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CHER Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 4 février 1999

• 0913

[Traduction]

Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)): Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent du patrimoine canadien.

Nous la consacrerons entièrement à entendre les membres du conseil d'administration du Centre national des Arts.

[Français]

Je voudrais rappeler le contexte et le but de cette rencontre avec les représentants du Centre national des Arts.

Le 17 novembre 1998, le comité adoptait à l'unanimité la motion suivante:

    Que le Comité convoque les membres du Conseil directeur du Centre national des arts ainsi que d'autres intervenants qu'il juge nécessaire, afin d'examiner le mandat, les ressources, la gestion et les opérations du Centre; et

    Que, à la guise de la présidence, les témoins soient invités à comparaître le plus tôt possible, pourvu que ces séances n'aient pas lieu en période de conflit de travail au Centre national des arts.

[Traduction]

Cette motion, adoptée à l'unanimité par le comité, avait été présentée par Mme Wendy Lill se lit ainsi: que le comité convoque les membres du conseil d'administration du Centre national des Arts ainsi que d'autres intervenants qu'il juge nécessaire, afin d'examiner le mandat, les ressources, la gestion et les opérations du Centre; et que, à la guise de la présidence, les témoins soient invités à comparaître le plus tôt possible, pourvu que ces séances n'aient pas lieu en période de conflit de travail au Centre national des Arts.

Donc, comme le précise cette motion, notre réunion aura pour objet d'examiner le mandat, les ressources, la gestion et les opérations du Centre. Hier après-midi, le comité a entendu le vérificateur général du Canada, M. Denis Desautels qui était accompagné de ses collaborateurs, à propos de son rapport d'examen spécial portant sur le contrôle financier ainsi que sur les systèmes d'information et les pratiques de gestion de la Corporation du Centre national des Arts. Ce rapport a été présenté au conseil d'administration du CNA le 29 juin 1998.

• 0915

Notre rencontre avec M. Desautels avait pour objet d'aider les membres du comité à se préparer en vue de la séance d'aujourd'hui et à comprendre certains des problèmes de fond. Cela étant, je suis sûr que mes collègues députés auront de nombreuses questions intéressantes à poser aux membres de votre conseil d'administration à propos des mouvements d'effectif, des communications entre le conseil et la direction du Centre, de même que du plan d'entreprise et de votre financement, pour ne citer que ces aspects. Le comité espère que cette réunion permettra de tirer au clair certaines de ces questions.

Je dois ajouter que le comité, étant le seul à pouvoir décider des procédures qu'il appliquera, se réserve le droit de déterminer sa ligne d'action dans l'avenir. Notre comité a pour rôle de passer au peigne fin les organismes culturels fédéraux relevant de sa compétence. Nous entendons donc poursuivre l'examen des objectifs et des mandats de ces organismes culturels, examen que nous avons commencé au printemps dernier.

Je profite de cette occasion pour réagir à la question qu'on a posée plusieurs fois à nombre d'entre nous, à savoir pourquoi nous avons décidé de ne pas inviter certains témoins. Eh bien, il faut d'abord préciser que le comité ne formule jamais ses décisions de façon négative, mais qu'il décide des témoins qu'il VA inviter. Nous avons jugé, étant donné la situation et surtout le peu de temps qui nous est imparti pour cet examen du CNA, étant donné également que nous sommes saisis d'un projet de loi et qu'il ne nous reste que deux jours pour terminer notre étude sur le secteur culturel... après délibérations, les membres du comité ont convenu que le mieux serait d'inviter le vérificateur général pour obtenir un historique objectif du problème dont nous étions saisis, et d'accueillir ensuite le conseil d'administration du CNA pour lui poser des questions, ce que nous allons faire maintenant.

J'accueille donc Mme Thérèse Riley, présidente du conseil d'administration.

[Français]

Je l'invite à nous présenter les membres du conseil d'administration et toute autre personne qui l'accompagne.

Je rappelle aux députés que lors du premier tour, j'accorderai cinq minutes à chaque parti et que lors des tours subséquents, j'accorderai cinq minutes à chaque membre du comité. Si cela est nécessaire, nous ferons une petite pause avant d'entamer la deuxième partie de la réunion. Nous disposons de beaucoup de temps puisque nous avons prévu une séance de travail de quatre heures.

Madame Riley, je vous invite à nous présenter vos invités.

Mme Jean Thérèse Riley (présidente du conseil d'administration du Centre national des Arts): Merci, monsieur le président et membres du comité. Je tiens à vous remercier de cette invitation à comparaître devant votre comité. Je vais vous présenter mes collègues, que vous devez connaître puisque j'ai cru comprendre que vous aviez reçu leurs biographies. Je vous présente donc

[Traduction]

David Hill, d'Ottawa, Andrew Ogaranko, le maire Jim Watson, Roberto Martella, Carole McDougall, Rosemarie Landry, Royce Frith et Yves Ducharme, maire de Hull. Nous sommes également accompagnés de Elaine Calder, présidente-directrice générale par intérim.

Le président: Avant de vous céder la parole, je signale la présence parmi nous de l'honorable Mitchell Sharp, que nous connaissons tous bien parce qu'il suit de près le travail du Centre. Je souhaite un bon retour parmi nous, sur la colline, à Jim Watson et à Royce Frith, qui sont également bien connus de tous les parlementaires. Soyez les bienvenus.

Madame Riley, je vous en prie.

[Français]

Mme Jean Thérèse Riley: La seule personne de notre conseil d'administration qui n'est pas présente aujourd'hui est Louise Vaillancourt, de Montréal, qui a préparé le texte «La régie des sociétés d'État et le Centre national des Arts», que nous allons citer et dont vous avez eu copie.

Nous avons préparé une brève déclaration parce que nous croyons qu'il sera plus utile de mettre l'accent sur la période des questions et réponses. J'aimerais auparavant vous faire part de notre intention ou de notre espoir aujourd'hui: nous voulons vraiment tout mettre au clair. Nous vous avons fait parvenir un nombre considérable de documents et, si jamais il y avait la moindre ambiguïté, nous répondrions à n'importe quelle question et partagerions avec vous n'importe quel document. Nous sommes intéressés—je le répète—à tirer la situation au clair.

• 0920

Le président: Madame Tremblay.

Mme Suzanne Tremblay (Rimouski—Mitis, BQ): Il me semble que les sociétés d'État sont soumises à la Loi sur les langues officielles. Le texte de votre déclaration comprend quelques bribes en français, mais il a été en grande partie rédigé en anglais. J'aurais souhaité que vous nous remettiez un document rédigé dans les deux langues officielles.

Le président: De quel document parlez-vous, madame Tremblay?

Mme Suzanne Tremblay: De celui qui s'intitule Opening Statement to the House of Commons Heritage Committee by Jean Thérèse Riley, Chair, Board of Trustees of the National Art Centre, February 4, 1999.

Mme Jean Thérèse Riley: Madame Tremblay, veuillez accepter mes excuses. Bien que le français soit ma première langue officielle, cette langue ne me vient pas toujours facilement, contrairement à ce qu'on pourrait tenir pour acquis, lorsque je travaille avec mes collègues. On est en train de traduire le texte et nous devrions être en mesure de vous remettre la version traduite d'ici la fin de la réunion d'aujourd'hui. Je présente mes excuses à tous ceux dont le français est la première langue officielle.

Le président: Il me semble que le point de vue de Mme Tremblay est tout à fait justifié. Une institution fédérale de cette envergure doit être en mesure de nous remettre des documents dans les deux langues.

Mme Jean Thérèse Riley: Je partage entièrement votre point de vue et je regrette que la version traduite ne soit pas disponible à l'instant même.

Le président: Merci. Je vous invite maintenant à faire votre déclaration.

[Traduction]

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, dans son invitation, le comité a manifesté son désir de discuter du mandat et de la conduite des affaires du Centre national des Arts.

[Français]

Le Centre national des Arts et, dans un contexte plus large, les arts d'interprétation au Canada traversent un moment difficile de leur histoire.

[Traduction]

En 1960, le gouvernement canadien créait, à l'intention de ses citoyens, le Centre national des Arts du Canada, qui devait faire figure de scène nationale des arts d'interprétation. Son excellent orchestre avait été envisagé à l'origine comme un orchestre classique plus modeste; il s'agissait de ne pas concurrencer les orchestres symphoniques de Montréal et de Toronto. La scène de l'opéra était la meilleure du continent, puis deux autres salles furent construites. La plus grande devait recevoir le Stratford Festival pendant la saison d'hiver. Des compagnies théâtrales résidentes, de langues française et anglaise, ont vu le jour et une série de spectacles de danse a été lancée. Les gens sont venus des quatre coins du continent pour participer en été au festival d'opéra.

Que s'est-il passé? D'entrée de jeu, on peut affirmer que le gouvernement fédéral a changé ses priorités. Les fonds ont été coupés, les frais d'administration ont grimpé et la production artistique s'est ralentie. La déception s'est traduite par des critiques, lesquelles ont entraîné un manque de transparence; les décisions ont été de plus en plus nombreuses à se prendre à l'insu de tous. De plus, l'ambiguïté intrinsèque du mandat et le fragile équilibre des intérêts locaux, régionaux et nationaux ont donné lieu à une succession de gestionnaires qui ont tous exercé leurs fonctions en subissant une pression considérable. Il ne fait aucun doute qu'aucune stratégie cohérente à long terme n'a été établie; celle-ci aurait tenu compte de la nouvelle réalité, c'est-à-dire de la réduction substantielle des ressources financières.

Il est difficile de concevoir et de mettre en oeuvre un plan stratégique à long terme dans un climat de débat constant sur la nature et le mandat du CNA. Ce débat incessant a contribué aux problèmes auxquels est confronté le CNA. Il est évident que le CNA a besoin d'avoir une vision stratégique bien définie de son avenir. Il est tout aussi évident que le temps n'est plus aux commissions et aux groupes de travail parrainés par le gouvernement. Il incombe au CNA de trouver lui-même dans la communauté canadienne des arts d'interprétation le soutien dont il a besoin pour orienter les prochains chapitres de son histoire et veiller à se donner les outils nécessaires pour remplir sa mission. Ce ne sera pas une tâche facile, vu la diversité des intérêts et des attentes.

• 0925

En 1995, le Centre national des Arts a dû faire face à un défi crucial. On nous a demandé d'absorber sur quatre ans une réduction de 31 p. 100 des subventions fédérales. Pendant ce temps, on s'attendait aussi à nous voir offrir une programmation artistique de qualité et préserver la réputation du CNA comme principal centre des arts d'interprétation au Canada. Nous avons donc été forcés de réexaminer en profondeur nos rapports avec la collectivité et les milieux artistiques, notre méthode de financement et même la culture de l'institution.

Chaque année, nous faisions valoir des arguments solides pour que le soutien à cette institution culturelle nationale d'importance vitale reste constant. Nous avons dû plutôt nous appliquer à compenser ce manque à gagner par des réformes administratives, une réduction du déficit, des collectes de fonds, des ventes de billets accrues et des partenariats avec les milieux artistiques.

La plupart des organismes d'art d'interprétation ont dû relever de tels défis, alors que nombre d'entre eux sont loin de bénéficier du montant de fonds publics alloués au Centre national des Arts.

Nous savions que nous avions du pain sur la planche. Si le CNA voulait réussir ce tour de force, il lui faudrait opérer des changements considérables à sa façon de fonctionner et d'exercer ses activités, adopter un esprit d'entrepreneuriat plus prononcé et une politique de transparence. Il faudrait non seulement que notre programmation soit créative, mais aussi qu'elle attire des spectateurs. En outre, le CNA devrait resserrer ses liens avec la communauté artistique et les gens d'affaires de la région de la capitale nationale, qui jusque là n'avaient pas été assez étroits.

C'est d'ailleurs là un des domaines dans lesquels l'ancien président-directeur général, John Cripton, a eu beaucoup de succès, et nous sommes résolus à maintenir ce degré d'ouverture qu'il a amorcé, je veux parler de l'ouverture à toutes sortes de relations avec l'extérieur, notamment dans la région de la capitale nationale.

Pour vous parler de l'administration—principal sujet de votre invitation, monsieur le président—, sachez que le document élaboré par Mme Vaillancourt précise clairement qu'il existe une relation en triade entre le gouvernement, le conseil d'administration et la direction du CNA.

[Français]

    C'est la responsabilité de la gestion d'amorcer l'élaboration de la stratégie, de la formuler et de la présenter, mais le conseil d'administration doit conseiller la gestion sur l'élaboration de la stratégie, approuver celle-ci et contrôler sa mise en vigueur.

    C'est aussi la responsabilité du conseil d'administration de revoir régulièrement la stratégie de l'organisme et de la mettre à jour ainsi que d'assurer sa pertinence par rapport aux principales décisions et recommandations de principe touchant la société d'État.

    La régie des sociétés d'État consiste en un ensemble de relations et un jeu d'équilibre judicieux et délicat. La pondération est la principale qualité des membres du conseil d'administration d'une société d'État. La responsabilité financière doit être contrebalancée par le contrôle et les priorités du gouvernement.

    L'avenir du CNA dépendra des décisions rigoureuses et éclairées du conseil d'administration et de la gestion, compte tenu du mandat de l'organisme tel que défini par le gouvernement et les citoyens du Canada.

[Traduction]

Dans notre cas, les rapports avec notre précédent pdg ont été irrémédiablement gâtés.

S'il me fallait aller au coeur du problème, je dirais que la rupture irréparable entre M. Cripton et le conseil d'administration a pour cause trois points principaux. Le premier était le fait qu'aucun contrôle adéquat des finances n'était assuré, même si la programmation artistique était excellente. La deuxième était la question des pratiques d'embauchage et le troisième, le fait que l'information donnée au Conseil n'était ni complète ni fournie en temps opportun.

Aucun plan d'urgence plausible n'a été prévu pour le cas où la programmation n'aurait pas permis d'atteindre les objectifs fixés. Aucune priorité n'a été définie pour l'atteinte des objectifs, et les dépenses ont souvent dépassé le budget. Trop d'argent a été déboursé pour de trop nombreuses initiatives commerciales douteuses. D'autre part, les coûts relatifs aux campagnes de financement ont grimpé à 1,3 million de dollars, alors que celles-ci ne rapportaient que 1,6 million. Même si nous savons tous qu'il faut un certain temps avant que de tels projets donnent un profit, il est clair que le fait de dépenser 80¢ sur chaque dollar recueilli était insensé.

• 0930

La goutte qui a fait déborder le vase pour le Conseil est le fait que le dépassement du budget se soit multiplié par cinq entre le 30 juin et le 18 septembre 1998. Une part importante des pertes provenait des dépenses, tandis qu'habituellement, elles proviennent des recettes qui, elles, sont imprévisibles.

Permettez-moi maintenant d'aborder le deuxième point controversé, soit les pratiques d'embauchage. Le vérificateur général s'inquiétait de constater le nombre de personnes embauchées sans que leur dossier passe par le Service des ressources humaines, sans que l'on fasse preuve de diligence raisonnable et sans que les références soient vérifiées de façon appropriée. Des contrats ont été offerts à des conditions indûment avantageuses. Nous avons soumis, à titre d'exemple, un contrat conclu entre le CNA et Wayne Thompson qui, si les responsables avaient fait preuve de la diligence voulue, n'aurait jamais été signé.

Le troisième point porte sur le fait d'avoir omis de divulguer au Conseil des renseignements essentiels en temps opportun. Les dossiers font état de plusieurs occasions où M. Cripton a omis de transmettre des renseignements en temps opportun ou n'en a transmis qu'une partie, sur des questions liées aux résultats financiers, aux pratiques d'embauchage, aux dépassements de dépenses, aux tournées commerciales, aux rapports entre le coût des campagnes de financement et les fonds récoltés et à d'autres sujets tout à fait pertinents lorsqu'il s'agit de l'intégrité, de la crédibilité et du succès à long terme du CNA. S'ils ne possèdent pas les données exactes, les membres du conseil d'administration ne sont pas en mesure de remplir correctement leurs fonctions.

Bien que des progrès aient été accomplis dans le dossier de la revitalisation du CNA, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Depuis le 2 novembre, Mme Calder et son équipe de gestion ont pris un certain nombre d'initiatives visant à éliminer le déficit prévu, notamment l'annulation de Festival Canada ainsi qu'une réduction générale des dépenses non liées à la programmation artistique. Nous avons concentré nos efforts sur la création d'un secrétariat solide pour le Conseil ainsi que sur la mise en place, pour la première fois, d'une fonction de vérification interne. Les cadres supérieurs du CNA travaillent en étroite collaboration avec le Bureau du vérificateur général. Voici d'ailleurs ce que M. Desautels a précisé:

    Le Centre s'est engagé à procéder selon ses recommandations et les progrès accomplis sont suivis de près. Nous avons en outre eu vent de plusieurs projets mis sur pied afin de corriger les problèmes que nous avions relevés.

Nous avons pris bonne note des observations du vérificateur général se rapportant au Conseil des Arts du Canada, et les deux institutions sont prêtes à rétablir l'étroite relation de travail qui les a déjà unies par le passé.

Nous avons commencé à laisser le public assister aux réunions du conseil d'administration. Ce faisant, nous espérons établir un sentiment de confiance au sein de la communauté. Une confiance accrue devrait nous aider à former des alliances stratégiques, non seulement dans la région, mais partout au Canada.

Pour conclure, le CNA continuera à s'appuyer sur un programme artistique solide et reconnu.

Soit dit en passant, Mme Rosemarie Landry a recueilli certaines données et consigné certaines réflexions à propos de l'importance du CNA pour les artistes canadiens. Même si vous ne nous avez pas invités pour vous parler de notre programmation, j'espère que nous trouverons un moment pour lui demander de nous dire ce que cela signifie pour les artistes canadiens et de nous présenter les réussites légitimes que nous avons connues sur le plan de la programmation.

Le CNA mettra en place des outils de gestion à l'appui de la programmation artistique; il fonctionnera de façon plus transparente et tentera de rejoindre, à l'extérieur du CNA, la communauté des arts d'interprétation partout au Canada dans le but de créer une orientation stratégique à long terme. Pour mener ce programme ambitieux, la collaboration de tous est nécessaire. Le Conseil, les membres de la direction et du personnel du CNA, la communauté artistique, les gens d'affaires, le public, ainsi que les membres de votre comité: nous devons tous travailler à un seul objectif commun.

Nous avons de dures décisions à prendre.

Notre mandat consiste à développer et à promouvoir les arts d'interprétation. Les arts se portent bien, les programmes sont de bonne qualité et le public fait preuve de beaucoup d'intérêt et d'enthousiasme. Nous ne devons pas négliger ce succès en abordant les questions d'administration et de gestion.

• 0935

Depuis quelques semaines, les Canadiens ont manifesté leur appui pour leur Centre national des Arts. Ils apprécient leur CNA.

Comme l'a affirmé M. Grant Burton qui vient de faire un don de 400 000 $ au CNA:

    C'est une des seules institutions indispensables du Canada qui encourage l'expression artistique au sein de la population et l'ouverture sur les autres cultures, et il a peut-être besoin d'un peu d'aide en raison des durs coups qu'il a dû encaisser dernièrement.

C'est grâce au soutien des gens comme M. Burton que nous sommes fiers de notre histoire et que l'avenir s'annonce prometteur.

[Français]

Monsieur le président et membres du comité, j'espère que vous nous poserez des questions en français et, encore une fois, je voudrais m'excuser du fait que la plus grande partie du texte n'a été rédigée qu'en anglais.

Le président: Madame Riley, il est de mon devoir de soulever une question qui me semble bien importante au sujet de votre présentation.

Lorsque de notre première rencontre à la suite de la présentation de la motion de Mme Lill, nous avons beaucoup discuté de la pertinence d'inviter le PDG précédent, M. Cripton. Nous avons décidé à l'unanimité que le comité n'était pas un tribunal d'arbitrage pour les questions de personnel et que, si nous le convoquions, nous devions logiquement le faire dans d'autres cas semblables qui se présenteraient, à Radio-Canada, dans les musées, etc. Nous avons décidé, et j'en suis personnellement très convaincu, que cela ne fait pas partie du rôle de notre comité.

[Traduction]

Voilà pourquoi, après des échanges sérieux entre les membres du comité et grâce à leur participation, la motion de Mme Lill a été rédigée pour être très générale.

Nous voulons savoir, surtout au vue du rapport du vérificateur général et de ses remarques d'hier, ce qui n'a pas été, de façon générale, au Centre afin que nous puissions en tirer des enseignements applicables à l'avenir et être en mesure d'orienter le Parlement ainsi que le gouvernement, si besoin était. En outre, nous voulons nous informer davantage sur ce que sera l'avenir de l'administration au Centre.

