[Français]
Monsieur le président, membres du comité, c'est pour moi un grand plaisir de comparaître devant vous. Ce matin, je suis accompagné du sergent-major de l'armée canadienne, l'adjudant-chef Gino Moretti. Je tiens aussi à remercier le général Natynczyk, le chef d’état-major de la Défense, de me donner l'occasion — ma première, en fait — de vous adresser la parole sur un sujet qui me tient très à coeur en tant que commandant de l'armée canadienne, soit la disponibilité opérationnelle de nos troupes.
L'armée canadienne a pignon sur rue dans plus de 250 communautés canadiennes. Près de 4 700 Rangers canadiens patrouillent dans le Nord. Quelque 44 000 militaires, réservistes et militaires permanents, dont 50 p. 100 sont des réservistes, travaillent au coeur même de la collectivité canadienne. De plus, environ 5 700 employés civils font partie de l'équipe de l'armée canadienne. Ils se regroupent sous les dix brigades de réserve et les trois brigades de la force régulière, sur les bases de même qu'au sein des écoles et des quartiers généraux. Toutes ces personnes contribuent à la disponibilité opérationnelle de l'armée, en plus de contribuer activement à l'effort de génération des Forces canadiennes, alors que 35 p. 100 des effectifs de l'armée sont intégrés au sein des autres commandements et services.
[Traduction]
Les forces armées du Canada se tiennent au fait des situations d'instabilité qui se présentent un peu partout dans le monde et qui pourraient nécessiter des conseils ou une intervention rapide de la part du gouvernement canadien, mais elles ne savent jamais à quel endroit elles pourraient être appelées à déployer leurs effectifs ou leurs ressources ou quelle sera la nature ou le type de mission à accomplir. Par conséquent, l'armée, et, en fait, toute la structure de l'institution militaire, doivent d'abord et avant tout demeurer prêtes à relever tous les défis n'importe où dans le monde où elles pourraient être envoyées.
L'armée d'aujourd'hui est bien différente de ce qu'elle était il y a dix ans. En effet, au cours de la décennie qui a suivi les attaques lancées contre le World Trade Centre, le contexte de sécurité mondial a changé du tout au tout et nous avons dû nous adapter. L'Armée canadienne doit être agile, hautement qualifiée et capable de relever sans préavis une foule de défis nouveaux et imprévus. L'armée doit être formée, équipée et financée de manière à pouvoir mener des opérations sur de nombreux théâtres, et ce, souvent en même temps: que ce soit sur les territoires enneigés de l'Arctique ou dans la jungle du Congo, ou encore sur les lieux d'un déraillement de train suivi d'une évacuation à Port Hope ou ceux d'une inondation provoquée par le débordement de la rivière Rouge. L'armée doit avoir la souplesse nécessaire pour être en mesure de fournir, grâce à son Équipe d'intervention en cas de catastrophe, l'EICC, de l'eau potable aux victimes d'un tsunami, dans le Pacifique Sud, tout en participant aux efforts de secours déployés en Haïti.
Ces tâches ne sont pas incompatibles, mais font plutôt appel à une matrice de compétences et de ressources utilisées par les Forces canadiennes dans le cadre des déploiements au pays et à l'étranger et qui varie en fonction de la situation et des priorités du gouvernement.
L'étude approfondie que vous menez actuellement sur la disponibilité opérationnelle arrive à point afin d'assurer que les Forces canadiennes puissent s'acquitter de leurs six missions principales énoncées dans la stratégie de défense Le Canada d'abord. Je crois comprendre que les membres du comité ont reçu des copies de la stratégie de défense Le Canada d'abord, dans laquelle les six missions principales des Forces canadiennes sont décrites.
Si on se concentre sur ces missions, je dirais que nous devons en fait tenir compte de deux grandes perspectives.
Au pays, au chapitre de la capacité d'intervention au pays et dans la communauté, les FC demeurent prêtes à venir en aide aux victimes de catastrophes survenant dans les communautés canadiennes, à fournir des services de recherche et de sauvetage aux Canadiens; à patrouiller notre territoire, nos eaux et notre espace aérien; à protéger nos routes commerciales océaniques; à affirmer notre souveraineté dans le Nord; à lutter contre le terrorisme, à aider à défendre les réseaux informatiques canadiens; et à contribuer à la sécurité lorsque le Canada est l'hôte d'activités internationales.
