:
Nous nous appuyons sur la copie du mémoire que vous avez reçue. On n'en donnera que les extraits principaux.
Merci de nous recevoir, ce soir. Je rappelle simplement que le Centre justice et foi est un centre d'analyse sociale qui est de la Compagnie de Jésus, davantage connue comme la communauté religieuse des Jésuites. Le centre a pour objectif principal de participer à la construction d'une société fondée sur la justice faisant la promotion d'une citoyenneté active pour tous et particulièrement pour une société accueillante pour les nouveaux arrivants.
Depuis 1985, par le travail du secteur Vivre ensemble dont est responsable Louise Dionne, nous travaillons sur des questions liées à l'immigration, la protection des réfugiés, l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants.
Avant d'entrer dans quelques détails du projet de loi qu'abordera ma collègue, je voudrais simplement rappeler quelques éléments généraux du contexte dans lequel se situe ce projet de loi. Je veux d'abord rappeler que depuis quelques décennies, on voit la conscience et le respect des droits et de la démocratie augmenter de façon significative, ce qui rend de plus en plus intolérable les situations de par le monde où ces conditions n'existent pas.
Nous voyons ainsi des formes de persécution prises en compte par la Convention de Genève touchées davantage de personnes, de groupes et de régions du monde et de plus en plus de personnes sont forcées de demander le refuge. Cette situation ne va pas changer dans les années à venir. Quelles que soient les mesures de restriction, de contrôle ou de refus des personnes à protéger, celles-ci vont trouver d'autres façons de venir. Il nous faut absolument avoir un projet de loi, une réforme, une loi d'immigration et surtout une protection des réfugiés qui soit à la hauteur des défis qui sont les nôtres.
Je tiens à souligner que cette tendance qu'on observe dans le projet de loi est une répétition de plusieurs éléments, de plusieurs réalités qu'on observe dans d'autres pays nord-américain et européen, du moins de l'hémisphère nord. Ces pays, bien avant nous, ont mis en place un certain nombre de mesures comme la politique de visa, l'accélération de l'examen des demandes d'asile, la sanction à l'encontre des transporteurs et bien d'autres mesures.
Maintenant qu'on introduit ces mesures, particulièrement celle de l'accélération des demandes d'asile qui est surtout touchée par ce projet de loi, il me semble qu'il faut se poser la question de l'expérience qui s'est faite dans d'autres pays. On est en mesure déjà de voir que les mesures qui sont couvertes par le projet de loi ne sont pas efficaces, que la migration irrégulière augmente, elle n'est pas diminuée par ces mesures. On est surtout en mesure de constater qu'elles se sont avérées particulièrement négatives du point de vue des droits humains. Cet alignement du Canada sur ces modèles qui n'ont pas prouvé leur efficacité est fortement inquiétante et questionnable.
Pour les quelques minutes qui restent, je laisse ma collègue présenter les éléments plus spécifiques du projet de loi.
Nous avons retenu six recommandations qui tournent autour de quatre points préoccupants dans le projet de loi. Nos préoccupations portent sur les points qui touchent: l'inégalité de traitement selon l'origine, l'accès à des procédures justes et équitables tenant compte des difficultés rencontrées par les demandeurs d'asile et l'accès aux demandes pour considérations humanitaires.
Le projet de loi prévoit la création d'une liste de « pays d'origine sûrs ». Les ressortissants de ces pays seront privés du droit d'appel de la décision négative de la Section de la protection des réfugiés.
La mise en oeuvre de cette politique s'avère particulièrement problématique, la notion de « pays d'origine sûr » instaure un traitement différencié de la demande d'asile selon la provenance géographique des demandeurs. Cela contrevient à l'article 3 de la Convention de Genève, qui enjoint aux États de ne faire aucune discrimination fondée sur la race, la religion ou le pays d'origine.
D'ailleurs, les tribunaux britanniques ont, à plusieurs reprises, condamné les décisions de l'administration britannique qui avait adopté le même genre de processus en raison des atteintes au principe de non-refoulement, au droit à la vie familiale ou privée. Ils ont de plus affirmé que le ministre de l'Intérieur ne saurait se baser sur le seul fait que l'État tiers a signé la Convention de Genève pour conclure à sa sûreté: il doit s'assurer que cet État agit de bonne foi pour remplir ses obligations internationales.
Je vais couper court, parce que le temps passe. Ma première recommandation est que l'article 109.1 proposé du projet de loi relatif à la désignation de pays d'origine soit retiré du projet de loi.
Il y a un autre point. Le projet de loi confie la première entrevue à des fonctionnaires. En vertu du paragraphe 169.1(2) proposé du projet de loi, les commissaires de la Section de la protection des réfugiés sont nommés conformément à la Loi sur l'emploi dans la fonction publique. Il s'agit encore d'un amendement inspiré du modèle britannique où les agents d'immigration sont chargés de la première entrevue, une étape cruciale pendant laquelle les demandes sont filtrées. Ces agents de l'administration ne remplissent pas les conditions d'indépendance et d'impartialité, ce qui est préoccupant étant donné les objectifs politiques du gouvernement. Au Royaume-Uni, plusieurs observateurs ont exprimé leur inquiétude concernant les qualifications, la formation ou le pouvoir étendu de ces agents.
C'est pourquoi nous recommandons de remplacer le paragraphe 169.1(2) proposé du projet de loi par un alinéa qui précisera que les commissaires de la Section de la protection des réfugiés sont nommés par le président de la CISR parmi les candidats hautement qualifiés, sur la base des recommandations d'un comité de sélection et conformément aux critères établis par la loi. Nous recommandons de préciser aussi que les commissaires peuvent être des fonctionnaires du gouvernement.
:
Merci, monsieur le président, membres du comité, mesdames et messieurs. Nous avons un mémoire qui est en chemin et je lirai des extraits de ce mémoire.
L'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration se réjouit de l'occasion qui lui est donnée de comparaître devant votre comité. Nous aimerions vous faire part de différents points de vue et faire des suggestions concrètes. Notre mémoire se fonde sur des entrevues récentes avec des demandeurs d'asile, à la fois des demandeurs actuels et des demandeurs qui ont obtenu l'asile. Le système actuel de détermination du statut de réfugié a besoin d'être amélioré, et le projet de loi contient des correctifs qui touchent à la fois le processus administratif et le programme. Il mérite des éloges pour ces nouvelles idées.
J'aimerais parler de ces nouvelles idées et de trois éléments clés en particulier. Tout d'abord, quels facteurs poussent une personne à décider de demander l'asile au Canada? Deuxièmement, comment le nouveau processus peut être amélioré afin de mieux protéger ceux qui ont besoin d'un asile? Troisièmement, quels éléments doivent être maintenus en vue d'améliorer l'intégrité du programme?
Tout d'abord, de nombreux demandeurs apprennent qu'ils peuvent demander l'asile par leurs amis et leurs parents qui sont déjà ici ou par des membres de leurs communautés qui se trouvent à l'extérieur de leur pays d'origine, habituellement, aux États-Unis. Par exemple, il y a une station radiophonique créole en Floride qui donne un numéro de téléphone 800 à l'intention des éventuels demandeurs d'asile pour obtenir des conseils.
