:
Merci, monsieur le président.
Je suis très content d'être ici, et de travailler avec tous mes collègues sur ce qui sera une loi pivot, qui s'insère dans un train de mesures plus large visant à rééquilibrer le système d'asile du Canada.
Ces réformes équilibrées feront en sorte que les vrais réfugiés soient mieux servis par le Canada beaucoup plus rapidement qu'actuellement, et que ceux qui sont ici pour abuser de la générosité du Canada seront renvoyés plus rapidement. Par ailleurs, ces réformes rehausseront l'équité de notre système et feront en sorte que nous puissions satisfaire, voire dépasser nos obligations légales nationales et internationales en matière d'asile.
Monsieur le président, dans le projet de loi, nous proposons également d'élargir nos programmes de réinstallation des réfugiés et d'accroître le nombre de réfugiés des Nations Unies et autres, qui, trop souvent, vivent dans des camps temporaires ou des bidonvilles et sont victimes de conflits et de nettoyage ethnique. Nous augmenterions cette catégorie de réfugiés de 20 p. 100, soit 2 500 personnes. Nous augmenterons également notre soutien au programme d'aide aux réfugiés de 20 p. 100, afin d'assurer la bonne intégration des réfugiés parrainés par le gouvernement. Il s'agit de la première augmentation de financement en 10 ans.
[Français]
La loi sur la réforme équilibrée du système d'octroi de l'asile porte essentiellement sur l'amélioration de notre système d'octroi de l'asile. La loi prévoit une nouvelle entrevue pour la collecte d'information qui serait menée par l'organisation indépendante qu'est la Commission de l'immigration et du statut de réfugié dans les 60 jours plutôt que dans les 19 mois, comme c'est le cas actuellement. Elle prévoit également la création de la Section d'appel des réfugiés, que les défenseurs des droits des réfugiés demandent depuis longtemps.
Ici, je dois souligner les efforts formidables et admirables de notre collègue M. St-Cyr. Je sais qu'il était déçu de l'échec de son projet de loi. Toutefois, il y a enfin une section d'appel, ce qui est même mieux que ce qui était prévu par la loi en 2002.
Cette nouvelle Section d'appel des réfugiés fournirait à la plupart des demandeurs une seconde chance, une possibilité de présenter de nouveaux éléments de preuve relativement à leur demande, et de le faire dans le cadre d'une audience, au besoin. Puis, il m'importe de mentionner que la loi permettra d'exécuter le renvoi des personnes qui feraient un usage abusif de notre système, et ce, dans un délai d'un an suivant une décision définitive défavorable de la CISR quant à leur demande.
La loi issue du projet de loi permettrait également de dresser une liste des pays d'origine sûrs. Par ailleurs, je reconnais que des préoccupations ont été émises en ce qui a trait à cette liste. C'est pourquoi mes remarques porteront aujourd'hui principalement sur cet enjeu.
La semaine dernière, à la Chambre, j'ai parlé du principal pays d'où viennent les demandes d'asile, ainsi que des 97 p. 100 de demandeurs qui ont retiré leur demande ou qui s'en sont désistés. Par ailleurs, il y a eu des augmentations aussi marquées du nombre de demandes d'autres pays au cours des 25 dernières années — je parle du Portugal, du Chili, du Costa Rica, de la Hongrie en 2002, de la Tchécoslovaquie en 1997. Chaque fois, le gouvernement — soit le nôtre ou le gouvernement libéral — a imposé les visas après les vagues de demandes d'asile des pays démocratiques, qui ont presque toutes été déboutées par la CISR.
[Traduction]
Un pays d'origine sûr serait un pays d'où émanent un grand nombre de demandes d'asile qui sont, pour la majeure partie, injustifiées. Il s'agit de deux critères sur lesquels serait fondé le processus d'examen permettant de déterminer s'il faut même envisager de faire figurer un pays sur la liste. Il n'y a rien d'arbitraire dans ce processus. Les pays figurant sur la liste seraient choisis selon une méthode équitable, objective et transparente, laquelle ferait l'objet de rapports présentés au Parlement. Les pays seraient placés sur la liste uniquement sous réserve d'une évaluation approfondie en fonction de critères objectifs.
