:
Merci, monsieur le président, membres du comité.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de l'intérêt constant que vous portez aux membres des Forces canadiennes et de l'appui que vous leur accordez. Je vous remercie également de me donner l'occasion de vous parler de nouveau de ce sujet crucial.
Étant donné votre intérêt pour la santé mentale des membres des Forces canadiennes, je suis accompagné aujourd'hui du lieutenant-colonel Alexandra Heber, qui est parmi nos quatre psychiatres principaux. Elle est également chef de clinique à notre Centre de soutien pour trauma et stress opérationnels d'Ottawa.
[Traduction]
Depuis ma dernière comparution devant le comité, plusieurs événements ont fait évoluer nos programmes et services de santé. Aucune institution tenue par des hommes ne saurait être parfaite, et la nature de certaines maladies ou blessures fait qu'elles ne peuvent être guéries ou qu'un rétablissement complet est impossible dans bien des cas, mais nous sommes conscients de la nécessité de l'apprentissage et de l'amélioration continus, et nous avons un avantage par rapport aux autres instances de santé, soit que les FC disposent d'un contrôle central sur la plupart des aspects de notre organisation et de notre population ayant une influence sur la santé.
Par exemple je peux orienter les efforts, les champs de pratique, l'emploi, les normes professionnelles, les études et l'instruction de nos groupes professionnels de la santé de façon à maximiser la cohérence et la coordination des services de santé, tandis que la direction non médicale peut contrôler les éléments professionnels qui contribuent à la santé, comme l'éducation générale sur la santé, les tendances culturelles et l'attitude des dirigeants pour réduire les stigmates, les mesures de soutien des pairs et de la famille, etc.
Ce contrôle central de la plupart des facteurs liés à la santé explique en partie pourquoi les Forces canadiennes peuvent produire une unité de soins à un coût légèrement inférieur à celui des instances de santé civiles, tout en offrant un programme plus vaste dans des domaines comme la santé mentale, et pourquoi nous pouvons mettre en oeuvre des changements assez rapidement pour donner suite à des rapports d'évaluations internes ou externes, comme ceux récemment produits par l'ombudsman des FC et le vérificateur général. Bien que toutes les préoccupations figurant dans ces rapports fassent l'objet de mesures, la plupart de celles concernant les FC étaient déjà en cours avant même la publication des rapports.
Le contrôle et la coordination centralisés des FC sont aussi particulièrement cruciaux pour la santé mentale, où les meilleures issues découlent d'un étroit partenariat entre le personnel médical, le patient et la chaîne de commandement.
Nous avons cependant des problèmes qui exigent une attention et des efforts soutenus. Si la fin des opérations de combat en Afghanistan a réduit le rythme des opérations de plusieurs armes des FC, ce n'est pas le cas des services de santé en ce qui concerne la santé mentale. Bien des cas de maladie mentale liés à un traumatisme mettent des années à se manifester, et notre étude sur l'incidence cumulative des blessures de stress opérationnel associées à l'Afghanistan montre, par exemple, que nous pouvons nous attendre à entre 1 300 et 1 500 autres cas de TSPT dans les années à venir, chacun d'eux exigeant des soins et un soutien imposants afin de limiter l'évolution de la maladie et de maximiser les chances de rétablissement.
Un défi particulier consiste à identifier et à faire soigner tous les réservistes qui souffrent de problèmes de santé liés au service militaire après qu'ils aient repris le service à temps partiel. Leur unité de la Réserve peut se trouver loin des bases des FC, dans une région où les services en santé mentale offerts par leur province sont limités, et ils peuvent avoir un accès au soutien militaire et social chez eux moindre que leurs collègues de la Force régulière, compte tenu de la distance par rapport à une forte population de collègues militaires ayant l'expérience des déploiements.
Toutefois, nos problèmes touchent généralement les membres réguliers et les réservistes des Forces canadiennes. Ils doivent être réglés dans le contexte d'une pénurie nationale de professionnels en santé mentale, de la nécessité d'un leadership fort et du soutien des pairs pour que les victimes aient rapidement accès aux soins, de la nature de certains troubles qui peuvent empêcher la victime de reconnaître qu'elle a besoin de soins, du respect du traitement et de l'amélioration clinique.
[Français]
Bien qu'une perspective objective et relative continue d'indiquer que les Forces canadiennes disposent peut-être du meilleur système de santé global du Canada et de l'OTAN, nous devons et nous pouvons continuer de nous améliorer. Ainsi, en santé mentale, nous avons de bonnes ressources et nous disposons d'un plan dynamique pour améliorer le recrutement du personnel clinique, ce qui permet de réduire davantage les temps d'attente pour des soins et d'améliorer d'autant les communications, l'éducation et les traitements.
Nos problèmes, qui sont d'ordre systémique, sont réglés de façon progressive. Pour les soins en santé mentale, nous avons des temps d'attente globaux nettement moins longs. En outre, notre nombre de dispensateurs de soins par personne est plus élevé que dans toute autre institution canadienne.
[Traduction]
La qualité de nos programmes et notre leadership en santé mentale continuent aussi d'être reconnus par des autorités externes indépendantes. Ainsi, le sénateur Dallaire s'est fait dire, lors de la conférence de l'American Psychiatric Association de cette année que le « programme du Canada pour les blessures de stress opérationnel est considéré comme l'exemple à suivre par les États-Unis et, l'espère-t-on, par d'autres pays ».
Dre Fiona McGregor, présidente sortante de l'Association des psychiatres du Canada, a récemment déclaré publiquement que « les Forces canadiennes ont raison d'être fières de leur programme en santé mentale, qui a été reconnu par leurs alliés de l'OTAN et des organismes civils ».
