Mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui, et aussi pour l'excellent travail que vous accomplissez en étudiant les soins offerts aux membres des Forces canadiennes qui sont malades ou blessés. Vous vous souvenez sans doute que j'ai déjà témoigné devant vous en novembre dernier avec le médecin chef, et je suis ravie d'être de retour.
Permettez-moi tout d'abord de vous parler un peu de mon expérience. J'ai travaillé à titre d'infirmière en santé mentale pendant neuf ans avant d'entreprendre des études de médecine. J'ai été psychiatre civile à l'Hôpital Mount Sinaï de Toronto et professeure adjointe à l'Université de Toronto pendant 10 ans, avant de venir vivre à Ottawa. J'ai d'abord accepté, en 2003, un poste de psychiatre civil à temps plein pour les forces militaires au sein de la clinique de santé mentale du Centre des services de santé des Forces canadiennes à Ottawa. En 2006, j'ai décidé d'entrer dans les Forces canadiennes.
Ma décision a été motivée en partie par mon désir d'être envoyée en mission en Afghanistan, et j'y suis allée en 2009 et 2010. À bien des égards, cette expérience a été le point culminant de ma carrière, mais à bien y penser, ces 10 dernières années passées au service de nos membres des forces armées, en uniforme ou non, ont globalement été le point saillant de ma carrière de psychiatre.
En plus d'examiner des patients, je suis gestionnaire du Centre de soins pour trauma et stress opérationnels depuis 2003 et, depuis que je suis entrée dans les Forces canadiennes, en 2006, je suis aussi la chef des services de santé mentale de la clinique d'Ottawa. Notre clinique, qui est considérée comme un porte-étendard, est la plus importante au Canada, et elle compte 35 cliniciens en santé mentale.
Compte tenu de mon expérience des systèmes de soins de santé civil et militaire, je vous avoue que je suis impressionnée, tous les jours, par le niveau d'accessibilité, la qualité des soins, la collaboration et la facilité de communication entre les diverses sections de notre système de soins de santé. Dans le milieu civil, je n'ai jamais eu le type d'accès que j'ai actuellement et je n'ai jamais pu établir des relations aussi étroites avec les médecins de famille. Chez nous, les médecins de famille sont à l'étage au-dessus du nôtre, et il n'est pas rare que je voie l'un de mes cliniciens aller en haut discuter de la situation complexe d'un patient avec l'un de nos médecins ou de leurs adjoints, ou encore avec un membre du personnel infirmier.
De plus, aux Services de santé mentale, nous travaillons en équipe multidisciplinaire. Les psychiatres, les psychologues, les travailleurs sociaux et les infirmières en santé mentale participent tous aux soins de chaque patient; nous avons aussi accès à des spécialistes de la toxicomanie, à un aumônier, à un pharmacien et, au besoin, à des gestionnaires de cas et à des personnes affectées au soutien par les pairs.
J'aimerais m'attarder quelques instants au Centre de soins pour trauma et stress opérationnels, le CSTSO d'Ottawa. Ce centre a été créé en 1999 en tant que clinique spécialisée au sein des services de santé mentale, afin de répondre aux besoins des militaires qui ont eu des problèmes de santé mentale à la suite des déploiements difficiles au Rwanda, en Somalie et en Bosnie.
Le CSTSO comprend une équipe multidisciplinaire composée de cliniciens très compétents, souples et créatifs qui évaluent, diagnostiquent et traitent les militaires qui leur sont référés pour des problèmes de santé mentale. Le CSTSO répond aussi aux demandes d'autres militaires de la chaîne de commandement ou, à l'occasion, d'organismes externes. Par exemple, pendant deux ans, soit de 2007 à 2009, avant la mise sur pied du CSTSO de Petawawa, les membres de mon équipe clinique tenaient des cliniques satellites trois semaines sur quatre afin d'aider à répondre aux besoins en santé mentale des militaires de la base.
En outre, pendant plus de 10 ans, le CSTSO d'Ottawa a organisé une semaine de réflexion sur les soins offerts aux dispensateurs de soins à l'intention de tous les aumôniers des Forces canadiennes revenus de missions au cours de l'année précédente.