Les pays figurant sur la liste seront ceux qui ont une réputation bien établie en matière de droits humains et ceux dans lesquels les habitants bénéficient d'une protection contre la persécution, conformément à la convention, fondée sur la race, la religion, la nationalité, l'opinion politique ou l'appartenance à un groupe social particulier et ne risquent pas la torture ou la mort. L'évaluation réalisée s'inspirera de rapports et d'analyses publiés provenant d'un vaste éventail de sources indépendantes, y compris d'organisations non gouvernementales en matière de droits humains.
Un groupe consultatif composé de représentants d'autres ministères serait formé, lequel serait chargé de formuler des conseils sur les désignations. Les membres du groupe solliciteraient des commentaires et des conseils auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Le groupe pourrait également présenter des propositions recommandant la suppression d'un pays de la liste, et ce, à tout moment.
La liste des pays serait brève et ne comprendrait vraisemblablement pas plus d'une poignée de pays en tout temps. Les statistiques indiquent que seulement ce petit nombre de pays est à l'origine d'un grand nombre de demandes qui sont, en majeure partie, irrecevables. Le comité consultatif indépendant appliquerait ensuite une évaluation qualitative des pratiques en matière de droits de la personne et de la protection des personnes de ces pays. Cela est très important, car beaucoup de fausses idées circulent à cet égard. Tous les demandeurs d'asile admissibles, y compris ceux qui proviennent de pays sûrs désignés, continueront d'avoir droit à une audience complète devant un décideur indépendant de la CISR, comme c'est le cas actuellement. De plus, ils continueront d'avoir accès au recours à la Cour fédérale. Bref, nous continuerions de respecter, voire de dépasser nos obligations légales internationales en ce qui concerne les demandes provenant de pays sûrs désignés.
Les demandeurs issus de tels pays pourraient toujours présenter une demande de contrôle judiciaire, comme je l'ai dit; cependant, ils n'auraient pas accès à la nouvelle SAR en raison, monsieur le président, de la poignée de pays démocratiques et respectueux des droits de la personne d'où proviennent un nombre considérable de demandes injustifiées. Des demandes qui ne sont pas déposées spontanément, mais très souvent de manière réfléchie. Nous avons besoin d'un outil pour accélérer le processus, comme c'est le cas dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest. Autrement, il faudrait adopter un outil beaucoup plus rudimentaire, à savoir l'imposition de visas, comme l'ont fait les gouvernements précédents. Comme je viens de le dire, la plupart de pays d'Europe de l'Ouest ont une liste de pays sûrs qui leur permet d'accélérer les demandes issues de ces pays. M. Guterres du Haut Commissariat des Nations Unies a dit ici même à Ottawa, et je cite, « Il existe effectivement des pays d'origine sûrs. Il existe effectivement des pays présumés producteurs de demandes d'asile qui ne sont pas aussi valables que celles provenant d'autres pays. »
Je devrais dire, en passant, que M. Guterres a été, pendant plusieurs années, premier ministre du Portugal, pays doté d'un système sûr et très robuste.
[Français]
Monsieur le président, je sais que mes collègues au Parlement ont exprimé des préoccupations au sujet de cet aspect de mes propositions. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui. Je souhaite obtenir les commentaires du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration à cet égard. Je tends la main à mes collègues et leur demande leurs commentaires dans le but de modifier le projet de loi et de répondre aux diverses préoccupations. Je suis disposé à discuter de bonne foi et de façon transparente.
[Traduction]
Chers collègues, la liste de pays d'origine sûrs est un outil important pour gérer l'augmentation considérable de demandes issues de pays qui, pourtant, respectent les normes internationales de droits de la personne et l'obligation de protéger ses citoyens. Le choix n'est pas d'avoir un processus de pays d'origine sûrs dans un système d'asile réformé ou rien du tout; le choix est plutôt d'avoir un outil pour traiter ces vagues de demandes injustifiées ou de n'avoir qu'un seul outil à savoir l'imposition d'un visa. Il faut s'en rappeler.
Je suis très heureux de voir que ces réformes ont été bien accueillies.
Dans un éditorial du Globe and Mail, on lit, et je cite:
Le Canada a un besoin criant d'une refonte du système de détermination des réfugiés, et il faut féliciter le gouvernement qui, en situation de minorité parlementaire, a élaboré des propositions ambitieuses qui sont justes et respectent les processus, tout en décourageant les gens qui profiteraient de ce pays.
