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Bon après-midi, mesdames et messieurs. Je déclare la séance ouverte.
Nous sommes le mercredi 27 octobre 2010. C'est la 29e réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 23 septembre 2010, nous étudions le projet de loi .
Nous accueillons aujourd'hui un certain nombre de témoins. Comme certains d'entre eux se trouvent Winnipeg, nous sommes en contact avec eux par vidéoconférence.
Avant de commencer, j'ai trois annonces à faire. D'abord, et , je vous serais reconnaissant de dire à et à pour le cas où ils auraient des amendements à proposer au projet de loi, que nous entreprendrons l'étude article par article dans une semaine, soit le 3 novembre. Les amendements doivent parvenir au bureau de la greffière ou lui être remis ici au plus tard la veille, c'est-à-dire le 2 novembre, à midi.
Un avis sera diffusé aujourd'hui. Vous pouvez transmettre ces renseignements à M. St-Cyr et à Mme Chow, mais ils recevront quand même l'avis annonçant que le sous-comité se réunira le lundi 1er novembre à 17 h 30, à moins qu'il n'y ait des votes, auquel cas la réunion serait annulée. En supposant qu'il n'y aura pas de vote, nous aurons une réunion du sous-comité le lundi.
De plus, je dois vous informer, pour que vous ne veniez pas ici inutilement, que toutes les réunions de la semaine prochaine auront lieu dans l'édifice du Centre.
Ce sont mes observations préliminaires. Je voudrais maintenant présenter nos témoins aux membres du comité.
Nous avons ici, dans cette salle, M. Cobus (Jacobus) Kriek, directeur de la société Matrixvisa Inc., Immigration Law and International Recruitment.
Nous avons aussi, par vidéoconférence, comme on peut le voir sur l'ordre du jour, deux représentants du gouvernement du Manitoba. Fanny Levy est la directrice intérimaire du Programme des candidats du Manitoba, et Dave Dyson est le directeur général de la Direction des normes d'emploi du ministère manitobain du Travail et de l'Immigration.
M'entendez-vous bien tous les deux?
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Monsieur Tilson et honorables membres du comité, je m'appelle Cobus Kriek. Je suis membre en règle de la Société canadienne des consultants en immigration. Je suis également propriétaire de la société Matrixvisa Inc. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. C'est pour moi un honneur et un privilège de comparaître devant le comité.
J'ai seulement deux suggestions à vous présenter. La première concerne le paragraphe 91(1) du projet de loi et la seconde traite de la définition des conseils en droit de l'immigration. Je vais commencer par ma première suggestion relative au paragraphe 91(1).
Le libellé de cette disposition est le suivant: « … commet une infraction quiconque sciemment représente ou conseille une personne, moyennant rétribution, dans le cadre d'une demande ou d'une instance » prévue par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Je propose que le libellé soit modifié ou étendu pour inclure quiconque incite ou encourage un représentant fantôme à représenter ou à conseiller directement ou indirectement une personne, moyennant rétribution, en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Ce changement dissuaderait un fonctionnaire fédéral travaillant au Canada ou à l'étranger de recevoir des requêtes d'un représentant fantôme non autorisé ou de communiquer avec lui au sujet de cas d'immigration, comme cela s'est produit en 2010.
Cela m'amène à ma seconde suggestion concernant la définition des conseils en droit de l'immigration. En vertu des dispositions actuelles, c'est-à-dire avant le dépôt du projet de loi , il est parfaitement légal et même éthique pour quiconque de donner des conseils en droit de l'immigration sans être membre de la SCCI, du Barreau ou de la Chambre des notaires du Québec.
J'ai ici le chapitre IP 9, Recours aux services d'un représentant rémunéré ou non rémunéré, du Guide de l'immigration du ministère. On peut lire ce qui suit au paragraphe 5.4:
… il y a de nombreuses personnes qui sont payées pour remplir les formulaires et les demandes… Toutefois, ces personnes ne sont pas considérées au même titre que les représentants autorisés. Par conséquent, elles ne peuvent remplir certaines fonctions comme intervenir au nom du demandeur pendant le traitement de la demande et demander des renseignements sur l'état d'avancement de la demande. Pour être en mesure d'intervenir et de demander des renseignements au nom d'un demandeur pendant le traitement de la demande, ces personnes doivent être membres en règle d'un organisme de réglementation.