Deuxièmement, bon nombre de demandeurs arrivent à la frontière parce qu'ils croient ce que leur ont raconté des facilitateurs sans scrupules. Par exemple, nous avons inclus dans notre mémoire des exemplaires d'annonces qui ont été placées au Mexique par un agent fantôme qui travaille à partir de Montréal et qui offre de dire aux demandeurs, pour 150 $, ce qu'il faut faire exactement pour demander l'asile au Canada afin de pouvoir y travailler pendant plusieurs années.
Troisièmement, certains réfugiés paient des trafiquants pour obtenir de faux documents et une aide au transport afin d'échapper à la détection légale de leur déplacement avant d'arriver à la frontière du Canada. Nous avons entendu parler d'un conseiller en immigration qui vend des cartes à des Colombiens qui se trouvent aux États-Unis, pour leur indiquer le meilleur itinéraire pour éviter les inspections à la frontière.
Quoi qu'il en soit, peu importe la façon dont les demandeurs d'asile choisissent de venir au Canada, ils ont tous un point commun: on leur donne rarement une description complète du processus de détermination du statut de réfugié au Canada ou des autres possibilités d'entrée légale au Canada. Ils prennent des décisions risquées qui peuvent parfois changer toute leur vie en se fondant sur des renseignements incomplets sinon tout à fait faux.
L'initiative du gouvernement visant à offrir aux demandeurs déboutés une aide au rétablissement à l'étranger est une bonne initiative. C'est un exemple d'une nouvelle idée, mais nous croyons que cette mesure pourrait être améliorée. Selon l'expérience de nos membres, bon nombre de ceux qui demandent le statut de réfugié ne le feraient pas si on leur expliquait vraiment en quoi consiste le processus ou s'ils savaient qu'ils pourraient se qualifier pour travailler et vivre au Canada en utilisant un autre programme d'immigration.
Pour aider les demandeurs d'asile à faire un choix éclairé, nous recommandons de leur donner l'occasion de se faire expliquer toutes leurs options très tôt au cours du processus. Nous estimons que le mécanisme d'entrevue après huit jours devrait être changé à 30 jours afin de permettre aux demandeurs, après qu'ils sont passés à un point d'entrée ou après qu'ils ont indiqué une fois au Canada qu'ils voulaient faire une demande, de consulter une tierce partie autorisée qui pourrait les aider à comprendre les autres options d'immigration, notamment celles qui consistent à présenter une demande à l'extérieur du Canada dans une autre catégorie, et qui les aideraient à pleinement comprendre la qualité de leurs demandes d'asile.
En ce qui concerne les intermédiaires sans scrupules, le comité avait recommandé il y a deux ans des changements à la réglementation qui auraient éliminé certaines échappatoires qui permettent à ces soi-disant facilitateurs d'exercer leurs activités. Le comité a par ailleurs recommandé que l'organisme responsable de la réglementation des conseillers en immigration soit démantelé, reconstitué et qu'on lui donne davantage de pouvoir pour poursuivre ceux qui corrompent le système, notamment ces véritables parasites qui incitent les gens à prendre d'énormes risques en venant au Canada, souvent illégalement, et à présenter de fausses demandes d'asile. Le comité a présenté à nouveau ces recommandations l'an dernier.
Nous avons entendu dire que le gouvernement a finalement décidé de mettre en oeuvre les recommandations du comité et nous appuyons cette initiative sans réserve. Cela aiderait à réduire le nombre de demandes provenant de faux réfugiés. Nous aimerions cependant vous souligner que ce problème ne se limite pas aux conseillers en immigration, réglementés ou non. En fait, nous croyons que les avocats présentent beaucoup plus de demandes d'asile que les conseillers en immigration.
En ce qui concerne les fausses demandes d'asile, dans certains cas les demandeurs coopèrent de plein gré avec des agents douteux, et paient pour obtenir de faux documents et faire préparer des demandes non fondées. La meilleure façon de les dissuader de faire cela serait d'abord un processus rapide et efficace pour les renvoyer dans leur pays d'origine avant qu'ils aient eu la chance de récupérer leurs dépenses. Cela enverrait donc un message à cette collectivité leur disant que toute somme dépensée serait perdue et ils passeraient alors à quelque chose de plus facile.
Il existe déjà des mécanismes pour poursuivre en justice ceux qui décident d'enfreindre la loi au Canada. Cependant, en matière d'immigration, souvent les membres du grand public ne savent pas exactement à qui s'adresser. À la GRC, à la police locale ou à l'ASFC? Ce qu'il faut, c'est une seule ligne d'urgence qui permettrait aux gens de signaler en tout anonymat des cas de fraude d'immigration ou toute activité criminelle connexe.
Bon nombre de nos membres disent avoir reçu de tels appels de personnes provenant de pays où la primauté du droit est compromise ou même inexistante. Il est rassurant de constater qu'ils ont déjà appris la valeur de la justice participative au Canada, mais ce qui est encore plus décevant, c'est de voir que les renseignements donnés servent à peu de choses ou à rien du tout.
En ce qui concerne le pays d'origine sûr, la désignation de certains pays comme étant sûrs peut réduire le nombre de fausses demandes. Cependant, ce que nous proposons, c'est que l'on incorpore dans le concept le fait que dans n'importe quel pays, des populations risquent la persécution, peu importe le degré de liberté ou de démocratie du pays. Cette liste de population à risque devrait être élaborée avec les intervenants et mise à jour fréquemment.
Sachant que le temps est extrêmement limité, je serai bref.
J'aimerais aborder deux aspects du projet de loi qui est proposé. Plus précisément, je ferai une observation générale sur la façon dont la vulnérabilité du Canada en ce qui a trait aux demandes d'asile illégitimes mine l'objectif de la Convention de 1951. Deuxièmement, je ferai brièvement une comparaison entre certaines propositions primaires contenues dans le projet de loi et la pratique dans des démocraties occidentales comparables.
J'aimerais en fait commencer par une courte parabole, si vous me le permettez. Il y a quelques années, lorsque je vivais à New York, j'ai rencontré une jeune femme canadienne qui venait tout juste de déménager à New York. Un jour, alors que nous marchions dans la rue à Greenwich Village, un homme l'a approchée et a commencé à lui raconter une longue histoire. Il disait qu'il avait besoin d'argent pour prendre un taxi pour se rendre quelque part rencontrer quelqu'un. Quoi qu'il en soit, il voulait en fait qu'elle lui donne 20 $. Lorsqu'il a fini de parler, j'ai dit à mon amie canadienne de ne rien lui donner, que c'était une escroquerie. Elle lui a quand même donné 20 $.
Quelques jours plus tard, nous nous sommes retrouvés au même carrefour et, bien sûr, le même homme est venu nous voir pour nous raconter exactement la même histoire. Cette fois-ci, elle a refusé de lui donner de l'argent. Quand je l'ai gentiment taquinée sur sa naïveté, elle s'est indignée et a pris la défensive. Elle a dit qu'elle préférait être une bonne poire que de céder au cynisme.
J'ai souvent pensé à cette histoire lorsque j'examinais la politique du Canada en matière de réfugiés. J'ai conclu que si le Canada voulait se donner une devise pour son système actuel, je propose en toute humilité que ce soit « nous préférons être une bonne poire ».
