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Bonjour à tous. Je vous souhaite une bonne année.
Alice, je vous souhaite une très bonne année.
Nous tenons aujourd'hui la 40e séance du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Nous sommes le 3 février 2011. Conformément au paragraphe 108(2) de l'ordre de renvoi, nous étudions le Programme fédéral de santé intérimaire.
Nous sommes déjà en retard, donc je propose que le premier groupe de témoins ait jusqu'à 9 h 50, puis qu'il cède la place au deuxième groupe. Est-ce que cela pose problème? Silence. C'est parfait.
Bonjour, messieurs. Notre premier groupe de témoins pour les 45 prochaines minutes, à peu près, représente l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires. M. Cadieux en est le vice-président exécutif et directeur général. Bonjour, monsieur. Nous recevons aussi Vincent Forcier, directeur des affaires publiques. Bonjour à vous.
Vous pouvez commencer par prononcer un bref exposé d'environ sept minutes, puis les membres du comité auront des questions pour vous, à tour de rôle.
Vous avez la parole pour sept minutes maximum. Vous pouvez commencer, monsieur.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par vous présenter l'AQPP en quelques mots. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais m'exprimer en français. Je suis certain que vous avez accès à de l'interprétation.
[Français]
L'AQPP est un syndicat professionnel. Elle regroupe les 1 800 pharmaciens propriétaires du Québec.
Au Québec, pour être propriétaire d'une pharmacie, il faut nécessairement être pharmacien. Ainsi, les groupes des grandes chaînes comme Shoppers Drug Mart/Pharmaprix ou Jean Coutu ne peuvent en aucune circonstance être propriétaires. Ce sont des franchiseurs.
Le mandat de l'AQPP est l'étude et la défense des intérêts économiques, sociaux et professionnels de ses membres. Nous réalisons notre mandat surtout par l'entremise de la négociation d'ententes avec différents gouvernements, comme le gouvernement provincial pour ce qui est du régime public du Québec. Nous avons aussi une entente avec le gouvernement fédéral, le partenariat fédéral, qui couvre plusieurs programmes.
Dans le passé, nous avions une entente avec Citoyenneté et Immigration Canada. Cette entente remonte aux années 1990. Pour des raisons que j'ignore, elle n'a jamais été renouvelée. Malgré cela, les services ont continué d'être rendus à la population, aux réfugiés. De même, les pharmaciens ont continué à être payés sans qu'il y ait de problème, jusqu'à il y a environ quatre ans.
À ce moment-là, des problèmes sont apparus. Des changements ont été faits, des règles ont été établies, de façon un peu arbitraire, à notre avis, soit par FAS, soit par Citoyenneté et Immigration Canada, de telle sorte que les pharmaciens allaient dorénavant ignorer quels produits seraient couverts par le programme, quels seraient les montants des remboursements et dans quelles circonstances et selon quelles modalités ils allaient être remboursés.
Tout ça a conduit au problème qui sévit maintenant. Les pharmaciens se sont dit qu'à défaut d'être payés, ils allaient soit diriger les patients ailleurs, soit inviter Citoyenneté et Immigration Canada à discuter d'une entente avec l'association. C'est ce qu'on fait depuis au moins les trois dernières années: on invite à répétition Citoyenneté et Immigration Canada à s'asseoir et à discuter pour conclure une entente, mais c'est malheureusement sans succès.
Il est clair qu'en l'absence d'une entente, les pharmaciens n'ont aucun moyen de savoir exactement, lorsqu'ils servent un réfugié qui est membre du programme, quels produits sont couverts et à quel prix, ni dans quelles circonstances et selon quelles modalités ils seront remboursés. Or, dans ces conditions, chacune des transactions réalisées par le pharmacien devient problématique.
