:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, c'est un honneur pour le premier maître du commandement de la Marine, M. Claude Laurendeau et moi-même d'être parmi vous aujourd'hui.
Il y a trois choses importantes que je voudrais dire au comité aujourd'hui: premièrement, que l'état de préparation de la Marine canadienne a pour but de protéger les intérêts maritimes du Canada au pays. Deuxièmement, que la protection de ces intérêts nécessite que la Marine soit prête à mener des opérations dans le monde entier et, troisièmement, que pour que la Marine soit « prête », il faut procurer aux courageux Canadiens et Canadiennes qui choisissent de servir leur pays en mer les outils qui leur faut pour faire leur travail.
Monsieur le président, aucun terme n'incarne mieux la Marine que celui de « prêt ». Ce terme est au coeur de notre culture professionnelle et aussi dans notre devise, « Toujours là, toujours prêts ».
[Français]
En français, c'est Toujours là, toujours prêt.
En janvier 2010, deux navires de guerre sont partis d'Halifax pour Haïti, quelques jours seulement après le tremblement de terre dévastateur qui a fait des dizaines de milliers de morts dans ce pays.
Les navires ont pris la mer dans les heures qui ont suivi la décision du gouvernement d'intervenir en Haïti. Dans les semaines suivantes, dans le cadre d'une opération d'aide aux sinistrés à l'échelle des Forces canadiennes, les équipages de ces navires ont effectué toutes sortes de travaux pour aider les Haïtiens à retrouver un semblant d'ordre et d'espoir de retour à la vie normale.
[Traduction]
Monsieur le président, mon travail consiste à mettre sur pied des forces maritimes aptes au combat, autrement dit à « préparer » les ressources qui me sont affectées. Comme l'a dit le chef d'état-major de la Défense, l'état de préparation s'obtient en affectant les bonnes ressources au bon endroit et au bon moment, afin d'obtenir le résultat désiré, qu'il s'agisse de sauver des vies humaines en mer ou de maîtriser des événements maritimes par l'utilisation latente ou effective de la force. Je vais expliquer comment nous nous employons à atteindre cet état de préparation.
[Français]
Mais permettez-moi d'abord de décrire ce que cet état de préparation signifie à l'échelle canadienne.
Nous avons toujours un navire sous haute disponibilité opérationnelle à Halifax et à Esquimalt que le commandement du Canada peut envoyer pour intervenir rapidement en cas d'urgence dans nos approches maritimes de l'Atlantique et du Pacifique.
[Traduction]
Cependant, un seul navire de garde ne suffit pas à intervenir en cas de catastrophe en mer ou à terre. En 1998, par exemple, l'une des pires catastrophes en mer à se produire au Canada a été l'écrasement du vol 111 de Swissair dans la baie St. Margaret. Tandis que cette opération qui a débuté comme mission urgente de recherche et sauvetage est devenue une grande opération de repêchage, huit bâtiments de guerre y ont été affectés, dont un sous-marin, plusieurs navires auxiliaires et plusieurs avions et hélicoptères de surveillance maritime. Dans la même veine, on peut affirmer que l'intervention de la Marine plus tôt cette année après le passage de l'ouragan Igor, encore que de moindre envergure, a néanmoins nécessité la réaffectation dynamique des navires en mer à une mission de plus en plus urgente à Terre-Neuve.
Les inondations de cette année au Québec et dans les Prairies ont illustré un autre élément important de notre état de préparation: l'affectation de marins à temps partiel de la Réserve navale de tout le pays à un rôle de sécurité publique d'importance majeure.
Monsieur le président, l'état de préparation maritime au Canada exige de connaître les événements qui se déroulent dans les trois océans qui bordent le Canada, soit une superficie qui représente environ les trois quarts du territoire canadien proprement dit, où évoluent des milliers de navires en mer au large de nos côtes — qui sont les plus longues du monde. Il est particulièrement difficile de savoir ce qui se passe au juste dans nos eaux territoriales. Mais c'est pourtant ce que nous nous évertuons à faire avec nos partenaires fédéraux dans les centres des opérations de la sûreté maritime. Considérés parmi les meilleurs exemples au monde de la façon d'organiser l'échange de renseignements et l'intervention pangouvernementale coordonnée en mer, ces centres permettent à la flotte de se trouver au bon endroit au bon moment.
[Français]
Le « bon endroit » est parfois très loin du Canada. Par exemple, nous contribuons à l'interdiction du narcotrafic dans le bassin des Caraïbes et dans l'Est du Pacifique, et l'une de nos plus récentes participations à cet effort soutenu a été celle de l'un de nos sous-marins de classe Victoria, le NCSM Corner Brook.
