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Bonjour, monsieur le président. Merci de me donner l'occasion de vous parler et de m'adresser aux membres du comité aujourd'hui.
Je suis le caporal-chef Nachuk. Je me suis joint à la Force régulière en 1996. Je suis transmetteur de métier, et j'ai donc eu l'occasion d'être déployé et de travailler dans différentes unités au sein de l'armée.
J'ai accumulé plusieurs périodes de service. J'ai été affecté au plateau du Golan, et j'ai travaillé des deux côtés, en Syrie et en Israël. J'ai accumulé trois périodes de service en Bosnie et en Afghanistan. Je suis de retour depuis septembre 2008. Je suis revenu de ma dernière période de service en Afghanistan avec le 2 PPCLI.
Je ne sais pas vraiment par où commencer. J'ai beaucoup de choses à vous dire.
Environ un an après mon retour d'Afghanistan, en juillet 2009, je me suis mis à vraiment mal aller. C'est à ce moment-là que j'ai été frappé de plein fouet par les symptômes de ce qui a par la suite été diagnostiqué comme un TSPT. J'ai été transporté à l'urgence le 29 juillet 2009, après une première tentative de suicide. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à rencontrer des professionnels de la santé mentale à la BFC Shilo. Ils m'ont fait passer des tests, et ont constaté que j'étais victime de ce qu'ils appellent des TSO, des traumatismes de stress opérationnel. Ça inclut un trouble dépressif majeur diagnostiqué, un TSPT et des problèmes d'anxiété et de maîtrise de la colère.
En six mois, j'ai été transporté quatre fois à l'urgence en raison de menaces ou de tentatives de suicide. Quand j'ai commencé à travailler avec le personnel de l'unité des soins de santé mentale de la base, il m'a fallu quelques mois avant de pouvoir les rencontrer. Ensuite, quand j'ai été référé à la clinique de traitement des TSO, au Centre Deer Lodge, à Winnipeg, ça a pris quelques mois avant que je puisse voir quelqu'un. C'est à ce moment-là que j'ai subi mon évaluation initiale. Les responsables cliniques se sont demandé s'ils devaient me prendre comme patient. Environ une semaine plus tard, ils ont décidé de le faire, mais j'ai dû attendre plusieurs mois avant d'obtenir un premier rendez-vous. En tout, il s'est écoulé environ six mois entre le moment où on m'a référé au centre Deer Lodge et le début de mes traitements avec des psychiatres et des spécialistes civils.
Durant cette période, j'ai rencontré M. George Leonard, à l'automne de 2010, en plein coeur de mon traitement. Je l'ai rencontré, parce que les médecins qui traitaient mes TSO ont commencé à me parler de chiens. Je leur disais que je n'avais pas de chien, mais que je me sentais plus détendu quand mon ami venait à la maison avec son chien. On a ainsi pu parler des bienfaits des chiens. J'ai rencontré George, je me suis informé au sujet du programme et j'ai décidé par moi-même d'y participer, sachant que j'avais besoin d'aide et d'outils supplémentaires en plus de ma thérapie et des médicaments.
J'aimerais lire une lettre de mon médecin, qui explique un peu en quoi le chien m'a réellement aidé à ce moment-là. La lettre est datée du 14 mai 2012, un peu après la fin de mes traitements. Ça va comme suit:
Le caporal-chef Nachuk a suivi une psychothérapie pour traiter son état de stress post-traumatique et un trouble dépressif majeur du 27 août 2010 au 1er juin 2011, à la Clinique de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel à Winnipeg, au Manitoba. Durant la thérapie, le caporal-chef Nachuk a rencontré son chien Gambler. Ils se sont inscrits au Elite Service Dog Program de la Manitoba Search and Rescue Association (MSRA).
Un important aspect de la thérapie du caporal-chef Nachuk était de lutter activement contre sa tendance à éviter les situations sociales et d'acquérir des compétences lui permettant de maîtriser ses émotions. À l'aide de son chien Gambler, le caporal-chef Nachuk a réussi à faire ses exercices thérapeutiques, soit se placer de lui-même dans des situations qui le rendaient anxieux. Gambler a atténué le besoin d'hypervigilance du caporal-chef Nachuk en lui procurant un sentiment de protection. La présence de Gambler a aidé à réduire les réactions affectives intenses du caporal-chef Nachuk relativement à certains éléments déclencheurs en facilitant [...] un processus de réflexion plus souple qui permettait au caporal-chef de remettre en question ses réactions émotives grâce à des réflexions mieux adaptées. Le fait d'avoir à prendre soin de son chien Gambler a redonné au caporal-chef Nachuk un sentiment d'avoir un but et a augmenté son niveau de motivation. En plus de bénéficier d'une diminution de l'intensité de ses symptômes, le caporal-chef [Nachuk] a affiché une meilleure confiance en soi et était de meilleure humeur.
Je recommande tout à fait aux personnes de créer une relation avec un chien d'assistance psychiatrique pour les aider à atteindre les objectifs de leur thérapie et à conserver les gains réalisés durant la thérapie.
C'est une lettre de mon thérapeute, Chris Enns, de la clinique de traitement des TSO, à Winnipeg.
