:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour tout le monde. Je voudrais commencer en vous remerciant de m'offrir cette occasion de comparaître devant vous, la première occasion que j'ai de Ie faire depuis I'ouverture de la nouvelle législature.
[Français]
Je suis heureux de passer quelques heures avec vous, surtout qu'il y a de nouveaux membres qui siègent maintenant au comité.
Laissez-moi vous dire que j'ai hâte de répondre à vos questions, et je suis plus qu'heureux de mettre mon équipe d'officiers supérieurs à votre disposition. Je serai toujours disposé à donner au comité tous les renseignements et le soutien dont il a besoin pour faire son travail important.
[Traduction]
Je suis ravi que vous ayez décidé d'entreprendre une étude approfondie de la disponibilité opérationnelle des Forces armées. Je suis conscient que votre entreprise est ambitieuse, mais je ne doute pas qu'elle va donner lieu à des échanges et à des recommandations fort utiles.
En ce qui me concerne, la disponibilité opérationnelle est Ie pilier Ie plus complexe, et on pourrait même dire Ie moins bien compris des quatre piliers sur lesquels reposent les capacités militaires décrites dans Ia Stratégie de défense Le Canada d'abord, les trois autres étant Ie personnel, l'équipement et l'infrastructure.
Je ne saurais trop insister sur l'importance d'assurer un équilibre entre ces quatre piliers. En investissant trop peu ou excessivement dans I'un des quatre piliers, les forces armées seront incapables de mener à bien les missions que Ie gouvernement leur confie.
Des quatre piliers, la disponibilité opérationnelle est Ie moins tangible, Ie moins visible et Ie plus difficile à évaluer. Mais il s'agit du pilier Ie plus concret pour les Forces canadiennes quand il s'agit de la réalisation de leur mission. La disponibilité opérationnelle est ce qui nous permet de prendre nos investissements en personnel, en équipement et en infrastructure pour produire des résultats là et au moment où Ie besoin se fait sentir.
Comme Ie major-général Vance I'a indiqué mardi dernier, nous estimons que vous profiteriez d'entendre des interventions de trois des principaux groupes formant I'Équipe de Ia Défense dans Ie cadre de votre étude, à savoir: les responsables de Ia mise sur pied d'une force que sont les commandants de la Marine royale du Canada, de l'Aviation royale canadienne et de l'Armée canadienne; Ies utilisateurs de la force, y compris le commandant de la Force expéditionnaire et le commandement du Canada, et les chefs principaux de I'Équipe de la Défense.
Les responsables de Ia mise sur pied d'une force sont ceux qui recrutent, de bâtissent, entraînent et soutiennent nos forces. Les utilisateurs d'une force sont les commandants qui dirigent nos marins, nos soldats et nos aviateurs et aviatrices vers Ia réussite opérationnelle. Les chefs principaux de notre Équipe de Ia Défense intégrée représentent Ies civils et les militaires qui travaillent les uns avec Ies autres pour analyser Ies différentes options afin de trouver Ie bon équilibre entre Ies ressources consenties aux quatre piliers.
[Français]
Chacun de ces groupes abordera la question de la disponibilité opérationnelle selon son propre point de vue et selon ses propres défis.
Aucun des intervenants n'est plus important ou nécessaire que les autres. Chacun d'entre eux joue un rôle important pour faire en sorte que la bonne personne ayant l'entraînement, l'expérience, l'équipement, l'équipe et le soutien appropriés soit au bon endroit au bon moment.
[Traduction]
En ce qui concerne mon propre rôle ici aujourd'hui, mon but est de vous donner Ie point de vue stratégique des décideurs avant que vous vous Ianciez dans I'étude d'un aspect précis de la disponibilité opérationnelle. Je voudrais parler de ce que signifie la disponibilité opérationnelle pour moi, à titre de personne devant produire des résultats pour le compte du gouvernement du Canada et de ma perception du rendement des Forces canadiennes en matière de disponibilité opérationnelle globale, surtout durant cette période de transition entre une période de cadence opérationnelle élevée et un état stable après la conclusion de notre mission de combat en Afghanistan l'été dernier.
Pour commencer, laissez-moi vous relater quelques récits sur la disponibilité opérationnelle. L'après-midi du 12 janvier 2010, je rentrais d'Edmonton, où j'avais rendu visite à un groupe de soldats blessés en Afghanistan,lorsque j'ai été informé du tremblement de terre dévastateur qui venait de secouer Haïti. Les principales infrastructures de Port-au-Prince avaient été détruites. Les hôpitaux du pays étaient soit détruits, soit complètement dépassés, et des services de base comme l'électricité et l'eau potable étaient totalement en panne. J'ai passé les heures qui ont suivi à bord d'un Challenger, en contact avec les membres supérieurs de mon état-major pour coordonner une réaction avec Ie ministre de la Défense nationale, notre Groupe des politiques et d'autres ministères, tant et si bien que, très tôt Ie lendemain, nos avions décollaient de Trenton, chargés de matériel de secours, puis de personnel très bien entraîné.
