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Oui. Nous verrons en temps et lieu. Y a-t-il d'autres points à aborder?
Non? Tout le monde est d'accord?
Des voix: D'accord.
Le président: Le rapport est accepté.
Nous allons poursuivre notre étude des soins offerts aux membres des Forces canadiennes malades ou blessés. Nous avons la chance de recevoir aujourd'hui quelques personnes qui sont venues nous parler de l'équithérapie et de la santé mentale.
Nous accueillons le représentant du ministère de la Défense nationale, le colonel Scott McLeod, qui s'est enrôlé dans les Forces canadiennes en 1990. Il a obtenu son diplôme en médecine en 1993 de l'Université de la Saskatchewan, suivi d'un certificat en médecine familiale en 1995. Scott détient également un baccalauréat spécialisé en biochimie de l'Université de Regina et une maîtrise en santé publique de l'Université du Texas. Il est membre du Collège des médecins et des chirurgiens de la Saskatchewan et du Collège des médecins de famille du Canada, puis il est chercheur associé à l'Association de médecine aéronautique et spatiale. Il a terminé sa résidence en médecine aéronautique et spatiale auprès de l'U.S. Air Force, et il détient un certificat de spécialisation des États-Unis en médecine préventive et en médecine aéronautique et spatiale.
Nous accueillons également Mme Marie-Josée Hull. Elle est travailleuse sociale, et elle possède une maîtrise et un baccalauréat en travail social. Elle est membre en règle du collège et de l'Association des travailleurs sociaux de l'Ontario. Elle fait carrière dans le domaine depuis 15 ans, et elle a travaillé en tant que thérapeute pour les enfants et les familles ainsi qu'au sein d'organismes s'occupant de santé mentale. Elle s'intéresse particulièrement à l'aide qui peut être apportée aux gens grâce aux chevaux.
Nous recevons également Mme Alison Vandergragt, directrice de programme des Hope Reins Equine Assisted Therapy Programs, qui a énormément d'expérience dans le domaine des thérapies avec les chevaux. Elle est accompagnée de sa fille, Alyssa, qui célèbre son 17e anniversaire de naissance aujourd'hui.
Joyeux anniversaire, Alyssa. Nous allons vous épargner le chagrin d'avoir à nous écouter vous chanter bonne fête.
Là-dessus, je vais vous céder la parole pour vos déclarations préliminaires. Encore une fois, je vous demanderais de vous en tenir à 10 minutes.
Colonel McLeod, pourriez-vous donner le coup d'envoi, s'il vous plaît?
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Bonjour, monsieur le président. Je vous remercie de m'avoir invité.
J'aimerais également remercier les autres intervenants de leur souci d'aider les hommes et les femmes des Forces canadiennes qui souffrent d'une maladie mentale.
Monsieur le président, comme les membres du comité le savent, nos opérations récentes, de l'Afghanistan jusqu'en Haïti, en passant par la Libye, ont fortement sollicité les Forces canadiennes, et en particulier le personnel. Cette intense cadence opérationnelle a fait en sorte que les problèmes auxquels les militaires rapatriés font face sont au premier plan de notre conscience nationale. C'est la raison pour laquelle je suis heureux que le comité ait décidé d'entreprendre une étude des soins offerts aux militaires malades et blessés.
Dans ce contexte, les soins de santé mentale constituent une priorité des Forces canadiennes. Ils sont essentiels non seulement pour la capacité des Forces canadiennes de mener à bien leurs missions, mais également — et plus important encore — à la santé et au bien-être de nos hommes et de nos femmes militaires et de leur famille.
Je suis fier de dire que nos cliniciens sont considérés au Canada et à l'échelle internationale comme des spécialistes dans le domaine des maladies mentales causées par des traumatismes. Aujourd'hui, les FC ont accès à environ 378 professionnels de la santé mentale à temps plein. Il s'agit du meilleur ratio de travailleurs en santé mentale et de militaires au sein de l'OTAN.