À presque tous les égards, le système canadien de détermination du statut de réfugié fait assez mauvaise figure par rapport à d'autres systèmes occidentaux. Certains Canadiens ont peut-être une fierté malavisée en étant tellement indulgents à l'égard de nombreux demandeurs d'asile, qu'ils soient légitimes ou non. Étant donné que le taux d'acceptation est beaucoup plus élevé au Canada, je dirais que la plupart des demandes ne sont pas légitimes. Ces Canadiens peuvent se consoler en se disant que tout au moins ils ne sont pas cyniques. Sauf votre respect, je pense que c'est une façon de penser plutôt dangereuse et complaisante, et même pire, cela nuit en fait à ceux que la Convention de 1951 devait aider.
Les réfugiés qui arrivent au Canada et qui demandent l'asile au Canada sont de façon disproportionnée parmi les demandeurs les plus astucieux, les plus riches et qui ont le plus de chance, qu'ils soient légitimes ou illégitimes. En revanche, la plupart des véritables demandeurs d'asile ne se rendent souvent pas beaucoup plus loin que de l'autre côté de la frontière du pays qu'ils tentent de fuir pour arriver dans le premier refuge qu'ils trouvent et où ils sont souvent logés dans des camps de réfugiés des Nations Unies.
C'est tout à l'honneur du Canada d'avoir un excellent programme qui permet de réinstaller à l'étranger un certain nombre de ces réfugiés. L'un des meilleurs éléments des réformes proposées, et un élément pour lequel il faudrait féliciter le gouvernement, c'est l'augmentation du nombre de ces réinstallations qui sont manifestement légitimes et mérités.
Le Canada dépense beaucoup plus d'argent pour les demandes d'asile au pays qu'il ne le fait pour les demandes faites à partir de l'étranger, et cela n'inclut pas les soins de santé et les autres avantages sociaux payés par l'État, qui peuvent coûter un milliard de dollars ou plus par an. Ce qui est ironique et malheureux, c'est que chaque dollar dépensé au Canada dans le cadre du processus de détermination du statut de réfugié pourrait être dépensé de façon beaucoup plus efficace et rentable pour des réfugiés à l'étranger. Le montant dépensé pour traiter une seule demande d'asile au Canada pourrait faire vivre un très grand nombre de réfugiés dans des camps des Nations Unies chaque année.
Un système d'aide vraiment humanitaire, un système qui serait conçu pour profiter à la plupart des réfugiés et à ceux qui en ont le plus besoin, mettrait l'accent sur les réfugiés qui se trouvent dans des camps à l'étranger plutôt que d'accepter pratiquement sans poser de questions quiconque est assez astucieux pour cibler le Canada ou qui est assez riche pour se rendre ici.
Étant donné que mon temps est limité, j'aborderai très brièvement deux aspects du nouveau projet de loi: les délais de traitement des demandes et la disposition relative au pays sûr ou au pays désigné. Je ferai ici surtout la comparaison avec d'autres pays, ce qui est mon domaine de compétence.
Les délais prévus de huit jours et de 60 jours alignent le Canada sur les autres démocraties occidentales. En fait, les délais de huit jours et de 60 jours sont encore plus généreux que ceux de bon nombre d'autres démocraties occidentales.
Par exemple, le délai pour déterminer le statut de réfugié en Australie est de 90 jours. En Finlande, au terme de la procédure accélérée, le délai moyen et de 57 jours. En Irlande, les demandes prioritaires font l'objet d'une décision en 20 jours. En France, la décision initiale doit être rendue en 21 jours. Au terme du processus prioritaire, c'est 15 jours, et ça peut être aussi peu que cinq jours si le demandeur est en détention. Aux Pays-Bas, les décisions qui suivent le processus accéléré sont prises dans un délai de 48 heures, et un appel doit être interjeté dans les 24 heures qui suivent la décision rendue.
La proposition du Canada visant à instaurer une séance d'information initiale dans un délai de huit jours et d'avoir une audience dans un délai de 60 jours est tout à fait conforme à la norme internationale pour le traitement des demandes. De la même façon, la disposition sur les pays désignés rend finalement le Canada conforme aux pratiques exemplaires en matière de droit des réfugiés.
L'autre option, c'est d'utiliser ce qu'on appelle une norme « manifestement non fondée » ou, « clairement non fondée » pour déterminer les demandes sans fondement dès le début du processus, et ces demandes peuvent être ensuite accélérées pour le renvoi soit sans appel, soit avec un appel qui est entendu après que le demandeur a déjà quitté le pays.
Pratiquement toutes les démocraties occidentales utilisent l'une de ces méthodes ou les deux pour simplifier le processus, et on peut vraiment certainement affirmer que sans l'une ou l'autre méthode, la réforme est futile. Ces deux éléments sont donc des ajouts positifs au droit canadien en matière de réfugiés.
:
Merci, monsieur le président.
Merci d'être ici aujourd'hui.
Il est vrai que c'est un projet de loi extrêmement important parce que, premièrement, on parle d'individus et, deuxièmement, les décisions qu'on prend aujourd'hui auront un impact sur les cinq à six prochaines années, même si le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration a un pouvoir réglementaire pour faire des choses.
Je veux saluer le Centre justice et foi pour ses belles propositions.
J'aimerais qu'on remette les choses dans leur contexte. Je suis favorable à la mise sur pied d'un processus d'appel. Je ne vois aucun problème à ce que des fonctionnaires soient sur la première ligne, dans la mesure où ils seront bien formés et où les demandeurs auront le droit de faire un appel bien fondé à la suite d'un refus.
Ce qui pose problème, c'est cette liste de pays désignés. Ce n'est pas l'Entente sur les tiers pays sûrs. J'en ai déjà négocié une, et c'est une autre affaire. Ça relève du domaine géographique, et c'est lié à la réalité américaine à laquelle on a été confrontés après le 11 septembre.
Vous qui avez rencontré beaucoup de victimes et de réfugiés, j'aimerais que vous nous parliez de l'état d'âme de ces gens. Par exemple, comment se sentirait une personne qui serait pointée du doigt parce qu'elle viendrait d'un pays plutôt que d'un autre?
On entend dire qu'au Mexique, ça va bien, que ce devrait être un pays sûr puisque 90 p. 100 des demandes sont refusées. Pourtant, on a des problèmes avec les narcotrafiquants, il y a de la violence faite aux femmes, et il y a les couples de même sexe, les homosexuels, qui sont persécutés.
J'aimerais que vous nous disiez rapidement comment ces gens se sentiraient et quel serait leur état d'âme. Est-ce qu'ils auraient l'impression d'être des réfugiés ou des demandeurs de statut de réfugié de seconde classe?
Allez-y, madame Garant ou madame Dionne.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai lu tous les témoignages du comité, et ce, depuis le début.
Permettez-moi d'abord de remercier tous les membres du comité pour les efforts remarquables qu'ils ont déployés au cours du dernier mois. Bien que tous les membres du comité ne soient pas favorables à l'ensemble des aspects du projet de loi ou des mesures de réforme proposées, il ne fait aucun doute que les membres ont rempli leurs obligations en tant que législateurs en traitant cet enjeu important et complexe avec une préoccupation évidente.
Vous avez eu raison de le faire parce qu'en fin de compte, la réforme n'est pas qu'une suite de mots sur un bout de papier. Elle vise les gens, elle vise l'équité, elle vise à rétablir le système d'octroi de l'asile au Canada, qui fonctionne mal depuis de nombreuses années, et ce, afin que nous puissions mieux protéger les personnes qui ont besoin de notre aide tout en empêchant que des personnes abusent de notre générosité.