Pour sa part, l'ombudsman des FC a déclaré dans son dernier rapport que « les soins et le traitement des membres des Forces canadiennes qui souffrent d'un traumatisme lié au stress opérationnel se sont améliorés depuis 2008 et qu'ils sont nettement supérieurs à ceux qui existaient en 2002 ».
Cette norme élevée de soins est non seulement le résultat d'un contrôle global centralisé du système de santé militaire, mais aussi de l'extrême motivation et du grand dévouement des membres des FC. Ainsi, le personnel des Services de santé a traité de nombreuses personnes souffrant de blessures horribles en Afghanistan, il a souvent côtoyé la mort, il a connu le plus grand nombre de victimes et de morts au combat après les spécialistes de l'arme de combat, et la maladie mentale et le suicide le touchent comme tout autre élément des forces armées.
Bien que les spécialistes médicaux qui élaborent nos programmes de santé soient des non-combattants, ils sont d'abord et avant tout des soldats, et la plupart ont été envoyés en mission en sachant mieux que quiconque que leur vie, leur santé et celles de leurs amis dépendaient de la qualité des programmes et des services qu'ils élaborent.
Un solide appui de la direction de la Défense contribue aussi grandement à la qualité de notre programme et à notre confiance en notre capacité de nous améliorer progressivement pour relever nos défis. On en a récemment eu la preuve grâce au solide appui de la direction ainsi qu'à sa forte participation à une série de briefings régionaux sur la santé mentale des FC qui ont été donnés cette année, à un récent symposium sur la santé mentale réunissant le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni qui s'est tenu à l'ambassade du Canada à Washington, et au Symposium du Chef du personnel militaire sur la santé mentale à l'intention des hauts dirigeants des FC qui a eu lieu en octobre.
Mais surtout, cela se reflète dans l'initiative du ministre de la Défense visant à accroître le budget militaire consacré à la santé mentale de 11,4 millions de dollars pour atteindre les 50 millions de dollars annuellement, malgré que tous les éléments du MDN doivent contribuer à la réduction du déficit national.
Le feld-maréchal et vicomte Slim, l'un des grands commandants de la Deuxième Guerre mondiale, a souligné avec justesse que « ce sont les officiers au front plutôt que les médecins qui gagnent plus de la moitié des batailles contre les maladies ». Les efforts visant à favoriser, à protéger et à rétablir la santé des membres des FC ont bénéficié d'un fort appui de la direction des forces armées et l'on s'attend à ce que cet appui se maintienne.
Les FC sont tout aussi actives et reconnues comme leader dans d'autres domaines de la santé militaire. Par exemple, le colonel Homer Tien, directeur médical du plus gros centre de traumatologie du Canada, est largement reconnu pour son leadership exceptionnel en intervention médicale visant à sauver des vies, lequel s'est manifesté lors de la fusillade qui a eu lieu à Toronto le 16 juillet 2012.
Le Système d'information sur la santé des Forces canadiennes est le premier système pancanadien de dossiers médicaux électroniques. Il permet aux cliniciens militaires d'avoir accès au dossier médical de notre population très mobile, à partir de n'importe où dans le monde, que ce soit sur terre ou en mer. Le système a reçu un prix de distinction lors de la Conférence et exposition sur la technologie dans l'administration gouvernementale de cette année; il est donné comme modèle pour les autres ministères par le dirigeant principal de l'information du gouvernement fédéral. Nous avons établi une chaire de recherche des FC sur les traumatismes liés au service militaire, et nous nous efforçons d'établir une chaire de recherche des FC sur les soins intensifs liés au service militaire.
Notre médecin-chef adjoint a été choisi pour présider le Comité de recherche de l'OTAN sur la santé, la médecine et la protection, et des membres du personnel des Services de santé et des FC assument des rôles de leadership dans pratiquement toutes ses activités de recherche liées à la santé mentale. Cette année, l'OTAN a choisi le Canada comme récipiendaire du Prix Larrey pour la plus grande contribution médicale à l'égard de l'alliance, en reconnaissance de notre excellence lorsque nous avons établi et dirigé le tout premier hôpital multinational de rôle 3 de l'OTAN durant des opérations de combat.
[Français]
Les membres des Forces canadiennes acceptent de prendre des risques extrêmes et de faire des sacrifices lorsqu'ils protègent notre pays. Voilà pourquoi ils méritent que les Forces canadiennes leur accordent une grande priorité en leur offrant une norme de soins de santé qui optimise leur protection et leurs chances de rétablissement après une maladie ou une blessure. Les chefs de la Défense nationale et les services de santé des Forces canadiennes sont déterminés à maintenir ou à améliorer cette norme.
[Traduction]
Je serais heureux de répondre du mieux que je peux à vos questions concernant le système de santé des Forces canadiennes et d'obtenir les réponses que je ne pourrai vous donner sur-le-champ.
Je vous remercie.
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Je vous remercie pour cette question, monsieur.
On a parfois l'impression, surtout après de longues périodes de paix, que le système des soins de santé constitue plutôt une arme de soutien, parce que nous avons le double rôle de maintenir le système de santé statique, interne, le rôle global d'un ministère de la Santé, avec des éléments d'un ministère de l'Éducation, d'un ministère du Travail, etc. — tout ce qui concerne la santé. Toutefois, tous ces rôles sont désormais reconnus, surtout après une décennie d'opérations en Afghanistan. Presque tous les commandants militaires qui ont été affectés à des opérations de cette nature sont clairement conscients du rôle de protection de la force et de l'impact sur le moral des troupes.
Certains m'ont dit que nous devrions être considérés comme une arme d'appui au combat, au minimum, plutôt qu'un service de soutien logistique du combat, à cause de notre importance cruciale. Nos cliniciens, en particulier nos techniciens médicaux mais même nos médecins, sont à l'avant avec l'infanterie, à la pointe, que ce soit en patrouille ou dans une base d'opérations avancée et ce genre de choses. Le commandant de l'armée m'a dit plusieurs fois que le moral des troupes, leur volonté de se battre et leur empressement à se sacrifier sont clairement liés à la confiance qui les habite qu'on prendra bien soin d'eux par la suite et que le système médical leur donnera toutes les chances de survivre s'ils devaient être blessés.