Mais la prestation de services de santé mentale de grande qualité ne se limite pas à la présence de professionnels dévoués et bien formés; il faut aussi qu'il y ait des programmes adaptés aux besoins de nos patients. C'est pourquoi les Forces canadiennes ont un programme complet de soins de santé mentale axé sur des pratiques exemplaires fondées sur des données scientifiques. Nos centres de soins pour trauma et stress opérationnels sont formés d'équipes multidisciplinaires de professionnels de la santé qui ont recours aux techniques de traitement les plus récentes fondées sur des données scientifiques ou qui s'enorgueillissent d'être au fait des techniques thérapeutiques les plus récentes.
Nous reconnaissons qu'il y a toujours des progrès dans le domaine du traitement des maladies mentales, et, pour cette raison, nous examinons systématiquement tout nouveau traitement ou thérapie proposé. Notre comité de normalisation des traitements, présidé par notre psychiatre principal, le colonel Rakesh Jetly, étudie tout nouveau traitement ou thérapie de sorte que nous continuions d'améliorer notre système et d'offrir les meilleurs soins possible à nos patients.
L'un des problèmes auxquels nous sommes confrontés quotidiennement, c'est de savoir comment gérer les thérapies complémentaires comme l'équithérapie. Nous recevons régulièrement des demandes de gens qui aimeraient que nous envisagions diverses thérapies complémentaires comme la zoothérapie et la thérapie par les arts créatifs, qui sembleraient connaître un certain succès auprès des participants; cependant, il y a rarement des preuves suffisantes pour valider leurs effets à long terme. Cette réalité ressemble aussi aux thérapies complémentaires pour les maladies et les blessures physiques.
Afin que nous ayons une approche normalisée et responsable à l'égard de tous les traitements et thérapies, nous appliquons les cinq principes de base du Comité de la gamme de soins. Les voici:
Un, le traitement, le service ou le produit est conforme au principe scientifique de médecine fondée sur des preuves scientifiques. Ce principe exclut toute nouvelle intervention médicale ou tout remède qui n'aurait pas fait l'objet d'investigations adéquates et démontré scientifiquement qu'il fournit des bienfaits significatifs pour la santé.
Deux, le traitement, le service ou le produit est nécessaire au maintien de la santé et du bien-être mental ou pour la prévention des maladies; il permet de poser un diagnostic ou de traiter des blessures, des maladies ou des incapacités.
Trois, le traitement, le service ou le produit n'est pas offert à titre expérimental, de recherche ou à des fins esthétiques.
Quatre, le traitement, le service ou le produit est financé par au moins une province ou un organisme fédéral. Ce principe va de pair avec les critères du Régime de soins de santé de la fonction publique.
Cinq, la prestation de ce traitement, service ou produit soutient ou permet le rétablissement d'un militaire à un état opérationnel efficace et déployable.
Si nous déterminons qu'une nouvelle thérapie complémentaire devrait être envisagée, elle est soumise au Comité de la gamme de soins aux fins d'études.
L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, l'ACMTS, a publié récemment un rapport d'examen rapide intitulé « Therapy Dogs and Horses for Mental Health:A Review of the Clinical Effectiveness ». Ce rapport a été publié le 10 août 2012 et est accessible sur le site Web de l'agence.
Vingt-deux articles potentiellement pertinents ont été extraits et examinés dans leur intégralité. La conclusion du rapport d'examen était la suivante:
La thérapie assistée par le cheval s'est avérée efficace chez les enfants ayant connu la violence familiale, chez les patients souffrant de schizophrénie et chez les enfants atteints du THADA. Ces conclusions sont tirées principalement d'un nombre restreint d'essais non contrôlés... à échantillons de petite taille... la prudence est donc de mise à l'égard des conclusions de ces études...
Puisque aucune étude comparant ces interventions à d'autres types de soins comme les produits pharmaceutiques n'a été recensée, on ignore si la thérapie assistée par l'animal est plus ou moins efficace que ces thérapies de rechange. Il serait nécessaire de procéder à des essais contrôlés à long terme et avec des échantillons plus grands pour étudier davantage l'efficacité du recours aux chiens et aux chevaux pour faciliter les séances de thérapie pour les patients ayant des problèmes de santé mentale.