Il est clair que CIC croit que les conseillers en immigration n'ont à être des représentants autorisés que s'ils doivent intervenir ou demander des renseignements au nom du demandeur. D'après CIC, les conseils en droit de l'immigration peuvent être donnés par n'importe qui avant qu'une demande soit présentée.
Si un représentant fantôme ou non autorisé peut remplir des formulaires et des demandes, il est implicitement admis qu'il peut aussi donner des conseils sur la catégorie d'immigration, par exemple investisseurs, entrepreneurs, travailleurs qualifiés, etc., puisque de tels conseils doivent logiquement précéder l'étape de production des formulaires et des demandes. Remplir les formulaires et les demandes n'est en effet possible qu'après analyse de l'expérience, des études et de la situation financière de la personne en cause.
Il est parfaitement évident que le fait de remplir les formulaires et les demandes ne constitue pas une simple opération administrative car il nécessite une connaissance approfondie du droit de l'immigration. Les consommateurs ne sont pas protégés si une personne sans formation particulière peut aider un membre du public à remplir des formulaires et des demandes d'immigration.
Le 18 octobre, M. Nigel Thomson a dit au comité que la SCCI compte entre 1 600 et 1 700 représentants fantômes. Compte tenu de la façon dont le chapitre IP 9 — que je viens de citer — est rédigé, beaucoup de ces représentants ne violent aucune loi et se livrent tout à fait légalement à leurs activités d'immigration. L'existence des représentants fantômes est directement liée au libellé du chapitre IP 9 du Guide de l'immigration, que je viens de citer. Ce libellé, à son tour, est le résultat du vide administratif qui caractérise la législation actuelle, puisque les conseils en droit de l'immigration ne sont définis ni dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ni dans les règlements.
Pour prévenir l'exercice non autorisé du droit de l'immigration, je propose que l'expression « conseille… dans le cadre d'une demande ou d'une instance prévue par la présente loi », c'est-à-dire les conseils en droit de l'immigration, soit clairement définie dans le projet de loi et non dans le règlement. Je propose le libellé suivant:
Conseil s'entend de toute aide donnée par une personne à une autre sur n'importe quelle question d'immigration lorsqu'un profit découle directement ou indirectement du conseil donné. Les exemples qui suivent ne sont pas limitatifs:
a) Les recruteurs ne peuvent pas donner des conseils en matière d'immigration ni conseiller en vertu de la loi;
b) Les agents éducationnels ne peuvent pas donner des conseils en matière d'immigration ni conseiller en vertu de la loi;
c) Les recruteurs de candidats provinciaux ne peuvent pas donner des conseils en matière d'immigration ni conseiller en vertu de la loi;
d) L'aide donnée pour remplir des formulaires constitue un conseil en matière d'immigration ou revient à conseiller en vertu de la loi.
Le fait d'inclure des exemples précis dans la loi permettra d'éviter de mauvaises interprétations de l'intention du législateur. De plus, de tels exemples sont déjà utilisés au paragraphe 187(2) du Règlement sur l'immigration.
Il faut reconnaître que les recruteurs qui respectent les règles de l'éthique et se conforment aux lois provinciales jouent un rôle utile et important dans le processus d'immigration, aussi bien pour la résidence permanente que pour l'autorisation de séjour temporaire. Toutefois, le recrutement est une fonction liée à la gestion des ressources humaines plutôt qu'au droit de l'immigration. Les recruteurs ne reçoivent aucune formation en droit de l'immigration et leurs activités touchant à l'immigration ne sont pas réglementées de façon à assurer la protection du public.
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Je vous remercie de votre invitation à comparaître devant le comité pour vous parler du point de vue du Manitoba au sujet du projet de loi et de certains des efforts déployés dans la province pour réglementer les activités des consultants en immigration en tierce partie.
Nous sommes très heureux de voir le gouvernement fédéral s'attaquer au problème d'une manière proactive. Comme vous le savez peut-être, la protection de clients vulnérables tels que les travailleurs temporaires étrangers est pour le Manitoba une question prioritaire à laquelle nous nous sommes attaqués en faisant adopter par l'assemblée provinciale la Loi sur le recrutement et la protection des travailleurs.
Nous croyons qu'aux niveaux fédéral et provincial, des systèmes complémentaires de réglementation favoriseront la protection des immigrants. Nous avons des suggestions à faire au sujet du choix d'un organisme de réglementation des consultants en immigration.