[Traduction]
Monsieur le président, les océans n'isolent plus le Canada des événements qui surviennent à l'autre bout de la planète, comme c'était jadis le cas. C'est la raison pour laquelle le NCSM Vancouver est déployé aujourd'hui en Méditerranée, suite à la décision du gouvernement de le maintenir dans une région qui présente un intérêt stratégique pour le Canada. Ce navire a récemment rempli une mission couronnée de succès au large de la Libye — une mission au cours de laquelle, avec le Charlottetown, la frégate qu'il a remplacée, les deux navires ont fait respecter un blocus maritime, ont mené des opérations de renseignement et de surveillance maritimes, ont escorté et protégé les chasseurs de mines de l'OTAN qui assuraient le libre accès aux ports en vue de leur ravitaillement, ont mené des opérations de combat le long des côtes et surtout, ont défendu des civils à terre par le biais d'activités qui ont permis le ciblage précis des frappes aériennes de l'OTAN contre les forces pro-Kadhafi.
La mission actuelle du Vancouver n'a nécessité aucun entraînement supplémentaire. En tant que frégate à haut niveau de préparation, le Vancouver est prêt à entreprendre des missions qui couvrent tout le spectre des opérations, depuis l'évacuation de non-combattants jusqu'aux batailles navales.
Cette souplesse fait de ces navires de guerre les instruments de pouvoir et d'influence nationale les plus agiles dont dispose Ie gouvernement du Canada. Le Vancouver n'est pas seulement déployé pour permettre à l'OTAN de poursuivre sa mission de lutte contre le terrorisme, mais cette mission traduit les intérêts stratégiques du Canada, rassure ses alliés et aide à prévenir les conflits dans une région animée d'un très vif désir de réformes politiques. Cette mission contribue à la sécurité du commerce océanique, dont dépend tant notre prospérité en tant que pays commerçant, en cette ère de mondialisation.
Enfin, elle offre un ensemble d'options d'intervention possibles d'une grande précision face aux événements qui se déroulent.
[Français]
Le NCSM Vancouver et le NCSM Charlottetown font tous les deux partie du groupe opérationnel à haut niveau de préparation du Canada, qui constitue notre principal atout d'intervention maritime en prévision des contingences majeures au pays ou à l'étranger. Le groupe opérationnel se compose des éléments suivants: un destroyer de défense aérienne qui sert également de plateforme de commandement à un commandant embarqué, deux ou trois frégates polyvalentes, un navire de ravitaillement en mer ainsi que leurs hélicoptères embarqués et, si la mission l'exige, un sous-marin.
[Traduction]
Le groupe opérationnel est le vecteur grâce auquel le Canada exerce son leadership en mer à l'étranger, comme nous l'avons fait très récemment en 2009 lorsqu'un commodore canadien a dirigé une mission internationale de lutte contre le terrorisme dans l'océan Indien. S'il y a réussi, c'est grâce à deux éléments: en premier lieu le niveau de préparation du groupe opérationnel qui a ainsi pu intervenir indépendamment contre un adversaire organisé, ce qui a permis à d'autres pays de confier leurs ressources nationales au commandement tactique canadien; en deuxième lieu, la confiance de nos alliés dans les compétences de la Marine canadienne s'est affûtée depuis des décennies au contact de nos plus proches partenaires.
Monsieur le président, chaque bâtiment de la flotte suit un « cycle opérationnel », en vertu duquel le navire ou le sous-marin et son équipage subissent des périodes de maintenance intensive et de radoub, un ensemble progressif d'essais techniques, un entraînement en équipe et une homologation de bâtiment de guerre pour en arriver à un état de préparation avancé. Pour chaque bâtiment à disponibilité opérationnelle élevée, il y en a plusieurs autres à différents stades de ce cycle opérationnel, ce qui n'est pas sans évoquer l'entraîneur d'une équipe de hockey qui peut compter sur trois lignes d'attaque pour appuyer celle qui se trouve sur la glace.
Le cycle opérationnel fait passer les bâtiments et les sous-marins par les installations de l'industrie canadienne, de même que par les systèmes de matériel, d'ingénierie et d'instruction de la Marine. L'état de préparation de la flotte est orchestré par un plan décennal de la flotte, qui nous sert à intégrer les cycles opérationnels de chaque bâtiment dans les grandes activités qui intéressent toute la flotte comme la modernisation en cours des frégates de la classe Halifax et le passage progressif de la flotte d'aujourd'hui à celle de demain.
[Français]
Monsieur le président, les Forces canadiennes investissent énormément dans leurs gens, et la Marine n'y fait certainement pas exception. Pour naviguer, nos marins doivent perfectionner leurs compétences dans les eaux redoutables de l'Atlantique Nord et du Pacifique Nord-Est, et de plus en plus dans l'Extrême-Arctique.
En tant que combattants, ils n'ont rien à envier à personne. En tant qu'ambassadeurs, ils représentent le Canada non pas par leurs mots, mais plutôt par leurs actions.
[Traduction]
Nos marins sont le fondement de notre état de préparation, qui, à l'instar de la guerre, s'articule autour d'éléments intangibles, comme leur sens du devoir, leur foi dans leur capacité d'apporter une contribution, la confiance dans leurs dirigeants et dans la résolution de ceux-ci à veiller à leur bien-être et à celui de leurs familles face au travail souvent dangereux et toujours difficile qu'ils accomplissent. Nous avons beau exploiter des machines parmi les plus complexes de la planète — ces bâtiments de guerre et sous-marins modernes — ce sont les marins qui sont toujours au coeur de l'état de préparation de la Marine.