Bien qu'on ait invité à plusieurs reprises Citoyenneté et Immigration Canada à négocier, on ne comprend pas la résistance qu'il y a eu. C'est peut-être un manque un compréhension puisque, par ailleurs, comme j'y ai fait allusion tout à l'heure, on a déjà une entente, soit le partenariat fédéral. Elle couvre les Premières nations, par l'entremise de Santé Canada, de la GRC, des Forces canadiennes et d'Anciens Combattants Canada. C'est une entente à laquelle on est arrivé avec le gouvernement fédéral à la suite de recommandations qui avaient été faites par la vérificatrice générale, Mme Sheila Fraser. Elle avait invité les différents organismes fédéraux à s'unir pour négocier des ententes.
Il y a donc une entente déjà existante. Il est clair pour nous que Citoyenneté et Immigration Canada pourrait prendre exactement la même entente et en ajuster la couverture selon ses besoins. Ça pourrait fonctionner. D'ailleurs, les ententes fonctionnent très bien avec tous les autres groupes.
Puisque le temps s'écoule rapidement, j'aimerais vous dire, en terminant, qu'on a eu une rencontre en début de semaine avec des représentants de Citoyenneté et Immigration Canada. Les discussions nous ont permis d'en arriver à nous entendre sur une situation temporaire. De façon temporaire, nous allons pouvoir rétablir le service — notez qu'il n'avait pas été interrompu. Nous allons inviter nos membres à servir des réfugiés, comme le programme le prescrit. Cela dit, nous restons conscients que, très rapidement, nous devrons négocier une entente avec Citoyenneté et Immigration Canada afin de régler les problèmes et définir une fois pour toutes les modalités, les conditions et la couverture pour les réfugiés.
J'espère que ça vous donne un aperçu global de la situation.
Mon collègue et moi sommes prêts à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous d'être ici. Je suis très content que vous ayez accepté notre invitation. J'ai demandé au comité d'étudier cette question parce que je croyais qu'il y avait urgence. Je suis ravi d'entendre que des discussions et des échanges se font avec CIC et que la situation progresse.
D'après ce que je comprends — et c'est ce que j'aimerais que vous clarifiez —, c'est un problème qui perdure. C'est l'absence de progrès dans le dossier qui vous a fait recourir à ces moyens de pression. Ce n'est probablement pas les termes que vous utiliseriez, mais je parle de cette directive que vous avez envoyée à vos pharmaciens. Je crois savoir, d'après votre intervention, qu'à présent que les partenaires sont revenus à la table de négociations et que tout le monde semble être de bonne foi, vous allez, du moins tant et aussi longtemps que le processus se poursuit, indiquer à vos pharmaciens de continuer à offrir le même service qu'auparavant.
Est-ce bien ce qu'on doit comprendre de la situation?
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J'aurais de la difficulté à vous fournir un chiffre indiquant une proportion des ventes, d'abord parce que je ne connais pas les ventes de chacune des pharmacies et ensuite parce que comme on n'a pas d'entente, je ne connais pas le volume de médicaments qui est traité avec CIC. Cependant, cela représente souvent des montants importants. On comprend que ce sont des individus, des pharmaciens, qui avancent ces sommes. Le pire des cas qu'on ait vu, c'est celui d'un pharmacien qui avait eu à avancer plusieurs dizaines de milliers de dollars et qui se disputait avec CIC depuis trois ans.
Je vais vous donner des exemples de produits remis à des patients et de leur prix. Par exemple, dans le traitement du VIH-sida, le coût du traitement mensuel pour une trithérapie est de 1 500 $. C'est un montant qui vient s'additionner tous les mois et, si le pharmacien n'est pas payé dans le cas de quelques patients, il n'en faut pas beaucoup pour faire plusieurs dizaines de milliers de dollars après deux, trois ou quatre mois.
C'est la même chose pour les infections pulmonaires graves, que l'on traite à l'aide de la vancomycine. Un traitement de sept jours coûte 500 $. Dans ce cas aussi, des sommes assez importantes s'accumulent rapidement. Ce sont des sommes que des individus, des pharmaciens propriétaires, ont à avancer. Ce ne sont pas des grandes compagnies qui avancent l'argent pour couvrir ces frais, ce sont des individus.