J'ai aussi donné au greffier plusieurs déclarations indépendantes. Tout récemment, j'ai pu assister à un cours de formation professionnelle à Kingston avec Gambler à mes côtés. Je n'aurais pas été capable d'assister au cours s'il n'avait pas là.
Vous pouvez aussi consulter ces déclarations.
J'ai commencé à réfléchir au fait qu'avoir un chien pouvait m'aider un peu après avoir lu des documents sur les chiens et l'aide qu'ils peuvent fournir. Je sais que, depuis un certain nombre d'années maintenant, les Britanniques et les Américains utilisent des chiens pour aider leurs soldats. Selon moi, les médicaments permettent d'engourdir les sensations liées au TSPT, mais le chien aide vraiment à guérir. Il nous oblige à engager la conversation. Il nous force à nous lever le matin pour sortir, parce qu'il faut prendre soin de lui. Grâce à notre chien, on arrête de penser à soi. Plusieurs d'entre vous pensent peut-être que le fait d'avoir un chien attire davantage l'attention sur soi lorsqu'on est à l'extérieur, mais ce n'est pas le cas. Quand on sort seul, on a l'impression que tout le monde nous regarde et nous observe, mais quand on sort avec un chien, les gens regardent automatiquement le chien, et on constate et entend beaucoup plus de remarques positives. Ça nous oblige à aller de l'avant, et on en retire aussi un sentiment de protection.
Avant d'avoir mon chien, je ne pouvais pas passer plus de 10 minutes au centre commercial. Pour ceux qui connaissent l'endroit, j'étais à Shilo, soit à environ une demi-heure de route de Brandon. Chaque fois que je devais aller faire l'épicerie ou n'importe quelle autre emplette quotidienne, je devais rouler pendant une demi-heure pour me rendre en ville. Je ne pouvais pas vaquer à mes occupations quotidiennes comme faire l'épicerie et acheter ma nourriture ou je ne sais quoi d'autre, parce que, après 10 minutes, j'avais des accès de colère.
Je vais toujours me souvenir d'un événement précis. J'ai vu un enfant âgé de cinq ou six ans peut-être; il était dans la sections des bonbons en vrac. Il avait la bouche pleine de bonbons. J'ai perdu la tête. Je lui ai demandé en criant si ça goûtait bon. Je ne pensais qu'aux règles et à la sécurité. Où sont tes parents? Pourquoi as-tu fait ça? C'est de cette façon que je me mettais en colère. Le fait d'être avec Gambler m'a libéré de tout ça. Ça m'a permis de me détendre.
Quand j'ai mentionné aux médecins de la base que je voulais trouver un chien, on m'a dit: « Tu as de la difficulté à prendre soin de toi. Comment vas-tu pouvoir prendre soin d'un chien? » Je me suis senti encore plus dénigré. Et, en fait, c'est le chien qui prend soin de moi, pas le contraire.
Quand j'ai commencé à travailler avec le chien, c'était quelque chose de nouveau au sein des FC, et j'ai eu mon lot de difficultés sur la base. On m'a menacé de me libérer pour des raisons médicales. On m'a dit de communiquer avec l'UISP pour voir s'il y avait une place pour moi et si j'étais accepté. Lorsque j'ai refusé de le faire, on m'a à nouveau fait venir au bureau, et on m'a réprimandé parce que je n'avais pas communiqué avec l'UISP pour voir s'il y avait une place pour moi.
Ce n'est pas au soldat de le faire, c'est au commandement d'essayer de placer un soldat, ce n'est pas le travail du soldat. J'avais l'impression que j'étais pénalisé et isolé parce que je voulais utiliser cet autre outil pour m'aider et assurer mon mieux-être. Il fallait que je prenne soin de moi.
Mon père m'a toujours dit de faire attention à moi.
Eh bien, en 2010, alors que j'avais quasiment été libéré de l'armée, j'ai pu commencer à travailler avec mon chien. J'ai été affecté à Gagetown, où, en 2012, à la fin du cours, j'ai terminé parmi les 10 premiers, sur 187 caporaux-chefs de la Force régulière.
Ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'il ne faut pas perdre espoir dans le cas des soldats qui ont des problèmes de TSPT. Ils ne sont pas de l'histoire ancienne. Il faut leur offrir le plus d'occasions possible. Nous nous battons pour notre pays, et j'espère vraiment que le pays se battra pour nous et nous donnera tout simplement cet autre outil dont nous avons besoin.
Un membre m'a envoyé un courriel après la diffusion du reportage à l'émission W5. Il y décrivait le coût de ses médicaments. En une année seulement, ça lui coûte près de 24 000 $. Pour le mois d'octobre 2012 seulement, il en a eu pour 4 000 $. Des 24 000 $, environ 18 000 $ sont payés par notre régime d'assurance-collective. Je ne sais pas qui paye le reste. Ce que nous demandons, et ce que j'aimerais voir, c'est une annonce publique des FC pour dire qu'elles appuient ce programme. D'ici là, je crois vraiment qu'il y aura beaucoup d'autres membres qui auront peur de s'exprimer. Je le sais, parce que ça m'est arrivé. Beaucoup de monde est venu nous voir pour ça. Il faut leur montrer que nous les appuyons.
Je vous demande, s'il vous plaît, de nous donner tous les outils dont nous avons besoin.
