant du public sur les symboles nationaux, l'utilisation d'images royales et du préfixe « royal », ainsi que l'utilisation de symboles à des fins commerciales. Ce rôle comporte aussi des activités de communication et de liaison avec les bureaux du protocole des gouvernements provinciaux et territoriaux.
[Traduction]
Je voudrais prendre quelques minutes pour vous fournir des détails sur le protocole entourant des événements nationaux, en particulier les visites royales et les funérailles d'État.
Sa Majesté la Reine a visité le Canada 22 fois. Sa plus récente visite au Canada a eu lieu en 2010. En 2011, le Canada a accueilli Leurs Altesses Royales le duc et la duchesse de Cambridge. Ce mois-ci, il accueillera Son Altesse Royale le prince de Galles et la duchesse de Cornwall à l'occasion des célébrations du jubilé de diamant de la Reine.
Il importe de faire la distinction entre une visite officielle et une visite privée. Une visite officielle se fait à l'invitation du gouverneur général, alors qu'à l'occasion d'une visite privée, un membre de la famille royale poursuit des activités au nom ou en compagnie d'organismes privés. Le ministère du Patrimoine canadien s'occupe uniquement de visites officielles.
Les tournées royales reposent sur un véritable travail d'équipe. Le ministère du Patrimoine canadien est responsable non seulement de la planification d'une tournée, mais aussi de la coordination avec divers partenaires. Nous collaborons avec plusieurs autres ministères, le Bureau du Secrétaire du gouverneur général, des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que le service intérieur de la maison royale et le secrétaire canadien de Sa Majesté la Reine.
Je voudrais maintenant souligner le rôle que joue le ministère du Patrimoine canadien dans l'organisation de funérailles d'État. Des funérailles d'État sont organisées pour honorer et commémorer un gouverneur général décédé en fonction ou un ancien gouverneur général, un premier ministre décédé en fonction ou un ancien premier ministre, un ministre en exercice, et d'autres Canadiens éminents comme le juge opportun le premier ministre. Ces cérémonies nationales fournissent au public l'occasion de participer à un hommage national et de pleurer la perte du défunt.
Le rituel de funérailles d'État varie suivant les dernières volontés du défunt et celles de sa famille. Il y a toutefois des éléments communs. Le ministère du Patrimoine canadien est responsable de la coordination générale de tous les préparatifs des funérailles d'État, y compris l'exposition en chapelle ardente, la procession funéraire, le service funéraire, la mise en terre (qui peut comporter des honneurs militaires) et la réception suivant la mise en terre.
Les funérailles d'État relèvent de la compétence du ministère du Patrimoine canadien, mais de nombreux autres ministères, ainsi que les provinces et municipalités, participent à leur organisation et célébration, selon la complexité et l'importance des cérémonies.
[Français]
Bien que le Bureau du secrétaire du gouverneur général s'occupe des questions protocolaires pour le gouverneur général en exercice, ces questions relèvent du ministère du Patrimoine canadien lorsqu'un gouverneur général désigné se prépare à assumer sa charge. Le ministère lui fournit des services de soutien administratif au cours de cette période.
L'installation d'un gouverneur général est une cérémonie importante qui donne le ton au mandat du nouveau gouverneur général et reflète les questions importantes sur lesquelles il ou elle veut attirer l'attention. Comme dans le cas d'autres événements protocolaires importants, le ministère collabore avec de nombreux partenaires.
Pour finir, comme je l'ai mentionné plus tôt, le ministère fait office de centre d'expertise en ce qui concerne de nombreuses questions, dont l'utilisation appropriée du drapeau national.
À cet égard, l'application des règles concernant la mise en berne et le déploiement du drapeau national du Canada constitue la contribution la plus concrète du ministère. La mise en berne des drapeaux nationaux est une procédure bien établie que les pays utilisent pour conférer un honneur et exprimer un sentiment collectif de tristesse.
[Traduction]
Je vous remercie tous du temps que vous nous avez accordé. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
:
Le ministère peut compter sur différents documents que j'appelle des modèles administratifs. On y dresse la liste des choses à faire selon l'événement. Il y a par exemple certaines procédures à suivre pour les funérailles d'État. Il en va de même des visites royales et des événements nationaux importants.
Ce sont des documents que je qualifie d'évolutifs. Ils sont fondés sur les conventions et les usages. Notre ministère conserve une grande quantité de données sur les visites royales que nous avons accueillies et les funérailles d'État que nous avons célébrées. Nous ne nous limitons pas à un seul ouvrage, car le tout évolue constamment. Chaque visite royale est unique et c'est la même chose pour les funérailles d'État. Par exemple, une visite royale peut différer en fonction du nombre de villes touchées, des événements planifiés et du fait qu'elle s'inscrive ou non dans les célébrations de la fête du Canada. Tout le déroulement peut changer et nous nous adaptons pour chaque visite en partant de certains principes fondamentaux.
Pour ce qui est des funérailles d'État, tout dépend en fait des volontés du défunt, comme ce fut le cas pour MM. LeBlanc et Hnatyshyn, et des membres de la famille.
Si l'on souhaite une exposition en chapelle ardente, nous avons pu voir lors des funérailles de M. Layton qu'il fallait parfois le faire dans deux villes, plutôt qu'une seule. Il a été exposé à Toronto puis à Ottawa, ce qui n'avait jamais été fait auparavant. Certaines familles préfèrent qu'il n'y ait pas d'exposition.
