:
Merci beaucoup, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. Je suis heureuse de vous revoir.
[Français]
Bienvenue.
[Traduction]
Je vous remercie pour l'occasion que vous m'offrez de comparaître, avec mes homologues des Affaires étrangères et du Commerce international, dans le cadre de votre étude sur la disponibilité opérationnelle des Forces canadiennes.
Je sais que, pendant vos travaux, vous avez entendu les témoignages d'un certain nombre de cadres et d'officiers supérieurs des Forces canadiennes sur la signification de la disponibilité opérationnelle du point de vue militaire: du développement des capacités à l'emploi de ces mêmes capacités lors d'opérations, en passant par la coordination de l'instruction et de la maintenance nécessaires pour assurer leur agilité et leur souplesse au besoin.
[Français]
J'espère que cette masse de renseignements, en particulier les témoignages des chef et vice-chef d'état-major de la Défense, aura servi aux membres du comité à cimenter quelques points clés portant sur la disponibilité opérationnelle.
[Traduction]
J'espère qu'on vous a dit que la disponibilité opérationnelle est un objectif distinct. C'est une activité spécifique.
La disponibilité opérationnelle est une tâche complexe, qui exige qu'on soit prêt à toutes les éventualités, par exemple à intervenir avec telle rapidité, à telle échelle, avec tels moyens, pendant tant de temps. Pour définir et façonner la disponibilité opérationnelle, il faut un effort pangouvernemental ainsi qu'une conscience partagée du contexte stratégique global.
Pour le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes, le contexte stratégique global de la disponibilité opérationnelle est saisi dans la Stratégie de défense Le Canada d'abord. Je sais que vous en avez entendu amplement parler par d'autres témoins qui sont venus ici.
Cette stratégie fixe les visées du gouvernement en matière de disponibilité opérationnelle en donnant aux Forces canadiennes des orientations claires sur les missions qu'elles doivent être en mesure de mener. Elle énonce trois grands rôles pour nos forces armées, c'est-à-dire: défendre le Canada; être un partenaire solide et fiable dans la défense de l'Amérique du Nord; faire preuve de leadership à l'étranger en contribuant à la paix et à la sécurité internationales.
La Stratégie décrit également les missions quotidiennes essentielles que les Forces canadiennes doivent être en mesure d'exécuter, ainsi que la souplesse qu'elles doivent maintenir pour relever un large éventail de défis.
[Français]
Plus précisément, le gouvernement détermine ses investissements dans les Forces canadiennes et ses attentes à leur égard en fonction de la capacité d'exécuter l'une ou l'ensemble des missions principales suivantes, parfois simultanément au besoin.
[Traduction]
Cela comprend l'exécution quotidienne d'opérations nationales et continentales, notamment par l'entremise du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord; la prestation de soutien dans le cadre d'un événement international important au Canada, comme les Jeux Olympiques de Vancouver de 2010; la riposte à une attaque terroriste importante; l'appui accordé aux autorités civiles en cas de crise au Canada, y compris en cas de catastrophes naturelles; la direction ou l'exécution d'une opération internationale importante et prolongée, comme en Afghanistan; ou, encore, le déploiement de forces en cas de crises de courte durée à l'étranger.
C'est une gamme très large d'attentes. Je pense qu'il est juste de dire que, à tous les points de vue, les Forces canadiennes ont su y répondre exceptionnellement pendant la période très mouvementée que nous avons traversée depuis la publication de la stratégie, en 2008. Dans son témoignage devant vous, le général Natynczyk a cité en exemple, je pense, l'année 2010 pour décrire comment les Forces canadiennes ont exécuté ces tâches simultanément. Il a expliqué leur mission à Kandahar, leurs opérations majeures à l'appui des Jeux Olympiques de Vancouver et leur capacité de livrer des fournitures et du personnel à Haïti en moins de 24 heures, après le séisme catastrophique que l'on connaît.
Pour ma part, j'ai parlé de la même manière du printemps de l'année dernière. Même quand les Forces canadiennes menaient de front trois opérations en Afghanistan (la clôture des opérations de combat, le vaste mouvement logistique d'équipement et de militaires et la mise en place de notre mission de formation dans le nord de ce pays), nous avons été en mesure de jouer un rôle de premier plan en Libye et de prêter main-forte aux populations du Manitoba, du Québec et de l'Ontario. Il s'agit de réalisations très impressionnantes.
Ces succès découlent de plusieurs facteurs. Ils sont d'abord attribuables à la planification, à l'établissement de priorités et à la mise à niveau des Forces canadiennes. Je pense que mes collègues militaires vous l'ont expliqué en détail.
Ensuite, cette réussite reflète l'efficacité de l'équipe de la défense intégrée, dans laquelle de nos soldats et des employés civils de la Défense nationale travaillent en étroite collaboration.
En outre, cette réussite est attribuable à la contribution de notre équipe aux approches pangouvernementales aux missions à l'étranger et au pays, qu'il s'agisse de travailler avec la Sécurité publique et ses organismes, pour l'intervention au cours d'inondations ou de feux de forêt, ou de collaborer avec Affaires étrangères et Commerce international Canada dans le cadre d'engagements à l'échelle mondiale.