[Français]
Les Canadiens figuraient parmi les premiers à se rendre sur place. Moins de 24 heures après le tremblement de terre, nous avions des techniciens en recherche et sauvetage, du personnel médical et des pompiers en Haïti pour aider les survivants.
En quelques semaines à peine, nous avions déployé une force opérationnelle interarmées de secours aux sinistrés constituée de 2 000 militaires.
[Traduction]
L'opération Hestia finirait par comprendre deux navires, sept hélicoptères, un bataillon d'infanterie, un bataillon de logistique, un escadron du génie, un hôpital de campagne et une équipe d'intervention en cas de catastrophe formée de 200 personnes.
Monsieur Ie président, la rapidité et l'ampleur de cette intervention sont la conséquence directe de nos investissements dans la disponibilité opérationnelle. Notre personnel, nos chefs et notre équipement étaient à la hauteur du défi, mais ce fut I'attention que nous avons portée à la disponibilité opérationnelle qui leur a permis de réagir aussi rapidement et efficacement et qui leur a permis de soutenir ces opérations pendant deux mois complets jusqu'à leur retour au Canada.
S'il nous a été possible de sauver des vies en Haïti, ce n'était pas uniquement grâce au rendement des personnes ayant participe à l'opération en tant que telle, mais aussi aux efforts que nous avions préalablement consacrés à l'entraînement, à l'équipement et au maintien des approvisionnements, ainsi que l'exposition cyclique de notre personnel à des périodes de disponibilité opérationnelle qui sont passées de très élevée, à normale, puis à réduite.
Et il y a d'autres exemples aussi. Ici même au pays, lorsque l'ouragan Igor a balayé I'est de Terre-Neuve en septembre de l'an dernier, il a emporté des routes et des ponts indispensables, a engendré des pannes de courant dans l'ensemble de la province et a laissé Ies résidents dans une situation d'isolement.
[Français]
Une fois de plus, nous avons été en mesure d'intervenir immédiatement, en travaillant en partenariat avec d'autres ministères fédéraux et avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador.
En tout, nous avons déployé plus de 1 000 membres de l'Armée de terre, de la Marine canadienne et de la Force aérienne du Canada pour aider à évacuer les blessés; à livrer de la nourriture, de l'eau, de l'essence et des fournitures médicales; à rétablir l'électricité et à réparer les voies de communication; et à reconstruire un pont à Trouty.
[Traduction]
Ce qui est particulièrement intéressant à noter est Ie fait que, cette fois, les membres de Ia Première Réserve étaient à l'avant-plan de notre intervention. Des citoyens-soldats qui, sur un simple appel téléphonique, sont prêts à abandonner leurs activités régulières et à être appelés au service. Leur altruisme et leur dévouement méritent beaucoup d'admiration, au Canada et à l'étranger, mais Ie fait qu'ils ont reçu leur instruction individuelle et collective et qu'ils étaient en mesure de se rassembler et de se déployer immédiatement pour produire des résultats concrets dans ce genre d'urgence témoigne de notre disponibilité opérationnelle.
Et, bien sûr, nous nous rappelons tous comment, au printemps dernier, un jour seulement après l'autorisation par Ie Conseil de sécurité des Nations Unies d'un embargo sur les armes et d'une zone d'interdiction aérienne en Libye, nous avons déployé six avions de chasse CF-18 en Méditerranée. En quelques jours seulement, ces aéronefs ainsi que leurs pilotes et équipages ont été en mesure de se joindre au NCSM Charlottetown, qui avait été déployé selon un préavis exceptionnellement court ce mois-là. L'équipage de ce bâtiment croyait partir pour une mission humanitaire consistant à évacuer des personnes. En fait, il s'est retrouvé en pleine zone de guerre, mais ce navire était prêt grâce à la préparation et à la formation formidables de son équipage et à la disponibilité opérationnelle de ce matériel.
Dans les semaines et les mois qui ont suivi, ces ressources, de même que les avions stratégiques C-17 et C-130J et les avions d'avitaillement et de surveillance, comme l'Aurora, ont effectué plus de 1 500 sorties aériennes et joué un rôle important dans l'effort international visant à protéger les populations civiles, à faire appliquer les sanctions de l'ONU et à assurer l'accès à l'aide humanitaire.