J'ai noté au passage, dans ce que vous avez dit, que vous avez spécifiquement fait allusion à M. Cripton et à ce qui s'était passé. Je tiens à souligner, pour le procès-verbal et à l'intention de M. Cripton, au cas où il serait présent—je ne l'ai pas vu, mais il est très probable qu'il se trouve ici—que notre comité n'a pour intention de porter de jugement. Nous ne sommes pas ici pour tirer des conclusions sur ce qui s'est passé parce que nous ne voulons pas microgérer le Centre et prendre la relève de ceux qui l'administrent.

Je tiens à ce que cela soit bien clair, parce que pour être équitables, étant donné que le cas et le nom de M. Cripton ont été portés sur la place publique, nous nous devrions de l'inviter pour lui donner un droit de réplique, ce que nous ne voulons pas faire pour les raisons que j'ai expliquées plus tôt.

Cette précision était nécessaire parce que, hier, quand le vérificateur général a comparu devant nous, je crois pouvoir affirmer sans me tromper que mes collègues députés ont pris grand soin de ne pas citer le nom de M. Cripton. D'ailleurs, après avoir parlé avec le vérificateur général, j'ai prévenu mes collègues qu'il serait très délicat pour nous de nous enfoncer dans des aspects personnels du Centre et dans la situation des uns et des autres, toujours pour les mêmes raisons que j'ai expliquées. J'estime, d'ailleurs, que les députés des deux côtés se sont montrés extrêmement prudents à ce sujet.

• 0940

Je tenais à replacer tout cela en contexte, parce que je ne veux pas donner l'impression que le comité penche pour un côté plutôt que pour l'autre, car ce n'est pas le cas.

Le comité veut savoir où va le Centre et il veut savoir si les recommandations du vérificateur général ont été ou seront suivies. Telle est notre fonction. Je tenais à le rappeler pour qu'il n'y ait pas de malentendu quant à notre position.

[Français]

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, je vous remercie de ces remarques, que j'appuie entièrement. Il est important que nous vous donnions des réponses, mais nous ne désirons pas jeter de blâme ou porter la moindre accusation.

[Traduction]

Entre le moment du dépôt du rapport dont a parlé le vérificateur général, le 30 juin dernier, et le départ de notre pdg, il s'est produit un certain nombre d'événements touchant à politique publique et à l'administration du Centre dont il est important de parler sans pour autant jeter le blâme sur qui que ce soit.

Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet, David?

M. David Hill (membre du conseil d'administration du Centre national des Arts): Merci, Jean.

Nous nous réjouissons de vos commentaires, monsieur le président, et je vais essayer de ne pas rentrer dans le spécifique. Je crois pouvoir dire que nous sommes tout à fait d'accord avec vous à ce sujet.

Le président: La ligne de démarcation entre le général et le spécifique est ici très mince, étant donné que tout s'inscrit dans un passé très général.

D'un autre côté, je tenais à faire cette précision parce que nos débats sont dûment consignés, que cette réunion est officielle, qu'elle est publique et que bien des gens ne connaissent pas l'historique de ce dossier. Je ne voudrais pas que le comité soit perçu comme ayant un préjugé favorable ou défavorable pour le conseil ou pour M. Cripton.

Je tenais à ce qu'il soit clair que notre mission ne consiste pas à creuser dans tout cela.

Merci beaucoup. Passons maintenant aux questions.

Monsieur Mark.

M. Inky Mark (Dauphin—Swan River, Réf.): Merci, monsieur le président. Je remercie les membres du conseil de s'être rendus à notre invitation.

Comme la plupart des Canadiens, je tiens à avoir un CNA solide, mais comme eux aussi, je pense que cet établissement doit être transparent, inclusif et qu'il doit se montrer responsable. Malheureusement, votre présence a été précipitée par une controverse. Je dis malheureusement, parce qu'en temps normal vous nous auriez expliqué ce que vous faites et nous aurions tous beaucoup appris.

Lors de la séance d'hier, j'ai demandé au vérificateur général de nous indiquer qui, en dernière instance, était responsable de tout ce qui est arrivé au CNA. Il m'a répondu: le conseil. Eh bien, si c'est le conseil qui est le responsable ultime, je dois d'abord vous demander si vous, vous acceptez de prendre l'entière responsabilité de toute la controverse Cripton-Yashin?

Le président: Je pense que vous devriez parler de tout cela en des termes plus généraux. Je ne veux pas que nous personnalisions le débat. Je comprends fort bien que nous allons devoir parler de... Si nous personnalisons le débat, nous allons nous mettre à parler des uns et des autres. Nous savons tous ce dont il retourne. Plusieurs pdg se sont succédé. Je pense que nous devons nous exprimer en des termes très généraux.

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, par notre simple présence ici nous faisons la preuve que nous croyons dans le principe de la reddition de compte et nous sommes même heureux de comparaître devant vous pour cela. J'estime qu'il a toujours été très clair que le conseil assume l'entière responsabilité de ce qui relève de lui.

M. David Hill: Je vais ajouter une chose. Je suis d'accord que la responsabilité ultime incombe au conseil et sachez que nous essayons de composer avec cette responsabilité du mieux que nous le pouvons.

M. Inky Mark: Je suis heureux de vous entendre dire que vous acceptez cette responsabilité et que vous n'allez pas la rejeter sur quelqu'un d'autre.

• 0945

Mais quelle assurance votre conseil peut-il donner aux Canadiens...

Le président: Excusez-moi.

[Français]

M. Yves Ducharme (membre du conseil d'administration du Centre national des Arts): J'aimerais qu'on consigne le fait que, bien que je conçoive que le conseil d'administration doit rendre compte de ce qui se produit dans le cadre de son administration, je n'accepte pas et je n'ai pas l'intention d'accepter la responsabilité de ce à quoi a fait allusion le député Mark, qui nous a demandé si on acceptait la pleine et entière responsabilité des incidents qui ont fait la manchette récemment. Jamais! Je ne accepter la responsabilité d'un geste que je ne connais pas.

Le président: Écoutez

[Traduction]

Juste un instant.

Monsieur McWhinney.

M. Ted McWhinney (Vancouver Quadra, Lib.): J'avais cru comprendre qu'à la suite de votre décision, M. Mark avait retiré ou reformulé sa question. Ainsi, bien que le commentaire de M. Ducharme soit intéressant, il n'est pas pertinent pour le procès-verbal.

Le président: J'espère que nos échanges vont être équitables. J'ai cru comprendre que M. Mark voulait parler du fait que la responsabilité ultime incombe au conseil, dans tous les dossiers qu'il est appelé à traiter. C'était, je crois, le sens de sa question. J'ai insisté pour que nous ne fassions pas allusion à des cas particuliers dans toutes ces questions. J'ai cru comprendre que notre collègue en avait convenu et qu'il voulait savoir, de façon générale, si le conseil acceptait d'assumer la responsabilité ultime des décisions prises au cours de son mandat.

[Français]

Êtes-vous d'accord, monsieur Ducharme?

M. Yves Ducharme: Je suis d'accord.

Le président: Merci.

[Traduction]

Monsieur Mark.

M. Inky Mark: Merci, monsieur le président.

Deuxièmement, quelle garantie ce conseil peut-il donner aux Canadiens que le CNA mettra en oeuvre les recommandations formulées dans le rapport du vérificateur général de juin 1998, pour que le Centre soit plus transparent, plus inclusif et plus responsable dans l'ensemble de ses activités? En outre, comment tout cela sera-t-il contrôlé? Faudra-t-il avoir recours à une organisation tierce ou le conseil sera-t-il en mesure de contrôler lui-même l'ensemble de ses activités?

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, je suis heureuse qu'on nous pose cette question qui est au coeur même de notre présence ici aujourd'hui. Je vais d'ailleurs demander à Elaine Calder de vous expliquer ce que nous faisons.

Mme Elaine Calder (présidente-directrice générale par intérim, Centre national des Arts): Merci, monsieur le président.

Si je ne m'abuse, hier, le vérificateur général vous a indiqué que son bureau comprend bien notre organisation pour l'avoir vérifiée annuellement à plusieurs reprises. Je crois savoir également qu'il vous a dit que son équipe s'apprêtait à travailler avec nous de façon régulière, pour nous apporter tout le soutien possible tout en respectant bien sûr le principe de notre indépendance administrative.

Depuis mon arrivée à la tête du CNA, en novembre, je m'efforce de régler les problèmes constatés lors de la vérification spéciale. Si je me fie à mon expérience d'administratrice dans le domaine des arts, je dirais qu'il s'agit d'aspects essentiels qu'il faut améliorer, modifier ou régler pour que l'institution puisse fonctionner comme je pense qu'elle le devrait, c'est-à-dire pour être au service des artistes et de la programmation artistique.

J'ai ici une note de service relativement détaillée que j'ai adressé à M. Flageole la semaine dernière, afin de mettre le bureau du vérificateur général au courant des dernières mesures que nous sommes en train de mettre en place ou que nous avons déjà mis en place. Je serais heureuse de commenter ce rapport aux députés, s'ils le souhaitaient.

Le président: Avez-vous d'autres questions pour l'instant, monsieur Mark?

M. Inky Mark: Oui, très brièvement.

J'ai l'impression que la majorité de vos avatars sont des problèmes plutôt élémentaires de mode de fonctionnement du conseil, notamment des problèmes de définition de rôle, de conflit de rôles et d'attribution des responsabilités. Au cours des cinq dernières années, vous avez remplacé trois directeurs artistiques. Ce genre de mouvement soulève beaucoup de questions partout au Canada. Je pense que les Canadiens s'attendent à mieux sur ce plan. Le profane que je suis, qui ne connaît absolument rien au CNA, s'en étonne énormément.

• 0950

Mme Jean Thérèse Riley: Je ne suis pas d'accord avec la première partie de votre déclaration, quand vous dites que nos avatars sont des problèmes plutôt élémentaires de mode de fonctionnement du conseil. Tout d'abord, il n'y a rien de simple. Deuxièmement, j'estime que les problèmes de gestion du CNA ont été parfaitement cernés par le vérificateur général. Tous ces aspects, qui constituent une véritable gageure, sont en voie d'être réglés et je me dois de vous corriger en vous rappelant qu'il ne s'agit pas du premier rapport du vérificateur général portant sur ce genre de problèmes de gestion.

Cependant, de façon plus générale, je dirais qu'à cause d'un manque d'orientation stratégique claire, l'organisation a souffert des conséquences d'initiatives de gestion entreprises d'après une interprétation du mandat. À la fin des années 80 et au début des années 90, on a tenté de réorienter les ressources du Centre national des Arts sur la télévision à haute définition. En 1995, on a proposé d'annuler les activités liées aux séries d'abonnement du théâtre français et du théâtre anglais ainsi qu'au programme de danse pour les remplacer par des festivals se déroulant sur toute une année. Depuis 1996, le CNA met l'accent sur le théâtre commercial et sur les tournées dont les pertes n'ont fait qu'ajouter aux risques et à la vulnérabilité de notre programmation de base. Donc, pour régler le problème des changements survenus à la tête du CNA, il est bien évident qu'une orientation stratégique s'impose.

M. Inky Mark: J'aimerais également savoir...

M. Royce Frith (membre du conseil d'administration du Centre national des Arts): Monsieur le président, puis-je faire une remarque? Je tiens à ajouter une chose à ce que vient de faire remarquer le président à propos de l'autre partie de la remarque du député. Je suis d'accord avec M. Mark quand il dit que les Canadiens attendent beaucoup du CNA. Je tiens à le remercier de nous l'avoir rappelé. Cela étant, je conviens que nous avons pour devoir de faire de notre mieux afin de répondre à ce genre d'attente.

M. David Hill: Monsieur le président, j'aimerais également ajouter quelque chose à ce que viennent de dire mes deux collègues à propos des questions que le vérificateur général a soulevées dans son rapport de juin. Comme vous l'avez dit en ouverture, il pourrait être utile que nous revenions devant votre comité dans six mois, par exemple, pour rendre compte des progrès que nous aurons réalisés sur toutes ces questions. Notre témoignage rapport ne sera alors peut-être plus entaché par toute cette controverse, comme c'est actuellement le cas.

Le président: Eh bien, nous nous en souviendrons.

[Français]

Madame Tremblay.

Mme Suzanne Tremblay: Madame la présidente, je suis bien forcée d'accepter vos excuses. Je suis à Ottawa depuis cinq ans et je commence à être fatiguée d'accepter des excuses lorsqu'on porte atteinte à ce qui devraient être des droits acquis, qu'on ne respecte pas la langue française et surtout qu'on ne respecte pas les dispositions de la Loi sur les langues officielles. On nous présente toujours des excuses. Je les accepte, mais j'espère que la prochaine fois que vous comparaîtrez devant nous, vous n'aurez pas à m'en présenter d'autres.

Cela étant dit, je voudrais savoir comment la mécanique fonctionne. Si j'ai bien compris, il y a deux sortes de personnes qui siègent au conseil d'administration du CNA: il y a d'une part les maires des villes de Hull et d'Ottawa, et d'autre part des personnes qui sont nommées par le gouverneur en conseil. Est-ce que vous pouvez me dire depuis quand chacun des membres du conseil y siège? Et vous, quand avez-vous été nommée?

Mme Jean Thérèse Riley: En avril 1995.

Mme Suzanne Tremblay: Quelle est la durée de votre mandat?

Mme Jean Thérèse Riley: C'est un mandat de trois ans qui a été renouvelé en 1998.

• 0955

Mme Suzanne Tremblay: Donc jusqu'en 2001?

Mme Jean Thérèse Riley: Oui.

Mme Suzanne Tremblay: Est-ce que tous les membres du conseil ont un mandat de trois ans?

Mme Jean Thérèse Riley: Je crois que c'est la durée habituelle des mandats.

Mme Suzanne Tremblay: Est-ce que les nominations sont faites à différents moments afin qu'il y ait une continuité au sein du conseil? Par exemple, est-ce qu'on nomme deux nouveaux membres une année, deux autres l'année suivante et ainsi de suite?

Mme Jean Thérèse Riley: Il y a eu des trous. Par exemple, au cours de l'année 1997-1998, trois sièges sont demeurés vacants pendant un certain temps. Des nominations ont été faites en juin et septembre 1998.

Mme Suzanne Tremblay: Il y a présentement des membres du conseil d'administration qui ont grosso modo échappé à la période où il y a eu la mouvance de trois PDG en cinq ans.

Mme Jean Thérèse Riley: Je pense qu'il n'y en a pas un seul qui est là depuis cinq ans.

M. Yves Ducharme: À l'exception du maire de Hull.

Des voix: Ah, ah!

Mme Suzanne Tremblay: Vous êtes la permanence.

M. Yves Ducharme: Je suis la mémoire collective.

Mme Suzanne Tremblay: C'est bien. Est-ce qu'à chaque fois que vous engagez un PDG, vous le faites de la façon que vous décrivez dans le document que vous nous avez remis? Faites-vous appel à ce supercomité, le comité de recherche pour les candidatures? Est-ce une tradition du CNA de procéder ainsi ou si on a fait exception cette fois-là?

Mme Jean Thérèse Riley: Je crois qu'en 1996, on a procédé pour la première fois de cette façon-là. On a porté une très grande attention à la composition du conseil et aux relations avec toutes nos communautés. Le comité de sélection qui est en place maintenant, dont le président est David Hill, doit tenir sa première réunion cet après-midi.

[Traduction]

David, pourriez-vous expliquer le changement que nous envisageons ou, disons, la façon dont nous comptons renforcer le processus existant?

M. David Hill: Merci, Jean.

Nous disposons d'un comité de sélection qui n'est pas uniquement composé de membres du conseil d'administration. On y trouve un employé du CNA, choisi par ses camarades; il y a également un représentant des arts de la scène qui n'a pas de rapport direct avec le CNA; il y a une personne dont je dirais, faute de meilleure description, qui représente la communauté d'Ottawa—Carleton et nous avons aussi un expert-conseil dont nous avons retenu les services. Cette formule ressemble à la précédente jusqu'à un certain point, mais je ne puis vous en dire plus.

Cette fois, nous envisageons très sérieusement une formule qui serait radicalement différente de la précédente. Nous aimerions être conseillés par des membres des arts de la scène, de partout au pays. Leurs conseils seraient, d'une part, axés sur la révision de la description de fonction du pdg qui, selon nous, est relativement à jour, pour voir s'il convient d'y apporter des modifications. D'autre part, ils nous recommanderaient des candidats pour ne pas nous en remettre simplement aux résultats d'une campagne publicitaire ou aux réponses adressées à l'expert-conseil. Nous aimerions avoir recours aux réseaux de ces personnes pour trouver le meilleur candidat possible.

Nous avons hâte de déclarer une nomination permanente. Nous aurions aimé le faire dès demain, mais nous nous sommes engagés à prendre le temps voulu pour obtenir le meilleur résultat possible. Nous ne voulons rien précipiter et nous ne voulons pas commettre d'erreur.

Nous sommes optimistes. Il nous reste encore quatre mois avant de combler le poste de façon permanente. Ce serait bien sûr merveilleux de pouvoir le faire plus rapidement mais, comme je le disais, nous ne voulons rien précipiter et nous ne voulons pas commettre d'erreur.

Voilà donc le processus que nous avons établi. Il est un peu plus raffiné, un peu plus largement défini que le précédent. En revanche, je ne pourrais pas vous parler de ce qui s'est passé la dernière fois.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: Vous savez que le Parlement étudie actuellement une loi qui pourrait faire en sorte que le PDG serait dorénavant nommé par le gouverneur en conseil, tout comme le sont les membres du conseil d'administration.

• 1000

Souhaitez-vous que cela vous échappe? Je sais que vous avez tous été nommés récemment. Je ne dirais pas que vous l'avez été selon votre allégeance politique parce que je conçois qu'il peut s'agir d'une simple et heureuse coïncidence.

Des voix: Ah, ah!

Mme Suzanne Tremblay: Pourriez-vous nous faire connaître l'impression que vous cause le fait que ce pourrait bien être la dernière fois que vous avez la chance de recruter votre PDG?

[Traduction]

M. David Hill: C'est possible. Pour être honnête avec vous, je dois vous dire que je suis relativement neutre à ce sujet. De toute évidence, comme j'ai été engagé par l'application de ce processus, je dirais qu'il a servi à recruter des membres du conseil qui sont fantastiques et qu'il pourrait aussi nous permettre d'engager un pdg tout aussi fantastique.

D'un autre côté, les membres du conseil travaillent très fort et nombre d'entre eux possèdent une vaste expérience. Plusieurs siègent à des conseils d'administration bénévoles et ils ont participé au recrutement d'un grand nombre de pdg; ils ont pratiqué ce genre de processus. Nous avons aussi des experts-conseils professionnels et nous demandons au milieu des arts de la scène, qui est notre cible de prédilection, de nous conseiller. Nous travaillons donc très fort à cet égard.

Pourrait-on dire qu'un système va produire de meilleurs résultats qu'un autre? Je suis très mal placé pour en juger et, je vous le répète, je suis plutôt neutre à ce sujet.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: À l'exception de Mme Landry, dont je connais les occupations majeures, combien parmi vous, membres du conseil, connaissez le domaine des arts, soit parce que vous avez vous-mêmes performé en tant qu'artistes, soit parce que vous avez acquis une expérience en gestion dans le domaine des arts? Est-ce que vous venez de secteurs tout à fait étrangers au domaine des arts?

Mme Jean Thérèse Riley: Madame Tremblay, je voudrais revenir sur votre question concernant le projet de loi sur la nomination du PDG. Je crois, en effet, qu'il est dans l'ordre des choses que mon collègue ne se prononce pas là-dessus. Par contre, il est très clair que, pour nous, la consultation auprès de la communauté des arts de la scène du Canada doit être faite. Et si cette consultation demeure entre les mains d'un conseil d'administration comme le nôtre, il me semble que l'exécution de cette opération se trouve, jusqu'à un certain point, simplifiée. Mais il est extrêmement important que cette consultation soit faite.

Cependant, le fait que la décision se prenne au sein de notre conseil nous rend plus vulnérables.

Mme Suzanne Tremblay: Pouvez-vous répondre à ma deuxième question?

Mme Jean Thérèse Riley: On devrait faire le tour; vous pourriez être surprise.

Je pense que le gouvernement avait été critiqué assez vertement, en 1996, pour avoir nommé des personnes dont la relation avec le monde des arts n'était pas évidente. Je crois que cela a été corrigé. Notre conseil est composé de gens qui sont tous, d'une façon ou d'une autre, engagés dans le monde des arts, dans leurs vies...

Mme Suzanne Tremblay: [Note de la rédaction: Inaudible].

Mme Jean Thérèse Riley: Là où nous vivons. Là où est la vraie vie.