Merci, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis le bombardier Geoff Logue. Je suis actuellement affecté à l'Unité interarmées de soutien du personnel, à Shilo. Précédemment, j'avais servi au sein du 1er régiment du Royal Canadian Horse Artillery. Je sers dans les Forces canadiennes depuis le 15 mai 2003. J'ai participé à l'Opération Athena, j'étais de la cinquième rotation de la Force opérationnelle 1-08, en Afghanistan. J'ai servi au sein de l'équipe provinciale de reconstruction. Ma période de service a été très difficile, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je suis revenu et je n'arrivais pas à sortir de chez moi. Je ne pouvais pas aller à l'épicerie. Je devais demander à mon épouse de le faire à ma place, parce que je n'arrivais même pas à mettre les pieds dehors. J'étais trop terrifié par les gens autour.
Je suis revenu de mon affectation sur un vol civil. J'ai été rapatrié au Canada sur un vol civil. Je n'ai eu aucune période pour décompresser. Ma période de décompression, je l'ai passée au Boston Pizza, à Portage la Prairie, au Manitoba. On m'a remis un titre de permission et on m'a dit que j'avais deux mois de congé. Je n'ai bénéficié d'aucun soutien. Il n'y avait personne que je pouvais aller voir.
Depuis mon retour, je suis allé dans six centres de traitement. J'ai passé plus d'un an en centre de traitement dans une aile psychiatrique. J'ai fait vivre beaucoup de stress à ma famille et à mes amis. J'ai tenté de me suicider trois fois, dont une fois, l'année dernière, quand j'ai fait une surdose après avoir consommé une grande quantité de somnifères. J'ai été sous respirateur artificiel dans une unité de soins intensifs pendant une semaine. Mon épouse s'est accrochée et a été à mes côtés tout ce temps-là.
L'année dernière, j'ai acheté un chien d'assistance, Luna, dans une animalerie, à Brandon, au Manitoba. Elle avait seulement huit semaines. Je ne m'étais pas rendu compte de toutes les répercussions que pouvait avoir un chien avant de commencer à m'entraîner et à travailler avec M. Leonard, du programme Search and Rescue Manitoba. Depuis que je participe à ce programme... ça m'a fait un bien fou. Je peux maintenant sortir de la maison sans avoir peur.
Mon parcours professionnel militaire a été très difficile, mais j'ai toujours fait du mieux que je pouvais. J'ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même.
Je vais être libéré des Forces canadiennes pour des raisons médicales. J'attends actuellement de recevoir un document, qui m'apprendra la date de ma libération. On m'a dit que ça pouvait être dans six mois ou dans 30 jours, dans deux ou trois ans; mais ce n'est pas mon choix.
Personnellement, je ne pense pas que je suis prêt à être libéré. Il me reste beaucoup de travail à faire. Maintenant que je commence à aller mieux, j'aimerais pouvoir continuer à servir dans l'armée. Je ne veux pas qu'on m'abandonne. L'armée, c'est tout ce que j'ai connu. Je me suis joint aux FC à 18 ans.
Quand je suis revenu de mon affectation, je prenais une très grande quantité de médicaments, un plein sac. J'en prenais tellement que je ne savais plus ou j'étais rendu. Mon esprit était troublé, j'étais dans le brouillard. J'étais comme un zombie.
J'ai obtenu un soutien incroyable du personnel de l'Unité interarmées de soutien au personnel de Shilo. En fait, ce sont des employés de l'Unité qui m'ont parlé de M. Leonard et du programme, et c'est à ce moment-là que j'ai communiqué avec lui.
Il faut faire quelque chose. Nos soldats se suicident. Ça n'a pas de bon sens. Anciens combattants Canada accepte de payer des chiens-guides aux soldats qui en ont besoin, mais ne veut pas payer pour les chiens d'assistance psychiatrique. Monsieur le président, je vous implore, vous et les membres du comité: veillez à ce qu'on nous fournisse du financement et à ce que le ministère de la Défense nationale et Anciens combattants Canada reconnaissent ce programme afin qu'on puisse sauver nos soldats. La guerre est peut-être finie, mais les combats font encore rage au sein de nos troupes, au pays et dans la tête des soldats.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je veux vous remercier tous les deux d'être là aujourd'hui. Je crois que vous avez fait preuve de la bravoure et du courage auquel on s'attend des soldats et qu'on admire chez eux. Comme vous l'avez souligné, les difficultés sont différentes, et ce n'est pas le même champ de bataille, mais je sais que ce n'est pas facile de comparaître devant un comité comme le nôtre et de raconter ses histoires personnelles. Je tiens cependant à vous dire que je vous considère très certainement encore comme des soldats qui ont servi leur pays honorablement et qui méritent d'être bien traités en retour, parce que nous vous le devons bien. Je crois que tous les membres du comité pensent comme moi. Merci d'être venu nous raconter vos récits.
J'ai quelques questions. J'ai déjà parlé avec des personnes qui affichaient un TSPT ou qui souffraient d'autres types de blessures psychologiques.