Monsieur Ie président, chacun de ces exemples illustre, de façon on on ne peut plus concrète, l'utilité et la signification de la disponibilité opérationnelle. En définitive, monsieur le président, c'est la disponibilité opérationnelle qui détermine Ie niveau de préparation et la capacité d'intervention de nos forces et qui me permet de les déployer, souvent à court préavis, en réponse aux volontés du gouvernement. C'est la capacité d'amener les bonnes personnes ayant les compétences et l'équipement requis à la bonne place au bon moment et de soutenir cet effort tant qu'il est requis par le gouvernement.
[Français]
Cela n'est pas un objectif pouvant être atteint sans les ressources appropriées.
La disponibilité opérationnelle n'est pas obtenue uniquement en procédant à de bons investissements dans le personnel, l'équipement et l'infrastructure, même si je ne saurais trop insister sur l'importance de ceux-ci.
[Traduction]
Si vous prenez l'exemple d'un soldat se préparant pour un déploiement en Afghanistan, nous devons absolument nous assurer que nous avons la bonne personne pour effectuer Ie travail et que nous lui fournissons Ie meilleur équipement possible et qu'il travaille à partir des meilleures infrastructures qui soient. Mais il faut littéralement des milliers d'heures d'instruction dévouée, de la part des militaires et de leurs instructeurs, pour qu'ils soient prêts. Il faut prévoir de multiples exercices progressifs pour que ces militaires s'entendent bien avec leur unité et répètent les tâches qu'ils auront à exécuter sur Ie terrain. II faut une progression délibérée à travers des niveaux croissants de disponibilité opérationnelle avant que les militaires soient prêts à partir en mission et à produire des effets réels sur Ie terrain. Et pendant tout ce temps, il faut un effort précis et dédié pour évaluer et protéger la préparation physique et mentale de chaque soldat, marin et aviateur et de leur famille, avant, pendant et après l'opération.
Pour chacun de ces militaires, la mission en Afghanistan peut durer de six à neuf mois, mais I'ensemble du processus consistant à les préparer, à les soutenir et à les amener à un état ou ils peuvent recommencer Ie processus peut prendre jusqu'à deux ans.
Monsieur Ie président, si vous me demandez comment nous nous débrouillons avec le maintien de notre disponibilité opérationnelle, je dirais que nous faisons tout ce que nous pouvons avec les ressources dont nous disposons.
II y a lieu de noter que, sur les six missions essentielles que nous a fixées Ie gouvernement, nous en avons réalisé cinq simultanément entre janvier et mars 2010. Nous avons effectué des opérations de combat en Afghanistan; nous avons soutenu l'effort pangouvernemental visant à assurer la sécurité lors des Jeux olympiques de Vancouver; nous avons réagi au tremblement de terre en Haïti en déployant 2 000 militaires; nous avons été prêts à intervenir en cas de menace terroriste n'importe où au Canada; et nous avons effectué quotidiennement des patrouilles courantes et des opérations de recherche et de sauvetage nécessaires à la protection de la souveraineté nationale. II s'agit d'un niveau de rendement dont nous, les militaires, sommes très fiers.
Dans une perspective d'avenir, cependant, nous ne devrions pas nous attendre à ce que ce même niveau de disponibilité opérationnelle soit simplement maintenu pour nous lorsque nous en avons besoin. La disponibilité opérationnelle ne se maintient pas de façon autonome: il s'agit d'un bien périssable et onéreux.
Le maintien du niveau de disponibilité opérationnelle requis et attendu par Ie gouvernement exigera un investissement important et soutenu. II faudra réparer, mettre à niveau ou remplacer une partie de notre équipement, surtout celui ayant subi une forte usure en Afghanistan.
[Français]
Il faudra rétablir la santé et la force des unités et du personnel ayant participé à ces opérations. Il faudra aussi investir dans l'instruction requise pour aider nos nouvelles recrues à pourvoir des postes non dotés dans des groupes professionnels clés.
[Traduction]
Et parallèlement à tout ça, il faudra composer avec la hausse du coût du carburant, des services publics et d'autres ressources importantes dont on a besoin pour maintenir notre disponibilité opérationnelle.
S'agissant de disponibilité opérationnelle, de son origine, il faut préciser que tout commence par les missions que le gouvernement du Canada nous confie en fonction de la stratégie de défense Le Canada d'abord, stratégie qui énonce nos trois rôles. Il y a d'abord l'excellence à domicile, les priorités à cet égard étant la défense du Canada et la souveraineté canadienne. Deuxièmement, nous devons être un partenaire fort et fiable de nos alliés américains, que ce soit au sein du NORAD ou dans le cadre d'autres activités. Troisièmement, nous devons faire preuve de leadership ailleurs dans le monde. Voilà donc les trois grands objectifs qui nous ont été fixés dans la stratégie de défense Le Canada d'abord.