[Traduction]
Rappelons-nous la raison pour laquelle nous sommes ici. Pendant de nombreuses années, les gouvernements de diverses allégeances politiques, y compris mon parti, ont décidé de tourner le dos aux graves problèmes qui ont encombré, et même brisé, selon certains, notre système d'octroi de l'asile. En raison d'un arriéré moyen à long terme de 40 000 demandes à traiter, le système force les victimes de torture à attendre plus d'un an et demi pour obtenir la protection du Canada, mais permet aux personnes qui présentent une demande d'asile manifestement fausse d'abuser de notre système, et donc de nos contribuables, pendant de nombreuses années.
Le président mexicain Calderon nous a rappelé pas plus tard que la semaine dernière les conséquences d'un système d'octroi de l'asile criblé de lacunes, lorsqu'il a dit,
Je sais que certains ont abusé de la générosité du peuple canadien, ont abusé des objectifs nobles du système d'asile à leurs fins, ce qui a mené le gouvernement canadien a exigé des visas pour les voyageurs se déplaçant entre nos deux pays.
Il a ajouté qu'il espérait que la solution étudiée par le Parlement visant à modifier le droit des réfugiés au moyen d'amendements exhaustifs permettrait de renouveler les échanges entre les deux pays.
Des solutions temporaires mises à l'essai par le passé ont échoué, comme par exemple, l'injection de plus grands fonds des contribuables pour renflouer le statu quo fragile, mais cet investissement ne nous a pas aidés à désencombrer un système qui est, en toute franchise, trop vulnérable aux abus.
[Français]
Nous devons donc agir. Le projet de loi représente une occasion unique de prendre des mesures. Je ne prétends pas que le projet de loi présenté par le gouvernement soit parfait. Cependant, il est le résultat de nombreuses années d'études et de consultations menées par les représentants du ministère, de même que par des experts, dans le but de créer un système d'octroi de l'asile qui soit, pour utiliser les termes de l'ancien président de la commission, Peter Showler, à la fois rapide et équitable.
Je crois que le projet de loi permet d'atteindre le bon équilibre. Toutefois, comme je le mentionne depuis le début du processus, le gouvernement est disposé à apporter des améliorations réfléchies qui permettront d'atteindre un objectif commun: la création d'un système d'octroi de l'asile rapide et équitable.
[Traduction]
C'est en mars de l'année dernière que nous nous sommes rendus compte d'un objectif commun, au moment où le porte-parole de l'opposition officielle pour l'immigration, le député de Vaughan, a fait preuve de leadership en se levant à la Chambre des communes pour me demander: « Pourquoi le gouvernement conservateur a-t-il omis de mettre en place un système efficace de détermination du statut de réfugié à l'intention des gens qui en ont désespérément besoin? »
Sa question reflétait la politique de son parti, qui, dans sa plate-forme électorale de 2008, parlait de l'importance que le gouvernement libéral respecte les engagements internationaux du Canada envers les réfugiés afin de créer un système plus efficace de détermination du statut de réfugié.
« Je suis enchanté d'apprendre que le député s'intéresse à une collaboration en vue de créer un système plus efficace de détermination du statut de réfugié », lui ai-je répondu. De fait, nous avons collaboré à cette fin.
Les membres du comité le savent, j'ai consulté bon nombre d'entre eux avant de déposer le projet de loi afin de solliciter vos idées en vue d'instaurer une réforme équilibrée du système d'octroi de l'asile. À la suite du dépôt du projet de loi, je me suis rendu aux quatre coins du pays pour écouter ce que les intervenants et d'autres personnes intéressés avaient à me dire sur ce sujet.
Après cette traversée du Canada, j'ai été heureux de constater que presque tous les éditorialistes des quotidiens du pays, ainsi que des dizaines d'intervenants souscrivaient à nos mesures de réforme. J'ai cependant pris note des préoccupations exprimées par quelques groupes comme Christine Morrissey, la fondatrice du Rainbow Refugee Committee à Vancouver et Heather Mantle du Matthew House Refugee Centre à Windsor.
Lorsque le projet de loi C-11 a fait l'objet d'une deuxième lecture à la Chambre, j'ai écouté attentivement toutes les interventions faites à cet égard. Et je tiens à vous faire savoir que j'ai lu les transcriptions de toutes les séances du comité. Le gouvernement a pris bonne note de la critique constructive formulée pendant tous ces débats et toutes ces consultations. Et nous savons fort bien que nous devons collaborer avec les partis de l'opposition afin de rédiger un projet de loi se faisant l'écho d'un consensus au Parlement. Cependant, je tiens à être clair: nous ne pouvons pas le faire, et nous ne le ferons pas, à n'importe quel prix.
Au moment où vous entamez l'étude article par article du projet de loi, le gouvernement est prêt à examiner des amendements raisonnables visant à mettre en place un système juste et rapide de détermination du statut de réfugié. Toutefois, si les modifications proposées au projet de loi, par exemple, ralentiront considérablement le processus ou mineront les efforts du gouvernement visant à décourager les vagues de présentation de fausses demandes par des personnes venant de pays sûrs et démocratiques, le gouvernement choisira alors de ne donner suite ni au projet de loi ni aux réformes connexes proposés.
Les enjeux sont donc élevés. Si les membres du comité choisissent de profiter de cette véritable occasion de mettre en oeuvre une réforme équilibrée pour jouer à des jeux politiques, il est clair que nous serons tous perdants. Nous perdrons une nouvelle Section d'appel des réfugiés à laquelle auront accès la grande majorité des demandeurs d'asile, une Section d'appel bien supérieure à ce qui était envisagé dans la LIPR de 2002. Cela signifie que si le projet de loi échoue à cause d'amendements déraisonnables, aucun demandeur d'asile n'aura accès à la Section d'appel des réfugiés, quelque soit son pays d'origine. C'est un choix qu'entraînerait de tels amendements.
Nous perdrons la possibilité de protéger les demandeurs d'asile de bonne foi en quelques semaines au lieu de 19 mois, comme c'est présentement le cas. La possibilité de renvoyer les faux demandeurs d'asile dans un délai d'un an environ au lieu de cinq ans et plus, sera perdue tout comme le sera l'économie d'environ 1,8 milliard de dollars de l'argent des contribuables.
Nous perdrons un programme d'aide au retour volontaire à l'intention des demandeurs déboutés, ainsi que de nouvelles ressources s'élevant à 540 millions de dollars destinés au système d'octroi d'asile, notamment une augmentation de 20 p. 100 du nombre de réfugiés réinstallés accueillis au Canada et une augmentation de 20 p. 100 de l'aide en matière d'établissement accordée aux réfugiés parrainés par le gouvernement. Enfin, il ne sera pas possible de doter la Section de la protection des réfugiés de la CISR de décideurs indépendants plutôt que de personnes placées par nomination politique.