De même, je mentionnerai en passant que l'appui des politiciens et du grand public joue aussi un grand rôle dans leur motivation et leur volonté de faire des sacrifices.
J'ai confiance, surtout après 10 ans d'opérations, que la visibilité de certaines opérations — par exemple les opérations d'aide humanitaire en Haïti — que le service médical est l'arme appuyée plutôt que l'arme d'appui du service. On reconnaît largement, non seulement au niveau de l'état-major mais dans l'ensemble des forces armées, que le système de santé est essentiel et que plusieurs éléments du système sont réputés être à la pointe.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Médecin-chef, c'est merveilleux de vous revoir.
J'aimerais avant toute chose vous rendre hommage, à vous et tous vos collègues des Services de santé des Forces canadiennes.
D'après mon expérience personnelle, d'après tout ce que nous avons entendu ici et d'après tout ce que nous avons lu, je crois honnêtement que l'un des hauts faits en matière de valeur et d'accomplissement du Canada dans la mission de l'Afghanistan dont on ne parle pas revient à votre service — vos services au pluriel — dans l'hôpital de rôle 3 et en général au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité, au sein du contingent canadien.
Vous avez nos remerciements inconditionnels — de nous tous ici présents, je crois — pour ce travail incroyablement brave et professionnel qui s'inscrit dans une longue tradition dans les Forces canadiennes.
Je pense à sir Frederick Banting, dont le nom coiffe maintenant la chaire de recherche du colonel Tien, où il essaie de faire le pont entre une partie de l'expérience acquise à Kandahar pour la mettre à profit dans des essais cliniques et des applications dans la vie civile. Nous espérons en entendre davantage à ce sujet au cours de nos travaux.
Je pense au soldat Richard Thompson — si peu connu — de la guerre d'Afrique du Sud, qui s'est mérité le plus grand des honneurs, encore plus grand que la croix de Victoria, l'Écharpe d'honneur de la Reine, pour sa bravoure comme brancardier.
Je pense aussi à une visite cette fin de semaine dans la circonscription de M. Opitz, où un récipiendaire de la croix de Victoria repose dans un cimetière près de l'endroit où nous avons souligné le jour du Souvenir. Il s'agit du caporal Frederick George Topham, un technicien médical, qui a fait preuve d'énormément de bravoure sur la rive est du Rhin en mars 1945.
Vous êtes souvent au front et votre travail est absolument essentiel au moral et à la mission que les Forces canadiennes s'emploient à remplir.
Comme nous avons encore des soldats en danger en Afghanistan dans le rôle d'instructeurs, pourriez-vous nous expliquer ce qui arriverait à un soldat canadien s'il était blessé aujourd'hui à Kaboul, à Mazar-e-Sharif ou ailleurs en déploiement? Expliquez-nous, étape par étape, les soins que ce soldat recevrait — certains prodigués par des services canadiens, évidemment, et d'autres par des services étrangers — puis les formes de soutien qui seraient mises à la disposition, au Canada, d'un soldat grièvement blessé. Pourriez-vous décrire en termes généraux comment ce service, ce processus, a changé au cours des 10 dernières années?
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Merci beaucoup, monsieur, de vos commentaires et de votre question.
Pour notre personnel déployé outremer, dans l'éventualité d'une blessure ou d'une maladie grave, nous déployons toujours un minimum de services de soins primaires qui les accompagnent. Il s'agit parfois de services préhospitaliers. Selon la taille et l'ampleur de la mission, nous pouvons nous occuper des militaires blessés jusqu'au stade de l'hôpital offrant des soins tertiaires complets — ou du moins un hôpital doté de capacités chirurgicales.
Parce que les ressources de santé sont difficiles à fournir et rares pour tous nos alliés de l'OTAN, il y a probablement une plus grande intégration multinationale dans les ressources de santé que dans bien d'autres éléments des forces armées. Lorsque la mission est de petite taille, comme dans l'opération en cours, l'Opération Attention, dans laquelle des militaires canadiens encadrent du personnel de l'Armée nationale afghane, parce que nos gens sont dispersés un peu partout, nous fournissons aux membres des Forces canadiennes des soins intensifs de courte durée au niveau des soins primaires — dispensés par des médecins et des techniciens médicaux —, mais nous comptons essentiellement sur les hôpitaux militaires des États-Unis ou, dans certains cas, de la France pour assurer les soins tertiaires.
Il y a donc toujours une composante de soins hospitaliers, pourvue en personnel médical ayant reçu une formation supplémentaire en secourisme en situation de combat... Des mesures vitales très intensives sont mises en oeuvre dans les 10 premières minutes afin de contrôler les choses qui ont tendance à causer rapidement la mort, comme la gestion des voies respiratoires et les hémorragies excessives. Ces soins sont prodigués dans les 10 premières minutes, puis il y a toujours une évacuation médicale rapide pour faire en sorte que ces blessés arrivent sur la table d'opération, au besoin — si une chirurgie est nécessaire — dans l'heure ou au maximum dans les deux heures, suivie d'une période de stabilisation dans un centre de soins tertiaires avant l'évacuation tactique vers un hôpital plus spécialisé, en général.
Pour nous, il s'agit habituellement du centre médical régional de Landstuhl en Allemagne qui dispensent les soins de stabilisation et de chirurgie supplémentaires avant l'évacuation médicale stratégique vers le Canada dans un hôpital de soins quaternaires où tous les soins et les programmes de réadaptation supplémentaires peuvent être dispensés le plus près possible du soutien social maximum et du soutien clinique compétent, au besoin.