Caporal-chef Nachuk, vous avez mentionné un certain nombre de termes lorsque vous avez lu un extrait de la lettre. Si vous pouviez nous aider à ce sujet, nous aider à comprendre comment tout ça s'articule avec l'utilisation thérapeutique d'un chien, ça nous aiderait. La lettre indique que vous aviez des épisodes d'« hypervigilance », et que ces symptômes étaient corrigés ou atténués par la disponibilité et la présence du chien. La lettre indique aussi que le chien vous aidait à « réduire [vos] réactions affectives [...] relativement à certains éléments déclencheurs ».
Pouvez-vous nous dire ce que ça veut dire concrètement? Qu'est-ce que l'hypervigilance, et en quoi le chien aide-t-il? En quoi consistent des « réactions affectives [...] à certains éléments déclencheurs »? En quoi la présence du chien vous aide-t-elle, si c'est bien le cas?
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Qui assume les coûts des soins nécessaires? Pour ma part, en fait, j'ai acheté mon chien dans un refuge, alors il m'a coûté 150 $. Je l'ai acheté avant de connaître M. Leonard.
Lorsque vous avez affaire à des vétérinaires, ou je ne sais qui d'autre, et que vous leur dites que votre chien est un animal d'assistance, la plupart des vétérinaires... En fait, dans mon cas, j'ai trouvé un vétérinaire qui ne me compte pas les taxes ce qui, lorsque les factures sont salées, n'aide pas beaucoup. J'avais déjà le chien. Je l'ai payé.
Mais bon, M. Leonard, qui témoigne tantôt, pourra probablement vous fournir de plus amples renseignements, mais je sais, en raison de ma participation au programme, que, si un soldat a un besoin pressant, habituellement, MSAR a des chiens dressés qu'il peut prêter à des personnes pour les aider en cas de besoin, après quoi, du moins, maintenant que nous avons quelques fonds — nous pouvons leur trouver un chien d'assistance.
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Oui, monsieur. En fait, ça venait d'un médecin agréé, mon médecin, un médecin militaire.
Je dois dire, comme que j'ai fait partie du 2B du 2 PPCLI, et nous étions comme des frères et nous étions très près les uns des autres. De notre côté, on note une légère amélioration à cet égard. En fait, nous avons commencé à comparer nos médicaments, mais, vous savez, nous essayons seulement de prendre soin des nôtres; ça se passe entre nous.
Les stigmates sont encore là. Lorsqu'il faut se présenter à un rendez-vous médical et qu'il faut inscrire son nom sur un tableau que tout le monde peut consulter et voir que vous devez vous rendre à des rendez-vous pour des problèmes de santé mentale, ça attire davantage d'attention sur soi-même, et on s'en passerait bien.
Deux médecins m'ont dit, un à Shilo et un à Gagetown, que si, à l'avenir, j'avais une rechute à tout moment dans ma carrière après mon diagnostic de TSPT, on allait m'attribuer un profil médical permanent et qu'on entreprendrait un processus de libération pour des raisons médicales. Ça veut dire qu'on n'aide pas les soldats qui ont des rechutes ou dont le TSPT ne disparaît pas. Alors maintenant, je sais automatiquement que je ne pourrai plus jamais demander d'aide sans craindre de perdre mon emploi.
Comme j'étais l'un des premiers à vouloir expérimenter ce traitement à notre base opérationnelle de Shilo, j'ai été envoyé au bureau du SMR. Il s'y trouvait quelque chose comme quatre autres officiers, dont mon CO, l'adjudant de l'unité... En gros, j'ai été réprimandé pour avoir essayé, je crois, d'obtenir de l'aide supplémentaire. C'est à ce moment-là qu'on m'a menacé de me libérer pour raisons de santé, en disant que si j'avais besoin d'un chien, je n'étais évidemment pas assez stable pour être dans l'armée.
Lorsque j'en ai informé M. Leonard, j'ai eu la chance d'obtenir du soutien de la part d'autres gens ici, à Ottawa. Je ne suis pas sûr qu'il soit approprié de mentionner leurs noms, mais ils sont intervenus et, heureusement pour moi, on a fait quelques appels, et j'ai eu un peu de marge de manoeuvre, parce que j'avais demandé à participer à ce programme dont je savais qu'il avait été présenté aux FC en 2010 par M. Leonard. Les forces ont mis à l'essai un programme de chien d'assistance, et c'est à ce programme que je voulais essayer de participer. Lorsque je l'ai fait, on m'a menacé de me libérer pour raisons de santé. On a examiné mon cas de près.
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J'aimerais d'abord vous remercier, monsieur le président, de me donner l'occasion de m'adresser à vous et aux membres du comité.
J'aimerais également vous remercier de l'intérêt que vous portez à la santé de nos militaires, hommes et femmes, et de nos anciens combattants, ainsi que de votre soutien indéfectible à cet égard. Votre soutien est particulièrement important puisque l'histoire nous enseigne que l'intérêt porté à la santé mentale des anciens combattants s'estompe souvent une fois le conflit terminé. Nous avons aussi appris au moyen de nos propres recherches et de celles de nos alliés que l'ampleur des répercussions des déploiements dans les conditions difficiles sur la santé mentale n'est connue que quelques années, voire quelques décennies, plus tard.
Comme vous le savez, les Forces armées canadiennes ont connu une décennie marquée par de nombreuses opérations importantes outre-mer, notamment en Afghanistan, à Haïti, en Libye et ailleurs dans le monde. Toutes ces opérations ont été très exigeantes pour les Forces canadiennes — surtout pour leur personnel.