Nous croyons qu'un organisme doit être investi du pouvoir de sanctionner et de réglementer les consultants en immigration et d'obtenir une exécution judiciaire des mesures disciplinaires imposées aux membres.
Nous croyons aussi qu'il est important que les membres insatisfaits, le public et d'autres soient en mesure d'influencer le fonctionnement interne de l'organisme de réglementation en recourant à un processus officiel d'examen.
Nous croyons que le gouvernement du Canada devrait superviser les activités de tout organisme de réglementation jusqu'à ce qu'il soit pleinement fonctionnel.
Nous partageons également le point de vue selon lequel les autorités fédérales compétentes de réglementation et d'exécution devraient travailler de concert avec leurs partenaires provinciaux pour coordonner les efforts d'enquête, de communication et d'exécution afin de veiller à ce que les consultants en immigration non autorisés fassent l'objet de sanctions de la part de l'organisme compétent ou soient poursuivis en justice en vertu des dispositions fédérales en vigueur.
Nous croyons que le gouvernement du Canada devrait veiller à ce que l'organisme de réglementation établisse un processus indépendant et gratuit d'examen des plaintes d'immigrants relatives à la représentation non autorisée ou inadéquate. Nous souhaitons également que les immigrants sachent que les plaintes présentées à l'organisme de réglementation n'auront pas d'incidences négatives sur leur demande d'immigration ou sur la procédure connexe et que l'organisme a un procureur ou un enquêteur qui défend l'intérêt public lors de l'examen des cas d'inconduite.
J'ai déjà mentionné la Loi sur le recrutement et la protection des travailleurs qui est entrée en vigueur au Manitoba en avril 2009. Je voudrais vous en présenter les principaux éléments.
Tout d'abord, elle étend la portée de la loi de façon à protéger les enfants qui travaillent comme mannequins contre l'exploitation sexuelle ainsi que les travailleurs étrangers contre les recruteurs et les employeurs sans scrupules. Elle impose aux employeurs du Manitoba de s'inscrire auprès de la province avant d'entreprendre des efforts de recrutement à l'étranger.
La Loi permet à la province de dispenser deux genres de services. Premièrement, le Manitoba renseignera les employeurs sur les dispositions auxquelles ils doivent se conformer. Deuxièmement, la province les aidera à obtenir de l'aide pour un recrutement international éthique et coordonné de travailleurs qualifiés dans le cadre d'accords internationaux conclus avec le Manitoba. Les employeurs peuvent également obtenir de l'aide pour prendre contact avec des bassins locaux d'immigrants qui se trouvent déjà dans la province. Ce service est dispensé gratuitement.
Je vais énumérer quelques-unes des principales dispositions de la Loi touchant les employeurs. Ils doivent s'inscrire auprès de la province et déclarer qu'ils recourent aux services de recruteurs. Ceux-ci doivent détenir un permis les autorisant à offrir leurs services au Manitoba. Les employeurs doivent payer les frais de recrutement dus à des recruteurs agréés. Ces frais ne peuvent pas être acquittés par des travailleurs temporaires étrangers. De plus, les employeurs ne peuvent pas demander un avis concernant l'impact sur le marché du travail avant d'être inscrits auprès de la province.
Les employeurs qui recourent à des recruteurs non agréés sont responsables des frais imposés aux travailleurs et peuvent être condamnés à des amendes pouvant atteindre 50 000 $ dans le cas des sociétés. Bien entendu, ils peuvent être jugés inadmissibles s'ils présentent une nouvelle demande d'inscription.
Pour ce qui est des recruteurs, ils doivent détenir un permis délivré par la province. Le permis ne leur est accordé que s'ils appartiennent au Barreau ou sont membres de la Chambre des notaires du Québec ou encore de la SCCI. Ils doivent en outre présenter une lettre de crédit de 10 000 $. Ils sont également tenus responsables s'ils imposent des frais de recrutement aux travailleurs.
Jusqu'ici, environ 2 400 employeurs se sont inscrits en vertu de cette loi. Nous recevons en moyenne 150 demandes par mois, dont 135 sont approuvées. Le processus d'inscription dure deux à trois semaines.