À l'étranger, au chapitre de la capacité d'intervention sur la scène internationale et auprès des alliés, les FC demeurent prêtes à porter secours aux victimes de catastrophes survenant dans d'autres pays; à participer à des opérations de maintien de la paix comme celles qui sont en cours au Moyen-Orient; à mettre sur pied une force armée prête au combat et spécialisée; à fournir les capacités nécessaires pour faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies; à travailler avec nos alliés dans le cadre d'opérations de l'OTAN; à participer à des opérations de consolidation de la paix, qui pourraient exiger quelques interventions armées dans des endroits chauds de la planète; et à contribuer à la paix et à la sécurité internationales par le biais de missions telles que les efforts de lutte contre la piraterie déployés au large des côtes africaines.
Avant d'aborder la question de la disponibilité opérationnelle, je tiens à mettre l'accent sur quelques points essentiels concernant votre armée. Nous nous concentrons sur le soldat, le soldat qui aujourd'hui possède une mentalité de guerrier — la confiance et la compétence acquises au combat et renforcées par le respect que lui portent les Canadiens. Nos soldats sont regroupés dans des unités qui leur enseignent les techniques de base, leur donnent de l'assurance et veillent au maintien de l'esprit de corps. L'armée équipe le soldat, et nos programmes d'équipement tels que la prochaine génération de véhicules de combat terrestres, procurent une grande capacité au Canada.
Nous menons des opérations au sein d'équipes interarmes et nous synchronisons les compétences complémentaires de ces grands Canadiens avec leur équipement, en vue de produire un effet sur le champ de bataille. De plus, j'ajouterai la phrase suivante: « l'Armée du Canada est la force des mesures déterminantes », car il n'y a rien de plus déterminant que d'envoyer des troupes sur le terrain.
Comme vous le savez, monsieur le président, la disponibilité opérationnelle, comme le définit le CEMD, est la capacité de placer les bonnes personnes, possédant les bonnes compétences et le bon équipement, au bon endroit et au bon moment. Il s'agit de mesurer la capacité d'un élément des Forces canadiennes, et nous parlons ici de l'Armée, d'entreprendre une tâche approuvée.
Je vous prie de consulter les deux autres documents que je vous ai fournis, « Les forces de campagne de l'armée » et « L'entraînement pour atteindre le niveau de disponibilité opérationnelle prescrit de l'armée ». Un des principes du maintien d'une armée apte au combat réside dans son institution. En effet, sans l'institution, non seulement les forces de campagne seraient en péril, mais elles n'existeraient tout simplement pas.
Pour en démontrer l'importance, j'aime utiliser un triangle dont la base est l'institution, composée de 17 écoles et centres d'instruction, comme le Centre d'instruction au combat de Gagetown, le Centre canadien d'entraînement aux manoeuvres de Wainwright, nos 11 bases de l'armée et divers quartiers généraux, qui assurent ensemble la direction, l'instruction de base et le soutien dont nous avons besoin pour préparer nos troupes et les unités interarmes qui sont déployées pour aider les Canadiens au pays ou pour défendre nos valeurs à l'étranger.
Au milieu du triangle, il y a nos unités, qui constituent la force de campagne et dont les membres s'efforcent d'atteindre chaque année une série de normes individuelles d'aptitude au combat, d'acquérir des ensembles de compétences individuelles ou nouvelles comme le mode de fonctionnement d'une nouvelle pièce d'équipement, et qui participent à des exercices et à des activités d'instruction collective. On obtient ainsi une force de campagne à disponibilité opérationnelle normale, ce qui comprend les formations et les unités de l'armée, les unités d'intervention immédiate, les groupes-compagnies d'intervention dans l'Arctique et les groupes-bataillons territoriaux. Il s'agit d'unités de l'armée prêtes à se déployer pour combattre des feux de forêt ou prêter assistance en cas de tempête de verglas ou d'inondation.
Par exemple, les militaires de la réserve et de la force régulière sont arrivés dans l'est de Terre-Neuve seulement quelques heures après le passage de l'ouragan Igor. Cette opération était appuyée par l'institution, dans ce cas, la base de l'armée, à Gagetown, au Nouveau-Brunswick, dont le personnel a assuré le service 24 heures sur 24, sept jours sur sept, en vue d'assurer le maintien en puissance des troupes déployées, et le quartier général de la force opérationnelle interarmées (Atlantique), qui a exercé les fonctions essentielles de commandement et de contrôle de la mission et la liaison avec les partenaires de l'ensemble du gouvernement. Plus de 1000 militaires, appartenant en majeure partie à l'armée, se sont rendus sur place pour prêter main-forte à leurs compatriotes en détresse moins de 12 heures après que les autorités provinciales en ont fait la demande.