Il faut ensuite considérer le genre de forces à déployer pour remplir les missions que le gouvernement nous confie. Au Canada, dans chacune des grandes régions, nous avons un bataillon — c'est-à-dire une unité d'intervention immédiate — qui peut se déployer à huit heures de préavis. Il s'agit d'un bataillon léger qui a donc la capacité voulue pour se déployer n'importe quand, qu'il s'agisse d'aller empiler des sacs de sable à Saint-Jean ou à Portage la Prairie ou d'intervenir sur le terrain après une tempête de verglas.
Nous avons aussi les gens de la recherche et du sauvetage qui sont sur un pied d'alerte permanent. Bon an mal an, nous assurons trois missions quotidiennes. Le week-end dernier, avec la mort du sergent Janick Gilbert, l'actualité nous a rappelé à quel point ce métier est dangereux. Nous adressons d'ailleurs toutes nos pensées et nos prières à sa famille.
De plus, nous avons des navires de garde sur chaque côte qui peuvent prendre la mer à huit heures de préavis. Nos avions de surveillance sont également sur un pied d'alerte, de même que des chasseurs qui offrent un soutien aux opérations de l'OTAN.
Outre-mer, nous maintenons un bataillon qui est en alerte élevée pour assurer toutes les missions que le gouvernement du Canada nous confie. Nous avons également un groupe de compagnies pour appuyer l'évacuation de Canadiens dans le genre de situations que nous avons vécues il y a quelques années au Liban.
Notre investissement dans la capacité opérationnelle des Forces canadiennes est directement axé sur ce genre d'opérations.
Monsieur le président, permettez-moi de conclure en insistant de nouveau sur la valeur de l'étude entreprise par votre comité, car elle aidera les responsables civils et militaires de l'Équipe de la Défense à réaliser l'équilibre approprié entre les quatre piliers, de sorte que nous demeurions prêts à intervenir en réponse aux besoins énoncés par le gouvernement et aux besoins des Canadiens, dans les mois et les années à venir.
Comme je le disais plus tôt, je suis très heureux de me trouver ici avec vous en compagnie de mes collaborateurs afin d'éclairer votre étude.
Merci beaucoup.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup pour cette question, monsieur.
Dans un monde idéal, mieux vaut que chaque pièce d'équipement soit neuve ou sous garantie. Idéalement, chaque poste à bord d'un navire, dans un escadron ou dans un bataillon doit être comblé par un homme ou une femme ayant les compétences et l'expérience idoines et demeurant là pour toujours; l'équipement ne devrait jamais se casser et l'on devrait disposer en permanence de toutes les pièces et de toutes les munitions nécessaires. Or, nous ne vivons pas dans un monde idéal. Une partie de notre équipement est vieillissant, une autre partie est entièrement neuf. Peu importe ce que nous faisons, nous devons employer chaque dollar du contribuable de notre mieux et en extraire le maximum. Pour ce qui est de la disponibilité opérationnelle, nous devons veiller à ce que les unités sur le pied de guerre disposent de tous les moyens techniques dont elles ont besoin pour accomplir tous les types de mission que le Canada voudra bien leur confier.
Quand le Charlottetown a mis le cap sur la Méditerranée, nous pensions que ce serait pour une mission humanitaire, une mission d'évacuation civile en mer Méditerranée. Cependant, comme nous ne savions pas à quel genre de mission nous attendre, ce bâtiment était de toute façon prêt à engager le combat. Nous avions investi dans son équipage, dans l'équipement à bord, dans les pièces de rechange, dans les fournitures et les munitions pour que ce bâtiment soit prêt à engager ce genre de combat. Comme de raison, il s'est retrouvé à quelques kilomètres de Misrata où il a essuyé des feux d'artillerie venant de la côte et repéré des avions en approche. Il était en pleine mêlée.
Alors que ce navire était au summum de la disponibilité opérationnelle — comme le commandant de la Marine royale canadienne pourra vous l'expliquer quand il viendra ici — il y avait tous ces autres bâtiments en cale sèche dans le cadre du programme de modernisation, qui ont tous été placés en disponibilité opérationnelle prolongée, tandis qu'ils sont en réparation sur les deux côtes. Ainsi, quel est l'équilibre à réaliser entre les unités d'intervention rapide, comme le Charlottetown — et aujourd'hui, c'est le Vancouver et son superbe équipage — et tous les autres navires, comme le NCSM Halifax qui ont été rapatriés au port pour subir des réparations? Chaque chef d'élément, comme le commandant de la Marine royale canadienne, réalise cet équilibre parfait en collaboration avec ses homologues civils pour que ces navires, escadrons et bataillons soient prêts à être déployés n'importe où. À l'autre extrémité du spectre, on trouve le matériel comme celui qui est rapatrié d'Afghanistan et qui rentre en entretien de troisième niveau afin qu'il soit possible de le remettre en circulation le plus vite possible et que nos troupes puissent être rapidement redéployées.