Enfin, cette réussite concerne notre efficacité dans notre rôle de partenaire mondial, par le biais de l'ONU, du NORAD, de l'OTAN et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ainsi que dans les Amériques, l'Asie-Pacifique, le Moyen-Orient et ailleurs.
Pour appuyer ce niveau d'engagement mondial, nous savons que pour être prêts, il faut établir de réels partenariats internationaux et bien connaître la situation mondiale. Cela constitue en grande partie le rôle du groupe de la politique à la Défense nationale. Dans ce ministère, nous disposons d'un réseau de plus de 30 attachés militaires qui représentent le Canada dans près de 140 pays, qui affirment la présence du Canada à l'étranger et qui utilisent les locaux et les moyens extraordinaires de nos ambassades canadiennes.
Nous disposons également d'un programme d'instruction et de coopération militaires qui, au moyen d'un processus interministériel, fixe et aligne ses priorités avec les objectifs de la politique étrangère et nous permet de cibler l'instruction pour renforcer nos capacités dans une soixantaine de pays et tisser des liens avec eux.
Nous offrons un large éventail de programmes d'échange de militaires et d'engagements par l'entremise de la Marine et de l'Aviation royales canadiennes ainsi que de l'Armée canadienne, de même que par l'entremise du juge-avocat général et de notre chef du personnel militaire. Nous nous assurons d'utiliser tous les outils mis à notre disposition en matière de relations de défense afin de favoriser notre disponibilité opérationnelle pour pouvoir intervenir aux moments et aux endroits où il sera nécessaire de le faire.
Comme je l'ai mentionné, je crois que les réalisations des Forces canadiennes en disent long sur notre disponibilité opérationnelle au pays et à l'étranger ainsi que sur la qualité de notre travail d'équipe pangouvernementale intégrée.
[Français]
Si vous avez des questions, je serai ravie d'y répondre.
[Traduction]
Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de m'adresser au comité.
À l'heure actuelle, bon nombre des problèmes de sécurité les plus urgents sont le résultat de guerres ou de troubles civils à l'intérieur d'un pays ou d'une région, et la fragilité de l'État a souvent pour effet de les aggraver. Par fragilité de l'État, j'entends l'incapacité de l'État ou son absence de volonté de faire respecter l'état de droit et de fournir des services essentiels à sa population.
Environ 15 p. 100 des États, dont la population totalise un milliard d'habitants, sont touchés. Les conséquences humaines peuvent être terribles. Les États fragiles servent souvent de plaque tournante à la criminalité transnationale organisée, à la piraterie, au terrorisme et à la prolifération des armes et ils sont à l'origine de violences contre des populations vulnérables. Le phénomène a également un coût pour le système international; on l'estime à quelque 270 milliards de dollars par année.
Lorsque le gouvernement du Canada décide d'agir face à une telle insécurité, il utilise différents outils. Ceux qu'offre mon ministère sont notamment les suivants: l'engagement diplomatique, qui passe par une diplomatie préventive et des efforts de médiation; le soutien à des sanctions économiques, y compris des contrôles à l'exportation; le déploiement de civils et, parfois, d'experts militaires, de façon bilatérale, dans des domaines tels que l'observation électorale, la réforme juridique et constitutionnelle, les activités de police; les frontières, les services pénitentiaires, la formation des forces armées étrangères; enfin, le soutien financier et le déploiement d'experts à l'appui d'opérations de paix internationale.
Dans cette gamme d'engagements qui vont de la sécurité douce à la sécurité dure, la coopération avec le ministère de la Défense nationale fait absolument partie intégrante de nos efforts. Nous avons appris que l'intervention en cas de conflits nécessite, presque dans tous les cas, l'adoption d'une approche pluridimensionnelle et une coopération étroite entre les civils et les militaires.
[Français]
Parlons d'une leçon primordiale qu'on a apprise en Afghanistan. Nous, l'équipe ici, de façon personnelle, et le Canada, en tant que gouvernement, avons beaucoup appris sur l'intégration des efforts civils et militaires dans des États fragiles et en conflit, comme l'Afghanistan, Haïti au lendemain du séisme et les deux Soudans. Nous avons aussi pris conscience de l'importance de la cohérence et de la coordination des efforts, tout particulièrement dans le contexte de l'Afghanistan, comme je viens de le dire.
En effet, l'Afghanistan nous a amenés pour la première fois à élaborer des priorités stratégiques communes, assorties de paramètres très concrets. Par la concertation en matière de planification, de leadership, de partage de renseignements — ici, à Ottawa, ainsi qu'en Afghanistan, y compris au Sud, à Kandahar —, d'attribution des ressources et de communications, nous avons élaboré une stratégie unique et complètement intégrée. De plus, les exercices mixtes de formation et de préparation au déploiement ont augmenté considérablement pendant l'engagement du Canada à Kandahar. Ils ont aidé à mettre en contact les principaux acteurs et à harmoniser les cultures institutionnelles.
En Afghanistan, on a appris beaucoup de leçons, mais des leçons continues. Nos efforts civilo-militaires continuent d'aider au développement des forces de sécurité afghanes, d'autant que le Canada est le deuxième contributeur à la Mission OTAN de formation en Afghanistan, composée à la fois d'instructeurs militaires et de membres de la police civile.