Il y a donc certaines données de base qui nous servent de références. Si nous n'avons pas de manuel figé, c'est parce que le processus est évolutif. Le protocole évolue en effet en fonction de l'époque, des volontés personnelles et des gens concernés. Il existe bel et bien des lignes directrices qui remontent aux toutes premières visites royales, soit bien longtemps avant mon entrée en fonction.
En outre, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires qui détiennent également de l'information à ce sujet. Si nous prenons l'exemple du ministère de la Défense nationale, il a sa propre marche à suivre de concert avec la GRC pour les questions de sécurité. Nous collaborons également avec Travaux publics qui se spécialise dans la planification des événements et l'aménagement physique des lieux. Il y a aussi les aspects qui relèvent de notre responsabilité. Nous coopérons avec nos partenaires fédéraux, les provinces et les villes.
Nous mettons également notre expertise à la disposition d'autres instances. Dans le cas de M. Layton, nous avons conseillé la ville de Toronto quant à la façon de planifier l'événement, de collaborer avec la police et de prendre toutes les mesures nécessaires.
Il existe bien sûr des documents et des modèles de communication pour annoncer une visite royale ou publier un guide à l'intention des médias en pareille occasion.
Je dirais donc que nous avons toute une gamme de documents et de modèles administratifs qui guident notre travail.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous ce matin.
Quand on pense aux visites royales, par exemple, il est clair que ça implique tout un protocole. On se souvient d'une occasion où un individu avait touché la reine. Cet incident avait causé un problème. Je ne doute pas que dans ce genre de contexte, le protocole est beaucoup plus strict.
La présente étude, qui va couvrir les quatre prochaines rencontres de ce comité, émane du protocole qui a été appliqué lors des funérailles du regretté Jack Layton. Selon plusieurs, on a réussi, lors de ces funérailles d'État, à démontrer une certaine souplesse tout en maintenant le protocole. Des gens m'ont dit à maintes reprises à quel point ils avaient été marqués, autant par les funérailles d'État que par la célébration de la vie de cette personne. C'est même un événement au cours duquel certains ont envisagé leurs propres funérailles, ce qui les a marqués également.
Lors de cet événement, vous avez réussi à maintenir certains standards tout en restant très souples. Je pense même que dans les premières pages du site de Patrimoine canadien, on parle du maintien de cette flexibilité. J'aimerais que vous nous parliez de votre contribution aux funérailles de M. Layton.
:
Je répondrais que oui. Pourquoi donc? Parce qu'il y a...
Soit dit en passant, il y a des ouvrages publiés au sujet du protocole. Certains présentent leur travaux, leurs études à ce sujet.
Cela aurait pour effet de figer les attentes des gens. Ils diraient qu'ils ont en main la liste détaillée des choses à faire pour que l'événement soit couronné de succès. Nous soutenons que tout n'est pas aussi simple. Vous pouvez très bien réussir votre événement en sautant quelques-unes des étapes énumérées ou en les réalisant dans le désordre. Il n'y a pas de recette ou de solution qui convienne à toutes les situations. On ne peut pas dire: « D'accord, des funérailles d'État doivent se dérouler de cette manière. » Cela manquerait de souplesse. On ne peut pas non plus affirmer qu'aucune adaptation n'est possible pour une visite royale, qu'il faut suivre les règles à la lettre. On crée ainsi des attentes fixes qui ont pour effet d'éliminer cette flexibilité permettant aux gouvernements et aux personnes touchées par des funérailles d'État d'en concevoir le déroulement en ayant vraiment un mot à dire dans le processus.
Vous avez mentionné le protocole des cadets de la Défense nationale, mais cela fait partie de leur doctrine. Il y a des institutions historiques qui ont des traditions très bien ancrées. Jamais nous n'empiéterions sur ces traditions. Ils ont des guides pour l'organisation d'une parade indiquant la façon de présenter les décorations, les couleurs, les régiments. Il s'agit d'une masse d'information distincte qui a son importance, car cela fait également partie de notre histoire.
Si vous voulez savoir si nous pourrions avoir un manuel, je vous dirais qu'on a déjà essayé par le passé de compiler de l'information. Mais on constate très rapidement que ce n'est plus... Cela peut toujours servir comme base et comme guide, mais on ne peut plus dicter le déroulement des événements car ils peuvent être aussi bien locaux que provinciaux, nationaux ou internationaux, et des règles différentes s'appliquent dans chaque cas. À titre d'exemple, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a une section chargée du protocole, car on doit organiser des visites de chefs d'État au Canada et qu'il faut s'adapter en fonction de chaque cas particulier.
Pour notre part, nous affichons sur notre site Web les données à notre disposition qui peuvent être rendues publiques. Comme je le disais, nous avons ces modèles administratifs, mais je pense que ce serait... Nous ne voulons pas être prescriptifs. Nous voulons que les gens qui conçoivent des événements suivent leurs propres inspirations en nous assurant... Beaucoup de gens nous appellent. Nous partageons notre expertise. Il y a un réseau informel des chefs du protocole dans tout le pays. Nous mettons en commun nos pratiques les plus efficaces. Nous en discutons. Mais comme je l'indiquais, les choses évoluent constamment.