Nous avons établi des partenariats avec plusieurs organisations à l'extérieur des Forces canadiennes, y compris des cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel d'Anciens combattants partout au Canada, et plus particulièrement avec notre clinique, ici, à l'Hôpital Royal Ottawa, avec lequel nous entretenons d'étroits rapports de collaboration. Des organisations homologues communiquent avec nous régulièrement, notamment la police provinciale, la GRC et, récemment, le Service des incendies d'Ottawa, afin d'obtenir des renseignements sur notre approche relative à des questions comme le stress provoqué par un incident critique, le suicide et la gestion de questions de santé mentale en milieu de travail.
Avant de terminer, j'aimerais parler d'une autre question importante. Je crois que lors d'un témoignage précédent, vous aviez demandé « qui aide les soignants? » C'est une question très importante, et j'espère que nous aurons l'occasion d'en discuter au cours de la prochaine heure. J'ai appris au cours de mes 10 années au sein des Forces canadiennes que ce qui est le plus important pour prévenir l'épuisement professionnel des cliniciens, c'est de travailler dans une équipe dont tous les membres offrent du soutien et ont des objectifs et des idéaux communs.
Je suis heureuse de pouvoir dire que nous appliquons largement ce principe à notre clinique.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, membres du comité, je voudrais vous remercier de me donner l'occasion de vous parler des alliances et des partenariats que les services de santé ont établi avec la communauté civile dans le domaine de la santé.
Tout d'abord, le Groupe des services de santé des Forces canadiennes est légalement responsable de fournir des soins de santé au personnel militaire canadien au pays et à l'étranger. Or, en raison de la fermeture des hôpitaux militaires au Canada, les Forces canadiennes dépendent de plus en plus d'une vaste gamme d'organisations civiles de services de santé afin de s'acquitter de cette responsabilité. En fait, il manque au groupe certaines composantes, ce qui le rend dépendant du réseau civil de la santé, avec lequel il doit établir des collaborations relativement à ces composantes. Par conséquent, la stratégie du Groupe des services de santé des Forces canadiennes repose sur des partenariats et des alliances avec des organisations civiles, puisque souvent, les services offerts dans le milieu civil constituent le seul moyen d'avoir accès à certains services de santé nécessaires.
En 2003, le Groupe des services de santé des Forces canadiennes a donc mis sur pied la Coopération civilo-militaire des services de santé des Forces canadiennes, ou COCIM SS. Il s'agit d'une capacité unique qui fournit une expertise sans équivalent dans le milieu civil. Cette section est composée d'un gestionnaire — j'ai occupé ce poste pendant les quatre dernières années —, qui travaille au quartier général du Groupe des services de santé des Forces canadiennes, à Ottawa, et de coordonnateurs, qui sont localisés dans leurs zones de responsabilité respectives.
De 2004 à 2008, j'ai travaillé en tant que coordonnatrice de la COCIM SS pour la région du Québec, un rôle que j'ai repris il y a trois semaines. De 2008 à avril dernier, j'occupais, comme je le disais plus tôt, le poste de gestionnaire nationale de cette équipe. Au cours de ces années, j'ai acquis une solide expérience de l'établissement et du maintien d'alliances civiles et militaires fortes et efficaces qui visent à assurer au personnel militaire malade ou blessé l'accès à des soins de grande qualité.
La COCIM SS facilite l'accès aux services de santé dans le secteur civil soit à titre de complément aux services offerts couramment dans les garnisons, soit à titre de service d'urgence en lien avec des opérations ou des exercices. En 2006, à titre de complément au soutien du Groupe des services de santé des Forces canadiennes à l'opération Athena, la COCIM SS a reçu le mandat de concevoir et de mettre en oeuvre une stratégie visant à assurer des soins aux soldats blessés ou malades dans les environnements des services de santé au Canada, par exemple des soins de courte durée ou de traumatologie dans les hôpitaux civils canadiens, des services de réadaptation, des services de santé mentale et d'autres services spécialisés comme les soins à domicile. Des efforts particuliers ont été faits pour créer des initiatives en santé mentale destinées aux militaires blessés ou malades et à leur famille.