La mise en vigueur de la loi a donné lieu à de nombreuses améliorations. Tout d'abord, des ententes de partage de l'information conclues avec des gouvernements, des organismes d'application de la loi et des organismes de réglementation permettent à la province d'exercer une surveillance, de faire des enquêtes et de faire respecter la loi. Celle-ci nous donne la possibilité de refuser ou de révoquer un permis, de mener des enquêtes, de recouvrer de l'argent pour le compte des travailleurs, d'intenter des poursuites en cas d'infraction à la loi et d'imposer des amendes maximales de 25 000 $ aux particuliers et de 50 000 $ aux sociétés en cas de non-conformité.
Nous croyons fermement que la loi nous a permis de prévenir l'exploitation d'innombrables travailleurs. Elle donne à la province les moyens dont elle a besoin pour protéger ces travailleurs dès qu'ils sont sur son territoire. Nous avons créé un nouveau service d'enquêtes spéciales chargé de l'application de la loi et de la conduite des enquêtes qui y sont liées.
Je vous remercie.
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Il va falloir que je réfléchisse à cette question. Notre loi réglemente non les consultants en immigration, mais les recruteurs. Évidemment, il se trouve que la plupart des recruteurs sont aussi des consultants en immigration.
Pour ce qui est de la réglementation du recrutement, avant l'adoption de notre loi, nous ne savions même pas quels employeurs recrutaient des employés. Dans l'optique des normes d'emploi, j'ai passé beaucoup de temps à essayer de protéger les travailleurs vulnérables. Un travailleur temporaire étranger ne peut travailler que pour un seul employeur — ce qui le rend évidemment très vulnérable —, mais avant l'adoption de notre loi, nous ne savions pas où trouver ces travailleurs. Nous n'en avions aucune idée.
Maintenant que nous avons cette loi, nous savons où se trouvent ces travailleurs. Nous savons quels employeurs en font venir. Je peux donc charger mes enquêteurs d'aller sur place pour interroger les travailleurs et s'assurer du respect des conditions prescrites dans l'avis concernant l'impact sur le marché du travail.
Par conséquent, si nous avons affaire à un recruteur sans scrupules qui recourt à des leurres — il peut avoir promis dans l'avis de payer 20 $ l'heure, puis dire, lorsque le travailleur arrive, qu'il a changé d'avis ou que le travailleur n'a pas les compétences voulues et qu'il paiera donc 9 $ l'heure —, notre loi nous permet de faire respecter toutes les conditions prescrites dans l'avis concernant l'impact sur le marché du travail. Nous pouvons payer le billet de retour, les avantages sociaux, n'importe quoi.
Nous avons donc des moyens de traiter efficacement avec les employeurs. De plus, grâce à notre système de permis, nous pouvons aussi contrôler le côté recrutement. C'est en fait parce que nous savons ce qu'il en est avant que les choses ne se produisent. Ils doivent venir nous voir avant de pouvoir demander un avis.
Je vais m'exprimer en français.
[Français]
Je m'appelle Selin Deravedisyan-Adam. Je suis présente aujourd'hui en tant que membre à part entière de la SCCI, et j'assume également le rôle de présidente de l'Institut canadien de la migration pour le Québec. Je suis ici pour souligner quelques points qui me semblent essentiels.
Bien que vous sachiez tous que la SCCI est un organisme jeune, il vous faut être tout à fait conscients que cet organisme a tout de même effectué un très long chemin en moins de six ans. Ce parcours a permis de mettre en marche une énorme machine, et d'avoir à ce jour une structure et un squelette solides. Si on compare l'organisme à un humain, je pourrais dire qu'il est au stade de développement, au stade de l'adolescence. La SCCI n'est pas non plus une organisation tout à fait parfaite. Nous sommes ici aujourd'hui aussi pour en parler. Si je peux poursuivre avec cette image de l'adolescence, nous en sommes au stade des boutons de la puberté.
Des critiques, tout le monde en fait. Par contre, il faut savoir rester objectif dans la critique, et surtout, réaliste. Même moi, j'ai des critiques à faire en tant que membre de la SCCI. Par exemple, le service à la clientèle pour les membres est presque inexistant. Lorsque nous faisons une demande pour obtenir une simple information d'ordre administratif, il est très difficile d'en arriver à un résultat. Or, pensez-vous que ce soit une raison valable, par exemple, pour casser du sucre sur le dos de la SCCI? Non, franchement, non. Ce n'est pas non plus une raison pour démanteler un organisme de la taille de la SCCI.