:
D'accord. Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence. Notre discussion sur des événements importants et les symboles que nous présentons aux Canadiens comme reflets de notre pays est très intéressante. J'aime vraiment cela. Je pense qu'il est important que le comité reconnaisse le professionnalisme du ministère à cet égard et pour bien d'autres choses.
Tous les Canadiens ont pu voir les funérailles nationales magnifiques tenues de façon professionnelle pour le regretté Jack Layton. Elles ont été préparées en très peu de temps. J'ai assisté à certaines cérémonies qui ont eu lieu au Nathan Phillips Square juste avant les funérailles. J'ai pu voir que sur le terrain, toutes ces choses nécessitent du professionnalisme, une grande connaissance des traditions et une conscience que des choses peuvent se produire et qu'il faut être capable de réagir.
Vous avez donné assez clairement votre point de vue sur la question de savoir si cela peut être codifié de façon précise. En fait, je crois comprendre qu'à votre avis, du moins pour ce qui est de votre ministère, le cadre existe. L'important — et veuillez me corriger si je me trompe —, c'est que le cadre est solide et qu'il est fondé sur des précédents. Vous pouvez peut-être m'expliquer le point de vue de votre ministère, car il est l'un des nombreux ministères qui ont des cadres, et bien sûr, les autres ordres de gouvernement ont un protocole, et différentes organisations de la société civile ont le leur.
Si nous tentions de faire un manuel de protocole, comment procéderions-nous?
Comment pourrait-on procéder? Comme je le disais, nous avons le cadre de travail. Nous avons les modèles. Cela demanderait beaucoup de travail de colliger toute cette information et de déterminer ce qui serait utile à la consommation publique. Il faudrait réfléchir à la présentation de l'information, car les citoyens qui l'utiliseront comme guide n'auront pas besoin des mêmes renseignements que les professionnels qui doivent s'en servir pour leur travail.
Il faudrait déterminer le public cible, la portée, le format et comment rendre tout cela accessible, en plus d'établir très clairement les objectifs que nous voulons atteindre grâce à cela. C'est différent selon le groupe visé. Je répète que les citoyens qui veulent savoir comment organiser un événement local n'auront pas du tout besoin des mêmes renseignements qu'un professionnel qui doit organiser des funérailles d'État.
Mes employés vous diraient sans doute qu'ils travaillent 18 heures par jour, et même jour et nuit, lorsqu'il s'agit de funérailles d'État. Essayer en plus de colliger toute l'information les mettrait probablement à bout de souffle en un rien de temps. Mais s'il fallait le faire, je crois qu'il serait important de s'assurer de la pertinence de l'information et bien indiquer quels sont les précédents et les traditions, tout en précisant qu'on dispose d'une certaine latitude.
Je préférerais mûrir la question, mais je vous répondrais spontanément que c'est le genre de choses qu'il faudrait examiner avant de penser à passer à l'action.
Denis?
:
Pour ce cas précis, j'avoue que je suis quelque peu étonnée, car les forces policières ont des traditions qui leur sont propres à l'égard de ce genre de cérémonie.
Pour le cérémonial de pliage du drapeau, là aussi je suis étonnée, parce que notre site Web explique en détail les techniques de pliage du drapeau canadien. Les explications sont accompagnées d'illustrations — pardon, l'information n'a pas encore été affichée sur notre site Web. Cependant, en communiquant avec le ministère, vous pouvez obtenir une vidéo qui a été produite par un de nos agents du protocole, Paul « Smokie » LeBlanc, un ancien militaire. Nous avons cette information.
Le rôle du ministère est de préserver et de promouvoir tous les symboles canadiens d'importance. Nous tentons de le faire grâce à des documents éducatifs. Nous nous servons également de notre site Web. La section portant sur les cérémonies nationales est celle la plus consultée du site du ministère. Les enseignants l'utilisent beaucoup. Nous avons des guides sur les symboles nationaux. Nous avons des livres sur les symboles. Il y a « La couronne canadienne », dont une nouvelle version vient d'être publiée. Nous offrons une foule de renseignements voués à préserver, à promouvoir et à faire connaître nos jalons historiques. Des jours spéciaux ont été établis.
Dans le cas de ce policier, je suis très étonnée que les responsables n'aient pas pu obtenir de l'aide et des réponses à leurs questions en consultant le site Web ou en communiquant avec le ministère.
:
Je crois que c'est là où l'idée d'un manuel... Je sais qu'en entendre parler vous fait probablement grincer des dents, mais je pense que c'est à cela que pourrait entre autres servir un manuel. Comme M. Simms et les autres le disaient, il y a beaucoup de protocoles militaires différents; nous l'avons d'ailleurs constaté aux funérailles de M. Layton.
Nous avons changé le format, mais les principes de base restent les mêmes. Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que le message ne se rend pas, que ce soit au niveau provincial ou municipal, ou même aux députés qui interviennent auprès de leur collectivité.
Honnêtement, ne devrions-nous pas faire preuve d'un peu plus d'arrogance vis-à-vis de nos traditions? Un moment donné, ne faudrait-il pas déclarer que le Canada a été bâti par deux peuples fondateurs, et que les traditions sont ce qu'elles sont. Si on en vient à demander quelque chose, ne serait-il pas approprié, tout en reconnaissant les bons coups, de signaler les erreurs et de donner aux gens des moyens d'améliorer les choses?