[Traduction]
Dans le cas des opérations de paix, un autre exemple est que la présence d'experts civils aux côtés du personnel de défense peut s'avérer cruciale. Ainsi, des experts civils aident à renforcer la capacité du gouvernement hôte à assurer la sécurité, la gouvernance, le développement économique et la primauté du droit. Ils peuvent ainsi remonter jusqu'aux causes premières de l'insécurité, mais ils peuvent également travailler aux côtés des militaires pour s'attaquer aux conséquences de la fragilité de l'État. Actuellement, nous déployons du personnel du gouvernement du Canada dans huit opérations de paix des Nations Unies, c'est-à-dire en tout, en date du 28 février, 42 militaires, 164 agents de police et 17 spécialistes des Services correctionnels. Il s'agit uniquement d'opérations de paix des Nations Unies, à l'exclusion de la Force internationale d'assistance à la sécurité, etc.
Le ministère des Affaires étrangères collabore étroitement avec des partenaires, notamment la Défense nationale, la GRC, les Services correctionnels du Canada et Justice afin de coordonner les déploiements de façon à mettre en valeur les compétences particulières des Canadiens. On veille à les faire concorder avec les tâches fondamentales de la mission. Notre apport est donc spécial.
Un exemple est la République démocratique du Congo où des experts civils canadiens collaborent avec la mission de l'ONU afin de fournir une assistance technique aux autorités militaires et civiles congolaises pour leur permettre de faire enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, y compris les violences sexuelles, et de poursuivre en justice leurs auteurs.
Le Canada fait partie des 10 principaux bailleurs de fonds du maintien de la paix aux Nations Unies, de sorte que nous souhaitons nous assurer qu'une formation, une coordination et un partage des responsabilités judicieux rendent ces opérations de paix pluridimensionnelles le plus efficaces possible. À cette fin, nous employons un certain nombre de moyens dont nous pourrons parler pendant la période de questions. Ils comprennent le soutien financier des déploiements de civils, comme je l'ai mentionné.
L'un de nos outils importants contre la fragilité est notre groupe de programmes internationaux à l'appui de la sécurité. Nous les gérons aux Affaires étrangères, mais nous collaborons avec le reste du gouvernement par le déploiement d'experts dans tout l'appareil étatique, comme je l'ai dit. Nous insistons donc sur la sécurité de l'État et la justice, en neutralisant et en confinant les armes de destruction massive, en formant les policiers et les garde-frontières et en contribuant à raffermir les droits des citoyens à obtenir réparation contre l'injustice. Ce sont des moyens qui aideront à prévenir les conflits, mais, au lendemain d'un conflit, ils sont également importants pour stabiliser la situation.
Permettez-moi de citer quelques exemples, après quoi, monsieur le président, j'aurai terminé.
Les Amériques, Haïti, l'Amérique Centrale et la Colombie figurent en tête des priorités de notre engagement à l'égard de la sécurité, pour un certain nombre de raisons. Cela concerne directement les intérêts canadiens en matière de sécurité. Beaucoup de problèmes transnationaux que pose le crime organisé en Amérique centrale ont des répercussions jusqu'aux frontières canadiennes. Ils menacent également les intérêts canadiens en matière d'économie et de sécurité dans ces régions. Ils font également partie des responsabilités que nous partageons avec le Mexique et les États-Unis, dans le cadre de cet important partenariat que nous avons besoin de maintenir.
Un deuxième exemple se trouve au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi que dans les changements que connaît le monde arabe depuis quelques années. Nous avons réagi par la voie diplomatique et par l'instauration de programmes, en plus de quelques interventions militaires en Libye, dont nous pourrons parler également. Mais, en corollaire, dans toute la région, nous appuyons toute une gamme de programmes de réduction de la menace que posent les armes de destruction massive, en Libye, par exemple, et de destruction des armes chimiques.
[Français]
Finalement, parlons de la coopération en matière d'affaires étrangères et de défense.
Comme je viens de le dire en introduction, notre coopération étroite avec le ministère de la Défense nationale constitue un élément fondamental de l'engagement de notre ministère dans les matières relevant de la sécurité, mais aussi de toute la gamme de la sécurité.
[Traduction]
En Libye, pour dégager un consensus politique entre 28 alliés et amener les autorités militaires à planifier et à déployer des ressources en un temps record, une coordination très étroite s'est révélée nécessaire. Comme je l'ai dit, la réaction de l'OTAN à la situation libyenne s'est faite dans un temps record. Un autre exemple — que nous pourrons approfondir pendant la période de questions — a été la réponse qui a fait suite au séisme survenu à Haïti. Elle a été complètement intégrée. Le séisme est survenu après 17 heures. Le lendemain matin, à 7 heures, une équipe complètement intégrée était prête à se rendre sur place à partir de Trenton. Je pourrais citer quelques autres exemples.
Bref, nous collaborons avec le ministère de la Défense nationale. À cette fin, nous partageons depuis peu entre nous une partie de nos secteurs d'activité. Il y a toujours possibilité d'amélioration, et nous nous améliorons sans cesse, mais, désormais, c'est le genre de partenariat que nous avons. Il n'y a pas seulement nous à la Défense, mais toute la gamme des institutions chargées de la sécurité, notamment les services de renseignements, la GRC, Corrections Canada, etc. Cela se situe au coeur de notre activité et cela se révèle dans nos engagements bilatéraux et multilatéraux.
Merci beaucoup.