Pourquoi penser à déréglementer la profession? Pourquoi laisser d'autres entités saisir l'occasion et ainsi rayer notre profession de la carte, si on peut parler d'une carte? Pourquoi, avec un tel projet de loi, solliciter d'autres organismes pour qu'ils posent leur candidature? Quel en est l'intérêt? Maintenant que la SCCI a atteint la majorité de ses objectifs, il faut au contraire l'appuyer. C'est maintenant qu'il faut lui apporter tout le soutien nécessaire et faire preuve de solidarité pour aller de l'avant. On n'est pas loin de la maturité; c'est vraiment le fruit qui pousse. Je vous concède que le fruit est parfois disgracieux, mais on va y arriver. On arrive à la maturité.
La SCCI et nous, ses membres — j'en fais aussi partie —, avons entrepris un travail de titan. N'oublions pas que le gouvernement a confié à la Société canadienne des consultants en immigration un terrain miné, et je dirais même un terrain sablonneux, des sables mouvants. Cependant, la SCCI a réussi à faire son chemin, et ce, malgré toutes les embûches. Elle a essayé de nettoyer, de prévenir ces mauvaises herbes qui sont ces fameux consultants que vous jugez aujourd'hui. Pourquoi devons-nous jeter l'eau du bain avec le bébé? Pourquoi ne faisons-nous rien pour améliorer l'eau, du moins, et essayer de garder ce beau bébé qui est bien sain, et qui va continuer de l'être?
La preuve en est qu'aujourd'hui, nous avons un conseil d'administration qui est diversifié grâce aux différentes tendances qu'occupent les membres qui y siègent. Toutes les personnes sont donc représentées, au sein de ce conseil.
Toujours concernant ce conseil d'administration, il est également de plus en plus transparent. Pourquoi? C'est qu'il y a de plus en plus de politiques de gestion par la mise en place et l'application de règles strictes, que ce soit sur le plan de la discipline ou de la déontologie. Il est certain que quelqu'un qui ne veut pas se soumettre aux règles et respecter le code éthique et déontologique professionnel n'a rien à faire ni au sein de la SCCI,ni au sein d'aucun organisme. Il ne devrait absolument pas travailler en immigration. C'est une profession qui demande de l'intégrité, et je suis ici aujourd'hui pour en témoigner.
La formation est également un point crucial. Rien qu'au Québec, depuis presque un an, nous avons entrepris de suivre des formations les unes après les autres, des ateliers de travail de jour, de soir, tout cela, dans le but d'acquérir des compétences, un professionnalisme aussi éprouvé chez tous ceux qui se disent membres agréés de la SCCI.
Depuis un an, je constate également que pendant les réunions et les différents événements qui sont organisés — ce n'est pas moi personnellement qui les organise —, il y a de plus en plus de commentaires positifs, plutôt que des critiques négatives, qui sont émis. C'est tout simplement grâce à une prise de conscience collective et réelle engendrée par la nouvelle génération de consultants qui sont en fonction et qui sont membres en règle. En fait, il y a une véritable solidarité.
Ces personnes sont totalement sensibilisées aux directives et exigences de la SCCI.
Entre nous, la nouvelle génération ne se sent concernée en rien par les anciennes chicanes et histoires, et par les divergences d'opinion qu'il peut y avoir.
Ce qui me rassure, c'est que, malgré les multiples critiques de certains membres au sujet des frais d'adhésion, par exemple, la SCCI nous offre également un budget sain et opérationnel. À ce sujet-là, je n'ai jamais vraiment entendu une critique à savoir que nous gérons mal nos affaires. On entend dire souvent que nous demandons des frais d'adhésion élevés, mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Si on veut avoir un organisme qui tient la route, qui a un certain prestige et qui offre surtout le service au public, il faut quand même y mettre les moyens. C'est donc un sacrifice qu'on doit faire, nous, en tant que membres, en payant les frais d'adhésion nécessaires, mais on obtient ce qu'on veut.
Pour terminer, j'ai deux ou trois remarques concernant le projet de loi. Pourquoi le gouvernement a-t-il alloué une période de transition de plusieurs années lors de la création de la SCCI?
Cela n'a eu pour résultat que confusion et animosité parmi les membres et autres récalcitrants profitant de la situation. De toute façon, ces personnes-là n'ont jamais été membres de la SCCI, et c'est souvent les dissidents qu'on entend.
D'autre part, l'ASFC ne devait-elle pas jouer un rôle également plus actif dans « la chasse » aux consultants véreux?