Monsieur le président, vous vous souvenez des trois points que j'ai soulevés au début de mon allocution sur l'état de préparation de la Marine. Nous devons être prêts à agir dans l'intérêt national, d'abord au Canada, puis à l'étranger, et au coeur de cette capacité, il y a le marin canadien.
Le premier maître Laurendeau et moi-même nous laissons tous les jours guider par ces priorités, car nous sommes convaincus que la Marine royale canadienne sera de plus en plus appelée à agir dans l'intérêt national au cours des années à venir.
Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions aujourd'hui, mais nous invitons également les membres du comité à venir observer la flotte dès qu'ils en auront l'occasion pour voir de leurs propres yeux comment nous appliquons fièrement notre devise: Toujours là, toujours prêts.
[Français]
ou Toujours là, toujours prêt.
Merci.
:
Et merci aussi de la question à propos des sous-marins.
Nous arrivons à la fin d'un long commencement. De fait, je peux vous annoncer fièrement que le NCSM Victoria a appareillé du port d'Esquimalt hier comme prévu, pour amorcer une série délibérée de croisières d'endurance, d'essais en mer, de manière à ce que ce sous-marin et son équipage soient en état de disponibilité avancé dès le début de 2012. Cela consistera à mener des opérations de plongée et d'armement complet, ce qui signifie le tir et la certification de ce sous-marin sur la torpille lourde Mark 48. C'est là une excellente nouvelle.
Ultérieurement en 2012, le long de la côte Est et six mois après le Victoria, le NCSM Windsor lui emboîtera le pas, de telle sorte qu'avant la fin de 2012, nous aurons deux sous-marins à haut niveau de disponibilité évoluant le long des deux côtes, ce qui a toujours été dans nos intentions.
Le NCSM Chicoutimi, qui subit actuellement des travaux de maintenance majeurs — le premier sous-marin à subir de tels travaux en vertu du contrat de soutien en service des sous-marins de la classe Victoria sur la côte Ouest conclu avec le Canadian Submarine Management Group — devrait reprendre la mer au début de 2013. Il passera alors à un état de préparation avancé, de sorte que nous atteindrons un état de stabilité opérationnelle en 2013, ce à quoi nous travaillons d'arrache-pied depuis plusieurs années. Nous continuerons d'avoir un sous-marin en état de préparation avancé le long de chaque côte, un troisième sous-marin dans un état de préparation moins avancé, mais néanmoins disponible pour mener des opérations, et un quatrième sous-marin toujours en train de subir des travaux de maintenance majeurs, comme le stipule le contrat conclu avec le Canadien Submarine Management Group. Nous exécuterons ce cycle jusqu'à ce que chaque sous-marin de la classe l'ait subi. Ces sous-marins seront disponibles pour mener des opérations avant tout aux abords de nos trois océans, même s'ils seront également disponibles pour des missions à l'échelle continentale.
Par exemple, le Corner Brook, qui naviguait au large de la côte Ouest plus tôt cette année, a participé à la mission canadienne de lutte contre les stupéfiants dans la mer des Caraïbes et dans le Pacifique Est, et a effectivement joué un rôle clé qui a permis de détecter et de saisir ce que l'adversaire avait conçu pour mener cette activité illicite, c'est-à-dire des submersibles autopropulsés transportant des tonnes de cocaïne. Le Corner Brook a donc joué un rôle fructueux dans le Pacifique Est, alors qu'il remontait le long de la côte. C'est exactement le type de mission auquel ce navire pourra participer, en plus d'être prêt à être déployé n'importe où au Canada.
:
Merci, monsieur Norlock de cette excellente question, et merci également de vos propos sur la Ligue maritime. J'aimerais vous dire à vous et à vos collègues que je sais que vous souscrivez tous dans vos circonscriptions aux activités des cadets de la Marine, de la Force aérienne et de l'Armée de terre. Je vous en remercie en notre nom à tous. Je pense qu'il s'agit des meilleurs programmes de perfectionnement de la jeunesse au Canada. Ce sont de véritables trésors. Si tous les parents canadiens étaient au courant des perspectives qui s'offrent ainsi à leurs enfants, je crois que le programme connaîtrait encore plus de succès.
Je tiens à souligner l'importance de vos propos sur la Seconde Guerre mondiale. Nous avions 1 800 marins dans la Marine canadienne en 1939; 100 000 en 1945. Les deux villes du pays d'où provenaient la plupart des jeunes hommes qui se sont enrôlés dans la Marine étaient Winnipeg et Calgary, et je ne peux pas vraiment vous expliquer la raison de ce phénomène. Se peut-il que la mer leur ait rappelé le blé de leur jeunesse, mis à part la couleur.