Pour reprendre une phrase qui se trouvait dans un livre populaire il y a une vingtaine d'années, nous commençons par nous payer, c'est-à-dire que nous veillons toujours à pouvoir nous offrir nos priorités, c'est-à-dire des unités d'intervention rapide, puis des unités à disponibilité opérationnelle normale et enfin, des unités à disponibilité opérationnelle prolongée afin que nous puissions assurer les missions que le gouvernement du Canada nous confie.
Je sais que notre enveloppe budgétaire va changer à la faveur des budgets de 2010 et de 2011. Selon moi, cependant, il sera toujours question de pouvoir nous offrir nos priorités. À l'heure de la transition et grâce à l'excellent travail accompli avec le rapport sur la transformation, nous envisageons de réaliser des économies qui vont nous permettre de nous payer nos priorités. J'ai reçu un excellent soutien du ministre et du gouvernement. Tandis que je travaille avec l'adjudant-chef des Forces canadiennes, qui est assis à côté de moi, je n'oublie pas mes priorités qui sont de veiller à la protection des Forces canadiennes telles qu'elles existent aujourd'hui, de sorte que les hommes et les femmes qui servent à Kaboul, en Afghanistan, qui assurent des missions de formation là-bas, aient eux-mêmes reçu toute l'instruction dont ils ont besoin pour s'acquitter de leur tâche. Il est question d'être certain que le caporal-chef Greff a reçu toute la formation dont il avait besoin pour faire son boulot là-bas. Il est question de s'assurer que tous ces hommes et toutes ces femmes qui sont déployés en Afghanistan ou dans l'Extrême-Arctique, comme c'était le cas du sergent Gilbert, disposent tous du matériel voulu et qu'ils aient tous reçu la formation nécessaire. Nous devons être certains d'avoir fait de notre mieux pour garantir la réussite de leurs missions.
Deuxièmement, il faut disposer de ce dont les forces de demain auront besoin. C'est à ce titre que la stratégie de défense Le Canada d'abord est tellement importante. Elle constitue un plan directeur qui va nous permettre d'acquérir les bons navires, les bons avions et les bons véhicules pour les fils et les filles du Canada d'aujourd'hui afin qu'ils puissent, demain, réussir dans leur mission quand ils seront face au danger.
Enfin, nous devons nous occuper des hommes et des femmes qui servent au sein des Forces canadiennes, des blessés, des malades et des familles des disparus. Voilà les trois plots sur lesquels je veux appuyer les forces armées à l'heure où nous effectuons cette transition, où nous examinons les coûts indirects et les postes où nous pouvons réaliser des économies afin que ces trois plots nous servent de fondation.
Merci.
Une voix: Je trouve cela inspirant.
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Merci, monsieur, pour cette question.
Il est vrai que notre capacité à réaliser de front les six missions en question dépend de notre équilibre, du fait que nous devons nous assurer qu'il existe un véritable équilibre du point de vue du personnel, du matériel, de la disponibilité opérationnelle et des infrastructures. Je réponds donc oui à votre question; nous avons les ressources nécessaires pour réaliser simultanément les six missions qui nous sont confiées.
N'oubliez pas que nous comptons actuellement un peu moins de 100 000 militaires, soit quelque 67 000 dans les forces régulières et environ 25 000 réservistes. Certains sont à l'instruction, mais la plupart d'entre eux ont déjà atteint un solide niveau de formation, ils sont aptes, opérationnels et efficaces. C'est dans la façon dont nous les répartissons entre la catégorie de la disponibilité opérationnelle élevée et celle de la disponibilité opérationnelle normale que nous pouvons nous adapter à ces six missions.
Comme je le disais tout à l'heure dans mon texte, il est tout de même extraordinaire de constater que la mission afghane nous est tombée dessus à l'époque où nous effectuions notre transformation, en 2005-2006, où nous préparions les forces armées pour la période suivante. Nous ne comprenions pas bien alors quel genre de mission de combat allait nous incomber. J'étais responsable de la transformation en 2005 et, à cette époque, nous nous préparions en même temps pour l'Afghanistan et pour les Olympiques. Il a été décidé de mettre la nouvelle structure en place pour le 1er février 2006, tandis que nos troupes passaient de Kaboul à Kandahar.
Au printemps et à l'été 2006, surtout durant le week-end de la fête du Travail, lors de l'opération Méduse, nous nous sommes rendu compte que notre mission de stabilisation s'était transformée en mission de combat. Nous avons donc changé d'orientation presque du jour au lendemain, en quelques semaines, en quelques mois, pour nous transformer en force armée apte au combat, capable d'assumer ce genre de mission.
