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CHER Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 25 février 1999

• 1306

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.)): Bon après-midi, mesdames et messieurs. J'ouvre cette séance du Comité permanent du patrimoine canadien.

Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le comité permanent tient une série de tables rondes sur l'évolution du rôle du gouvernement pour appuyer la culture canadienne dans le contexte d'un environnement national et international changeant rapidement.

[Français]

Je souhaite la bienvenue à nos invités et je les remercie vivement. C'est un honneur pour nous d'être avec vous aujourd'hui.

[Traduction]

La méthode de travail habituelle du comité consiste à écouter les témoins mais, cette fois, nous avons décidé d'organiser des tables rondes, ce qui veut dire que les membres du comité et les témoins invités siégeront autour de la même table dans le but de participer à un débat plus fructueux. Nous aimerions avoir aujourd'hui un vrai dialogue.

Notre comité entreprend l'étude des défis auxquels nous allons faire face, sur le plan culturel, à l'aube d'un siècle nouveau, défis qui sont reliés, par exemple, à la globalisation du commerce, à l'économie, aux technologies naissantes et à Internet. Nous désirons examiner l'incidence de ces facteurs sur notre culture et sur nos institutions culturelles, parallèlement aux changements démographiques qui feront du Canada un pays radicalement différent au XXIe siècle.

Le comité avait lancé cette étude avant les dernières élections et nous avons décidé de la poursuivre.

Nous souhaitons d'abord examiner les mécanismes de soutien établis par le gouvernement fédéral, comme les règles régissant la propriété et le contenu culturel, les subventions aux institutions fédérales ou les stimulants fiscaux, et la manière dont ils permettront de relever les défis du prochain millénaire.

Voilà donc les grandes questions sur lesquelles nous allons nous pencher.

[Français]

Comme je le disais, les trois principaux défis qui nous confrontent, du moins pour ce qui concerne les besoins de notre étude, sont l'arrivée des nouvelles technologies, l'évolution de l'économie mondiale et du commerce international et, enfin, l'évolution démographique de notre pays.

Dans un premier temps, les membres de ce comité ont cherché à bien se renseigner. Il y a un an, nous avons tenu un forum parlementaire sur la politique culturelle, le commerce international et les technologies au cours du prochain millénaire. À cette occasion, nous avons organisé des tables rondes sur divers secteurs: les arts, le patrimoine, l'industrie de l'édition, le cinéma et la vidéo, ainsi que la radiodiffusion et l'enregistrement sonore. Ce forum a donné de très bons résultats. Il a permis de dégager quelques grands thèmes que nous aurons, je l'espère, la possibilité d'examiner aujourd'hui avec vous.

[Traduction]

Le comité a déjà entendu des représentants de différentes institutions culturelles fédérales et de plusieurs ministères. Il a également organisé des sessions d'information avec des spécialistes de la technologie, du commerce international et de la démographie.

Pendant la dernière phase, composée de ces tables rondes, nous voulons analyser certains secteurs de manière plus détaillée et obtenir votre contribution à vous, qui êtes sur la ligne de front de la culture et des industries culturelles, afin d'apprendre comment vous avez réussi à survivre et de quoi vous aurez besoin pour relever les défis du siècle prochain.

Certes, une brève séance comme celle-ci ne nous permettra pas d'aborder toutes les questions pertinentes mais nous souhaitons en examiner le plus possible. Vous trouverez cinq questions au verso de votre programme. Si vous le désirez, vous pouvez en aborder une ou plusieurs, comme cela vous convient. Notre objectif essentiel est de recueillir votre opinion dans l'espoir d'obtenir d'ici à la fin de la semaine des réponses à ce genre de questions. Quel rôle le gouvernement fédéral devrait-il jouer à l'avenir pour appuyer les arts et les industries culturelles? Le gouvernement devrait-il jouer le rôle de législateur, d'instance de réglementation, de propriétaire, d'exploitant d'institutions nationales, de bailleur de fonds, de mécène des arts, de promoteur d'entreprises ou d'organisateur d'activités?

• 1310

[Français]

Naturellement, les deux langues sont de mise. Vous pouvez employer celle que vous préférez. Nous n'attendons pas des discours, mais plutôt des interventions brèves afin que l'échange d'opinions se déroule rondement.

[Traduction]

Pour commencer, je vais demander à toutes les personnes présentes autour de cette table de se présenter. Veuillez vous identifier et indiquer brièvement votre rôle dans les arts et les industries culturelles. Ensuite, j'inviterai chacun et chacune d'entre vous à s'exprimer pendant deux ou trois minutes. Comme nous aimerions vous donner la possibilité d'intervenir quatre ou cinq fois, je vais vous demander d'être très brefs dans vos interventions.

Vous constaterez aussi qu'il y a un microphone au fond de la salle. J'ai l'intention de m'approcher du public pour lui permettre d'intervenir brièvement au cas où nous aurions négligé certaines questions importantes.

Sans autre forme de procès, je donne la parole à M. Bélanger.

[Français]

M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): Je m'appelle Mauril Bélanger et je suis le député d'Ottawa—Vanier, une circonscription de la Capitale nationale. Je suis aussi le secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien et je participe depuis le tout début, c'est-à-dire depuis deux ans, à cet exercice collectif qui, on l'espère, nous mènera plus près d'une politique culturelle canadienne. J'ai bien hâte d'écouter vos propos aujourd'hui.

[Traduction]

M. James Wegg (directeur général, Musée canadien de l'artisanat): James Wegg. Je suis chef d'orchestre depuis 17 ans. J'ai réalisé des émissions de télévision et j'écris aussi depuis quelques années. Pour l'heure, je suis directeur général du Musée canadien des métiers d'art et je suis à la recherche d'une identité culturelle.

[Français]

Mme Isabelle Longnus (directrice générale, Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique): Je m'appelle Isabelle Longnus et je suis directrice générale du Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique.

Le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique est un regroupement de 13 associations francophones qui ont toutes un volet culturel de diffusion à leur programme.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Bienvenue.

[Traduction]

M. Robert Kerr (directeur général, Coastal Jazz and Blues Society): Je m'appelle Robert Kerr et je suis l'un des membres fondateurs et le directeur général de la Coastal Jazz and Blues Society qui a été créée il y a 15 ans. Nous avons produit le Festival international de jazz Du Maurier de Vancouver, ainsi qu'une trentaine ou une quarantaine de concerts et de manifestations depuis lors. Nous sommes des membres très actifs de la communauté artistique de Vancouver. J'ajoute que je préside aussi la WESTCAN Jazz Association, réseau national de producteurs et d'organisateurs de festivals de jazz du Canada.

M. Nicholas Tuele (directeur suppléant, Art Gallery of Greater Victoria): Je m'appelle Nicholas Tuele et je suis actuellement directeur suppléant de la Art Gallery of Greater Victoria. Je travaille dans le domaine des musées et des galeries d'art depuis une vingtaine d'année. J'ai aussi été président de l'Association des musées de la Colombie-Britannique et je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui.

M. Ted McWhinney (Vancouver Quadra, Lib.): Je m'appelle Ted McWhinney et je suis député de Vancouver Quadra. J'aimerais pouvoir dire que ces personnes viennent de ma circonscription mais ce ne serait pas juste. Je représente en effet celle d'à côté, à peu près un demi-kilomètre plus loin.

[Français]

Je suis le député de Vancouver Quadra. Comme toutes les personnes ici présentes, je me préoccupe beaucoup des droits des autochtones, des traités et des questions semblables qui relèvent aussi du mandat de notre comité. Merci.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Le comité est ravi de se trouver aujourd'hui à Vancouver.

Mme Mirna Zagar (directrice générale, Vancouver Dance Centre Society): Je m'appelle Mirna Zagar et je suis directrice générale de la Vancouver Dance Centre Society, organisation au service de 28 compagnies de danse professionnelles et de 250 personnes de toute la Colombie-Britannique.

M. Mark Muise (West Nova, PC): Je m'appelle Mark Muise et je suis député d'une circonscription de la Nouvelle-Écosse. Je fais partie du Comité du patrimoine. Je suis très heureux de me trouver à Vancouver et je suivrai toutes vos interventions avec beaucoup d'intérêt.

M. Brent Cooke (directeur, Programmes publics, Musée royal de Colombie-Britannique): Bon après-midi. Je m'appelle Brent Cooke et je suis directeur des Programmes publics du Musée royal de la Colombie-Britannique, pour lequel je travaille depuis environ 27 ans. Le musée se consacre exclusivement à l'histoire naturelle et humaine de la Colombie-Britannique.

[Français]

M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Bon après-midi. Je m'appelle Benoît Sauvageau. Je suis député du Bloc québécois de la circonscription de Repentigny, au nord-est de l'île de Montréal, et porte-parole en matière de Commerce international.

[Traduction]

Mme Nancy Gobis (présidente, Burnaby Arts Council): Je m'appelle Nancy Gobis et je suis présidente du Burnaby Arts Council, organisation qui existe depuis quelque 29 ans. Nous chapeautons une cinquantaine d'organismes différents et nous avons en outre 50 membres individuels. Je suis très heureuse d'être avec vous aujourd'hui.

• 1315

Voici la première vice-présidente, Rose Farina.

Voulez-vous dire quelque chose?

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Je vous souhaite la bienvenue à toutes deux.

Mme Nancy Gobis: Merci.

[Français]

M. Craig Holzschuh (directeur administratif, Théâtre la Seizième): Je m'appelle Craig Holzschuh et je suis le directeur administratif du Théâtre la Seizième ici, à Vancouver. Nous sommes la seule compagnie de théâtre professionnel française en Colombie-Britannique.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Bienvenue.

M. Craig Holzschuh: Merci.

[Traduction]

M. Stuart T. McDonald (directeur, Amis du Musée canadien de la guerre; administrateur, Musée du 15e Régiment d'artillerie): Je m'appelle Stu McDonald et je suis directeur des Amis du Musée de la guerre. Je suis aussi administrateur du Musée militaire local, du 15e Régiment d'artillerie. Je vis sur la côte Nord et j'enseigne l'histoire dans une école secondaire.

[Français]

De temps en temps, je travaille à Ottawa comme réserviste dans les Forces canadiennes.

[Traduction]

Mme Lori Baxter (directrice générale, Vancouver Cultural Alliance): Je m'appelle Lori Baxter et je suis directrice générale de la Vancouver Cultural Alliance, organisme de prestation de services aux arts qui regroupe actuellement 299 membres du sud de la province, essentiellement des organisations communautaires, professionnelles et culturelles, ainsi que certains membres individuels.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Lowther.

M. Eric Lowther (Calgary-Centre, Réf.): Je m'appelle Eric Lowther et je suis député de Calgary-Centre. Je suis très heureux d'être ici et je vais vous écouter avec beaucoup d'attention.

En vous écoutant vous présenter, je dois dire que je regrette que nous n'ayons pas plus de temps à passer ici. Avec votre aide, je suis sûr que nous pourrions visiter des choses particulièrement intéressantes à Vancouver. Ce sera pour une autre fois, je suppose.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Tyrell.

M. Chris Tyrell (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Chris Tyrell. J'ai toujours vécu à Vancouver et je me suis toujours intéressé aux arts. On indique sur cette fiche que je vais faire une présentation individuelle, ce qui veut dire que je ne représente aucune organisation officielle du monde des arts. Il me paraît important que le gouvernement puisse recueillir l'opinion de consommateurs qui s'intéressent aussi aux politiques.

C'est pour cette raison que j'ai choisi de m'adresser à vous à titre de consommateur.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): C'est très bien. Un autre témoin intéressant. Je vous souhaite la bienvenue.

Je m'appelle Sarmite Bulte mais tout le monde m'appelle Sam. Je suis députée de Parkdale—High Park, une circonscription de Toronto. Je suis aussi présidente du Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements. Avant d'être députée, je présidais la Canadian Stage Company de Toronto.

Qui souhaite commencer?

Monsieur Tyrell, pourquoi pas vous, à titre de consommateur?

M. Chris Tyrell: Eh bien...

Des voix: Oh!

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Ne vous inquiétez pas, c'est juste pour ouvrir le débat. Prenez deux ou trois minutes pour vous exprimer.

M. Chris Tyrell: Très bien.

Comme je l'ai dit, je suis de Vancouver. J'ai travaillé dans le domaine des arts et j'ai constaté que l'évolution naturelle de ma carrière allait m'amener, comme beaucoup de personnes qui oeuvrent dans ce secteur, soit à Toronto, puisque je suis anglophone, soit aux États-Unis. Bien sûr, chacun souhaite aller le plus loin possible sur le plan professionnel mais j'ai aussi constaté que mon attachement à Vancouver avait pour moi autant d'importance que ma carrière.

Je suis avant tout Canadien et je dois vous dire que la culture que j'essaie de défendre est la culture canadienne, étant donné que la culture de la Colombie-Britannique est un élément un peu plus ambigu à mes yeux, et celle de Vancouver, encore plus.

À titre de Canadien, j'ai toujours eu le sentiment que les élus devaient me représenter à l'échelle internationale et j'ai donc adopté la philosophie de mes enseignants—et de mon gouvernement, je croyais—en m'intéressant à ma culture. Cela m'a toutefois amené à constater que la culture est vivante et dynamique au Québec mais fort assoupie dans le Canada anglais.

Je suis déçu du rôle de mon gouvernement, et déçu aussi de la place qu'occupent les arts sur la scène politique. Je m'inquiète de l'influence de la culture américaine, qui s'exprime par la domination des États-Unis dans des questions telles que Sports Illustrated.