Le Toronto Star appuie également ces réformes, affirmant que ce gouvernement « mérite d'être félicité pour avoir eu la volonté politique d'agir sur une question qui a été évitée » par le passé.
Le journal Gazette de Montréal écrivait pour sa part, « Le projet de loi C-11 est une tentative robuste et sensée de redémarrer un système qui était en panne » et qu'il s'agissait « d'une réforme qui s'était fait longtemps attendre ».
Des experts comme Peter Showler, ancien président de la CISR et président du Forum pour les politiques sur les réfugiés de l'Université d'Ottawa, a dit, « Il est encore plus difficile de concevoir un système de demande de réfugié qui est à la fois rapide et juste. Le gouvernement vient de le faire... ».
Mais ce qui compte le plus, c'est qu'une écrasante majorité de Canadiens appuient ces mesures. En effet, quatre Canadiens sur cinq estiment que, « Il faut faire davantage pour renvoyer rapidement du Canada les réfugiés dont les demandes sont injustifiées et rejetées ». Quatre-vingt-quatre pour cent des Canadiens estiment qu'il faudrait réformer le système de réfugiés canadien. Enfin, d'après un sondage de Decima Research, « 81 p. 100 des Canadiens estimaient que “toutes les demandes de réfugiés devraient être traitées beaucoup plus vite afin que les vrais réfugiés puissent s'établir au Canada plus vite et que les faux réfugiés puissent être renvoyés plus vite“. »
Monsieur le président, je voulais terminer en soulignant ce fait.
[Français]
Je dois dire que les modifications que je propose nous aideraient à maintenir la noble tradition humanitaire du Canada puisqu'elles permettraient de protéger les personnes persécutées tout en accélérant l'exécution des renvois des personnes qui n'ont pas besoin de la protection du Canada.
[Traduction]
En conclusion, monsieur le président, je voulais souligner que si ce projet de loi n'était pas adopté par le Parlement, nous raterions une occasion historique. Je pense que tous ceux qui travaillent dans le système de réfugiés, tous les observateurs, reconnaissent depuis longtemps qu'il y a de sérieux problèmes dans notre système d'asile. Il ne fonctionne pas assez bien pour les vraies victimes de persécution. Par contre, il fonctionne trop bien, si je puis dire, pour les faux demandeurs qui profitent du système pendant des années. Enfin, ça ne marche pas pour les contribuables.
Il faut absolument réformer le système, et si l'on veut mettre en place une section d'appel des réfugiés, et si l'on veut y allouer davantage de ressources et réinstaller davantage de personnes qui ont réellement besoin de notre aide partout au monde, grâce à une augmentation de 20 p. 100 de notre programme d'aide aux réfugiés, si l'on veut mieux protéger les vrais réfugiés, si l'on veut un outil qui peut nous éviter d'imposer des visas pour tous à l'avenir, des visas qui nuisent à nos relations diplomatiques et commerciales, si l'on veut tout ce qui précède, monsieur le président, alors il nous faut un train de mesures juste et équilibré qui peut être appuyé par tous ceux qui ont foi en la tradition humanitaire du Canada en tant que terre d'asile.
Je serais heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je partagerai mon temps avec l'honorable député de Bourassa.
Monsieur le ministre, comme vous le savez, nous entendrons de nombreux témoins au cours des prochains jours, et nous ferons de notre mieux pour entendre une aussi grande variété de groupes que possible et avoir leur avis sur la voie que doit suivre notre pays en ce qui concerne les changements que vous proposez.
Monsieur le ministre, à l'étape de la deuxième lecture je vous ai demandé si vous accepteriez d'adopter d'autres mesures pour améliorer la transparence et la responsabilité de votre processus de désignation de pays d'origine. Vous avez répondu que vous seriez ouvert à tout amendement raisonnable à l'étape du comité et qu'il manquait encore certains éléments qui rendraient la disposition sur les pays d'origine transparente et responsable.
D'abord, je voudrais proposer que vous ajoutiez le mot « sûr » dans le projet de loi. Par ailleurs, il faut encore davantage de détails sur les critères utilisés pour désigner un pays dit sûr. Il faut également un amendement pour tenir compte des pays signataires des instruments internationaux de droits de la personne et de leur bilan en la matière. L'amendement devrait également tenir compte de l'accessibilité dans les pays d'origine des mécanismes de protection et de recours.