C'est peut-être une question de nature politique; je vous laisse y répondre.
:
Merci beaucoup. Je ne pensais pas pouvoir poser de question. J'en suis très heureuse.
J'ai réfléchi à la question, et il m'apparaît très clair, comme vous nous l'avez dit, que chaque province a son protocole. Je me rappelle avoir discuté du protocole à différentes occasions lorsque j'étais députée provinciale en Ontario. Vous n'avez ménagé aucun effort pour rendre le protocole accessible aux gens, de façon à ce que nous puissions effectivement respecter des traditions positives.
J'aimerais revenir sur une des questions que vous a posées M. Calandra, et c'est au sujet des traditions des peuples fondateurs — les Anglais, les Français et les Premières nations. Ce sont évidemment des traditions très importantes que nous devons très certainement respecter.
Mais pouvons-nous aussi intégrer les traditions plus récentes, celles qui nous viennent des nombreux immigrants qui ont choisi le Canada comme terre d'accueil et qui ont apporté avec eux un riche bagage culturel? Je pense aux funérailles de Jack Layton et de la participation très touchante, et fort appropriée à mon avis, de la communauté musulmane et de plusieurs autres.
:
Merci, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi de comparaître devant le comité dans le cadre de cette nouvelle étude.
Comme vous le savez déjà, les exigences protocolaires que le gouvernement applique dans les cas de visites d'État, de funérailles ou d'autres événements sont la responsabilité des bureaux du Protocole du ministère du Patrimoine canadien et du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Pour ce qui est du Parlement, la responsabilité incombe au bureau du Protocole du Parlement, dirigé par Elizabeth Rody, qui fait partie de la Direction des affaires internationales et interparlementaires, dirigé par Eric Janse.
J'aimerais prendre quelques minutes pour faire un survol du rôle et du mandat du bureau du Protocole du Parlement, de notre rôle dans les événements qui vous intéressent et des différences entre le protocole du gouvernement fédéral et celui du Parlement.
[Français]
Le bureau du protocole du Parlement fait partie de la Direction des affaires internationales et interparlementaires du Parlement du Canada. La direction est le seul service conjoint du Parlement qui relève à la fois, par l'entremise des deux greffiers, du Comité de la régie interne du Sénat et du Bureau de régie interne de la Chambre des communes.
La chef du protocole relève du greffier adjoint et directeur général des Affaires interparlementaires et internationales, Eric Janse, qui se trouve à ma droite. L'équipe du protocole est dirigée par la chef du protocole du Parlement, Elizabeth Rody, qui se trouve à ma gauche.
[Traduction]
Le bureau du Protocole du Parlement aide les présidents des deux chambres à s'acquitter de leurs fonctions diplomatiques et cérémoniales; il appuie les échanges et les associations parlementaires, organise des conférences parlementaires et fournit de l'expertise et des conseils sur toutes les questions de protocole parlementaire. La portée de son travail ne se limite pas à Ottawa: il contribue notamment aux délégations parlementaires qui visitent diverses régions du pays, un bon exemple étant la 127e Assemblée générale de l'Union interparlementaire, que le Parlement du Canada tiendra à Québec en octobre 2012.
Le bureau du Protocole apporte aussi sa collaboration à diverses activités gouvernementales qui ont lieu dans les édifices du Parlement.
Il s'assure que les volets du protocole applicables aux visites de dignitaires et de parlementaires étrangers et aux autres événements sont bien définis, organisés et exécutés; que les visites et les événements organisés sur la Colline du Parlement se déroulent d'une manière qui convient à la dignité et à l'envergure du Parlement du Canada; que les dignitaires en visite ont droit à toutes les courtoisies diplomatiques qu'exigent les pratiques protocolaires internationales; que les dignitaires, lors de leur visite au Parlement, reçoivent une image positive de l'institution et en comprennent mieux les rouages; et que des lignes directrices et des procédures de protocole parlementaire sont élaborées et maintenues en fonction des précédents et des connaissances de l'institution.
[Français]
Dans certains cas, le bureau du protocole joue un rôle très limité lors des visites et des événements organisés par le gouvernement, par exemple lorsque le premier ministre ne fait que rencontrer un homologue étranger dans son bureau de l'édifice du Centre. Mais très souvent, notre participation est beaucoup plus importante.
[Traduction]
La vaste majorité des visites de chefs d'État ou de gouvernements, et des autres événements de haut niveau se tiennent sur la Colline du Parlement ou ont un volet parlementaire important. Le bon déroulement de ces événements nécessite des ressources substantielles qui touchent divers services de la Chambre des communes, comme la sécurité, l'entretien et l'allocation des pièces.
[Français]
Parmi les événements protocolaires qui ont lieu sur la Colline du Parlement, mentionnons les cérémonies d'accueil de chefs d'État ou de gouvernement étrangers ou d'autres parlementaires et de dignitaires internationaux de haut niveau; les allocutions au Parlement; les cérémonies d'accueil; l'ouverture d'une session parlementaire; les cérémonies d'investiture d'un gouverneur général; les cérémonies de dévoilement et les activités commémoratives parlementaires, par exemple des portraits ou des vitraux; les funérailles nationales; et les commémorations d'événements nationaux.