À partir de la section jusqu'au niveau de la brigade ou de la force opérationnelle, les troupes atteignent le niveau de disponibilité opérationnelle élevé par le biais d'une instruction rigoureuse menant à l'atteinte de la norme collective d'aptitude au combat qui leur permet d'être déclarées prêtes sur le plan opérationnel. Ainsi, l'armée est parfaitement en mesure de prendre des mesures déterminantes et d'accomplir des missions et des tâches dans un large éventail de situations en tant que force interarmées, et intégrant les éléments habilitants fournis par les autres armes des FC. Les unités de l'armée ne sont pas toutes tenues d'atteindre le plus haut niveau de disponibilité opérationnelle. Ce niveau n'est exigé que des unités désignées pour accomplir une tâche ou une mission, par exemple, une rotation en Afghanistan ou dans un autre pays où le gouvernement du Canada s'est engagé à envoyer des forces, comme quand l'Équipe d'intervention en cas de catastrophe a été dépêchée en Haïti ou quand des opérations d'évacuation de non-combattants ont été menées au Liban. Ces unités ou formations se trouvent à la pointe du triangle.
L'armée gère son niveau de disponibilité opérationnelle selon un cycle de 24 mois que nous appelons le Plan de gestion de la disponibilité opérationnelle (PGDP). Dans ce plan, on assure l'instruction et la préparation des unités ou formations désignées pour accomplir diverses missions, certaines étant permanentes, d'autres de contingence ou liées à des engagements à l'égard de l'OTAN, mais toutes suivant les lignes directrices des six missions principales de la stratégie de défense Le Canada d'abord.
En parallèle, ce que nous sommes actuellement en train de faire en Afghanistan, c'est justement d'aider l'Armée nationale afghane à établir ce triangle. Nous l'aidons à mettre sur pied son institution, à former ses forces de campagne et à aider les unités afghanes à atteindre un niveau de disponibilité opérationnelle plus élevé et à se préparer à combattre pour leur pays.
[Français]
En conclusion, je voudrais vous dire ce qui suit.
[Traduction]
La grande priorité des Forces canadiennes, solides et bien équipées, c'est de protéger les Canadiens et de défendre la souveraineté canadienne au pays et à l'étranger. Pour y arriver, nous avons besoin du soutien institutionnel qui nous permettra de mener notre tâche à bien. Mais l'armée ne peut rien sans sa pièce maîtresse, le soldat, avec sa mentalité de guerrier, appuyé par des outils et de l'équipement modernes et efficaces.
Monsieur Ie président, je vous remercie de m'offrir cette belle occasion de contribuer à l'étude que mène votre comité sur la disponibilité opérationnelle. M. Moretti et moi sommes fiers de représenter nos militaires, qui servent si bien notre pays.
Je voudrais simplement donner à M. Moretti l'occasion de dire quelques mots. M. Moretti est mon partenaire au sein de l'équipe de commandement, et c'est un maître-artilleur qui a plus de 35 ans d'expérience. Je suis honoré d'être aux côtés de M. Moretti tous les jours, surtout quand nous sommes entourés d'excellents soldats canadiens.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Par votre entremise, je voudrais remercier nos témoins pour leur présence parmi nous ce matin.
Général, quand j'entends les questions qu'on vous pose, cela me rappelle une conversation que j'ai eue avec des gens à la BFC Trenton juste avant notre élection. Je me rappelle que quelqu'un qui y travaillait me disait que le commandant de la base n'avait pas assez d'argent dans son budget pour payer des services très simples — par exemple, faire tondre le gazon et ce genre de choses.
Je pense que nous sommes à une époque différente en ce qui concerne le discours sur les réductions budgétaires. Bien sûr, ce n'est pas nouveau pour des gens comme moi, qui ont travaillé pour le gouvernement ontarien pendant des années dans un rôle paramilitaire en tant qu'agent de police. Certains gouvernements nous disaient que si on dépassait… c'est-à-dire que, d'après nos directives, si on allait plus loin que 100 kilomètres dans une voiture de patrouille, il fallait expliquer pourquoi on avait fait cela, vu les restrictions budgétaires qui s'appliquaient. Mais, si vous voulez connaître la différence entre les budgets, je peux vous dire que nous avons maintenant un commandant à la base dont le plus grand défi consiste à organiser un immense investissement dans sa base.