[Traduction]

Royce, voulez-vous prendre la parole?

[Français]

M. Royce Frith: Je veux simplement préciser que je ne suis pas directement lié au domaine des arts, surtout du point de vue de la performance. Le lien que j'ai avec le domaine des arts est plutôt ténu. J'ai d'ailleurs de nombreuses raisons de demeurer modeste par rapport à tout ce domaine. Mais ce lien que j'entretiens avec lui date de longtemps.

J'ai été chanteur professionnel, en ce sens qu'on m'a payé pour le faire...,

Des voix: Ah, ah!

M. Royce Frith: ...mais pas dans le sens que cela a été ma principale occupation. J'ai commencé à l'âge de 13 ans, ce qui remonte à très loin, je vous assure, dans le domaine du théâtre amateur ici, à Ottawa, au Ottawa Little Theatre, etc. J'ai aussi été narrateur pour l'orchestre et pour certains groupes de musiciens. Je connais assez bien les membres de l'orchestre, que j'admire beaucoup. Ce n'est pas grand-chose, mais j'ai entretenu une certaine relation avec ce monde. Merci.

• 1005

Mme Jean Thérèse Riley: Rosemarie.

Mme Suzanne Tremblay: Nous la connaissons.

Mme Jean Thérèse Riley: Vous la connaissez.

Mme Suzanne Tremblay: Oui.

Mme Jean Thérèse Riley: Je peux vous dire que toute ma vie j'ai fait partie de conseils d'administration dans le domaine des arts. Il y a quelques années, à Toronto, je faisais partie de sept conseils, ce qui était un peu exigeant. Mais vraiment, mon intérêt peut se définir par mon action, tant comme bénévole que comme professionnelle.

M. Royce Frith: Est-ce que je peux ajouter à ce que j'ai déjà dit et mentionner qu'à Vancouver, où j'habite actuellement, je suis membre du conseil d'administration de l'Orchestre de Vancouver?

[Traduction]

Mme Jean Thérèse Riley: David.

M. David Hill: De tous mes collègues, je suis peut-être celui qui a le moins d'antécédents dans les arts. Comme j'habite à Ottawa, j'estime représenter cette collectivité dans une certaine mesure. En outre, comme je vais au théâtre, je suis aussi un client du CNA.

Mon expérience se situe davantage dans le domaine de l'administration des organismes bénévoles. J'ai en effet dirigé plusieurs grandes oeuvres caritatives canadiennes; j'ai été président d'une commission de police, fonction très délicate. J'ai également siégé au conseil d'administration d'un hôpital public dont le budget se chiffrait à plusieurs centaines de millions de dollars. Donc, comme vous le voyez, mon bagage, mon expérience, n'a pas directement trait avec le domaine artistique.

M. Andrew Ogaranko (membre du conseil d'administration du Centre national des Arts): Eh bien, je dirais que l'essentiel de mon expérience dans le domaine artistique et des arts de la scène tient à ma passion pour ce domaine d'activité et au fait que je suis convaincu que le CNA peut réussir à la fois sur un plan artistique et sur un plan commercial.

J'appuie cette conviction sur mon expérience. J'ai en effet siégé à plusieurs conseils d'administration dans le domaine des arts visuels et dans celui des arts d'interprétation; je suis notamment président sortant de l'Orchestre symphonique de Winnipeg. J'ai siégé au conseil d'administration du Manitoba Theatre et je suis maintenant membre du conseil consultatif. Je siège au conseil d'administration d'un des plus gros hôpitaux de Winnipeg et comme nous devons gérer un budget considérable, je crois pouvoir dire que j'apporte aussi une expérience des affaires. J'ai aussi été associé directeur général d'un cabinet d'avocats que j'administrais. J'apporte ainsi à ce conseil une expérience et une dimension certaines dans le domaine de l'administration, ce qui peut être valable pour une institution comme le Centre national des arts.

[Français]

M. Jim Watson (membre du conseil d'administration du Centre national des Arts): Merci de votre question, madame Tremblay. Je suis membre du conseil d'administration de l'Orchestre symphonique d'Ottawa et aussi de celui d'Opera Lyra. De plus, la ville d'Ottawa, dont je suis le maire, a un budget consacré à la culture et au patrimoine.

[Traduction]

Étant donné ma profession actuelle, certains pourraient dire que, tout comme vous, je suis un artiste-interprète.

Je suis en outre président d'un nouveau groupe baptisé Le cercle du chef de l'Orchestre symphonique d'Ottawa, qui essaie de rejoindre le plus grand nombre de donateurs pour alimenter le budget de l'orchestre symphonique.

M. Roberto Martella (membre du conseil d'administration, Centre national des Arts): Je suis membre du conseil d'administration de l'Orchestre symphonique de Toronto ainsi que de la Compagnie d'opéra canadienne; tout comme le Centre national des Arts, ces deux organismes sont conscients de devoir faire plus avec moins.

Tout à l'heure, M. Mark a parlé de la notion de responsabilité ultime. Eh bien, nous avons une responsabilité écrasante parce que nous devons faire beaucoup plus avec beaucoup moins, comme d'autres organismes spécialisés dans les arts un peu partout au pays. Nous en sommes tout à fait conscients et nous n'avons pas peur de prendre des décisions difficiles à cet égard.

Mme Carole McDougall (membre du conseil d'administration, Centre national des Arts): Je suis de Halifax, en Nouvelle-Écosse. Chez nous, il y a un recoupement très important entre les différentes institutions culturelles.

Je me suis occupée, plusieurs années durant, du théâtre Neptune—qui a déjà 30 ans—, de l'Orchestre symphonique de la Nouvelle-Écosse et d'autres organisations communautaires. Je travaille actuellement pour un grand organisme sans but lucratif, Centraide, que vous connaissez bien évidemment.

• 1010

Contrairement à Royce, je ne peux pas vous dire que j'ai été rémunérée pour mes talents de chanteuse, mais j'ai effectivement chanté pour l'Orchestre symphonique de Nouvelle-Écosse pendant cinq ans environ.

[Français]

Mme Jean Thérèse Riley: Madame Tremblay, j'ai supposé que tout le monde connaissait Rosemarie Landry, mais j'aimerais quand même en faire l'éloge.

Rosemarie est une soprano très reconnue. Je l'ai entendue dimanche dernier à Toronto dans un concert pour le 100e anniversaire de la naissance de Francis Poulenc. Elle est maintenant en charge du département de...

Mme Rosemarie Landry (membre du conseil d'administration du Centre national des Arts): J'ai fait des études vocales à l'Université de Montréal et j'ai été professeur à l'Université de Toronto pendant 19 ans.

[Traduction]

J'ai vraiment chanté toute ma vie durant pour mettre quelque chose dans mon assiette.

[Français]

J'ai gagné ma vie dans les arts de la scène. J'ai représenté le Canada à l'étranger. J'ai chanté à travers le monde en récital avec des orchestres et à l'opéra. Cependant, au cours des 10 dernières années, j'ai fait partie du conseil d'administration du Conseil des Arts de l'Ontario, du conseil d'administration de la Fondation du Conseil des Arts de l'Ontario. Depuis 10 ans, j'organise des récitals classiques au Festival acadien de Caraquet et je me suis occupée très activement de la levée de fonds pour le Festival acadien de Caraquet qui, maintenant, fait de l'argent, chose très rare dans le domaine des arts.

À l'Université de Montréal, cette année, nous présentons trois opéras sur scène, chose assez rare, même pour de petites compagnies. Je suis donc engagée dans tous les sens dans les arts de la scène. Merci.

M. Yves Ducharme: Quant à moi, je suis maire de Hull depuis décembre 1992. La Ville de Hull est connue comme étant le bastion—c'est Guy Provost qui l'avait souligné—du théâtre au Québec. Nous avons établi le premier théâtre municipal au Québec. Nous subventionnons entièrement les activités du Théâtre de l'Île. Aussi, nous recevons de généreuses subventions du ministère de la Culture du Québec.

Je peux dire que, comme gestionnaire municipal, j'ai, au même titre que mon collègue Jim Watson, à gérer un budget de plus de 100 millions de dollars par année et plus de 900 employés, ce qui nous donne l'occasion de bien saisir les différents enjeux.

Je puis vous dire que depuis 1993, dès les premières rencontres du conseil d'administration en 1993 après mon élection en décembre, ce conseil s'est modifié au fur et à mesure que certains mandats arrivaient à leur terme. Je n'ai jamais vu un conseil d'administration aussi engagé que celui-ci.

De fait, je considère que les crises vécues par le Centre national des Arts découlent justement de ces modifications, des entrées de fonds qui ne sont plus ce qu'elles étaient. On doit faire plus avec moins, on doit être plus transparent et on doit rendre compte, alors qu'auparavant les crédits étaient toujours là.

Je peux vous affirmer qu'il y a des gens dévoués. En effet, en tant que maire, je dois voir ce conseil avec les yeux de la communauté que je représente. Je considère que les membres du conseil d'administration actuel sont des gens dévoués à leur tâche et qui respectent le mandat qui leur a été confié, malgré les embûches et les cahots que tous auraient bien voulu éviter.

Mais nous devons nous montrer de plus en plus sévères. En 1993, mon rôle était beaucoup plus passif et il est maintenant très actif.

Le président: Merci. Madame Tremblay, vous pourrez revenir.

[Traduction]

Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD): Merci. C'est merveilleux de vous voir tous ici. Je tenais à être la première à souhaiter la bienvenue à une payse des Maritimes, Mme Carole McDougall, qui s'est occupée du théâtre Neptune et du théâtre Eastern Front, et qui a été très active dans les arts. Je suis très heureuse de vous accueillir.

• 1015

Je veux savoir comment vous vous percevez. Vous venez des quatre coins du pays et j'irais jusqu'à établir un parallèle entre votre conseil et le Parlement. Ici, nous représentons tous un certain lieu du Canada. Par exemple, nous apportons à Ottawa le point de vue de Dartmouth.

Je me demande si c'est ainsi que vous vous percevez et si, par exemple, en qualité de représentants et de représentantes de certaines régions, vous estimez qu'une partie de votre mandat et de vos responsabilités de membres du conseil consiste à solliciter des idées, des espoirs et des rêves auprès de gens de chez vous. C'est très certainement ce qu'on attend d'un député, car il représente les gens.

J'aimerais savoir si c'est votre cas. Dans l'affirmative, existe-t-il un mécanisme vous permettant, quand vous vous réunissez, de mettre en commun tous ces renseignements glanés ici et là? Comme vous le savez, beaucoup perçoivent le Centre national des Arts comme étant élitiste, éloigné, comme ne répondant pas aux besoins des collectivités qu'il est censé représenter. Comment les choses fonctionnent-elles actuellement et peut-on envisager de vous donner une description de fonction plus spécifique?

Mme Jean Thérèse Riley: Voilà une bonne question. Dans mes remarques liminaires, j'ai voulu parler plus précisément de cet aspect. Nous nous devons de rejoindre davantage le milieu des arts du spectacle au Canada et de le faire, bien sûr, d'une façon plus formelle qu'à l'heure actuelle.

Je vais demander à Andrew de vous expliquer la façon dont nous réalisons l'équilibre entre les différents intérêts et points de vue des collectivités que nous représentons, bien que la ligne de démarcation ne soit pas toujours très claire. Personnellement, je suis née à Québec et je réside maintenant à Toronto. Rosemarie, elle, voit souvent les choses avec la perspective d'une résidente de Caraquet, même si elle vit à Ottawa et si elle a vécu à Montréal. Donc, les choses ne sont pas toujours aussi bien définies qu'elles peuvent le paraître a priori.

Andrew, vous en parliez, hier soir.

M. Andrew Ogaranko: Merci.

Je ne vois pas forcément notre rôle comme étant celui de délégués à la manière des députés. Nous sommes beaucoup plus appelés à remplir une fonction de consultation, tout en représentant les sentiments des différentes régions.

Après ma nomination au conseil, j'ai été contacté par un grand nombre de gens, surtout de cadres supérieurs d'organismes artistiques dans la région de Winnipeg. Ils m'ont d'abord félicité pour ma nomination, puis m'ont exprimé leur satisfaction de savoir qu'un résident de la région siégeait au conseil du Centre national des Arts, que la communauté artistique au Canada perçoit comme étant au pinacle de l'excellence artistique.

Évidemment, quand le conseil se réunit pour se pencher sur l'orientation et les politiques du Centre national des Arts, et que nous réfléchissons à notre mandat, nous avons l'impression d'apporter un point de vue qui sort des limites de la région d'Ottawa—Carleton, même si c'est là que se trouve l'essentiel de la clientèle. Il existe en effet une clientèle plus large mais jusqu'ici, malheureusement, le Centre national des Arts n'a pas réussi dans ses tentatives de dérégionalisation.

Certes, il y a les coproductions avec les théâtres régionaux. Par ailleurs, nous accueillons des groupes de danse régionaux ainsi que des interprètes qui se produisent de temps en temps sur la scène du CNA. Il n'en demeure pas moins que le Centre n'est pas perçu comme étant un trésor national.

Il faudrait que ce genre de raisonnement transpire davantage dans nos orientations stratégiques. Notre rapprochement avec le Conseil des Arts du Canada va certainement nous permettre de déployer complètement nos ailes, si je puis m'exprimer ainsi. Je veux parler du volet des tournées, qui a fait défaut ces dernières années et qui va certainement redonner au Centre national des Arts la possibilité d'être davantage présent dans les régions.

• 1020

L'expérience est l'autre élément que nous rapportons de nos régions respectives. Comme vous venez de l'entendre, nos expériences sont assez diversifiées et je crois qu'elles constituent autant d'étalons d'après lesquels nous pourrons évaluer notre activité; nous pouvons toujours alimenter nos réflexions avec les histoires à succès recueillies ailleurs au Canada. C'est cette expérience que nous pensons pouvoir appliquer au règlement de certains des problèmes auxquels le CNA est actuellement confronté, puisqu'on semble être prêt à accepter cela. Pourtant, cela a déjà été une pierre d'achoppement dans le passé. Mais l'intention est louable et je suis convaincu que le dévouement et la passion ressentis par les administrateurs des régions à propos de tous ces problèmes sont très réels, très forts. J'estime que tout cela est une grande source de richesses pour nous tous.

Mme Jean Thérèse Riley: Je crois que Royce veut réagir, également.

M. Royce Frith: Merci. Je suis relativement nouveau au conseil—j'y suis depuis trois ou quatre mois—et je me dois d'intervenir brièvement parce que la question posée par Mme Lill me préoccupe. Je ne suis pas certain... j'insiste, car ce n'est pas un simple exercice de rhétorique. Ce qui me préoccupe, c'est que... le Parlement a confié au Centre national des Arts, en plus de l'exploitation du Centre à proprement parler, le mandat de développer les arts d'interprétation dans la région de la capitale nationale—c'est ce que la loi dit—et d'assister le Conseil des Arts du Canada dans le reste du pays. Donc, tout ce qui concerne le «reste du pays» doit se faire de concert avec le Conseil des Arts du Canada.

Je suis déchiré entre ces deux dimensions et je me demande s'il ne serait pas mieux d'avoir uniquement des membres du conseil d'administration résidant dans la région de la capitale nationale, ayant de solides contacts sur place, pour que l'action du CNA aille dans le sens capitale-extérieur, plutôt que de faire venir des gens de l'extérieur, comme nous.

Je n'ai pas la réponse, mais je me propose d'utiliser mon temps de parole pour y réfléchir, parce qu'il est très important de déterminer quelle formule peut être la plus efficace. Il n'est pas question, compte tenu de la loi, d'appeler le CNA «Centre des Arts de la capitale nationale». Il s'agit bel et bien du Centre national des Arts. On a donc voulu que le CNA soit vu comme un centre national des arts d'interprétation. Mais en réalité, tous les spectacles présentés au Roy Thomson Hall et sur les scènes des grands centres d'art de la scène partout au pays présentent une dimension nationale. Comment donc parvenir à réaliser au mieux cette vision d'un Centre national des Arts? En invitant des gens de l'extérieur à siéger au conseil, des gens qui ont des loyautés divisées? C'est mon cas, en ce qui concerne l'Orchestre symphonique de Vancouver. Serait-il mieux d'adopter une autre orientation?

Je ne connais vraiment pas la réponse, mais je voulais simplement signaler à Mme Lill qu'elle a visé assez juste, car moi aussi je m'interroge sur les mêmes choses. Le plus important pour le CNA est de respecter le statut que lui a donné le Parlement.

Mme Jean Thérèse Riley: Je crois comprendre que Jim Watson aimerait faire un commentaire, ainsi que Carole McDougall et Roberto.

M. Jim Watson: Merci, monsieur le président, et merci à Mme Lill pour la question qu'elle a posée parce que c'est un des dilemmes auxquels est confronté le Centre national des Arts. Le maire Ducharme et moi-même en avons évidemment conscience. Nous devons être loyaux envers les villes que nous représentons, raison d'être de notre présence au conseil d'administration. Cependant, nous nous rendons compte que nous avons affaire à une institution nationale, principalement financée par le gouvernement fédéral, par le gouvernement national.

L'un de nos dilemmes tient au fait que nous devons partager notre loyauté entre le mandat national du CNA et ses responsabilités sur le plan local. L'une des initiatives dont il a été question au conseil, et j'espère que nous pourrons y donner suite dans les prochains mois, vise à mettre sur pied un conseil consultatif régional destiné à nous faire réfléchir sur le rôle national du Centre, sans perdre de vue que la grande majorité de nos abonnés et de nos clients viennent de la région de la capitale nationale et que plusieurs groupes artistiques locaux, dont l'Orchestre symphonique d'Ottawa et l'Opéra Lyra, utilisent nos installations.

• 1025

Ce conseil consultatif serait constitué de représentants, des deux côtés de la rivière, s'intéressant et se dévouant au milieu artistique. Selon moi, cette formule contribuera à jeter un pont entre le Centre national des Arts et le milieu artistique local, ce qui est très important, et à ajouter la transparence que nous recherchons dans le fonctionnement du CNA.

J'ai été heureux de formuler une motion proposant que nos réunions du conseil, à partir de la prochaine, soient ouvertes au public et à la presse. J'estime très important de donner au public la possibilité de connaître directement les décisions prises par une institution qui est alimentée par des fonds publics. Comme je le disais, cela contribuera beaucoup—et mes collègues l'ont reconnu unanimement—à instaurer ou à rebâtir un niveau de confiance entre le public, d'une part, et le personnel du Centre national des Arts, les interprètes et le conseil d'administration, d'autre part.

Je vous remercie.

Le président: Je vais me permettre de vous interrompre, car il est presque 10 h 30. Les députés ont beaucoup de questions à poser et il faut leur permettre de le faire pour qu'ils obtiennent les réponses qu'ils désirent; je demande donc à nos témoins d'être le plus concis possible. Nous sommes censés limiter chaque question et réponse à cinq minutes par député pour que tout le monde ait la possibilité d'intervenir, mais actuellement les réponses prennent près de 15 minutes. À ce rythme, il y en a qui ne pourront pas poser leurs questions.

Bien! Continuons.

Madame McDougall, peut-être pourriez-vous revenir sur cela plus tard.

Je donne la parole à Mme Bulte.

Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

Bienvenue, madame la présidente et bienvenue à vous mesdames et messieurs du conseil d'administration, ainsi qu'à vous, madame Calder qui venez de Toronto. Je tiens à signaler que M. Martella est un fantastique mécène pour la communauté artistique de Toronto.

Le vérificateur général est revenu à maintes reprises sur l'absence de plan stratégique au CNA. Madame la présidente, dans vos remarques liminaires, vous avez dit que le CNA avait péché en n'ayant pas établi de stratégie cohérente à long terme.

Je me rappelle la première fois que nous nous sommes rencontrées, avant que je n'entre en politique, en 1995, si je me souviens bien; vous veniez juste d'être nommée présidente du Centre national des Arts. Nous participions toutes deux à une réunion de l'Association professionnelle des théâtres canadiens, à laquelle était également présente Mme Calder. Vous faisiez votre tournée du milieu artistique. Vous aviez alors annoncé que le Centre national des Arts allait adopter un plan stratégique, ce qui était tout à fait nouveau pour une organisation artistique en 1995.

Eh bien, que s'est-il passé entre 1995 et maintenant et pourquoi n'avez-vous toujours pas de plan stratégique? J'ai l'impression que c'est là le noeud du problème. Je n'arrête pas d'entendre parler d'absence de plan stratégique, de problèmes de gestion. Pouvez-vous répondre à cette première question?

J'en aurai plusieurs autres à vous poser aujourd'hui sur ce sujet.