La COCIM SS est également responsable de trouver des occasions d'éducation et de formation pour le personnel du Groupe des services de santé des Forces canadiennes dans les milieux civils anglophones ou francophones. À ce jour, la COCIM SS a négocié et officialisé 154 protocoles d'entente relativement à un programme majeur et obligatoire au sein des hôpitaux civils et des services ambulanciers. Ce programme a pour objectif de maintenir les compétences cliniques des fournisseurs de soins de santé des Forces canadiennes de manière à ce qu'ils puissent tous fournir des soins aux militaires blessés ou malades, tant au pays qu'à l'étranger.
Le ministère de la Défense nationale et le chef d'état-major de la Défense ont pour priorité les soins aux membres des Forces canadiennes blessés ou malades. Par ailleurs, le Groupe des services de santé des Forces canadiennes est fermement résolu à fournir des services de santé de la plus grande qualité qui soit au personnel militaire. À cet égard, les relations continues et fructueuses qui ont été établies avec le milieu civil des services de santé au Canada ainsi qu'avec d'autres ministères ayant un mandat de santé à l'échelon fédéral et provincial par l'entremise de la section que j'ai dirigée jouent un rôle déterminant pour donner suite à cette priorité.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et je remercie nos deux témoins d'être venus nous rencontrer.
Lieutenant-colonel Hébert, j'ai été très impressionné par votre curriculum vitae et par votre cheminement professionnel d'infirmière-psychiatre, et votre grade de lieutenant-colonel dans les Forces canadiennes, ainsi que les déploiements auxquels vous avez pris part.
J'ai bien aimé la manière dont vous avez décrit ce qui se passe ici, à Ottawa. Je ne doute pas qu'avec une équipe de 35 personnes dans votre centre-vedette, vous pouvez faire un excellent travail. Il y a néanmoins une chose qui m'inquiète: c'est que si vous avez une vedette, bien évidemment, tout le monde voudra la comparer à d'autres choses.
Vous avez parlé d'un programme spécial mené à Petawawa de 2007 à 2009. Je suis sûr que vous connaissez le rapport qu'ont préparé des cliniciens civils en avril 2012, il y a un an à peine, sur les mesures qui étaient prises en 2007 et 2009, et nous supposons que c'était ce qu'il y avait de mieux. À ce moment-là, de gros problèmes avaient surgi, et on s'était plaint que le programme du CSTSO manquait de ressources; qu'il n'y avait pas de spécialistes des dépendances médicales alors que 60 p. 100 des cas étaient liés à des formes de dépendance; que les délais d'attente étaient déraisonnables à la suite d'un diagnostic psychiatrique, et qu'il fallait quelqu'un d'autre; que les salaires n'étaient pas compétitifs aux postes offerts à l'extérieur; et qu'il n'y avait aucun incitatif pour pousser les gens à aller vivre là-bas. Vous êtes certainement au courant de toutes ces doléances.
On nous a dit qu'il y avait eu des améliorations. Nous n'en avons pas les détails. Cependant, ce que je voudrais savoir, c'est comment cela peut se produire? Si ces services ont été créés — et je n'en doute pas — et avec la capacité qu'on a ici, à Ottawa, comment cela peut-il arriver à Petawawa, où il y a tellement de soldats, tellement de gens qui reviennent de mission, et un effectif si vaste? Pourquoi ne pas offrir à ce groupe de soldats le même type de services et la même accessibilité, selon les mêmes normes, qu'ici, à Ottawa?
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Je vous remercie pour cette question.
Il y a deux volets à cette question. Tout d'abord, les délais d'attente, et les différences que j'ai constatées dans les souffrances des gens entre le début de ma carrière dans le domaine et maintenant.
J'ai donné l'exemple de l'Hôpital Royal Ottawa et du délai d'attente qui peut être de 12 mois dans le système de santé provincial comparativement à 12 semaines dans notre système. L'un des problèmes, pour bien des organisations dont vous parlez, c'est qu'elles relèvent du régime d'assurance-maladie. Elles relèvent du système de santé provincial, et elles n'ont pas leurs propres services internes de santé physique et mentale comme nous, dans l'armée; alors, c'est beaucoup plus difficile.
Nous avons créé des programmes qui nous permettent, par exemple, d'évaluer des membres de la GRC qui ont été déployés avec nous. Nous leur donnons la priorité, pour les évaluations. Ensuite, nous transmettons des recommandations à leurs médecins, pour qu'ils puissent commencer le traitement. C'est parce que dans le monde civil, il leur fallait beaucoup de temps avant d'obtenir les services et, bien entendu, ils avaient été déployés avec nous et avaient affronté le danger, comme les membres des Forces canadiennes.