Dans le même temps, nous avons été appelés à collaborer avec d'autres organisations gouvernementales, surtout la Gendarmerie royale du Canada, pour assurer la sécurité lors des Jeux olympiques. Tandis que nous avions 3 000 militaires déployés en Afghanistan, nous engagions 4 500 hommes et femmes — des éléments air, terre et mer ainsi que des forces spéciales — à l'appui de la GRC et des organisateurs des Jeux olympiques de Vancouver.
Nous pensions alors que ce serait là les deux grandes activités que nous aurions à accomplir durant cette période, mais on ne peut jamais prédire l'avenir. C'est à ce moment-là qu'est survenu le terrible tremblement de terre de Haïti. Nous pouvions bien compter sur une équipe d'intervention en cas de catastrophe — d'environ 200 militaires — mais nous savions que les dégâts occasionnés et le nombre de morts étaient d'ampleur cataclysmique, si bien qu'il nous a fallu mettre sur pied un contingent nettement plus important. Nous avons donc préparé et dépêché en Haïti un contingent de 2 000 hommes et femmes. Là encore, je dois rendre hommage à nos techniciens SAR, à nos pompiers et à nos équipes médicales qui ont embarqué à bord des premiers avions pour aller extraire les gens enfouis sous les décombres.
Pendant que nous accomplissions cette mission en Haïti, nous avons veillé à assurer notre souveraineté et à réagir en cas d'événement survenant n'importe où au Canada. Pour cela, il nous a fallu réaliser un équilibre complet. Nous avons également fixé les priorités, notamment une extraite de la stratégie de défense Le Canada d'abord qui était de faire passer le Canada en premier, d'être excellents sur notre territoire. Chaque fois qu'il est question de compromis, le Canada récolte les honneurs.
Merci.
:
Monsieur le président, je commencerai par dire que le Canada a beaucoup de chance parce que l'Amérique du Nord ressemble à une île en ce sens que nous avons des voisins extraordinaires au sud et que nous ne faisons face à aucune menace militaire traditionnelle venant de l'extérieur. À cet égard, nous avons beaucoup de chance. Voilà pourquoi nous avons des forces de contingence qui sont prêtes à assumer nos missions de souveraineté à domicile, que j'ai décrites un peu plus tôt, qu'il s'agisse d'unités d'intervention immédiate, de bâtiments de garde, de chasseurs en alerte à Bagotville et à Cold Lake où, comme je le disais, de nos moyens de recherche et de sauvetage qui sont tous prêts à se déployer n'importe où parce que nous ne savons jamais ce que l'avenir nous réserve sur le plan international.
Cela fait 37 ans que je porte l'uniforme et je n'ai jamais pu prédire où allait éclater le prochain conflit. Personne d'entre nous n'aurait pu imaginer que nous allions nous retrouver en Afghanistan ou en Libye. Demain après-midi, je serai à Bagotville pour accueillir les pilotes de chasse de retour chez eux. Quand je leur ai rendu visite à Trapani, j'ai trouvé ça fascinant, parce qu'ils venaient juste de visiter le cimetière du Commonwealth. C'était le
[Français]
425 e Escadron de Bagotville, les Alouettes.
[Traduction]
Soixante-sept ans plus tôt, les Alouettes de Bagotville décollaient de base en Tunisie et mettaient le cap sur le mont Etna pour aller larguer leurs bombes en Sicile. À notre époque, ils ont décollé de la Sicile pour aller bombarder un pays d'Afrique du Nord et mettre le cap sur le mont Etna, mais au retour cette fois. On ne peut jamais prédire l'avenir. Notre mission est donc de faire en sorte de disposer de marins, de soldats, d'aviateurs et d'aviatrices prêts à se déployer et, pour cela, nous devons faire en sorte que les unités désignées pour avoir une disponibilité opérationnelle élevée disposent de l'équipement nécessaire dans les meilleures conditions possibles. Il faut que ces équipes disposent d'abord et avant tout de l'équipement dont elles ont besoin, que celui-ci soit bien entretenu grâce à des pièces de rechange et qu'il puisse être armé — mais il faut aussi que ces unités puissent compter sur un personnel ayant les compétences voulues.
De plus, il faut pouvoir compter sur du personnel de relève au Canada parce qu'en cours de déploiement, n'importe quoi peut se produire. Il arrive toujours des circonstances familiales particulières et d'autres problèmes tels que nous devons avoir de la réserve. Et puis, il faut que les équipes aient suivi une formation poussée assortie d'un cycle de validation tel que le commandant de l'armée de terre, de la marine ou de l'ARC soit en mesure de me confirmer que l'unité est prête à être déployée.