J'adore l'accent canadien-français. J'aime beaucoup les images et symboles du Canada. Depuis ma naissance, je constate que mes chefs politiques, les premiers ministres, remettent en cadeau des produits artistiques aux chefs d'État étrangers et aux délégations qui viennent au Canada. Notre culture se définit par nos images, nos images culturelles, mais elle est très loin d'être prioritaire au sein du gouvernement. Cela m'inquiète beaucoup car c'est loin de correspondre à ce qu'on m'a enseigné.

Je sais que l'éducation ne relève pas des compétences du gouvernement fédéral mais je constate que la même indigence se manifeste au niveau scolaire. À titre de particulier, lorsque je réfléchis aux tenants et aboutissants de ma passion, je conclus que l'art est une manière de penser sans laquelle les étudiants sont défavorisés. Lorsque je lis des documents sur la nouvelle technologie, je constate que bon nombre des brillants créateurs de nouvelle technologie sont brillants précisément à cause de la manière dont ils pensent, qui résulte de leur connaissance des arts.

• 1320

Finalement, l'un de mes jeux favoris à l'école est de demander à tous les élèves de se lever et de s'asseoir seulement s'ils portent sur leurs vêtements l'un des noms que je vais mentionner. Je dois dire qu'il m'est de plus en plus facile de les amener à s'asseoir en mentionnant des noms comme Adidas, Swatch ou Nike. De fait, j'ai constaté au cours des années que le nombre de noms à mentionner est de plus en plus restreint. Or, ces noms représentent tous d'énormes empires commerciaux. Ils sont protégés par la loi à cause de ce qu'ils ont conçu, et la conception est un travail artistique. Pourtant, il me semble que peu de gens sont conscients que tous ces empires sont bâtis sur des fondations esthétiques. Cela ne ressort en tout cas aucunement des textes de loi qui régissent notre vie. Je m'inquiète de l'avenir et j'espère que cela va changer.

À titre de citoyen, je suis très heureux d'avoir la possibilité de dialoguer avec vous. Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, monsieur Tyrell, de votre éloquente intervention.

Madame Farina.

Mme Rose Farina (première vice-présidente, Burnaby Arts Council): Je voudrais poursuivre dans le même ordre d'idée car ce qui vient d'être dit me touche beaucoup. J'estime en effet que l'art, sous toutes ses formes, est l'âme même de l'individu. Chaque fois que Burnaby ou n'importe qui essaie d'obtenir quelque chose, c'est-à-dire des crédits pour une bonne cause, surtout s'il s'agit de faire la promotion de l'art et de la jeunesse, c'est comme si l'on essayait d'arracher des dents. On nous donne le sentiment d'être des manipulateurs. On se demande ce qu'on va bien nous acheter. On se demande quoi faire pour obtenir de l'argent, alors qu'il faudrait envisager l'art précisément comme vous venez de le dire car c'est quelque chose d'extrêmement précieux. Comment faire en sorte que le gouvernement prenne au sérieux les projets qui lui sont soumis, surtout ceux qui concernent les jeunes? Comment faire en sorte que le gouvernement collabore un peu mieux et répartisse les crédits de manière un peu plus équitable dans l'ensemble du pays?

Lorsqu'il s'agit de crédits gouvernementaux, j'ai vraiment la conviction que la Colombie-Britannique est laissée pour compte.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Monsieur Muise.

M. Mark Muise: Ma question fait suite aux remarques de M. Tyrell. Vous dites que le rôle du gouvernement en matière d'art et de culture vous déçoit, et j'aimerais reprendre cette idée car j'estime que c'est précisément pour parler de cela que nous sommes ici. Je suis heureux de voir que vous avez lancé le débat dans cette voie. J'aimerais que vous nous disiez ce que nous devrions faire différemment. Le nombrilisme ne mène pas loin. J'aimerais un peu plus.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Vous pouvez réfléchir à cette question, monsieur Tyrell, pendant que je donne la parole à quelqu'un d'autre. En outre, si un membre du public souhaite aussi y répondre, j'inscrirai son nom sur la liste.

Monsieur Holzschuh.

[Français]

M. Craig Holzschuh: J'espère que Mme la présidente me laissera prendre mes notes parce que je me sentirai plus à l'aise si je puis les consulter.

Les membres du Théâtre la Seizième croient que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle plus important dans le théâtre canadien contemporain.

Au Théâtre la Seizième, nous desservons trois publics: celui de Vancouver, celui de la Colombie-Britannique et celui du Canada. Nous desservons ces publics à trois niveaux: le théâtre pour enfants, pour adolescents et pour adultes. Notre mandat est unique, mais nos problèmes sont les mêmes que ceux que connaissent toutes les compagnies de théâtre au Canada.

Nos subventions ont subi des réductions à plusieurs niveaux. On nous demande de maintenir nos standards, voire même de les améliorer. On nous demande de garder notre mandat intact, voire même de l'élargir. On nous demande d'élargir nos projets pour rejoindre une plus grande tranche de la population. Nous ne pouvons pas nous améliorer sans que le gouvernement nous appuie.

Récemment, notre théâtre accueillait une pièce québécoise qui a remporté un grand succès. On a affiché complet les trois soirs. Nous avons travaillé très fort pour nous assurer que ce spectacle puisse rejoindre une plus grande partie de la population. Comme plusieurs autres organismes culturels, nous reconnaissons le besoin de développer notre public.

• 1325

Une fois la production terminée, un des membres de notre équipe permanente nous a dit qu'il avait travaillé 144 heures supplémentaires durant les six semaines de préparation de cette production. Est-ce qu'on pouvait lui payer toutes ces heures? Non. Est-ce qu'on pouvait lui donner des vacances pour ses heures supplémentaires? Non. Est-ce qu'on aurait voulu le faire? Certainement, mais c'était impossible. Est-ce qu'on va pouvoir abuser de sa générosité une deuxième fois? J'en doute.

Nous avons pu accomplir beaucoup avec la venue de cette pièce. Nous avons réussi à atteindre plusieurs des objectifs qu'on nous demande de viser. Est-ce que nous allons pouvoir continuer sur cette voie? Je n'en suis pas certain. Il est évident que nous voulons continuer à nous épanouir, à nous fondre à la réalité d'un pays en évolution continuelle. Nous ne demandons pas au gouvernement fédéral d'être le seul organisme responsable du maintien du Théâtre la Seizième. Nous sommes prêts à faire notre part, et même à augmenter notre part, mais nous sommes incapables de tout combler.

Nous aimerions faire les suggestions suivantes au comité en fonction des questions qui ont été posées. Premièrement, le gouvernement fédéral se doit d'assurer en tout temps la protection de la matière culturelle. La culture est le reflet d'un peuple; notre culture est un reflet du peuple canadien. Présentement, notre culture est menacée par plusieurs forces. Il est impératif que dans toute négociation nationale et internationale, le gouvernement protège notre culture en pleine évolution. Si le gouvernement fédéral veut que nos organismes évoluent, il se doit d'évoluer avec nous par le biais des organismes subventionnaires. Maintenant que le gouvernement semble avoir remis de l'ordre dans ses dossiers financiers, il se doit de remettre la majorité des sommes qu'il avait enlevées aux organismes subventionnaires dans le but de promouvoir leur évolution et de réamorcer leur croissance.

Nous voulons que le gouvernement fédéral établisse ses contributions à la culture par le biais de l'entente Canada-communautés. Dans le récent budget fédéral, on indiquait que le financement du Programme d'appui aux langues officielles subirait des réductions. Maintenir notre culture et la dualité de notre société doit être d'une importance capitale pour le gouvernement fédéral.

Nous espérons que le gouvernement fédéral s'assurera que toute entreprise sera libre de contribuer aux événements culturels canadiens. Il est déjà difficile de trouver du financement par le biais des entreprises privées. Nous espérons que le gouvernement fédéral ne rendra pas cette tâche plus difficile.

Finalement, nous aimerions que le gouvernement fédéral encourage activement les différents niveaux de gouvernement à renouveler leur appui aux organismes culturels. Cette année, le Théâtre la Seizième fête ses 25 ans. Mais, comme plusieurs autres organismes culturels, nous sentons qu'avec tous les changements que subit notre société, nous recommençons à zéro. J'espère que le gouvernement fédéral nous aidera à bâtir sur notre base de 25 ans et nous permettra d'évoluer avec la société que nous desservons. Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger: Je ne veux pas me lancer dans un débat partisan, mais strictement à titre de renseignement, j'aimerais préciser que le dernier budget prévoit une majoration de 30 p. 100 de l'enveloppe budgétaire des langues officielles, qui a été établie à 70 millions de dollars. On ne peut pas dire qu'on prévoit des réductions alors que c'est le contraire qui se produira. Je ne saurais dire aujourd'hui comment ces 70 millions de dollars seront répartis entre tous les programmes de langues officielles puisqu'on déterminera cette répartition au cours des prochaines semaines. Il y a donc eu une augmentation de l'ordre de 30 p. 100. De plus, il ne faut pas oublier qu'on a rétabli une somme de 25 millions de dollars, ou de 125 millions de dollars sur cinq ans, au budget du Conseil des arts.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Wegg.

M. James Wegg: Merci beaucoup.

Pour moi, l'art, c'est très simple. Ou c'est bon, ou c'est mauvais. Nous pourrions donc passer le reste de nos jours à discuter de ça, ce qui nous donnerait une merveilleuse expérience culturelle d'un bout à l'autre du pays. Hélas, il y a d'autres facteurs qui sont importants pour apporter l'art et la culture au public.

Je crois que le gouvernement devrait favoriser les arts mais ne pas gérer les institutions artistiques. Il suffit de regarder le Centre national des arts pour voir ce qui se passe lorsque le gouvernement essaie de remplacer les artistes en nommant au sein des institutions des gens qui sont manifestement incapables de les gérer.

La plupart des organismes de charité, et je rappelle que les organisations artistiques font partie de cette catégorie, dépendent de leurs membres. Ils ne sont pas gérés par des personnes nommées. Les membres se réunissent et décident de mettre sur pied un théâtre, une troupe de ballet ou un opéra. Pour ce faire, nous bénéficions de la bénédiction de Revenu Canada et de notre gouvernement provincial qui nous permettent d'accepter des dons et des commandites en délivrant des reçus fiscaux. Idéalement, cela nous permet d'atteindre notre objectif. Si nous n'apprécions pas ce que donne ce système, nous pouvons remplacer les dirigeants. Demandez au Ballet national. Ses membres essaient actuellement de remplacer un conseil d'administration dont ils ne sont plus satisfaits. Ils ont donc au moins la possibilité de changer les choses.

• 1330

Si le gouvernement nous donnait un appui, par des subventions et en faisant notre promotion par nos ambassades, cela nous aiderait. Il devrait continuer à nous donner les outils nécessaires en modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu comme il l'a fait, dans le cadre des budgets, de façon à favoriser les dons aux organisations artistiques. En même temps, nous devrions faire des pressions pour que les recommandations de la Commission Broadbent soient mises en oeuvre car, sur les 72 000 organismes de charité qui existent au Canada, certains ne sont probablement pas très charitables. Et, lorsqu'ils font la manchette des journaux, nous sommes tous mis dans le même sac. J'espère que les choses vont changer à cet égard.

Pouvons-nous garder le sens de l'humour? Je ne peux m'empêcher de rigoler quand je lis dans le journal les catastrophes comme celle du Conseil des arts finançant un recueil de blagues sur les blondes. Je sais, c'est pathétique mais il n'y a pas que cela. En tant qu'artistes, il nous faut de temps en temps un peu d'argent pour avoir le droit d'échouer. Je crois que l'échec est une bonne chose. Sinon, comment espérer avancer? Mais, évidemment, chaque fois qu'il y a un échec, ça fait la manchette des journaux. On nous dit que les organisations artistiques devraient se comporter plus comme des entreprises. Veut-on dire comme Bre-X? On dit qu'elles devraient se comporter plus comme les gouvernements. Veut-on dire comme les concepteurs de traversiers? On dit qu'elles devraient s'autoréglementer. Veut-on dire comme les banques?

Vous savez, la vie serait beaucoup plus simple si nous pouvions faire ce que nous faisons de mieux. Occupez-vous de gouverner et laissez-nous vous faire rire ou pleurer.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Madame Longnus puis M. Kerr.

[Français]

Mme Isabelle Longnus: Je voudrais brièvement vous présenter nos activités et répondre très rapidement aux questions que vous posiez.

Comme je le disais, le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique regroupe 13 associations qui sont dispersées un peu partout dans la province. On les retrouve à Campbell River, Kamloops, Courtenay, Comox, Nanaimo, Okanagan, Prince George, Victoria et Vancouver. Je souligne le fait que nous sommes un petit peu éparpillés parce que c'est un facteur qui a une incidence sur notre survie et sur notre avancement.

Nous existons depuis déjà deux ans. Nous offrons des services essentiels à la diffusion de nos produits culturels. Nous produisons des événements de la chanson qui sont des tremplins. L'un de nos grands buts est évidemment de favoriser l'épanouissement et le développement de la culture francophone dans la communauté. Nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de réitérer l'importance de la culture ou même de la culture francophone au Canada. En Colombie-Britannique, il y a 60 675 personnes dont la première langue officielle est le français, soit 1,64 p. 100 de la population, tandis que 250 000 personnes peuvent s'exprimer en français. Je vous donne ces chiffres parce qu'on a tendance à oublier qu'il y a aussi une culture française vivante dans l'Ouest. J'abonde un peu dans le même sens que Craig au sujet du programme des langues officielles. Nous croyons que c'est un programme important qui sert d'outil au ministère pour appuyer le développement. Il ne faudrait toutefois pas oublier les programmes à caractère culturel, qui sont tout autant importants, sinon même plus essentiels. Je parlerai ici du Programme d'initiatives culturelles, qui a besoin d'appui.

