Merci monsieur le président, et je remercie le comité de m'avoir invitée de nouveau à prendre la parole.
Je suis accompagnée de Dawn Edlund, sous-ministre adjointe déléguée intérimaire aux Opérations, et de Heidi Smith, directrice de la Division des politiques et des programmes à l'intention des résidents permanents, à Citoyenneté et Immigration Canada.
Je sais que vous souhaitez nous entendre au sujet des progrès réalisés dans le traitement des demandes de regroupement familial et d'investisseurs, aussi mes remarques vont-elles porter principalement sur ces thèmes.
Comme les membres du comité le savent sans doute, le plan des niveaux d'immigration du gouvernement décrit le nombre d'immigrants que nous prévoyons admettre en 2010 dans les catégories de l'immigration économique, du regroupement familial et de l'aide humanitaire. Le Canada prévoit maintenir ses niveaux d'immigration et accueillir de 240 000 à 265 000 nouveaux résidents permanents en 2010.
La légère hausse de l'immigration économique — maintenant à 64 p. 100 comparativement à 60 p. 100 en 2009 — vise à soutenir l'économie canadienne qui se remet de la récession. Elle nous permettra également de réduire encore l'arriéré de demandes dans la catégorie des travailleurs qualifiés sélectionnés par le gouvernement fédéral. Il est bien connu que toute croissance du marché du travail proviendra bientôt de l'immigration, aussi nos plans en ce qui concerne les admissions dans la catégorie du regroupement familial ont-ils été rajustés en conséquence. Même si le nombre inférieur d'admissions au titre du regroupement familial reflète un recul dans le nombre de demandes présentées dans la catégorie des conjoints et des personnes à charge, il reste que le regroupement familial, incluant parents et grands-parents, continue d'être un élément important du plan sur les niveaux d'immigration.
CIC a adopté des mesures plus souples visant à faire en sorte que les parents et les grands-parents qui souhaitent rendre visite à leur famille au Canada en attendant le règlement de leur demande d'immigration puissent présenter une demande de visa pour entrées multiples. Cette plus grande souplesse leur permettra de venir plusieurs fois au Canada pendant la période de validité de leur visa. Les époux et partenaires constituent environ 90 p. 100 des demandes dans la catégorie du regroupement familial, et ces dossiers continuent d'être traités avec diligence dès qu'ils se présentent.
[Français]
Étant donné que nous disposons de ressources limitées à répartir dans l'ensemble de notre réseau de bureaux des visas partout dans le monde, nous faisons en sorte que ces ressources se retrouvent à des endroits stratégiques afin de maximiser les services offerts à tous les demandeurs à partir de l'étranger.
J'ai le plaisir de vous informer que de 2004 à 2009, nous avons enregistré une amélioration des délais de traitement dans 80 p. 100 des cas prioritaires de regroupement familial, incluant les époux, conjoints de fait et partenaires ainsi que les enfants. Par exemple, les délais de traitement ont diminué dans les régions suivantes: Abidjan, de 28 mois à 10 mois; Accra, de 31 mois à 21 mois; Damas, de 14 mois à 7 mois; Tel-Aviv, de 11 mois à 9 mois et Manille, de 12 mois à 9 mois.
Comme je vous l'ai mentionné en octobre dernier, le taux élevé de fraude, les désordres civils et l'instabilité politique dans certaines régions du monde ont contribué à allonger le processus des demandes et les délais de traitement à l'échelle mondiale pour les candidats au regroupement familial.
[Traduction]
L'allongement des délais de traitement s'est concentré en grande partie dans quelques bureaux, notamment Colombo, Hong Kong, Nairobi, et Islamabad. Ces délais plus longs sont attribuables à un certain nombre de facteurs, notamment la nécessité de mettre en priorité et de régler les dossiers les plus anciens et les plus complexes, d'extirper les demandes frauduleuses et les relations de complaisance, et de déceler les demandeurs interdits de territoire pour cause de sécurité ou de criminalité.
Les délais de traitement ont augmenté depuis quelques années au bureau des visas de Nairobi à cause de plusieurs facteurs, dont la difficulté de servir 18 pays. Souvent, le manque de fiabilité des moyens de communication, la complexité des arrangements requis en vue de se déplacer dans la vaste zone géographique gérée par le bureau et d'autres questions liées à la sécurité dans la région rendent problématique l'organisation d'entrevues avec les demandeurs. Pour améliorer le traitement, CIC a décidé d'ajouter des ressources dans des missions comme celle de Nairobi.
Maintenant, pour ce qui est des immigrants investisseurs en 2007, nous avons fait passer le traitement de 1 000 à 2 000 cas par année. En 2008, les immigrants ont investi plus de 550 millions de dollars au Canada. Les délais de traitement dans cette catégorie, tant à l'échelon fédéral qu'au Québec, se sont améliorés de manière générale au cours des cinq dernières années, et sont passés d'une moyenne de 43 mois en 2004 à 32 mois en 2009. De 2004 à 2009, les délais de traitement pour 80 p. 100 des demandes d'investisseurs sélectionnés par le gouvernement fédéral et le Québec ont diminué comme suit: à Damas, de 45 mois à 34 mois; Beijing, de 47 mois à 30 mois; Londres, de 30 mois à 25 mois; Buffalo, de 34 mois à 26 mois.