L'un des plus grands changements a été la reconnaissance de l'utilité de prodiguer des soins cliniques les plus avancés possible. Par conséquent, en ce qui concerne le secourisme en situation de combat comportant la prestation des premiers soins vitaux, de même que des procédures qui, au Canada, peuvent souvent n'être pratiquées que par un médecin urgentologue, nous sommes allés de l'avant et nous avons formé non seulement nos techniciens médicaux mais notre personnel de l'arme de combat pour qu'ils puissent pratiquer plusieurs de ces procédures. Ces interventions faites dans les 10 premières minutes nous donneront beaucoup de temps plus tard.
Nous disposons de données de qualité grâce au Registre des traumatismes sur le théâtre d'opérations en commun, lequel a été largement utilisé en Afghanistan pour prouver que nous pouvons prolonger le délai de presque deux heures avant de pratiquer la chirurgie nécessaire tout en maintenant la même capacité de sauver des vies.
C'est un bref résumé du processus.
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J'étais le directeur des opérations du service de santé, donc les commandants de toutes les unités médicales en Afghanistan relevaient de moi à Ottawa au plus fort du conflit. Nous sommes hautement respectés par tous nos alliés pour la rapidité et l'agilité avec lesquelles nous pouvions modifier notre programme. Notre participation à ce Registre des traumatismes sur le théâtre d'opérations en commun et à ce système nous a essentiellement permis d'analyser nos protocoles et nos processus cliniques, et de les modifier pratiquement en temps réel, ce qui nous a permis de sauver des vies.
Par exemple, grâce à ce système, les Américains en Irak ont réussi à réduire la mortalité d'environ 15 p. 100, simplement grâce à cette analyse des données. Nous avons retenu énormément de leçons par suite de cette opération. Nous les avons incorporées dans nos processus. Nous les avons aussi diffusées le plus largement que nous avons pu, notamment dans le Centre interarmées d'analyse et d'enseignements de l'OTAN, afin que toute l'alliance puisse en bénéficier.
Nous devons continuer à faire de la recherche et à maintenir les capacités que nous avons développées, même à un niveau rudimentaire, pour que nous puissions maintenir toutes ces capacités. Nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous ne pouvons pas baser la mise en application des connaissances acquises et notre restructuration des forces armées sur les conflits passés, parce que le conflit suivant est toujours différent.
Nous devons avoir une structure fondée sur les capacités dans laquelle nous disposons au moins d'une capacité rudimentaire dans presque tous les domaines pour pouvoir faire face à toutes sortes de menaces opérationnelles et de risques pour la santé de sorte que nous soyons prêts à multiplier, élargir et déployer cette capacité si l'opération suivante devait déjouer nos attentes.
Lorsque les Américains sont entrés en Irak, la dernière chose à laquelle ils s'attendaient était d'avoir à exécuter des opérations de manoeuvre offensives contre des forces blindées, après la fin de la guerre froide, mais ils étaient prêts et ils ont pu maintenir ces capacités. Nous devons faire la même chose. La publication, la recherche continue et le maintien de notre structure actuelle dotée de cette capacité dans tous les domaines différents font partie de ce dont nous avons besoin pour être prêts la prochaine fois où le Canada aura besoin de nous.
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M. Daigle a raison, et nous sommes heureux d'obtenir ce genre d'examens externes. Toutefois, tout est relatif et nous devons continuer à nous améliorer. J'ai mentionné les obstacles qui nous empêchent d'obtenir le nombre de professionnels de la santé mentale dont nous avons besoin. Nous travaillons d'arrache-pied. Nous avons un plan de recrutement énergique en vue de régler le problème. Nous avons des engagements supplémentaires pour accélérer le processus de dotation afin de recruter les personnes dont nous avons besoin pour combler les lacunes de la dotation en santé mentale.
Le temps d'attente est cependant beaucoup moins long qu'il l'était. Par exemple à Petawawa, au cours des quelques derniers mois, nous avons réduit le temps d'attente de moitié, de telle sorte qu'il se situe à environ un mois pour une évaluation spécialisée du Centre de soutien pour trauma et stress opérationnels. Pour l'évaluation générale de la santé mentale, nous avons réduit le délai de 30 p. 100. À mon avis, aucune autorité civile au Canada ne peut se vanter de tels délais. Ils sont nettement inférieurs à n'importe où ailleurs.
Néanmoins, nos soldats ont besoin d'une attention supplémentaire à cause des sacrifices, des menaces et des stress extrêmes auxquels ils sont exposés, ils méritent donc ce genre de soutien et malgré tout, nous nous efforçons toujours de faire mieux.
Par exemple nous avons plus de 200 candidats pour combler une partie de nos postes dans la fonction publique en vue d'atteindre la cible de 447 que nous visons. Quand ce sera fait, nous déterminerons alors si ce chiffre est même suffisant, d'après une Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes prévue pour l'an prochain, que Statistique Canada mènera en collaboration avec nous.
S'il se révèle nécessaire d'augmenter ce chiffre afin d'atteindre une quelconque norme pour assurer un bon niveau de soins, la volonté est là, sans oublier que les soins primaires au Canada et dans la plupart des pays du monde fournissent une grande partie ou la plus grande partie des soins en santé mentale. Il est donc essentiel que nous obtenions tôt une évaluation spécialisée de la santé mentale, mais par la suite, dans certains pays et dans certains modèles, comme RESPECT-MIL aux États-Unis, la plupart des soins continus sont essentiellement fournis par le personnel infirmier.
Lorsque l'attente pour obtenir une évaluation spécialisée en santé mentale s'allonge, nos militaires ne sont pas laissés à eux-mêmes. Ils continuent d'être suivis par un médecin de premier recours. L'ordre de priorité sur la liste d'attente peut être modifié sur-le-champ et en tout temps. S'il y a un cas urgent, il sera vu immédiatement.