[Traduction]
Afin de veiller au bon déroulement des activités mentionnées, le bureau du Protocole du Parlement travaille en partenariat et collabore avec le bureau du Protocole des Affaires étrangères, le service du Cérémonial d'État du ministère du Patrimoine canadien, les bureaux du protocole provinciaux et territoriaux, et d'autres organismes gouvernementaux tels que le ministère de la Défense nationale, comme dans le cas récent de l'opération MOBILE en Libye et de la cérémonie organisée pour saluer cet effort.
[Français]
Prenons un exemple précis. La responsabilité générale à l'égard des funérailles nationales revient à Patrimoine canadien. Cependant, lorsque l'exposition en chapelle ardente a lieu sur la Colline du Parlement, ce qui est presque toujours le cas, nous jouons un rôle clé dans le travail de logistique, l'accueil des dignitaires, l'établissement de scénarios, la coordination de la sécurité, etc.
L'un des défis principaux consiste à appuyer ces événements tout en tenant compte du fait que l'édifice du Centre est un édifice de travail qui sert à des fins législatives. Le Président Scheer y a récemment fait référence dans l'une de ses décisions.
[Traduction]
Permettez-moi de citer la décision du Président Scheer:
Comme nous le savons tous, la cité parlementaire et ses édifices existent principalement pour soutenir les fonctions du pouvoir législatif. L'édifice du Centre en particulier, étant donné qu'il abrite les salles où siègent la Chambre des communes et le Sénat, est un « édifice de travail » où se déroulent les travaux parlementaires et où les députés doivent être libres d'exercer leurs fonctions sans entrave, même lorsque d'autres activités y ont lieu. Il va sans dire que ces édifices patrimoniaux, surtout l'édifice du Centre, sont également l'endroit idéal pur tenir divers événements, et nous sommes fiers de les mettre en valeur pour accueillir nos invités de marque. Cependant, lorsque se produisent des activités comme la visite du premier ministre d'Israël le 2 mai dernier, il faut faire particulièrement attention à ce que les exigences concurrentes concernant l'utilisation des édifices et de l'enceinte soient bien comprises, afin d'effectuer les accommodements nécessaires et d'atteindre l'équilibre voulu.
Les pratiques protocolaires applicables diffèrent selon qu'il s'agit d'un événement parlementaire ou d'un événement national ou d'État. Le bureau du Protocole du Parlement organise régulièrement, sur la Colline, des événements qui réunissent les pouvoirs exécutif et législatif, et il veille à tenir compte des deux protocoles afin de ne froisser personne et d'éviter les malentendus.
[Français]
Le bureau du Protocole du Parlement intègre les éléments, les précédents et les pratiques parlementaires aux événements organisés par le pouvoir exécutif sur la Colline du Parlement, comme l'accueil officiel des dignitaires par les Présidents ou le rôle des chefs de parti lors d'une allocution au Parlement. L'ordre de préséance du gouvernement fédéral ne reflète pas la composition de la Chambre des communes — je pense par exemple à la position des partis — ni le leadership exercé par certains députés à la Chambre. En ce qui a trait aux événements parlementaires, où le rôle des Présidents, des chefs de parti, des leaders à la Chambre et des whips entre en ligne de compte, la position des partis détermine la préséance et non l'ordre de préséance du gouvernement fédéral. Par exemple, l'attribution des places à un dîner tenu par le gouverneur général ou le premier ministre est différente de celle d'une activité d'accueil tenue par le Président.
[Traduction]
Le protocole exige de la souplesse et du bon sens, et il doit être fixé d'un commun accord entre les différentes parties qui organisent l'événement. De nombreux facteurs entrent en jeu à cette occasion: le rôle des hôtes, la nature de l'institution, ainsi que les objectifs et les résultats visés. Le protocole est plus un art qu'une science. Si nous examinons comment a été organisée l'exposition en chapelle ardente du regretté chef du Nouveau Parti démocratique, on constate que c'est bel et bien le cas.
Toutes les parties concernées — les pouvoirs exécutif et législatif, la province et la ville de Toronto — ont tenu compte, dans leurs scénarios, de leur protocole, de la nature de leur institution et, surtout, des volontés de la famille, tout en respectant le protocole général des funérailles nationales établi par le ministère du Patrimoine canadien.
Voilà donc un aperçu de notre rôle au bureau du Protocole du Parlement.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Si je peux m'aventurer un peu, monsieur le président, je vais prendre comme exemple les funérailles de M. Layton.
À 10 h 30, le jour même où son décès a été annoncé, j'étais au bureau du sergent d'armes. Elizabeth y était aussi, de même qu'une personne clé du Bureau du premier ministre. En effet, on savait qu'il y aurait une situation à gérer. On ne savait pas, à ce moment-là, si le premier ministre offrirait des funérailles d'État, comme il l'a fait, mais on savait que la gestion serait mise à contribution et on voulait s'assurer qu'un contact serait établi tout de suite avec les personnes clés. Il y avait là une personne du Bureau du premier ministre, étant donné que la décision d'accorder cet honneur à M. Layton émanait du premier ministre, et on voulait savoir tout de suite ce qu'il en était. On a aussi deviné, naturellement, vu quelle personnalité était M. Layton, que le parti et la famille auraient un rôle important à jouer dans le cadre de cet événement.