[Français]
Le défi à affronter maintenant dans certaines missions tient au fait que les demandes issues d'immigrants investisseurs dans le volet du gouvernement fédéral ont plus que doublé en 2008 et en 2009. À Hong Kong, par exemple, le nombre de dossiers a fait un bond de 3 459 en 2004 à 11 244 en 2008.
Nous avons réagi à ces augmentations en transférant certains dossiers dans des bureaux où il y a davantage de ressources et d'espace pour traiter de grands volumes de demandes.
À la lumière d'une expérience antérieure au cours de laquelle nous avons transféré des dossiers de travailleurs qualifiés de Delhi à Varsovie en vue d'assurer le traitement, nous avons aussi commencé à inclure les demandes en provenance de Damas.
Au cours des six premiers mois de l'année 2010, nous envisageons de transférer un nombre limité de dossiers de Damas à Londres afin de réduire les délais de traitement en misant sur la capacité et l'expertise du bureau de Londres. Cette expérience contribuera à éclairer CIC sur les solutions à long terme pour le traitement de ce mouvement complexe, mais important.
Au cours des 15 dernières années, CIC a mis en avant un éventail de politiques, de programmes, de services et d'initiatives opérationnelles visant à transformer notre façon de faire.
Cet éventail comprend notamment une nouvelle Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la création de centres de traitement des demandes, la consolidation des télécentres régionaux et le réalignement du réseau de services international de CIC. Comme je l'ai déjà mentionné, nous avons aussi expérimenté avec le transfert de dossiers d'un endroit à l'autre pour équilibrer la charge de travail ou accéder à une expertise spécialisée.
[Traduction]
À compter de cet été, nous prévoyons éliminer progressivement le Système de traitement informatisé des dossiers d'immigration ou le STIDI, largement désuet, ainsi que le Système médical de l'immigration, ou SMI, qui sont actuellement en usage dans chacune de nos missions — et les remplacer par le Système mondial de gestion des cas, soit le SMGC.
Introduit en 2004, le SMGC est utilisé aujourd'hui pour traiter chaque année plus de 200 000 demandes de citoyenneté canadienne et de preuves de citoyenneté. À l'étranger, l'essai du système au complet devrait être achevé d'ici le 6 avril de cette année. Le deuxième volet du SMGC sera installé dans les bureaux des visas à l'étranger, un bureau à la fois, à compter de la fin juin, à commencer par Port of Spain.
À mesure que d'autres bureaux des visas utiliseront les services en ligne, les utilisateurs de CIC tant au Canada qu'à l'étranger auront plus facilement accès à des renseignements plus complets sur les demandeurs, et ce, à partir d'un seul endroit. Nous prévoyons la mise en oeuvre complète à l'échelle internationale de l'ensemble du système d'ici mars 2011.
Lorsque le SMGC sera en place, nous disposerons d'une plus grande souplesse pour répartir nos ressources et la charge de travail entre les bureaux à l'étranger et pour communiquer les renseignements plus facilement à nos partenaires et aux organismes de sécurité. Si une catastrophe de l'ampleur du séisme survenu en Haïti devait frapper de nouveau un bureau de CIC, le SMGC nous permettrait rapidement de désigner des agents d'autres bureaux qui pourraient travailler sur les dossiers électroniques et continuer activement le traitement.
De plus, avec le SMGC, nous serons mieux outillés pour détecter et empêcher la fraude. De fait, il nous a été déjà utile en nous aidant à repérer les cas de fraudes en matière de résidence et de lieux de travail.
À titre d'élément fondamental du programme d'innovation des services à CIC, le SMGC jette les bases de futures améliorations à ce chapitre.
De plus, monsieur le président, comme je vous l'avais déjà mentionné l'automne dernier, depuis février 2009, les étudiants qui utilisent les services électroniques ont pu obtenir une prolongation de leurs permis d'études en ligne. En tablant sur le succès et la popularité de ces services électroniques, notre « série de services en ligne », comme nous l'appelons, rejoint désormais en plus des étudiants, davantage de résidents temporaires se trouvant déjà au Canada comme les travailleurs et les visiteurs, et leur permet de présenter eux-mêmes directement une demande de permis de travail ou de prolongation de la durée de leur séjour au Canada. Plus tard cette année, CIC commencera aussi à faire l'essai des services en ligne pour les demandeurs étudiants à partir de certaines missions à l'étranger.
Enfin, monsieur le président, l'utilisation de la biométrie améliorera la qualité de nos décisions en matière d'immigration et marque une autre étape importante dans nos efforts visant à réduire le nombre d'usurpations de l'identité et à améliorer la sécurité des Canadiens.
[Français]
Monsieur le président, il faut du temps pour traiter les demandes, notamment pour réaliser les vérifications de sécurité et les examens médicaux appropriés. Il faut également tenir compte du plan relatif aux niveaux d'immigration qui est présenté chaque année au Parlement.