Enfin, pourquoi utiliser le terme « consultant »? Lorsque j'entends « consultant véreux » ou autre, je me sens presque insultée. Je suis loin de me sentir visée par cette situation, mais en ce qui concerne le projet de loi, il faudrait vraiment changer cette dénomination. Il faudrait les appeler soit des représentants en immigration non agréés ou illégaux — appelez ça comme vous voulez — soit des conseillers agréés en immigration. Ce mot « consultant » est à bannir. Ça fait une mauvaise publicité, ça donne une mauvaise image.
Entre nous, les personnes qui se font avoir ou niaiser par les fameux consultants véreux se font appeler autant avocats, consultants ou autre.
Je suis donc fière d'être membre de la SCCI, aujourd'hui, et espère apporter le maximum d'information que je peux vous fournir.
Dans les six ans et demi de son existence, la Société a réalisé des progrès remarquables, comme l'a justement mentionné Mme Adam.
Elle prend son travail très au sérieux, à titre d'organisme professionnel de réglementation de tous ceux qui ne sont pas membres d'un Barreau provincial. Elle a, par exemple, établi des règles très complètes et très détaillées de conduite professionnelle que tous les membres agréés sont tenus de respecter. On peut consulter ces règles sur le site Web de la Société, à csic-scci.ca.
Les règles sont bien adaptées à la protection du consommateur, qui constitue le premier élément du mandat de la Société. Ces règles nous imposent tous d'agir en tout temps d'une manière professionnelle et de toujours utiliser nos connaissances et nos compétences. Par exemple, il nous est interdit d'accepter du travail dans un domaine que nous ne connaissons pas. Les règles précisent en quoi consiste l'inconduite professionnelle. Elles imposent, par exemple, à tous les membres d'établir un mandat de représentation pour que les clients sachent quel travail professionnel ils obtiendront de nous et quels frais nous leur facturerons. Il y a même des règles concernant la publicité, qui nous imposent de présenter au public des annonces honnêtes et adéquates.
La prestation de services professionnels pour l'immigration et les réfugiés doit être appropriée et professionnelle car le principal mandat de la Société est de protéger le public. Nos clients sont vulnérables et ont besoin de protection.
La Société offre aussi constamment des séminaires de perfectionnement professionnel. Monsieur le président et membres du comité, d'après les règles, tous les membres sont tenus d'accumuler 40 points professionnels tous les deux ans. Nous devons assister à des séminaires ou regarder des vidéos en ligne, puis répondre à des questions. Cela nous permet de nous tenir au courant de tous les changements de la réglementation canadienne relative à l'immigration et aux réfugiés.
La Société a un comité strict qui s'occupe des plaintes et de la discipline. C'est tout à fait acceptable. Le comité fonctionne bien, au siège social de Toronto. Il a fallu discipliner plus de 200 consultants en immigration parce qu'ils avaient violé une ou plusieurs règles de conduite professionnelle ou des dispositions de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Le comité des plaintes et de la discipline prend son travail très au sérieux. Il n'a pas hésité et n'hésitera pas à suspendre des gens, à imposer des amendes et à révoquer des licences si c'est nécessaire. Le public le sait. Il n'y a pas de doute que les plaintes parviennent à la Société.
Nous sommes également très stricts quand il s'agit de l'argent du public. Tout montant qui nous est donné, à titre de consultants autorisés, doit être déposé dans un compte désigné appelé compte client. Tout l'argent provenant des clients doit aller là. Il est interdit d'y toucher ou de le retirer tant que les services professionnels n'ont pas été rendus et que les factures n'ont pas été établies et transmises aux clients. C'est seulement alors que nous sommes autorisés à retirer l'argent du compte client.
La Société a aussi une vérification de la conformité dans le cadre de laquelle des vérificateurs travaillant pour le compte de la Société font des inspections au hasard — ce qui est très important, comme dans toute profession, qu'il s'agisse du droit, du génie ou de la médecine — pour s'assurer que nous gérons nos cabinets de façon appropriée. Les vérificateurs examinent nos dossiers, s'assurent que les sauvegardes de fichiers sont faites correctement et que nos comptes bancaires sont en règle. La Société a récemment établi un fonds d'indemnisation permettant de compenser de leurs pertes les clients des consultants condamnés pour une infraction criminelle.
Tout cela a été fait pour se conformer aux conditions que le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration a imposées à la Société. Celle-ci a satisfait à toutes les conditions énoncées par le ministre.