Mme Jean Thérèse Riley: Si je me souviens bien, cela remonte au printemps de 1996. À l'époque, il était évident qu'un plan stratégique—parce qu'il nous aurait permis d'établir des priorités et d'instaurer une discipline—nous aurait permis d'envisager un avenir véritablement productif et rentable. Je ne me souviens pas d'en avoir parlé, mais nous en étions déjà conscients. Nous le savions, au sein du CNA et nous n'avions rien contre le fait d'en parler.

Nos exigences à l'embauche du pdg que nous recherchions alors, incluaient l'établissement d'un plan d'entreprise. Je crois que c'était même inscrit dans sa description de fonction. De toute façon, on retrouvait cette disposition dans le contrat de notre ancien pdg à qui nous avons sans cesse répété notre frustration de ne pas avoir de plan du genre.

Il faut reconnaître honnêtement, qu'un plan d'entreprise est un énoncé de choix et que, quand on n'a pas suffisamment de ressources, certains choix deviennent relativement difficiles. Cela étant, force est de reconnaître que nous n'avons pas adopté de plan stratégique cohérent à long terme, notamment parce que nous n'avons pas réussi à nous entendre à cet égard ni sur la nécessité de réaliser le consensus sur les choix difficiles à faire. Voilà, selon moi, en partie pourquoi nous n'avons pas adopté un tel plan.

• 1030

Mme Sarmite Bulte: Mais le conseil, de son côté, ne s'est pas non plus lancé dans l'élaboration d'un plan stratégique en collaboration avec les experts-conseils, par exemple.

Mme Jean Thérèse Riley: Nous avons tenu des réunions et nous avons énoncé notre mission et nos objectifs. Cependant, je pense que cela n'a pas été suffisant et que ces intentions et objectifs n'ont jamais été transformés en objectifs d'entreprise. Autrement dit, ce processus de traduction n'a pas eu lieu. Ce faisant, nos intentions et objectifs n'ont servi à rien d'autre qu'à essayer de plaire à tout le monde et de tout faire à la fois. Nous en avions énoncé sept ou neuf que nous avions fait circuler. Cependant, nous ne sommes pas passés à l'étape suivante, c'est-à-dire à la transformation de ces objectifs en choix difficiles, choix qu'il nous fallait faire pour déterminer notre avenir et établir nos priorités. Ce n'est pas facile à faire.

Mme Sarmite Bulte: Nous avons parlé de choix. Nous nous sommes également penchés sur votre mandat, qui est vaste. Quand j'ai demandé au vérificateur général s'il existait d'autres organisations au Canada comme le Centre national des Arts—sans se limiter aux sociétés d'État—, avec lesquelles nous pourrions faire des comparaisons, il a admis qu'il n'y en a pas. N'avez-vous pas l'impression que votre mandat est peut-être un peu trop ambitieux et qu'il conviendrait de le modifier? Vous avez parlé de travailler en plus étroite relation avec le Conseil des Arts du Canada mais que, jusqu'à présent, vous n'aviez pas eu le temps de le faire. Vous administrez déjà le Centre national des Arts et voilà que vous allez devoir vous lancer dans autre chose. Est-il réaliste de s'attendre à ce que vous fassiez tout cela à la fois? Peut-être le moment est-il venu de réexaminer votre mandat.

Mme Jean Thérèse Riley: J'ai bien l'impression qu'il va falloir préciser ce mandat pour que nous réussissions dans la rédaction de notre prochain chapitre. Cependant, comme nous vous l'avons dit, nous avons pris le taureau par les cornes pour ce prochain chapitre, nous avons consulté le milieu artistique canadien pour essayer de dégager un consensus sur l'interprétation de notre mandat et sur la maximisation de notre dimension nationale.

Je pense qu'il serait très regrettable de modifier le mandat et peut-être de réduire les attentes. Quand Grant Burton nous a envoyé son chèque par messager, il y a deux ou trois semaines de cela, un vendredi après-midi, il nous a rappelé que pour certains, le mandat national du Centre est important. Il m'a effectivement déclaré que nous habitons un grand pays, que nous avons une très belle capitale nationale et qu'il est absolument essentiel que nos institutions nationales s'épanouissent. Je me dois donc de vous faire une réponse de normand en vous disant oui et non.

Mme Sarmite Bulte: Eh bien, si tel est le cas, je vais vous poser une autre question. Avez-vous besoin de plus de membres au conseil d'administration? La plupart des organismes artistiques comptent beaucoup plus de membres à leur conseil, des gens qui résident sur place. Vous, qui essayez d'être un Centre national des Arts, faites appel à des gens qui représentent l'ensemble du Canada. Faudrait-il qu'ils soient plus nombreux pour vous aider à réaliser votre mandat?

Mme Jean Thérèse Riley: La Loi sur le Centre national des Arts nous permet d'avoir des comités consultatifs. Nous n'avons jamais vraiment compté sur de tels comités, mais je pense que nous devons maintenant envisager cette formule. Lors de notre recherche de candidats en 1996, notre expert-conseil nous a fait remarquer la complexité de notre opération et la difficulté, pour un petit conseil comme le nôtre, d'assumer une responsabilité aussi lourde. M. Ducharme, tout à l'heure, a employé l'expression de «dévotion aux arts». C'est bien vrai... nous sommes des bénévoles et notre responsabilité est très lourde.

Le président: Ce sera votre dernière question.

Mme Sarmite Bulte: Merci, monsieur le président.

J'ai une brève question à vous poser au sujet de votre comité de recherche. Si je me fis à mon expérience au contact d'organisations artistiques, votre premier problème tient au fait que vous puisez tous dans un panier très limité de personnes talentueuses. Vous pourrez toujours mettre sur pied le meilleur comité de recherche de candidats qui soit, le panier de compétences demeure limité et vos réseaux de contacts produiront toujours les mêmes noms. Quant aux salaires offerts, vous vous situez sans doute au bas de l'échelle comparativement aux autres organismes artistiques. N'y aurait-il pas lieu que vous rajustiez ce poste de dépense pour essayer d'être concurrentiel à l'échelle du Canada?

Mme Jean Thérèse Riley: Eh bien, je me propose de laisser à notre président du comité de recherche le soin de vous répondre.

• 1035

M. David Hill: Je suis entièrement d'accord avec vous sur ces deux aspects, car non seulement le panier des compétences est réduit mais, comme l'a déclaré le vérificateur général et comme vous nous l'avez redit, ce centre des arts de la scène est beaucoup plus complexe que n'importe quel autre au Canada. Il produit des pièces de théâtre en anglais, en français, des spectacles de danse, des concerts et il loue des salles. Aucun autre centre n'est aussi complexe que le nôtre au pays, ce qui complique davantage notre tâche dans la recherche de quelqu'un de compétent possédant l'expérience voulue pour administrer une organisation comme la nôtre qui est unique au Canada.

Effectivement, le panier des compétences est réduit. La recherche en est d'autant plus difficile et il est vrai qu'on ne s'enrichit pas en étant pdg du CNA. Cependant, je pense que le poste est intéressant parce que nous sommes une institution nationale, parce que le travail est un défi et parce que nous sommes un grand centre que les candidats potentiels aspirent à administrer. C'est cela qui attire nos candidats. Ils ne viennent pas ici pour l'argent. Je ne suis même pas certain que nous en attirerions plus si nous augmentions le salaire. Je pense qu'il y a tellement de gens dévoués attirés par ce défi et par le Centre national des Arts que l'argent ne nous empêchera pas de trouver ceux qui ont l'expérience appropriée.

Mme Jean Thérèse Riley: Cependant, si je puis m'essayer à répondre à cette question...

Le président: Très rapidement alors, madame Riley.

Mme Jean Thérèse Riley: Si la fourchette salariale est un obstacle et si nous voulons vraiment attirer les meilleurs candidats, alors nous devons trouver une solution sur ce plan.

Le président: Avant de poursuivre pour une deuxième série de questions—et pour cette deuxième série, j'ai une longue liste de députés qui ont demandé la parole, c'est-à-dire M. Godfrey, Mme Catterall, M. Bonwick, M. Mark, Mme Tremblay, M. Dumas, M. Bélanger et Mme Lill. Cependant, par souci d'équité, je me dois de céder d'abord la parole à M. Muise qui a rendez-vous tout à l'heure.

Monsieur Muise, je vous donne la parole.

M. Mark Muise (West Nova, PC): Merci, monsieur le président, et merci à nos invités.

Je commencerai par dire que le Centre national des Arts est une institution très importante pas uniquement pour la région de la capitale nationale, mais pour l'ensemble du Canada et que je ne veux pas qu'on perçoive mes questions comme étant une critique adressée au Centre mais comme obéissant plutôt à un désir de comprendre et comme étant un exercice visant à apporter un peu d'éclairage sur ce dossier. Voilà donc qui explique certaines des questions que je vais poser.

Madame Riley, au début de votre exposé vous avez dit qu'une partie des problèmes semble être attribuable aux réductions des subventions fédérales. Eh bien, j'ai posé la même question hier, au vérificateur général, car je voulais savoir s'il y avait un lien entre les difficultés actuelles du CNA et ses défauts de financement. Il m'a répondu par la négative, affirmant que certains des problèmes qui nous préoccupent existaient avant les réductions budgétaires. J'aimerais, maintenant, que vous nous parliez un peu de cela.

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur Muise, je crois que le vérificateur général a raison, à savoir qu'il n'y a pas de lien direct entre les deux. Toutefois, on constate une tendance à réduire les budgets de nos programmes qui marchent le mieux et, dans tous les cas, les coupures ont été faites dans la controverse. Très souvent, elles ont donné lieu à des contestations et ont eu pour effet indirect de générer un climat marqué par la controverse et l'émoi. En convenez-vous?

Mme Elaine Calder: Je pourrais peut-être ajouter quelque chose.

Les institutions qui s'appuient sur une orientation stratégique bien ancrée et qui bénéficient d'une solide administration, sont mieux en mesure d'encaisser les réductions budgétaires que les autres.

Le président: Monsieur Muise, avez-vous d'autres questions?

M. Mark Muise: Oui, monsieur le président.

Hier, lors de la rencontre avec le vérificateur général, nous avons constaté qu'à l'occasion de la vérification de juin 1998, le vérificateur a soulevé plusieurs points préoccupants sur lesquels j'aimerais revenir, du moins sur l'un d'eux pour commencer.

• 1040

Par exemple, au point 22 de la page 5, il déclare:

    Nous avons effectivement constaté la nécessité d'énoncer clairement les attentes en matière de rendement et de veiller à ce que le rendement soit contrôlé.

Il semble que le vérificateur général soit revenu sur cela à maintes reprises, mais que votre organisation ne soit pas passée aux actes. Comme j'ai été absent, et vous m'en excuserez, il est possible que vous ayez déjà parlé de cet aspect, mais j'aimerais tout de même entendre ce que vous avez à en dire.

Mme Jean Thérèse Riley: Merci, monsieur Muise. Nous en avons effectivement parlé, mais peut-être pas dans le détail que mérite la chose.

Madame Calder, si cela ne vous dérange pas, voulez-vous en parler...

Mme Elaine Calder: Merci. Si je ne m'abuse, le problème que soulève le vérificateur général à ce point précis touche à la responsabilité sur le plan de la gestion et aux attentes en matière de performance. Eh bien, le Centre national des Arts a réalisé un examen complet de la haute direction, qui a été commencé un peu avant mon arrivée et qui s'est terminé cet hiver. À mon arrivée, 16 personnes relevaient directement du pdg. Ce nombre ayant été réduit à neuf cet ensemble de responsabilités de gestion est maintenant bien sûr plus facile à cerner.

Ce qu'il y a sans doute de plus intéressant, c'est qu'on a arrêté des descriptions de tâche très détaillées pour les postes des cadres supérieurs, description qui précisent leurs responsabilités, les compétences dont ils devront faire preuve pour assumer ces responsabilités, et qui indiquent de quels postes ils relèvent et ce dont ils auront la charge.

C'est un début et nous allons devoir continuer de collaborer avec les employés pour instaurer une plus grande rigueur dans tout ce qui touche aux responsabilités et aux attentes en matière de rendement.

Par ailleurs, le plan d'entreprise nous aidera parce qu'en plus des objectifs stratégiques de haut niveau qu'il énoncera, il précisera nos objectifs commerciaux. Il est en effet plus facile d'évaluer le rendement d'un employé quand on sait ce qu'on attend de lui, et c'est précisément ce qui manque maintenant.

Le président: Monsieur Muise, nous reviendrons à vous plus tard.

Monsieur Godfrey.

M. John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.): Moi aussi, je veux parler de certains aspects soulevés par le vérificateur général, plus précisément des campagnes de financement et des réponses qu'il a fournies à mes questions sur la structure du conseil à cet égard.

Il semble qu'on ait jugé raisonnable, à l'époque de la création du Centre national des Arts où l'argent du gouvernement fédéral coulait à flot, d'avoir un conseil représentant les contribuables et le point de vue du milieu artistique du Canada tout entier. Nous nous retrouvons maintenant dans une situation où tout au plus 50 p. 100 du financement et des budgets totaux viennent du gouvernement fédéral, et rien n'indique que nous allons sensiblement augmenter cette part, même si les membres de ce comité le regrettent. Ainsi, selon toute logique, vous devrez aller chercher plus de fonds ailleurs. J'ai constaté, dans toutes les organisations artistiques auxquelles j'ai été associé et où l'on retrouvait des «locomotives» autour de la table, que ce rôle incombe au conseil.

Vous auriez pu, en toute logique, souhaiter avoir un conseil plus important pour que vos membres contribuent davantage à la collecte de fonds, le rôle de chacun étant bien compris et obéissant au modèle «donnes-en, prends-en ou parts-en». Certes, alors même que nous réduisions votre budget, nous réduisions aussi la taille de votre conseil, mais le niveau d'attente vis-à-vis des membres de l'actuel conseil a grimpé en flèche.

Je vais poser ma question à Elaine Calder qui va pouvoir nous dire ce qu'elle pense vraiment parce qu'elle est pdg par intérim et que—comme de nombreux autres conseillers—, elle possède une expérience directe de ce genre de fonction pou avoir travaillé au Festival Bernard Shaw et à la Compagnie d'opéra canadienne, au côté de M. Martella. Dites-moi, quelle devrait être la taille d'un conseil appelé à composer avec des enjeux aussi complexes, devant être représentatif sur le plan local, devant assumer plus activement une fonction de contrôle et, par-dessus tout, devant faire rentrer de l'argent. Dites-moi combien chaque membre du conseil, chargé des campagnes de financement, devrait rapporter au CNA. Dites-moi combien les membres du conseil de la Compagnie d'opéra canadienne étaient censés rapporter. Bien sûr, je poserai ensuite cette question aux membres du conseil, mais je veux commencer par vous.

Mme Elaine Calder: C'est une question...

M. John Godfrey: Embarrassante!

Mme Elaine Calder: Non, je dirais plutôt «vaste».

• 1045

Je crois qu'on peut très justement affirmer que la composition du conseil, prévue dans la loi, n'en fait pas un conseil chargé de faire rentrer des fonds et je ne pense pas que dans les instructions données aux nouveaux membres il soit question de ce rôle. Il faut donc, d'entrée de jeu, faire la différence entre la réalité de l'heure et ce qui est écrit dans la loi ou ce qui se fait pour le moment. Fort bien, acceptons cette réalité! Ce qu'il faut, c'est trouver réponse à la partie la plus intéressante de la question.

Si je pouvais agiter ma baguette magique pour obtenir ce que je veux...

M. John Godfrey: Allez-y, agitez-la.

Mme Elaine Calder: Eh bien, puisqu'on insiste de plus en plus pour que nous allions chercher de l'argent dans le secteur privé, il est évident qu'une grande partie de notre soutien se trouve dans la région d'Ottawa—Hull. C'est là que nous vendons la majorité de nos tickets, c'est là que nous allons chercher le gros de notre argent. Nous y avons des partisans très loyaux qui contribuent aux nombreux programmes du Centre national des Arts.

Pour l'instant, nous avons recours à des bénévoles de la collectivité pour s'occuper d'événements comme nos galas bénéfices, qui fonctionnent très bien pour récupérer des fonds. Ils n'ont pas de siège au conseil, ce qui ne les empêche pas de travailler avec beaucoup d'application aux comités de bénévoles et auprès de notre personnel spécialisé. Devrait-on officialiser cette formule en offrant plus de sièges à des représentants d'Ottawa—Hull? Ce serait certainement une façon de s'y prendre.

D'un autre côté, et comme mon statut de pdg intérimaire me permet de dire tout ce que je veux, j'ajouterai que, selon moi, nous avons effectivement une responsabilité nationale. Je crois que dans sa réponse, Grant Burton—personnalité extérieure à la capitale nationale et que je vais rencontrer ce week-end—nous indique que les Canadiens méritent de telles institutions et de tels symboles nationaux. Je suis convaincue que nous pourrions récupérer des fonds partout au pays si l'on confiait expressément cette responsabilité au conseil d'administration.

Ce sera délicat, parce que la plupart de ceux et de celles qui se préoccupent d'art au Canada et qui participent aux collectes de fonds, le font déjà pour d'autres institutions. Ce sera délicat, mais je suis certaine que nous pourrons recruter des membres répondant à ce profil. Ma réponse vous convient-elle?

M. John Godfrey: Je terminerai en posant une brève question à laquelle un des membres du conseil pourrait répondre.

D'après ce que vous avez connu, pensez-vous que vous obtiendrez de meilleurs résultats sur le plan de la collecte de fonds en recourant à un conseil consultatif de bénévoles, du genre de celui qui est envisagé, qu'en intégrant au conseil des membres chargés de cette fonction, étant donné le statut que cela confère?

Je me tourne maintenant vers n'importe lequel des membres du conseil pour savoir si vous trouvez difficile cette fonction de sollicitation de fonds, au sein de vos collectivités et pour une institution nationale, parce que je sais que nombre d'entre vous avez déjà eu beaucoup de succès dans ce domaine à l'échelon local?

M. Royce Frith: En ce qui concerne le conseil, je vous répondrai très brièvement, dans l'ordre dans lequel vous avez posé vos questions, par non d'abord et oui ensuite.

Mme Elaine Calder: Je pense que M. Godfrey voulait savoir ce que donnerait un comité consultatif régional qui aurait en quelque sorte un statut secondaire. Je pense nécessaire d'insister sur le fait que, pour l'instant, nos comités de bénévoles locaux donnent d'excellents résultats. Plusieurs organismes artistiques ont d'ailleurs recours à de tels comités pour repérer ceux et celles qui pourraient devenir des membres de leur conseil d'administration et pour les attirer par la suite en créant un siège de bénévole.

Mme Thérèse Riley: Monsieur le président, avant de céder la parole à quelqu'un d'autre au conseil, parce que je sais que les gens veulent réagir, j'aimerais préciser...

Le président: Allez-y, comme M. Frith, après quoi nous devrons passer à autre chose sans quoi nous prendrions trop de temps.

Mme Thérèse Riley: Très bien. Quand on m'a contacté la première fois pour me demander si je me laisserais séduire par ce poste, les gens étaient notamment intéressés par le fait que j'avais des antécédents dans le domaine de la collecte de fonds, à titre de bénévole et à titre professionnel. Personnellement, je me réjouissais de pouvoir mettre mes compétences, mon réseau et mes relations au service du Centre national des Arts. Eh bien, tel n'a pas été le cas. J'ai bien intéressé un mécène, mais la majorité du... Cela est dû au mode de fonctionnement interne de notre organisation. Ce n'est pas un mystère. Nous avions un service spécialisé dans la collecte de fonds qui venait juste d'être mis sur pied et qui ne fonctionnait pas encore très bien. Quant aux contacts que j'ai pris et à ceux que je m'étais proposé de prendre—ce que plusieurs de mes collègues étaient disposés à faire—ils n'ont fait l'objet d'aucun suivi.

• 1050

Le président: Madame Catterall.

Mme Marlene Catterall (Ottawa-Ouest—Nepean, Lib.): Nombre d'entre nous ont rappelé l'importance de cette institution nationale et Jim avait raison en parlant de schizophrénie. Cependant, comme je devine le grand sentiment de fierté qu'éprouve notre collectivité pour nos institutions nationales et un sens de la responsabilité envers ce rôle national, je ne vois pas ici une très grande dichotomie. Il demeure, cependant, important de faire participer les gens d'un peu partout au Canada et de pouvoir compter sur différents segments du milieu artistique.

Je me suis réjouie d'entendre le point de vue exprimé par le président, au début, à savoir que le comité désire jouer un rôle constructif dans ce dossier. Jusqu'ici, ce matin, je n'ai pas encore entendu votre conseil nous indiquer de façon réfléchie pourquoi ce problème existe.