Vous avez dit que la liste des pays d'origine sûrs ne devrait pas être exhaustive. Dans ce cas, vous devez y inclure les critères d'inclusion des pays à la liste. À cet égard, ces critères devraient être une combinaison du volume de demandes issues d'un pays et du taux d'acceptation de ces demandes par la CISR.
Je pense qu'il serait très utile dans les délibérations du comité sur la question des pays sûrs, si vous, monsieur le ministre, pouviez nous présenter une ébauche de règlement décrivant le processus de désignation en détail.
Bref, monsieur le ministre, accepteriez-vous ces facteurs d'amendement et apporteriez-vous une ébauche de règlement au comité?
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En fait, je pense qu'il s'agit là d'une question importante. C'est une question qui a été abordée dans presque toutes les allocutions de l'opposition à l'étape de la deuxième lecture, à juste titre.
Il est tout à fait ridicule que certaines personnes accusent le gouvernement... J'ai lu ces articles ridicules qui disent que le gouvernement a planifié une crise du système en accumulant cet arriéré considérable. Écoutez, les réformes sont nécessaires en grande partie parce que ces arriérés considérables constituent une réalité permanente du système d'asile depuis plus d'une décennie. En moyenne, depuis les 10 dernières années seulement, nous avons un arriéré de 40 000 demandes d'asile à la CISR. À un moment donné, sous le gouvernement libéral, l'arriéré était de 52 000 demandes.
Le gouvernement précédent a fait de bons efforts pour tenter de réduire cet arriéré en injectant des ressources à court terme dans la CISR et l'ASFC. Cela n'a donné aucun résultat. Cela fonctionnait à court terme pour réduire l'arriéré par exemple à 20 000, mais ensuite l'arriéré recommence tout simplement à s'accumuler.
C'est l'histoire de notre système actuel qui, franchement, ne fonctionne pas. Il est tellement lent et tellement fastidieux, que cela crée un cercle vicieux. Plus il est lent, plus cela encourage les faux réfugiés à entrer dans le système en cherchant à émigrer au Canada par la porte arrière en utilisant le système d'asile. L'arriéré ne fait ensuite que continuer à augmenter.
Or, d'aucuns ont dit que tout ce qu'il suffisait de faire c'était de maintenir le système actuel mais de dépenser davantage et d'accélérer les choses. Bill Clinton a dit un jour qu'une définition de la folie c'était de répéter la même chose sans cesse et de s'attendre à un résultat différent. Je pense que si nous investissons tout simplement davantage d'argent — et c'est ce que nous avons fait par le passé — sans tenter de mieux équilibrer l'architecture du système, et c'est ce que nous tentons de faire, n'aiderait nullement les contribuables canadiens, les réfugiés et le public dans la foi qu'il a à l'égard de notre système d'asile.
Lorsque notre gouvernement est arrivé au pouvoir, nous avons hérité d'un arriéré de 20 000 demandes. Ensuite, entre 2006 et 2008, le nombre de demandes a augmenté de 60 p. 100. Depuis notre arrivée au pouvoir, environ 20 000 demandes de plus ont été présentées par rapport à la capacité de la CISR, avec un budget et un personnel adéquats, de rendre des décisions, ce qui sur quatre ans représente 100 000 décisions, ou 25 000 par an.
Il est vrai qu'une partie de l'arriéré actuel — et je l'admets — est attribuable au fait que pendant une courte période, il y a eu des postes vacants à la CISR alors que le gouvernement s'apprêtait à adopter un nouveau processus de sélection préliminaire plus rigoureux. Je suis heureux de pouvoir dire que le processus fonctionne. Depuis que je suis ministre, j'ai procédé à 99 nominations ou reconductions. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des postes sont comblés à la SPR et à la CISR. Et nous sommes en train de prendre le dessus en ce qui concerne l'arriéré, en partie grâce à l'imposition de visas l'an dernier. Ça a été une décision difficile, mais nous avons maintenant finalement un surplus, si vous voulez, pour ce qui est du nombre de décisions qui sont prises par rapport au nombre de demandes présentées. Nous commençons à prendre le dessus, mais nous ne pourrons jamais vraiment prendre le dessus sans ces réformes.
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Monsieur le ministre, je pense que c'est en quelque sorte un « bill omnibus » que vous essayez de faire passer.