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Je m'excuse, mon français n'est pas assez bon pour que je vous pose ma question en français.
Vous ne voyez pas de problème à ce que le gouvernement fédéral ait un contrat avec la Croix Bleue, mais vous voulez une entente à part pour vous doter d'une interface électronique et avoir accès à la liste des médicaments qui seront couverts par la Croix Bleue selon l'entente avec le gouvernement fédéral. Vous serez ensuite en mesure de donner des médicaments aux nouveaux réfugiés, puisque vous serez certains d'être payés automatiquement.
Est-ce exact jusqu'à maintenant?
M. Normand Cadieux: Oui.
Mme Olivia Chow: Nous constatons que 265 pharmaciens ont signé l'entente avec la Croix Bleue et le gouvernement fédéral. Est-ce que votre association représente les autres pharmaciens? Pouvez-vous nous expliquer cela? Parce que je ne viens pas du Québec et que je ne comprends pas bien la situation. Nous n'avons rien de tel en Ontario, et peut-être le devrions-nous. Comment cette entente aide-t-elle les autres pharmaciens?
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L'intermédiaire est la RAMQ, qui est l'équivalent de l'ODB en Ontario.
[Français]
En Ontario, les pharmaciens ne négocient pas d'entente, parce qu'ils n'ont pas de syndicat. Ce sont des corporations et on ne permet pas à des corporations de négocier avec qui que ce soit, parce que cela contreviendrait à la Loi sur la concurrence. C'est donc le gouvernement de l'Ontario qui établit son programme et qui le remet au PMO pour que celui-ci en fasse la gestion.
Au Québec, c'est la même chose. On négocie avec le gouvernement, avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, et le ministère confie à la Régie de l'assurance maladie du Québec la gestion du programme.
On peut faire un parallèle. La Régie de l'assurance maladie du Québec, dans le cas qui nous préoccupe, serait Croix Bleue Medavie. Cependant, l'entente doit être avec CIC parce que c'est CIC qui a la responsabilité du programme.
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On ne demande pas exactement la même chose. Je pense que la structure est semblable. Ce qu'on demande est plus semblable, je pense, à l'entente qu'on a avec le gouvernement fédéral pour les quatre autres groupes, qui sont les Premières nations, la GRC, le ministère des Anciens Combattants, etc.
L'entente est déjà là. Il y a déjà une entente avec le gouvernement fédéral qui est signée par quatre groupes différents. Tout ce qu'il reste à faire, c'est que le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration prenne cette entente et qu'il ajuste la couverture des services et des produits qu'il veut payer. Il n'est pas obligé de payer les mêmes produits et les mêmes services que les autres. Il a son propre programme. S'il travaille avec Croix Bleue Medavie, il pourra modifier en tout temps la couverture. Il n'aura même pas besoin d'en informer les pharmaciens, car cela sera fait électroniquement. Ainsi, quand le pharmacien fera une réclamation, Croix Bleue Medavie, par l'entremise du système électronique, dira si c'est couvert ou non.
Les ententes sont déjà là et elles donnent de la liberté. Il y avait à ce sujet un manque de compréhension de la part de CIC, mais cela lui donne l'entière liberté d'ajuster sa couverture. C'est CIC qui est maître de cela, ce n'est pas nous. En ce qui nous concerne, nous voulons déterminer les conditions qui régiront nos rapports avec le gouvernement, afin de nous assurer de rendre les bons services, de donner les bons produits, ceux qui sont remboursés en vertu du programme, et que les pharmaciens seront payés dans des délais raisonnables.
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La question ne se pose pas vraiment, parce que les pharmaciens n'ont jamais refusé de servir quelqu'un ou d'exécuter une ordonnance. Ils ne le feront jamais parce que, comme vous l'avez si bien souligné, ils sont soumis à des règles d'éthique et de déontologie. Aucun pharmacien ne refuse de servir un patient.