Des voix: Oh, oh!
Vam Paul Maddison: Peut-être que ces jeunes hommes voulaient tout simplement s'éloigner le plus possible de leur ferme.
Il est intéressant de constater qu'entre 2004 et aujourd'hui, alors que les Forces canadiennes ont pris de l'expansion principalement dans les métiers de combat de l'armée de terre pour permettre le succès de la mission en Afghanistan, la Marine royale canadienne a pour sa part rapetissé. Ce n'est pas là une bonne nouvelle. On a alors décidé que c'est sur la Marine que devaient porter les efforts de recrutement. Nous sommes parvenus à un stade il y a deux ou trois ans où nous avons dû tirer la sonnette d'alarme et avons compris que si nous n'accordions pas à la Marine une plus grande priorité en matière de recrutement, nous ne serions pas en mesure de maintenir la puissance opérationnelle dont nous avions besoin pour déployer les navires en mer afin de remplir les six missions essentielles de la SDCD. Le chef d'état-major de la Défense a chargé le chef du personnel militaire, qui est responsable du groupe de recrutement dans les Forces canadiennes, d'accorder la priorité à la Marine. Dans les centres de recrutement de tout le Canada, nous avons recruté de plus en plus de marins, ce qui est une excellente chose. Cela nous a permis de reprendre les choses en main, et je me félicite de la situation que nous connaissons aujourd'hui.
Le défi qui se pose aujourd'hui au premier maître et à moi-même est que 20 p. 100 de nos marins suivent leur instruction élémentaire pour atteindre leur niveau opérationnel de compétence. Cela met à rude épreuve nos écoles et nos flottes, mais c'est le genre d'épreuve que l'on doit subir. Les tendances sont toutes favorables. Les corps de métiers « en détresse », en particulier les techniciens de mécanique navale et les électroniciens navals, se rétabliront d'ici à environ 2017, ce qui est une excellente nouvelle. À la clé, il y a le maintien de cet attrait.
Ce qui m'importe avant tout, c'est de maintenir une institution intelligemment dirigée qui vise des objectifs clairs, traite les gens avec respect et appuie leurs familles et attire des gens qui souhaitent servir leur pays en mer. C'est sur cela que je concentre beaucoup d'efforts. Lorsque je me rends à bord de nos bâtiments, que je m'entretiens avec nos marins, ce que nous avons fait avec le premier maître la semaine dernière quand nous sommes montés à bord du Vancouver dans la Méditerranée, je vois des gens qui sont heureux, professionnels, au courant des choses, bien entraînés, qui aiment ce qu'ils font et pour qui le respect et la reconnaissance des Canadiens comptent beaucoup. Grâce à ce type de climat, nous n'aurons aucune difficulté à continuer à attirer les meilleurs Canadiens qui soient.
Ce que je vais vous dire, et c'est sans le moindre parti pris, lorsque je m'entretiens avec d'autres chefs de marines étrangères, ils parlent toujours de la qualité, de l'instruction, de la confiance, de l'enthousiasme de nos jeunes marins et ils me demandent quel est notre secret. Je pense que la chose vaut pour les trois composantes. Nous devons être très fiers au Canada de continuer à attirer les meilleurs hommes et femmes en uniforme.
:
Merci, monsieur McKay de votre excellente question.
Je commencerai par dire qu'à mon avis, il s'agit des activités dans l'Arctique. Il s'agit en fait d'augmenter l'activité humaine dans l'Arctique. Telle est la difficulté qui se présente à nous et à toutes les nations polaires: comment faire face à l'augmentation de l'activité humaine dans l'optique de la navigation maritime, et à l'augmentation des activités dans l'Arctique depuis les activités d'extraction des ressources du fond marin — que permettent les technologies qui n'existaient tout simplement pas jusqu'à récemment — et aux impacts des changements climatiques, notamment sur les Premières nations? Comment faire face à toutes ces pressions?
Pour moi, l'Arctique est comme une parabole du XXIe siècle sur les types de pressions qui commencent à s'exercer sur les océans de la planète et à se faire connaître, qui ont une incidence directe sur les intérêts nationaux du Canada et sur le fait que l'économie mondialisée se remet à flots. Il faut donc maintenir cette économie ouverte et l'encadrer par des règles, si l'on se fonde sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Chaque fois qu'il y a des activités ou des tendances illicites qui perturbent l'ordre international fondé sur des règles, je pense qu'en tant que Canadiens, nous devons dresser l'oreille.
Il y a quelques années, on m'a signalé que ceux qui conçoivent des navires affectés au commerce transocéanique — les Maersk et les Daewoo de ce monde — avaient trouvé le moyen de concevoir des navires qui pourraient naviguer dans l'Arctique dans les années 2020 et 2030. La conclusion que j'en ai tirée est que le trafic maritime en provenance de Singapour destiné à l'Europe, au lieu de prendre la route de l'ouest par l'océan Indien, se dirigera au nord-est du Japon, empruntera la route transpolaire et se rendra en Europe depuis là. Pourquoi? Parce que l'itinéraire est plus court et qu'il permet d'économiser de l'argent.