Pour ce qui est des différences, c'est une excellente question. Je me rappelle de mes débuts au CSTSO, quand les membres des forces me racontaient leur histoire; il n'était pas rare qu'ils me disent qu'ils n'avaient pas dormi toute une nuit en 10 ans, depuis leur retour du Rwanda ou de la Somalie et que, presque toutes les nuits, ils faisaient des cauchemars.
Je dois vous avouer qu'en tant que psychiatre civile qui ne faisait que commencer à consulter ces gens, j'ai été abasourdie. Ça me semblait difficile à croire. Mais évidemment, ils ont été si nombreux à venir me voir et à me dire la même chose que j'ai compris qu'en fait, c'était vrai. Ces gens avaient souffert en silence pendant des années et des années, mais ils avaient continué de travailler et avaient fait preuve de stoïcisme. Souvent, je devais faire venir leur conjoint ou conjointe pour vraiment savoir combien ils souffraient, parce qu'ils ne voulaient pas trop en parler.
Maintenant, je vois surtout des gens qui, au bout de six mois ou un an après leur retour de mission, constatent qu'ils font encore des cauchemars ou qu'ils réagissent de façon exagérée à la surprise. Je pense qu'ils sont beaucoup plus disposés à se faire traiter. Il semble y avoir moins de préjugés associés à cela. Je crois que c'est, en partie, attribuable au fait que leurs conjoints et conjointes sont beaucoup plus sensibilisés maintenant. Ils ne les laissent plus s'enfermer pendant 10 ans dans leur sous-sol à boire de l'alcool. Ils disent: « Secoue-toi, va chercher de l'aide. »
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux pour votre présence.
Le lieutenant-colonel Grenier était ici il y a quelques semaines, et son témoignage était particulièrement saisissant et crédible en raison de ses propres expériences de problèmes de santé mentale. Si cette question est inappropriée, dites-la-moi, et nous passerons à autre chose. Il est parfois vrai que, lorsqu'on examine la situation du point de vue du patient, ce que l'on croit au sujet de la clinique, etc., est différent; l'opinion est peut-être moins bonne. Si c'est approprié, est-ce que l'une d'entre vous a déjà reçu des soins pour des problèmes liés à la santé mentale?
Une voix: C'est inapproprié.
L'hon. John McKay: Je leur ai donné le choix. Si, en fait, c'est inapproprié, dites-le, et je me ferai un plaisir de passer à autre chose. Cependant, c'est tout à fait pertinent, car vous avez parlé de l'épuisement des cliniciens, et c'est vrai.
Les témoignages nous proviennent surtout de personnes qui fournissent les services, ou qui sont responsables de ces fournisseurs de service. Les personnes qui reçoivent les services sont moins représentés. Si c'est inapproprié, dites-le-moi, tout simplement, et je poserai une autre question.
Je ne pense pas qu'il arrive fréquemment que les personnes deviennent frustrées des services militaires et décident de quitter l'équipe. Lorsque je pense aux équipes que je connais bien partout au Canada, je peux vous donner comme exemple Edmonton, qui a un groupe de cliniciens très stable. En ce qui concerne mon équipe à Halifax, je peux vous dire qu'ils ne quitteraient jamais la clinique. Ils adorent leur pratique.
Toutefois, je pense qu'il faut des personnes qui recherchent un certain type de pratique, surtout en ce qui concerne les psychologues et psychiatres, car selon moi, les travailleurs sociaux et le personnel infirmier en santé mentale sont naturellement disposés à travailler en équipe. J'ai été infirmière, et c'est peut-être pourquoi j'ai été attirée par ce genre de travail.
Si vous êtes une personne très indépendante ou si vous voulez contrôler chaque aspect de votre pratique et que vous ne voulez pas que quelqu'un d'autre s'occupe de l'horaire de vos évaluations et fixe les rendez-vous, alors nos cliniques de santé mentale ne seront pas à votre goût. Je peux vous dire que lorsque j'ai dit à mes psychiatres et psychologues qu'afin d'apprendre les uns des autres, nous allions voir les patients en équipe, ils n'ont pas aimé l'idée. Toutefois, après un certain temps, ils ont reconnu les avantages de ces consultations en équipe et maintenant, j'ai de la difficulté à les faire voir les patients seul à seul.