À l'heure actuelle, il y a absence de preuves suffisantes pour appuyer son ajout dans la gamme de soins, puisqu'aucun des cinq critères ne s'applique. Cependant, comme c'est le cas de toute thérapie, nous sommes disposés à revoir notre position à mesure que d'autres preuves et d'autres rapports d'étude seront disponibles. Cela dit, je voudrais que ce soit clair que le fait de ne pas ajouter l'équithérapie dans la gamme de soins ne signifie pas que la thérapie n'a aucune utilité. Cela signifie que les données sur les résultats cliniques sont insuffisantes à l'heure actuelle pour justifier son financement par les autorités de la santé publique en tant que service médical de base.
Il y a beaucoup de choses qui améliorent notre santé mentale, entre autres les vacances personnelles, les passe-temps, les animaux de compagnie, les programmes d'exercices et beaucoup d'autres encore, qui ne sont pas financées par les systèmes de soins de santé publique. Nous encourageons toujours les membres des Forces canadiennes à participer à des activités qui améliorent leur santé mentale. Notre devoir à l'égard des patients et à l'égard de la gestion responsable des fonds publics exige, cependant, que nous consacrions les ressources publiques destinées à la santé aux thérapies dont les preuves scientifiques et les avis de la communauté des experts de la santé tendent à indiquer que les résultats cliniques se sont nettement améliorés.
Notre priorité absolue est de mettre au point et d'offrir des programmes de soins de santé mentale adaptés aux besoins de nos hommes et de nos femmes militaires, des programmes qu'ils méritent.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs les députés, distingués invités.
C'est pour moi un honneur d'avoir été invitée à parler de psychothérapie assistée par le cheval. J'aimerais commencer par établir une petite distinction entre trois pratiques du domaine. Il y a des services de réadaptation physique assistée par le cheval; il y en a pour l'éducation, c'est-à-dire des services d'apprentissage assisté par le cheval; et il y en a pour la thérapie. Aujourd'hui, je vais parler davantage des services axés sur la thérapie.
À mon cabinet privé, je traite des soldats qui ont reçu un diagnostic de traumatismes liés au stress opérationnel.
J'aimerais vous expliquer quelque chose avant de parler de la psychothérapie assistée par le cheval. Lorsque des membres des forces viennent nous voir, leur niveau d'anxiété est habituellement très élevé. Les soldats sont habitués de fonctionner en mode attaque-fuite, c'est-à-dire en mode survie, ce qui fait que, pour que nous puissions recourir à une démarche cognitive pour le traitement d'événements traumatisants, nous devons les amener à se calmer et à devenir stables. Dans le cadre de mes activités, j'ai constaté que c'est quelque chose de très difficile à gérer pour bon nombre d'entre eux. Beaucoup de soldats ne réagissent pas bien à la médiation et à d'autres choses de ce genre. Les soldats sont actifs, et ils aiment bouger. C'est donc un problème qui s'est posé dans ce que je fais, et mes collègues sont d'accord avec moi là-dessus.
Les soldats qui reçoivent un diagnostic concernant une maladie de ce genre en ressentent les répercussions sur l'ensemble de leur vie. La maladie a une incidence sur leur sentiment de sécurité, sur leur capacité de se faire confiance et de faire confiance aux autres, sur leur sentiment de maîtrise de soi et de leur environnement et sur leur estime d'eux-mêmes et leur intimité. Elle touche les membres de leur famille, leurs enfants et les soldats eux-mêmes.
Pour ce qui est du rôle de la psychothérapie assistée par le cheval, tout d'abord, cela se passe dans la nature. On est à l'extérieur. Le simple fait de se retrouver dans la nature est bénéfique pour la santé, le fait d'être dehors, d'être en harmonie avec les rythmes naturels.