:
Nous allons d'abord parler de ce que nous faisons pour évaluer le contexte de sécurité. Nous traiterons ensuite brièvement de quelques-unes des grandes menaces et des régions du globe que nous surveillons. Puis Jill vous parlera du contexte mondial du point de vue de la défense et de la préparation des Forces canadiennes.
Tout ministère des Affaires étrangères a pour mandat primordial de suivre les tendances planétaires pour voir ce que l'avenir nous réserve en matière de conflits. C'est ce que nous faisons par l'entremise de notre réseau de missions à l'étranger, de bureaux régionaux et de centres administratifs. Dans mon secteur, nous nous intéressons à la stabilisation, aux droits de la personne, à la prolifération des armes de destruction massive, aux armes conventionnelles, au terrorisme et à la criminalité transnationale organisée. Nous avons une méthodologie pour suivre l'évolution de la situation dans les cas pouvant exiger une intervention canadienne lorsque les choses risquent de mal tourner, notamment parce qu'un État devient plus fragile. Lorsque je parle d'intervention canadienne, je ne pense pas nécessairement à une mobilisation militaire en bonne et due forme. Nous avons un éventail de mesures que nous pouvons mettre en oeuvre pour assurer concrètement la sécurité ou y contribuer de différentes manières. Tout dépend de l'endroit et de la nature du problème.
Nous avons un cadre d'analyse pour les situations où un État devient extrêmement fragile. Nous cherchons à déterminer s'il y a de fortes tensions sociales, des affrontements armés, une criminalité latente, et si les instances locales ont les moyens pour réagir en pareille situation, si le gouvernement respecte les normes internationales de base en matière de droits de la personne ou de primauté du droit, et si le dénuement est profond et répandu dans toute la population. Dans l'affirmative, nous concluons que l'État est extrêmement fragile et qu'une intervention de notre part est assurément envisageable.
Nous nous interrogeons ensuite sur le moment où il faudrait intervenir. Y a-t-il menace directe ou indirecte pour le Canada? Y a-t-il une alliance ou une opération multilatérale à laquelle le Canada serait censé contribuer? Il est avantageux pour nous d'établir des réseaux semblables et de promouvoir la primauté du droit. Nous a-t-on demandé d'intervenir? Sinon, et si une intervention militaire s'impose, existe-t-il des fondements juridiques la justifiant? Il n'y a pas une liste unique de questions. C'est tout un cadre analytique. Lorsque nous surveillons une situation qui s'envenime, nous ne procédons jamais seuls à cette analyse. Nous le faisons avec le ministère de la Défense nationale, l'ACDI et les autres intervenants du portefeuille international. Il existe toute une série de mécanismes à cette fin selon le problème en cause.
Parallèlement à cela, je travaille avec les différentes instances responsables de la sécurité nationale afin de surveiller les menaces directes pour le Canada. Par exemple, en quoi nos frontières sont-elles touchées par la criminalité transnationale en Amérique centrale? Une fois que nous savons ce qui arrivera à nos frontières et la provenance de ces arrivages, nous pouvons étendre nos programmes. Nous étendons nos interventions pour essayer de régler les problèmes à la source. En d'autres termes, nous repoussons nos frontières. Si nous apprenons qu'un port d'Amérique centrale est un lieu de passage important pour les drogues, nous allons offrir un entraînement militaire à certaines forces de cette région pour contrer le trafic de stupéfiants et surveiller les routes maritimes. Nous assurons la formation des gardes-frontières en collaboration avec l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous pouvons aussi contribuer à la formation des policiers. Nous avons toute une boîte à outils à notre disposition. C'est ainsi que nous procédons.
Il est difficile de dresser une liste complète. Chacun a sa propre liste des États fragiles. Le Comité d'aide au développement de l'OCDE a la sienne. Je crois qu'on y retrouve une trentaine d'États. Je ne vais pas prétendre que nous sommes à l'affût de toutes ces situations, mais je peux vous dire qu'il y a certains cas récurrents. L'Amérique centrale attire particulièrement notre attention, et ce sera le cas pendant longtemps encore. Certains résultats extraordinaires ont été obtenus dans cette région. À court terme, nous avons nos priorités qui sont l'Afghanistan, le Soudan et Haïti. C'est ce qui nous attend pour les prochaines années. Je vous cite ces pays-là, mais il y a d'autres régions du globe où nous surveillons l'évolution de la situation.
Comme je le disais précédemment, le Canada s'est choisi un créneau d'intervention. Nous sommes efficaces dans la formation des forces supérieures de police. Nous avons de bons programmes pour contrer la prolifération. Nous excellons dans l'entraînement militaire.
C'est donc le contexte global de notre surveillance des régions sensibles de la planète.
:
Monsieur le président, puis-je ajouter quelque chose? Merci.
Merci, monsieur Strahl.
À quoi devons-nous nous préparer? À l'incertitude. Et je ne vous donne pas cette réponse à la légère. Il vous suffit de regarder les actualités. Qui aurait cru qu'il nous faudrait être prêts à déléguer un ministre des Affaires étrangères en Birmanie, et qui savait qu'il fallait se préparer à une série de révolutions dans le monde arabe? On peut vraiment parler d'incertitude.
Suivant la stratégie de défense Le Canada d'abord, nous devons en fait être prêts à toutes les éventualités. Vous avez parlé de menaces et de points vulnérables. Il faut bien évidemment savoir que ces points vulnérables peuvent très rapidement devenir des menaces.