Je pense que le principal avantage qu'offrent nos cliniques, c'est qu'on peut travailler en équipe. Ça permet de partager la charge et d'apprendre les uns des autres. Ce n'est pas du travail à la pièce ou à l'acte. Nos professionnels peuvent faire toute sorte de travail et être rémunérés. Par exemple, un psychiatre peut appeler un patient; il peut voir un membre de la famille et être payé pour ce travail également.
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Je vous remercie de votre question, que je trouve très intéressante.
Notre direction est responsable d'un programme dont je parlais plus tôt, soit le Programme de maintien de préparation clinique. Mon équipe travaille en étroite harmonie et en étroite synergie avec cette direction. Le rôle de mon équipe est de favoriser des occasions au sein des hôpitaux civils ou avec les services d'ambulance, par exemple, pour que notre personnel clinique puisse maintenir à jour ses compétences et être préparé.
Cela prend différentes formes, selon la profession. Par exemple, nos médecins spécialistes travaillent à plein temps dans les hôpitaux, dans des centres ultra-spécialisés, comme les réseaux McGill et Sunnybrook à Toronto. Ils travaillent à plein temps pour être vraiment au sommet de leur art. Les seules exceptions ont lieu lorsqu'ils doivent partir en entraînement prédéploiement et être déployés. Ça prend cette forme pour nos médecins spécialistes.
Il faut des médecins et du personnel infirmier. Ce sera donc surtout dans des centres hospitaliers. Ils iront travailler dans différents départements, généralement à l'urgence, pour les traumatismes et l'anesthésie. Ce programme fonctionne très bien. Nous avons d'excellentes collaborations. C'est vraiment gagnant-gagnant. Nous fournissons de l'aide, et l'expérience qu'a notre personnel n'est pas comparable. C'est très enrichissant pour le milieu de recevoir ça. Nous offrons ces occasions à notre personnel de maintenir ses compétences.
Mon équipe a mis en place des protocoles d'entente. Comme c'est une collaboration double, ce n'est pas dans un seul sens. Nous préparons les arrangements pour de telles activités et nous négocions des conditions qui sont favorables à de telles activités. Parfois il s'agit de négocier certains éléments avec les ministères de la Santé des provinces.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, au nom de Wounded Warriors Canada, je tiens à dire que nous sommes véritablement honorés d'avoir été invités à témoigner devant le comité et à participer à une discussion très importante sur les soins offerts aux membres des Forces canadiennes malades ou blessés.
Permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Derrick Gleed et je suis vice-président du conseil d'administration et directeur financier de notre organisation. Le capitaine Phil Ralph, directeur des programmes et aumônier, m'accompagne.
Nous sommes membres du conseil d'administration, et je suis fier de dire que nous avons pu surveiller la mise en oeuvre d'une solide gamme de programmes pour le bénéfice des membres des Forces canadiennes malades ou blessés.
Notre organisation, Wounded Warriors Canada, a été fondée en 2006 par le capitaine Wayne Johnston, qui a servi avec distinction pendant 40 ans dans les Forces canadiennes et qui est bien connu en tant qu'officier de rapatriement des soldats tombés au champ d'honneur en Afghanistan. Grâce à un vaste éventail de programmes et de services, nous participons à la recherche de solutions pour faire le relais quand les membres des Forces canadiennes sont dans le besoin, qu'ils aient été membres des forces régulières ou réservistes.
Nos troupes sont, pour la majorité, rentrées d'Afghanistan, et notre première préoccupation est passée d'un appui en cas de blessure physique au bien-être mental, à la suite de l'incidence croissante de cas de troubles de stress post-traumatique, en raison de traumatismes liés au stress opérationnel.
Dans l'ensemble, toutefois, notre mandat vise à apporter de l'aide à n'importe quel ancien combattant blessé qui serait dans le besoin au moment de sa transition à la vie civile. Nous sommes une société à but non lucratif qui fonctionne exclusivement grâce aux dons faits par des Canadiens et des entreprises canadiennes d'un bout à l'autre du pays. Pour nous guider, nous avons retenu le principe de maintenir nos dépenses d'exploitation annuelles à un niveau inférieur à 20 p. 100 de nos revenus annuels. De plus, nous veillons avec diligence sur les fonds durement gagnés par nos bienfaiteurs afin d'en tirer le meilleur parti pour améliorer la vie de nos soldats malades ou blessés et celle de leurs familles.