Nous avons aussi une assurance erreurs et omissions. En cas de négligence, nous sommes évidemment tenus d'assumer la responsabilité. Nous payons des cotisations annuelles et acquittons aussi des primes pour l'assurance erreurs et omissions. Il arrive de temps en temps que des consultants fassent preuve de négligence.
Toutes les modifications apportées à la législation sur l'immigration et la protection des réfugiés nous sont communiquées immédiatement par courriel. Je reçois régulièrement des courriels, sans doute comme tous les autres membres autorisés, m'informant des changements apportés à la politique opérationnelle de Citoyenneté et Immigration Canada et des modifications proposées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Cela nous permet d'offrir des services vraiment professionnels au public. C'est un point extrêmement important.
De plus, monsieur, la Société organise des réunions annuelles auxquelles nous assistons tous régulièrement en ligne. Les états financiers nous sont communiqués chaque année après avoir été examinés par des vérificateurs externes. Tous les ans, les vérificateurs ont indiqué, sans réserves, que les états financiers de la Société sont exacts et que toutes les transactions sont faites d'une manière appropriée.
L'adhésion à la Société est loin d'être automatique. Nous devons prendre un cours désigné de praticiens en immigration…
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous deux de votre présence. Vous avez présenté un éloquent plaidoyer en faveur de la SCCI. Je vous remercie de nous avoir présenté votre point de vue.
Le fait est que nous sommes en train de faire des changements assez importants dans votre secteur. Il est clair, à l'examen du projet de loi, que ces changements ont pour objet de protéger les consommateurs et aussi de protéger les consultants légitimes ainsi que l'intégrité du système d'immigration.
D'une façon générale, ces changements bénéficient de l'appui de tous les partis représentés au Parlement, même si nous pouvons avoir des désaccords sur certains détails du projet de loi.
Je veux vous parler de la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui et qui constitue la raison pour laquelle vous comparaissez devant le comité. Je vais vous poser la même question. J'aimerais que Mme Adam réponde en premier.
Quelle est la différence entre vous, comme membre de la SCCI, et un consultant non autorisé?
Si j'ai bien compris, vous voulez savoir quelle est la différence entre une personne non autorisée et un consultant autorisé. Je crois que j'ai déjà donné une réponse partielle à cette question. La personne non autorisée profite des gens vulnérables qui doivent fuir leur pays ou qui veulent immigrer au Canada. Elle n'a pas les connaissances voulues parce qu'elle n'a pas fait les mêmes études que nous. Nous avons payé pour suivre des cours et nous présenter à des examens. Nous avons atteint un niveau de connaissance et de compétence qu'une telle personne ne peut pas avoir.
Quant à l'argent des clients, nos comptes bancaires sont réglementés. Les personnes non autorisées peuvent disparaître après avoir pris l'argent. C'est déjà arrivé comme l'ont rapporté les journaux et les médias. Étant consultants autorisés, nous sommes tenus de nous conformer à des normes strictes. Aucun d'entre nous n'aurait été consultant autorisé, monsieur Uppal, s'il n'avait pas prouvé à la SCCI qu'il connaissait le droit des réfugiés et de l'immigration.
Il y a toujours des plaintes… Nous avons un comité de discipline qui nous surveille. Cela est important dans tout organisme professionnel.
Les connaissances que nous avons acquises nous permettent de dispenser des services professionnels, ce dont je suis très fier parce que c'est grâce à la SCCI que j'ai pu devenir ce que je suis aujourd'hui.
Comme je l'ai dit, les avocats n'apprennent pas le droit de l'immigration en faisant leurs études. Je n'ai jamais eu de cours dans ce domaine à l'École de droit. J'ai tout appris en assistant à des séminaires et à des conférences, comme l'a dit Mme Adam.
Par conséquent, le projet de loi s'applique à une personne non autorisée puisqu'elle se rendra coupable d'une infraction si elle s'occupe de questions touchant le droit de l'immigration ou des réfugiés pour le compte d'autres personnes.
La seule chose que je voudrais ajouter, ce que j'aimerais bien que le projet de loi prévoie des sanctions assez sévères. Les personnes non autorisées qui s'occupent de questions touchant le droit de l'immigration et des réfugiés devraient se voir infliger de grosses amendes et peut-être même une peine d'emprisonnement à titre dissuasif parce qu'elles profitent de gens vulnérables de différents pays du monde qui veulent venir au Canada.