Ensuite, la personne se trouve devant un animal qui est assez gros, qu'elle peut regarder dans les yeux lorsqu'elle est debout. On lui demande de faire certaines activités qui s'inscrivent dans le cadre d'une mission, alors il y a une pression de rendement. Certaines anxiétés ressortent. L'objectif est de mettre la personne dans une situation réaliste. Le matériel peut être utilisé comme une métaphore de ce qui est vraiment à la surface pour le soldat qui suit le traitement. Toutefois, les émotions ressortent dans un milieu sûr où il est soutenu par un professionnel de la santé mentale et un spécialiste des chevaux. Le soldat peut vraiment s'exercer dans ce contexte. Le traitement est très axé sur l'expérience. La personne peut mettre à l'essai ses mécanismes de défense naturels et voir lesquels fonctionnent et lesquels ne fonctionnent pas. Pour ceux qui ne fonctionnent pas, elle peut essayer d'en trouver un nouveau et de le mettre à l'essai dans ce contexte. C'est ce qui fait la richesse de cette thérapie.
Il s'agit d'un traitement actif, mais aussi très réflexif. Une chose qui m'a étonnée lorsque j'ai commencé à travailler auprès de soldats, c'est qu'ils ont appris à faire leur travail et à ne pas ressentir la douleur, à continuer: ils font leur devoir, ils ont un travail à faire et ils n'ont pas le temps de ressentir des émotions. C'est quelque chose qui devient en quelque sorte une habitude pour eux, et il leur est difficile de se brancher sur leurs émotions.
Le cheval est un outil très précieux, parce qu'il n'est pas à l'aise auprès d'une personne qui se présente d'une manière mais ressent autre chose. Les chevaux assurent leur survie en interprétant les signes non verbaux et aussi grâce à leur capacité de ressentir des états affectifs. Ce que je dis a un fondement biologique, que je ne vais pas aborder aujourd'hui, mais les chevaux sont capables de ressentir les états affectifs. Lorsqu'un cheval voit que les signes non verbaux et l'état affectif ne correspondent pas, cela ne fonctionne pas. Le soldat doit prendre conscience de ce qui se passe en dedans de lui pour pouvoir bien s'entendre avec le cheval et pour que les choses fonctionnent.
L'idée de la psychothérapie assistée par le cheval, ce n'est pas de créer des liens avec un animal. L'idée, c'est de faire face à ses peurs dans un milieu sûr et d'apprendre de petits succès afin de pouvoir se réinsérer dans la société, auprès de sa famille et de ses enfants.
Au cours de la dernière étape du traitement des traumatismes, après le traitement des traumatismes à l'aide d'une démarche cognitive et fondée sur des données probantes, il est aussi bon de permettre ensuite la réinsertion du soldat et de l'aider à acquérir des aptitudes, ou à améliorer celles qu'il possède déjà, en collaboration avec les membres de sa famille.
La psychothérapie assistée par le cheval peut se faire en famille. Elle peut se faire en couple. Elle peut se faire avec des collègues. Elle offre des bénéfices très importants qu'on ne pourrait pas obtenir dans un bureau.
Voilà mon exposé. J'espère que cela vous donne une petite idée de la chose. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser.
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Tout d'abord, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, distingués invités, c'est un grand honneur pour moi que d'être ici et de vous parler d'un sujet qui me tient tant à coeur. J'ai été mariée avec un marin pendant 10 ans, et les chevaux ont toujours occupé une place importante dans ma vie, alors leur intégration à quelque chose d'aussi bénéfique me passionne beaucoup.
Je vais vous parler rapidement de mon expérience, de ce qui m'a amenée à présenter les programmes d'équithérapie et peut-être aussi de certaines choses que j'ai découvertes.
Je suis directrice de programme à Hope Reins. J'ai étudié l'équitation avec avidité pendant plusieurs années, et je suis fascinée par la psychologie du cheval. J'ai pris conscience de l'existence d'un lien entre la façon dont les chevaux pensent et la façon dont ils réagissent aux situations, et j'ai commencé à comparer cela à la façon dont nous réagissons aux situations que nous vivons et à nos relations avec les membres de notre famille. J'ai trouvé des façons de communiquer avec mon cheval, et j'étais très efficace, mais je n'étais pas aussi efficace à la maison, alors j'ai commencé à appliquer à la maison certains des principes que je suivais avec mon cheval. Dans mon rôle de mère, j'ai constaté que, comme nous recourons beaucoup à la communication verbale, lorsque nous commençons à utiliser la communication non verbale, les choses vont beaucoup mieux.