Ce que cela révèle dans une optique navale, c'est que nous devons continuer à accorder la priorité à l'Arctique et être en mesure d'acquérir une « connaissance du domaine maritime » durable, comme on dit, un tableau maritime reconnu de ce qu'il advient dans l'Arctique, et d'agir au moyen d'une combinaison de navires déployés, d'éléments de surveillance spatiaux et autres, de collaboration avec nos partenaires fédéraux, la GRC...
:
Merci beaucoup de cette question, monsieur Strahl.
Le Canada présente la caractéristique unique qu'un Canadien sur cinq et demi ou six vit dans la région du Grand Toronto. Et pourtant, pour de simples raisons historiques, nous n'avons pas besoin d'avoir une présence navale durable dans les Grands Lacs. Ainsi, pour en revenir à la question de M. Norlock sur la façon d'attirer des Canadiens dans la Marine, nous souffrons dans ce pays de quelque chose que j'appellerais le manque de connaissance de la Marine. La majorité des Canadiens n'ont jamais eu l'occasion d'établir ce lien entre leur pays, la qualité de vie dont ils jouissent et le rapport entre la qualité de vie et l'économie, et la façon dont l'économie, comme je l'ai dit, se remet à flots.
L'objectif essentiel du déploiement dans les Grands Lacs chaque année est de faire découvrir la Marine aux Canadiens comme nous le faisons le long des côtes de l'Atlantique et du Pacifique, mais cela représente un défi authentique au coeur du pays. L'idée est de prendre une frégate comme le Montréal, qui est fort bien dirigée par le commandant Tennant, et de dire à l'équipage, « Vous êtes les ambassadeurs des Forces canadiennes en premier lieu et de la Marine en deuxième lieu. C'est l'occasion pour vous d'aller découvrir au cours des six prochaines semaines ces merveilleuses villes », les plus grandes comme Toronto, Hamilton et Montréal et les plus petites comme Trois-Rivières, Matane et Cornwall — « et de dialoguer avec des Canadiens ». C'est l'occasion pour vous de nouer des liens avec des dirigeants du monde des affaires et des milieux universitaires, politiques et philanthropiques pour en quelque sorte les mandater et les dynamiser le long de leurs courants d'influence afin de bien transmettre le message de la Marine aux Canadiens, mais aussi d'attirer des étudiants, des cadets, des éducateurs, des parents et des familles à bord pour qu'ils voient et qu'ils entendent le message sur ce que fait la Marine canadienne qui compte vraiment pour les Canadiens.
Immanquablement, les visiteurs sont frappés d'emblée par la technologie — ce bâtiment de guerre de 5 000 tonneaux à l'arrière duquel se trouve un hélicoptère. Très vite, ils sont frappés par les hommes et les femmes qui se tiennent là et qui leur racontent avec enthousiasme ce qu'ils font pour le Canada. Pour moi, c'est toujours une victoire. Car la chose devient un attrait que nous pouvons vraiment mesurer. Les gens montent à bord et l'un déclare « Cela m'intrigue. J'ai 21 ans, et ce que je vois ici me plaît vraiment. Quelles options s'offrent à moi? » Nous prenons donc l'adresse électronique de cette personne et lui fournissons certaines coordonnées pour se rendre dans un centre de recrutement, ou nous faisons nous-mêmes le suivi. Nous avons pu constater que ces déploiements dans les Grands Lacs chaque année nous aident vraiment dans notre périple de rétablissement pour insuffler une vie nouvelle aux corps de métiers victimes de pénuries.
L'an prochain, en 2012, bien entendu, notre déploiement dans les Grands Lacs concordera avec les célébrations du bicentenaire de la guerre de 1812. C'est une autre excellente occasion pour la Marine d'être présente dans ces localités, de transmettre les mêmes messages et, par exemple, de relater la mission en Libye. C'est pour nous une occasion à ne pas manquer.
:
Merci beaucoup de la question, monsieur.
Pour commencer, j'aimerais dire que la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale est une vraie fonction de contrainte qui contribue à dynamiser les grands projets de l'État et les programmes d'immobilisations qui sont lancés. En tant que commandant de la Marine, ma responsabilité consiste à définir le besoin et la capacité des navires que l'on prévoit de mettre en service dans l'ordre de bataille. Elle consiste à recommander ces besoins au chef d'état-major de la Défense, et par son entremise, aux ministres.
Le navire de combat de surface, par exemple, est une catégorie de navire qui sera construit à Halifax, qui s'inscrit à la suite de la modernisation des frégates de la classe Halifax comme le NCSM Montréal, et qui est appelé à remplacer les destroyers de la classe Iroquois, qui approchent de la fin de leur vie utile.