Juste pour permettre aux gens qui nous suivent à la maison de savoir de quoi il s'agit, je me permets de préciser que l'un des hangars qui est en voie de construction pour abriter le nouveau C-17 — et je ne crois pas que les Forces armées canadiennes l'auraient eu si notre gouvernement n'était pas arrivé au pouvoir — contient la moitié de l'acier. Cette construction, l'une des plus importantes de son genre au Canada, et certainement pour les Forces armées canadiennes, contient — juste pour vous donner une idée de l'échelle et de la taille de cette construction — la moitié de l'acier de la Tour Eiffel et la moitié du béton de la Tour du CN. Cela vous donne donc un ordre de grandeur…
Ma question porte sur l'entraînement, et notamment les exercices d'entraînement dans le Nord canadien, étant donné qu'il s'agit là d'une priorité pour notre gouvernement et, me semble-t-il, pour les Forces armées canadiennes aussi. Je me demande de quelle façon l'armée profite des exercices d'entraînement dans l'Arctique pour se préparer, et ce, pour des interventions non seulement au Canada mais à l'étranger. Je ne vois pas poindre à l'horizon des conflits qui créeraient des besoins au Canada… en dehors de la défense de notre souveraineté dans l'Arctique, qui revêt une importance primordiale pour notre pays. Qu'est-ce que vous en pensez?
De plus, j'ai des amis qui ont des rapports avec les Rangers. Pendant les exercices d'entraînement dans le Nord, quelle est la nature de la collaboration entre la force régulière et les Rangers et quelle est l'ampleur de leur collaboration pendant ces exercices?
Peut-être pourrais-je répondre aux deux questions en même temps.
Nous devons assurer une présence, affirmer notre souveraineté et entraîner nos soldats de manière à atteindre un degré de disponibilité opérationnelle suffisante dans le Nord. L'armée prend très au sérieux cette responsabilité. Il y a au moins deux grands exercices qui se déroulent chaque année dans le Nord, de même que l'Opération Nanook, qui a lieu en été. Nos exercices d'entraînement d'hiver se déroulent normalement entre février et mars, et environ 1 000 soldats y participent à chaque emplacement, l'un dans l'ouest et l'autre dans l'est, sans compter ceux qui participent à l'Opération Nanook.
Chaque fois que nous allons dans le Nord, nous prenons contact à l'avance avec les Rangers qui effectuent les patrouilles — il y en a 4 700 qui font partie de l'armée — des Forces canadiennes. Ce sont eux qui représentent le point de contact avec la localité, avec les dirigeants, et ce sont eux qui comprennent à fond le territoire local et les défis qui caractérisent la collectivité où ils vivent. Nous travaillons toujours avec eux. Nous assurons toujours la coordination avec eux, avant même d'être déployés.
L'un des aspects du travail du soldat consiste à faire partie d'une équipe. Que vous travailliez dans le désert ou dans l'Arctique, il y a d'importants avantages qui accompagnent l'entraînement, que ce soit dans un environnement ou dans l'autre, à savoir l'entraînement lui-même, la discipline et la possibilité de comprendre la nature des défis. À mon avis, tous ces éléments sont présents dans le Nord. C'est un environnement extrêmement rigoureux qui demande un degré élevé de discipline et qui exige de la part des participants qu'ils respectent l'environnement et les collectivités où ils mènent leurs opérations.
Je pense que tous ces éléments sont réunis dans le cadre des programmes d'entraînement de l'Armée canadienne dans le Nord. Il s'agit de comprendre et de respecter le Nord, les populations locales et notre matériel, ainsi que la nécessité d'effectuer ce genre d'entraînement et de participer aux opérations.
Le président: Vous avez la parole.
M. Chris Alexander: Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins, à la fois le général et le sergent-major, d'être parmi nous ce matin. Votre présence est vraiment très importante pour l'étude que nous menons actuellement. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir été présent pendant la première heure de la réunion, mais je constate, d'après le texte de votre exposé liminaire, que vous nous avez donné deux ou trois éléments d'information bien importants qui nous seront d'une grande utilité pour déterminer ce qui constitue la disponibilité opérationnelle aux yeux de l'armée et ce que vous faites pour vous y préparer.
Juste pour vous expliquer mon absence, le Conseil atlantique du Canada tient une conférence avec certains de vos collègues à l'immeuble Pearson, et on m'a demandé de faire un exposé. J'aurais bien préféré être ici dès le départ.