Immédiatement et naturellement, on a été tout à fait d'accord pour respecter les principes qui s'imposent dans le cas de funérailles d'État, en vertu du protocole de Patrimoine canadien, tout en s'assurant de respecter, dans la mesure du possible, les désirs de la famille, ce qui était primordial. Il fallait que tout cela soit digne du grand Canadien qu'était M. Layton, dont on voulait honorer et célébrer la vie.
Les gens ont été instantanément d'accord pour dire que la dernière chose à faire aurait été de revendiquer, chacun de son côté, le droit de prendre les décisions. Je suis très fière de vous parler de cette collaboration, qui a même impliqué les services de sécurité du Sénat et de la Chambre des communes. Les services de sécurité du Sénat ont prêté main forte au sergent d'armes et au service de sécurité de la Chambre quand il s'est avéré nécessaire de disposer de suffisamment d'heures pour que les citoyens qui faisaient la file puissent saluer M. Layton. On a aussi rappelé des pages qui avaient travaillé l'année précédente avec M. Layton pour qu'ils dirigent les gens vers le livre de condoléances. Pour le jour où le cercueil devait retourner à Toronto, Mme Andrea McCrady, qui est carillonneur, avait préparé un programme spécial, de concert avec la famille, pour que la musique ait un sens particulier pour la famille et Mme Chow.
Je pense que c'est un exemple dont on peut être très fiers. Bien sûr, on n'a eu aucun préavis et il a fallu faire face à des défis assez particuliers, étant donné que les choses se passaient à plusieurs niveaux simultanément. À mon avis, ça démontre bien la façon dont les choses se déroulent.
:
Un programme est bel et bien prévu, et Elizabeth pourra vous en parler directement.
Compte tenu de la situation mondiale actuelle, le niveau de sécurité dépend naturellement du risque que court le visiteur, d'après notre évaluation. Par exemple, les services secrets — le moment est peut-être mal choisi pour en parler — savent que le service de sécurité du président américain est bien connu pour prendre le relais partout où il se trouve afin de protéger le président. Nous en avons été témoins à l'occasion d'un certain nombre de visites présidentielles.
De façon similaire, le premier ministre Netanyahu nous a rendu visite dernièrement, et la sécurité a été renforcée considérablement compte tenu du contexte mondial. Or, je doute que la visite du président d'Irlande, disons, aurait exigé les mêmes mesures.
Lorsqu'il est question de sécurité, nous faisons preuve d'une grande souplesse. Le sergent d'armes et les Services de sécurité du Sénat collaborent très étroitement avec la GRC pour veiller à ce que les mesures de sécurité nécessaires soient en place.
En ce qui concerne les drapeaux, pourriez-vous répondre à la question, Elizabeth...?
Puisque des normes s'appliquent aux visites, nous devons d'abord déterminer s'il s'agit d'une visite d'État ou d'une visite officielle, selon notre jargon protocolaire. Si le gouverneur général adresse l'invitation, il s'agit d'une visite d'État, alors que c'est une visite officielle si l'invitation provient du premier ministre. C'est alors le Président qui dirige la visite. Disons que divers types de protocoles s'appliquent aux différentes catégories de visites.
Je tiens à préciser que vous avez posé une excellente question à propos de la sécurité. Je travaille dans ce domaine depuis longtemps, et il arrive souvent que celle-ci ait préséance sur notre travail et sur le protocole. En effet, nous devons nous adapter à certaines réalités. Par conséquent, si un fonctionnaire du protocole prévoit une belle séance de photos extérieure, mais que les services secrets s'y opposent, nous devrons préparer un autre emplacement.
Mes collègues des Affaires étrangères comparaîtront la semaine prochaine; ce sont eux qui fixent les normes entourant les visites officielles au Canada. Lorsqu'ils m'avertissent de la visite du président d'Israël lundi, par exemple, ils m'indiquent s'il s'agit d'une visite d'État et si c'est le gouverneur général qui l'a invité. Il faut alors tout mettre en place: les drapeaux dans les rues, le Hall d'honneur, le tapis rouge et les honneurs militaires à la résidence du gouverneur général. Tous ces éléments entrent en ligne de compte lors d'une telle visite.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie nos invités spéciaux d'être avec nous aujourd'hui.
Les Canadiens s'intéressent visiblement au protocole, et ils sont souvent confrontés à des situations qui les obligent à en apprendre un peu plus en la matière, et généralement à la dernière minute, comme lors du décès de M. Layton l'an dernier. Une foule d'informations circulait à propos du protocole en vigueur, mais rien ne provenait d'une source fiable.
Comme vous le savez, Elizabeth, j'ai eu affaire à des visiteurs du Congrès en tant que président du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis; nous avons été témoins de situations particulières.
De plus, lorsque nous participons en tant que députés à des événements organisés dans notre circonscription, les gens nous parlent souvent du protocole entourant l'ordre des intervenants. Même si nous expliquons de quoi il s'agit, ce n'est écrit nulle part. Je sais que nous avons un peu discuté de l'accessibilité de ces renseignements; si nous l'améliorons, les Canadiens en profiteront peut-être un peu mieux. Croyez-vous que nous pouvons le faire?
:
J'espère toujours qu'avant de profiter des joies de la retraite — non pas qu'elle y songe dans l'immédiat —, Elizabeth aura le temps de compiler pour nous dans une sorte de guide ou dans des lignes directrices son extraordinaire connaissance des événements protocolaires.