Pour ce qui est de changer la procédure, je suis tout à fait d'accord. D'ailleurs, on en a déjà discuté tous les deux. Pour ce qui est de s'assurer qu'on n'alourdisse pas le processus administratif, tout en conservant la possibilité de tenir une audience et d'éventuellement faire appel, je suis tout à fait d'accord, je vous l'ai dit au début. Par contre, à essayer de changer les choses à ce point, je sens que vous allez passer de ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme à ministre de l'Étiquette. En effet, ça sent l'étiquetage à plein nez.
Quand on veut gérer la mouvance des populations — si on peut parler ainsi, de façon pratique —, on est confronté à certaines réalités. Vous savez que tous les ministres de l'Immigration ont mis en avant des visas, ce qui est normal et correct. Cependant, jamais un ministre de l'Immigration ne va abdiquer son pouvoir de prendre des mesures exceptionnelles lors de situations exceptionnelles. Le concept de pays sûr ferait en sorte de créer deux systèmes: l'un destiné à ceux qui proviennent de pays sûrs et l'autre à ceux qui proviennent de pays qui ne le sont pas. Cela minerait notre système canadien qui reconnaît — et c'est ce qui le distingue des autres — que chaque cas est spécifique et unique.
Vous avez présentement un pouvoir réglementaire qui vous permet de gérer efficacement les abus. Si c'est un projet de loi qui améliorerait le processus, je vous appuie. Je pense que ce serait une bonne chose. Effectivement, il faut éviter le plus d'avocasseries possible, tout en donnant la possibilité aux gens de se défendre de façon convenable. J'ai totalement confiance en la fonction publique qui vous appuie. Il faut avoir du personnel douanier adéquatement formé, qui serait en mesure de prendre des décisions, à partir de critères spécifiques, relativement à des demandes d'asile, comme si on lui avait délégué le pouvoir du ministre, et tant mieux si ces demandeurs d'asiles, selon le bien-fondé de la situation, peuvent faire appel à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Pour faire écho à la question de mon collègue M. St-Cyr, je ne comprends pas qu'on se retrouve face à un projet de loi qui enlève des pouvoirs au ministre, selon que l'individu en question provienne d'un pays sûr ou d'un pays moins sûr ou pas sûr. On pourrait faire les choses différemment si on conservait ce pouvoir de faire exception advenant une situation exceptionnelle, lequel pouvoir a toujours été propre à tous les ministres de l'Immigration. Notre rôle est d'atteindre un équilibre entre le système établi et le pouvoir imputable au ministre de prendre une décision par rapport à une situation extraordinaire. Si on ne fait pas cela, on mine toute la force de notre système d'immigration qui a été développée au cours des décennies passées.
Vous dites être prêt à apporter des amendements. N'aurait-il pas été préférable que vous vous réserviez ce pouvoir d'exception lorsqu'il est question de pays sûr, plutôt que de vous dégager de ces responsabilités, comme j'en ai l'impression? Je crains que vous ne décidiez de ne pas faire appel à la Cour fédérale lors de situations exceptionnelles impliquant un pays sûr et que vous ne soumettiez le cas au processus normalement prévu, malgré cette capacité de faire appel à la Cour fédérale, comme tout le monde.
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Merci pour la question, monsieur le président.
Je pense que le ministre avait raison de dire que les réformes proposées s'intègrent dans un train de mesures très équilibré qui fait en sorte que, comme M. Bevilacqua vient de le dire, nous ne créons pas de congestionnements dans le système, comme ça a été le cas au cours des dernières années. Assurer la bonne prise de décisions, en temps opportun, dès le départ, est essentiel si l'on veut s'assurer que les gens qui méritent la protection du Canada puissent présenter une demande en temps opportun, sans retard inutile.
Comme les membres du comité le savent probablement, il faut attendre environ 19 mois pour se faire entendre par la CISR. Grâce aux réformes proposées, ces audiences auront lieu dans les 60 jours suivant l'entrevue de triage, qui elle aura lieu dans les huit jours suivant l'arrivée au Canada. Nous estimons que ce délai est suffisant pour que les demandeurs puissent préparer l'information demandée par la CISR à l'entrevue de première instance. Ce délai est actuellement de 30 jours, alors qu'on ne leur demande que de remplir une formule. Par ailleurs, le délai suivant, de 60 jours, devrait être assez long pour permettre au demandeur de se faire conseiller par des avocats au besoin, et de recueillir des documents supplémentaires afin de les présenter à l'audience préliminaire relative à la détermination du statut de réfugié.