Nous essayons sans cesse de prévoir. On nous a demandé de tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité des Canadiens au pays; de veiller à être prêts à intervenir pour nos partenaires continentaux, pour les États-Unis, ce qui comprend, comme l'indiquait Kerry, la surveillance de ce qui se passe dans le reste du continent; et de nous assurer de faire le nécessaire ailleurs dans le monde.
Vous avez demandé s'il nous fallait être prêts à des interventions de grande envergure. Malheureusement, nous vivons à une époque surtout marquée par l'incertitude et l'instabilité. Toute nos anciennes certitudes ont été chamboulées. Nous nous préparons donc en prévision d'à peu près tout ce qui risque d'arriver, à partir des traditionnels conflits armés, car il n'y en a encore dans le monde comme nous avons pu le constater dans le cadre de nos interventions en Libye et en Afghanistan, jusqu'à ces nouveaux enjeux dont vous avez parlé, comme les menaces cybernétiques ou asymétriques. Il faut être prêt à tout.
Il faut surtout se demander comment on va se préparer et quel est notre niveau d'ambition par rapport à notre capacité d'intervention. C'est là qu'on en vient à se dire que l'on ne peut pas tout faire tout le temps. C'est impossible même pour les États-Unis. Mais comment offrir les capacités recherchées dans certains créneaux? Comment veiller à offrir des solutions intégrées qui ne se limitent pas à l'aspect militaire? En effet, dans bien des cas, notre aide la plus précieuse découle d'une intervention précoce grâce à l'assistance au développement, l'efficacité diplomatique, la contribution de l'Agence des services frontaliers, voire des Services correctionnels. Les forces militaires représentent un outil extrêmement sophistiqué qui est aussi fort coûteux. On ne veut donc les déployer que lorsqu'on en a vraiment besoin.
J'essaie de vous répondre le plus franchement possible.
:
Merci, monsieur le président.
Il est intéressant que Christine ait noté que nous accueillons un groupe de témoins entièrement féminin en cette Journée internationale de la femme. Vous ne trouverez pas la réponse à ma question dans vos notes d'information. Elle porte essentiellement sur la valeur stratégique des femmes en mission au sein de certaines sociétés. Je crois qu'on peut établir un lien direct entre la fragilité d'un État et l'oppression des femmes. La corrélation n'est pas parfaite, mais on s'en approche considérablement.
L'intégration de femmes à notre corps diplomatique, à nos forces militaires et à l'ACDI n'est qu'un élément de l'équation. Il est aussi intéressant de noter que leur seule présence dans ces États fragiles, ces pays d'intervention, est à l'origine d'un débat sur le rôle des femmes dans ces sociétés. En toute franchise, il arrive parfois que cette présence des femmes suffise à irriter, à bien des égards, l'ordre établi dans ces pays. Il s'ensuit que, non seulement les instances locales doivent réagir à votre simple présence, mais celle-ci a également pour effet d'alimenter le débat dans l'ensemble de la société. Les dirigeants du pays doivent alors expliquer les motifs pour lesquels les femmes sont exclues du processus décisionnel et de toute participation active à l'égard des enjeux nationaux.
J'aimerais bien savoir ce que vous pensez de la valeur stratégique de la présence de femmes en mission au sein des Forces canadiennes, du corps diplomatique canadien et de l'ACDI, par rapport à toute la problématique de l'oppression des femmes.
J'aimerais tout particulièrement connaître votre point de vue au sujet des annonces récentes de M. Karzai. Nous avons investi des milliards de dollars dans ce pays et je présume que nous y avons été dûment représentés par nos meilleurs éléments, mais il semble tout de même y avoir régression. Alors, quelques mots seulement sur la présence de nos femmes dans ces sociétés, notamment en Afghanistan, mais peut-être ailleurs également.
:
Celles qui ont osé aller là où l'Homme n'était jamais allé auparavant.
Des voix: Oh, oh!
Mme Kerry Buck: Désolée.
Concernant la valeur stratégique des femmes, j'aurais trois éléments à vous soumettre, fruit de mes réflexions après plus de 20 ans de travail pour la paix et la sécurité.
Les femmes sont un peu comme les canaris dans la mine de charbon. Dans des situations de fragilité de l'État et de transition politique, regardez la place que les femmes occupent au sein de la société et vous pourrez presque prédire la tournure des événements et les conséquences différentes qui s'ensuivront pour les femmes.
Une grande quantité de travail a été accompli au Canada et ailleurs dans le monde relativement aux situations difficiles que peuvent vivre les femmes. Malgré tous ces efforts, la violence sexuelle en situation de conflit perdure à une fréquence alarmante. Nous prenons des mesures pour contrer ce fléau, mais nous devons intensifier nos efforts.
Dans bon nombre d'États fragiles, les femmes sont les moteurs économiques des secteurs agricoles, du marché invisible, et ce sont les secteurs affectés au premier chef en cas de conflit. Elles doivent en outre s'occuper davantage de leur famille, ce qui fait qu'elles sont touchées plus durement du point de vue économique.
Les femmes sont donc comme les canaris dans la mine de charbon. En évaluant leur situation, vous serez mieux à même de déterminer à quel point un pays va se détériorer et dans quelle mesure les femmes seront affectées, car elles sont souvent les plus mal en point.