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Une fois encore, merci pour cette question.
Je travaille pour le MDN depuis 2003, donc dès le début, j'ai vu beaucoup de militaires ayant participé aux missions en Bosnie, au Rwanda et en Somalie. Ils représentaient la plus grande partie de ma clientèle. Bien entendu, aujourd'hui, la majorité des patients que nous voyons dans la clinique pour le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel ont participé à la mission en Afghanistan.
Je veux aussi souligner, pour relativiser les choses, que la majorité des gens qui font appel au service de santé mentale dans nos cliniques ne sont pas des militaires qui reviennent avec un traumatisme lié au stress opérationnel. Ce sont des militaires qui, comme la population générale, souffrent d'une dépression ou d'un trouble d'angoisse et qui auraient probablement eu le même diagnostic peu importe la profession qu'ils auraient choisie, mais au CSTSO, dans notre clinique pour le traitement du traumatisme lié au stress opérationnel, j'ai vu cet éventail de patients.
Quant aux symptômes, ce sont les mêmes, et c'est logique parce que notre diagnostic est fondé sur une certaine gamme de symptômes, n'est-ce-pas? Ces derniers ne changent pas. Si un militaire qui a été en Bosnie reçoit un diagnostic de TSPT et si un autre qui a été en Afghanistan reçoit le même diagnostic, le profil des symptômes est le même.
La façon dont les gens souffrent est parfois différente. Le temps que les gens prennent avant de demander des soins est différent. Quand j'ai commencé à travailler dans la clinique en 2003, il était très courant qu'un soldat vienne me voir et me dise qu'il faisait des cauchemars toutes les nuits depuis 10 ans. C'était très courant.
Maintenant, nous voyons des militaires de la campagne afghane et de fait, trois à six mois après leur déploiement en Afghanistan, lorsqu'ils se soumettent au dépistage exhaustif en santé mentale que nous faisons après le déploiement, si l'on détecte chez eux au cours de cette procédure de dépistage la possibilité qu'ils souffrent de TSPT ou d'un autre TSO, près de la moitié d'entre eux sont déjà sous traitement. Lorsque le travailleur social leur dit qu'ils ont probablement besoin de consulter, près de la moitié d'entre eux sont déjà en thérapie. C'est la grande différence que nous voyons.
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Il y a eu une réduction très considérable de la stigmatisation, mais elle existera toujours, surtout au sein d'une organisation comme les forces armées, mais aussi dans la société en général. La stigmatisation existe non seulement pour les troubles de santé mentale mais pour des blessures en général, et pour différents types de maladies.
Nous avons des preuves objectives que le degré de stigmatisation a radicalement diminué. Une étude publiée dans le Journal of the Royal Society of Medicine au Royaume-Uni, en 2008 si je ne m'abuse, comparaient les cinq alliés anglo-saxons. L'étude a révélé que les Forces canadiennes affichaient le plus faible degré de stigmatisation dans l'ensemble. Une étude menée aux États-Unis par Charles Hoge, si je ne m'abuse, a révélé que nous nous situons environ au tiers du degré de stigmatisation observé dans les forces des États-Unis.
Le colonel Heber vient de mentionner que les militaires chez qui le dépistage exhaustif fait trois à six mois après leur déploiement révélait des symptômes de maladie mentale étaient déjà en thérapie. Quelques années auparavant, il fallait attendre environ 5,5 ans avant que les militaires se manifestent pour obtenir des soins, une autre indication d'une réduction considérable de la stigmatisation.
Cette amélioration est due en grande partie à différentes mesures, à toutes les mesures éducatives qui ont été prises dans les forces armées, comme vous le savez probablement déjà, par exemple les différentes campagnes, le programme éducatif intitulé En route vers la préparation mentale, et le renforcement de la protection de la confidentialité. Si les militaires comprennent et si nos patients savent que les renseignements sur leur santé seront bien protégés, leur confiance s'en trouve accrue.
Le soutien des pairs a été très, très important pour convaincre les gens de se manifester, tout comme l'éducation, non seulement pour la chaîne de commandement et l'état-major militaire, mais pour les familles. Je ne suis pas sûr que nous avons des données sur le sujet, mais certainement de façon anecdotique, nous savons que dans bien des cas, les militaires ne se présentent pas volontairement d'eux-mêmes, mais bien parce qu'ils y ont été poussés par les membres de leur famille, leurs pairs ou leurs collègues de travail. Le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel — comme n'importe quelle autre blessure dans les forces armées — et le fait que nous décernons la Médaille du sacrifice aux personnes qui en expriment le souhait, qui ont subi un traumatisme lié au stress opérationnel, envoient un message très clair.
Nous continuons de traiter ces militaires. Nous les déployons même à l'extérieur de l'enceinte en Afghanistan s'ils sont stables. Nous ne ménageons aucun effort afin d'éviter de les stigmatiser ou de les traiter différemment et de traiter le TSO comme n'importe quelle autre maladie et objectivement, ces mesures ont porté leurs fruits.
Dre Heber, avez-vous quelque chose à ajouter? Non?
Merci.
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Merci beaucoup pour vos commentaires sur les techniciens médicaux et leur énorme sacrifice. La lecture de leurs citations, des déclarations de valeur de certains d'entre eux, nous laisse stupéfaits: leur bravoure, leur courage et leur sacrifice... Je vous remercie beaucoup de l'avoir souligné.
Il était très compliqué de gérer l'hôpital de rôle 3, parce que c'était la première fois que l'OTAN exploitait un hôpital multinational dans une zone de combat, avec de très nombreux blessés qui nous arrivaient presque quotidiennement. Il y avait de nombreux obstacles vu les différences dans les normes nationales, les titres de compétences et la culture par rapport aux champs de pratique des différentes professions de la santé. Il était aussi difficile de les coordonner en une équipe au fonctionnement harmonieux, surtout les équipes de traumatologie et dans la salle d'opération.