Notre association organise plusieurs festivals, dont le festival d'été de Vancouver, qui est très important et qui compte sur l'appui de nos partenaires autour de la table, et le Festival du bois qui commencera très bientôt. Ces festivals sont très importants pour les communautés de Vancouver et de la Colombie-Britannique. Ils ne reçoivent que très peu d'argent de la part du Programme d'initiatives culturelles, ce qui est bien dommage. Pourtant, le festival d'été a vu augmenter les subventions que lui accordent le gouvernement du Québec, le B.C. Arts Council et la ville de Vancouver. Ce n'est malheureusement pas le cas d'autres programmes qui ont connu une décroissance.

• 1335

Je voudrais aussi parler des médias, qui sont très importants dans notre communauté. Il faut encourager les médias parce que, comme je viens de le dire, nos associations sont éparpillées un peu partout. Le Canada est un grand pays et la Colombie-Britannique, une grande province. Pour que nous rejoignions tout notre public, il faut que le gouvernement appuie les médias écrits. Nous avons un seul journal francophone en Colombie-Britannique. On veut que le gouvernement continue d'aider et d'appuyer la Société Radio-Canada, qui est un partenaire très important dans notre communauté, autant par sa radio que par sa télévision. Sans les médias, nous ne pouvons ni nous exprimer, ni parler, ni diffuser. Sans eux, on n'existe pas. Je crois que cela est vrai autant pour les francophones que pour les anglophones. Évidemment, pour les francophones d'ici, c'est leur petit pouls.

On voudrait aussi que le gouvernement se penche sur la production de disques. Je sais qu'on vient de verser des sommes d'argent au Conseil des arts et qu'on a signé une entente multipartite. Nous croyons que c'est très bien et nous en sommes ravis. Il faut que cela se poursuive, qu'on appuie les artistes et qu'on continue de donner de la formation à ces derniers ainsi qu'à nos diffuseurs.

Comme le disait monsieur, il faut encourager les échecs. Quelquefois, quand ça ne fonctionne pas, ce n'est pas grave. Quand ça ne fait pas partie de l'industrie, ce n'est pas grave, surtout quand on sait que les industries d'un bout à l'autre du pays sont très diverses. Au Québec, la réalité n'est vraiment pas la même qu'en Colombie-Britannique ou ailleurs au Canada.

Ce sont des points importants dont le gouvernement devrait vraiment tenir compte. Il faut nous inviter à participer aux comités consultatifs; nous voulons y être. Il est important que les francophones hors Québec y soient présents et puissent parler de leur réalité. On devrait accroître leur présence autour de ces tables et jurys, y compris au Conseil des arts, à Musique Action et à FACTOR, afin d'assurer que les sommes d'argent soient distribuées de façon égale partout au Canada.

Il faudrait peut-être aussi mettre en place des enveloppes interrégionales pour financer des projets qui se chevauchent et peuvent toucher plusieurs régions. On pourrait essayer de mélanger un peu les projets pour toucher un peu tout le monde.

De notre côté, nous pourrions aussi souligner que le Conseil culturel et artistique de la Colombie-Britannique n'a toujours pas de financement de base et qu'il doit vivre de ses projets. Il faudrait peut-être réhabiliter le financement de la programmation en tenant compte de cette tendance actuelle que nous vivons. Lorsque nos projets sont terminés, nous devons tout recommencer et nous nous essoufflons. Nous devons toujours compter sur des bénévoles puisque nous n'avons pas d'argent pour payer ces personnes qui viennent nous aider. Il faudrait répartir les enveloppes globales en tenant compte des priorités des secteurs culturel et artistique.

De 1994 à 1998, des organismes culturels ont vu leurs subventions baisser de 10 à 20 p. 100, même si on a versé de nouvelles sommes au Conseil des arts. La diffusion ne se fait peut-être pas aussi bien qu'on pourrait le croire.

Le gouvernement doit aider les artistes en contribuant à leur formation et au développement. Il doit aussi aider les festivals à se développer de plus en plus. On pourrait également parler des commanditaires qui peuvent nous aider à promouvoir la culture, mais je vais céder la parole au prochain intervenant. Merci.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Je voudrais vous poser une question. Quand vous parlez du Programme d'initiatives culturelles, s'agit-il d'un programme relevant de la Loi sur les langues officielles ou de l'ancien Programme d'initiatives culturelles qui existait autrefois?

Mme Isabelle Longnus: Je pense que c'était l'ancien programme.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Le programme d'investissement?

Mme Isabelle Longnus: C'est cela.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci. On nous en a beaucoup parlé et je voulais vérifier que c'était la même chose. On nous en a parlé de Thunder Bay à Vancouver. Merci beaucoup.

Je reviens à M. Holzschuh. Puisque vous avez parlé d'ententes internationales, je voudrais signaler aux membres du comité et au public que le Groupe de consultations sectorielles sur le commerce extérieur saisi des industries culturelles—le GCSCE des industries culturelles, comme on l'appelle—a publié le 17 février un rapport intitulé La culture canadienne dans un monde global: Nouvelles stratégies pour la culture et le commerce, portant exactement sur ces questions qui ont aussi été évoquées par M. Tyrell. Il s'agit de savoir comment le Canada peut agir de manière proactive sur le plan des arts et de la culture.

• 1340

Si vous n'avez pas lu ce rapport, je vous le recommande vivement. Je crois qu'il sera bientôt déposé devant le Comité du commerce international ou le Comité du patrimoine. Je pourrais vous indiquer plus tard l'adresse Internet.

Monsieur Kerr.

M. Robert Kerr: Merci.

J'estime que le gouvernement fédéral a un rôle très important à jouer pour appuyer la culture mais je crains que ce rôle ne devienne bientôt inexistant, pour deux grandes raisons. Premièrement, parce que les crédits qu'il consent à la culture ne cessent de diminuer. Deuxièmement, parce qu'il n'arrive pas à tenir compte des besoins contemporains, caractérisés par la diversité des formes artistiques et par la diversité des cultures au sein de la nation.

On constate depuis 10 ou 15 ans une réduction systématique des crédits fédéraux dispensés au Conseil des arts, au ministère du Patrimoine et au ministère des Communications. Le programme d'initiatives culturelles est important à la fois pour dispenser des crédits d'investissement et pour organiser des festivals. C'est un facteur extrêmement important pour les festivals mais les crédits consentis dans ce domaine ne cessent de s'amoindrir. Évidemment, il ne faut pas oublier non plus CBC qui est un pilier crucial de la culture dans notre pays, mais nous savons bien que c'est une organisation assiégée.

Le programme le plus important, à mes yeux, est sans doute celui des initiatives culturelles. Je dis cela notamment parce que je suis un producteur sans troupe ou établissement permanent. À mon avis, les organisateurs ou producteurs de festivals jouent un rôle de plus en plus important dans notre pays depuis une quinzaine d'années. À maints égards, les festivals sont le creuset d'où nous proviennent beaucoup de choses originales, émanant de communautés très diversifiées sur les plans ethnique et artistique.

Jusqu'à l'an dernier, nous n'obtenions quasiment aucun crédit du Conseil des arts. Il n'y a eu quasiment aucun financement des organisations responsables des festivals. Des crédits limités ont certes été dispensés dans le cadre du programme des tournées mais, pour les organisateurs, il y a eu très peu de choses. L'an dernier, le Conseil des arts a réussi à mettre sur pied un programme minuscule de soutien des festivals parce qu'il venait de recevoir 25 millions de dollars de plus pour cinq ans. C'était là une initiative très audacieuse et tout à fait remarquable et je crois qu'il convient de féliciter le gouvernement d'avoir rétabli ce type de financement. J'espère que cela continuera au-delà de la période actuelle de cinq ans.

Cela dit, j'ai été très déçu par la manière dont le Conseil des arts a revu ses programmes suite à l'obtention de ces nouveaux crédits. On entend souvent dire qu'il faut répondre aux besoins de toutes les communautés émergentes. Il y a aujourd'hui beaucoup d'approches de la chose artistique qui n'existaient pas il y a 50 ans, ou qui étaient considérées marginales, mais qui suscitent aujourd'hui beaucoup d'intérêt de la part des artistes et du public. Il convient donc de financer adéquatement ces formes artistiques.

Je ne veux pas dire que cela doit se faire aux dépens des crédits actuellement destinés aux formes traditionnelles telles que le ballet, les concerts symphoniques, l'opéra ou les musées. Il n'en reste pas moins que les nouvelles organisations et les nouvelles formes artistiques méritent aussi d'être financées. En outre, elles méritent d'être financées à un niveau conforme à ceux des formes classiques, qui répondent évidemment à un besoin mais celui-ci est beaucoup plus historique que contemporain.

Si l'on veut que la culture canadienne progresse, il faut appuyer les nouvelles formes d'art. Il faut appuyer les nouveaux artistes et les diverses cultures. Il faut aller au-delà des cultures anglophone et francophone et tenir compte aussi des nombreux groupes ethniques qui composent le tissu social du Canada. À mon avis, les divers systèmes de distribution mis en place pour la culture par le gouvernement canadien sont sérieusement déficients à ce chapitre. Je veux parler essentiellement du Programme d'initiatives culturelles et du Conseil des arts, à quoi il faut ajouter le ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest, qui est également important.

• 1345

Il faudrait mettre en place un processus stratégique pour cerner les diverses tendances existant au pays, d'un point de vue social et culturel, afin de voir ce que le gouvernement peut faire pour en faciliter l'épanouissement. Tout cela est crucial pour bâtir un pays solide et une culture plus forte, éléments qui sont inextricablement liés. Nous ne demandons pas au gouvernement de nous financer, nous lui demandons de nous appuyer et d'être notre partenaire.

En tant que producteurs de festivals de jazz, nous avons vite réalisé que le gouvernement ne jouerait pas un rôle très important dans notre activité car il n'avait tout simplement pas assez d'argent. Les fonds disponibles étaient déjà réservés et le total était en déclin. Nous avons donc travaillé dur pour obtenir des commandites d'entreprises. Je crois que tout le monde doit prendre conscience du rôle que joue la législation.

Sachez bien que j'ai participé à tout le débat concernant la législation sur le tabac et que je suis parfaitement conscient de son incidence sur l'appui consenti aux arts. Je ne veux pas reprendre ce débat ici puisque tel n'est pas le but de votre visite. Cela dit, le gouvernement se doit de réfléchir sérieusement à l'incidence de ses décisions. Quand il adopte une loi comme celle sur le tabac, il fait disparaître de l'équation un bailleur de fonds très important du secteur privé, ce qui n'est pas sans conséquences. Or, nous ne pouvons pas d'un coup de baguette magique remplacer des commanditaires de ce genre.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, monsieur Kerr.

Monsieur McDonald, vous aviez levé la main.

M. Stuart McDonald: J'aimerais revenir sur certaines des remarques qui ont été faites. M. Kerr dit que l'un des rôles du gouvernement fédéral, et j'insiste sur le pluriel car il ne s'agit pas d'un rôle unique, est d'être un partenaire. Il dit aussi—et M. Wegg a insisté là-dessus—qu'il doit être une sorte de facilitateur.

Je voudrais dire quelques mots sur ce rôle de facilitateur, et aussi sur celui de partenaire. À mon sens, le rôle du gouvernement doit être multiple. Celui-ci doit d'abord jouer son rôle législatif, par exemple lorsqu'il dispose que le Musée canadien de la guerre sera une institution relevant du gouvernement du Canada. Ce musée ne pourrait tout simplement pas exister s'il devait dépendre uniquement de particuliers ou d'entités privées.

Le gouvernement fédéral a aussi évidemment un devoir clair et historique en matière de financement direct, pas simplement en donnant des fonds mais aussi en offrant des subventions de contrepartie à des organisations comme celles qui sont représentées dans cette salle. Toutes ces organisations peuvent recueillir des sommes importantes de leur côté mais elles ont besoin d'un complément du gouvernement fédéral pour mener leurs projets à bien.

Le gouvernement doit aussi agir sur le plan législatif pour protéger le patrimoine canadien. Je parlerai dans un instant des différences fondamentales qui existent à mon avis entre l'art et le patrimoine.

Un autre secteur est celui des stimulants fiscaux destinés à encourager les citoyens à contribuer à la culture et au patrimoine. Un bon exemple récent à cet égard nous a été donné par les médailles de John McCrae, l'auteur de la chanson In Flanders Fields. Ces médailles ont été rachetées par un Canadien sans aucune aide du gouvernement fédéral. Certains donateurs avaient offert leur aide mais l'acheteur l'a gracieusement déclinée. J'ai la ferme conviction que l'une des raisons pour lesquelles le Musée canadien de la guerre a réussi à bâtir sa collection, en tout cas ces dernières années, est que le gouvernement a été disposé à offrir des stimulants fiscaux à ceux qui lui ont fait don de pièces importantes.

Voilà donc certaines des choses que peut faire le gouvernement fédéral, le Parlement. Et ce sont là des choses que personne d'autre ne pourrait faire.

Cela dit, à notre époque de libéralisation du commerce, de globalisation des économies et de privatisation, époque qui est aussi celle de la réduction du déficit et de la dette, il ne faut pas perdre de vue la responsabilité inhérente du gouvernement qui est de continuer à fournir des fonds, de l'énergie, une impulsion et des ressources dans les domaines du patrimoine et des arts. À cette époque de libéralisation, de globalisation, de privatisation et de transfert de services, il serait très facile au gouvernement de renoncer à sa responsabilité historique et morale de protéger et de stimuler la culture canadienne. Et quand je parle de culture canadienne, je ne parle pas seulement des arts, du spectacle ou autres, je parle aussi du patrimoine.