Les exemples suivants ne sont que quelques-uns de nos programmes cette année.
Notre contribution de 100 000 $ au réseau de transition des anciens combattants de Colombie-Britannique a permis le lancement du premier programme de transition pour anciens combattants en Ontario. À la fin du mois de mai, nous emmènerons une équipe de membres des Forces canadiennes qui ont des problèmes de santé mentale, participer à la Big Battlefield Bike Ride, qui est un parcours cycliste entre Paris et Londres. C'est là un de nos programmes à l'intention de ceux qui font face à des problèmes de santé mentale. Ce programme a connu un franc succès l'année dernière.
Nous avons contribué 50 000 $ à une manifestation provinciale à Nipawin, en Saskatchewan, et au cours d'une fin de semaine, 130 Canadiens, Américains, Britanniques et Australiens blessés partagent une fin de semaine de camaraderie et de réconfort moral. Il s'agit du Wounded Warriors Weekend. Un programme faisant intervenir des chiens, au Manitoba, vise à offrir un service d'élite novateur pour ce qui est des troubles de stress post-traumatique, et nous en sommes partenaires. Cette année, nous allons verser près de 100 000 $ afin d'élargir ce programme à l'échelle nationale.
Nous sommes également partenaires d'une organisation, Can Praxis, qui est un programme innovateur d'équitation à Calgary. On se sert de chevaux et on peut compter sur la vaste expérience en communication que possède le personnel pour promouvoir la reconstruction personnelle et l'amélioration de la qualité de vie d'anciens combattants aux prises avec des troubles de stress post-traumatique. Récemment, en partenariat avec la Légion royale canadienne, nous avons lancé un programme de sensibilisation afin de faire connaître les services d'appui qui existent, et le réseau inclut 1 450 chapitres de la Légion royale au Canada.
Le 15 mai, nous annoncerons une bourse de 400 000 $ sur 10 ans que Wounded Warriors Canada versera à des étudiants au doctorat en santé mentale pour les anciens combattants. Il s'agit d'un partenariat avec l'Université Queen's et l'Institut canadien de recherche en santé des militaires et des anciens combattants. Cette semaine, nous avons versé 15 000 $ pour appuyer le financement de la Fondation Natasha Wood de Fay Maddison, qui vient en aide aux enfants des militaires atteints de troubles de stress post-traumatique et d'autres problèmes qui y sont reliés.
Le gros de notre tâche, comme en témoigne la gamme de nos programmes et de nos initiatives, vise à garantir aux anciens combattants qui rentrent au pays et qui souffrent de divers problèmes personnels, de santé ou financiers, un appui lors de leur transition à la vie civile. Étant donné que nous sommes ni cliniciens, ni psychologues, ni thérapeutes et ni même conseillers financiers, nous versons de l'argent à des experts pour la prestation de nos programmes et pour obtenir les meilleurs résultats possibles pour les intéressés.
Comme vous le savez, la vie militaire comporte des circonstances uniques, auxquelles s'ajoutent des facteurs personnels et liés au théâtre d'opérations, ce qui touche et influence les membres de nos Forces canadiennes. On comprend bien que chacun est touché par le milieu ambiant. Quand les membres des Forces canadiennes rentrent au pays, on constate que leur mission les a changés. Pour certains, ces changements sont aussi évidents que les cicatrices physiques qu'ils gardent. Certains ont appris à apprécier la vie encore plus. D'autres portent des cicatrices invisibles. À certains égards, c'est comme s'ils avaient laissé une partie d'eux-mêmes sur le théâtre des opérations.
Les amis et les proches des membres qui souffrent de traumatismes liés au stress opérationnel remarquent souvent qu'à leur retour au pays, ces derniers ne sont pas les mêmes qu'avant leur déploiement. Nos soldats, leurs familles et leurs amis nous en ont fait le récit et c'est la raison pour laquelle nous avons intégré dans notre mandat un principe simple mais toutefois puissant qui nous guide: honorer les militaires morts au champ d'honneur et aider les survivants. Nous faisons de notre mieux pour offrir aux membres qui souffrent de traumatismes liés au stress opérationnel et d'affections connexes des services holistiques, sur les plans psychologique, physique, financier et spirituel.