En règle générale, tout s'est très bien déroulé, surtout avec les alliés dont les catégories de pratique médicale sur leur territoire se ressemblent, comme les Britanniques, les Américains, les Australiens et les Néo-Zélandais. Les choses ont évolué progressivement. Le plus grand défi tenait au fait que la grande majorité des blessés traités n'étaient pas des membres de l'OTAN. Le mandat initial justifiant notre présence était de traiter les blessés de l'OTAN, les blessés de la Coalition. La majorité des blessés, environ 80 p. 100, étaient des Afghans, et essentiellement des civils afghans. C'était une difficulté avec laquelle nous n'étions pas tout à fait prêts à composer au départ. Nous avons dû nous y adapter assez rapidement.
Les règles médicales d'admissibilité à des soins dans un hôpital de l'OTAN changent en fonction de la haute direction de l'OTAN et de facteurs politiques. Que nous ayons à prendre soin de civils de plus en plus nombreux, y compris des enfants... Sauf dans des missions d'aide humanitaire, les hôpitaux militaires ne sont généralement pas structurés pour accueillir un grand nombre de blessés. Ils sont conçus de façon à avoir une empreinte médicale minimale sur le terrain et un mécanisme d'évacuation médicale très efficace: nous accueillons des blessés, nous leur prodiguons les soins nécessaires pour les stabiliser en chirurgie et nous les évacuons vers un hôpital doté de plus de ressources dans une zone plus sûre.
L'équipement est fondé sur ce principe: l'équipement en appareils, en capacités et en compétences cliniques. Pour la population afghane, nous ne pouvions pas faire d'évacuation médicale vers d'autres pays. Nos cliniciens ont parfois dû gérer des situations très difficiles au plan de l'éthique, en devant faire de leur mieux pour des blessés afghans, surtout les enfants.
Par ailleurs, si nous avions mis sur pied un centre d'excellence pédiatrique complet, par exemple, nous aurions essentiellement nui concrètement au développement d'une capacité pédiatrique de l'Afghanistan sur son territoire, parce que nous aurions essentiellement mis au chômage tous les cliniciens afghans pour l'ensemble de la population locale. C'était un grand défi.
Quant aux leçons à retenir en matière de santé mentale, je vais demander au colonel Heber de les décrire.
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Merci pour la question.
J'ai été le médecin-chef adjoint du commodore Jung pendant trois ans. Nous étions donc passablement au diapason sur ce que nous voulions accomplir. Nous avons développé une énorme capacité par suite des opérations en Afghanistan et nous avions un énorme appui de la part du gouvernement à l'égard des capacités que nous avions réussi à mettre en place. Étant donné que les opérations se terminaient et qu'il fallait réduire le déficit, et compte tenu de notre responsabilité d'aider à équilibrer les livres, ma priorité est de maintenir les capacités que nous avons établies pour que nous soyons prêts pour la prochaine opération, quelle qu'elle soit.
Nous avons acquis des capacités et un savoir-faire assez étendus. Parmi mes priorités, je veux que nous fassions des progrès dans des domaines comme la création d'une mémoire institutionnelle des leçons à retenir et au moins une capacité minimale dans tout ce dont nous avons eu besoin en grande quantité en Afghanistan, de même que dans d'autres composantes des opérations que nous avons exécutées au fil des ans, par exemple l'intervention après le tremblement de terre en Haïti.
Avant toute chose, nous devons maintenir toutes ces capacités dans une certaine mesure, et nous devons les renforcer dans les domaines dans lesquels nous avions certaines lacunes, comme les leçons à retenir l'ont montré — par exemple en matière de modularité. J'ai accordé beaucoup d'attention à la modularité et à la création d'une capacité chirurgicale pouvant être déployée beaucoup plus rapidement, ce qui n'a peut-être pas été nécessaire en Afghanistan, mais qui pourrait l'être dans la prochaine opération, qu'il s'agisse d'aide humanitaire ou d'une autre forme d'intervention.
Nous devrions alléger la charge. Si nous décomposons le déploiement d'un hôpital de campagne en plus petits morceaux de sorte qu'au lieu de nécessiter sept chalks d'un C-17 pour déménager l'hôpital de campagne dans son ensemble avant qu'il soit fonctionnel, une capacité chirurgicale sera disponible dès l'atterrissage du premier chalk, une capacité qui ne fera qu'augmenter au fil des chalks subséquents du C-17.
Ce sont quelques-unes des leçons à retenir, mais la chose principale consiste à maintenir nos capacités établies, surtout en matière de santé mentale. Nous devons de la même façon maintenir nos capacités opérationnelles d'appui aux forces armées pour les missions les plus extrêmes qu'elles peuvent être appelées à remplir.
Le soutien familial ne fait pas partie de mon mandat. Une organisation distincte fournit le soutien familial que la Constitution et notre cadre juridique nous permettent de fournir. En outre, aux termes de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et de la Loi constitutionnelle, les soins de santé sont une compétence et une responsabilité des provinces, il y a donc des limites aux services que nous pouvons offrir.
Toutefois, en ce qui concerne la santé mentale, parce qu'elle est soumise à l'influence de nombreux facteurs qui ne sont pas purement cliniques, nous fournissons certainement d'importants services aux familles. Le programme En route vers la préparation mentale qui aide à acquérir des capacités de résilience et à repérer les symptômes propres aux troubles de santé mentale, la façon de les traiter et la façon d'obtenir des soins pour des militaires, comporte un module familial. Les membres de la famille sont pris en compte dans des éléments de ce programme.