J'ai travaillé dans le domaine des soins de santé communautaire et à long terme pendant 20 ans. J'ai rencontré beaucoup de gens qui avaient des troubles de santé mentale non traités. Les traiter dépassait mes capacités de loin, et le fait de ne pas pouvoir régler le problème m'a toujours dérangée. À un moment donné, j'ai moi-même subi une perte personnelle très grande, et j'ai commencé à examiner le lien entre mon rétablissement affectif et le rôle que mes chevaux ont joué dans le processus de guérison. J'ai commencé à me demander si les chevaux aussi pourraient faire partie du processus thérapeutique. J'ai constaté que c'était tout à fait possible à partir de mon expérience personnelle.
Hope Reins Equine Assisted Therapy Programs cherche en ce moment à obtenir le statut d'organisme de bienfaisance. Nous offrons des programmes d'apprentissage et de psychothérapie assistée par le cheval à des enfants et à des adultes qui ont des problèmes comme les déficiences cognitives, l'autisme, le deuil et la perte, l'anxiété, la dépendance, le TSPT, etc. Je vais sauter la partie concernant l'assistance du cheval. Je pense que tout le monde ici a une assez bonne idée du fonctionnement de la chose. J'aimerais parler des raisons pour lesquelles nous avons recours à des chevaux.
Les chevaux ont des caractéristiques uniques qui vont au-delà de la façon dont on les utilise traditionnellement. De façon générale, on les utilise pour se déplacer, et aussi pour le travail aux champs. Les chevaux occupent une grande place dans notre existence, et j'ai constaté qu'ils sont naturellement très honnêtes et qu'ils exigent que les humains soient honnêtes en retour. Ce sont de bons détecteurs de mensonges, et ils réagissent par leur langage corporel.
Les chevaux utilisent un système de communication précis et bien établi qui peut être suffisamment subtil pour que les humains ne se rendent même pas compte qu'ils parlent ensemble. Il y a chez les chevaux une hiérarchie complexe, et il y en a qui mènent et d'autres qui sont menés. Chaque cheval a ce que j'appelle une « chevalinité » unique, et tous jouent un rôle important au sein du troupeau.
Dans le cadre de l'interaction entre le cheval et l'humain qui est présentée au cours de la séance de thérapie, le participant humain a généralement recours aux mêmes mécanismes de défense que lorsque d'autres facteurs de stress surviennent dans sa vie. Lorsqu'ils font face à des problèmes, les participants se révèlent et peuvent être en mesure de surmonter les obstacles qui empêchent la communication. Le recours aux chevaux rend possible un important apprentissage métaphorique.
Quelle forme prend une séance assistée par le cheval? Vous vous demandez peut-être ce que nous faisons. Est-ce que nous installons le client dans un fauteuil, le cheval dans l'autre, et le thérapeute entre les deux? Pas du tout.
La séance se déroule dans le manège, évidemment. Habituellement, il s'agit d'une séance où le participant ne monte pas sur le cheval. Un spécialiste des chevaux demande au client de faire une activité ou une série d'activités. Les actions et les réactions du cheval et de la personne sont examinées de près. Les observations effectuées sont utilisées pour établir des liens, parfois métaphoriques, avec les problèmes auxquels le client fait face.
Dans notre travail, lorsque nous collaborons avec des professionnels de la santé mentale, nous échangeons au sujet de ce que nous voyons. Si je vois quelque chose que le professionnel de la santé mentale ne voit pas parce qu'il n'est pas spécialiste des chevaux et ne peut donc pas nécessairement comprendre ce que signifie le mouvement de l'oreille du cheval ou un autre élément de son langage corporel, mon travail consiste à lui en faire prendre conscience et à formuler un commentaire que le thérapeute pourra en retour utiliser dans le traitement de son client.
Les participants apprennent que le chemin le plus court n'est pas le meilleur. Ils apprennent que, pour que les choses fonctionnent bien avec le cheval, il faut du travail sur les plans physique et mental — ce sont des caractéristiques très utiles. La chose la plus importante, c'est que les chevaux ont la capacité de faire voir ce qui se passe à l'intérieur. On entend toujours dire des choses comme « ce cheval est têtu » ou encore « ce cheval ne m'aime pas ». Ce peut être la réaction du client, mais, en réalité, ce qui se passe de façon générale, c'est que le client doit prendre conscience du fait que le changement vient de l'intérieur et que le cheval lui offre une rétroaction à cet égard. C'est par l'honnêteté dans cette relation, dans l'établissement de cette relation avec le cheval, qu'un message puissant peut être transmis.