Chers collègues, je suis persuadé que nous ne perdrons pas ces mesures de réforme progressistes. Je crois que nous sommes capables de travailler ensemble et de faire passer les intérêts du Canada, des contribuables canadiens et des victimes de persécutions avant nos propres intérêts politiques. Et nous le ferons en partie grâce au leadership exercé par l'opposition officielle, dont le porte-parole en matière d'immigration a transmis au gouvernement une série d'amendements convaincants et selon nous, réalisables, à apporter au projet de loi, ainsi qu'aux dispositions réglementaires et aux procédures de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié connexes. Permettez-moi de vous les présenter.
En réponse à la demande de précisions de M. Bevilacqua, nous avons ajouté l'adjectif « sûr » dans la loi qui porte sur la désignation des pays et précisé avec une plus grande transparence les critères que les pays devront remplir pour être désignés comme des pays d'origine sûrs.
Nous avons également défini clairement les pouvoirs du ministre dans le processus de désignation. Ces règlements connexes, que j'ai le plaisir de déposer aujourd'hui sous forme d'ébauche, précisent davantage les critères que les pays devront respecter pour être désignés « pays d'origine sûr ». Vous remarquerez que ce projet de règlements qualifie mieux les pouvoirs du ministre et exige que la désignation de pays d'origine sûr ne se fasse que si un groupe consultatif, formé d'au moins deux experts indépendants des droits de la personne, la recommande. Eh bien sûr, comme nous l'avons dit dès le départ, nous prévoyons que l'UNHCR participera à ces désignations.
Ces amendements permettent de dépolitiser le processus de désignation.
Un deuxième amendement proposé porte sur les demandes pour considération d'ordre humanitaire. Nous présentons un amendement qui permettrait aux demandeurs de retirer leurs demandes d'asile avant une audience devant la Section de la protection des réfugiés et de présenter une demande pour considération d'ordre humanitaire. Ainsi, ce problème serait réglé au départ, et les gens pourraient présenter leurs demandes dans la catégorie qui convient.
Un troisième amendement à la loi porte sur le transfert de la fonction d'examen des risques avant le renvoi de mon ministère à la CISR. Étant donné que c'est la commission qui prend actuellement la plupart des décisions relatives à l'examen des risques, nous croyons, comme bon nombre d'experts, qu'il serait logique que cette fonction d'examen des risques soit centralisée à la commission.
Le porte-parole de l'opposition officielle pour l'immigration défendait l'opinion d'un bon nombre de personnes selon lesquelles les délais prévus pour l'entrevue et l'audience initiales étaient trop brefs. Je ne partage pas cette opinion. En fait, j'estime que les délais proposés sont plus longs que dans tous les systèmes comparables, ou presque — par exemple dans les système d'Europe de l'Ouest et c'est à ces système que nous devons nous comparer pour nous évaluer. Mais pour favoriser un consensus sur ces réformes, j'ai pris la décision difficile d'accepter les recommandations de M. Bevilacqua et d'écrire à la commission dans le but de signaler et de faire passer le délai relatif à l'entrevue de collecte d'information de 8 à 15 jours et le délai relatif à l'audience initiale de la SPR de 60 à 90 jours. Nous avons écrit au président de la CISR pour recommander ces changements et exprimer notre préférence, et il y a réagi de façon positive, comme vous le constaterez dans la lettre qui a été déposée auprès du comité.
Je vais maintenant conclure, monsieur le président.
Je tiens à clarifier un point. Ensemble, ces amendements sont des changements importants au projet de loi, aux procédures et aux règlements et donnent suite à la plupart des préoccupations clés formulées par les députés et les groupes d'intérêt. Bien que, honnêtement, je me préoccupe du fait que certaines de ces mesures puissent aller trop loin, ce qui pourrait nuire à l'équilibre que nous avions espéré, je sais que le gouvernement doit consentir à faire des compromis pour que la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés puisse aller de l'avant. Ainsi, nous accepterons ces amendements puisque cela est dans l'intérêt commun de le faire.
[Français]
Enfin, j'aimerais vous remercier de faire un travail si remarquable. Plus particulièrement, j'aimerais souligner les efforts du député de , qui se fait l'ardent défenseur de la tradition d'équité et de justice de son parti tout en faisant preuve du leadership dont nous avons besoin pour que ce Parlement minoritaire puisse prendre des décisions dans l'intérêt de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes.
Je suis maintenant disposé à répondre à vos questions.
Monsieur le ministre, dans votre réponse à M. Coderre, vous avez parlé de la nécessité d'avoir un mécanisme, un outil pour accélérer le traitement des demandes et pour prévenir d'éventuels cas de fraude organisée par des personnes qui veulent « abuser » de la générosité de notre système.
Lors de nos séances, un bon nombre de groupes de différents horizons, d'avocats, de représentants de toutes sortes, ont mentionné et mis en avant un autre outil. Cet outil, qui n'est pas une liste de pays désignés, permettrait plutôt à l'Agence des services frontaliers du Canada d'isoler les cas à être traités par la CISR en priorité. Ces cas pourraient être relatifs à un individu, ou encore à des groupes déterminés sur la base de critères nationaux. Ces gens auraient les mêmes droits, mais leur dossier serait véritablement traité rapidement. Ainsi, s'il s'agissait d'une situation d'abus, comme on l'aurait soupçonné dès le départ, ils seraient retournés rapidement dans leur pays d'origine.
Ce système, selon la plupart des gens, et selon moi aussi, permettrait d'être plus juste, de ne pas porter l'odieux d'avoir à accorder des droits différents en fonction du pays d'origine. En plus, on éviterait que des affaires soient portées devant la Cour fédérale du Canada par des gens qui veulent contester ou faire un deuxième appel, comme c'est le cas actuellement, parce qu'ils considèrent qu'ils n'ont pas eu la chance de faire valoir leurs droits.
Vous qui avez lu de façon exhaustive toutes nos interventions, seriez-vous prêt à considérer, si le comité le jugeait à propos, ce mécanisme d'accélération basé sur les demandes individuelles, à la place d'un mécanisme basé sur une liste et sur la privation du droit d'appel pour certains individus en fonction de leur pays d'origine?
:
Merci, monsieur le président.
Bonsoir, mesdames et messieurs.
Je vous remercie de m'avoir invité à venir vous parler aujourd'hui. Je m'appelle Simon Coakeley. J'ai été nommé secrétaire général de la Commission de I'immigration et du statut de réfugié du Canada, la CISR, en septembre 2008. En tant que secrétaire général, je suis Ie plus haut fonctionnaire de la CISR.
Le personnel affecté aux services au tribunal et aux services intégrés de la commission relève directement de moi, et Ie président est mon supérieur immédiat. Ainsi que mentionné, je suis accompagné de Me François Guilbault, qui est ici à titre de conseiller juridique principal de la CISR. Il possède une vaste expérience de la commission et connaît très bien les aspects juridiques qui sont à la base des activités de la CISR. II sera heureux de répondre aux questions de nature juridique liées au projet de loi .
Je crois que vous avez déjà reçu les documents de la CISR à la suite de la comparution de M. Goodman devant ce comité, Ie 6 mai 2010. Comme il a été demandé, nous avons fourni des statistiques sur les décisions relatives aux demandes d'asile, notre effectif de commissaires nommés par décret ainsi que de I'information sur les échelles salariales des personnes nommées par décret et les taux de rémunération des décideurs fonctionnaires de la Section de I'immigration. Finalement, nous avons fourni un lien qui mène vers Ie rapport de la Commission de la fonction publique sur la vérification de la CISR, qui comprend à la fois les recommandations de la Commission de la fonction publique et la réponse de la CISR.