Donc, pour ce qui est des données fournies à propos du maintien de ces actifs... Soit dit en passant, on ne parle jamais des mêmes équipements, puisqu'il peut s'agir d'un Cormoran pour la recherche et le sauvetage, du NCSM Charlottetown ou du troisième bataillon PPCLI qui, actuellement, assure l'essentiel de l'instruction des militaires à Kaboul. C'est grâce à tout l'équipement déployé que nos hommes et nos femmes sont prêts à intervenir pour assurer leur mission. C'est une question de personnel et de formation, mais aussi de validation de l'instruction. Nous suivons toutes les unités qui sont normalement prêtes, ce qui veut dire, comme dans le cas du second bataillon du PPCLI, être en mesure de se déployer pour aller jeter des sacs de sable sur la berge de l'Assiniboine à Portage-la-Prairie. Ces gens-là ont pu se rendre sur le terrain sans préavis et s'ils y sont parvenus, c'est aussi parce qu'ils peuvent envoyer
[Français]
le 3e Bataillon, Royal 22e Régiment en Haïti. C'est la même situation là-bas, on sauve des vies.
[Traduction]
Tout cela se ramène donc à une question d'entretien du matériel, de disponibilité du personnel ainsi que de formation, de certification et de validation de l'instruction dispensée
Je sais que certains d'entre vous se sont rendus à Wainwright récemment où ils ont pu voir le genre de formation qui s'y donne. Il a notamment été question de la validation de l'instruction de toute la brigade de Petawawa.
:
Merci pour la question.
Monsieur le président, je tiens à dire que c'est là une des petites anecdotes qu'on entend au sujet de la fatigue ou du rythme opérationnel élevé. Je tiens à vous rassurer — et le chef des Forces canadiennes pourra venir ici pour vous le répéter — qu'à l'occasion de nos visites des unités, d'un océan à l'autre, nous constatons que les marins, les soldats, les aviateurs et les aviatrices se sont tous engagés parce qu'ils voulaient se retrouver quelque part, apporter une contribution au nom du Canada, à domicile mais aussi sur la scène internationale. À l'occasion de nos tournées, de nos petits discours, au chef et à moi, quand nous remettons quelques pièces commémoratives ici et là et faisons des réunions publiques, on nous pose systématiquement une question: « Général, où allons-nous intervenir ensuite? Nous voulons aller sur le terrain, où que ce soit. » Même quand nous accueillons nos militaires de retour chez eux — pendant leur voyage, avant même qu'ils aient revu leurs proches — la première chose qu'ils nous disent c'est: « Général, quelle va être la prochaine mission? Je veux savoir. »
Ce genre de réaction n'est pas particulière à cette génération, parce qu'elle est inscrite dans notre ADN. À chaque fois où il y a eu un conflit auquel le Canada a participé, des Canadiens sont venus de partout en disant: « Nous voulons y aller. »
Je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec un soldat du PPCLI qui assurait la protection sur le terrain à califourchon sur une motoneige, dans l'arrière-pays de Whistler. Il nous a demandé, au chef et à moi: « Comment pourrais-je me retrouver à Haïti? Je veux tout de suite partir à Haïti. Comment dois-je faire? »
Il y a à peu près un an, le chef et moi-même étions à Val-Cartier avec le 5e Régiment du génie et nous avons rencontré un sergent qui était un spécialiste du déminage d'engins explosifs improvisés, en quelque sorte un sous-officier supérieur spécialiste du déminage. On nous l'avait signalé parce qu'il allait entamer sa quatrième affectation, mais non sans avoir manipulé le système. Il avait fait tout ce qu'il avait pu pour être renvoyé sur le terrain.
Tout ça pour vous dire que le rythme opérationnel a des effets différents sur les gens, parce que tous ceux qui portent l'uniforme n'ont pas le même vécu et qu'ils ne sont pas tous dans les mêmes situations familiales. Il y a les jeunes, célibataires, qui veulent partir tout de suite. Il y a les sous-officiers supérieurs et certains officiers qui ont déjà été déployés à maintes reprises et qui ont une famille et pour qui il faut lever le pied.
Bien sûr, chaque fois qu'une nouvelle opération s'annonce, nous devons veiller à disposer d'équipes aptes à être déployées pour effectuer la mission.
Je dois également dire, puisque nous parlons de la mission en Afghanistan qui touche presque à sa fin, que nous avons actuellement près de 2 000 hommes et femmes en Afghanistan. J'en ai près de 1 200 à Kandahar qui assurent encore la mission de transition. Ce qu'ils font présente beaucoup de risques que je me garde de sous-estimer.