Peter, je suis ravi de vous revoir. Je me rappelle l'époque à Kaboul où vous étiez le commandant de la brigade multinationale alors que ni vous ni moi ne savions quels seraient les résultats de cette mission. Donc, je tiens à vous féliciter pour tout ce que vous avez réalisé à cette époque et tout ce que vous avez fait depuis.
Il en va de même pour vous, sergent-major Moretti. Je sais à quel point vous jouez un rôle important de nos jours au sein de l'armée.
Je vois, d'après vos remarques liminaires, que vous avez déjà couvert beaucoup de terrain, mais je voudrais vraiment vous interroger au sujet d'une ou deux questions seulement — et non pas la perspective d'un déraillement ferroviaire à Port Hope, ce qui aura certainement alarmé Rick Norlock, dont la circonscription comprend Port Hope…
Vous venez d'en avoir un? Ah, bon — et je sais que c'était tout à fait hypothétique pour vous.
Mais par rapport à l'armée actuelle et aux défis auxquels vous êtes confrontés en ce moment, j'aimerais surtout vous parler de capacités. Quelle est l'ampleur de nos capacités à l'heure actuelle, grâce à l'expérience que nous avons acquise en Afghanistan, capacités que nous essayons d'institutionnaliser à Gagetown afin de lutter contre la menace des dispositifs explosifs de circonstance? Je sais que vous en avez déjà parlé. Je sais aussi que vous avez beaucoup d'expertise dans ce domaine. En même temps, il me semble que, où que nous envoyions nos soldats, les DEC vont être présents. Il est à peu près certain que, si nos opérations ne se limitent pas au maintien de la paix, l'une des menaces à laquelle nous seront confrontés sera justement celle des DEC.
Où en sommes-nous maintenant, par rapport au passé et par rapport à nos alliés?
:
Merci. C'est une bonne question, madame. Vous soulevez un bon point.
Vous pouvez constater que, dans chaque section de notre armée, des ajustements ont été faits pour trouver un équilibre, pour atteindre une meilleure capacité de réponse et une plus grande disponibilité opérationnelle.
Vous avez cité l'exemple des régiments blindés de LdSH(RC), à l'ouest du Canada, avec la capacité de nos Leopard 2, ainsi que l'exemple des RCD, au centre du Canada, et même du 12e Régiment blindé du Canada, à Valcartier, qui sont des régiments blindés de reconnaissance. Par ailleurs, l'escadron de Gagetown, composé à parts égales de militaires des RCD et du 12e RBC, a pour but de maintenir la capacité et les connaissances en matière de blindés dans les deux régiments.
Nous avons pris de telles décisions
[Traduction]
afin d'atteindre le bon équilibre et de respecter les budgets, et nous avons prévu une concentration de nos chars d'assaut dans l'ouest du Canada où se situent nos meilleures installations d'entraînement collectives; et au centre et à l'est du Canada, nous avons les blindés de reconnaissance.
[Français]
C'est la même chose avec l'escadron de lutte contre les EEI qui reste à Gagetown avec les trois autres régiments du génie de combat.
[Traduction]
Nous maintenons un niveau de connaissances en ce qui concerne la lutte anti-DEC, mais les compétences particulières dans ce domaine et les détachements d'ouverture de route existent uniquement à Gagetown. Notre défi
[Français]
demain sera de retenir les connaissances, en même temps que de donner aux troupes de cet escadron l'occasion de s'entraîner à garder vivantes dans leur tête leurs aptitudes de sorte qu'elles puissent y avoir recours lorsqu'elles se retrouveront dans les champs de bataille.
S'agissant de la disponibilité opérationnelle de la force régulière et de la force de réserve, notre évaluation porte sur les soldats, le matériel et l'entraînement. En ce qui concerne les soldats, nous devons établir combien nous en avons dans notre effectif, et combien d'entre eux sont aptes au combat? Du côté des véhicules, c'est à peu près la même chose: avons-nous le nombre prévu de véhicules pour l'unité en question, et fonctionnent-ils bien, oui ou non? Au chapitre de l'état de préparation, quel niveau d'entraînement a été fourni?
À mon sens, il faut éviter de trop compliquer la question de la disponibilité opérationnelle, car il s'agit en réalité de mettre ensemble les divers éléments — les soldats, le matériel et l'entraînement —, il faudrait le relever par la suite, en fonction d'un nouveau théâtre d'opérations pour que nos soldats canadiens puissent y être déployés pour représenter le Canada.