Ma responsabilité consiste à me pencher sur le climat de sécurité futur. Qu'advient-il en mer aujourd'hui? Quelles leçons peut-on tirer de la mission en Libye et des opérations récentes dans la corne de l'Afrique et le golfe Persique? Quelle est la dynamique de la course aux armements navals dans l'Asie du Sud-Est et que se passe-t-il dans le golfe Persique? Où pensons-nous, de concert avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, que les intérêts stratégiques du Canada seront vraiment compromis en mer à l'avenir? Pour cela, il faut analyser la mission de la stratégie de défense des Forces canadiennes, laquelle englobe à l'extrémité inférieure les opérations humanitaires et à l'extrémité supérieure, la victoire au combat. Cela consiste à analyser les menaces et à déterminer les besoins.
Le navire de combat de surface canadien doit avant tout pouvoir être déployé avec précision et être soutenu n'importe où dans le monde, notamment dans l'Arctique, pendant une longue période de temps. Il doit être en mesure d'agir de manière décisive et avec succès dans le milieu d'exploitation de plus en plus complexe et sophistiqué des côtes de la planète, notamment au large de la Libye, où il nous faut collaborer avec les forces aériennes et, à l'avenir, les forces terrestres. Cela réclame certaines armes, une capacité d'autodéfense et certaines capacités de propulsion sur le plan de la vitesse. Cela réclame également certaines capacités en matière de carburant et d'endurance. Le bâtiment doit bénéficier d'une bonne habitabilité et de locaux à bord pour un certain nombre de marins pour que nous disposions de la redondance nécessaire pour faire face aux avaries de combat et aux situations d'urgence.
Tout cela est réuni dans un énoncé des besoins. Celui-ci est transmis à l'industrie. Le navire de combat de surface canadien subit actuellement ce que nous appelons une phase de définition financée. L'industrie devra examiner l'énoncé des besoins et constituer des équipes qui présenteront des soumissions dans le cadre du contrat relatif à ce navire. Les équipes se composeront de membres des chantiers navals de la côte Est, qui en l'occurrence, sont les Chantiers Maritimes Irving; d'un agent d'intégration des systèmes de combat, entité qui regroupe les armements et les capteurs; d'un agent d'intégration des systèmes de plateforme, qui est le volet maison des systèmes maritimes qui assurent la production d'énergie, la distribution du courant électrique, les systèmes auxiliaires techniques, etc.; et d'un agent de conception qui est une entité qui se spécialise dans la conception de bâtiments de guerre éminemment complexes et denses.
Ce consortium se réunira pour examiner l'énoncé des besoins et, bien entendu son caractère abordable sur le plan de l'argent prévu dans le plan d'investissement pour le navire de combat de surface canadien. Au final, on procédera au processus de sélection. Bien entendu, le dialogue se poursuit avec les ministères au sujet de la capacité et des compromis à faire sur le plan des coûts. En fin de compte, la bonne plateforme possédant la juste capacité au juste prix sera mise en chantier pour la découpe de la première plaque d'acier. Le navire de combat de surface canadien devrait sortir des chantiers navals aux alentours de 2018.
:
C'est une excellente question dont je vous remercie.
L'une de mes responsabilités en matière d'état de préparation est de toujours appuyer le groupe opérationnel à haut niveau de préparation. Ce groupe opérationnel à haut niveau de préparation se compose du bâtiment amiral, de deux ou trois frégates, du navire de ravitaillement en mer et peut-être, d'un sous-marin, de même que d'avions et d'hélicoptères de patrouille maritime, qui contribuent tous à cette mission n'importe où dans le monde.
Le ministère de la Défense nationale maintient que ce que nous appelons une stratégie d'engagement mondial. Il s'agit d'un fait récent, et à mon sens très positif, qui a débuté il y a environ deux ans. Ce que cela me permet de faire pour la mise sur pied de forces capables en mer, c'est d'examiner là où il est préférable de les utiliser — par exemple, dans l'Arctique chaque année, effectivement; dans l'opération de lutte contre les stupéfiants dans la mer des Caraïbes et dans le Pacifique Est, c'est un fait; et dans le déploiement en Méditerranée, oui une fois de plus.
Plus tôt cette année, j'ai déployé un bâtiment dans le Pacifique pour qu'il participe à un exercice de niveau supérieur avec les Australiens, les Américains et d'autres partenaires du Pacifique, au large des côtes d'Australie, puis à Singapour pour participer à un exercice d'engagement diplomatique avec nos alliés en Corée du Sud et au Japon.
Certes nous ne pouvons pas être partout en même temps. Mais il y a des endroits où nous voulons assurer une présence et continuer d'être interopérables avec nos alliés, à être à leurs côtés et à faire preuve de leadership.
Lorsque l'occasion se présente, comme ce fut le cas en 2009, pour qu'un commodore embarque et navigue avec le groupe opérationnel canadien, afin de diriger une mission multinationale de lutte contre le terrorisme dans l'océan Indien, c'est là une occasion rêvée pour le Canada d'être perçu d'un oeil très favorable par ses alliés et par d'autres protagonistes régionaux. C'est pourquoi nous continuerons d'agir dans ce sens. Nous continuerons de mettre sur pied...