Si nos membres ne sont pas en mesure de se faire rembourser par CIC parce qu'ils ne sont pas partie à une entente, nous leur recommandons de demander aux réfugiés de payer leurs médicaments s'ils en ont les moyens. Autrement, les pharmaciens ont l'obligation de les accompagner et de les diriger vers un service, un hôpital ou une clinique, où ils pourront obtenir les produits dont ils ont besoin.
La troisième option que nous suggérons à nos membres consiste à servir le patient et à faire par la suite une réclamation auprès de CIC. Nous ne pouvons pas garantir qu'ils seront remboursés. Il reste qu'en aucune circonstance, un pharmacien du Québec n'a refusé ou ne refuse de servir un patient sans à tout le moins le diriger vers un autre service pour s'assurer qu'il obtient ailleurs ce dont il a besoin.
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Certains médicaments peuvent ne pas être couverts par le régime public du Québec et être couverts pour les réfugiés. Chaque programme a ses particularités et chaque programme couvre certains produits.
Par exemple, dans le cas des Forces canadiennes, certains programmes sont mis en place pour couvrir des médicaments disponibles en vente libre qui ne sont pas couverts par le gouvernement du Québec pour la population québécoise. Ainsi, les Forces canadiennes vont payer certains médicaments disponibles en vente libre et les militaires peuvent les obtenir sur la base militaire.
Au Québec, il y a une entente pour les militaires qui ne sont pas rattachés à une base. Ils peuvent ainsi se procurer des médicaments en vente libre disponibles en pharmacie et se faire rembourser. Il y a des distinctions à faire dans chacun des programmes.
Il est possible que des produits pour les réfugiés soient couverts, en plus d'autres produits qui sont couverts pour la population québécoise. Cela est très possible, mais je ne pourrais pas les énumérer ou dire exactement quels sont ces produits.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Albert Deschamps et je suis directeur général du bureau de Citoyenneté et Immigration Canada pour la Région du Québec. Comme vous l'avez mentionné, la Dre Danielle Grondin, directrice générale de la Direction générale de la santé à CIC, m'accompagne aujourd'hui.
Je tiens à remercier le comité de nous avoir invités et de s'intéresser à la question importante que nous abordons aujourd'hui. CIC s'efforce d'offrir les meilleurs soins possible aux réfugiés. Le Programme fédéral de santé intérimaire fournit des services de santé essentiels et d'urgence aux réfugiés, aux demandeurs d'asile et aux autres personnes qui ne bénéficient pas encore d'une couverture de santé provinciale ou territoriale.
[Français]
Le PFSI est un programme de transition seulement. Il ne vise pas à remplacer les programmes d'assurance maladie provinciaux ou territoriaux, mais plutôt à offrir une protection aux personnes admissibles avant que celles-ci puissent bénéficier d'une protection en matière de santé d'une province ou d'un territoire.
[Traduction]
Le PFSI ne paie pas les bénéficiaires, mais rembourse aux fournisseurs de services de soins de santé Ie coût de ces soins. Le programme rembourse directement les fournisseurs participants (médecins, dentistes, hôpitaux, cliniques, pharmaciens, etc.) pour les services qu'ils ont offerts aux bénéficiaires admissibles, s'ils présentent les factures à cet effet à l'administrateur des demandes de remboursement du PFSI.
Environ 128 000 personnes au Canada (et environ 25 000 au Québec) bénéficient du PFSI par l'entremise d'un réseau de plus de 18 000 fournisseurs de soins de santé autorisés à l'échelle du Canada. En 2009-2010, Ie coût total du PFSI a atteint 80 millions de dollars (20 millions au Québec). Les coûts des médicaments du PFSI pour le Canada étaient de 14 millions de dollars, dont 5,5 millions au Québec.