Mme Bulte a réagi au sujet de l'échec du CNA de se doter d'une stratégie cohérente à long terme. Certes, c'est là un exercice difficile, mais le conseil existe depuis longtemps. Les visages et les noms ont pu changer, mais le conseil, lui, existe depuis longtemps.

J'aimerais que vous nous disiez en quoi notre comité pourrait vous aider à réaliser l'essentiel de ce projet. Que doit-on changer pour que le conseil soit en mesure de remplir ce rôle? Personnellement, j'estime que l'élaboration du plan stratégique incombe au conseil d'administration et que les autres décisions en découleront. Quels obstacles se sont opposés à cela? Mme Bulte a posé plusieurs bonnes questions à propos desquelles j'aimerais entendre davantage de réflexion de la part du conseil, parce que j'ai regretté que votre exposé ait beaucoup trop porté sur la situation actuelle. Nous ne sommes pas ici pour parler de la situation du moment. Nous voulons savoir ce qu'il faut faire pour parvenir à donner une orientation stratégique au CNA, orientation d'où découleront toutes les décisions.

En ce qui me concerne, je n'aimerais pas que le conseil ait pour principale fonction de collecter des fonds. Je ne suis pas certaine que les gens... Le milieu artistique au Canada n'est pas connu pour sa richesse ni pour ses relations parmi les riches. Ainsi, personnellement, je ne veux pas que cela devienne la principale fonction du conseil ni le principal critère de nomination au conseil. Si j'ai tort, n'hésitez pas à me corriger. En fait, j'aimerais que vous nous disiez—plus tard si ce n'est aujourd'hui—si notre comité doit recommander certains changements.

Mme Jean Thérèse Riley: Pour citer un passage du document de Mme Vaillancourt sur la régie des sociétés d'État «la responsabilité de la gestion d'amorcer l'élaboration de la stratégie» est quelque chose de tout à fait différent de ce à quoi vous faites allusion, et c'est en fait le mode de fonctionnement que nous avons jusqu'ici appliqué au Centre national des Arts, l'élaboration de la stratégie incombant à l'équipe de gestion. Votre comité nous a invités à examiner avec soin ce qui s'est produit et à y trouver des raisons.

Il convient de prendre un peu de recul par rapport à tous ces événements, par rapport à nos positions de nature réactive, parce que nous sommes encore en train de réagir à des événements récents. Mais à l'occasion de notre préparation en vue de cette rencontre... Mon collègue, M. Hill, vous a tout à l'heure exprimé notre désir de revenir plus tard devant vous pour vous faire part de ce que nous aurons fait à partir de maintenant. Ce n'est pas à cause du conseil d'administration que le CNA n'est pas doté d'une stratégie cohérente à long terme, c'est à cause d'un changement survenu ces dernières années dans notre conception de l'administration du CNA ou du moins des sociétés d'État.

• 1055

Dans notre cas, nous avons toujours estimé que notre mandat se suffisait à lui-même. Ce n'est que parce que nous avons été aux prises avec ce qui s'est produit et qu'on s'interroge sur les raisons qu'on se rend compte qu'il est possible d'interpréter la chose de différentes façons. Il est question de réaliser un équilibre entre des intérêts divergents, et le conseil n'a pas établi de priorité à cet égard. Nous avons eu tendance à nous en remettre à la haute direction du Centre. Cela étant, nous nous engageons à partir de maintenant à assumer l'entière responsabilité de cette tâche et à nous tourner vers le milieu des arts d'interprétation au Canada pour lui demander de nous aider à arrêter une orientation stratégique claire.

Le président: Madame Catterall, ce sera votre dernière question.

Mme Marlene Catterall: Je vais revenir sur cela, parce que je juge nécessaire de poursuivre cette discussion. On en revient toujours à la situation actuelle, mais je ne pense pas qu'aucun de nous soit en mesure de la régler. Elle est symptomatique et je ne pense pas que le conseil soit investi de la responsabilité de gérer le Centre et d'élaborer une stratégie; il lui incombe plutôt d'approuver une stratégie, d'imprimer une orientation. C'est cela le rôle d'un conseil d'administration.

À l'évidence, l'équipe de gestion doit vous conseiller sur le travail de base, vous dresser un tableau de la situation, mais j'ai l'impression que nous demeurons prisonniers de la situation actuelle ce qui n'est pas très utile pour les membres du comité qui voudraient apporter leur contribution.

Je ne sais pas ce qui va se passer après cette rencontre, monsieur le président, mais quant à moi, c'est tout juste un point de départ utile.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: Est-ce qu'on pourrait prendre nos cinq minutes tout de suite, après que nous aurons entendu la réponse à cette question-là?

Le président: Votre deuxième tour?

[Traduction]

Mme Suzanne Tremblay: Non, notre pause de cinq minutes.

Le président: Ah, je vois!

[Français]

Écoutez, je veux bien, s'il s'agit bien de cinq minutes. Autrement, je sais trop ce qui arrive. Si c'est vraiment cinq minutes, on reviendra juste après 11 heures. D'accord.

Une voix: Est-ce qu'on pourrait d'abord avoir la réponse à la question?

Le président: D'accord.

[Traduction]

Monsieur Hill.

M. David Hill: Voyez-vous, madame Catterall, si nous n'avons pas progressé assez vite dans le sens de l'adoption d'un plan stratégique, c'est en partie à cause de l'absence de stabilité dont souffre notre institution, problème dont le vérificateur général vous a parlé hier.

L'ancien pdg et l'ancien conseil avaient entamé un exercice de planification stratégique. Nous avions retenu les services d'un expert-conseil pour nous aider. Nous sommes partis en retraite fermée. Ainsi, nous avions bel et bien amorcé le processus mais il nous a fallu attendre que le pdg fasse d'abord le tour de l'institution et ait appris à la connaître. Puis, nous avons été arrêtés par son départ. Est venu ensuite ce tout dernier problème, qui nous a fait complètement dériver.

Je ne sais pas ce que le comité peut y faire, mais je suis certain que tous les membres du conseil veulent poursuivre dans ce sens et veulent avoir la possibilité de reprendre le cours normal des choses. Or, notre devoir consiste à proposer des spectacles de qualité, ce que nous sommes parvenus à faire malgré toutes ces perturbations. Nous devons poursuivre dans ce sens et bâtir sur cet acquis mais il nous faut acquérir une certaine stabilité sur le plan de l'administration et de la gestion pour nous permettre d'en revenir au travail de préparation du plan stratégique que nous avons entamée, dont nous savons la nécessité et que nous nous sommes engagés à faire auprès du vérificateur général. Je dirais que le principal problème avec lequel nous avons dû composer depuis que je suis au conseil tient à l'absence de stabilité qui nous a empêchés de faire notre travail.

Le président: Eh bien nous allons faire une pause de cinq minutes.

• 1100




• 1109

Le président: Nous reprenons la séance sur le CNA. Nous avons couvert pas mal de terrain jusqu'ici, mais je tiens à rappeler que nous avons abordé différents aspects, hier, avec le vérificateur général, aspects à propos desquels les députés aimeraient aujourd'hui obtenir certaines réponses.

• 1110

Le vérificateur général nous a rappelé que son bureau a effectué quatre examens spéciaux du CNA—en 1985, 1989, 1993 et 1998—et que de nombreuses recommandations apparaissant dans le rapport de 1998 avaient déjà été formulées dans les rapports précédents, notamment la question de l'orientation stratégique, ce dont les représentants du CNA nous ont d'ailleurs parlé aujourd'hui.

Le vérificateur général a également traité de la composition du conseil. Celui-ci devrait-il être élargi, devrait-il être différent? Il faudrait nous dire pourquoi le conseil actuel, dans sa composition, constitue la formule idéale pour l'instant. Il en a également été question plus tôt. M. Desautels a estimé, par ailleurs, qu'il faudrait se poser une question qui n'a pas été soulevée jusqu'ici, à savoir si le pdg doit effectivement, par la nature même de son travail, se mêler de la dimension artistique. Il conviendrait peut-être de créer une fonction parallèle, de nommer quelqu'un ayant des compétences administratives, pour appuyer le pdg à cet égard.

Il a en outre laissé entendre qu'il règne une parfaite confusion dans les communications entre le conseil, le pdg et l'équipe de gestion. Il conviendrait peut-être, avant la fin de la séance d'aujourd'hui, par exemple, de nous indiquer combien de fois le conseil se réunit. Nous ne savons pas s'il existe un comité de la haute direction. Est-ce que quelqu'un, siégeant à un tel comité, ou le pdg, participe aux réunions du conseil? Les gestionnaires ont-ils accès aux procès-verbaux de ces réunions? Quel est le mode de relation entre le conseil et les cadres de gestion? On dirait que tout cela se situe au coeur du problème de communication qui a provoqué cette confusion, raison pour laquelle il n'y a pas eu d'orientation stratégique et pour laquelle on a connu, comme on le sait maintenant, tous les problèmes survenus au fil des ans.

M. Desautels a aussi parlé de la relation entre le Centre et le Conseil des Arts du Canada, en vertu du mandat précisé dans la loi, selon lequel le Conseil des Arts du Canada se doit de travailler en liaison avec le Centre au sujet des arts de la scène à l'échelle du Canada. Il estime que ce volet a fait complètement défaut. En réponse à une question que nous lui avons posée, il a même rajouté qu'on ressentait—était-ce lui ou son bureau?—un malaise entre les deux organisations. Le Centre ne veut pas que le Conseil des Arts sache ce qu'il fait et les liens pourraient être beaucoup plus étroits qu'ils semblent l'être actuellement.

J'ai jugé nécessaire de vous rappeler ce contexte, parce qu'il nous reste à peine trois quarts d'heure et qu'on pourrait poser bien des questions...

Mme Suzanne Tremblay: Il nous près de deux heures. Il n'est que 11 h 15.

Le président: Excusez-moi! Je suis désolé, il nous reste effectivement beaucoup plus de temps. Eh bien, c'est encore mieux. Je jugeais important d'obtenir réponse à tous ces aspects avant de terminer la séance, parce que le vérificateur général a estimé que le comité devrait les poser.

Cela dit, je cède la parole à M. Bonwick.

M. Paul Bonwick (Simcoe—Grey, Lib.): Bonjour, monsieur le président. Je commencerai par rendre hommage aux administrateurs du CNA pour leur détermination à maintenir sur pied le CNA qui est, selon moi, une composante essentielle de la culture canadienne. Je voulais faire cette précision parce que je tiens à ce que personne n'interprète mes commentaires, mes suggestions ou mes questions de façon personnelle, et je souhaite qu'on y voie plutôt une tentative de ma part visant à trouver des solutions au dilemme auquel vous êtes actuellement confronté.

J'ai été déçu par votre exposé. Comme vous saviez que nous avions accueilli le vérificateur général hier, je me serais attendu à ce que quelqu'un nous propose des solutions définitives, sous la forme d'un plan d'entreprise. Dans ses rapports d'examen de 1985 à 1988, puis de 1993 et de 1998, le vérificateur général a parlé de la nécessité, pour le CNA, de se doter d'un plan d'entreprise. Il n'est donc pas simplement question de jeter le blâme sur quelqu'un ou de trouver des justifications, mais bien de trouver des solutions.

• 1115

Si vous m'en laissez le loisir, monsieur le président, j'engagerai mes questions sur le thème des constats du vérificateur général dans l'espoir de dégager quelques solutions.

Je voudrais d'abord savoir combien le conseil compte de membres actuellement—question qui va tout à fait dans le sens de votre exposé au début de la séance—et combien y en avait-il durant la période qui nous occupe ainsi qu'au moment du départ de l'ancien pdg? Combien de membres qui siègent actuellement au conseil étaient déjà là durant cette période?

Mme Jean Thérèse Riley: Le conseil est complet depuis septembre 1998, ce qui revient à dire que tous les membres actuels du conseil ont été témoin des événements ayant précédé le départ de M. Cripton.

M. Paul Bonwick: Dans votre présentation, vous avez déclaré que vos difficultés actuelles, certaines des raisons de la situation actuelle et les effets du départ de l'ancien pdg s'expliquent de trois façons. D'abord, par le manque de contrôle financier; deuxièmement, par les pratiques d'embauchage et, troisièmement, par le manque de transparence ou la non-communication de renseignements.

Le président: Monsieur Bonwick, j'espère que vous n'allez pas parler de l'ancien pdg, mais de ce qui s'est produit ou de ce qui n'a pas été et qui aurait dû être.

M. Paul Bonwick: Tout à fait, d'où le fait que je vous aie demandé un peu de latitude.

Le président: C'est très bien, si vous comptez effectivement parler du manque de responsabilités financières au palier de gestion et du reste.

M. Paul Bonwick: Je vous remercie.

Le président: Mais je ne veux pas que vous sous-entendiez que cela était dû à M. Cripton ou à qui que ce soit d'autre.

M. Paul Bonwick: Non, monsieur le président. Je veux savoir quelles mesures ont été adoptées sur le plan de la responsabilité et j'espère que nous parviendrons à dégager une solution. Le thème de mes questions ne sera pas différent de celui de M. Mark. Je vais m'intéresser au problème de la responsabilité ou aux aspects que vous avez dit être préoccupants. Relève-t-il de la responsabilité commune du conseil d'administration et du pdg?

Mme Jean Thérèse Riley: J'ai l'impression que l'aspect préoccupant est celui des relations avec le pdg, car les administrateurs ne peuvent correctement assumer leurs responsabilités que s'ils peuvent compter sur leurs interlocuteurs dans cette relation, c'est-à-dire s'ils peuvent obtenir les données et les outils nécessaires à l'exercice de leur autorité. Pour en revenir à la première partie de vos remarques, si vous me le permettez, c'est-à-dire à ce qui concerne...

Le président: Excusez-moi, madame Riley. Vous devriez être plus explicite pour que nous vous comprenions bien. Que se passe-t-il maintenant entre Mme Calder et vous-même? Participe-t-elle aux réunions du conseil? Quel est votre système de communication?

M. Paul Bonwick: Elle devrait peut-être suivre l'ordre de mes questions et nous expliquer cela par la suite.

Je trouvais que ma question était assez succincte. Je voulais savoir s'il y a des domaines de responsabilités, pour les trois problèmes auxquels vous attribuez votre situation actuelle, qui incombent uniquement au pdg ou qui sont partagés avec le conseil d'administration?

Mme Jean Thérèse Riley: J'essaie de vous répondre sur le plan de la relation avec le pdg. Je vais céder la parole à Mme Calder qui va vous en parler du point de vue de la haute direction du Centre.

Mme Elaine Calder: Eh bien je vais essayer d'être la plus brève possible, monsieur.

Les responsabilités en matière de gestion, de contrôles financiers et de méthodes d'embauchage incombent au pdg. Pour ce qui est de la divulgation des renseignements, il s'agit là beaucoup plus d'une responsabilité morale que d'une obligation juridique et elle nous incombe à nous tous.

M. Paul Bonwick: Je vais vous inviter à être un peu plus explicite à propos de ce que vous avez déclaré dans votre exposé, quand vous avez dit que le CNA traverse un moment difficile de son histoire. Qu'entendez-vous par moment de son histoire? Voulez-vous dire un mois, six mois, une année, cinq ans, dix ans, 13 ans? Qu'est-ce au juste que ce «moment» que vous dites être difficile pour le CNA?

Mme Jean Thérèse Riley: Dans mon exposé, je voulais parler des épisodes qui ont conduit à notre comparution devant vous aujourd'hui et d'épisodes plus récents.

• 1120

M. Paul Bonwick: En fait, je voulais surtout que nous parlions de ce moment difficile de votre histoire et des problèmes qui demeurent apparemment en suspens. Vous avez aussi annoncé, de façon très neutre, certaines des mesures que vous allez adopter, mais je me dois ici de citer le vérificateur général à ce propos:

    Nous avons donc trouvé à nouveau très préoccupant l'absence d'orientation stratégique et l'absence de plan d'entreprise solide compris et accepté par le conseil d'administration, la haute direction et le personnel.

Cette phrase, on la retrouve dans les rapports de 1985, 1989, 1993 et à propos du déficit actuel de 3 millions de dollars en 1998.

À la façon dont je vois les choses, ce n'est pas un petit moment de l'histoire du CNA, puisque cela se perpétue depuis 13 ans. Voilà pourquoi je voulais savoir comment vous définissiez cette période.

Mme Jean Thérèse Riley: Quand j'ai employé l'expression «période difficile», je voulais faire allusion aux controverses et à toute la visibilité dont le Centre a fait l'objet. On oublie complètement le fait que, tous les soirs, nous offrons des concerts, des spectacles, des pièces de théâtre absolument fabuleuses comme Skylight, de David Harris.

Je voulais parler du fait que, ces derniers temps, nous avons fait l'objet de controverses et que nous nous sommes retrouvés sous le feu des projecteurs. Il est évident que les problèmes de fond remontent à très longtemps et qu'ils ne sont pas encore réglés. Mais Mme Calder a essayé, en réponse à la première question de M. Mark, de vous expliquer que nous avons commencé à les régler ces fameux problèmes. Si le comité veut que nous parlions, de façon constructive, de certaines des solutions que nous avons commencé à adopter, je crois que...

M. Paul Bonwick: Eh bien, c'est ce que le président va certainement vous inviter à faire quand j'en aurai terminé.

Je ne voulais pas vous parler de problèmes ni de crises particulières en ayant telle ou telle personne en point de mire. Le président vous a dit, de façon fort éloquente, que nous n'étions pas ici pour nous concentrer sur des cas personnels, mais pour nous pencher sur des problèmes d'ensemble et pour rechercher des solutions viables à long terme. Voilà pourquoi j'espérais que vous nous préciseriez ce que vous faites, par exemple que vous êtes en train de préparer un plan d'entreprise.

Dans votre exposé, vous avez parlé de la réduction de 31 p. 100 du financement fédéral, ce qui représente une réduction d'environ 7,8 p. 100 par an, soit environ 5 millions de dollars si mes calculs sont bons. Quelle incidence cette réduction a-t-elle sur votre budget global, en pourcentage? J'essaie de voir quel effet cette réduction a eu sur votre budget global. Ce problème semble être une des justifications que vous invoquez.

Mme Jean Thérèse Riley: Eh bien, je devrais sans doute laisser le soin au président du Comité des finances de vous répondre. Vous avez posé plusieurs questions en une seule, mais pour ce qui est du détail de la dernière partie, je vais laisser la parole à M. Ogaranko.

M. Andrew Ogaranko: Si vous voulez comprendre l'effet des réductions budgétaires, en pourcentage, vous devez savoir que le budget du CNA est d'environ 44 millions de dollars. Faites donc le calcul. Je ne l'ai pas fait, mais vous aurez ainsi un ordre de grandeur.

Le comité ne doit pas perdre de vue le fait que, sur ce budget, 10 millions de dollars environ sont consacrés à la construction et à l'entretien de l'installation. On l'oublie souvent dans toutes les explications et les justifications qu'on donne.

Si vous prenez uniquement la part de financement du gouvernement fédéral consacrée à la programmation, qui est la raison d'être du Centre national des Arts—même si nous devons tout de même nous occuper de briques et de mortier... eh bien, il faut savoir que la contribution du gouvernement fédéral au volet artistique représente maintenant moins de 35 p. 100 de notre budget total de programmation dans les arts. Cela place le CNA sur un pied d'égalité—en fait moins que sur un pied d'égalité—avec les autres organismes artistiques canadiens qui sont financés par des gouvernements.

Cette réduction a considérablement réduit la capacité du Centre de maintenir son niveau de programmation à ce qu'il était avant les réductions, c'est-à-dire jusqu'en 1995.

M. Paul Bonwick: Très brièvement. Comme nous essayons de trouver des solutions en collaboration avec vous et de formuler des recommandations, que penseriez-vous si nous recommandions au ministre de faire appel à une firme de gestion privée pour essayer de résoudre ce problème de manque de plan d'entreprise ou d'absence de plan stratégique, qui est signalé depuis 1983? Que penseriez-vous de l'idée de faire appel à une firme d'experts-conseils en gestion pour réaliser ce travail, en quelque sorte pour faire rapidement table rase des problèmes?

• 1125

Mme Jean Thérèse Riley: J'ai l'impression que...

Mme Elaine Calder: J'aimerais intervenir à ce sujet.

J'interpréterais cette recommandation comme un manque de confiance dans mes capacités de gestionnaire. Je suis en train de collaborer avec plusieurs spécialistes de l'extérieur pour essayer de régler ce que je pense être les problèmes fondamentaux soulevés par le vérificateur général, c'est-à-dire pour élaborer un plan stratégique, assurer une gestion financière saine et mettre sur pied des systèmes de compte rendu ainsi que de collecte de fonds. Nous ne faisons pas que cela, mais je n'aurais peut être pas le temps de vous parler du reste.