Vous avez manifesté un vif intérêt pour I'approche de la CISR en ce qui concerne la dotation de fonctionnaires à la nouvelle Section de la protection des réfugiés. Pour vous aider dans vos délibérations, nous vous avons également fourni une copie de la lettre que notre président, M. Goodman, a récemment envoyée à Mme Maria Barrados, présidente de la Commission de la fonction publique, au sujet des plans et des priorités en matière de dotation en vue de la mise en oeuvre du projet de loi .
Dans sa lettre, M. Goodman souligne que, même si Ie moment de I'entrée en vigueur de la nouvelle loi n'est pas encore certain et que la CISR n'a pas encore élaboré de stratégies détaillées en matière de dotation, il est clair que I'adoption du projet de loi exigera une réaffectation importante de notre personnel au cours des prochaines années. En plus de la mise sur pied d'une nouvelle SPR, soit la Section de la protection des réfugiés, et de la Section d'appel des réfugiés, cette réaffectation nécessitera des changements notables à certains rôles existants à la CISR.
Notre président a informé la Commission de la fonction publique que, pour mettre en oeuvre ces changements dans les délais proposés, la CISR devra utiliser la totalité des mesures de ressources humaines dont elle dispose, notamment des concours internes et externes, des affectations, des détachements, des mutations et des processus non annoncés dûment justifiés. Pour ce faire, la commission respectera toutes ses obligations en vertu de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique et des conventions collectives applicables, ainsi que les valeurs fondamentales et directrices de la Commission de la fonction publique, soit Ie mérite, I'impartialité politique ainsi que la justice, I'accessibilité, la représentativité et la transparence.
Au cours des dernières semaines, la CISR a surveillé avec intérêt les témoins qui ont comparu devant ce comité, et nous avons pris note des commentaires qui ont été formulés en ce qui concerne I'embauche de décideurs fonctionnaires à la nouvelle Section de la protection des réfugiés, et leur indépendance.
Je crois qu'il est important pour moi de réitérer I'engagement formulé par notre président devant ce comité, soit de veiller à ce que les décideurs fonctionnaires de la nouvelle Section de la protection des réfugiés soient tout aussi compétents et indépendants que Ie sont aujourd'hui nos commissaires nommés par décret.
Pour ce faire, la commission continuera de recourir à des processus de sélection rigoureux fondés sur Ie mérite, dans lesquels tous les candidats, qu'ils proviennent de l'intérieur ou de l'extérieur de la fonction publique, seront évalués en fonction de leurs qualifications et de leurs capacités d'après diverses compétences, comme la communication verbale et écrite, Ie raisonnement conceptuel, la prise de décisions, Ie jugement, la réflexion analytique, la recherche d'information, Ie sens de I'organisation, I'orientation vers les résultats, la maîtrise de soi et Ie savoir-faire culturel. Cette méthode de dotation hautement globale permettra d'assurer que seuls les candidats qualifiés sont embauchés.
Les décideurs actuels de la CISR viennent de tous les milieux de la société canadienne. On y compte des arbitres ou des médiateurs au sein d'autres tribunaux, des enseignants, des dirigeants communautaires, des avocats, de même que d'autres fonctionnaires fédéraux et des personnes expérimentées travaillant au sein d'organisations humanitaires internationales. Ce type de diversité assure que tous les commissaires apportent des perspectives uniques à leur rôle en tant que décideurs, ce qui rend notre système décisionnel plus fort.
Afin de s'assurer que nous continuons de bénéficier d'une telle diversité au sein de nos décideurs, nous comptons procéder à des processus de recrutement simultanés au sein de la fonction publique et à l'extérieur de la fonction publique, comme l'a indiqué M. Goodman il y a deux semaines.
Une fois qu'ils seront embauchés, un programme de formation poussé et reconnu mondialement sera offert à tous les décideurs, qu'ils soient nommés par décret ou par des fonctionnaires. Le programme de formation de la CISR est reconnu à l'échelle internationale ainsi que par la Cour fédérale du Canada et la vérificatrice générale pour l'exhaustivité et le professionnalisme. En outre, le rendement des nouveaux commissaires au cours de la période d'orientation et de formation serait évalué avant qu'il ne leur soit permis de présider des audiences de façon autonome, et une formation personnalisée supplémentaire serait donnée au besoin.
Les décideurs fonctionnaires de la nouvelle Section de protection des réfugiés seront assujettis au même Code de déontologie qui s'applique actuellement aux décideurs nommés par décret et aux décideurs fonctionnaires de la Section d'immigration. Le code établit des normes de conduite régissant les responsabilités professionnelles et éthiques des commissaires de la Commission en qualité de décideurs d'un tribunal administratif quasi judiciaire. Les nouveaux décideurs de la Section de protection seraient liés par ce même code de déontologie.
En réalité, nous avons déjà une Section d'immigration composée de décideurs fonctionnaires indépendants et nous sommes convaincus que nous disposons des outils, des pratiques, des mécanismes et de la formation nécessaires pour veiller à ce que cette indépendance décisionnelle se maintienne alors que nous passons au nouveau système.
[Traduction]
Comme vous l'a dit M. Goodman lorsqu'il était ici le 6 mai, la CISR a commencé la planification préliminaire de la mise en oeuvre immédiatement après le dépôt du projet de loi C-11 à la fin du mois de mars.
Pour vous informer des faits nouveaux, il y a deux semaines, des employés de la CISR se sont réunis à Toronto pour commencer à définir le nouveau processus qui devra être mis en place, du renvoi d'une demande d'asile à la décision rendue par la SPR, en portant une attention particulière sur la façon dont l'entrevue fonctionnera. Un groupe semblable s'est réuni à Ottawa la semaine dernière pour faire la même chose relativement au nouveau processus de la SAR. Beaucoup de bonnes idées ont été proposées, mais il est encore trop tôt pour que nous prenions des décisions finales concernant celles que nous mettrons vraisemblablement en oeuvre, car nous savons que les détails de la loi peuvent être modifiés.
Par conséquent, le véritable travail de préparation en vue de la mise en oeuvre ne peut être entamé qu'une fois que le projet de loi C-11 aura reçu la sanction royale au Parlement et que le financement de la transition sera débloqué. À ce moment, nous élaborerons des règles, mettrons au point des descriptions de travail et des profils de responsabilisation pour tous les nouveaux postes à créer, entreprendrons des processus de dotation, nous procurerons des locaux et ainsi de suite.
J'aimerais prendre quelques instants pour aborder la question du processus d'élaboration des règles. Les règles constituent un type de politique formulée par la commission. Les règles, tout comme le règlement, sont exécutoires. Les règles définiront les procédures devant être observées à la SPR, y compris les délais pour l'entrevue visant à y recueillir des renseignements et l'audience de première instance.
Les règles détermineront, par exemple, les détails indiquant de quelle façon et à quel moment le demandeur d'asile devra fournir les documents à la SPR et vice versa ainsi que les rôles et les responsabilités des employés de la CISR qui jouent un rôle de soutien dans l'exécution des fonctions décisionnelles. Elles indiqueront également les facteurs que les décideurs devront prendre en considération au moment de décider s'ils ajournent ou non des entrevues ou des audiences à la SPR. Un autre ensemble de règles seront élaborées pour la SAR.