Ce système plus cohérent de collecte de l'information dès le départ permettra aux décideurs de disposer, à la première audience relative à la détermination du statut de réfugié, d'une meilleure information pour prendre des décisions plus rapidement et accélérer le traitement des demandes.
Comme le ministre l'a également mentionné, grâce à l'introduction de cette approche rationalisée, nous avons maintenant la marge de manoeuvre nécessaire pour créer une nouvelle section d'appel des réfugiés qui, dans les quatre mois suivant une décision négative de la SPR, pourra entendre des arguments sur le bien-fondé de la première décision. Elle permettra également l'introduction de nouvelles preuves, ce qui n'avait pas été le cas jusqu'ici. Une décision négative de la SPR ouvrira la voie à un appel à la Cour fédérale.
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Merci d'avoir posé la question.
Ce que l'on propose, c'est un projet pilote s'étalant sur quatre ans et qui vise à encourager davantage de départs volontaires. Essentiellement dans le cadre de ce programme, on fournit des services de counselling aux demandeurs tout au cours du processus de détermination du statut de réfugié en ce qui a trait aux droits et aux obligations des demandeurs déboutés. Par exemple, bien des gens ne se rendent tout simplement pas compte que s'ils sont renvoyés du Canada, c'est-à-dire s'ils sont expulsés, ils ne pourront plus jamais revenir...
Le projet pilote serait offert en partenariat avec un fournisseur de service indépendant. Le projet pilote serait mis en place dans la région du grand Toronto et se déroulerait en deux phases. La première phase serait pour les demandeurs déboutés qui sont renvoyés au Mexique, aux Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Ce serait donc essentiellement pour les deux premières années du projet. La deuxième phase — encore une fois à Toronto — s'adresserait aux demandeurs déboutés qui sont renvoyés dans toutes les autres régions du monde.
En plus des services de counselling, le projet pilote comporterait un certain nombre d'autres caractéristiques. Par exemple, il permettrait de fournir aux demandeurs d'asile déboutés un billet d'avion pour rentrer chez eux. Les fournisseurs de services qui s'occuperaient de faciliter la réintégration dans le pays d'origine pourraient recevoir jusqu'à 2 000 $ dans le cadre de ce programme. Les services qu'on envisage d'offrir sont une aide à l'éducation, une aide à l'emploi et ce genre de choses. Je voudrais souligner que les fonds seraient versés aux fournisseurs de service indépendants qui devraient les administrer; ces fonds ne seraient pas fournis directement aux demandeurs d'asile déboutés. Les critères d'admissibilité à ce programme seraient stricts. Plus particulièrement, les bénéficiaires du programme ne doivent avoir commis aucun crime, se conformer entièrement aux exigences selon lesquelles ils doivent se présenter régulièrement à l'Agence des services frontaliers du Canada, obtenir les documents de voyage et il y aurait aussi une interdiction temporaire d'interdiction de revenir au Canada.
Ce sont donc là les caractéristiques du programme. Comme mon collègue l'a mentionné, d'autres pays ont des programmes qui existent depuis déjà longtemps, en particulier, les pays européens. Le Royaume-Uni a un programme semblable depuis une dizaine d'années. L'Australie a fait des essais nationaux récemment et a mis en place un programme national en 2009.
Les avantages que nous prévoyions tirer d'un tel programme sont notamment: un plus grand nombre de renvois dans un délai d'un an résultant des incitatifs à se conformer; des économies de coût, notamment d'importantes économies en ce qui concerne les activités d'exécution de la loi; moins de détention; moins d'enquêtes complexes; et moins de renvois avec escorte. Il y aurait moins de risque que les demandeurs déboutés ne se présentent pas pour le renvoi, étant donné qu'ils recevraient de l'aide à l'éducation et du counselling, comme on l'a constaté dans d'autres pays qui ont en place un tel programme. La dernière caractéristique est peut-être la caractéristique la plus importante de ce programme c'est qu'il faciliterait l'acquisition de documents de voyage pour les demandeurs déboutés. Ces derniers devraient coopérer avec l'ASFC pour obtenir des documents de voyage ce qui par le passé constituait l'un des principaux obstacles au renvoi.
Ce sont donc là les grandes lignes du programme d'aide au renvoi volontaire que nous proposons.