Quant à recommander qu'une firme extérieure d'experts-conseils en gestion vienne régler nos problèmes, j'y vois... Je n'aurais plus aucune raison de rester au CNA, n'est-ce pas? Je pourrais aussi bien rentrer à Toronto.

Le président: Je veux faire une remarque très brève à la suite des questions de M. Bonwick, parce qu'il a touché un aspect avec lequel nous nous débattons. Nous en avons d'ailleurs déjà parlé avant. Après sa comparution devant le comité, hier, le vérificateur général nous a notamment déclaré que le CNA a eu cinq pdg en sept ans. En réponse à une question que nous lui avons posée, il a qualifié cette situation d'exceptionnelle pour une société d'État. Il n'avait jamais entendu parler de cas du genre.

Nous essayons de savoir si le dernier changement de pdg est différent de ce qui s'est produit avant et, dans l'affirmative, en quoi il le serait. Sinon, s'agit-il d'un problème général, récurrent, tenant à toutes les raisons mentionnées par M. Desautels? Il croit que ce problème va se poursuivre, sauf si l'on s'attaque aux problèmes de fond, c'est-à-dire si l'on arrête une orientation stratégique et si l'on fixe l'évaluation du rendement et ainsi de suite.

Voilà ce que les députés veulent savoir. A-t-on affaire à une constante, à quelque chose qui se répète et qui fait que avez eu cinq pdg en sept ans? Quand je lui ai demandé si c'était un record pour une société d'État, il m'a répondu que c'était très certainement une situation exceptionnelle. Voilà pourquoi nous essayons de trouver une réponse.

Monsieur Mark.

M. Inky Mark: Merci, monsieur le président.

Hier, j'ai demandé au vérificateur général s'il avait l'impression que ce conseil était à même de mettre ses recommandations en oeuvre. À voir la qualité et les talents des gens qui siègent au conseil, j'ai eu ma réponse. En fait, les deux maires que vous avez au conseil vous sont certainement utiles pour vous enseigner la transparence et le principe de la reddition de compte—j'avoue être partial, puisque j'ai été maire moi-même.

J'aimerais savoir jusqu'à quel point le processus de planification stratégique sera inclusif? Est-ce que toutes les parties prenantes, outre les membres du conseil d'administration, seront appelées à participer?

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur Mark, avant de vous décrire la démarche d'établissement d'un plan stratégique, j'aimerais revenir sur ce que le président a déclaré à propos des divers épisodes chaotiques survenus dans la gestion du CNA.

Ces épisodes présentent certains points en commun. Nous savons du vérificateur que le CNA a pêché par manque de rigueur dans ses systèmes de gestion interne pour ce qui est de la reddition de compte et de l'absence de données financières. C'est un fait et ce problème a été corrigé.

Nous savons que le mandat a été élargi de façon explicite. On constate un certain manque de clarté dans l'interprétation dont il fait l'objet. Nous savons qu'à certaines périodes il a fallu réorienter les ressources du CNA afin d'exécuter le mandat obéissant à une interprétation différente, écarts qui ont toujours été corrigés après coup, étant entendu que le conseil, loin d'avoir provoqué les problèmes, a généralement contribué à les régler. Tout cela, c'est acquis!

Cependant, vous nous avez invités à limiter nos commentaires aux situations particulières que nous avons connues récemment, alors qu'en fait certains facteurs contributifs remontent à plus loin que cela.

• 1130

Ainsi, en 1996, quand nous avons lancé notre démarche de recherche de candidats dont nous étions très fiers, quand nous avons eu largement recours à des conseillers extérieurs et que nous avons commencé à formuler certains objectifs, quand nous avons consigné dans le contrat de notre pdg certaines obligations particulières, tout cet exercice n'a pas simplement donné lieu à un contrat juridique, mais à un contrat moral. Notre conseil s'attendait à certains résultats qui ne se sont pas concrétisés, ce qui me fait dire que c'est là un premier facteur contributif.

On pourrait affirmer que, par le passé, le conseil a été relativement passif dans son action mais qu'il a pris le taureau par les cornes dès l'automne de 1996 et qu'il a été très clair à propos de ce qu'il attendait après le mois de septembre 1996, et l'on peut dire alors que la déception n'est pas due au fait que le conseil était passif mais au fait qu'il s'est entièrement remis dans les mains de l'équipe de gestion du Centre.

J'aimerais que notre vice-président vous en parle. J'estime que tout ce problème est au coeur même de notre comparution aujourd'hui et c'est pour cela qu'il est extrêmement important que nous soyons clairs à ce sujet.

M. David Hill: J'ajouterai, à ce que vous avez dit, monsieur le président, qu'il y a le problème de l'évaluation. Nous avons effectué des évaluations en fonction des critères énoncés dans le contrat, comme Jean vous l'a précisé. Nous avons communiqué au pdg cette évaluation, qui n'était pas particulièrement brillante.

Il existait donc des critères et il y a eu une évaluation. Or, dans ce genre de situation, quand le conseil est déçu du rendement d'un cadre supérieur, il n'est pas rare que cela sonne le glas de leurs relations.

Je ne veux pas que le comité ait l'impression que nous n'avions pas établi de critères et qu'il n'y a pas eu d'évaluation. Le conseil s'est montré déterminé à agir dans ce sens et je crois que nous continuerons ainsi avec le nouveau pdg. Il s'agit là d'un volet très important de notre travail.

Le président: Monsieur Mark.

M. Inky Mark: Merci, monsieur le président.

J'imagine que, pas plus sur un plan personnel que sur celui d'une organisation, on ne peut se tourner vers l'avenir sans d'abord régler les problèmes du passé. D'où ma question: votre conseil a-t-il réglé une fois pour tous les problèmes actuels pour pouvoir s'arracher à son passé?

J'ai l'impression qu'il reste beaucoup de questions en suspens. Où en êtes-vous pour l'instant dans votre progression et devez-vous encore régler certains problèmes?

Mme Jean Thérèse Riley: Votre question est double. Il y a d'abord notre capacité de régler les problèmes du passé. Nous sommes prêts à répondre à toutes les questions qu'on nous posera à ce sujet. Si vous entretenez des doutes à cet égard, vous pourrez toujours vous référer au document que nous vous avons remis, sans compter que nous nous tenons à votre entière disposition pour répondre à vos questions, bien que d'après ce que j'ai compris des consignes du président, certains de ces aspects ne relèvent pas forcément de cette tribune. Quoi qu'il en soit, les faits sont connus et je crois qu'il faut effectivement tirer les choses au clair.

Quant à l'avenir, quant au règlement de nos problèmes de gestion et aux processus que nous avons mis en place, pourquoi ne nous tournerions-nous pas vers Mme Calder qui pourrait, cette fois, vous en parler de façon plus détaillée?

Mme Elaine Calder: Merci.

Pour répondre à la partie de la question de M. Mark concernant les problèmes de gestion mis à jour par le vérificateur général, je puis vous affirmer, sans un iota d'hésitation, que nous sommes en train de les régler. Nous nous sommes tournés vers l'extérieur pour obtenir l'aide dont nous avions besoin, et nous savions à qui nous adresser, et nous pouvons en outre compter sur de formidables ressources internes résolues à faire en sorte que le CNA fonctionne de la façon dont je l'ai décrit plus tôt, c'est-à-dire en tant qu'organisme efficace et rentable au service des arts.

Les paliers de gestion du Centre s'efforcent donc de régler tous ces problèmes pour produire des événements artistiques les plus brillants qui soit et je n'ai aucune hésitation à vous affirmer que nous avons pris les mesures en ce sens.

Aujourd'hui, nous avons appris que ces problèmes remontent à 1985. Je ne vous ferai pas croire que nous pouvons régler 13 ou 14 années de difficultés du jour au lendemain, mais la démarche est enclenchée et nous avons également fait appel à une aide extérieure.

• 1135

M. Inky Mark: Peut-on vous faire confiance, étant donné votre fiche de route et ne devrait-on pas avoir recours à un organisme de surveillance à qui vous devriez faire rapport? Envers qui êtes-vous comptable? Voilà la question fondamentale.

M. Royce Frith: De la fiche de route de qui voulez-vous parler?

M. Inky Mark: Eh bien, de la vôtre. Puisque vous nous avez indiqué avoir vécu plusieurs changements au cours des derniers...

M. Royce Frith: J'essaie de comprendre. Quand vous dites «votre» fiche de route, voulez-vous parler de celle de Mme Calder? Voulez-vous parler de la mienne?

M. Inky Mark: Non, de la fiche de route de l'employé du conseil.

M. Royce Frith: Vous voulez parler du conseil précédent?

M. Inky Mark: C'est cela, du conseil précédent.

Mme Jean Thérèse Riley: Eh bien, je vous ai proposé de revenir devant votre comité pour vous rendre compte des progrès que nous allons réaliser. Nous serons très heureux de le faire, parce que nous jugeons cela tout à fait approprié.

Tout est une question de temps. Il faut du temps pour que les processus enclenchés aboutissent. Nous avons lancé le train sur la voie et j'estime qu'il serait approprié que nous fassions un compte rendu en cours de route.

M. Andrew Ogaranko: Je tiens à ajouter à ce qui vient d'être dit que le comité doit bien comprendre que notre conseil a pris le rapport du vérificateur général très au sérieux. Nous avons amorcé un plan correctif ciblé. Nous pourrions bien sûr vous faire part des détails de ce plan de travail que nous avons adopté jusqu'ici en liaison avec notre pdg par intérim. Nous avons soumis un rapport au bureau du vérificateur général pour préciser exactement ce que nous avons fait afin de régler les problèmes qu'il avait soulevés à la suite de son examen du CNA.

En outre, nous semblons vous avoir donné l'impression que rien ne se passe du côté du plan stratégique, or c'est loin d'être le cas. En fait, notre conseil, notre personnel et les experts-conseils de l'extérieur travaillent d'arrache-pied depuis l'été dernier à la mise sur pied un tel plan. Si nous n'en sommes, pour l'instant, qu'au stade de l'aperçu très rudimentaire, que nous avons adopté et que nous sommes en train d'étayer avec l'aide d'experts-conseils de l'extérieur, nous prévoyons de parachever ce plan dans un proche avenir pour le soumettre au ministère. Bien évidemment, nous sommes disposés à en parler avec le comité.

Nous ne sommes pas atteints d'immobilisme. Nous avons simplement été interrompus dans nos travaux par les événements regrettables des derniers mois à cause desquels le conseil et le personnel n'ont pas pu consacrer toutes les énergies et toute l'attention voulues au fonctionnement quotidien du Centre. Autrement dit, nous n'avons pas pu faire ce que nous étions censés faire. On peut espérer que l'exercice d'aujourd'hui sera une sorte de tournant pour nous et que nous allons pouvoir poursuivre le travail que nous avons entamé.

Nous avons déjà réalisé une grande partie du travail. Alors, n'ayez surtout pas l'impression que nous ne faisons rien, que nous avons digressé et que rien ne se passe, parce que ce n'est pas le cas. Nous pourrions vous donner énormément de preuves du travail que nous avons réalisé et des efforts que nous avons déployés en réponse aux critiques formulées contre le CNA.

Le président: Monsieur Bélanger.

[Français]

M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): J'aimerais faire deux ou trois commentaires avant de poser mes questions. Bien que je sois conscient que nous n'avons pas beaucoup de temps, je poserai quand même toutes mes questions. Je ne m'attends pas à ce que vous y donniez nécessairement réponse aujourd'hui, mais vous pourrez me faire parvenir plus tard les renseignements que je recherche.

On a déjà souligné la présence de certaines personnes dans l'auditoire et j'aimerais à mon tour souligner la présence de M. George MacDonald, qui était le PDG du Musée des civilisations, et de Mme Trudy LeCaine, une grande dame de la communauté artistique de la région de la Capitale nationale. Ce sont des citoyens importants dans notre communauté.

Je voudrais aussi que les rédacteurs de nos comptes rendus sachent que lorsque le maire Ducharme parlait tout à l'heure de petits cahots sur le chemin du Centre national des Arts, il parlait de cahots et non pas de chaos. J'espère que ses propos seront reflétés correctement dans nos comptes rendus.

Je serai moins généreux que Mme Tremblay à l'égard de Mme Riley. Vous êtes la présidente du conseil d'une institution nationale au coeur de la capitale nationale du pays. Vous saviez à l'avance que vous comparaîtriez ici aujourd'hui. Il est impardonnable, inexcusable et inacceptable que vous n'ayez pas eu la sensibilité et la sagesse de préparer des textes dans les deux langues. Je ne peux qu'espérer que ce manque de sensibilité envers le comité n'est pas le reflet d'un manque de sensibilité dans d'autres situations.

• 1140

[Traduction]

Je tiens également à rapporter ce que j'ai entendu à maintes reprises au cours des dernières semaines au sein de notre collectivité et que j'ai lu ailleurs, c'est-à-dire que les gens veulent laisser derrière eux les heurts dont ils ont été les témoins. Qu'ils soient dus à des conflits de personnalité ou de vision, force est de constater que ces heurts se poursuivent. On les voit encore et on lit encore à leur sujet. Or, tout le monde au sein de notre région veut qu'on s'élève au-dessus de ces conflits, que les différences soient réglées le plus tôt possible pour que la vie continue et que chacun puisse assumer ses responsabilités, élément essentiel à cette institution. C'est un voeu auquel j'adhère et dont on m'a demandé de vous faire part.

Je veux vous parler de trois aspects. D'abord, il y en a un sur lequel nous nous sommes arrêtés ce matin et hier, qui concerne la façon dont le CNA est géré. Comment est-il géré? Il va sans dire que tout le monde est d'accord avec la recommandation formulée par le vérificateur général dans son rapport du mois de novembre, à la suite de son examen du mois de juin, dont il a été question hier, à savoir que le CNA doit se doter d'un plan stratégique, bien que ce ne soit pas la première fois que le vérificateur général en ait parlé.

J'en suis venu à la conclusion que l'instabilité ou le manque de continuité est attribuable au fait que, par le passé du moins, le conseil a péché pour n'avoir pas établi d'orientation stratégique claire et n'avoir pas confié de mandat clair au pdg. Ce n'est certainement pas l'inverse qui s'est produit. Je m'attends—d'après ce que j'ai entendu au comité et de ce que j'ai entendu par ailleurs—à ce que vous remédiez à ces lacunes et que vous ayez l'amabilité de nous en rendre compte dans les plus brefs délais possibles.

[Français]

On a soulevé la question de la nomination du PDG. Qui devrait nommer le PDG? Est-ce que ce devrait être le conseil, comme cela s'est fait dans le passé, ou si on devrait procéder à une nomination par arrêté en conseil? D'une façon ou d'une autre, cette situation sera réglée par une recommandation du comité ou par voie législative. Il serait bon qu'on en discute et qu'on pèse le pour et le contre. C'est ce que les députés de la Chambre seront vraisemblablement appelés à faire lors de la deuxième lecture et de l'étude en comité du projet de loi auquel faisait allusion Mme Tremblay.

[Traduction]

Parlons maintenant de la dichotomie entre le mandat national et la réalité locale. J'avoue être confronté à un terrible dilemme, parce que je porte deux casquettes, celle de député fédéral représentant une circonscription locale et celle de secrétaire parlementaire du ministre. J'ai malheureusement parfois l'impression d'être tiraillé entre mes deux rôles. Je vais vous parler de certains concepts sur lesquels j'aimerais que vous réfléchissiez et sur lesquels nous pourrions revenir par la suite.

Il y a d'abord le concept de comité consultatif régional. On en parle depuis longtemps et il en a même été question dans des livres. Je n'ai entendu personne se déclarer contre cette idée et je me demande pourquoi vous ne la mettez pas simplement en oeuvre. Vous éprouverez peut-être quelques difficultés à mettre sur pied un tel comité, et des gens ou des groupes pourront désirer en faire partie officiellement ou officieusement, peu importe, mais passons aux actes.

C'est la même chose en ce qui concerne la collecte de fonds à laquelle la collectivité locale contribue beaucoup. Ce matin, j'ai entendu dire qu'il faudrait apporter des modifications à la loi pour cela, mais si vous avez besoin qu'on change la loi, demandez-le! Vous savez, les sociétés et les organismes fédéraux ne se gênent pas pour demander des changements législatifs dont ils ont besoin. Alors faites comme eux. Personnellement, je ne pense pas que cela soit nécessaire.

Je ne vois rien, dans la loi telle qu'elle est actuellement, qui puisse empêcher le Centre national des Arts de créer une fondation. Des hôpitaux, des universités, des collèges et des institutions artistiques locales ont créé de telles fondations un peu partout au Canada. Pour autant que je puisse en juger, rien n'empêche le Centre national des Arts de faire la même chose. Pour créer une telle fondation et faire appel à votre clientèle locale, qui compose tout de même l'essentiel de votre clientèle, vous pourriez faire en grande partie, mais pas exclusivement, appel à des résidents de la région de la capitale nationale. Vous pourriez avoir aussi un niveau de représentation national et vous réaliseriez ainsi un meilleur équilibre entre l'échelon local et l'échelon national.

• 1145

J'aimerais vous suggérer autre chose. La semaine dernière, il a été question, notamment dans les journaux, d'un plan d'amélioration et d'agrandissement de vos installations. Sans anticiper sur ce qui est réalisable, il serait peut-être intéressant que la future fondation, si vous la mettez sur pied, ait pour mandat d'aller chercher les fonds nécessaires pour mettre sur pied le concept de guichet qui serait très utile pour le CNA, mais également pour la collectivité locale et les autres Canadiens et Canadiennes. Ce serait une entreprise fort intéressante, selon moi, pour ce genre de fondation, si tant que vous en mettiez une sur pied.

[Français]

Au plan national, j'aimerais vraiment voir des engagements fermes, tangibles et très précisément stipulés quant à une plus grande participation du Conseil des Arts du Canada. Quand j'entends dire ou que je lis dans le rapport du vérificateur qu'on a négligé cette relation de partenariat qui avait été conçue au tout début entre les deux institutions nationales et qui fait partie du mandat du Centre national des Arts, je ne peux faire autrement que de conclure qu'il y a manque de collaboration. J'aimerais que vous me disiez de façon très précise comment vous avez l'intention de vous engager à tisser ces liens de façon très active et très rapide.

Le maire Ducharme a soulevé une notion intéressante, et j'aimerais connaître votre réaction. Qu'est-ce qui empêche le conseil de se réunir à l'extérieur d'Ottawa, surtout lorsque vous participez à la réalisation de coproductions importantes dans une autre communauté, que ce soit à Halifax ou à Winnipeg? Qu'est-ce qui empêcherait une fondation de saisir une telle occasion pour faire une levée de fonds dont bénéficieraient l'institution locale et le Centre national des Arts? Je crois que de telles initiatives, à la coutume, aux gestes et aux habitudes, contribueront peut-être à tisser une réputation meilleure que celle qui existe. Toutes les personnes ici présentes conviennent que c'est une institution importante et qu'il faut la préserver.

Je ne vous ai pas entendu parler de votre orchestre. J'ai entendu parler de cette question, lu des articles dans les journaux et écouté récemment un reportage où on interviewait un des anciens directeurs généraux. S'il s'agit d'une question interne et que vous n'êtes pas en mesure de nous en parler, je respecterai cela. Mais j'aimerais savoir si l'orchestre, qui est fondamental au Centre national des Arts, fait face à certains problèmes. Selon certains, l'orchestre prendrait trop de place. Qu'en pense le conseil? Si tel est le cas, qu'entend-il faire? Si ce n'est pas le cas, disons-le pour que ça se termine. Il faut tirer les choses au clair.

Je m'excuse de soulever tant de questions, mais je vis dans cette communauté, je fréquente régulièrement le Centre national des Arts et je sais qu'existe une énorme préoccupation. Certains citoyens se sont regroupés et ont formulé des suggestions. J'en ai repris quelques-unes ici ce matin. Le Centre national des Arts doit s'orienter dans cette voie et affirmer son mandat national. J'aimerais à un moment donné, plus tôt que plus tard, voir comment le conseil entend le faire. Merci, monsieur le président.

Le président: Madame Riley et

[Traduction]

Je ne sais pas si vous avez pris des notes des questions de M. Bélanger, madame Calder. Sinon, vous pourrez toujours vous référer aux transcriptions. Peut-être pourriez-vous nous faire part de vos réactions et adresser vos notes au greffier qui veillera à les transmettre à tous les députés, à commencer bien sûr, par M. Bélanger.

[Français]

M. Mauril Bélanger: Merci, monsieur le président.

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, j'aimerais remercier M. Bélanger de ses suggestions, que nous étudierons très sérieusement, et lui dire que, plus tôt que plus tard, nous allons lui répondre. D'ailleurs, nous avons déjà pris des mesures face à certaines des suggestions qu'il a soulevées.