Le 17 janvier 2011, au titre d'un processus concurrentiel, Croix Bleue Medavie a assumé la responsabilité de l'administration du Programme fédéral de santé intérimaire.
[Français]
Comme le comité l'a appris à la même date, l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires a également invité ses membres à ne pas participer au nouveau système électronique mis en place par Croix Bleue Medavie. Cette décision constitue une préoccupation importante pour CIC, car les réfugiés n'ont pas les moyens de payer leurs médicaments d'ordonnance sans l'aide de ce programme.
[Traduction]
Cependant, je suis heureux d'annoncer au comité que beaucoup de progrès ont été accomplis sur cette question depuis lors. Le 31 janvier, des responsables de CIC et de l'AQPP ont tenu une réunion à Montréal en vue d'entamer une première discussion au sujet du PFSI et des services de pharmacie au Québec. Ils ont pu établir un accord provisoire afin d'assurer que les bénéficiaires du PFSI qui se font prescrire des médicaments puissent y avoir accès.
Hier, le 2 février, l'AQPP a invité ses membres à recommencer à offrir des services réguliers aux bénéficiaires du PFSI, pendant que se poursuivent les discussions entre les deux parties.
Permettez-moi de vous expliquer comment nous en sommes arrivés là. Le 17 janvier 2011, Croix Bleue Medavie a assumé la responsabilité quant à l'administration du programme, fournissant un service de règlement automatisé des demandes de remboursement, y compris des normes de service. Ce service moderne permet aux fournisseurs de déterminer l'admissibilité des clients, ainsi que les services et les coûts pouvant faire l'objet d'un remboursement. Il permet aussi le remboursement rapide des fournisseurs de soins de santé.
[Français]
Cependant, alors que les pharmaciens étaient invités à s'inscrire auprès du nouvel administrateur, l'AQPP a dit au concepteur de logiciel de ne pas programmer le système des pharmaciens, les privant ainsi de l'outil qui les renseignerait sur l'admissibilité des clients ainsi que sur les services et les coûts visés. L'association a ainsi informé ses membres de sa décision.
[Traduction]
Nous reconnaissons que dans le passé, les intervenants ont régulièrement soulevé des inquiétudes en ce qui concerne les retards dans le système de remboursement, qui était en format papier. Toutefois, lorsque de telles allégations ont été portées à notre attention, nous les avons examinées et réglées. Dans certains cas, le PFSI avait remboursé la demande, mais pour la majorité des cas, la demande n'était pas admissible ou seulement partiellement admissible au remboursement. La situation découlait principalement du fait que le produit ou le service fourni n'étaient pas couvert par le PFSI.
L'AQPP n'a pas présenté d'autres demandes de remboursement à l'intention de CIC lors des derniers mois. C'est donc avec plaisir que j'annonce que dès aujourd'hui, toutes les demandes de remboursement en suspens qui nous ont été transmises ont été examinées et réglées.
[Français]
Nous avons également communiqué avec les pharmaciens du Québec pour les inviter à contacter CIC s'ils n'ont pas encore reçu de remboursement pour les demandes qu'ils ont présentées il y a plus d'un mois.
[Traduction]
Depuis le 17 janvier, conformément aux normes de service, les demandes de remboursement soumises par voie électronique sont traitées dans un délai de deux semaines. Les demandes soumises par la poste directement à Croix Bleue Medavie sont quant à elles traitées dans un délai de trois semaines. Nous poursuivons nos discussions avec l'AQPP de bonne foi et nous espérons en arriver à un accord qui sera acceptable aux deux parties et qui permettra aux réfugiés de continuer de recevoir les services de santé dont ils ont besoin, aux termes du PSFI.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
On a parlé du fait qu'il existait déjà des ententes entre l'AQPP et quatre autres ministères fédéraux. On a nommé la GRC, Anciens Combattants Canada, Affaires indiennes et du Nord Canada et le ministère de la Défense nationale.