J'aime bien l'idée que les femmes puissent servir à la fois de modèles et d'irritants auprès de l'ordre établi dans les États fragilisés. Selon moi, ce ne sont pas les femmes occidentales comme nous qui se présentent dans ces pays pour bousculer l'ordre normal des choses qui sont le principal facteur de changement. Ce sont plutôt les femmes des pays en question, et c'est une constatation vraiment importante.
J'ai rencontré — et Chris pourrait vous en parler également — certaines députées afghanes très compétentes, mais chaque fois que je retournais à Kaboul, j'en rencontrais de nouvelles ainsi que des policières différentes à Kandahar. Pourquoi donc? Parce que certaines avaient été assassinées depuis mon dernier voyage là-bas. Cela n'empêchait pas d'autres femmes de se présenter aux élections ou de vouloir devenir policières à Kandahar. Elles font preuve d'un courage tout à fait remarquable. Nous ne pouvons même pas nous comparer à ces femmes qui agissent comme chefs de file, les Égyptiennes de la place Tahrir, etc. Nous voyons que les femmes sont à l'avant-garde de ces changements, et ce sont également elles qui sont les plus vulnérables dans des endroits comme l'Afghanistan. Mais je crois personnellement qu'il faut aussi éviter de les mettre sur un piédestal.
Lors des pourparlers pour la paix d'Arusha à la suite du génocide rwandais, je me souviens d'une ministre tanzanienne qui affirmait avec conviction que le génocide n'aurait jamais eu lieu si le Rwanda avait été dirigé par des femmes. Une Rwandaise est alors intervenue pour soutenir le contraire; des femmes avaient participé au génocide.
Nous devons donc aborder ces questions avec prudence. Les femmes font partie intégrante de la société. Ce ne sont pas toujours elles qui apportent la paix. Lorsque nous planifions une intervention intégrée dans un pays, nous devons prendre en considération les différents rôles que les femmes y jouent, notamment sur la scène politique.
Concernant l'annonce récente de M. Karzai, nous lui avons répliqué assez vertement il y a quelques années lorsqu'il se vantait des progrès réalisés dans son pays et notamment des 300 000 fillettes qui fréquentaient l'école. Certaines de ses prises de position politiques sont inacceptables, et nous l'avons exprimé très clairement à ce moment-là. Nous suivons de très près le dossier actuel pour voir s'il y aura des suites ou s'il s'agit de simples élucubrations.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Par votre entremise, j’aimerais remercier les témoins d’être venus.
Je suppose que je suis le produit d’un différent ordre de gouvernement. Donc, avant de poser ma question, je vais simplement dire qu’il est bien d’affirmer que nous accomplissons certaines choses mais, ensuite, dans mon univers, on découvre que tous les problèmes qui sont survenus étaient liés à un manque de communication directe.
Ma question s’adresse principalement au MAECI et concerne sa relation avec les FC. Mais ce pourrait être l’inverse. Pour être plus précis, compte tenu de la nature et de la portée des responsabilités que vous assumez dans la planification et l’exécution des efforts de reconstruction dans des États qui ont connu des bouleversements, qu’ils soient liés à une catastrophe naturelle ou à une crise politique, quelle relation entretenez-vous avec les représentants officiels de la Défense nationale? Comment coordonnez-vous vos efforts avec vos homologues de la Défense nationale afin d’assurer une prestation efficace des services?
C’est bien de dire que vous le faites, mais comment vous y prenez-vous? Vous réunissez-vous fréquemment? Le fait de mentionner qu’on envoie une note de service est une chose, mais quelqu’un doit la lire. Vous devez vous assurer que cela a été fait. Quel est le mécanisme officiel prévu à cet effet? Je vous demande de m’expliquer comment vous procédez.
Je vais peut-être poser la question à Mme Buck, à Mme Gervais-Vidricaire, puis à Mme Sinclair.
:
Eh bien, il y a des structures officielles. J’y arrivais mais, auparavant, je tentais simplement d’expliquer la culture.
En ce qui concerne les États fragiles, un comité de sous-ministres portant sur les États fragiles en conflit se réunit régulièrement. C’est un comité mixte auquel l’ACDI, le MDN et nous participons. Ensuite, il y a des conseils de gouvernance pour les services de police canadiens, par exemple, ou pour le GTSR, bien sûr, etc. Le MDN participe à ces discussions.
Pour ce qui est des opérations militaires particulières, nous constituons des groupes de travail structurés pour gérer des interventions précises. Pour l’Afghanistan, nous avions un groupe de travail intégré.
Ils sont utilisés de différentes manières. Par exemple, dans le cas de la réponse au tremblement de terre en Haïti, le groupe de travail, composé du MDN, de l’ACDI, de nous et d’une variété d’autres personnes provenant de divers organismes gouvernementaux, se réunissait trois fois par jour au début.
Ces groupes de travail sont différents et très structuré.
Je n’entrerai pas dans tous les détails mais, lorsqu’il s’agit d’interagir avec l’OTAN, NORAD, etc., nous disposons de quelques comités très structurés qui nous permettent de concevoir des projets intégrés. Ces comités sont structurés tant au Canada que chez nos partenaires. Puis, nous maintenons toute une série de dialogues politico-militaires ou uniquement militaires avec d’autres pays et nos principaux partenaires. Nous soutenons ces dialogues ensemble, et nous assumons tour à tour la présidence de ces comités. Parfois, nous partageons ce rôle, selon le comité en question.