Il serait intéressant que nous puissions travailler plus étroitement avec le Conseil des Arts du Canada, mais il faudrait que nous puissions faire plus que recevoir des invitations aux réunions du conseil. Il faudra travailler de près et démontrer comment on le fait. Il y a une question de temps. Nous étudierons toutes les suggestions que vous avez formulées et communiquerons avec vous. Nous vous avons bien entendu et nous vous remercions.

Le président: Monsieur Dumas.

• 1150

M. Maurice Dumas (Argenteuil—Papineau, BQ): Monsieur le président, madame, j'ai été heureux d'apprendre de Mme Landry que son festival de Caraquet était devenu rentable ces dernières années. Mais c'est dommage, parce que pour moi, les arts et la culture ne sont pas une chose qui doit être rentable. On essaie évidemment d'en tirer le plus de profit possible parce que les arts et la culture sont toujours les parents pauvres au niveau des gouvernements, fédéral ou provinciaux

Je reviens au rapport de M. Desautels. Il dit à la page 11 de son rapport: «L'organisation du travail pourrait être simplifiée et moins coûteuse.» Le 30 octobre, il y avait 698 employés. Y a-t-il eu réduction de personnel depuis ce moment? C'est ma première question.

Ma deuxième question a trait à la musique. Le vérificateur général dit: «Il est évident que le Centre compte sur l'arrivée du nouveau directeur du Département de musique...». Il parle probablement de M. Zucherman, violoniste de réputation internationale. Est-ce que la venue de M. Zucherman, un chef d'une grande réputation, a fait augmenter le nombre d'abonnements? Ce sont mes deux premières questions.

Mme Jean Thérèse Riley: Pour ce qui est des abonnements et de la performance au guichet, la réponse est oui. Le public a répondu avec beaucoup d'enthousiasme à la présence de M. Zucherman parmi nous. Ça, c'est la bonne nouvelle.

Votre première question était un peu plus complexe. Je vais demander à Mme Calder d'y répondre.

[Traduction]

Mme Elaine Calder: Nous avons réduit notre effectif de neuf personnes, fin novembre début décembre 1998, réduction qui a d'ailleurs fait beaucoup de bruit; tous les mois je reçois des rapports sur le nombre d'employés partis et sur ceux qui ont été engagés. Nous avons une main-d'oeuvre importante qui fluctue. Je ne dirais pas que nous n'avons pas réduit la taille de notre effectif, mais nous avons déjà signé une convention collective avec notre personnel chargé de la sécurité, ce qui règle l'une des préoccupations qu'avait, je crois, exprimé M. Desautels, et il faut savoir que cette convention nous donne une plus grande souplesse, sans nous coûter davantage, et en fait nous allons même économiser de l'argent jusqu'à ce qu'elle arrive à expiration.

Je suis consciente de vous avoir donné une réponse sommaire, mais je confirme que nous avons progressé dans le cas d'une de nos conventions collectives.

[Français]

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, j'aimerais revenir à une chose qu'a dite M. Bélanger afin de le rassurer tout de suite. Il nous demandait quelle place prenait l'orchestre dans nos budgets, dans l'affectation de nos ressources. Je veux lui dire qu'à l'automne, il y avait eu une initiative dont le but était de diminuer notre appui au théâtre francophone en région, aux coproductions, qui sont très importantes, à plusieurs théâtres francophones partout au Canada. C'est une décision stratégique que nous avons prise: quel que soit notre engagement vis-à-vis de notre orchestre, c'est extrêmement important car c'est une dimension nationale de notre mandat. Nous y avons donc réaffecté des fonds qui avaient été menacés.

M. Maurice Dumas: Une dernière question, madame Riley. À la page 5 de son document, il est dit quelque part, et je traduis, que trop d'argent a été dépensé pour des initiatives commerciales douteuses. Évidemment, on parle du montant de 1,3 million de dollars. Vous avez mis le mot «initiatives» au pluriel. Y a-t-il d'autres exemples d'initiatives douteuses?

Mme Jean Thérèse Riley: Je n'aime pas le mot «douteuses».

M. Maurice Dumas: En anglais, c'est «questionable».

Mme Jean Thérèse Riley: Ça n'a pas tout à fait le même sens. Le mot «douteux» est plus fort que je ne l'aurais voulu. C'est certain qu'il y a eu des initiatives commerciales, comme la production du Mikado, qui n'ont pas porté fruit et qui ont été extrêmement coûteuses. Il y a eu des engagements pour l'achat d'une production qui s'appelait Patsy Cline. Au guichet, on a eu à peu près 30 p. 100.

• 1155

Donc, on a fait des erreurs du côté commercial. On avait pensé contrebalancer les coupures du gouvernement par des initiatives commerciales, mais ces initiatives nous ont fait perdre de l'argent à un point tel que notre programmation, pour laquelle nous sommes connus, a été menacée. Est-ce clair?

M. Maurice Dumas: À une certaine époque, on exportait du théâtre français à Montréal. C'était du temps d'André Brassard, si je me souviens bien. Est-ce qu'il y a encore des spectacles de théâtre français qui vont à Montréal ou à Québec? Est-ce que cela se produit encore?

Mme Jean Thérèse Riley: Il y a des coproductions. Notre effort pour les coproductions avait été remis en question à l'automne à cause de nos problèmes budgétaires, mais nous avons réaffirmé notre engagement envers ces coproductions.

M. Maurice Dumas: Était-ce rentable à ce moment-là?

Mme Jean Thérèse Riley: Cela avait été menacé à cause de nos initiatives commerciales. Maintenant que les initiatives commerciales sont terminées et qu'on a reaffecté nos ressources, on a pris un engagement très sérieux.

M. Maurice Dumas: Merci.

Mme Jean Thérèse Riley: Ce n'est pas pour faire de l'argent. C'est pour faire du théâtre.

M. Maurice Dumas: Merci.

Le président: Madame Lill.

[Traduction]

Mme Wendy Lill: Hier, j'ai posé au vérificateur général une question que j'estimais nécessaire sur un article de journal dans lequel on disait que le rapport du vérificateur général avait incité le conseil à décider du renvoi de l'ancien pdg, ce que M. Desautels a nié. Il nous a dit que les organismes fédéraux peuvent faire l'objet de rapports beaucoup plus négatifs que celui-ci et que, si l'on commençait à congédier les gens pour cette raison, on n'aurait plus beaucoup de compétences sur qui compter. Je voulais en savoir un peu plus à ce sujet.

Je n'ai pas de problème avec le degré de... On entend beaucoup parler de ce qui se passe dans vos têtes et de ce qu'il advient avec la pdg par intérim, mais j'aimerais savoir ce que vous pensez—parce que je sais que vous en avez entendu parler—de la pétition signée par 200 employés du Centre national des Arts qui se sont déclarés très inquiets de ce qui se passe au conseil d'administration et surtout vis-à-vis de la présidente. Cette pétition a été adressée à Sheila Copps pour lui demander d'intervenir rapidement et directement afin de corriger la situation.

J'estime très important de représenter les gens qui ne sont pas actuellement représentés ici—peut-être qu'ils devraient l'être—, mais quoi qu'il en soit, ce document a circulé et il est maintenant dans les mains de la ministre. Que faites-vous de cela? Des centaines d'artistes au Canada ont exprimé d'énormes réserves vis-à-vis du conseil et surtout de la présidente. Qu'avez-vous à dire à ce sujet?

Mme Jean Thérèse Riley: Je peux vous dire que j'ai été bouleversée quand j'ai appris l'existence de cette pétition. Je dois, cependant, reconnaître que c'est compréhensible. Il y a toujours des regroupements qui se font autour des dirigeants. Il y a eu plusieurs malentendus parce que les faits qui ont entouré le départ de l'ancien pdg n'ont pas été connus.

Les relations sont une question de confiance et j'ai l'intention, tout comme mes collègues du conseil, de faire tout ce que je pourrai pour regagner la confiance de nos employés. Dans tous les cas, nous apprécions le travail qu'ils ont réalisé dans des circonstances extrêmement difficiles.

Mme Wendy Lill: Parlons un peu de confiance, mais je vais d'abord vous demander de nous expliquer quelles difficultés vous percevez dans le fait que la présidente du conseil a dû, à plusieurs reprises, assumer le rôle de pdg quand le poste est devenu vacant? Quelles difficultés avez-vous éprouvées à assumer ces responsabilités? J'aimerais savoir s'il est difficile pour le président d'un conseil de se mettre dans les chaussures d'un pdg, puis de reprendre son rôle. Le fait qu'une même personne alterne entre la présidence d'un conseil et les fonctions d'un pdg n'occasionne-t-il pas des frictions? N'y a-t-il personne d'autre qui pourrait assumer temporairement la fonction de pdg et espérons qu'il s'agisse de la meilleure personne qui soit—sans se fourrer dans un autre guêpier? En fait, je n'ai rien entendu qui me garantisse que tel ne sera pas de nouveau le cas.

• 1200

Mme Jean Thérèse Riley: Pour ce qui est de la décision... en fait, ce n'était pas une décision de ma part, j'ai simplement assumé la fonction de pdg pendant son absence en 1996. Cela a occasionné des problèmes et des difficultés, raison pour laquelle nous avons, dans la situation présente, décidé de nommer Mme Calder à titre intérimaire, parce que nous ne voulions pas reproduire ce qui s'était passé. Je ne dirais pas que cela a occasionné des «frictions» car aucun des désaccords entre le conseil et le pdg n'a été de nature personnelle. Je pense que la nature délicate des relations entre un pdg et le conseil donne parfois lieu à des tensions. Il n'y a rien là qui ne soit naturel. C'est ainsi. C'est une question d'équilibre. C'est un pas de deux, comme en danse, et je pense que nous avons beaucoup appris.

Nous sommes ici pour répondre à toutes vos préoccupations et questions à propos de la gouvernance du Centre et je crois comprendre que ce dont vous venez de parler en partie. Si vous voulez que certains de mes collègues vous répondent également... Peut-être que David Hill voudrait intervenir.

Mme Wendy Lill: J'aimerais que vous réagissiez à ce qu'on dit à propos de la présidence du conseil qui a tendance à microgérer le Centre national des Arts. N'y voyez-vous pas un danger et que comptez-vous faire pour contrer cette accusation?

Mme Jean Thérèse Riley: Je suis extrêmement prudente et je demeure consciente des processus normaux de gouvernance. Par exemple, je prends l'avion samedi pour aller skier.

En fait, nous avons un travail à accomplir. Notre travail n'est pas d'être ici tout le temps et ce n'est pas notre travail non plus d'être visibles autant que nous l'avons été par le passé. Nous avons eu à composer avec un ensemble de circonstances inhabituelles et j'aimerais que David vous en parle, s'il le veut bien.

M. David Hill: Nous sommes tous très sensibles au fait que des administrateurs se mêlent de gestion et nous essayons d'éviter cela.

Cela dit, j'ai constaté à l'expérience que ce genre de changement de rôle se fait beaucoup plus facilement quand il existe un bon degré de confiance entre l'équipe de gestion et le conseil d'administration. Toutefois, dès que cette confiance est érodée—c'est-à-dire quand le conseil intervient parce qu'il a l'impression que les choses ne vont pas—, les membres du conseil doivent s'engager plus personnellement sans pour autant prendre le relais de la gestion, sans pour autant franchir la ligne entre gestion et administration, mais ils doivent se montrer plus vigilant et exiger que les paliers de gestion et les cadres dirigeants leur fassent les rapports nécessaires. On pourrait dire qu'il y a un mouvement de flux et de reflux. Le conseil intervient puis se retire, selon le degré de confiance qu'il a dans le palier de gestion et le type d'information que celui-ci lui fournit, et aussi selon les résultats obtenus.

J'admets que c'est certainement ce qui s'est produit dans notre cas. Toutefois, je ne pense pas que nous ayons franchi la ligne de démarcation entre la gestion et l'administration. Je ne pense pas que nous ayons microgéré ni géré de cette façon. En revanche, nous avons administré. Par exemple, pour ce qui est du processus budgétaire, nous n'avons pas dit aux paliers de gestion de franchir cette ligne, ce qui se serait passé si nous avions géré. Or, nous avons demandé à avoir un budget équilibré, ce qui tient à l'administration. Pour presque tous les aspects que vous avez soulevés, je peux dire en toute confiance que les membres du conseil n'ont pas franchi cette ligne de démarcation et qu'ils ont simplement donné des consignes d'administration aux paliers de gestion.

Prenons, par exemple, les pratiques d'embauchage. Eh bien, nous avons en place un processus que nous respectons. Ce n'est pas moi qui engage le personnel, qui voit les candidats en entrevue, qui signe les contrats. J'ignore tout de tout cela. Je ne sais rien de ce qui se passe du côté des spectacles. Je ne dis pas faites ceci ou faites cela; je ne dis pas produisez Mikado ou ne le produisez pas. Nous ne nous mêlons pas de cela. Le conseil ne s'en est jamais mêlé. Je dirais que ce genre d'accusation s'apparente à un mécanisme de défense chez certains.

• 1205

Le président: Monsieur Muise.

M. Mark Muise: Merci, monsieur le président.

Dans les deux ou trois questions que je vais poser, je vais revenir sur des aspects dont le président a déjà parlé. Combien de membres comptez-vous au conseil?

Mme Jean Thérèse Riley: Dix en tout.

M. Mark Muise: À quel rythme vous réunissez-vous?

Mme Jean Thérèse Riley: Normalement, nous nous réunissons quatre fois par an, habituellement à Ottawa, mais récemment nous avons tenu des réunions par téléphone.

M. Mark Muise: Avez-vous un comité directeur au conseil?

Mme Jean Thérèse Riley: Oui.

M. Mark Muise: Qui en fait partie?

Mme Jean Thérèse Riley: Le vice-président, le président du Comité des finances et Rosemarie Landry.

M. Mark Muise: Et à quelle fréquence ce comité se réunit-il?

Mme Jean Thérèse Riley: Selon les besoins. C'est le président qui le décide, normalement quatre ou cinq fois par an.

M. Mark Muise: Est-ce en plus des quatre ou cinq réunions du conseil plénier?

Mme Jean Thérèse Riley: Oui.

M. Mark Muise: Avez-vous un secrétariat qui assure le lien entre le comité et le conseil?

Mme Jean Thérèse Riley: Nous avons un secrétariat du conseil. Comme vous le savez, le bureau du vérificateur général a estimé que le conseil n'était pas correctement appuyé par un secrétariat fort, situation qu'il convenait de corriger.

M. Mark Muise: J'ai écouté très attentivement les délibérations jusqu'ici. Par exemple, madame Riley, vous avez dit plus tôt qu'on vous avait approché notamment pour vos capacités et vos relations dans le domaine de la collecte de fonds, mais vous avez dit regretté que le CNA n'ait pas mis tout cela à profit. M. Hill a déclaré que vous ne faites pas de microgestion, que vous n'essayez pas de vous mêler de gestion, et je ne pense pas en effet que ce soit là le rôle d'un conseil d'administration.

Cependant, si l'équipe de gestion ne fait pas ce qu'elle devrait faire, si elle ne donne pas suite à vos recommandations—il est possible que je me trompe, mais d'après ce que j'ai vu aux conseils auxquels j'ai siégé, il incombe au conseil d'administration de responsabiliser le palier de gestion.

Mme Jean Thérèse Riley: C'est exact et c'est ce que l'on fait lors de l'évaluation annuelle, c'est ce que nous avons fait dans ce cas.

M. Mark Muise: Ce que je voulais dire c'est que, selon moi, les membres du conseil d'administration sont investis d'une véritable responsabilité.

Mme Jean Thérèse Riley: Effectivement.

M. Mark Muise: Eh bien, s'il y a des problèmes avec le palier de gestion ou si un service ne se conforme pas à vos orientations et que vous en prenez note, si vous constatez que des problèmes persistent, ne pensez-vous pas qu'il incombe au conseil de prendre le taureau par les cornes et d'exiger que ce qui n'est pas fait le soit?

Mme Jean Thérèse Riley: Je crois que c'est ce que nous avons fait.

[Français]

M. Yves Ducharme: C'est pour cela qu'à tout le moins trois PDG ont quitté. C'est parce qu'on s'est occupés de nos affaires. On posait des questions, mais on n'avait pas de réponses. La crise publique vient du fait qu'on a pris des décisions très difficiles à prendre.

[Traduction]

M. Mark Muise: Eh bien, si tel est le cas, arrêtons-nous un peu sur ce qui est arrivé. Y a-t-il eu un problème avec le recrutement du pdg, avec la façon dont cette embauche s'est faite? Hier, le vérificateur général nous a dit que cinq départs en sept ans est assez exceptionnel. Je pense que tout le monde a droit à l'erreur—nous en commettons tous—mais une erreur, ça va, deux erreurs, passe encore parce qu'on apprend, mais...

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur Muise, avant que vous poursuiviez, quand on parle de cinq pdg en sept ans, il faut se rappeler que deux l'ont été par intérim. Nous n'avons donc eu que trois pdg. Je pense que cette précision était importante.

M. Mark Muise: Merci. C'était effectivement une précision importante.

Le président: Madame Bulte.

• 1210

Mme Sarmite Bulte: Merci, monsieur le président.

J'ai deux ou trois questions à poser dans la foulée de celle de M. Muise.

Est-ce que le pdg a participé au conseil d'administration des dernières années?

Mme Jean Thérèse Riley: Tout à fait.

Mme Sarmite Bulte: Vous avez dit avoir un comité des finances. Est-ce que le pdg assistait aux réunions de ce comité?

M. Andrew Ogaranko: Oui.

Mme Sarmite Bulte: Et le contrôleur également?

M. Andrew Ogaranko: Notre responsable du service financier y était.

Mme Sarmite Bulte: Très bien. Obteniez-vous des états financiers mensuels?

M. Andrew Ogaranko: Je suis heureux que vous posiez cette question.

Mme Sarmite Bulte: J'essaie simplement de savoir pourquoi il vous a fallu une année pour prendre une décision.

M. Andrew Ogaranko: Du point de vue des rapports financiers, nous avons été handicapés par les systèmes techniques du CNA, et ce n'est qu'en mai 1998 que le Comité des finances a pu enfin obtenir des rapports mensuels cohérents. Avant cela, le système du CNA était tellement archaïque qu'il était impossible d'avoir des données à jour. Je crois d'ailleurs que le vérificateur général a souligné que le conseil ne pouvait obtenir de données suffisamment à jour de la haute direction pour prendre des décisions stratégiques. C'est une difficulté à laquelle nous avons été confrontés et une frustration que nous avons connue pendant pas mal de temps.

D'ailleurs, même si nous sommes en train de mettre sur pied un nouveau système comptable auquel seront reliés tous les services du CNA, le processus de mise en oeuvre de ce système a pris plus de temps que prévu, de sorte qu'aujourd'hui nous ne disposons encore pas de données mensuelles précises susceptibles de tirer des sonnettes d'alarme et d'attirer ainsi notre attention sur un problème potentiel. Ce système ne nous permet pas d'élaborer un plan d'urgence ou des plans de remplacement au cas où des programmes inscrits au budget ne répondraient pas à nos attentes. Voilà le handicap avec lequel nous devons composer et que nous essayons de régler, mais sachez que nous avons été frustrés par cette situation.

Mme Sarmite Bulte: Pourquoi a-t-il fallu attendre au mois de mai? Je ne veux pas entrer trop profondément dans le détail, parce que je veux aborder à un autre thème, mais cela me paraît incroyable. Vous obtenez tout cet argent du gouvernement fédéral et des gens qui vous font des dons et vous n'avez aucune idée de ce qu'il en advient ni de la façon dont il est administré. Pourquoi avez-vous dû attendre au mois de mai dernier pour finalement vous arranger à obtenir des rapports comptables mensuels? C'est incroyable.

Mme Jean Thérèse Riley: Pourquoi ne demanderions-nous pas à Elaine de vous parler de notre tout dernier...

Mme Sarmite Bulte: Non, c'était juste un commentaire en passant. Je veux que nous passions à autre chose de radicalement différent, parce que dans le cadre de cet exercice nous devons notamment nous pencher sur votre mandat et sur votre mission.

Madame Riley, dans votre exposé, vous avez notamment précisé que votre mission consiste à «développer et à promouvoir les arts d'interprétation». Puis, vous avez parlé de la loi, vous avez parlé de développement et de promotion des arts de la scène. Pour ce qui est de votre énoncé de mission, vous avez également parlé de développement dans le domaine des arts d'interprétation. Au CRTC, en ce moment, il est question de contenu canadien et de films. Je sais que cela ne se trouve pas dans la loi. Voilà pourquoi je voulais revenir en arrière pour vérifier, parce que j'ai été fort étonnée par ce que vous avez dit à propos de votre mission qui est de développer et de promouvoir les arts d'interprétation, car vous n'avez pas parlé d'arts de la scène «canadiens».