Je vous remercie d'être venus à Vancouver nous écouter.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur McDonald.

Madame Baxter.

• 1350

Mme Lori Baxter: Merci.

J'aimerais revenir sur certaines des remarques qui ont été faites. J'estime moi aussi qu'il est très important que le gouvernement fédéral investisse en lui-même, c'est-à-dire dans les arts et les industries culturelles. Je crois que cet investissement devrait prendre de nombreuses formes différentes comme l'ont très bien indiqué les témoins précédents. Il est également crucial que cela se fasse de manière équitable d'un bout à l'autre du pays afin d'obtenir la participation active de toutes les régions.

Malgré les 10 à 15 dernières années de coupures budgétaires, nous avons trouvé d'autres méthodes de travail et nous avons tous survécu. Nous continuons à produire nos oeuvres et à nous épanouir, même si cela peut paraître contradictoire. La réalité est que nous oeuvrons dans un secteur extrêmement durable. Ce que nous faisons nous passionne et nous pouvons faire preuve de beaucoup d'imagination pour trouver de nouvelles manières de le faire. Par contre, nous avons constaté un changement en ce qui concerne le droit d'échouer, comme l'a dit M. Wegg. Nous avons constaté que les artistes et les grandes institutions prennent moins de risques. Aujourd'hui, échouer signifie souvent qu'on risque de disparaître, et c'est pourquoi nous voyons maintenant de plus petites productions, plus prudentes et plus axées sur le divertissement.

Tous ces facteurs sont reliés. Nous oeuvrons dans un secteur qui touche tous les aspects de la vie au Canada. Quand je dis que nous sommes devenus plus prudents et plus axés sur le divertissement, je ne veux pas sous-estimer l'importance du divertissement, qui compte aussi beaucoup. Il n'empêche que nous avons aussi besoin des arts et des défis que nous lancent les arts et les industries culturelles à titre d'individus et de collectivité.

Je voudrais revenir sur des exemples précis touchant les questions que vous posiez au sujet du PIC. Le PIC a été extrêmement important du point de vue de la gestion et du développement d'organisations en histoire des arts et de la culture au Canada. Le volet d'aide à la gestion permet à la communauté artistique et culturelle d'avoir accès à des matériels et logiciels qu'elle ne pourrait pas obtenir autrement. C'est un programme qui porte aussi sur le marketing social, sur le développement du public et sur des pratiques de gestion qui sont cruciales. Cette partie du PIC existe encore, mais sans financement. Autrement dit, elle n'offre actuellement aucun bénéfice à la communauté artistique et culturelle et je crois que c'est quelque chose qu'il est très important de résoudre.

J'aimerais apporter mon appui au rapport que vous avez mentionné, La culture canadienne dans un monde global, et au nouvel instrument que l'on y recommande. Je pense qu'il est très important de réfléchir à de nouvelles méthodes pour appuyer l'art et la culture sur le plan international et qu'il convient de les protéger, pas seulement dans notre pays mais dans les autres aussi.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Par ces déclarations, Lori vient de souligner le fait que tous les éléments du secteur sont reliés. Or, ce que nous ont dit des témoins précédents, dans d'autres régions, c'est que le problème d'élaboration d'une politique culturelle vient en partie des liens interministériels qui existent entre la culture, Revenu Canada, les orchestres—comme l'Orchestre symphonique de Thunder Bay, dont nous avons entendu parler—Développement des ressources humaines et le ministère des Finances. Autrement dit, la culture, c'est l'affaire de tous les ministères.

Comme c'est le cas de toutes les politiques publiques, les différents ministères qui envisagent d'adopter de nouveaux programmes se demandent comment ceux-ci vont influer sur la politique culturelle, sur les langues, sur les affaires autochtones, etc. C'est donc très interministériel. Quelle est la conséquence pratique de cette situation? Quelqu'un—je crois que c'était à Saskatoon—disait que le caractère interministériel est important mais qu'il ne faut pas l'exagérer car, si tous les ministères commencent à intervenir, rien ne se fera jamais.

C'était juste une remarque que je voulais faire.

Je vais vous redonner immédiatement la parole, monsieur Tyrell, pour voir si vous avez une réponse à offrir à M. Muise ou aux autres intervenants.

M. Chris Tyrell: Pour revenir sur ce caractère interministériel de la culture, je dois dire que l'une des expériences les plus déplorables que j'ai jamais eues fut de prendre la parole au sujet du projet de loi sur la commandite des sociétés de tabac.

• 1355

Ma première pensée a été pour Bob Kerr et pour l'incidence qu'aurait le projet de loi. J'ai donc participé directement au débat pour essayer d'amener le gouvernement à prendre conscience de l'effet qu'aurait ce projet sur le secteur culturel et pour l'encourager à adopter un programme de compensation destiné à atténuer cette incidence secondaire.

D'un seul coup, j'ai été vilipendé et on m'a reproché d'être pro-tabac et anti-santé, ce qui était complètement faux. J'étais avant tout pro-culture mais, avec ce projet de loi, le gouvernement m'a traité comme Daniel dans la fosse aux lions.

Cela m'a toutefois amené à me demander d'où venait notre argent et je me suis mis à réfléchir aux loteries. En effet, c'est là une autre source de financement des arts qu'on peut considérer comme immorale.

Si je me souviens bien, les loteries ont été créées pour nous aider. Sans vouloir être simpliste, je peux dire que le gouvernement fédéral a perdu le pouvoir de gérer les loteries au profit des gouvernements provinciaux qui ont rapidement adopté des projets de loi pour créer de nouvelles loteries. Certes, tout cela s'est fait avec les meilleures intentions du monde mais les profits ont vite été intégrés aux recettes générales.

Nous avons donc été un prétexte bien pratique, après quoi on ne s'est plus intéressé à nous. C'est incroyablement contradictoire. C'est la même chose avec les coupures budgétaires mais celles-ci ne sont pas le seul facteur de réduction de nos ressources. Il faut aussi tenir compte de l'inflation.

En ce qui concerne les coupures imposées à CBC, elles réduiront notre sentiment national. En effet, comment peut-on être exposé à la culture canadienne si on ne vit pas à Ottawa, Toronto ou Montréal et qu'il n'y a plus CBC?

Tous ces facteurs, conjugués à ce thème des agences distinctes et à l'absence de législation pour inciter les entreprises à se substituer au gouvernement, ont selon moi un effet terrible. Mon gouvernement m'a dit de me tourner vers les entreprises mais il n'a ensuite rien fait pour les encourager.

Un autre facteur—et je sais que j'aborde ici un sujet très délicat, comme le tabac—est l'influence de la droite religieuse sur les décisions aux États-Unis, phénomène qui va certainement migrer chez nous, je le soupçonne. De par sa nature même, l'artiste est quelqu'un qui remet en cause les choses établies, et la droite religieuse me menace à ce sujet.

En outre, parce que nous voulons bien faire, nous essayons de partager nos ressources avec les collectivités non caucasiennes mais, quand nous faisons cela, nous réduisons la part du gâteau destinée à la culture classique. Je ne dis pas que ce soit bien ou mal, je dis seulement que le ministère multiculturel ne m'a pas mis dans ses secrets.

Le gâteau ne cesse de se rétrécir mais, si l'on veut faire du bien et répondre aux besoins de toutes ces cultures, il va falloir trouver de l'argent. Il ne suffit pas de faire de beaux discours, il faut investir les sommes nécessaires. La conjugaison de tous ces facteurs a une forte incidence dans les régions.

Je pense que le CRTC est extraordinaire. Sans lui, nous n'aurions pas de Canadiens gagnant des prix aux Grammys. J'adore ça. J'adore Granville Island, qui vient de la SCHL et qui est une méthode unique et originale de contribution à ma culture en me permettant de voir du français autrement qu'en revenant de l'aéroport ou en circulant en voiture pour voir des panneaux indicateurs qui me donnent le sentiment que j'appartiens au Canada.

Je suis préoccupé par la non-réglementation des sociétés de câblodiffusion qui peuvent éliminer arbitrairement une chaîne francophone pour la remplacer par une chaîne d'achat. Même si c'était une chaîne de diffusion de musique pop, c'était en français et cela me montrait autre chose que CBC.

Pour ce qui est des institutions nationales, il est vrai que le CNA est nul mais il faut dire que le Musée des beaux-arts est important. Sur le plan visuel, les musées sont l'un des principaux outils que l'on a pour devenir Canadien.

Pour ce qui est des arts visuels, il faut dire que nous avons un vrai problème au Canada car les artistes et le gouvernement n'arrivent pas à se décider sur ce qui est professionnel. Ils ne parviennent pas à définir ce qui mérite un appui. Dans les arts du spectacle, il y a des syndicats et il y a des classifications très claires qui indiquent ce qui est professionnel. Du côté des arts visuels, c'est très ambigu et ce secteur, très important, est sous-développé.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Très bien.

Qui souhaite revenir sur ces remarques ou aborder un autre aspect de la question?

Madame Gobis.

Mme Nancy Gobis: J'aimerais mettre l'accent sur nos jeunes. À titre de présidente du Conseil des arts de Burnaby, je sais que nous avons déjà mis sur pied d'excellents programmes mais je dois dire qu'il est très pénible d'assister à la réduction des budgets de création d'emplois car cela nous a obligés à éliminer notre théâtre d'été pour les enfants. Je voudrais en dire quelques mots.

• 1400

Grâce à Défis, le programme d'emplois d'été, nous disposions de huit postes chaque année pour employer des étudiants—dans notre cas, de l'Université Simon Fraser, à Burnaby—de la Faculté de théâtre. Ces étudiants étaient payés par le gouvernement et nous les encouragions à écrire des pièces, à les mettre en scène et à les produire pour un théâtre d'été destiné aux enfants. Cette activité connaissait un succès remarquable et était fort appréciée. On a ainsi monté des spectacles sur des thèmes tels que l'environnement, le racisme, la ségrégation, l'unité du Canada, etc. Il s'agissait d'un théâtre itinérant et, grâce à des véhicules prêtés par Wolfe Chevrolet Olds, les spectacles pouvaient être présentés dans toute la région.

Un très grand nombre d'enfants ont pu bénéficier de ces spectacles qui étaient très appréciés car ils stimulaient leur imagination. Il s'agissait de spectacles hauts en couleurs afin de retenir l'attention du public.

Tout cela a dû être éliminé. Nous n'avons eu le droit de recruter qu'une seule personne, ce qui était insuffisant pour monter un programme de théâtre d'été. Nous sommes très déçus.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): À titre d'information, quand cet argent a-t-il été... Cette année ou l'an dernier?

Mme Nancy Gobis: Les coupures budgétaires des dernières...

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): À quel moment exactement? Avez-vous reçu un avis ou était-ce...

Mme Nancy Gobis: Non, non. Notre budget a été progressivement réduit au cours des trois dernières années et nous en sommes maintenant au point ou nous ne pouvons plus recruter ces huit étudiants comme nous le faisions autrefois. C'est extrêmement regrettable car cela permettait aux étudiants d'acquérir une expérience de travail réelle. Je dois dire qu'ils adoraient cela. C'était leur emploi d'été mais c'était aussi, pour eux, une manière de poursuivre leurs études pendant l'été.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Avez-vous l'intention de...

Mme Nancy Gobis: Nous ne savons pas s'il nous sera possible d'obtenir le renouvellement de ces crédits. C'était un excellent programme mais que pouvons-nous y faire? C'est l'une des raisons pour lesquelles je suis ici aujourd'hui. Que devrions-nous faire?

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Je vous en parlerai un peu plus tard.

Monsieur Tuele.

M. Nicholas Tuele: J'aimerais rester sur ce sujet car nous avons connu la même expérience. Nous sommes un musée communautaire qui existe et répond aux besoins de la communauté depuis plus d'un demi-siècle. À l'époque des vaches grasses, nous recevions des fonds du Conseil des arts, dans le cadre du programme d'aide aux musées car, à titre d'institution de catégorie A, nous étions admissibles aux crédits annuels. Je parle ici de sommes qui servaient à financer directement le développement de l'institution.

Au cours des 10 ou 15 dernières années, suite aux changements apportés au Conseil des arts et au programme d'aide aux musées, et considérant que le financement se fait maintenant de projet à projet, nous nous sommes efforcés de faire comme nos collègues dans d'autres disciplines, c'est-à-dire de faire plus avec moins. Cependant, nous avons maintenant atteint l'étape de la crise. Nous sommes en mode de crise.

On vient de nous parler de l'élimination d'un programme pour enfants. Je peux vous dire que c'est exactement la même chose chez nous. L'un de nos programmes qui connaissait le plus de succès, du point de vue de son utilisation par la communauté, était un programme qui permettait aux jeunes artistes de venir au Musée des beaux-arts de Victoria travailler avec des enseignants ayant reçu une formation spéciale. Cela veut dire que notre collection permanente trouvait une utilisation toute particulière et que les jeunes avaient accès à une formation qu'ils n'auraient pu obtenir nulle part ailleurs. L'an dernier, le gouvernement provincial a réduit nos crédits et c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Nous avons dû éliminer les programmes pour enfants.

• 1405

Aujourd'hui encore—six mois après que nous ayons annoncé l'arrêt de ces programmes—nous recevons des appels téléphoniques de parents qui nous demandent quand nous allons redémarrer et si leurs enfants pourront participer. Nous avons toujours eu des listes d'attente pour ces programmes. Hélas, nous n'avons plus les fonds nécessaires pour les relancer.