Au moment où ce rythme accéléré des opérations commence à diminuer, nous savons qu'il ne sera pas facile d'offrir aux militaires qui rentrent au pays les soins de santé dont ils ont besoin, notamment les soins de santé mentale. Je vous assure que les soins offerts à nos militaires malades et blessés représentent la priorité absolue des Forces armées canadiennes et qu'elles tiennent compte des circonstances particulières dans lesquelles elles se trouvent.
Je n'aime pas parler de « vagues », mais je crois qu'il y aura, dans les prochaines années, une augmentation constante du nombre de membres des Forces canadiennes et d'anciens combattants présentant des symptômes liés au traumatisme post-opérationnel. C'est pourquoi nos cliniques doivent demeurer prêtes.
Il nous incombe de nous assurer que les malades et les blessés ont accès au moment opportun à des soins fondés sur des preuves. Permettez-moi de préciser la notion de « l'accès au moment opportun ». Nous devons être prêts à soutenir tous ceux qui ont le courage de faire le premier pas et de demander de l'aide.
Je suis certain que les membres du comité comprennent qu'il est parfois difficile de demander de l'aide lorsqu'on souffre de troubles liés au stress post-opérationnel. Pour différentes raisons personnelles, il est peu fréquent qu'une personne se sente à l'aise de demander de l'aide. C'est pourquoi nous devons maintenir un système souple et facilement accessible employant de bonnes ressources, comme celui qui existe actuellement, et qui compte à la fois des cliniciens en soins primaires, et des spécialistes de la santé mentale bien formés. En outre, le fait de pouvoir compter sur des cliniciens militaires, des fonctionnaires et des entrepreneurs est essentiel pour combler les besoins de nos militaires, hommes et femmes.
Le deuxième élément essentiel, ce sont les soins fondés sur des preuves, qu'exigent les règles en vigueur et qui représentent également un élément crucial de tout système de santé.
En bref, nos patients méritent ce que la médecine a de mieux à offrir, c'est-à-dire un traitement appuyé par une recherche clinique sérieuse. C'est pourquoi nous n'offrons que des traitements, que ce soit de la médication ou de la psychothérapie, qui se sont révélés à la fois sécuritaires et efficaces pour nos patients.
Les preuves à l'appui de ces traitements proviennent en général d'une multitude d'études importantes qui ont été menées dans des conditions contrôlées, publiées dans des revues spécialisées avec comité de lecture et appuyées par des organisations internationales comme l'International Society for Traumatic Stress Studies. Ces études ne peuvent évidemment pas garantir que tous les patients se rétabliront à la suite d'un traitement; toutefois, elles peuvent indiquer qu'il s'agit du meilleur traitement proposé pour traiter une affection particulière chez la plupart des patients. J'expliquerai ce point plus tard si vous le voulez bien.
Les traitements fondés sur des preuves représentent non seulement la meilleure façon de soigner toutes les maladies, de l'angine à streptocoques au cancer du poumon, en passant par le trouble de stress post-traumatique, mais ils font également partie de notre gouvernance. Lorsqu'il s'est adressé au comité, le colonel Scott McLeod a décrit le fonctionnement de notre comité sur la gamme de soins. Au fond, tous les services, tous les traitements et toutes les choses mises à la disposition des membres des FC doivent remplir les conditions suivantes: adhérer aux principes scientifiques de la médecine fondée sur des preuves; être nécessaires pour maintenir la santé; être financés par au moins un organisme provincial ou fédéral; être bénéfiques aux militaires actifs et en maintenir ou en rétablir la capacité de fonctionnement ou de déploiement; ne pas servir uniquement à des fins expérimentales, exploratoires ou cosmétiques.
J'aborde maintenant le sujet qui constitue, selon moi, la raison de ma présence ici: la zoothérapie, plus précisément l'utilisation de chiens par des personnes souffrant d'une maladie mentale, y compris les membres des FC et les anciens combattants ayant subi des dommages psychologiques.
Comme l'a expliqué le colonel McLeod, la zoothérapie n'est pas, pour l'instant, conforme aux lignes directrices de notre gamme de soins. Les ouvrages scientifiques publiés sur le sujet, de même que l'information transmise par nos principaux alliés, ne fournissent pas suffisamment de preuves pour appuyer l'ajout de ce type de thérapie dans nos méthodes de traitement officielles. D'ailleurs, nos pratiques dans ce domaine sont les mêmes que celles utilisées aux États-Unis et au Royaume-Uni, deux pays qui n'ont pas ajouté la zoothérapie dans leurs traitements de base.
Toutefois, cela ne veut pas dire que cette forme de thérapie ne permet pas de soutenir des militaires malades ou blessés. Comme beaucoup de Canadiens, j'ai regardé l'émission W5 il y a quelques semaines, laquelle m'a d'ailleurs ému. Les hommes qu'on nous montrait semblaient avoir bénéficié grandement de la relation d'empathie qu'ils avaient établie avec les chiens. Toutefois, en l'absence d'une recherche approfondie sur la question, on ne peut que formuler des hypothèses quant au rôle que les chiens jouent dans le traitement des personnes malades ou blessées. Personnellement, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une relation sociale positive qui offre une certaine sécurité et un certain réconfort dans une situation caractérisée par l'anxiété et la peur.