Nous laissons cent fleurs s’épanouir.
:
Merci, monsieur le président. Par votre entremise, j’aimerais remercier infiniment nos témoins de leur présence aujourd’hui.
Mme Sinclair a bien réussi, selon moi, à montrer que la stratégie de défense Le Canada d’abord servait de fondement à la disponibilité opérationnelle. Mais je dois admettre que je trouve toujours que la stratégie ne permet pas de mesurer la disponibilité ou d’évaluer celle-ci ou n’importe quelle opération, d’ailleurs, de manière satisfaisante.
En fait, vous me l’avez confirmé aujourd’hui lorsque vous avez dit que cela signifiait que nous devions être prêts à affronter des conditions incertaines et, par conséquent, être prêts à toute éventualité.
À mon sens, cela semble trop difficile à appliquer.
Madame Buck, dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé d’assurer le suivi des programmes d’analyse. Mais je me demande sur quoi reposent toutes ces activités sur le plan politique. À l’instar de la Défense nationale, utilisez-vous la stratégie de défense Le Canada d’abord pour justifier sur le plan politique les activités que vous exercez? Voilà la première partie de ma question.
Peut-être pourriez-vous consacrer un peu de temps au maintien de la paix dans votre réponse. Certains témoins qui ont comparu devant nous et des experts — je pense que nous en conviendrons tous — hors de ces murs ont déploré notre manque de participation aux opérations de paix, alors que vous avez parlé ici de notre participation à celles-ci. Ils ont même laissé entendre que nos Casques bleus ne rempliraient même pas un autobus scolaire de nos jours. Notre capacité de participer à des missions de maintien de la paix a pratiquement disparue. Nous ne disposons plus de personnel formé pour maintenir la paix, et nous ne possédons même pas le matériel nécessaire pour participer à des opérations de paix.
De plus, je me demande si vous pourriez nous dire ce que vous pensez de notre état de préparation pour des opérations de paix et de notre capacité à déployer des forces de maintien de la paix en réponse aux problèmes rencontrés par certains de ces États fragiles.
Merci.
:
C'est très gentil de votre part. Merci.
Je voulais peut-être parler brièvement de nos interventions en cas de catastrophe naturelle. Lorsqu'un événement se produit — un tremblement de terre, une inondation, peu importe —, il y a ce qu'on appelle des instructions permanentes d'opération, qui ont été établies il y a quelques années et qui sont maintenant très bien reçues par les divers ministères.
Voici comment cela fonctionne. Nous surveillons la situation au MAECI. Si quelque chose survient, un message est certainement envoyé à tous les ministères. S'il s'agit d'une catastrophe importante, nous convoquons immédiatement une réunion de la force opérationnelle, à laquelle la Défense nationale participerait. Puis, s'il s'agit d'une catastrophe vraiment grave, comme celle que nous avons vue en Haïti, disons, une équipe interministérielle est envoyée pour évaluer les besoins, pour savoir s'il faut déployer l'EICC, ou pour connaître les besoins en matière d'aide humanitaire, etc. Tout cela se fait très rapidement. Ensuite, dans l'ensemble des ministères, on discute de la suite des opérations.
Je pense que c'est un exemple concret de la collaboration. Par exemple, j'ai eu l'occasion d'aller au Sri Lanka et en Indonésie après le tsunami. Là-bas, j'ai dirigé l'équipe de reconnaissance et j'ai pu voir directement à quel point cela fonctionne bien. Tout le monde savait ce qu'il avait à faire et connaissait son rôle. Je crois que nous avons vu là une grande réalisation. Les instructions ont été adoptées en 2003, je crois. Cela a eu une grande incidence sur notre fonctionnement. Au chapitre de la disponibilité opérationnelle, je pense que c'est une grande réalisation.
:
Ce problème existe depuis longtemps, non seulement dans le Nord de l'Ouganda, mais aussi dans le Sud du Soudan, et bien avant le référendum qui a divisé le Soudan pour créer un nouveau pays.
Il s'agit d'un problème grave que la communauté internationale essaie de résoudre depuis longtemps. Quelques progrès ont été réalisés, et nous avons employé plusieurs moyens pour y arriver.
Au fil des années, on a répété les efforts de médiation, pour la plupart discrets, en vue de convaincre les seigneurs de la guerre — car il ne s'agit pas seulement de Kony, mais de tout un réseau — d'abandonner le pouvoir. On a aussi mis sur pied des programmes visant à renforcer la sécurité, mais aussi la sensibilisation, dans certaines des collectivités où des enfants avaient été enlevés. Comme je l'ai dit plus tôt, les partenaires internationaux participaient aussi activement.
On s'est efforcé, en collaboration avec des partenaires internationaux, de récupérer les enfants et de les aider à réintégrer leur collectivité. De nombreux États ont contribué à cette entreprise, y compris des États de la région.