Les initiatives de promotion de la santé du programme Énergiser les forces, qui traitent de la sensibilisation aux dépendances, des différents éléments du mieux-être social, de la gestion du stress et de la colère et des choses du genre — différents facteurs qui contribuent à la santé mentale — sont ouvertes aux membres de la famille en plus des membres des Forces canadiennes. Un programme de thérapie de couple peut englober la famille. Nos aumôniers et nos travailleurs sociaux peuvent offrir leurs services à l'ensemble de la famille — s'il est pertinent de le faire pour la santé du militaire.
On trouve des centres de ressources pour les familles militaires partout, et plusieurs d'entre eux comptent des travailleurs sociaux ou d'autres spécialistes de la santé mentale dans leur effectif pour aider les familles. Enfin, le programme d'aide aux membres des Forces canadiennes, qui permet un accès confidentiel à des services de counseling, est à la disposition des membres de la famille.
Quelque chose à ajouter, docteure Heber?
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Je vous remercie pour la question.
La recherche est essentielle pour nous parce que nous devons rester un pas en avant de l'ennemi. Nous devons rester un pas en avant des menaces opérationnelles découlant d'actions hostiles et en avant des menaces industrielles qui surviennent naturellement parce que nous déployons des troupes dans des endroits où elles sont exposées à des menaces auxquelles les Canadiens ne font généralement pas face.
La défense chimique, biologique et radiologique est un aspect important. Nous avons un protocole d'entente quadripartite pour travailler sur un vaste éventail de contre-mesures médicales. Un comité de coordination des contre-mesures médicales est explicitement chargé d'intégrer notre recherche pour réaliser des économies d'échelle. Nous avons un programme de 160 millions de dollars en oeuvre depuis plusieurs années déjà, de concert avec les Britanniques et les Américains, afin de créer des vaccins de défense à la guerre biologique.
Nous avons un programme de recherche en santé du médecin-chef dans le cadre duquel bon nombre de nos cliniciens sont intégrés dans des centres de traumatologie ou de santé universitaires. En collaboration avec RDDC ou ses partenaires universitaires civils, ou les deux, ces cliniciens mènent des recherches en santé directement liées à des problèmes de santé propres à la vie militaire dans les domaines des soins intensifs, de la gestion des traumatismes et d'un éventail d'autres sujets. Il s'agit d'un programme très vaste. Nous mettons à profit les éléments de notre contribution dans la collaboration avec les Américains et le milieu universitaire civil. La contribution financière des Américains représente environ 40 fois la nôtre.
Dans bien des cas, du fait d'avoir intégré nos chercheurs dans des établissements civils, nous pouvons tirer parti des subventions de recherche que ces établissements reçoivent des Instituts de recherche en santé du Canada ou du financement que leur université leur accorde pour régler des problèmes propres à la vie militaire.
Nous travaillons sur différents diagnostics. La télémédecine est aussi une grande priorité. L'éventail est assez large.
Nous publions des éléments de la recherche dans le Journal of Trauma and Acute Care Surgery, la revue la mieux cotée au monde dans le domaine de la traumatologie. Il y a deux ou trois ans, nous avons publié un supplément entièrement réservé à la médecine opérationnelle des Forces canadiennes. On nous avait invités à le produire pour cette revue de renommée mondiale et pour le Canadian Journal of Surgery.
Nous avons aussi contribué à mettre sur pied l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, un collectif de 26 universités sous la direction de l'Université Queen's et du Collège militaire royal pour nous pencher explicitement sur les problèmes de santé qui touchent les militaires, leur famille et les vétérans.
Nous avons une assez grande variété d'approches et de moyens qui nous permettent de nous concentrer sur la recherche dans des domaines trop nombreux pour que je les énumère dans le temps qui nous est imparti.
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Merci, monsieur le président.
Votre exposé est des plus intéressants.
Je veux revenir sur un point dont le colonel Heber a parlé, mais tout d'abord, je veux dire à quel point je suis impressionné par le changement qui est survenu, en particulier au sein de l'état-major de l'armée. Ce changement est illustré par l'ancien CEMD et les mesures prises pour déstigmatiser les problèmes de santé mentale dans l'armée et pour mettre sur pied un régime qui cherche à bien comprendre le phénomène dans son ensemble. Je sais que des efforts sont déployés pour en parler comme d'un traumatisme plutôt que d'une maladie mentale, pour le traiter de la même façon qu'un traumatisme. Tous ces efforts sont très positifs.
Je me demandais si je pouvais vous demander, docteure Heber, ou à vous, docteur Bernier, de nous parler de la nuance entre le traitement ou la discipline. Je veux revenir sur votre description de la situation du soldat qui avait vécu un traumatisme. Il revient, et le commandant ou l'officier supérieur lui dit: « D'accord, vous êtes en permission pour deux ou trois jours, mais je m'attends à ce que vous reveniez sur le pont ». Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose. C'est utile.
De quelle façon cela diffère-t-il de l'époque où on disait: « Du nerf, soldat! » Je sais que c'est différent, mais pouvez-vous me dire où se situe cette distinction du point de vue médical, du point de vue de l'établissement d'une politique médicale et de la façon de composer avec cette distinction au plan opérationnel?
Vous avez parlé des symptômes du TSPT. On a laissé entendre que 90 p. 100 des personnes ayant reçu un diagnostic de TSPT présentent au moins un trouble psychiatrique, y compris la dépendance aux drogues, la dépression et des idées suicidaires. Il y a parfois beaucoup de chevauchements. Comment faites-vous cette distinction? Comment vous y prenez-vous d'un point de vue médical, en tant que médecin militaire, et à votre avis, je suppose que ce que j'aimerais savoir, c'est par quoi cela se traduit-il à la pointe?
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Merci pour cette question.