Bien entendu, établir des partenariats est crucial quand il s'agit d'enjeux de cette portée et de cette taille. Nous travaillons en partenariat avec des groupes indépendants, mais également de concert avec les entités qui offrent des soins aux membres des Forces canadiennes comme Anciens combattants Canada, y compris les services de santé des Forces canadiennes, le SSBSO, les aumôniers et la D Gest SB. Tout en encourageant les membres à profiter des programmes et des services qui existent dans ces organisations, nous créons les conditions propices à leur rétablissement.
Je suis fier d'annoncer aujourd'hui quelque chose de particulièrement important au sujet des partenariats — vous en entendrez parler d'ici quelques jours —, le sénateur Roméo Dallaire a accepté d'être le président d'honneur national de Wounded Warriors Canada et comme vous pouvez l'imaginer c'est un grand honneur pour notre organisation.
Il est également important de signaler que depuis la fondation de notre organisation, nous avons accordé une attention particulière au bien-être des Premières réserves. Quiconque souffre de traumatismes liés au stress opérationnel fait face à de nombreux obstacles et défis pendant la période de rétablissement et de transition à la vie civile. Toutefois, au sein des FC, ces défis sont particulièrement difficiles pour la Première réserve. Les membres de la Première réserve que le commandement des Forces canadiennes a qualifié d'essentiels pour accomplir la mission la plus récente, rentrent au pays et ne peuvent pas compter sur l'appui nécessaire pour gérer la transition à la vie civile, et cela n'est pas souvent mentionné.
Les membres de la Première réserve ont constitué 30 p. 100 des forces déployées et ils retournent à la vie civile mal outillés pour évaluer, reconnaître ou gérer leurs besoins. Qui plus est, si les réservistes de cette catégorie cherchent à se prévaloir des programmes existants, ils se sentent souvent abandonnés étant donné les contraintes de temps et d'espace, auxquelles s'ajoute la nécessité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. De plus, les membres de la Première réserve risquent véritablement de perdre leurs emplois dans le civil en raison des blessures qu'ils ont subies pendant leur service. Cela est particulièrement vrai en ce qui a trait à la santé mentale. Enfin, un véritable défi se pose sur le plan de l'indemnisation, ce que l'on appelle couramment l'indemnité d'invalidité, lorsqu'un problème de santé mentale se manifeste après leurs 30 jours de service dans la catégorie C.
En résumé, nous nous considérons comme une oeuvre de charité de première ligne, car nous avons une interaction, une écoute et une réponse aux besoins des hommes et des femmes qui ont si bravement servi notre pays. Notre interaction quotidienne avec les anciens combattants et leurs familles nous porte à croire qu'il serait négligent de notre part de ne pas donner des suggestions pratiques quant à la façon dont les Forces canadiennes peuvent être plus efficaces pour répondre aux besoins qui existent comme, par exemple, la suppression des longs retards administratifs pour obtenir des compensations et des indemnisations.
Les définitions du RARM concernant la couverture, en particulier en ce qui a trait à l'éducation, doivent être élargies, et ce, au niveau de la nature des programmes comme de leur durée. Les Forces canadiennes doivent améliorer le recyclage en matière d'éducation en offrant les outils nécessaires, comme des ordinateurs portables et d'autres outils reliés au métier choisi, afin que les anciens combattants puissent parfaire leur éducation et faire face à la concurrence dans le monde réel. Finalement, le passage d'un régime de pension à un paiement forfaitaire, qui découle de la nouvelle Charte des anciens combattants, est couramment signalé à notre attention comme un élément qui exige d'être examiné.
En conclusion, nous remercions les membres du comité de leur invitation et nous vous souhaitons tout le succès possible dans votre travail pour le bénéfice des anciens combattants. Nous sommes à votre disposition si vous avez des questions maintenant et plus tard.
Merci.
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En bref, lorsque quelqu'un provient de la réserve et a été déployé avec la force régulière, à son retour au Canada, il subit un court dépistage médical postdéploiement, et ensuite il doit prendre congé. Il passe deux jours dans l'unité de réserve, pour participer la moitié du temps aux activités du régiment et se faire voir, puis il doit utiliser ses congés. Voilà ce qui constitue ses 30 jours.