Ma responsabilité consiste à établir l'ordre de priorité des lieux où nous nous déploierons et à élaborer la politique, la doctrine et les normes nécessaires pour que nos marins continuent d'être les meilleurs et les plus compétents; que nos navires continuent d'être entretenus et nos systèmes réglés pour atteindre le niveau de préparation optimal; que nos marins suivent une période d'entraînement délibérée, mesurée et évaluée afin d'amener l'équipage et le navire au juste niveau de disponibilité; et que nous continuions à assurer la bonne surveillance. C'est ce que nous continuerons de faire.
Lorsque j'examine le milieu d'exploitation de demain, je le vois plus complexe, plus perfectionné et plus redoutable. C'est incontestablement quelque chose qui me préoccupe à mesure que nous allons de l'avant.
:
Je vous remercie de la question.
La Réserve navale du Canada est avant tout une réserve stratégique. Elle se compose de marins citoyens à temps partiel qui jouent un rôle essentiel dans la mobilisation de leurs collectivités locales et qui assurent la présence de la Marine royale canadienne dans les collectivités éloignées de la mer, qui transmettent ce message et qui permettent que l'on établisse des ponts et que l'on encourage le dialogue. Ces marins permettent aux gens d'en savoir plus long sur la Marine et sur ce qu'elle fait pour eux et cela les encourage à poser les bonnes questions, en particulier quand vient le moment de décider de s'engager dans l'armée. C'est ce que font plusieurs milliers de réservistes navals, avant toute chose. Nous avons 24 divisions de la Réserve navale au Canada, d'un océan à l'autre et bien sûr, dans toutes vos circonscriptions, j'en suis convaincu.
Cela étant dit, ces réservistes participent avant tous à la mobilisation stratégique locale. L'un des principes que doivent respecter les réservistes navals est d'être formés et préparés à prendre la mer, car en définitive, une force de réserve a pour but de renforcer les troupes et leur capacité lorsque le besoin s'en fait sentir, comme lorsque la milice a dû être renforcée pour soutenir l'Armée de terre canadienne dans le cadre de la mission en Afghanistan.
C'est ainsi que tous les marins de la Réserve navale choisissent le métier d'officier ou de marin et qu'ils sont qualifiés pour l'exercer. Une des principales missions qu'ils accomplissent pour la Marine consiste à armer les 12 navires de défense côtière de la classe Kingston dont nous disposons.
Ce vers quoi nous nous dirigeons avec le premier maître, car nous avons constaté que ce modèle n'était pas durable, c'est ce que nous appelons le « concept d'une seule marine ». J'aimerais voir les réservistes navals prendre la mer à bord des navires de défense côtière de la classe Kingston, mais également à bord des plus grands navires de combat, des frégates, des destroyers et des navires de ravitaillement en mer — pour que les marins de la Force régulière aient également la possibilité de naviguer à bord des navires de la classe Kingston. C'est ce que nous avons entrepris de faire. Je veux créer une mentalité d'une seule marine, une culture où les réservistes navals et les marins de la Force régulière se considèrent comme des égaux. Je pense que c'est l'un des meilleurs moyens d'aller de l'avant.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Amiral, premier maître, je vous remercie d'être parmi nous, de votre présentation passionnante et de tous ces échanges. Il est passionnant de connaître le point de vue des hauts gradés de la Marine, alors que nous parlons d'état de préparation, et je ne tiens nullement à vexer les collègues de l'armée de terre à ma droite.
Vos propos semblent porter, à juste titre, sur trois défis auxquels est confrontée la Marine en particulier: les opérations nationales, les opérations à l'étranger, qui contribuent à la sécurité internationale, souvent dans des pays éloignés; mais également la question de la protection du patrimoine mondial et la réalité de notre dépendance à l'égard de l'intensité des échanges commerciaux avec l'outre-mer, qui passe totalement inaperçue aux yeux des Canadiens comme de tant d'autres pays du monde, lorsqu'on ne nous rappelle pas expressément cette dépendance.
Le seul lieu le long du littoral canadien où ces trois défis peuvent se rencontrer, c'est l'Arctique, compte tenu des questions transfrontalières non résolues et des risques de rivalités de toutes sortes. Si l'on examine le programme de construction navale qui nous est proposé, les nouvelles capacités dont nous disposons, le plus important pour la Marine est le navire de patrouille extracôtier de l'Arctique.
Pourriez-vous nous dire précisément ce que cela ajoutera à notre disponibilité opérationnelle, et y a-t-il d'autres pays qui disposent de ce type de navire, ou qui s'occupent d'en concevoir un pareil?
:
Je vous remercie, monsieur.
Je dirais d'emblée que l'une des caractéristiques uniques et éminemment favorables d'un pays qui déploie une capacité navale est qu'il peut assurer son soutien autonome. Il n'est pas nécessaire d'expédier de nombreuses infrastructures et une capacité de soutien vers un autre pays pour permettre cela dans une plus ou moins large mesure. Le groupe opérationnel naval offre une capacité entièrement indépendante qui assure son propre soutien.