L'Ouganda n'est pas... Il existe quelques forces positives au sein du gouvernement de l'Ouganda avec lesquelles nous avons déjà tenté de collaborer — par exemple, la Commission des droits de la personne, etc. —, afin de régler le problème. On a réalisé certains progrès; la situation n'est pas désespérée. Cela passe, comme je l'ai dit, par nos programmes d'aide au développement et par ceux de nos partenaires, et par nos programmes axés sur la sécurité. Nous avons aussi recours à des instances diplomatiques, que nous finançons ou mettons sur pied nous-mêmes, selon le contexte.
:
Je pense qu’il faut aborder votre question dans une perspective générale, parce que la disponibilité opérationnelle en vue d’une intervention en Syrie doit inclure une gamme de facteurs.
Sommes-nous prêts sur le plan des sanctions? Oui. Le 25 janvier dernier, nous avons adopté une cinquième série de sanctions contre le régime Assad. Sommes-nous prêts sur le plan de l'aide humanitaire? Oui. Nous avons annoncé notre intention d’accroître l'aide humanitaire, et nous travaillons avec nos partenaires pour faire pression sur le régime Assad et assurer un espace humanitaire nous permettant d'offrir cette aide.
Sommes-nous prêts sur le plan de la diplomatie? Oui, dans la mesure du possible. J'ai deux commentaires à faire à ce sujet. D’abord, je trouve que la Ligue arabe joue un rôle de leadership très important — c’est presque un point tournant historique — et qu’il est crucial d'avoir, dans la région, des partenaires qui mènent l'offensive contre Assad.
Deuxième point: la réunion du groupe des Amis de la Syrie, à laquelle le ministre Baird a assisté à Tunis il y a deux semaines, est une coalition internationale très importante qui permet d’exercer plus de pression sur Assad, mais celui-ci semble avoir pris une décision stratégique qui va trop loin. Il s'accroche au pouvoir jusqu’à ce qu’il en soit chassé au prix d’une violence extrême. Voilà le contexte dans lequel on se trouve à l'heure actuelle. Par conséquent, les efforts de diplomatie que nous déployons visent à faire pression sur un homme qui est déjà acculé au pied du mur. De plus, nous avons de sérieuses réserves à l’égard de la Russie parce qu’elle n’a même pas permis au Conseil de la sécurité de l'ONU de condamner suffisamment la situation. Voilà donc le contexte dans lequel nous travaillons.
Pour ce qui est de la disponibilité opérationnelle des militaires, je me contenterai de faire valoir un point: la Syrie, ce n'est pas la Libye. Il s'agit d'une situation d'une ampleur complètement différente. Je n’en dirai pas plus. Pour le moment, nous mettons tous l'accent sur la voie diplomatique et nous exerçons des pressions extrêmes sur Assad et sur son régime.
:
Tout d'abord, en ce qui concerne le fait d'assurer le même niveau de déployabilité, nous veillons à ce que les civils soient prêts à être déployés. Quand il s'agit d'exercices d'entraînement comme ceux à Wainwright, on ne peut pas toujours fournir une formation intégrée à tout le monde; on doit faire des choix, parce qu'il y a un déséquilibre entre le nombre de militaires qui sont déployés et le nombre de civils. C'est ainsi que les choses se passent, et dans la plupart des opérations, c'est ainsi qu'elles devraient se passer. Alors, on évite, dans la mesure du possible, de s'absenter des séances de formation, mais cela arrive à l'occasion à cause de ces déséquilibres. On n'y peut rien.
Nous avons pris un certain nombre de mesures pour nous assurer que nos gens sont prêts. Par là, j'entends aussi les autres civils que nous aidons à coordonner dans l'ensemble du gouvernement.
Permettez-moi de vous parler de cinq mesures. Premièrement, le programme de sécurité nationale des Forces canadiennes est un programme de haut niveau qui dure 10 mois. Le tiers des participants sont actuellement des fonctionnaires, notamment — si je ne me trompe pas — quatre agents de notre direction générale. Nous y participons, nous aussi. J'y suis allée à quelques reprises pour offrir des cours de formation dans le cadre du programme. Il y a donc une intégration sur le plan de la formation.
Deuxièmement, comme je l’ai dit, les agents du Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction, qui relève du bureau de Marie, offrent régulièrement des cours aux militaires sur la collaboration et le leadership entre les civils et les militaires, non seulement dans ce programme, mais aussi dans d'autres.
Troisièmement, nous menons des exercices d’entraînement conjoints entre les organismes civils et les Forces canadiennes sur les interventions humanitaires en cas de catastrophes naturelles. Nous avons des listes de participants. Nous mettons à jour constamment des listes de personnes-ressources. Alors, si un autre grave tremblement de terre survient, tout le monde se connaît déjà. Ce n'est pas axé sur la personnalité. Nous connaissons les compétences et nous entraînons ces gens ensemble; ils sont donc au même niveau.
Quatrièmement, nous exécutons des exercices particuliers avec l’EICC sur ces mêmes aspects.
Cinquièmement, nous travaillons à institutionnaliser la liaison entre le MDN et le MAECI pour assurer une intégration de la culture organisationnelle.
Nous cherchons également à créer une approche plus systématisée pour nos déploiements civils, et c’est un travail qui suit son cours. Nous y travaillons depuis longtemps. Nous voulons faire en sorte que notre approche soit un peu plus systématisée, c’est-à-dire améliorer la structure de nos listes, reconnaître les compétences de nos gens et savoir quand passer au déploiement.
Allez-y, Marie.