Nous comptons aussi 925 hommes et femmes à Kaboul, à Mazar-e Sharif et à Herat qui remplissent une mission essentielle, une mission prioritaire, soit celle d'instruire les policiers et les militaires afghans. Comme votre cousin le sait très bien, c'est une mission délicate. Le week-end dernier, une tragédie nous a rappelé à quel point les risques sont élevés.
Tout ce que je veux dire, c'est que nos hommes et nos femmes en uniforme font un superbe travail, que ce soit ici, au Canada... Soit dit en passant, samedi dernier, j'ai rencontré un groupe de techniciens en recherche et sauvetage lors de la cérémonie de rapatriement des restes du sergent Gilbert, à Trenton. Ils sont tous emballés par leur mission et font preuve d'un grand courage pour sauter de l'arrière d'un avion et se retrouver dans des situations inimaginables. D'un autre côté, ils sauvent des vies.
Votre cousin et ses camarades à Kaboul et à Trapani sont en train de défendre le Canada à 10 000 kilomètres d'ici. Ça aussi, c'est important. Tous veulent se porter volontaires pour remplir ces missions afin que les Canadiens puissent dormir en paix.
:
Laissez-moi tout d’abord vous remercier d’avoir exprimé vos opinions. Je me souviens toujours de l'époque où nous essayions de faire entrer nos forces au Kosovo en 1999. Le pays à qui on essayait de louer des avions de transport stratégique ne voulait pas nous laisser nous poser là où nous devions atterrir. Ce fut un réveil brutal; il nous fallait des avions à nos couleurs pour transporter nos soldats à des régions éloignées.
[Français]
dans le cas du 3e Bataillon du Royal 22e Régiment, au
[Traduction]
au Timor-Oriental en 1999. On cherchait un gros-porteur en même temps que tous les autres, alors on n’a pas pu avoir l’appareil avant beaucoup plus tard.
C’est tout simplement pour dire que je suis d’accord avec vous. Tout coûte cher et les Forces canadiennes travaillent avec l’ensemble du gouvernement pour essayer de trouver le meilleur rapport qualité-prix pour les Canadiens, que ce soit un hélicoptère ou un aéronef de transport comme le C-130J. Je me suis réjoui de voir à Trenton les nouveaux avions C-130J sur la piste, et le C-17 aussi. Nous essayons effectivement d’avoir le meilleur rapport qualité-prix pour le Canada dans l’ensemble.
En ce qui a trait à la disponibilité opérationnelle précise des services, je dirai seulement que ce sont des informations secrètes. Je ne vais donc pas vous donner les détails à ce sujet. Je dirai seulement que la force aérienne est toujours au plus haut niveau de préparation, parce qu’un appareil ne peut pas être prêt à moins de 100 p. 100 en matière de sécurité des vols. Que ce soit un aéronef commercial, un C-17, un C-130J, un hélicoptère ou un chasseur, il doit être prêt à 100 p. 100. Tout doit fonctionner immédiatement étant donné ce qu’on demande à ces avions d'encaisser quand le pilote tire trois, quatre ou cinq G en combat. Alors de façon générale, du point de vue de la sécurité des vols, la force aérienne est toujours à son état de préparation supérieur.
La marine et l’armée ont généralement un même pourcentage d'effectif en disponibilité opérationnelle élevée. Dans l’armée, il y a généralement un bataillon prêt à être déployé en sol étranger. De même, en tant que facteur du pourcentage sur l’ensemble, c’est généralement semblable dans la marine avec ses bâtiments de garde.
Les ressources de l’armée sont en grande partie humaines alors elle n’a pas de niveau inférieur d’état de préparation. Son état de préparation est normal, alors que les ressources principales de la marine sont les navires et les marins, bien évidemment, mais les gens ne flottent pas tout seul, ils ont besoin d’un navire. Alors lorsqu’un bâtiment de guerre doit subir des travaux de longue durée, il en découle une longue période de faible niveau de préparation. La marine, contrairement à l’armée, peut se retrouver à un niveau de disponibilité inférieure ou prolongée. Par exemple, si vous pensez au NCSM Halifax, il sera en carène pendant un an. Effectivement, lorsque le sous-marin NCSM Victoria est entré en cale sèche et que les travailleurs de chantier naval y travaillaient, le réarmement a duré des années. Encore une fois, on n’avait pas fait beaucoup de travail sur les sous-marins sur la côte ouest.
Je dirais donc que le service qui a traditionnellement eu le meilleur état de préparation a toujours été la force aérienne, étant donné les lourdes exigences de préparation de la sécurité des vols. L’armée et la marine sont à peu près semblables; mais étant données les activités de la marine axées sur l’équipement, sur ses navires, elle peut en fait avoir une disponibilité opérationnelle inférieure, ce qui n’est pas le cas pour l’armée.
J’espère que ça répond à votre question, monsieur.