Vous avez dit que Mikado n'a pas été un succès. Eh bien, Mikado n'était pas canadien. Quand vous attirez des spectacles, est-ce que ce sont des acteurs et des scénographes canadiens qui y travaillent ou est-ce les équipes américaines complètes dans le cas de spectacles américains? On n'a pas parlé de cela, pourtant je trouve que c'est très important. Nous avons parlé d'un Centre national des Arts et du fait que le CNA assure la promotion des arts de la scène canadiens à l'échelle du pays. Eh bien, j'ai quelques inquiétudes à ce sujet. Je sais que nous entrons dans une ère nouvelle, mais j'estime important d'en parler. Vous êtes-vous penchés sur ce problème?

Mme Jean Thérèse Riley: C'est une considération permanente en ce qui nous concerne, surtout quand il s'agit de choisir un directeur musical. Ce fut en effet notre considération principale dans le passé, car nous nous demandions si nous allions pouvoir attirer un Canadien. Nous aurions en effet souhaité trouver un directeur musical canadien possédant les qualités exigées pour le poste.

• 1215

Je vais demander à Rosemarie Landry de répondre à cette question. Mais avant cela, je tiens à vous dire que lors de nos rencontres préliminaires au sujet de l'élaboration de notre plan d'entreprise, nous nous sommes arrêtés sur la responsabilité toute particulière qui nous incombe vis-à-vis des artistes et des créateurs canadiens dans les arts de la scène.

Mme Sarmite Bulte: Mais cela n'est pas précisé dans votre énoncé de mission, comme je le disais. Ça n'apparaît pas!

Mme Jean Thérèse Riley: Non, mais comme je le disais, cet énoncé de mission est en évolution constante et nous sommes en train de nous regrouper autour d'un plan stratégique. Le travail de fond que nous avons réalisé tient compte de cette considération.

Mme Elaine Calder: Vous trouverez ce genre d'engagement dans le plan d'entreprise, pas dans le mandat. Le mandat est...

Mme Sarmite Bulte: Avez-vous un exemplaire de votre plan d'entreprise?

Mme Elaine Calder: Non, c'est ce que nous sommes en train de préparer pour notre comparution en mai.

Le président: Ce sera votre dernière question.

Mme Sarmite Bulte: À plusieurs reprises, vous avez mentionné que vous vouliez vous tourner vers d'autres organisations des arts de la scène et j'espère, là également, qu'il s'agira d'organismes canadiens.

Mme Jean Thérèse Riley: Effectivement. Nous avons bien précisé «du Canada».

Mme Sarmite Bulte: Très bien. Eh bien, comment comptez-vous vous y prendre pour rejoindre ces organismes? Qu'avez-vous fait jusqu'ici? Comment allez-vous vous y prendre?

Mme Jean Thérèse Riley: Je me permettrais de vous signaler que nous en avons parlé à propos de notre comité de recherche et que, de façon générale, nous sommes en quête de suggestions sur la façon de nous y prendre, sur la façon de formaliser cette démarche. Je serais très heureuse de venir vous expliquer, plus tard, les engagements particuliers que nous aurons pris à cet égard.

Mme Sarmite Bulte: C'est une idée. Donc, rien n'a été fait jusqu'ici.

Mme Elaine Calder: Je pense que beaucoup ne comprennent pas que, dans le cadre de notre programme de danse par exemple, nous produisons chaque année les trois grandes compagnies de ballet classique du Canada et plusieurs compagnies de danse moderne. Nos productions du théâtre anglais et du théâtre français sont largement composées de coproductions réalisées avec des troupes des quatre coins du Canada. Nous commandons pas mal d'oeuvres. Nous commandons des oeuvres à des compositeurs canadiens qui sont ensuite exécutées et enregistrées ici. Nous faisons beaucoup en liaison avec le milieu artistique des arts de la scène de partout au pays, ce qui n'est peut-être pas aussi bien compris qu'il le faudrait car c'est quelque chose qui doit être connue.

Nous devons également collaborer avec le Conseil des Arts du Canada. Les échanges que j'ai eus avec M. Thomson et Joanne Morrow ont porté sur la mise en commun de nos ressources et de certains de leurs programmes pour obtenir un effet de levier et nous permettre de faire plus avec moins d'argent ce qui, comme nous le disons tous, prime.

Mme Sarmite Bulte: Merci.

Merci, monsieur le président.

Mme Rosemarie Landry: J'aimerais ajouter que le Centre a toujours été un défenseur des interprètes canadiens, notamment du théâtre canadien, et l'on peut certainement dire du programme «collaboration avec les théâtres en régions», qu'il est très dynamique et qu'il est là pour rester. Cela étant, il est également important que nous ne tombions pas dans le travers du nombrilisme. Le nombrilisme est loin d'être négligeable. Comment, dans le milieu des arts, peut-on se mesurer? En outre, il faut pouvoir se mesurer avec le reste du monde pour faire partie des meilleurs, car un artiste veut atteindre l'excellence.

Le président: Monsieur Harb.

M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

J'aurais une remarque à faire puis une brève question à poser. D'abord, quand j'envisage tout cela dans son ensemble, je ne peux m'empêcher de me dire que le Centre national des Arts est peut-être victime de son propre succès et que, dans une grande mesure, il est tellement occupé à faire ce qu'il fait, qu'un pan entier de son activité a été négligé. Cela en dit long sur toutes les histoires à succès et les merveilleuses choses qui se passent au Centre national des Arts. J'espère que, dans votre plan stratégique, vous vous attarderez suffisamment à expliquer aux Canadiens l'importance des arts pour le Canada.

• 1220

Monsieur le président, il me suffit de tourner mon regard vers le sud. Chaque fois que j'allume la télévision—et je suis assez primitif en matière d'art—je vois beaucoup d'artistes canadiens qui réussissent très bien de l'autre côté de la frontière.

Je souhaite bien sûr que le Centre national des Arts poursuivra son excellent travail, mais j'aimerais également, en ma qualité d'élu, qu'on explique à tous les Canadiens, d'un océan à l'autre, l'importance des arts du point de vue économique et du point de vue de notre développement culturel.

Tout à l'heure, ma collègue a parlé de la nécessité de promouvoir les arts canadiens. C'est vrai. C'est essentiel, mais il y a un autre élément qui, selon moi, est tout aussi important et qu'il convient de mentionner pour mémoire, à savoir que l'art, tout comme l'éducation, comme la culture et comme le reste ne devrait plus connaître de frontières. S'il se trouve un artiste talentueux en Amérique latine ou en Afrique ou ailleurs dans le monde et que les Canadiens veulent le voir, on devrait pouvoir le produire au Centre national des Arts. J'espère que le Centre continuera à nous en donner l'occasion.

Je dois préciser que j'ai été ravi d'entendre l'exposé du conseil, monsieur le président. Je sais que, quand on se trouve dans la panade, tout le monde cherche à vous y enfoncez davantage. En situation de crise, on dirait que le nombre d'experts se multiplie et que tout le monde se met à pointer du doigt. Cependant, il est toujours plus difficile de construire que de détruire. Cette situation me fait penser à l'alpiniste qui est à moitié chemin dans son escalade. S'il regarde en haut, il voit le chemin qui lui reste à parcourir. La montée est difficile mais il y a de l'espoir. En revanche, s'il regarde en bas, il risque de se faire peur.

Le conseil nous a dit avoir pris acte des déclarations du vérificateur général. Il est au courant de certaines des préoccupations exprimées qu'il essaie de régler. Cela étant, monsieur le président, je trouve injuste de lui reprocher ce qui s'est passé il y a 10 ou 15 ans. Ces membres du conseil sont des bénévoles. Deux d'entre eux sont des maires. Il y a des talents fantastiques à ce conseil. Notre comité doit plutôt lui demander ce que nous devrions faire pour lui faciliter la tâche, pour lui permettre de continuer à bien faire son travail.

Je tenais à dire, monsieur le président—au nom de mes électeurs de ma circonscription d'Ottawa-Centre où se trouve le Centre national des Arts—que je suis ravi et extrêmement satisfait de ce que le conseil nous a déclaré aujourd'hui. J'espère, monsieur le président, que nous allons faire tout en notre pouvoir pour lui rendre la tâche plus facile.

Le président: Merci.

Je vais céder la parole à M. Godfrey, à M. McWhinney puis à M. Bonwick.

M. John Godfrey: Ma première question concernera le plan stratégique. Celui-ci va-t-il comporter des repères de performance? Je suppose que cela devrait faire partie de...

Mme Jean Thérèse Riley: Oui.

Mme Elaine Calder: Absolument.

M. John Godfrey: Deuxièmement, d'après ce que j'ai cru comprendre, votre plan stratégique devrait être prêt en mai et sans préjuger de ce que pensent les autres membres du comité, peut-on raisonnablement envisager de vous accueillir de nouveau en juin afin d'évaluer votre réaction collective aux problèmes soulevés par le vérificateur général? Serait-ce un bon moment pour nous revoir?

Mme Elaine Calder: Pour ce qui est de l'équipe de gestion, cela ne fait aucun problème.

M. John Godfrey: Ma dernière question concerne les recommandations du vérificateur général sur la façon, pour dire les choses gentiment, dont vous pourriez simplifier l'organisation du travail et faire en sorte qu'elle soit moins coûteuse. Il a constaté un effectif de 698 employés dont beaucoup, et on le comprend, sont à temps partiel. Je suppose qu'il s'agit des placeurs, des préposés au stationnement, des employés du restaurant et autres.

Voilà ce que je veux savoir de Mme Calder. D'abord, je sais que le CNA est un animal à plusieurs têtes, avec le théâtre, l'orchestre et le reste, mais compte tenu de votre expérience au sein d'autres institutions, ne pensez-vous pas que cet effectif est trop important, je veux parler des 134 employés à temps plein et des autres?

J'ai une autre question qui suit celle-ci. J'ai l'impression que les conventions collectives ne vous facilitent pas la tâche étant donné que les clauses de temps supplémentaire vous coûtent 1,5 million de dollars par an. Comment une personne de l'extérieur qui vient assumer la responsabilité du Centre à temps partiel perçoit-elle ce phénomène, madame Calder? Vos effectifs, vos chiffres en général sont-ils trop importants et manquez-vous de souplesse de gestion? Dans l'affirmative, dans un cas comme dans l'autre, que comptez-vous faire?

Mme Elaine Calder: Non, je ne dirais pas que nos effectifs et nos chiffres sont trop importants. Le CNA est un organisme très complexe comme tout le monde ici le comprend bien et je ne reviendrai pas sur cet aspect, mais je tiens à signaler que notre effectif n'est pas plus important que celui qu'emploie Festival de Stratford, par exemple, au cours d'une année. Comme le budget de Stratford est de 30 millions de dollars et le nôtre de 40 millions de dollars, nous nous comparons à peu près. Je ne pense pas que nous soyons hors cadre.

• 1225

Quant aux conventions collectives, je n'ai pas encore eu de problème à cet égard. J'aurais certainement besoin des conseils de Bernard Geneste, notre secrétaire général et du nouveau directeur des ressources humaines que nous allons engager, pour aborder cet aspect. Quant à savoir si nous pourrons réduire le nombre de conventions collectives, pour être honnête, je dois vous dire que je n'en sais rien.

M. John Godfrey: Eh bien, nous en reparlerons peut-être en juin.

Mme Elaine Calder: Tout à fait.

Le président: Merci.

Monsieur McWhinney.

M. Ted McWhinney: Permettez-moi tout d'abord de vous dire que je ne me suis pas absenté parce que je ne trouvais rien d'intéressant à ce débat, mais parce que j'ai dû me rendre en Chambre pour y défendre l'union sociale dont parle actuellement le premier ministre et les premiers ministres provinciaux. Je pourrais d'ailleurs faire une analogie intéressante, si vous me le permettez.

Avant de devenir parlementaire, je me rendais souvent dans les capitales nationales, dont certaines sont très artificielles et d'autres sont encore plus petites que la nôtre. Il me semblait que les salles de spectacle équivalentes au Centre national des Arts présentaient plus d'événements et des événements de qualité supérieure à ceux du CNA, pour une raison fort simple: l'argent. La plupart de ces capitales sont fortement subventionnées par leurs parlements nationaux, par leurs institutions nationales.

Cela m'amène à vous poser deux questions. Avez-vous de la difficulté à faire comprendre au gouvernement fédéral que même si cette région n'a pas un statut spécial comme le district de Columbia et comme bien d'autres territoires, la capitale nationale est quand même un peu plus qu'une simple ville de l'Ontario sur les berges de la rivière Outaouais? Autrement dit, il y aurait peut-être lieu de pratiquer une discrimination positive ou d'accorder un traitement financier préférentiel au CNA.

Deuxièmement, je pense que nous devrions tirer les enseignements de l'union sociale, qui est une forme de fédéralisme coopératif rebaptisé. Avez-vous déjà sérieusement envisagé de réaliser des coproductions avec des centres régionaux? J'ai l'impression que cela pourrait vous permettre d'obtenir plus d'argent ici à Ottawa et également dans les régions.

Je vais vous laisser répondre à ces questions.

Mme Jean Thérèse Riley: Je suis heureuse que vous ayez posé la première question. Je ne dirais pas que nous avons éprouvé des difficultés parce que, selon moi, la perception que les Canadiens et les Canadiennes ont de leur capitale nationale se reflète en général dans le point de vue du gouvernement. Nous constatons—et je suis sûre que le gouvernement le constate également—un changement de perception à cet égard chez nos compatriotes. Les Canadiens commencent à se dire qu'il est important d'avoir une capitale nationale dont ils peuvent être fiers. C'est à cette attitude que nous devons les dons importants que nous avons reçus ces dernières semaines, ce que nous trouvons extrêmement encourageant. À l'heure où nous planifions les prochaines étapes et où nous allons régler tous les problèmes qui se posent, nous trouvons emballant de nous dire que nous allons nous représenter plus tard devant le gouvernement pour lui déclarer que tout va bien.

Une chose n'est pas dite dans notre mandat ni dans notre plan stratégique, parce que je crois qu'il s'agit d'une orientation implicite sur laquelle nous n'avons pas osé nous pencher: nous disposons d'une des meilleures salles d'opéra du continent. Comme il s'agit là d'un investissement du peuple canadien que nous n'utilisons pas, on peut parler d'une certaine déconnexion. Nous n'oserions pas en faire une orientation stratégique tout de suite, du moins tant que nous n'aurons pas réglé d'autres questions plus urgentes. Mais pour une capitale nationale qui dispose d'institutions et d'installations dont les citoyens sont fiers, la prochaine étape consistera, pour nous, à nous montrer plus ambitieux en ce qui concerne nos symboles nationaux que nous commençons à percevoir comme étant très importants.

M. Ted McWhinney: Je suis d'accord avec vous à propos de cette salle d'opéra sous-utilisée. Elle a une merveilleuse acoustique. Je trouve qu'un des charmes de n'importe quelle capitale est de pouvoir assister à un spectacle d'opéra différent tous les soirs.

• 1230

Nous respectons le travail que vous effectuez. Je pense que nous comprenons tous ce que représente le travail bénévole dans le domaine des arts. En un certain sens, seule une petite élite apprécie ce que vous faites, mais les conséquences à l'échelle nationale sont énormes.

Merci de vous être rendus à notre invitation.

Mme Rosemarie Landry: Je tiens à ajouter que notre orchestre, qui joue de mieux en mieux et qui est de plus en plus jeune grâce à la présence de Zukerman, est en train de faire une tournée du pays. Nous avons des plans immédiats pour les tournées. Comme je le disais plus tôt, nous travaillons en collaboration avec les théâtres en région à ce sujet, théâtres anglais et français, de même qu'avec les gens de la danse. Ça marche très bien.

[Français]

Ça marche très, très bien.

M. Ted McWhinney: Excellent. Merci.

[Traduction]

Le président: Monsieur Bonwick.

M. Paul Bonwick: Pour en revenir sur les solutions que le conseil pourrait adopter afin de se retrouver en meilleure posture, je vais vous poser deux questions après quoi je vous demanderai peut-être une réponse. Mes questions portent sur des pratiques ou des stratégies commerciales fondamentales.

D'abord, je voulais savoir si le CNA peut s'appuyer sur une évaluation ou une étude détaillée réalisée au cours des cinq dernières années, étude qui lui permettrait de déterminer les principaux créneaux dans lesquels il devrait concentrer son action pour mieux sensibiliser le public et, ainsi, augmenter le taux de fréquentation et focaliser son équipe de gestion sur les meilleures occasions ou les occasions les plus lucratives sur le plan de la collecte des fonds. Deuxièmement, je voudrais savoir si cette évaluation ou étude de marketing a été réalisée à l'interne ou à l'externe par une firme spécialisée?

Mme Jean Thérèse Riley: Monsieur le président, nous savons d'après le rapport du vérificateur général que cette étude n'a pas été effectuée et l'une de ses critiques sérieuses concerne d'ailleurs le fait que notre programmation est faite de façon ponctuelle.

Pour ce qui est de la mise en oeuvre des processus destinés à régler ce problème, je vais céder la parole à Mme Calder.

Mme Elaine Calder: Le Centre n'a, jusqu'ici, effectué que peu d'études de marché, du moins pas au cours des cinq dernières années dont vous avez parlé. Le vérificateur général a trouvé que les responsables de la programmation se fient beaucoup trop à leur intuition.

Cependant, pour me porter à leur défense, je dois dire que leur intuition est sacrément bonne. Ils font un excellent travail si l'on en juge aux recettes aux guichets. À en juger à ce qu'on appelle notre programme de base—c'est-à-dire les présentations dans nos trois salles de théâtre de septembre à juin—les responsables de la programmation semblent avoir d'excellentes idées, sans s'appuyer sur des études de marché, du genre de saison que désirent les gens de la région. Le seul problème à signaler est celui de Festival Canada et du lancement de spectacles très coûteux n'ayant pas été précédés par une étude de marché ou par la confirmation de l'existence de segments cibles assez importants. C'est un problème que nous devons régler avant le prochain festival.

M. Paul Bonwick: Je ne remettais certainement pas en doute leur intuition. Mais, pour avoir siégé moi-même à un conseil d'administration, je sais que les conseils commencent par se livrer à une évaluation du marché, pour ce qui est de l'utilisation des fonds et pour ce qui est aussi de la collecte des fonds, et donnent ensuite des orientations claires à leur équipe de gestion. Prévoyez-vous, à brève échéance, de demander la réalisation d'une étude de marketing à l'externe ou à l'interne?

Mme Elaine Calder: Si l'on parle des aspects marketing et collecte de fonds ou du marketing appliqué plus spécifiquement au mécénat et à la collecte de fonds, je répondrais par l'affirmative. Nous travaillons de concert avec Ketchum Canada, qui a en fait collaboré à l'examen spécial du vérificateur général de l'an dernier. Ketchum a en effet assisté le vérificateur général pour l'aspect collecte de fonds de cet examen et la firme collabore maintenant avec nous sur ce plan, dans le sens que vous suggérez.

M. Paul Bonwick: Avez-vous arrêté un délai pour la réalisation de cette étude?

Mme Elaine Calder: Elle sera prête dans les prochaines semaines. Je pense que nous aurons obtenu des résultats intéressants d'ici la fin mars.

Le président: Très bien, merci.

Chers collègues, je pense que nous avons eu amplement la possibilité de poser nos questions et nous devons maintenant accorder à nos témoins la pause qu'ils méritent.

Je vous remercie beaucoup de vous être rendus à notre invitation. Madame Riley, je suis conscient que certaines questions qui ont pu vous être adressées à vous-même, aux membres du conseil et à Mme Calder, aient pu vous paraître insistantes. Eh bien, si tel est le cas, en ce qui concerne les questions de certains, je crois pouvoir vous dire au nom des membres de ce comité que nous avons eu une séance particulièrement exempte de parti pris politique. Nos membres sont convaincus de ce qu'ils font et je ne pense pas qu'aucun d'eux ait voulu être injuste à votre égard. Bien au contraire, nous avons surtout voulu trouver des solutions et obtenir des renseignements, notamment sur vos finances.

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Comme l'a suggéré M. Godfrey, il serait bien que nous nous revoyions à la fin du mois de mai ou en juin—surtout que Mme Calder nous a appris que l'étude de marketing serait terminée à ce moment-là—afin de faire le point sur votre étude stratégique et de voir où vous en êtes à ce moment-là.

Merci beaucoup de votre participation. La séance est levée.