Si je remonte encore plus loin dans ma mémoire—et cela vous donnera une idée du nombre d'années que j'oeuvre dans ce secteur—je me souviens de l'époque où l'on parlait de démocratisation et de décentralisation au sujet d'un programme très intéressant qui est aujourd'hui disparu depuis fort longtemps. Toutefois, les principes qui le fondaient étaient parfaitement louables.

À la fin de mes études universitaires, j'ai eu la possibilité de circuler en camionnette dans les collectivités éloignées de la Colombie-Britannique pour y exposer des oeuvres de la Art Gallery of Greater Victoria. Nous organisions ces expositions dans des gymnases d'écoles, dans des centres commerciaux et partout où nous le pouvions. Avec quelques dollars de publicité, nous avions l'assurance d'attirer un vaste public intéressé par ce qui est en fin de compte la collection permanente d'arts visuels de la Colombie-Britannique.

Il existe aujourd'hui des galeries d'art dans des petites collectivités comme Campbell River, Prince George ou Dawson Creek, mais nous n'avons pas d'argent pour leur envoyer nos expositions. Autrement dit, on a investi de l'argent pour construire des bâtiments mais on n'en a plus pour s'en servir.

Une autre de mes préoccupations, à titre de conservateur, est que je ne vois pas de jeunes venir dans nos musées et galeries en pensant qu'ils pourraient faire carrière pour assurer la conservation du patrimoine culturel que nous avons dans nos musées et galeries. Cela est très inquiétant car, lorsque les conservateurs actuels prendront leur retraite, qui portera le flambeau à leur place?

À mon sens, tout cela relève plus ou moins des responsabilités du gouvernement fédéral.

Pour revenir à ce que disait M. Tyrell, je voudrais ajouter que, selon moi, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer comme exploitant d'institutions nationales. Je parle ici d'institutions nationales qui aspirent à obtenir la réputation internationale qui leur revient et qui ne pourraient pas y arriver sans le gouvernement fédéral.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur Tuele.

Je voudrais une précision. Vous avez dit qu'il n'y avait plus d'argent pour les programmes destinés aux enfants. D'où venait l'argent à l'origine? Du programme d'aide aux musées ou, comme l'a dit Mme Gobis, des programmes d'emploi de jeunes?

M. Nicholas Tuele: Il venait de plusieurs sources.

L'un des défis auxquels nous faisons face, à Victoria, c'est que nous n'avons pas de sièges sociaux d'entreprises, même si nous sommes la capitale de la province. Il n'y a pas de siège social important chez nous. Il est donc quasiment impossible de faire de la collecte de fonds auprès du secteur privé car nous ferions alors face à la concurrence de nos collègues de Toronto et de Vancouver.

Deuxièmement, chacun sait que notre gouvernement provincial arrive après celui de Terre-Neuve pour ce qui est des crédits consentis à la culture. Nous n'avons donc pas beaucoup de pouvoir lorsque nous nous adressons aux entités fédérales, que ce soit au Conseil des arts ou au programme d'aide aux musées, étant donné qu'il nous est difficile de dire que nous bénéficions d'un soutien adéquat au niveau municipal, provincial ou des entreprises. Nous n'avons tout simplement pas cela. Nous vivons dans une province démunie.

Les crédits du programme que j'ai décrit venaient d'un usage créatif des fonds disponibles. Lorsque nous obtenions des fonds du Conseil des arts pour réaliser certains projets, nous nous efforcions toujours d'en consacrer une partie aux programmes d'interprétation, par exemple. Il est possible d'intégrer un volet de ce genre à d'autres programmes.

Aujourd'hui, comme le financement se fait projet par projet, dans un contexte de plus en plus compétitif et avec un gâteau qui se rétrécit d'année en année, il a finalement fallu renoncer à quelque chose. Les secteurs dans lesquels nous effectuons actuellement des coupures—il n'y a plus d'excédent à éliminer. Nous touchons maintenant au coeur même des programmes. Sachez que c'est un exercice très difficile.

Étant donné que nous devons recruter des enseignants spéciaux pour les programmes destinés aux enfants, nous sommes obligés d'annuler les programmes si nous n'avons pas d'argent pour payer ces enseignants.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Cooke.

M. Brent Cooke: Merci. Je voudrais revenir sur les déclarations de M. Tuele et de M. Tyrell, entre autres. Je suis sensible à ce qui a été dit au sujet de l'américanisation du Canada.

• 1410

L'un des problèmes auxquels fait face le Musée royal de la Colombie-Britannique est celui qu'évoquait M. Tuele, c'est-à-dire son isolement puisqu'il se trouve dans la partie sud-ouest de la province, en dehors des grands courants. Croyez-moi, Victoria souffre de ne pas être une grande métropole centrale.

J'ai participé en novembre à Ottawa à une conférence de l'AMC qui portait notamment sur certaines déclarations de l'honorable ministre Copps sur la nécessité d'organiser plus d'expositions itinérantes d'oeuvres canadiennes. Avec l'achat d'un paquet de drapeaux, c'est sans doute cela qui contribuerait le mieux à l'unité nationale. À la fin des deux jours de conférence, je dois vous dire que je ressentais une frustration extrême puisque je suis organisateur d'expositions itinérantes. Le seul organisme qui ait un mandat à cet égard est le gouvernement fédéral. Or, ses représentants ne cessaient de nous dire que la responsabilité nous appartenait totalement. Au bout de deux jours, la recommandation la plus importante que l'on a adoptée a été de nous réunir à nouveau l'an prochain, à la même époque. Quelle horreur!

Nous attendons du gouvernement fédéral qu'il joue le rôle de facilitateur—je suis très heureux que quelqu'un ait employé ce mot tout à l'heure—dans une relation de partenariat avec les musées, et non pas dans un rôle de leadership, pour nous aider à organiser des expositions d'oeuvres canadiennes. La composition démographique du pays est en train de changer radicalement. En Colombie-Britannique, en tout cas, la population non caucasienne augmente chaque jour. Il nous faut donc trouver le moyen de faire la promotion de la culture canadienne auprès de ces groupes et je pense que l'argent nécessaire devra provenir dans une certaine mesure du gouvernement fédéral sous forme d'appui aux musées.

On l'a déjà dit, les crédits du PAM n'ont pas cessé de diminuer au cours des 10 dernières années, à un point tel que le programme est aujourd'hui quasi inexistant. Quelqu'un a dit qu'on avait mis 2 millions de dollars dans la marmite cette année. Il reste à voir qui y aura accès.

L'an dernier, on nous a demandé de déposer nos demandes de financement pour le mois de février. Encore une fois, c'était sur la base d'un financement projet par projet, ce qui ne nous permet absolument pas de dresser des plans pluriannuels. Bon nombre d'organisations sont obligées de dresser des plans pour la saison à venir et elles sont donc obligées de prendre des engagements à cet égard sans avoir aucune information concrète du gouvernement fédéral.

L'an dernier, le gouvernement fédéral a annoncé au mois de septembre qu'il ne donnerait pas de fonds. Hélas, bon nombre des organisations dont je parle avaient déjà dépensé de l'argent pendant les mois précédents, dans l'espoir que le gouvernement fédéral leur accorderait son appui. Quand celui-ci a refusé, qu'ont-elles dû faire? Elles ont dû éliminer des programmes qui étaient pourtant essentiels, afin de pouvoir régler les dettes assumées pour tenir certaines activités pendant l'été précédent.

À mes yeux, ce genre de comportement du gouvernement fédéral est absolument pitoyable. Il faut que le gouvernement fédéral donne son appui mais cela ne semble pas être le cas. Les gouvernements provinciaux sont eux aussi en position de recul. De ce fait, nous constaterons bientôt que les entreprises elles aussi sortent de secteur. À ce moment-là, M. Tyrell n'aura probablement plus qu'un seul nom à mentionner pour faire asseoir toute sa classe. J'estime que nous nous engageons dans une voie catastrophique et j'aimerais pouvoir discuter avec quiconque souhaite trouver des moyens pour essayer d'obtenir un meilleur appui du gouvernement fédéral dans le secteur de la culture.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur Cooke.

J'ai sur ma liste les noms de M. Wegg, M. McDonald, M. Tuele et M. Kerr. J'aimerais toutefois changer un peu mon fusil d'épaule et m'adresser au public pour voir s'il y a quelqu'un qui souhaite intervenir.

Veuillez indiquer votre nom et l'organisation que vous représentez ou pour laquelle vous travaillez.

Mme Mia Weinberg (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Mia Weinberg et je suis la représentante de la Colombie-Britannique au Conseil national de CARFAC, Canadian Artists Representation/Front des artistes canadiens. Comme nous vous avons adressé un mémoire, je me contenterai d'évoquer quelques éléments qui n'y sont pas mentionnés et qui m'importent à la fois à titre de représentante de CARFAC et à titre d'artiste visuelle.

L'une des principales préoccupations de notre organisation de service à la communauté artistique est la réduction des crédits consentis dans notre secteur. À notre époque de coupures budgétaires, les artistes ont grand besoin de l'appui de gens qui peuvent les aider à avoir accès aux sources de financement et au marché. Ils ont besoin d'aide pour apprendre toutes les choses qu'un artiste doit savoir, par exemple comment préparer une documentation au sujet de ses oeuvres.

• 1415

Nos crédits ont été réduits, ces dernières années, et nous sommes aujourd'hui un organisme totalement bénévole en ce qui concerne la Colombie-Britannique. En Saskatchewan, nous avons encore quelques bureaux avec des employés rémunérés parce que nous y avons plus de membres. Sur le plan national, notre conseil ne peut tenir de réunion qu'une fois par an. Dans l'ensemble, nous communiquons au moyen de conférences téléphoniques, ce qui n'est pas suffisant. Nous ne pouvons accorder un appui réel aux artistes si nous n'avons pas l'argent nécessaire, pas seulement pour financer des projets mais pour appuyer les organismes de service. C'était la première remarque que je voulais faire.

Les centres gérés par les artistes, système auquel je crois beaucoup, ont aussi besoin d'appui, notamment pour les artistes émergents. C'est quelque chose qui m'importe beaucoup parce que je suis au début de ma carrière et que j'ai personnellement reçu l'aide de centres gérés par des artistes qui sont presque tous établis à l'autre bout du pays. Il semble plus facile de monter une exposition à Toronto ou Montréal qu'à Vancouver. Ces centres sont très importants pour aider les artistes au début de leur carrière.

Je sais que le Conseil des arts a obtenu 25 millions de dollars supplémentaires mais je ne sais pas quelle partie était destinée à l'octroi de subventions aux jeunes artistes. J'ai cru comprendre que ce n'était pas beaucoup. Or, quand je regarde les CV des professeurs que j'ai eus à la faculté des arts, je vois que beaucoup ont reçu des subventions du Conseil des arts, année après année. Aujourd'hui, il est très difficile aux artistes d'en obtenir ne serait-ce qu'une. Il est peut-être normal de consentir de l'argent aux artistes établis, connus d'un bout à l'autre du pays, mais il faut bien reconnaître que c'est aux débuts de la carrière que les artistes ont vraiment besoin d'argent, lorsqu'ils n'ont pas encore fait leurs preuves et qu'ils ont besoin de montrer ce qu'ils savent faire.

C'est quelque chose qui me tient beaucoup à coeur. Nous devons appuyer les jeunes artistes, à la fois lorsqu'ils étudient et aussi pendant leurs premières années professionnelles qui sont vraiment dures.

On a déjà parlé de CBC. Avant les coupures budgétaires de ces dernières années, la principale émission sur les arts que j'écoutais pour savoir ce qui se passait dans mon domaine d'un bout à l'autre du pays durait une heure. Aujourd'hui, elle ne dure plus que 30 minutes. Cela ne me permet absolument pas de savoir vraiment ce qui se passe dans les autres régions. À mon avis, c'est tragique car c'est l'une des rares méthodes qui existent pour savoir ce qui se fait ailleurs dans notre domaine. Quelqu'un a parlé tout à l'heure des connaissances diffusées par CBC. Je suis canadienne depuis trois ans. Lorsque j'ai passé mon examen de citoyenneté, ce que je savais du Canada me venait de CBC. C'est comme cela que j'ai appris des choses sur ce pays. J'en savais beaucoup plus que ce qui était nécessaire pour passer cet examen, et c'est parce que j'avais l'habitude d'écouter la radio de CBC.

Je voudrais mentionner aussi que l'art est extrêmement intangible. On ne peut pas lui donner de valeur concrète. On ne peut pas dire qu'on est un bon artiste parce qu'on a produit un certain nombre d'objets, et le nombre de personnes assistant à une exposition ne prouve aucunement que celle-ci était bonne. L'art peut avoir une importance considérable pour un petit nombre de gens mais ce n'est pas négligeable. Il faut bien comprendre que les choses que l'on peut retirer de l'art, comme la confiance en soi, la capacité de résoudre des problèmes, la passion de vivre et la qualité de vie, sont très difficiles à chiffrer mais sont aussi extrêmement importantes dans la vie. À mes yeux, c'est un élément fondamental de la culture.

C'est tout ce que je voulais dire.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup. Je crois que nous pouvons encore entendre un bref exposé, si un membre du public veut bien s'avancer au micro.

M. Fitch Cady (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Fitch Cady et je suis producteur de films en Colombie-Britannique. J'hésite à intervenir publiquement dans le domaine délicat de la culture canadienne mais, puisque Patrimoine Canada a publié un rapport sur le problème du crédit d'impôt pour les productions étrangères, je ne pouvais laisser passer l'occasion de venir vous en parler durant votre visite.