Nous nous sommes déployés pendant six mois à maintes reprises par le passé, et sommes devenus des experts en la matière. Au cours de l'opération Apollo entre 2001 et 2003, dans le sillage des attentats du 11 septembre, nous avons assuré une présence permanente dans le golfe Persique dans le cadre la campagne internationale contre le terrorisme.
Lorsque nous nous déployons, la clé est incontestablement le navire de ravitaillement en mer. Il ne s'agit pas seulement de ravitaillement en carburant, mais aussi en munitions et en provisions. Il s'agit d'une base de soutien médical, d'une base de soutien des travaux de maintenance pour les hélicoptères. C'est un catalyseur crucial de cette présence déployée à l'échelle mondiale.
Nous envoyons également ce que nous appelons une équipe logistique avancée. Nous avons une petite équipe avancée déployée en mer Méditerranée, originaire de Vancouver. Il s'agit d'une petite équipe qui facilite le dédouanement des pièces détachées. Elle sera sur place pour s'assurer que les hélicoptères sont capables de prendre l'air et que les génératrices diesel sont réparées et autres travaux du même genre ou pour ramener à la maison ceux qui souffrent d'un problème humain dont il faut à tout prix s'occuper.
C'est ce que nous faisons. C'est pourquoi le navire de soutien interarmées, qui est l'une des pièces maîtresses de la stratégie de défense Le Canada d'abord, et le premier projet de la côte Ouest à être réalisé dans le cadre de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale, revêt autant d'importance. Ce navire est appelé à remplacer les navires de ravitaillement en mer à vapeur vétustes comme le Protector et le Preserver, et il permettra de maintenir cette présence déployée avancée dont vous avez parlé.
:
Je vous remercie de votre excellente question, monsieur.
La relation qu'entretiennent les chefs de composante est excellente en ce moment, et cela est d'ailleurs le cas depuis plusieurs années. Du point de vue des opérations interarmées, la Marine canadienne et la Force aérienne canadienne fonctionnent ensemble depuis des décennies. Depuis que le Canada a perfectionné la technologie nécessaire pour embarquer des détachements d'hélicoptères Sea King et les faire décoller des navires alors que l'indice de l'état de la mer est de 5 et vraiment les intégrer dans les équipages des navires comme système de combat, nous entretenons des relations très étroites avec la Force aérienne.
En Afghanistan — où nous avons mené une campagne terrestre-aérienne dans ce pays enclavé — j'ai néanmoins réussi à recruter 50, 60 ou 70 marins pour chaque rotation, marins qui se retrouvaient au sol en Afghanistan, portant des uniformes DCamC et ressemblant beaucoup à des soldats. Il s'agissait de plongeurs-démineurs qui ont joué un rôle névralgique dans la mission antibombes artisanales. C'étaient des officiers subalternes du Centre de renseignement interarmées à Kandahar. C'étaient des techniciens en approvisionnement. C'étaient des cuisiniers et nous étions donc là-bas. En fait, aujourd'hui, j'ai un commodore, trois capitaines, un premier maître et environ 40 marins qui font tous partie de la mission de formation en Afghanistan. Vous voyez donc évoluer cette culture intégrée et interarmées.
Du point de vue de l'Armée de terre et de la Marine, la collaboration est un peu plus complexe. Le général Devlin et moi-même en parlons fréquemment. Nous l'avons constaté clairement dans le sillage du séisme en Haïti, où nous avons vu nos navires évoluer au large des côtes de Leogane et de Jacmel. Nous nous rendions à terre pour apporter notre soutien aux Haïtiens plongés dans la souffrance, et nous travaillions aux côtés de soldats et d'aviateurs qui se trouvaient à terre et nous les ramenions en fait à bord des navires pour qu'ils puissent un peu se reposer avant de les reconduire à terre pour poursuivre leur mission.
Le général Devlin et moi-même, ainsi que le général Deschamps, nous efforcions de déterminer comment accroître l'interopérabilité et l'intégration depuis une plateforme en mer. Lors de notre prochain déploiement dans les Caraïbes, par exemple, j'inviterai une sous-composante de l'Armée de terre ou un petit peloton ou une section à venir à bord et à travailler avec mon équipe, avec nos marins et à se rendre à terre pour y voir à l'oeuvre certains de nos pays partenaires dans les Caraïbes et travailler là-bas.
Nous collaborons également de très près avec les forces d'opérations spéciales et avec nos équipes d'arraisonnement des navires fort bien entraînées pour leur faire découvrir le niveau suivant de notre capacité, qui est la capacité d'engager un navire non coopératif depuis la mer. Par exemple, il peut s'agir d'un navire participant à une mission terroriste, à une prise d'otages ou à un acte de piraterie. Il existe toutes sortes de moyens grâce auxquels nous renforçons cette capacité intégrée et interarmées.