J'aimerais d'ailleurs préciser qu'il existe bien des choses qui sont bonnes pour la santé, mais qui ne sont pas des soins de santé en soi. L'Organisation mondiale de la Santé mentionne quelques éléments qui jouent un rôle déterminant par rapport à la santé: l'endroit où une personne vit, les conditions dans lesquelles une personne vit, la génétique, le revenu et le niveau de scolarité, de même que les relations avec les amis et la famille. L'Organisation mondiale de la Santé précise que ces éléments ont tous des répercussions considérables sur la santé, alors que les éléments les plus souvent étudiés, notamment l'accès à des services de soins de santé et l'utilisation de tels services, ont souvent des répercussions moindres.
On peut donc constater à quel point le logement, le revenu, l'emploi et l'éducation sont importants. Ces questions ont été abordées au cours de la rencontre trinationale sur la santé mentale qui s'est tenue en septembre dernier à Washington. En outre, l'importance des relations a déjà été validée par le programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel du MDN et d'Anciens Combattants Canada.
À cet égard, la zoothérapie peut avoir un effet favorable sur la santé de certains patients d'une manière sociale et non clinique. Toutefois, pour l'instant, il n'existe pas suffisamment de preuves pour justifier son ajout dans notre gamme de soins. Nous sommes résolus à offrir aux militaires malades et blessés les meilleurs soins de santé possible, ce qui signifie une qualité de soins appuyée par des thérapies et des pratiques éprouvées et acceptées sur le plan scientifique.
Évidemment, comme vous l'ont dit le général Lawson et le contre-amiral Smith, nous sommes déterminés à améliorer sans cesse la façon dont nous prenons soin de nos militaires.
Je vous remercie encore une fois de l'intérêt que vous manifestez à l'égard des soins prodigués aux membres des forces qui sont malades ou blessés. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Croyez-vous qu'il serait utile que les Forces canadiennes envisagent l'adoption ou l'utilisation en bonne et due forme de ce genre de zoothérapie pour traiter les personnes qui affirment que cela a un effet bénéfique sur elles? Croyez-vous qu'il serait approprié pour vous de vous mettre en phase avec...? Nous avons accueilli un témoin, dont le nom m'échappe — je crois que c'était Aiken —, qui collabore avec 25 universités pour étudier...
Quel est votre avis sur la création, avec l'aide d'autres intervenants du personnel de soutien des Forces canadiennes, d'un partenariat avec des cliniciens de diverses universités? Croyez-vous qu'il serait utile de collaborer avec eux pour entreprendre l'élaboration d'un programme comme « Paws for Purple Hearts » de manière à ce que nous puissions observer comment il fonctionne? Nous pourrions lui donner un nom canadien et lui apporter une touche canadienne.
Il me semble que nous vivons à une époque où, certes, nous nous en remettons à des gens comme vous — un scientifique, un expert dans son domaine —, mais où nous décelons ensuite un besoin immédiat. Nous constatons que les scientifiques et les universitaires sont réticents à traiter les gens qui disent: « Ce programme m'aide. Je ne prends pas de médicaments dont on sait qu'ils ont des effets secondaires. Je n'ai pas besoin de consulter un médecin ni d'engorger les hôpitaux. » En outre, ce programme est très efficient.
Croyez-vous que le comité peut, d'une façon ou d'une autre, encourager ou inciter les FC à s'engager dans une telle initiative?
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Eh bien, j'estime qu'il s'agit d'une chose qu'il n'est pas approprié de dire à quelqu'un. En ce qui concerne la libération pour des raisons de nature médicale et la question de savoir si une personne est apte à assumer ses fonctions, je ne crois pas que cela puisse être établi simplement par la présence d'une rechute.
En fait, je me suis fait le défenseur — et, à ce sujet, j'ai été cité, ou mal cité, dans le Globe and Mail — de l'idée selon laquelle les personnes qui ont subi un stress post-traumatique doivent reprendre leurs fonctions, car j'estime que le rétablissement d'une personne constitue une bonne nouvelle. Si une personne est complètement rétablie de sa maladie et veut continuer à servir dans les FC, nous sommes favorables à cela — il s'agit d'un exemple de réussite.
Il se trouve que les décisions relatives aux restrictions médicales et aux libérations pour des raisons de nature médicale s'appuient sur un certain nombre de raisons, notamment la sécurité de la personne et celle de l'organisation qui l'entoure. Si une personne éprouve des maux de dos ou de genoux, a des problèmes de vision ou est prise de vertiges, que ces problèmes posent un risque et qu'un rétablissement semble improbable, on lui attribue un profil médical permanent et on prend d'autres mesures du genre. Toutefois, il est arrivé que j'estime que des soldats soient aptes à reprendre du service; dans ces cas-là, nous les renvoyons à la base de Wainwright, où ils sont de nouveau exposés aux situations à l'origine de leur problème. À ce moment-là, ils prennent eux-mêmes conscience du fait que cela est difficile.
Je ne crois pas qu'il soit approprié de dire à une personne qu'elle ne pourra pas reprendre du service si elle subit une rechute. À mon avis, si une personne s'est bien rétablie et qu'elle est ensuite victime d'une rechute, nous devons réévaluer ses antécédents cliniques et sa stabilité de manière à déterminer si elle est apte à demeurer au sein des forces armées.