La thérapie assistée par le cheval est reconnue partout dans le monde, mais je vais me concentrer sur les États-Unis pour l'instant. J'ai examiné divers programmes, ce qu'on fait dans le cadre de ceux-ci et qui les appuie. J'ai recueilli ces renseignements simplement par intérêt personnel, mais je vais vous faire part de ce que je sais.
Il y a de nombreux programmes au pays qui sont appuyés par Affaires des Anciens combattants. Les anciens combattants qui ont subi plusieurs traumatismes reçoivent des soins dans les centres médicaux et de réadaptation de AAC et prennent part à des programmes qui se déroulent à la base ou à un centre d'équitation accrédité. Il semble que la plupart des programmes soutenus par AAC soient considérés comme étant des programmes d'équitation thérapeutique. Je n'en ai pas vraiment parlé, mais, comme Marie-Josée le disait, il s'agit là davantage de l'aspect physique du rétablissement.
Un autre exemple que j'ai à vous donner, c'est celui du programme assisté par le cheval du Caisson Platoon de l'Armée américaine. Les responsables du programme utilisent les chevaux du peloton, qui font en réalité partie de la fameuse Old Guard de l'armée. L'unité est chargée de garder la Tombe du soldat inconnu et de participer aux funérailles de militaires s'étant distingués au cimetière d'Arlington. Des bénévoles qui viennent de ce peloton en tant que tel participent au programme. L'avantage, c'est que les soldats qui suivent le programme bénéficient d'un soutien offert par leurs pairs.
Je vais parler un peu d'EAGALA, c'est-à-dire, pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas l'organisation, de l'Equine Assisted Growth and Learning Association. Récemment, les responsables de cette association ont annoncé la création d'un programme de service militaire visant à rationaliser les centaines de programmes équestres qui existent aux États-Unis. L'EAGALA est un programme strictement non monté, et il est offert partout aux États-Unis. On a commencé à le subdiviser et à offrir des accréditations pour une spécialité de traitement du personnel militaire.
Les responsables de l'EAGALA ont rencontré des officiers gradés de la division comportementale de l'organisation du médecin-chef de l'Armée américaine, du bureau du président des chefs d'état-major interarmées, du Army Medical Command, du Warrior Transition Command, du Walter Reed Army Medical Center et du Human Performance Resource Center, afin de présenter le modèle de psychothérapie assistée par le cheval de l'EAGALA, qui est conforme au modèle de l'EAGALA, lequel consiste, encore une fois, en des exercices non montés.
D'après le projet pilote mené par les Refuge Services, qui sont l'un des programmes de service militaire de l'EAGALA au Texas, après seulement six séances, les anciens combattants et leur épouse ont fait état d'une amélioration de 60 p. 100 par rapport à la gravité de leurs problèmes conjugaux, y compris la violence physique et verbale, les disputes concernant les finances, les choix relatifs à l'éducation des enfants et la capacité de se pardonner et de passer du temps ensemble. Les couples ont également fait état d'une amélioration de 50 p. 100 au chapitre de la résolution de conflits, de la proximité affective, de l'accroissement du niveau de confiance, du respect, de l'intimité et de la réduction de la colère.
Nous avons déjà parlé du fait qu'il n'y a pas beaucoup de recherches en ce moment concernant le traitement du TSPT chez les militaires, mais il y a quelques bonnes nouvelles dans ce domaine. Au Royaume-Uni, l'International Society for Equitation Science offre une subvention pour l'étude des effets thérapeutiques des activités assistées par le cheval pour les anciens combattants souffrant de TPST ou de traumatisme cérébral. Aux États-Unis, la Horses and Humans Research Foundation a récemment annoncé l'octroi d'une subvention pour contribuer à l'étude du problème grave et de plus en plus important des troubles de santé non traités chez les anciens combattants américains. Il est donc possible que nous voyions des résultats dans un avenir proche, et espérons que ce soit bientôt.