Dans le cadre du processus d'élaboration des règles, il importe d'établir une consultation véritable avec les intervenants et les parties qui comparaissent devant la CISR. Concrètement, la CISR mène des consultations tant à l'interne qu'à l'externe avant même que le projet de règles parvienne au stade de la prépublication dans la partie I de la Gazette du Canada pour les commentaires officiels du public. Ensuite, les règles sont soumises à l'approbation du Cabinet par l'intermédiaire du ministre, puis vient la publication finale dans la partie II de la Gazette du Canada. Une fois que les nouvelles règles sont en place, elles deviennent le cadre de travail qui servira de fondement à la structure des nouvelles sections de la commission.
Il sera essentiel d'établir des relations soutenues avec nos intervenants dans le cadre de ce processus, et bon nombre d'entre eux ont déjà comparu devant vous au cours des dernières semaines. Nous ferons appel à nos intervenants afin qu'ils incitent leurs membres à nous aider à façonner nos nouveaux processus de façon efficace.
En fait, nous avons prévu une réunion avec nos groupes d'intervenants nationaux, dont le CCR, l'ABC, l'AQAADI et le HCR entre autres. Et je peux vous assurer que le projet de loi C-11 fera partie des points à l'ordre du jour.
J'aimerais aborder brièvement certains points qui ont été soulevés en comité jeudi dernier.
M. Goodman a déclaré publiquement qu'il fournirait aux demandeurs d'asile un enregistrement numérique de l'entrevue. Il est encore trop tôt, à ce stade, pour que nous puissions indiquer la forme sous laquelle se présenterait cet enregistrement, c'est-à-dire sous forme de disque compact, de clé USB, de carte-éclair ou autres.
Par ailleurs, la CISR aurait le pouvoir discrétionnaire d'ajourner une procédure, notamment dans le cas de personnes vulnérables, pour des raisons opérationnelles ou des questions d'équité. Et j'aimerais souligner l'un des avantages découlant de l'entrevue menée très tôt dans le processus, soit la possibilité de reconnaître rapidement les personnes vulnérables, de sorte qu'elles puissent être guidées de façon adéquate.
Enfin, pour conclure, j'aimerais revenir brièvement sur ce qu'a dit le ministre plus tôt ce soir, soit que des amendements seraient présentés afin que la fonction d'examen des risques avant le renvoi soit transférée de CIC à la CISR. Nous estimons que les décideurs de la SPR seront bien placés pour remplir cette fonction étant donné leur accès à un programme de formation reconnu mondialement, à du soutien juridique et à une capacité de recherche de haut calibre. Mais, bien sûr, nous attendons les directives du Parlement à cet égard.
Comme le ministre l'a également indiqué, des lettres ont été échangées entre CIC et la CISR quant aux propositions de modifications concernant les délais pour l'entrevue visant à recueillir de l'information et l'audience initiale de la SPR. M. Goodman a indiqué que nous nous pencherions sérieusement sur la proposition des 15 et 90 jours ainsi que sur d'autres propositions qui pourraient survenir lors de nos consultations auprès des intervenants dans le cadre du processus d'établissement du règlement.
Finalement, j'aimerais citer l'engagement formulé par M. Goodman lorsqu'il a comparu la dernière fois devant vous:
La CISR répondra, dans toute la mesure de sa capacité, aux exigences découlant des mesures législatives prises par le Parlement, dans le respect des échéanciers fixés et du budget alloué, tout en remplissant son mandat, qui consiste à régler les cas de manière efficace, équitable et conforme à la loi.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président et honorables membres du comité.
J'aimerais tout d'abord vous entretenir des défis posés actuellement à l'ASFC par l'exécution des renvois avant de décrire comment les réformes proposées et leur financement apporteraient des solutions nécessaires au programme des renvois.
En vertu du régime actuel, lorsqu'une personne présente une demande d'asile au Canada, une mesure de renvoi est émise contre cette personne. Cette mesure de renvoi n'est exécutable que lorsque la décision relative à la demande d'asile a été rendue. Si la décision est négative, la mesure de renvoi prend effet et la personne doit quitter le Canada.
Avant le renvoi, toute personne dont la demande d'asile a été rejetée peut demander un contrôle judiciaire de la décision. Une demande d'autorisation d'appel à la Cour fédérale pour un contrôle judiciaire d'une décision négative entraîne automatiquement l'octroi d'un sursis au renvoi jusqu'à ce qu'une décision soit rendue. Ainsi, lorsqu'un demandeur d'asile débouté a présenté une demande à la Cour fédérale dans les délais prescrits, l'ASFC ne peut appliquer sa mesure de renvoi tant que la cour n'a pas examiné le cas pour envisager une révision de la décision prise par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié à l'égard de la demande de protection.
Les demandeurs déboutés ont également droit à un examen des risques avant leur renvoi, à une demande de révision de leur cas pour des raisons d'ordre humanitaire et, éventuellement, un permis de séjour temporaire. Les demandes d'examen des risques avant le renvoi et les demandes de révision pour des raisons d'ordre humanitaire sont administrées par le personnel de Citoyenneté et Immigration Canada. Le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme a également l'autorisation d'examiner, de sa propre initiative, les demandes présentées pour des raisons d'ordre humanitaire. Chacun de ces mécanismes de recours représente un point de décision qui peut faire l'objet d'un contrôle judiciaire et, à son tour, retarder l'exécution de la mesure de renvoi.
Une fois qu'une mesure de renvoi est exécutoire, l'ASFC a l'obligation, en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, d'appliquer la mesure de renvoi dès que les circonstances le permettent. Il est souvent difficile d'appliquer les mesures de renvoi car les sujets visés ne sont pas nécessairement prêts à s'y conformer.
La décision de renvoyer une personne du Canada n'est jamais prise à la légère. Avant de procéder au renvoi, l'ASFC s'assure que le droit à une procédure de recours est respecté dans chaque cas. Une fois que la personne visée a épuisé tous les recours possibles, on s'attend à ce qu'elle respecte nos lois de l'immigration et quitte le Canada de son propre chef à défaut de quoi l'ASFC procède à son renvoi.
Afin d'échapper au renvoi, les demandeurs d'asile déboutés entrent souvent dans la clandestinité pour éviter d'être repérés par l'Agence des services frontaliers. L'agence collabore avec ses partenaires d'exécution de la loi à tous les niveaux du gouvernement pour retrouver les fugitifs; cependant, en raison de la profonde détermination de nombreux demandeurs d'asile déboutés à demeurer au Canada, il est difficile de s'assurer que ces personnes se présentent pour le renvoi. L'ASFC a actuellement un inventaire de plus de 40 000 mandats de l'immigration dont 38 000 concernant des demandeurs d'asile déboutés.
L'un des plus grands défis posés par les renvois est le fait que les clients ne présentent pas de titre de voyage. En l'absence d'un document de voyage, le renvoi peut être reporté indéfiniment, le sujet n'étant pas porté à remettre ses documents de voyage existants, ou à aider l'ASFC à en obtenir de nouveaux. L'agence a par conséquent de la difficulté à répondre aux demandes des représentants consulaires de délivrer de nouveaux documents de voyage. Même lorsque l'identité de la personne n'est pas contestée, certains pays ne sont pas coopératifs pour délivrer des documents de voyage.