Il existe actuellement en Colombie-Britannique une industrie du cinéma d'une valeur de 400 millions de dollars qui emploie 11 000 techniciens et acteurs. La proposition, qui est fortement appuyée par Atlantis et Alliance, des provinces centrales, menace directement les crédits d'impôt dont nous avons bénéficié. Je peux vous dire que Patrimoine Canada sera impliqué dans une bataille homérique si ce projet va de l'avant. Nous n'avons pas l'intention de nous laisser faire sans réagir. Je tenais simplement à vous le dire puisque vous êtes ici.

Merci.

• 1420

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup. Nous prenons bonne note de votre déclaration.

Je reviens maintenant à ma liste d'intervenants mais je vous rappelle que vous pouvez tous et toutes intervenir pendant la discussion. J'ai sur ma liste les noms de M. Wegg, M. McDonald, M. Tuele et M. Kerr.

M. James Wegg: Merci beaucoup.

Ma collègue de CARFAC a soulevé une question très importante. Nous avons déjà beaucoup entendu parler de subventions, de financement et de dollars, mais comment mesurer la valeur de l'art? Pour ce qui est de l'argent, il est facile de savoir si on en a ou si on n'en a pas. Quand on entend parler de l'Orchestre symphonique de Toronto, c'est pour apprendre qu'il a équilibré son budget cette année. Par contre, comment savoir si le public a été ému par une symphonie de Mahler? Est-ce que Fall Fair a eu sa 500e représentation parce que Godfrey Ridout, Dieu le bénisse, a produit quelque chose qui est agréable à écouter et qui a du contenu canadien?

Il faut trouver une méthode pour évaluer l'art tout comme on évalue les soins de santé. La présidente nous a dit à juste titre que bon nombre de ministères différents ont une influence dans le domaine artistique mais elle n'a pas mentionné le ministère de la Santé. Pourtant, quand nous sommes exposés à de bonnes oeuvres d'art, nous nous sentons mieux. Nous accordons de la valeur aux soins de santé mais nous n'en accordons pas encore à l'art. Pourtant, les coûts de santé baisseraient si nous étions de plus en plus nombreux à trouver de la valeur dans les oeuvres d'art.

Mon collègue de l'Alliance culturelle de Vancouver a dit qu'il y a des organisations qui ont survécu aux coupures budgétaires, mais à grand prix. Pour ma part, j'ai cessé de diriger des orchestres symphoniques parce que j'aimais tellement mon art que je ne voulais pas être obligé de jouer le thème de Gilligan's Island pour pouvoir remplir mes salles.

L'heure est peut-être venue de proposer une solution facétieuse, reliée aux loteries. Peut-être pourrions-nous mettre tous les budgets administratifs des organisations culturelles dans un grand chapeau et faire un tirage au sort? Celui qui tirerait le bon numéro aurait de quoi à financer ses dépenses.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur Wegg.

Puisque vous parlez de la valeur des productions artistiques, je voudrais évoquer un rapport récent du Conseil des arts de Toronto qui portait précisément sur cette question. Il ne s'agissait pas seulement d'essayer de déterminer la valeur esthétique des oeuvres d'art mais aussi leur valeur monétaire. Il y a environ un an et demi, le cabinet McKinsey a consacré une étude à la valeur de toutes les formes d'art à New York. Le rapport s'intitulait You Gotta Have Art. Or, le taux de rendement de chaque dollar investi dans les arts dans l'État de New York—et je crois que c'est une information utile—était de sept pour un. Vous avez donc parfaitement raison de dire qu'il faut voir au-delà des facteurs économiques directs et indirects pour déterminer la valeur des oeuvres d'art. Il faut aussi tenir compte des bienfaits non monétaires.

Merci beaucoup de vos commentaires.

Monsieur McDonald.

M. Stuart McDonald: Je suis à la fois encouragé et découragé par ce qu'a dit M. Cooke au sujet de sa réunion de l'AMC. Encouragé parce que cela montre qu'un grand nombre de musées du Canada font tout leur possible pour préserver le patrimoine canadien, malgré la diminution considérable de leurs ressources, pour permettre aux Canadiens de connaître leur histoire. Mais déçu de voir que la réaction du gouvernement fédéral a été: «Débrouillez-vous». Je vois là une abdication de responsabilité que j'estime absolument incroyable à cette étape de notre histoire.

Il y a 32 ans, comme beaucoup d'autres dans cette salle, j'ai visité le Train de la Confédération, une institution nationale destinée à exposer de l'artisanat canadien, des objets historiques et des oeuvres d'art. Ces expositions, accompagnées de spectacles d'artistes locaux des diverses régions, ont permis de rappeler aux Canadiens que leur patrimoine était très important. À l'aube d'un nouveau millénaire, je me demande pourquoi le gouvernement du Canada et les citoyens du Canada n'organisent pas une activité similaire dans le but d'exposer le plus grand nombre de citoyens possible au patrimoine et à la culture de leur pays. Je sais que cela coûterait de l'argent mais pouvons-nous nous payer le luxe de ne pas le faire? Voilà la vraie question.

• 1425

Je songe aussi à l'autre institution nationale dont je suis membre, le Musée canadien de la guerre, qui se trouve juste à côté de l'excellent Musée des beaux-arts du Canada. Il m'est facile de comparer ces deux institutions à la situation pitoyable du Centre national des arts. Il y a à côté du Musée des beaux-arts du Canada ce qui est probablement la deuxième plus grande collection d'art canadien au Canada, et c'est une collection qui voit rarement la lumière du jour et qui sort rarement du musée. La dernière fois qu'elle a fait l'objet d'une exposition itinérante, c'était il y a 10 ou 12 ans, en Ontario. Je sais que Jack Granatstein, le P.-D.G. actuel du Musée de la guerre, aimerait relancer cette exposition itinérante. Je souligne que cette collection contient notamment des oeuvres de Molly Bobak, artiste de la Colombie-Britannique, Lawren Harris, A.Y. Jackson, E.J. Hughes et Alex Colville. Or, toutes ces oeuvres restent dans un entrepôt, cachées à la population, ce que je trouve tout à fait désolant.

Puisque nous nous préparons au prochain millénaire, je crois que nous devrions envisager de faire sortir ces institutions nationales du centre du pays, et surtout d'Ottawa, pour que les Canadiens des diverses régions y aient accès, et j'estime que cela fait partie des responsabilités du gouvernement fédéral.

Nous sommes l'un des rares pays à vivre à côté d'une superpuissance, aussi bien culturelle que médiatique, dont la population parle la même langue que nous—et je suis particulièrement fier du fait que l'on ne parle pas que l'anglais au Canada—mais nous sommes dominés par la culture et les médias des États-Unis. Une des méthodes dont nous disposons pour atténuer cette domination—et j'estime que c'est notre devoir de le faire, en tant que Canadiens—consiste à mobiliser nos talents, notre énergie et nos dollars pour préserver la culture, l'art et le patrimoine du Canada. Le gouvernement fédéral possède en la matière une responsabilité qu'il n'a pas le droit d'éluder.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Tuele.

M. Nicholas Tuele: Je voudrais ajouter quelques remarques à ce qui a été dit ce matin mais je souhaite aussi apporter une précision. Je crois comprendre que le dernier budget ne comportait aucun crédit nouveau pour le Conseil des arts, aucun crédit nouveau pour le programme d'aide aux musées, mais 50 millions de dollars pour un fonds de R-D scientifique. En effet, ce fonds a été porté de 250 millions de dollars à 300 millions. Or, bon nombre de ces millions de dollars servent à financer des activités de R-D d'une entreprise comme Bombardier, qui est très compétitive à l'échelle internationale. Je crois comprendre aussi qu'une poursuite judiciaire a été intentée il y a environ une semaine contre le gouvernement fédéral pour contester la légitimité de l'octroi de deniers publics à une entreprise pour lui permettre d'être compétitive internationalement.

Si je me souviens bien, le mot «musée» n'est mentionné qu'une seule fois dans tout le budget. Il se peut que l'on y mentionne aussi une fois le mot «culture». Pourtant, aucun crédit supplémentaire n'est envisagé pour certains des instruments fondamentaux par lesquels le gouvernement fédéral assume ses responsabilités en matière de culture canadienne. Demandez-vous ce qu'on aurait pu faire sur le plan culturel si on avait réussi à mettre 50 millions de dollars dans les mains des créateurs du Canada, jeunes et anciens. Cela aurait été merveilleux.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Bélanger, voulez-vous intervenir?

M. Mauril Bélanger: J'ai tendance à être d'accord avec cela. Le fait que l'on n'ait pas mentionné le PAM dans le budget ne doit cependant pas faire ignorer qu'il y aura à partir du 1er avril 2 millions de dollars de plus qui seront investis dans le programme pour l'exercice 1999-2000. Pour ce qui est du Conseil des arts, l'annonce portait sur cinq ans. Moi aussi je serais extrêmement déçu si l'on décidait alors de revenir au budget antérieur et soyez certains que je résisterai vigoureusement à une telle proposition. Toutefois, je ne pense pas que ce soit envisageable. Il n'y a peut-être rien eu dans le budget de cette année mais les augmentations annoncées antérieurement restent valides.

Je dois au demeurant... non, je vais réserver mes commentaires pour la fin.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Je voudrais apporter une précision à M. Tuele. Si j'ai bien compris, c'est de l'Organisation mondiale du commerce qu'il voulait parler quand il évoquait la décision du Canada d'attaquer le Brésil. Nous pensions que leurs subventions allaient à l'encontre de... En réponse, le Brésil a contesté le Canada sur le partenariat technologique et il y a eu une décision provisoire. Il ne s'agit pas tout à fait de quotas, c'est une sorte d'entente internationale que nous essayons de mettre en oeuvre.

Monsieur Kerr.

• 1430

M. Robert Kerr: Merci.

J'aimerais dire quelques mots de la globalisation de la culture. Je crois fermement que nous avons besoin d'une culture canadienne forte et dynamique, et je dois dire que je n'ai pas peur du tout de la culture américaine ni de la culture européenne, asiatique, africaine, américaine ou globale. Je pense qu'il serait ridicule d'avoir cette réaction car nous vivons sur la même planète. Nous faisons partie d'une communauté globale dont les divers éléments se rapprochent de plus en plus et sont de plus en plus intégrés. Ce qui serait très menaçant pour la culture canadienne ou pour le Canada en tant que nation serait d'adopter une attitude culturelle protectionniste, c'est-à-dire de nous enfermer derrière nos murs en prétendant que ce serait la seule manière de préserver notre culture.

D'après moi, c'est en investissant dans les arts et la culture que nous réussirons à consolider l'art et la culture du Canada. Si nous avons de bons systèmes de soutien des artistes canadiens, ceux-ci réussiront sur la scène mondiale.

L'une des choses que nous faisons au sein de notre organisation est d'encourager les échanges entre les artistes canadiens et les artistes étrangers, par exemple entre des artistes de Vancouver et leurs homologues des Pays-Bas, du Japon et de l'Afrique. Cela produit parfois des choses étonnantes. Des artistes canadiens trouvent du travail en Europe. De fait, ils trouvent parfois plus de travail en Europe que dans leur propre pays, et cela crée des liens internationaux solides. Cela dit, ça ne peut se faire que parce que les artistes entrent en contact les uns avec les autres, d'un bout à l'autre de la planète, sans être limités par les frontières. À mon sens, c'est quelque chose que nous devons encourager.

Les Hollandais font quelque chose dont nous devrions nous inspirer. À l'heure actuelle, ils consacrent plus d'argent que jamais à leurs programmes de soutien culturel. C'est remarquable. Les exportations culturelles des Pays-Bas, pays minuscule entouré de cultures européennes dominantes... Ils produisent des oeuvres remarquables et le Canada aurait beaucoup à apprendre de cet exemple.

Il ne faut pas oublier non plus la question des nouvelles technologies et d'Internet. C'est un phénomène qui existe et qui est incontournable. On ne peut pas l'éliminer. De plus en plus de gens vont se brancher sur le réseau pour aller n'importe où. Et ce n'est pas parce que nous sommes Canadiens que nous allons utiliser Internet pour connaître la culture canadienne. Si celle-ci est mauvaise, ennuyeuse et sans intérêt, nous n'irons pas sur les sites pertinents. On ne peut pas obliger les gens à le faire.

Notre pays a une incroyable richesse créative et énormément de potentiel. Nous avons à peine gratté la surface de ce potentiel et il est grand temps que nous fassions beaucoup plus. C'est comme cela que nous préserverons une identité canadienne.

Je voudrais mentionner quelques petits détails pratiques en ce qui concerne les sources de financement. Tout d'abord, chacun sait qu'il n'y a pas de deniers publics qui soient consacrés aux arts aux États-Unis et que les sommes consacrées à ce secteur sur le plan national ont diminué, mais le gros avantage des États-Unis est qu'ils ont inventé le système des fondations. Il existe là-bas des fondations privées incroyablement puissantes dans le domaine des arts. Si le ministre des Finances et les grands esprits de notre pays réfléchissaient à la manière d'inciter les entreprises à contribuer à des fondations similaires, cela pourrait être une source très importante de financement à long terme. Je crois que nous devrions l'envisager très sérieusement.