Si j'ai bien compris, c'est ce à quoi faisaient allusion des témoins précédents en disant qu'ils préféraient ne pas avoir toutes ces connaissances figées dans un livre. Je sais qu'il y a un danger à cela, mais pas toujours et cela dépend des circonstances. Je pense en effet à ceux à qui vous dites que le hall d'honneur prévoit telle ou telle convention et qui vous répondent: « Mais où cela est-il écrit? »
Je ne voudrais pas que l'on soit contraint par des règles figées, mais je suis convaincue que les principes de base, comme Elizabeth me l'a dit à maintes reprises, ne changent pas d'un événement à l'autre. On essaie de faire preuve d'une courtoisie invisible pour faire en sorte de reconnaître l'apport de tous ceux qui participent à un événement et de leur accorder l'attention qu'ils estiment mériter dans le rôle qu'ils y jouent. C'est là qu'intervient la négociation.
L'une des choses que j'ai apprises dans ma carrière, en tout cas depuis que je suis devenue greffière adjointe en 2000, puis nommée greffière en 2005, est que les niveaux de protocole peuvent varier de façon tout à fait spectaculaire d'un pays à l'autre. Lorsque vous accompagnez le Président à l'étranger, il se peut que son véhicule soit entouré d'une escorte de motocyclistes, de cavaliers ou autres et vous pensez alors: « Mon Dieu, quand nous devrons rendre la pareille à ces gens, il va falloir leur expliquer qu'on ne procède pas tout à fait de la même façon; que les escortes de motocyclistes sont réservées aux invités extraordinaires, dont ils ne font malheureusement pas partie. »
C'est toujours un peu délicat. Nous essayons de leur expliquer les services offerts en la circonstance, notre souhait qu'ils se sentent confortables au Canada, avec nos normes et nos traditions, qui sont telles ou telles pour des personnes de leur rang. Comme je l'ai dit, ce n'est pas une conversation facile, mais nous avons des gens qui s'y prennent très bien pour leur fournir ces explications.
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Le protocole international évolue lui aussi. Nombre des lignes directrices internationales, concernant notamment les drapeaux, nous sont fournies par l'ONU. On saura, par exemple, comment présenter les drapeaux lorsqu'il y a un sommet. Selon la Convention des Nations-Unies, ce sera par ordre alphabétique en anglais, à moins qu'il s'agisse d'un sommet de la Francophonie. Il y a donc des lignes directrices générales.
Comme vous le savez, les sommets sont devenus tout un art et beaucoup de groupes s'y penchent lorsqu'ils ont lieu. Ces groupes ont élaboré des protocoles que l'on remarque dans les rencontres internationales. À la télévision, on voit toujours le même genre de format — la façon dont les drapeaux sont présentés, dont les gens sont assis, et tous les protocoles du genre.
Les principes fondamentaux sont toujours les mêmes, parce que tout revient à l'ordre de préséance. Si un sommet du G20 réunit des chefs d'État et de gouvernement, les chefs d'État arrivent en premier, en fonction de leur date d'élection ou de nomination. Il en va de même pour les événements tenus au Canada — pour les parlementaires, par exemple, on cherche à savoir qui a été élu en premier, qui est membre du Cabinet, etc. Ce sont les mêmes principes qui s'appliquent à différents niveaux.
Les protocoles internationaux sont très similaires. Ils ont été élaborés il y a de nombreuses années de cela aux pourparlers de la Convention de Genève, au moment où l'Europe décidait de toutes les divisions d'après-guerre. Lorsque les ambassadeurs se sont rencontrés, ils ont dû élaborer un ordre de préséance qui a été communiqué à tous les bureaux de protocole et que nous avons appliqué différemment.
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Quand je dis qu'il s'agit plus d'un art que d'une science et qu'il serait utile d'avoir des lignes directrices, ce serait essentiellement pour qu'il y ait un transfert de connaissances de la part des anciens et une documentation des précédents. Comme on peut le comprendre, le Parlement a très souvent une culture orale. On sait que cela se fait comme ça, mais cela n'a jamais été écrit.
En même temps, je ne voudrais pas qu'un écrit devienne une sorte de diktat dont on ne puisse s'écarter même si, ce faisant, l'événement serait plus réussi, en répondant aux besoins des participants et en étant mieux adapté aux circonstances d'une situation donnée.
Il s'agit plutôt, je pense, de fournir un cadre dans lequel on peut fonctionner et qui comprend les principes à respecter. Une fois qu'on en tient compte et que l'on opère dans le cadre habituel, on peut s'en écarter et on sait tous qu'on s'en écartera ou qu'on pourra le faire dans certaines circonstances.
Je ne voudrais pas refroidir l'enthousiasme pour cette noble entreprise, mais je crois qu'il serait très difficile d'aboutir à un cadre national sur un sujet comme celui-ci, en partie parce que les gens sont très jaloux de leur territoire et en partie parce que, le connaissant si bien, ils pensent que leur façon de faire est sacro-sainte. Dès que vous entreprenez une négociation de ce type, vous la diluez nécessairement — tout le monde doit mettre un peu d'eau dans son vin — et je me demande si l'on arriverait ainsi à mettre sur pied des lignes directrices vraiment pertinentes.