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La blessure de stress opérationnel est un paradigme. Il s'agit d'un terme non clinique. Le trouble de stress post-traumatique, la dépression et le trouble panique ne se traitent pas de la même façon.
J'ai servi dans les FC pendant 20 ans, et ce que j'ai constaté, c'est qu'il n'y a rien de parfait. Toutefois, ce que j'ai trouvé vraiment impressionnant, c'est que les gens parlent beaucoup de cela, et que beaucoup de personnes se manifestent dans les hôpitaux de rôle 3, en plein théâtre des opérations. Ces personnes nous expliquent qu'elles sont différentes des autres, et elles nous font part des difficultés qu'elles éprouvent. Un commandant se présentera accompagné d'un soldat et nous dira: « Je suis un peu inquiet de la façon dont ce caporal ou ce caporal-chef se comporte. Pouvez-vous l'examiner? » C'est la principale chose que j'ai remarquée.
Vous savez, lorsque nous avons été déployés au Rwanda, nous ne disposions d'absolument aucun service de soutien en santé mentale. À Kandahar, nous disposions de psychiatres, de travailleurs sociaux et de personnel infirmier spécialisé en santé mentale. Nous disposions d'une équipe complète de soins psychiatriques. Pour un psychiatre, cela change tout.
Même lorsque nous nous trouvons dans le théâtre des opérations, notre principal objectif est d'aider les soldats à mener à bien leurs tâches et leur séjour. Cela est très important pour la plupart des soldats, de sorte que nous faisons de notre mieux pour qu'ils demeurent dans nos rangs et collaborons de manière confidentielle avec la chaîne de commandement à cette fin. Parfois, nous les affectons pendant deux ou trois semaines à l'aérodrome pour leur accorder un répit et qu'ils apprennent quelques techniques leur permettant de garder les pieds sur terre — ce qui ressemble beaucoup à ce que l'on vous a expliqué à propos de la zoothérapie — et de ne pas s'empêtrer dans un état, par exemple d'hypervigilance et d'éveil. Même en plein théâtre d'opérations, notre principal objectif est d'aider les soldat à mener à bien leur affectation.
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C'est une bonne question. Merci.
À coup sûr, pour les services de santé, et assurément pour les services de santé mentale, il est très important de prendre soin de leur propre personnel, et nous devons sans aucun doute être conscients du risque d'épuisement professionnel. Les professionnels de la santé mentale sont des gens passionnés et dévoués.
Je n'ai pas dirigé de clinique depuis quelques années, mais à l'époque, à Halifax, j'ai pris quelques mesures. Par exemple, il n'était pas question de tenir des dîners-causeries. Durant l'heure du dîner, on prend une pause. Tout le monde convoque des réunions urgentes à la dernière minute et appelle cela un dîner... De plus, tout le monde rentre à la maison à 16 heures; moi, je resterai plus longtemps au bureau, mais vous, rentrez à la maison. Ce sont des exemples de mesures concrètes que j'ai prises.
En outre, la formation est importante — la formation qui nous aide à comprendre nos limites, à savoir jusqu'où nous pouvons aller et à bien faire notre travail. Nous offrons régulièrement des séances de formation sur toutes sortes de sujets, par exemple les psychothérapies de pointe en matière de traitement cognitif et l'intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires. Nous offrons une supervision clinique aux thérapeutes qui sont aux prises avec des cas épineux; ces gens peuvent donc consulter un expert. Par exemple, les centres de soutien pour trauma et stress opérationnel mènent des activités dans quatre secteurs clés — à savoir l'évaluation, le traitement, la sensibilisation et la recherche —, et les membres du personnel font une rotation de manière à ce que les mêmes personnes ne se retrouvent pas constamment face à des gens qui souffrent. Certains jours, on fait des évaluations, et d'autres, on enseigne à l'extérieur de nos bureaux.
Nous prenons beaucoup de mesures pour protéger les gens d'eux-mêmes, pour éviter qu'ils ne s'usent — ou presque — à la corde et faire en sorte qu'ils puissent continuer à faire leur travail.
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Merci, monsieur le président, de cette aimable attention.
Je m'excuse d'avoir été absent lorsque vous parliez, monsieur.
Une fois, j'ai assisté à une conférence fascinante d'un urgentiste new-yorkais qui s'adressait à un groupe de gouverneurs d'États américains et de premiers ministres canadiens pour leur parler de médecine fondée sur des données probantes. Il a expliqué comment ce type de médecine avait tué George Washington, parce que, à l'époque, la saignée était considérée comme une bonne thérapie.
Il a ensuite énuméré toute la gamme de thérapies routinières en vigueur dans la profession médicale, puis il a analysé les données probantes établissant leur fonctionnement. Il était question de mammogrammes et de tests de prostate... Toute la routine, et, essentiellement, ça m'a ouvert les yeux en tant que politicien n'ayant aucune formation médicale: ces données probantes sont parfois des données assez peu empiriques.