N'oubliez pas non plus que le domaine des arts est le septième secteur du Canada en matière de création d'emplois. Puisqu'on parlait tout à l'heure de valeur, il ne faut pas oublier qu'il y a des gens qui travaillent dans les arts. Mon père ne l'aurait jamais cru mais il se trompait.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Pour ce qui est des fondations, monsieur Kerr, le ministre des Finances a aboli il y a deux ans l'impôt de 50 p. 100 sur les gains en capital issus des dons consentis aux organismes de charité par des sociétés cotées en bourse et ce, suite aux efforts du Conseil des arts. Je sais qu'une nouvelle campagne a été entreprise, menée par Don Johnston, pour essayer d'éliminer la deuxième moitié.

• 1435

Cela dit, il y a eu dans les journaux plusieurs éditoriaux, juste avant le dernier budget, disant que cette mesure revenait en fait à laisser les riches décider quels sont les organismes de charité qui comptent. D'aucuns affirment que ces dons constituent en fait un avantage offert aux riches. Je ne vous demande pas de répondre immédiatement à cette critique mais il serait peut-être utile de le faire un peu plus tard.

M. Robert Kerr: La solution consisterait peut-être simplement à établir des lignes directrices que les fondations devraient suivre pour ce qui est de la distribution de leurs dollars. Il faudrait choisir les membres de leurs conseils d'administration parmi l'ensemble de la société, de façon à ce que les décisions ne soient pas imposées par un seul individu qui contrôlerait la distribution des fonds en fonction de ses propres intérêts très limités.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Monsieur Holzschuh.

[Français]

M. Craig Holzschuh: J'aimerais revenir aux commentaires qu'ont émis M. Tuele, Mme Gobis et M. Tyrell. Nous aussi, au Théâtre la Seizième, croyons que l'éducation est très importante. Nous avons récemment visité de jeunes étudiants de première année pour discuter de ce qu'ils aimeraient voir dans une pièce de théâtre, de ce qui les intéressait et de ce qu'ils veulent voir sur la scène. Quasiment tous les étudiants nous ont dit qu'ils aimeraient voir du Nintendo et des personnages de la télévision sur la scène. Nous avons trouvé cela triste parce que ce sont ces jeunes qui vont grandir et prendre la relève. Ce sont eux qui iront chercher notre culture; ils seront notre culture de demain. Ils jugent le théâtre, et certainement tous les autres arts visuels et de la scène, en fonction de la télévision américaine ou de produits américains qu'ils trouvent. J'ai peur de ce qui va arriver dans 30 ans, quand ces jeunes-là prendront la relève, comme le disait si bien M. Tuele. Merci.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

[Français]

Madame Longnus.

Mme Isabelle Longnus: Merci. Je voudrais juste renchérir un petit peu sur les répercussions importantes des artistes et du secteur culturel sur l'économie. On se fait du souci pour le 7e art, le cinéma, et ce qui s'y passe est très important.

On parle aussi des artistes et on constate qu'en général, les bons artistes canadiens quittent le Canada. On se demande où sont nos artistes. Pourquoi ne restent-ils pas ici? On se dit que telle chanteuse est partie, tout comme tel producteur de films. C'est vraiment triste, ce qui arrive.

Pour que le Canada soit une institution culturelle importante et pour que ses musées, ses artistes et ses films soient reconnus partout dans le monde, eh bien, il faut les encourager. Le gouvernement doit prendre des risques avec les artistes parce qu'il y a certains critères qui ne correspondent pas aux réalités des artistes. Certains d'eux se disent qu'il n'y a pas assez d'argent pour eux ici et ils décident de s'en aller ailleurs.

On parle souvent des États-Unis, où le gouvernement n'aide pas les artistes. Ce sont des compagnies privées qui les aident et, bien souvent, ça fonctionne beaucoup mieux. On nous dit ici qu'il y a des artistes qui vivent très bien sans subvention et que nous devrions faire de même. Mais on vit dans une autre réalité, dans une autre économie et dans un autre pays, j'espère. C'est pourquoi il faut vraiment faire ce qu'il y a à faire ici et prendre des risques avec des artistes. Il ne faut pas les laisser partir; sinon, il n'y en aura plus.

On a parlé de la jeunesse. Si les enfants n'ont pas de modèles ici, s'ils n'ont que des modèles étrangers, il est évident qu'il n'y en aura pas de relève, parce qu'il n'y aura pas d'aboutissement ou d'issue à leur travail. Comment dire à un jeune étudiant de faire du théâtre, d'aller voir une pièce de théâtre ou un film canadien? Il va nous dire:

[Traduction]

«Ah, c'est ennuyeux».

[Français]

C'est malheureusement parce qu'il n'y a pas d'effervescence, parce qu'on n'a pas pris de risques. On a toujours tendance à rester du côté très traditionnel, et cela devient très évident quand on voyage en Europe ou aux États-Unis. Le Canadien ne prend pas assez de risques parce qu'on ne lui laisse pas prendre de risques. C'est ce que je trouve un peu triste. Merci.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Wegg.

M. James Wegg: Je ferais deux brèves remarques. La première concerne les fondations et votre remarque que la réduction de l'impôt sur les gains en capital profiterait aux riches. Je crois que c'est une question de degré. En fait, d'après moi, cette réduction a pour effet d'atténuer la douleur que ressentent les riches en faisant le bien. Un certain nombre de...

• 1440

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Je vous citerai.

M. James Wegg: Je vous en prie. Parlez-en à mon agent toutefois.

Des études ont prouvé que ce sont les simples citoyens qui donnent en fait le plus, collectivement. En matière de dons, la personne qui donne le plus, au Canada, est celle qui donne 20 $ parce qu'elle a une passion.

Quelques mots maintenant sur l'appui des entreprises. À mon avis, le parrainage consenti par les entreprises leur est très bénéfique et il l'est légèrement pour l'organisme de charité concerné. En effet, l'entreprise obtient de la publicité à un taux défiant toute concurrence et largement inférieur à ce qu'elle devrait normalement payer si elle utilisait Young and Rubicam à Toronto. Nous sommes prêts à nous vendre pour avoir le plaisir de dire: «Présenté par XYZ, une entreprise merveilleuse, ce qui veut dire que nous produisons sans doute de bonnes choses».

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

M. McDonald, Mme Longnus et M. Tyrell.

M. Stuart McDonald: Pour répondre à M. Kerr au sujet du protectionnisme, je dois dire que je partage son inquiétude à cet égard. Je ne crois pas non plus qu'il faille tenter de protéger l'art, la culture et le patrimoine du Canada. Bien que cela semble être une solution simple, et il y a à cet égard un projet de loi qui nous intéresse, c'est aussi une solution qui va attirer l'attention de l'Organisation mondiale du commerce, entre autres. Je crois que nous devrions être beaucoup plus portés que nous ne le sommes actuellement à investir dans ces choses et à les appuyer et à les encourager plutôt qu'à adopter la démarche négative du protectionnisme. Vous avez raison, c'est en encourageant les arts, en les appuyant et en les aidant que nous réussirons à amener de plus en plus de Canadiens à connaître le travail que vous faites tous, les uns et les autres, ce qui aura un effet d'entraînement.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Madame Longnus.

[Français]

Mme Isabelle Longnus: J'aimerais faire un petit commentaire. Quand on va en Europe, on voit souvent sur les billets de 50 francs français le Petit Prince de Saint-Exupéry. Je n'ai rien contre les loonies ou contre les petits oiseaux. Je sais que ce sont les symboles du Canada. Mais il est peut-être temps de faire honneur à nos artistes et au patrimoine que nous avons ici, au Canada, en mettant autre chose qu'un petit canard sur nos billets et sur nos timbres. Merci.

M. Mauril Bélanger: On le fait régulièrement.

Mme Isabelle Longnus: Sur les timbres, oui, j'en conviens.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Monsieur Tyrell.

M. Chris Tyrell: En ce qui concerne les fondations et les riches, je dois dire que cela ne m'inquiète pas du tout. Les riches ont souvent pris d'excellentes décisions, comme l'ont prouvé les Medici. Franchement, le gouvernement risquerait de donner de l'argent aux stupides car—sans vouloir offenser qui que ce soit—comme il décide de plus en plus en fonction des sondages, ses décisions sont de plus en plus axées sur la moyenne. Or, ces gens n'ont jamais été des leaders—jamais. Donc, à mon avis, le fait que les riches influent sur les décisions n'a rien de préjudiciable.

Je voudrais mentionner autre chose. Nous disons tous que nous voudrions avoir plus d'argent mais il m'importe aussi de savoir comment cet argent arriverait dans les arts du spectacle.

Dans le passé, lorsque la chasse aux phoques était une activité énorme, j'ai pu faire venir ici même, au coeur du pays de Greenpeace, des artistes de Terre-Neuve qui ont présenté un spectacle qui s'appelait They Club Seals, Don't They? et je peux vous dire que bien des gens ont changé d'attitude. Ce spectacle canadien à ramifications internationales m'a fait changer d'avis. Certes, je n'en suis pas arrivé au point où je voulais aller moi-même faire la chasse aux phoques mais j'ai réussi à comprendre que c'était aussi une activité commerciale qui était importante pour mes concitoyens canadiens qui ont aussi besoin de se nourrir. Cela ne m'était jamais venu à l'esprit.

De plus, la première fois que j'ai entendu parler du séparatisme comme mouvement politique, j'ai réussi à faire venir ici Lise Payette et Louis Laberge—des gens que je ne connaissais pas personnellement mais dont je connaissais la réputation—pour participer à des débats publics. Encore une fois, cela m'a ouvert l'esprit et a amené bien des gens d'ici à revoir leur position, ce qui m'a beaucoup étonné.

Certes, amener des séparatistes au sein du Canada anglais, ou des chasseurs de phoques dans le pays même de Greenpeace, nous a permis d'obtenir une presse extraordinaire et de vendre beaucoup de billets.

J'ajoute qu'il me coûte moins cher d'aller de Vancouver à Londres qu'à Toronto, c'est-à-dire d'être international que Canadien. Voilà pourquoi CBC et l'ONF sont terriblement importants à mes yeux.

• 1445

S'il est vrai que tous les Américains semblent se souvenir de l'endroit où ils se trouvaient lorsque Kennedy a été assassiné, je me souviens moi de l'endroit où je me trouvais lorsque Barbara Frum est décédée, et je me souviens de l'impact extraordinaire qu'a eu cette nouvelle sur tous mes amis. Ce jour-là, j'estime que nous avons perdu un trésor national. Je n'ai jamais rien vu de semblable depuis Terry Fox. J'ai trouvé remarquable qu'un sportif et une journaliste puissent avoir une telle influence sur moi.

Donc, à Vancouver, CBC et les expositions itinérantes sont terriblement importantes. Récemment, votre compagnie m'a donné la possibilité de voir Jean-Louis Millette. Je croyais aller voir une pièce en français mais c'était en anglais. Ce fut une expérience merveilleuse. Il s'agissait d'un Canadien français qui avait perdu la capacité de parler français. Voilà ce qui me donne vraiment le sentiment d'être Canadien.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Madame Farina.

Mme Rose Farina: En écoutant toutes ces interventions, je me dis que le gouvernement devrait peut-être cesser de répéter à tout va qu'il n'a plus d'argent et commencer à essayer de penser de manière équilibrée. Que se passerait-il si, à la fin de la réunion, le gouvernement... Quand ils rentrent chez eux, ils disent: «Mon Dieu, quelle journée!» et ils vont au spectacle pour se détendre. Quand ils rentrent chez eux, quelle est la première chose qu'ils font? Ils écoutent de la musique, ils lisent un livre ou ils font quelque chose comme cela. Si chacun prenait conscience de la manière dont l'art influe sur sa vie quotidienne ou si, au début de la réunion, ils se disaient: «Qu'avez-vous fait hier? Combien de fois l'art vous a-t-il touché dans la journée?», peut-être prendraient-ils des décisions plus justes et cesseraient-ils de nous dire qu'ils n'ont tout simplement plus d'argent.

C'est toujours triste de dire «donnez, donnez, donnez», mais dire «Nous allons vous aider à trouver, nous serons le facilitateur», comme quelqu'un l'a dit plus tôt...

Quoi qu'il en soit, je veux seulement dire que j'espère que les membres du gouvernement réfléchiront à la manière dont l'art influe sur leur vie et qu'ils seront justes et n'oublieront pas la Colombie-Britannique.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Madame Baxter.

Mme Lori Baxter: On vient beaucoup de parler d'argent et de ce qu'il faudrait faire pour investir plus dans les arts. Tout cela est fort important, certes, mais je crois qu'il faut aussi se demander si l'on utilise bien l'argent dont on dispose actuellement. Le problème n'est peut-être pas toujours plus d'argent mais de mieux utiliser l'argent qu'on a.

Vous disiez tout à l'heure que tout est relié et que la culture dépend de beaucoup de ministères différents. Je pense qu'il faudrait voir là une bonne chose car ce serait l'occasion de revoir toutes les politiques publiques et tous les secteurs du gouvernement qui ont une incidence sur les arts et la culture, afin d'éviter des politiques contradictoires d'un ministère à l'autre. À Thunder Bay, par exemple, une branche du gouvernement investit dans un orchestre symphonique et une autre prétend que, puisque les musiciens ne sont pas des travailleurs indépendants, tout cet argent va leur être retiré et être rendu au gouvernement fédéral. Voilà un très petit exemple de choses que l'on devrait réexaminer attentivement pour veiller à mettre en oeuvre des politiques vraiment productives.

Quelqu'un a dit un jour qu'il faudrait revoir tous les ministères et toutes les politiques à travers une lentille culturelle pour déterminer si leur incidence est positive ou négative. Comme les arts et la culture sont tellement interconnectés avec tout ce que nous faisons d'autre, je pense qu'il serait très utile de mener un tel exercice. On le fait parfois sur un plan individuel, ce qui est sans doute plus facile.