Lorsque tous les recours administratifs et judiciaires ont été épuisés, tels que l'évaluation des risques avant le renvoi et une demande d'autorisation d'appel à la Cour fédérale, et que la personne détient un document de voyage, cette dernière peut toujours demander à ce que les agents d'exécution de l'ASFC reportent la date de renvoi pour des raisons administratives. À ce chapitre, la raison médicale qui empêche le sujet de voyager constitue l'un des motifs communs invoqués. Les agences sont obligées d'examiner chaque demande et, lorsqu'un agent rejette une demande de report, on doit remettre la décision au demandeur, ainsi que la justification par écrit. Cette décision peut également faire l'objet d'un contrôle judiciaire par la Cour fédérale.
Le résultat cumulatif de toutes ces procédures est un régime de protection des réfugiés qui permet aux demandeurs déboutés d'éviter le renvoi pendant des années. Ce régime semble créer un facteur d'attraction pour les personnes qui n'ont pas véritablement besoin de protection. Il semble que plus la personne demeure longtemps au Canada, plus il est difficile de la renvoyer, étant donné qu'elle est davantage établie ici.
Actuellement, on compte plus de cas entrant dans le secteur de l'exécution que l'ASFC est en mesure de renvoyer. Par conséquent, l'agence doit accorder la priorité aux cas de renvoi en se fondant sur les risques. Étant donné que la protection et la sécurité des Canadiens constituent une priorité de premier plan pour l'ASFC et le gouvernement du Canada, les cas concernant les personnes jugées interdites de territoire pour des raisons de sécurité, pour crime organisé, pour crimes contre l'humanité et pour grande criminalité sont traités en premier lieu. Ils sont suivis, par ordre de priorité, des catégories suivantes: les cas liés à la criminalité, les demandeurs d'asile déboutés et les autres personnes ayant enfreint la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Par conséquent, bien que les demandeurs d'asile déboutés représentent le plus important volume de cas dans l'inventaire des renvois, étant donné que l'agence doit renvoyer les cas prioritaires, elle n'est pas en mesure de s'occuper de tous les cas. Bien qu'au cours des cinq dernières années l'on ait renvoyé en moyenne plus de 9 000 demandeurs d'asile déboutés par an, l'inventaire des renvois demeure assez important, situation que la vérificatrice générale considère préoccupante. L'ASFC partage le point de vue de la vérificatrice générale et considère que le nouveau régime permettrait à l'agence de régler cette question de manière efficace et efficiente.
Le nouveau régime proposé visera à renvoyer les demandeurs déboutés dans les 12 mois suivant la décision définitive de la Section des appels de l'immigration et des réfugiés. Dans le cadre des mesures proposées, les détentions et les renvois continueront de jouer un rôle essentiel. La réussite du système d'octroi de l'asile réformé repose sur le renvoi en temps opportun des demandeurs d'asile déboutés après le rejet définitif de leur demande.
L'adoption de l'exclusion des mécanismes de recours pendant un an après le rejet de la demande procurera à l'ASFC un nouveau cadre stratégique et juridique, qui lui permettra de renvoyer un plus grand nombre de demandeurs déboutés et d'exécuter la mesure de renvoi dans un délai plus bref. L'exclusion temporaire de ces mécanismes permettrait d'atténuer considérablement le dédoublement de tâches et la redondance du régime actuel, ainsi que la vulnérabilité aux abus qui en découle. Par suite des décisions prises plus rapidement et des restrictions en matière de recours après le rejet d'une demande, l'ASFC s'attend à une plus grande réussite du programme des renvois des demandeurs déboutés. À long terme, des décisions rendues plus rapidement et des renvois en temps opportun devraient également dissuader les demandes de personnes qui n'ont pas véritablement besoin de protection, ce qui se traduirait par une réduction de la charge de travail imposée par les renvois.
Parmi les éléments clés de l'ensemble des réformes figure un programme pilote d'aide au retour volontaire, qui serait mis en oeuvre exclusivement dans la région du Grand Toronto. Ce programme pilote d'une durée de quatre ans se composerait de deux volets. Le premier volet s'adresserait aux demandeurs d'asile déboutés qui retourneront au Mexique, dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Le second volet, aussi mis en oeuvre dans la région du Grand Toronto, s'adressera aux demandeurs déboutés qui retourneront dans les autres parties du monde. Le programme a pour objectif fondamental de changer le comportement des demandeurs déboutés. Il est destiné à encourager l'observation et à rendre moins attrayante l'alternative de la clandestinité.
Un trop grand nombre de demandeurs déboutés ne respectent pas leur obligation de quitter volontairement le Canada et font, par conséquent, l'objet d'une mesure d'exécution et d'une interdiction de territoire permanente au Canada. Bon nombre de ces personnes ignorent les conséquences de ne pas quitter le Canada, car elles ne disposent pas de suffisamment de renseignements. Certains n'ont tout simplement pas les moyens d'assumer les frais de leur propre retour ou de subvenir à leurs besoins une fois de retour dans leur pays.
Un programme pilote d'aide au retour volontaire permettrait de résoudre ces questions en offrant une sensibilisation accrue et des conseils, ainsi qu'une aide financière limitée pour faciliter la réintégration dans le pays d'origine. Le programme constitue un élément clé de la stratégie des renvois. Il permettrait d'atteindre les objectifs à la fois d'ordre humanitaire et d'exécution en encourageant les renvois en temps opportun. Du point de vue humanitaire, les retours volontaires permettent aux demandeurs déboutés de rentrer avec dignité et de façon anonyme dans leur pays d'origine.
Les programmes d'aide au retour volontaire sont utilisés avec succès par nos partenaires internationaux, par exemple le Royaume-Uni et l'Australie. Au cours des dernières années, par exemple, 20 à 30 p. 100 des retours de demandeurs d'asile du Royaume-Uni se sont faits par le truchement du programme d'aide au retour volontaire. Selon l'ASFC, le programme d'aide au retour volontaire proposé allégera les pressions sur les inventaires de mandats et de renvois, et réduira le besoin d'effectuer des enquêtes de l'immigration complètes, coûteuses, et longues.
Pour participer à ce programme, les demandeurs d'asile déboutés devront satisfaire à des critères rigoureux d'admissibilité, en particulier, ne pas avoir de casier judiciaire et avoir respecté toutes leurs obligations de rendre des comptes à l'ASFC, remplir les conditions pour l'obtention d'un titre de voyage et une interdiction temporaire de revenir au Canada. On s'attend à ce que ce programme accélère considérablement le processus d'obtention des titres de voyage exigés pour le renvoi. Ce programme serait exécuté en partenariat avec un fournisseur de services indépendant qui serait chargé de prendre toutes les dispositions de voyage, notamment obtenir les documents de voyage, tâche qui est actuellement effectuée par l'ASFC.
Monsieur le président, en conclusion, outre les économies liées au programme de renvoi de l'ASFC, le gouvernement du Canada, les gouvernements provinciaux et territoriaux et les contribuables devraient également bénéficier des économies réalisées dans la mesure où les renvois volontaires réduiront les demandes en matière d'aide sociale et les dépenses des régimes d'assurance-maladie.
Je vous remercie, monsieur le président. Il me tarde de tenter de répondre à vos questions.