Lorsque notre autre témoin a réagi de façon assez vive à des données probantes, il a eu la réaction de n'importe quel profane qui dirait: « Eh bien, je ne sais rien des données probantes, mais je sais que cela fonctionne pour moi. »
Je m'excuse si on a déjà abordé la question, mais, si un certain nombre de vos soldats disent que cela fonctionne vraiment pour eux, que fait l'armée pour mettre au point un outil de mesure empirique qui pourrait réellement permettre de déterminer qu'il s'agit d'une bonne thérapie, ou non, selon le cas? Je ne comprends pas.
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Merci beaucoup, colonel Jetly, et je vous remercie d'avoir insisté sur les aspects scientifiques et la preuve clinique qui doit sous-tendre le traitement.
Nous comprenons tous qu'il est très difficile de déterminer où investir, surtout avec les thérapies émergentes. Nous vous appuyons dans votre initiative de vous fonder sur des données scientifiques au même titre que n'importe quel professionnel de la santé mentale dans le monde, certainement parmi les militaires. Nous avons vu le Canada être applaudi pour cela, entre autres, à la réunion trinationale à laquelle nous avons assisté ensemble à Washington.
J'ai deux questions pour vous, et elles sont liées. La première se rattache aux deux témoins que nous avons accueillis avant vous, à leurs histoires très personnelles concernant l'Afghanistan et à leur conviction très ferme selon laquelle la zoothérapie avec les chiens les avait aidés alors que d'autres thérapies, avec une validation clinique peut-être plus solide, ne les avaient pas aidés aussi rapidement qu'ils l'auraient souhaité.
Dites-nous ce que vous faites et ce que la recherche et la pratique vous incitent à faire dans les cas où la victime de TSPT ne réagit pas à la thérapie. Nous savons tous déjà à la lumière de notre étude que de six à 12 séances avec le bon thérapeute et dans les bonnes conditions peuvent avoir une incidence positive pour beaucoup de cas, peut-être même la majorité, mais, parfois, ce n'est pas le cas. Où amenez-vous les gens après cela?
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Nombre de nos alliés — et nous, en particulier — ont mis au point différents types de formation en résilience. L'idée de la résilience est non pas de se construire un bouclier contre le stress, mais plutôt de comprendre que le stress est inévitable dans la vie et en déploiement, et qu'on peut s'en remettre, alors nous avons un programme En route vers la préparation mentale du berceau au tombeau, si vous voulez, qui commence avec l'instruction de base.
Nous menons aussi durant l'instruction de base une étude de recherche sur la biologie, qui traite du stress des gens et des changements épigénétiques qui surviennent durant l'instruction de base pour voir s'il y a des bienfaits durant le cycle de carrière. Les officiers, les officiers subalternes et les soldats du rang l'obtiennent. Nous renforçons cette instruction durant le déploiement, la phase préalable au déploiement, la phase qui suit le déploiement et, en partie, au moment de la DTL dont les gens profitent. Il y a aussi un volet familial qui fait en sorte que les familles l'obtiennent en même temps.
C'est un programme qui a beaucoup attiré d'attention sur le plan international. Un groupe de l'OTAN envisage une formation semblable à l'échelle des pays membres, et il a adapté le modèle canadien, avec nos collègues américains. Les forces policières sont intéressées, et nous venons de commencer à aider la Gendarmerie royale du Canada au Nouveau-Brunswick à former certains de ses membres à l'offrir eux-mêmes. Il s'agit d'un domaine vaste.
Je crois que, de 1980 à 1990, nous songions à la façon de détecter les personnes malades. Le milieu scientifique a franchi cette étape, et on peut dire que, aujourd'hui, la grande majorité des gens exposés à un traumatisme ne tombent pas malade, alors essayons de déterminer ce qui les aide à composer avec la réalité et essayons d'inculquer cela aux gens.
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Merci. Notre temps est écoulé.
Colonel, je vais vous donner un peu de devoirs. J'avais quelques questions, mais je vais simplement vous les transmettre, et vous pouvez y répondre par écrit, car il ne nous reste plus de temps. Les analystes vous les fourniront par écrit aussi, pour que vous les conserviez.
Essentiellement, nos témoins antérieurs ont parlé de suicide, alors la question de la prévention du suicide m'intéresse en ce qui concerne les mesures que nous prenons pour former nos officiers, surtout dans le cadre de nos programmes menant à un grade universitaire au Collège militaire royal du Canada, à Saint-Jean, entre autres, pour prévenir le suicide à l'échelon de l'unité.
Aussi, quels sont les résultats du travail du Comité d'experts des Forces canadiennes sur la prévention du suicide? Vous avez examiné cette étude, et nous aimerions obtenir des renseignements à ce sujet.
Aussi, nous n'avons jamais abordé la question des lésions cérébrales. Nous nous sommes attachés aux problèmes de santé mentale, mais il y a aussi les problèmes de lésions cérébrales. On a produit des rapports sur les lésions cérébrales, les types de traumatismes connexes et la façon dont les Forces canadiennes gèrent cette réalité.
Sur ce, je vous remercie de votre témoignage aujourd'hui. Je vais vous transmettre ces questions par écrit, pour que vous les ayez et puissiez y répondre très rapidement.
Nous allons suspendre la séance. Le comité a une question à régler. Nous devons faire évacuer la salle, alors je demande à tout le monde qui ne travaille pas directement pour un membre du comité de partir.
Sur ce, nous suspendons la séance pour quelques minutes afin de poursuivre à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]