Nous allons en avant avec un programme d'immigration modernisé et adapté aux besoins qui nous permet d'aider le gouvernement à s'acquitter de ses engagements consistant à soutenir l'économie canadienne, à réunir les familles et à protéger les réfugiés.
Je vous remercie. Je me ferai un plaisir, avec mes collègues, de répondre aux questions des membres du comité.
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Un des principaux problèmes, c'est le type de clientèle qui se trouve à cet endroit. S'il y a beaucoup de fraudes, si on ne peut pas se fier aux documents, eh bien il faut procéder aux entrevues, et les entrevues nécessitent beaucoup plus de temps que l'examen d'un dossier avant de pouvoir le traiter plus à fond.
Cela peut également dépendre de problèmes de santé. Dans bien des endroits, il y a des cas de tuberculose. On ne peut pas entrer au Canada avec une tuberculose active, il faut être traité. Si vous êtes soigné, vous pouvez venir au Canada à condition de montrer que votre maladie est en phase latente. C'est durant cette période, quand on gère un tel dossier, que le requérant doit se faire soigner.
On peut aussi avoir des problèmes d'accès aux clients: on se déplace pour les rencontrer, mais ils ne se présentent pas à l'entrevue, et on ne se rend dans cette région ou bien dans ce pays qu'une fois tous les six mois, parce qu'on attend d'avoir suffisamment de dossiers afin d'être rentable et de bien utiliser les deniers publics.
Il y a aussi le problème de la correspondance. Un autre problème, c'est la façon dont ils décrivent leur famille en incluant beaucoup d'enfants qui ne sont pas forcément les leurs. Nous comprenons qu'il s'agit d'une question culturelle, mais cela, est-ce que ça correspond à notre définition de la catégorie du regroupement familial?
Voilà bien des problèmes. Il y a également beaucoup de visiteurs en été, et quand nous leur accordons la priorité, alors, les dossiers d'immigration doivent être mis en attente.
Il y a aussi des problèmes d'infrastructure en ce qui concerne les missions. Il se peut que nous ne soyons pas en mesure d'ajouter du personnel, même s'il y a eu une importante augmentation des demandes. À un moment donné, à Islamabad, nous n'étions pas en mesure de quitter l'enceinte. Il y a toutes sortes de raisons, comme la guerre civile au Sri Lanka ou le tsunami. Je dirais que c'est le genre de choses qui font en sorte que les dossiers sont en dehors des normes et plus difficiles à traiter.
On reçoit également un certain nombre de demandes de la part des députés qui veulent savoir où en est rendu un certain dossier, alors à ce moment là on concentre nos efforts à répondre à ces questions. Il y a également des problèmes d'intégrité du programme, où certains membres du personnel qui ne prennent pas de décisions doivent s'assurer qu'il n'y a aucune faute d'exécution.
Le cumul de toutes ces raisons font en sorte, je pense, que les dossiers prennent plus de temps à traiter dans certains endroits que dans d'autres.
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Dans ma précédente intervention, je parlais de l'équilibre entre les quotas, les délais et les critères de sélection. J'avais été interrompu, j'avais manqué de temps, mais entre-temps, M. Young a fait un parallèle avec le domaine de la santé. Cela me permet peut-être de préciser un peu ma pensée, parce que, à mon sens, il y a une différence.
Dans le domaine de la santé, le quota, le nombre de personnes à traiter est un facteur naturel. On a un certain nombre de personnes qui sont malades, et ensuite on alloue des ressources. En fonction de l'allocation ou de la non-allocation des ressources, on se retrouve aux prises avec un délai d'attente. Or il me semble qu'en matière d'immigration, on n'est pas dans la même situation. On a un quota qui est fixé de façon artificielle, qui est défini. Pour en arriver à ce quota, pour avoir un nombre de traitements qui correspond à notre quota, on doit avoir un certain délai et on alloue donc les ressources en fonction de cela.
Voici où je veux en venir. Le comité doit prendre conscience qu'il y a des choix politiques à faire. Ce n'est pas vous qui les faites. Ce seront le ministre et le Parlement. Toutefois, inévitablement, on a quelque chose à trois piliers. Si on garde le quota fixe et qu'on abaisse les délais de traitement, il faudra relever les critères de sélection et vice-versa. Si on garde les mêmes critères de sélection et qu'on abaisse les délais de traitement, il faudra augmenter le quota, et ainsi de suite.
Or, si on devait abaisser de façon importante les délais de traitement, ce qui est un objectif qu'on doit atteindre, cela pourrait-il avoir un impact même sur le nombre de demandes soumises? Je voudrais avoir votre réponse à ce propos. Car il y a en effet des gens qui veulent aller à différents endroits dans le monde — par exemple les émigrants investisseurs —, et le temps qu'ils doivent attendre pour avoir une réponse peut avoir, à mon sens, une incidence sur le choix du Canada par rapport à un autre pays.
Croyez-vous aussi que c'est un critère qui aura un effet sur le choix d'une personne de faire une demande ou pas? Donc, si on réduit de façon importante les délais d'attente, cela pourrait-il entraîner une hausse des demandes?