Avant de vous quitter aujourd'hui, j'aimerais vous avoir permis de mieux comprendre comment on utilise les chevaux à des fins thérapeutiques. Que les programmes soient menés en selle ou au sol, la thérapie assistée par le cheval est un excellent choix pour le traitement du TPST. Le lien entre les chevaux et les humains est ancestral. Le recours aux chevaux dans le cadre de programmes de ce type s'inscrit naturellement dans le contexte de cette relation qui existe depuis longtemps. Je vous demande d'examiner attentivement la possibilité d'offrir certains des traitements assistés par le cheval ou l'ensemble de ces traitements à nos militaires.
J'aimerais aussi vous parler un peu d'une rencontre que j'ai eue cette semaine avec Joanne Moss, de la Fondation canadienne des services de soutien assistés par animaux. J'aimerais informer les membres du comité du fait que la fondation est bien placée pour réunir les intervenants concernés afin qu'ils puissent rédiger ensemble un énoncé de politique publique. Toutefois, avant qu'ils ne commencent la première étude — si le financement est accessible —, il est impératif de tenir une étude sur le marché du travail et une analyse de la conjoncture, vu la vaste gamme de services, de praticiens et d'organisations concernés. L'étude présentera probablement l'établissement de politiques publiques comme étant l'une des priorités pour la suite des choses. Les représentants de la Fondation canadienne des services de soutien assistés par animaux vous remercient de votre intérêt et seraient heureux de vous rencontrer pour discuter des prochaines étapes avec vous.
Merci beaucoup. Vous avez été extraordinaires.
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Il faut se rappeler que, lorsqu'il est question de la psychothérapie assistée par le cheval, ces séances ont lieu en présence d'un professionnel de la santé mentale qui s'est associé avec nous pour la prestation des programmes, par l'entremise d'un organisme. Cela se fait toujours avec un autre organisme. Approximativement 35 p. 100 des clients reçus au cours de la dernière année, et 50 p. 100 des clients d'un projet pilote que nous avons mené il y a un an avec le Centre Phoenix, comprenaient des familles de militaires.
Habituellement, les enfants arrivent avec des problèmes de comportement que nous tentons de faire disparaître. Mon approche est très orientée vers la famille. Nous parvenons à effectuer des petits changements chez l'enfant, grâce aux chevaux dans le cadre du programme, mais lorsque l'enfant retourne à la maison, c'est très difficile pour lui de commencer à intégrer certaines des nouvelles habiletés apprises, comme les nouvelles habiletés d'adaptation et les nouveaux éléments liés à la communication et aux relations qu'il a appris pendant la séance. Alors, nous faisons très souvent participer la famille.
La plupart des familles de militaires étaient tout à fait d'accord pour venir aux programmes avec leurs enfants, mais certaines des activités exigent beaucoup d'énergie, et il s'y passe beaucoup de choses. Nous avons constaté que nous sommes censés être là pour l'enfant et l'aider avec certains problèmes, mais nous remarquons autre chose. Il y a autre chose dans le manège que nous n'abordons pas, et nous appelons cela l'éléphant dans le manège: l'éléphant, ce sont les problèmes de santé mentale chez le parent lui-même — qui sont visiblement liés au stress.
Alors, on trouve des solutions de fortune et on règle des petits problèmes, mais il y a ce gros éléphant, et nous ne sommes même pas autorisés à en parler ou à en discuter: les raisons pour lesquelles le parent est si stressé et les facteurs responsables de l'éclatement de la famille. Nous pouvons proposer ces petites solutions de fortune et prodiguer quelques conseils sur la façon de travailler ensemble en tant que famille, mais vraiment, il y a un problème ici qui n'est pas abordé, et c'est préoccupant pour une personne comme moi. Nous pourrions progresser beaucoup mieux dans le cadre de ces programmes si nous pouvions réellement traiter le TSPT.
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D'accord! Voilà qui explique pourquoi j'ai été éjecté de quelques chevaux.