Donc, nous mesurons le degré de disponibilité opérationnelle de la force de réserve de la même façon. Pour la force régulière, c'est le niveau 5, alors que pour la force de réserve, c'est le niveau 4 pour des raisons de ressources. Ensuite, nous organisons régulièrement des activités d'entraînement collectif pour permettre aux réservistes d'atteindre un degré plus élevé de disponibilité opérationnelle. Donc, c'est fort semblable, mais un peu différent.
Pour ce qui est de ce que j'ai observé et appris grâce à mes activités internationales, j'estime que les Canadiens — soldats, marins, aviateurs et aviatrices — sont phénoménaux. Ils le sont, d'abord et avant tout, parce qu'ils sont Canadiens. À mon avis, les valeurs qui animent les membres des Forces canadiennes font d'eux un atout des plus précieux sur le champ de bataille, quel qu'il soit, et qu'ils soient à bord d'un navire, dans un avion ou sur le terrain.
À mon sens, la grande force du Canada… et c'est justement ce que nous avons observé, notamment en Afghanistan, où ce sont les Canadiens qui ont adopté une approche axée sur les relations avec les populations locales pour contrer les opérations insurrectionnelles, qui ont respecté les populations locales et ainsi que leur mode de gouvernance, qui ont réussi à travailler avec nos alliés et avec les organisations internationales et non gouvernementales pour assurer un degré de protection à la population afghane qui a incité les Afghans, par opposition à l'armée, à dire non à l'insurrection.
C'est quand ce genre de choses se produit que la situation commence à évoluer et que la population entrevoit un meilleur avenir demain. C'est alors que l'armée — c'est-à-dire l'ANA — et la PNA gagnent le respect de leurs concitoyens et ont davantage confiance en elles, et il en va de même pour nous et pour l'ensemble de la communauté internationale. Pour moi, le résultat est étroitement lié à la façon dont nous travaillons avec la population locale et les forces de sécurité locales de manière respectueuse: voilà la grande force du Canada, et c'est cela qui sera la force de toutes les armées à l'avenir, à mon avis.
Je tiens à vous remercier pour vos observations et votre contribution à notre étude sur la disponibilité opérationnelle. J'espère que, quand nous aurons terminé notre rapport, vous le trouverez d'une certaine utilité et qu'il en ira de même pour le Parlement et le ministère de la Défense nationale aussi.
Maintenant, je voudrais simplement vous parler brièvement de ce qui est prévu jeudi. Bien entendu, nous avons tous été invités à assister à la cérémonie qui aura lieu à la Chambre du Sénat à 9 h 45 afin de rendre hommage à l'Aviation canadienne et à tous ceux qui ont participé à l'opération Libye sous la direction du général Bouchard. Notre réunion le matin ne durera qu'une heure.
Donc, nous avons fait quelques petits changements. Nous avons reçu une demande de la part du Royaume de la Norvège dont les représentants voudraient nous rencontrer. Ainsi nous allons recevoir le secrétaire d'État du ministre de la Défense en Norvège, M. Roger Ingebrigtsen, de même que l'ambassadrice auprès du Canada, Mme Eikeland, qui passeront une heure avec nous pour nous faire part de leurs observations sur la disponibilité opérationnelle. Je suis convaincu qu'ils voudront également aborder la question de la souveraineté dans l'Arctique, de même que notre étude sur l'OTAN et l'Alliance nord-américaine. Donc, nous aurons l'occasion de nous entretenir avec eux.
Et par rapport aux points soulevés par M. McKay tout à l'heure, concernant la page 65 de l'ouvrage de notre ancien collègue, Derek Lee, sur les procédures en comité, votre affirmation est vraie pour la plupart des témoins. Mais, comme les ouvrages d'O'Brien et de Bosc, de Marleau et de Montpetit indiquent très clairement — et ce sont les vrais ouvrages de référence… et dont parle M. Lee, eh bien, si cela vous intéresse de lire le chapitre 20 intitulé « Témoignages », aux pages 1067 à 1070 inclusivement, vous verrez qu'on évoque la considération particulière qu'il convient d'accorder aux fonctionnaires du gouvernement du Canada lorsqu'ils comparaissent devant un comité. On les dispense de répondre à des questions qui ne sont pas rattachées à leur secteur de responsabilité ou risqueraient de les mettre en conflit avec leur ministère.
L'hon. John McKay: Je vous recommande également de lire l'ouvrage de Beauchesne.
Le président: Ce sont des références utiles, mais essayons de nous en tenir au principal ouvrage dans ce domaine.
Là-dessus, je vous demande une motion d'ajournement.
La séance est levée.