D'abord, quand j'ai parlé de la réaction de stress au combat, c'était une mesure que nous prenions en Afghanistan. L'idée était d'essayer de garder les soldats près de leurs collègues, d'éviter de les séparer, parce qu'une grande honte entre toujours en jeu. C'était intéressant. Si quelqu'un se trouvait dans une BOA, une base d'opérations avancée, c'était plus bénéfique si nous pouvions faire quelque chose sur place. De fait, nous avons parfois envoyé notre infirmier ou notre travailleur social là-bas, si nous estimions que c'était nécessaire, au lieu de ramener les soldats même à l'aéroport de Kandahar. C'est une procédure que nous avons élaborée en Afghanistan.
Quant à ce que nous faisons de retour au pays, vous avez raison, en ce sens qu'il y a toujours un conflit entre la confidentialité entourant le plan de soins du patient et le désir de la chaîne de commandement d'obtenir de l'information afin de pouvoir aider ses membres. Désormais, nous faisons beaucoup d'éducation de la chaîne de commandement — dans le cadre du programme En route vers la préparation mentale. Les militaires le suivent tout au long de leur carrière.
La semaine dernière, j'ai fait un exposé à Kingston dans le cadre du cours des officiers de l'armée. Il s'agit de membres de l'armée au grade de capitaine qui obtiennent une promotion. C'est le sujet que nous avons abordé. Nous avons parlé de la façon dont nous collaborons. Bien entendu, nous avons mis sur pied un système de limitations professionnelles liées à des troubles médicaux recommandées par le médecin militaire généraliste, le médecin de famille, et non par les services de santé mentale. Les limitations professionnelles liées à des problèmes médicaux disent: « voici les choses que la personne ne peut pas faire » pour une période X, sans nommer les problèmes médicaux.
Nous gardons la méfloquine sur la liste des médicaments disponibles parce qu'il est très efficace, et les États-Unis continuent de l'utiliser, contrairement aux perceptions erronées rapportées à tort dans les médias. Le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages de l'Agence de la santé publique du Canada, l'Organisation mondiale de la santé et les Centers for Disease Control des États-Unis continuent de le recommander. Son grand avantage tient à sa posologie hebdomadaire plutôt que quotidienne. Une maladie potentiellement mortelle comme le paludisme pourrait vous coûter la vie si vous sautez une dose de l'un des autres médicaments disponibles. La prise de ce médicament n'est pas obligatoire.
Nous offrons habituellement un choix entre trois médicaments: doxycycline, Malarone et méfloquine. La plupart des gens optent maintenant pour le Malarone, mais dans certains cas, à cause de différentes contre-indications — intolérance au Malarone ou à la doxycycline —, ils arrêtent leur choix sur la méfloquine, ou simplement à cause de la commodité de n'avoir à le prendre qu'une fois par semaine. Parmi nos alliés, de nombreux pays continuent d'utiliser exclusivement la méfloquine à cause de son efficacité contre le paludisme.
Les États-Unis et l'Australie se sont contentés de lui retirer le statut de médicament antipaludisme de choix pour en faire un traitement de deuxième ligne. Les Américains ont pris cette décision non pas à cause des préoccupations concernant la santé mentale ou ses effets psychologiques, mais à cause du fardeau logistique lié au temps nécessaire, compte tenu du nombre énorme de soldats qu'ils déploient: soumettre chaque soldat à un dépistage en fonction des contre-indications potentielles engendrait simplement un fardeau trop lourd. Pour cette raison, et pour cette seule raison, ils en ont fait un médicament de deuxième ligne.
Un lien causal entre la méfloquine et un trouble de stress post-traumatique a été évoqué dans un article publié aux États-Unis, mais l'auteur mentionne qu'il s'agissait probablement d'une réaction singulière et inhabituelle extrême dans un seul cas particulier.
Nous soumettons nos militaires à un dépistage des contre-indications qui les rendraient plus susceptibles d'avoir une réaction négative à la méfloquine s'ils devaient eux-mêmes, individuellement, opter pour ce médicament.
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Dans la trousse distribuée aux soldats, les deux principaux ajouts propres à sauver des vies sont le tourniquet autoserreur...
M. Corneliu Chisu: Oui, il est très bon.
Bgén Jean-Robert Bernier: ... qui a sauvé de nombreuses vies de l'hémorragie, et l'utilisation d'une substance en poudre concentrée, QuikClot; et maintenant, une gaze coagulante améliorée qui ne cause pas de brûlure chimique, mais qui peut être insérée dans des plaies s'il est impossible d'arrêter l'hémorragie par compression à cause de la profondeur ou de l'étendue des plaies. QuikClot et la gaze sont extrêmement efficaces pour stopper l'hémorragie. Les deux produits ont sauvé beaucoup de vies, ce que les analyses nous prouvent sans équivoque.
En outre, une formation supplémentaire est donnée au personnel qui prodiguera les soins tactiques de combat en tant que secouristes, mais avec une formation très poussée, axée sur les traumatismes et les blessures susceptibles de survenir sur un champ de bataille.
Quant à la vaccination, en droit canadien, toute personne peut refuser d'être vaccinée. Toutefois, les militaires qui refuseraient d'être vaccinés seraient réputés, dans la plupart des cas, inaptes au service militaire. Des mesures administratives seraient donc prises pour qu'ils soient libérés des forces armées ou, de toute évidence, pour qu'ils ne soient pas déployés. Ce n'est pas seulement pour la protection de l'individu en question. Si l'individu remplit une fonction particulière dans un quelconque contexte opérationnel de déploiement, et si cet individu tombe inutilement malade, non seulement la vie de cet individu est menacée, mais il met en danger la vie de tous les membres de l'unité.
Quant à l'accès au dossier médical, oui, les militaires peuvent avoir accès de façon informelle ou formelle à leur dossier médical, que ce soit en le demandant à leur clinique locale ou par un processus d'accès à l'information qui leur permet d'obtenir une copie complète de leur dossier.