• 1450

L'Alliance culturelle de Vancouver travaille avec le bureau local de Développement des ressources humaines Canada et elle a réussi à mettre sur pied à l'intention des travailleurs culturels un programme destiné à leur permettre d'accroître leurs revenus d'origine artistique. C'est quelque chose qui ne correspond pas aux règles usuelles de DRHC.

Je ne veux pas dire qu'il faille briser toutes les règles mais au moins les remettre en question. Les gens d'ici sont très favorables à cela et nous sommes heureux d'avoir trouvé le moyen d'aider les artistes en utilisant un programme que l'on ne considérait pas, par le passé, comme étant vraiment adapté aux arts et à la culture. Je vous lance le défi de faire la même chose à l'échelle de tout le gouvernement.

J'aimerais aussi revenir sur l'idée du protectionnisme. Quoi que l'on fasse, il semble très important de protéger notre capacité d'appuyer les arts. C'est crucial mais c'est quelque chose que l'on a remis en cause dans certaines ententes internationales. Si nous ne gardons pas la possibilité d'appuyer les arts et la culture, nous nous appauvrirons.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Tuele.

M. Nicholas Tuele: C'est précisément ce que j'essayais de dire en parlant des choses qui se font actuellement dans un autre secteur. Pour essayer d'élargir notre horizon, j'évoquerais le cas de certains de nos meilleurs artistes qui nous abandonnent pour trouver un meilleur environnement aux États-Unis ou ailleurs, phénomène que l'on juge très alarmant ici même, en Colombie-Britannique, où nous dépensons beaucoup d'argent pour former des jeunes dans les technologies de l'information. Or, ces jeunes partent immédiatement aux États-Unis dès qu'ils ont fini leurs études. De fait, ils sont recrutés à Seattle et en Californie avant même d'avoir fini leurs études. Je crois qu'il y a là un autre gros problème pour le gouvernement fédéral, problème qui est relié à la question plus générale de la fiscalité.

L'un des programmes les plus utiles à la collectivité muséologique—en tout cas aux membres de cette collectivité qui sont en mesure d'en tirer profit—est la Commission d'examen de l'exportation de biens culturels canadiens. Les personnes qui donnent à un musée une collection d'oeuvres d'art, des articles de musée ou d'autres pièces de ce genre jugés d'importance nationale reçoivent un très généreux avantage fiscal. C'est la seule manière pour les musées du pays d'élargir leurs collections permanentes. Je félicite le gouvernement fédéral d'avoir adopté ce programme et je l'invite vivement à le rendre plus accessible et, pourquoi pas, à le reproduire dans d'autres secteurs.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger: Je pense que nous arrivons à la fin du débat. Si vous me le permettez, je ne vais pas m'immiscer dans la discussion mais je tiens à remercier les personnes qui ont fait des propositions.

Monsieur Tyrell, merci à nouveau de vos déclarations. Dans notre domaine, nous avons parfois tendance à oublier que le progrès et le changement viennent généralement des marges. C'est quelque chose qu'il ne faudrait pas oublier au moment où l'on essaie de réfléchir à une politique culturelle canadienne.

Monsieur McDonald, je ne vois pas pourquoi nous devrions attendre des dates exceptionnelles comme 1967 ou 2000 pour faire des choses comme le train. Cela pourrait se faire régulièrement sur des thèmes différents. Peut-être devrions-nous réfléchir plus sérieusement à cette idée pour donner aussi de l'emploi aux étudiants en été. Il n'y a aucune raison que cela coûte une fortune.

Si vous me le permettez, puisque les participants à ce débat appuient vigoureusement tout ce qui relève des arts, de la culture et du patrimoine, je voudrais aussi vous rappeler que les gouvernements, les députés—autant du parti gouvernemental que des partis d'opposition—reçoivent quotidiennement une multitude de demandes pour telle ou telle part du gâteau. Le défi à relever consiste peut-être à couper le gâteau différemment.

Ce que je veux dire, c'est que vous ne devez pas renoncer à exercer des pressions sur les députés car ce que vous faites ne diffère pas de ce que font d'autres secteurs. Pendant chacune de nos audiences, nous avons entendu des gens dire que la culture est le fondement même de l'âme canadienne. Je crois que vous avez donc le devoir de maintenir la pression, et en tout cas autant de pression qu'en a exercée il y a deux ans le Conseil de recherches médicales—avec beaucoup de succès. Il appartient aux groupes artistiques du pays de trouver le moyen de faire un lobbying beaucoup plus efficace qu'actuellement.

• 1455

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur Bélanger.

Madame Zagar, vous n'avez pas encore pris la parole. Je ne voudrais pas terminer cette séance en ne vous donnant pas la possibilité de vous exprimer. Voulez-vous intervenir?

Mme Mirna Zagar: Je fais partie du monde de la danse à Vancouver depuis très peu de temps. Je suis relativement nouvelle au Canada et je suis donc venue ici autant pour apprendre que pour représenter ma communauté.

Bon nombre des remarques qui ont été faites jusqu'à présent valent aussi pour le monde de la danse en Colombie-Britannique. Nous sommes une communauté relativement petite, à peine visible sur la scène artistique, ce qui me paraît injustifié. Nous avons en effet beaucoup de talents locaux mais quasiment aucune ressource pour favoriser leur épanouissement. Il n'y a quasiment pas d'infrastructure dans notre domaine. Si j'en crois ce que m'ont dit mes collègues, le nombre de troupes de danse a sensiblement diminué ces dernières années. Beaucoup n'existent maintenant plus que de nom. Leurs responsables n'ont plus les moyens de les financer comme ils le voudraient. Les danseurs n'ont plus les moyens de suivre des cours car ils dépendent quasiment tous du bien-être social. Le revenu moyen dans le domaine de la danse est honteusement bas, à un point tel que je ne le mentionnerai même pas. Il n'y a plus de tournées.

Pourtant, je connais bien le marché international, je sais qu'il existe un intérêt énorme à l'égard de la culture canadienne et des cultures régionales. Je sais que les organisateurs étrangers obtiennent la majeure partie de leurs informations par leurs contacts individuels. Il n'y a pourtant quasiment rien qui est distribué par les ambassades du Canada sur la danse canadienne. Quand on veut obtenir des renseignements, c'est extrêmement difficile, et encore plus si l'on veut des informations régionales.

Je me permets donc d'affirmer que nous sommes en droit d'attendre du gouvernement fédéral qu'il soit plus conscient de cette situation et qu'il accorde un soutien plus actif aux troupes canadiennes, et surtout à celles de la Colombie-Britannique, qui ne reçoivent quasiment aucun soutien. Certes, nous survivons mais l'art de la danse est celui qui a la plus courte espérance de vie.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, madame Zagar.

Je vais donner la parole à trois autres personnes avant de mettre un terme à la séance. Monsieur Sauvageau.

[Français]

M. Benoît Sauvageau: Avant que nos témoins ne nous quittent, je tiens absolument à leur dire que je les ai trouvés très intéressants. Comme M. Bélanger, M. Muise et d'autres députés l'ont indiqué au début de cette table ronde, nous étions ici pour vous écouter. Nous ne sommes pas intervenus trop souvent, mais nous avons bien écouté et, je l'espère, nous vous avons bien compris. Je tiens à vous féliciter tous et toutes pour le travail que vous faites en vue de maintenir en vie vos différents secteurs d'activité.

J'ai cru comprendre que, oui, vous demandiez plus d'argent pour certains programmes, mais que vous recherchiez surtout la cohérence, la logique et l'équité. Ce sont les éléments qui semblent ressortir de vos propos. De l'argent, il y en a peut-être, mais il est mal réparti et mal administré. Madame ma voisine me disait: «On est un peu loin et on nous oublie souvent.»

Je tiens surtout à féliciter madame qui tient à bout de bras les groupes pour la communauté francophone d'ici et monsieur pour ses efforts dans le domaine du théâtre.

En terminant, j'aimerais dire à monsieur Tuele que nous serons toujours intéressés à accepter son invitation et à venir vous parler de la souveraineté.

M. Mauril Bélanger: De notre héritage et l'histoire.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Il y a un autre membre du public qui souhaite intervenir, M. Justin McGrail.

Monsieur McGrail, nous sommes sur le point de conclure la séance.

M. Justin McGrail (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Justin McGrail et je suis un poète de Vancouver et membre d'une radio coopérative.

Comme vous vous êtes rendus dans plusieurs villes différentes, je suis sûr que l'on vous a communiqué à chaque fois des avis et des conseils similaires à ceux que vous avez entendus aujourd'hui. À mon sens, la politique culturelle canadienne devrait viser à faire circuler les arts et artistes canadiens entre les communautés culturelles riches. Chaque communauté canadienne englobe certainement une vaste communauté culturelle très dynamique et j'estime que la politique nationale devrait notamment favoriser l'établissement de liens entre elles. En fait, les fonds devraient peut-être venir du ministère des Routes.

Merci.

• 1500

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Du ministère des Transports? Bravo! Merci beaucoup. Je dois dire que je n'y avais pas pensé.

Madame Baxter.

Mme Lori Baxter: Merci. Je voudrais revenir sur une affirmation de M. Bélanger.

En ce qui concerne notre lobbying, je suis parfaitement d'accord avec vous. Nous pourrions certainement faire beaucoup mieux à cet égard, même si nous sommes le septième plus gros employeur du pays. Nous sommes des entrepreneurs indépendants. Nous oeuvrons dans de très petites organisations. Dans la plupart des secteurs, notre plus gros employeur serait considéré comme une PME. Voilà les défis que nous devons relever.

[Note de la rédaction: Inaudible]

M. Mauril Bélanger: ...

Mme Lori Baxter: Merci. Je suis d'accord avec vous et je relèverai le défi. En revanche, je vous lance à mon tour le défi d'agir auprès de Revenu Canada pour que les règles relatives aux organismes de charité soient modifiées afin que nous ne perdions pas notre statut d'organisme de charité lorsque nous entreprendrons ces activités de lobbying. Je relèverai votre défi si vous relevez le mien.

Si vous me le permettez, puisque c'est la dernière fois que je m'exprimerai, je tiens aussi à vous remercier sincèrement d'être venus à Vancouver pour nous écouter car cela montre que vous vous intéressez vraiment à une politique culturelle nationale. J'espère que nous nous reverrons bientôt.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Nous sommes maintenant arrivés à la fin de cette séance. Certes, nous pourrions continuer la discussion pendant des heures et des heures mais, comme je l'ai dit au début, nous ne pouvons pas tout faire en un seul jour. Nous avons cependant couvert beaucoup de terrain.

À la fin de cette tournée, on pourrait penser que nous sommes épuisés mais je dois vous dire que cette discussion est probablement la plus animée à laquelle nous avons participé. Vous avez donc été peut-être les derniers mais soyez certains que vous n'avez pas été les moindres.

Nous avons perçu pendant notre tournée du Canada une passion et un engagement extraordinaires de la part des gens qui oeuvrent dans les arts et la culture et c'est bien dommage que nous ne puissions pas mettre cela en bouteille car nous n'aurions difficulté à faire fortune. Je ne dis pas que les arts et la culture sont des produits et des services mais que l'énergie dont témoignent les gens qui oeuvrent dans ces domaines est tellement remarquable que j'aimerais pouvoir la commercialiser. C'est peut-être d'ailleurs un des éléments fondamentaux de la culture canadienne, de qui nous sommes.

Vous vous êtes fait l'écho de préoccupations que nous avons déjà entendues dans d'autres régions. Le mot clé semble être «facilitateur». Si je retiens une chose de la séance d'aujourd'hui, c'est celui-là. Une autre chose importante est la raison pour laquelle vous demandez des fonds. Vous le faites non pas parce que vous êtes les cousins pauvres d'autres secteurs mais parce que vous voulez oeuvrer en partenariat.

Je ne sais pas comment vous remercier, au nom de tous les membres du comité. Cela dit, je tiens aussi à remercier les membres du public qui ont participé au débat. Nous sommes peut-être ici pour étudier la politique culturelle mais il ne serait sans doute pas exagéré de voir dans cette réunion le début d'un nouveau partenariat avec nous. Je vous encourage au demeurant à nous adresser des mémoires, si vous le souhaitez, d'ici fin mars. Cette invitation vaut également pour les membres du public et pour toutes les autres personnes que cela pourrait intéresser.

Je vous serais très reconnaissante de bien vouloir prendre contact avec le greffier avant de partir et je constate que plusieurs de mes collègues souhaitent vous parler individuellement. Merci à nouveau, du fond du coeur, d'avoir pris le temps de venir nous parler. Je donne le dernier mot, très bref, à M. Muise.

M. Mark Muise: Merci. Je serai bref.

Je tiens à me faire l'écho de M. Bélanger. Nous sommes venus ici pour écouter mais sachez bien que notre comité est très sympathique à votre cause. En fait, vous avez un peu prêché aux convertis. Cela dit, il nous appartient maintenant, avec votre aide, de convaincre les autres ministères d'agir dans le bon sens. Il faut par conséquent que vous continuiez à faire des pressions pour que nous puissions continuer à faire notre travail.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Sauvageau.

[Français]

M. Benoît Sauvageau: J'aimerais inviter les témoins qui le souhaitent à rester dans la salle pour assister à la prochaine table ronde, qui débutera dans dans une heure.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): En effet et, comme l'a dit M. Sauvageau, nous allons tenir une autre table ronde dans une heure. J'encourage certainement toutes les personnes présentes à rester pour cette séance.

Merci encore. La séance est levée.