On lui pose des questions directes sur les symptômes. On utilise les outils de dépistage, mais comme on le sait très bien, les problèmes de santé mentale se manifestent parfois des mois et même des années après, comme vous l'avez dit.
Une fois les 30 jours épuisés et le contrat de classe C terminé, la personne est de retour à la soi-disant vie civile. Elle peut redevenir un soldat de classe A et participer aux activités du régiment une fois par semaine et à la formation mensuelle, mais pour le reste, elle doit gagner sa vie sur le marché du travail pour nourrir sa famille, elle-même, etc. Si les problèmes de santé mentale commencent à se manifester à la suite du service, la situation est très difficile, surtout pour les réservistes.
Il y a deux problèmes, le temps et l'espace. Si on est de Flin Flon au Manitoba, tous ces merveilleux centres dont on entend parler sont assez loin, alors y avoir accès est problématique. Deuxièmement, parce qu'on est maintenant un soldat de classe A, on participe aux activités du régiment le vendredi soir ou le jeudi soir, quelle que soit la soirée de rassemblement, et voilà le service militaire. Cependant, si on a maintenant des problèmes de santé mentale, on a besoin d'un traitement, il faut qu'on soit examiné, mais on continue d'essayer de nourrir sa famille, de garder son emploi civil, et de faire toutes les choses que tout le monde doit faire, mais on se retrouve avec ce problème supplémentaire.
Vous avez raison. Quand j'étais enfant, mes parents m'ont appris que si je brisais quelque chose, je devais le réparer. C'est la responsabilité des Forces canadiennes de s'occuper de cette situation puisqu'on a, en quelque sorte, brisé quelque chose. J'ai vu des soldats, surtout ceux qui ont des problèmes de santé physique se faire traiter pendant cette période de 30 jours. Excellent, si quelqu'un a une blessure, on le traite, on prolonge son contrat, on l'héberge et on s'assure qu'il est toujours payé. On le traite et on le suit jusqu'à son rétablissement. Cela fonctionne très bien pour ce modèle.
Les problèmes de santé mentale peuvent ne surgir que six ou huit mois plus tard. C'est presque impossible de refaire signer un contrat à une personne pour que le système s'en occupe. Je le sais. J'ai essayé.
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Merci, monsieur le président.
Et merci à nos deux témoins de leur déposition et de leur travail pour leurs organisations.
J'estime que c'est un exemple particulièrement frappant de la réaction de la société au Canada. En effet, quand vous avez commencé, en 2006, nous étions, pour la première fois depuis des décennies, engagés dans un vrai combat à grande échelle à Kandahar. Nous le faisions au nom des Canadiens et des Canadiennes, mais dans le contexte d'une mission de l'OTAN, où les forces de l'OTAN n'avaient jamais participé à un combat en tant que forces de l'OTAN, ce à quoi devaient réagir non seulement le gouvernement, mais en plus l'ensemble de la société canadienne.
C'est une expérience qui a changé tout le monde — Je suis parfaitement d'accord avec cette assertion —, et en mieux à certains égards. Les leçons tirées de l'expérience sont toujours précieuses. Mais les clients que vous servez, qui nous tiennent à coeur dans l'optique du rapport, ont été changés de façons entraînant des souffrances et des besoins, auxquels vous apportez une réponse.
Merci d'avoir décrit l'évolution qui a eu lieu.
Donnez-nous une idée de la façon dont vous voyez évoluer Wounded Warriors dans les quatre ou cinq ans qui viennent.
J'aimerais aussi savoir jusqu'à quel point, officiellement ou non, vous tâchez de répartir de façon de plus en plus cohérente les rôles et les responsabilités envers les personnes en difficulté entre les nombreuses organisations d'un bout à l'autre du Canada, certaines toutes petites, d'autres très locales, et d'autres effectivement nationales de par leur envergure? Avez-vous un processus de consultation officielle?
Je sais que nous nous voyons tous — True Patriot Love, Sans limites, vous et bien d'autres organisations — et pourriez-vous affirmer qu'il y a une discussion de fond quant aux rôles et aux priorités au sein de cette collectivité?