Je vois Eric… Eric m'empêche toujours, comme le coyote de la bande dessinée, de me jeter dans le vide. Je ferais donc mieux de lui céder la parole.
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Je ne sais pas si on veut en conclure — du moins, ce n'est pas mon cas — que tous les protocoles doivent être coulés dans le béton. Pour moi, j'y verrais plus une ligne directrice qui indiquerait ce qui a été fait dans le passé et donnerait peut-être quelques éléments dont il faut tenir compte.
Lorsque j'ai été élu pour la première fois, par exemple, le déroulement des événements était écrit: à quoi allait ressembler le premier jour à la Chambre, ce qui se passerait pendant le discours du Trône (l'huissier du bâton noir arriverait et cognerait à la porte). On ne pouvait pas pénétrer dans le Sénat au-delà d'un certain point. Tout était écrit. Il me semble que la cérémonie est restée la même que celle que je voyais enfant à la télévision et personne ne s'en est écarté. Mais la cérémonie est ce qu'elle est et je suppose qu'elle est consignée quelque part — en fait je le sais, puisque je l'ai.
Je ne veux pas dire par là que nos traditions ne changeront pas et que l'huissier ne fera pas quelque chose de différent à l'avenir mais, avant que cela n'arrive, je pense qu'il serait utile de pouvoir offrir de meilleures ressources. Ce serait notre façon de demander au gouvernement de faciliter au public l'accès à ce genre d'information.
Je vais profiter de votre présence pour vous demander autre chose.
On me dit, à propos de la mise en berne du drapeau sur la Colline du Parlement, par exemple, que c'est Patrimoine canadien qui en fixe le protocole, mais que c'est en fait Travaux publics qui donne l'ordre de le mettre en berne parce que c'est lui qui contrôle l'édifice.
Quelle est notre marge de manoeuvre par rapport au protocole puisque les édifices du Parlement sont contrôlés par Travaux publics et non pas par les députés? Pouvez-vous répondre à cette question? Avons-nous une marge de manoeuvre?
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Je comprends. Je penserais que quel que soit celui qui contrôle l'édifice, il pourrait y avoir des contrariétés à un moment donné. C'est dans la nature des choses.
Je pense que, de façon générale, les parlementaires et les Canadiens sont bien servis par les services du protocole de Travaux publics. Quant à la mise en berne, je crois qu'elle est bien comprise et respectée. Je crois aussi, évidemment, qu'elle doit s'inscrire dans certaines limites.
Au risque de m'aventurer trop loin, le fait que le drapeau n'ait pas été mis en berne à l'annonce du décès d'un soldat en Afghanistan a déçu et inquiété. Cela soulève toute une série de questions qui n'ont rien à voir avec l'hommage à rendre à celui qui a fait le sacrifice ultime, mais qui ont à voir avec la logistique. Est-ce que la mise en berne se fait le jour des funérailles? Le jour où la nouvelle est annoncée? Comment cela fonctionne-t-il?
Je pense que, de façon générale, les règles de mise en berne du drapeau sont très bien respectées par Travaux publics. Nous n'intervenons pas en la matière et je ne voudrais pas le faire.
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C'est intéressant que vous mentionniez cet événement qui, je crois, a eu lieu à 14 h 30. À 13 h 45, le Président Milliken faisait irruption dans mon bureau accompagné du leader du gouvernement à la Chambre pour me dire que les plans avaient changé et qu'ils voulaient que des représentants des Premières nations soient présents.
Nous avons donc complètement improvisé, mais en respectant les principes sacro-saints. Pour que ces gens soient présents, nous présenterions une motion à la Chambre en comité plénier. La motion préciserait que la présidence du comité plénier serait assurée par le Président lui-même et nous l'avons rédigée en ce sens.
Le seul contretemps est qu'il n'y avait qu'un seul micro qui marchait et, la loi de Murphy s'abattant bien sûr sur la greffière O'Brien, on décida qu'on le passerait de main en main. Ce qui fut fait et sembla faire naturellement partie du rituel.
Comme vous l'avez dit, cela a été extrêmement émouvant et a représenté un événement absolument fantastique pour le pays tout entier.
Même si j'aimerais que certains principes soient mis par écrit, j'aimerais aussi qu'il y en ait une transmission orale… Je trouve aussi qu'au fur et à mesure que mes cheveux blanchissent, l'écart entre générations ne prend plus 20 ans comme autrefois et que les gens ne semblent plus être conscients de ce que je considère comme un acte fondamental de courtoisie. Peut-être qu'à l'ère des textos, cela n'a plus guère d'importance, qui sait? Je suis sans doute trop vieille. En tout cas, tout ça pour dire que mettre ces principes par écrit et y adhérer servilement serait faire une terrible erreur. Je le redis, il faut penser à l'objectif visé. En l'occurrence, il s'agissait d'exprimer avec le plus grand respect et la plus grande dignité le chagrin que ressentait une nation face au sort que des gens avaient subi. Et je le redis aussi, on ne peut pas faire éclater toutes les règles. Il faut plutôt les ritualiser pour que les gens sachent ce qu'ils ont à faire et qu'ils le fassent dans le cérémonial voulu, si vous voulez.
Dans la même veine, je ne voudrais pas qu'on en perde en flexibilité, car c'est dans cela qu'est l'essence, l'art.