Mais c'est une bonne chose, parce qu'il y a d'autres programmes qui font appel à d'autres animaux, comme les dauphins, en particulier auprès des enfants autistes. Naturellement, beaucoup de groupes, l'Ambulance Saint-Jean, entre autres groupes, ont recours à la zoothérapie avec des chiens et des chats dans les établissements de soins prolongés pour les aînés. Ils ont une grande valeur thérapeutique, et j'en suis conscient.
Comme l'a dit le colonel, les Forces canadiennes ne s'y opposent pas. Les États-Unis mèneront leur étude — évidemment, nous sommes alliés, et nous échangeons ces études de part et d'autre —, et ils examineront cet aspect. Je ne constate aucune résistance à cet égard; je dis simplement que, voyez-vous, nous devons suivre le processus. Il faut obtenir des données probantes. Je suis convaincu qu'à un moment donné, avec Wounded Warriors et d'autres organisations, vous trouverez sûrement des appuis en cours de route.
Je salue donc ce que vous faites. C'est logique. Je sais que c'est très important pour beaucoup de gens qui vivent avec différentes blessures, pas nécessairement des blessures de stress opérationnel... comme dans le cas des soldats, ce qui est parfois un problème précis.
Colonel, j'avais l'habitude de ne pas ménager mes efforts pour m'assurer que mes soldats signalent eux-mêmes leur état le plus souvent possible. Parfois, ils ont des blessures traumatiques, et le problème, c'est que vous ne verrez jamais des soldats assis en cercle en train de chanter en choeur. Mais vous les verrez assis ensemble et parler de leurs expériences. Ils le font simplement parce que seul un autre soldat peut vraiment comprendre, en particulier s'il a vécu ce type d'expérience.
Cela dit, il s'agit, entre autres, d'éduquer vos soldats, le public et, avant tout, les familles. Il faut éduquer les familles. Avec les briefings avant et après le déploiement, je sais que les familles participent au processus. Elles comprennent à quoi il faut porter attention et ce qu'il faut vérifier afin de reconnaître les problèmes de santé mentale susceptibles de se manifester. Parfois, le problème survient de façon insidieuse au fil du temps, et, bien souvent, seuls les camarades peuvent déceler et saisir les petits changements qui se produisent dans la personnalité du soldat.
Monsieur, pourriez-vous parler davantage des programmes offerts actuellement aux familles des Forces canadiennes dont un membre vit avec des blessures de stress opérationnel ou d'autres maladies mentales?
Colonel McLeod, je vais vous donner quelques devoirs à faire. Je vais vous demander de transmettre au comité la réponse à quelques questions qui vous ont été posées. Il serait utile pour nous d'obtenir ces renseignements. M. Harris vous a demandé de lui indiquer la répartition par catégories des 378 employés à temps plein des services de santé mentale. En outre, Mme Moore vous a posé une question à propos de l'accès à ces services des réservistes vivant dans des collectivités isolées du Canada, et M. Brahmi vous a demandé de lui dire quelle proportion des fournisseurs de soins de santé mentale du ministère relève du personnel civil, et quelle proportion relève du personnel militaire.
Au nom des membres du comité, je tiens à vous remercier tous les trois d'avoir participé à notre étude, qui porte sur une question très importante et très opportune que nous prenons tous très au sérieux. Je vous remercie de vous consacrer à contribuer au rétablissement des hommes et des femmes qui ont bravement servi le pays et qui composent avec le stress découlant des blessures qu'ils ont subies dans le cadre de leurs fonctions.
Je suis particulièrement reconnaissant à Mme Hull et à Mme Vandergragt d'être venues ici aujourd'hui et d'avoir parlé du recours aux animaux — surtout à cette bête majestueuse qu'est le cheval — au moment d'aider nos militaires à recouvrer la santé, à être plus fonctionnels au sein de leur famille et à être en mesure de surmonter le stress qu'ils ont subi.
Colonel McLeod, je suis certain que nous allons nous revoir. Peut-être même la semaine prochaine, d'après ce que je crois comprendre.
Sur ce, je suis prêt à recevoir une motion d'ajournement.
Une voix: J'en fais la proposition.
Le président: La séance est levée.