Vous avez probablement pris contact avec ces ministères pour vérifier si leurs ententes fonctionnaient bien. Il semble que ce soit le cas. Quand l'AQPP vous en a parlé, je présume que vous êtes allés voir vos collègues de la Défense nationale et de la Sécurité publique pour leur demander si leur entente avec l'AQPP fonctionnait bien.
Alors, il y a eu des patients qui ont cessé leur traitement.
Il poursuit en disant ceci:
... et sans leurs médicaments, leur santé se détériorera rapidement. « Le résultat final — tout à fait évitable, mais en apparence inévitable — sera une augmentation de la morbidité, de la mortalité, de la souffrance et des coûts »...
Voilà les conséquences de la situation actuelle.
Vous en êtes plus ou moins arrivée à une entente avec quelque 300 membres d'un syndicat, d'une association. Ces personnes avaient des obligations à l'égard de leur syndicat également. S'agit-il, d'une certaine façon, d'une tentative pour briser ce syndicat?
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Notre défi, c'est d'essayer de concilier tous les avantages que nous pouvons obtenir par le biais du contact direct avec les pharmaciens avec les avantages que nous pouvons avoir en traitant avec l'AQPP. En toute justice, je pense qu'il pourrait y avoir certains avantages à en venir à une entente là où l'association peut jouer un rôle qui pourrait être utile à tout le monde. C'est là que nous essayons de concentrer nos négociations.
Pour nous, il pourrait être plus utile d'avoir un seul interlocuteur si nous devons envoyer de l'information générale, que de traiter avec de nombreux interlocuteurs individuels.
Ce qui importe pour nous, c'est que si nous en venons à une entente avec l'AQPP, cette entente ne devrait par lui donner le pouvoir ou la latitude nécessaire pour négocier les conditions concernant l'admissibilité, les produits, la couverture, etc.
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En fait, j’ai des statistiques.
Pour l’essentiel, comme on l’a indiqué, il y a des demandeurs d’asile, ceux qui attendent une réponse ou ceux dont la demande a été rejetée et qui attendent d’être expulsés du Canada. Ces gens sont couverts.
Il y a les réfugiés au sens de la Convention réinstallés au Canada, mais également les victimes de la traite de personnes. Il y a également les personnes détenues par l’Agence des services frontaliers du Canada. Enfin, il y a également les membres d’une population particulière, comme la population haïtienne du Québec à l'heure actuelle, qui sont aussi couverts par les programmes.
En ce qui concerne le type de maladies, ce ne sont pas tous les clients admissibles qui utiliseront les services pharmaceutiques. Par exemple, on parle de 78 p. 100 des demandeurs d’asile et 48 p. 100 des réfugiés installés.
Pour ce qui est des maladies donc, nous avons fait un sondage sur les 200 produits pharmaceutiques les plus demandés. Grosso modo, entre 14 et 17 p. 100 de ces produits sont des médicaments anti-infectieux et des médicaments pour les maladies du coeur. Il s’agit des médicaments d’ordonnance les plus demandés. Il y a ensuite les médicaments pour traiter les troubles neurologiques, les maladies mentales, la dépression, la schizophrénie, et ce type de maladies. C'est le second groupe, et il y a enfin les médicaments contre les troubles gastro-intestinaux.
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Je peux répondre à cette question, si vous me le permettez, car notre bureau a agi à cet égard. En fait, oui, nous savions qu’il y avait des retards, et c’est pourquoi nous avons examiné toutes les demandes que nous avions reçues: soit les pharmaciens ont été payés — pour les factures qui étaient en retard, et ils l'ont été concrètement —, soit une décision a été prise et on a informé le pharmacien que la demande n’était pas admissible ou… etc. C’est l’une des situations.
L’an dernier, de plus, nous avons réévalué certaines demandes que l’AQPP nous avait fait parvenir pour réexamen. Toutes ces demandes ont aussi été examinées et des décisions ont été prises. La plupart d’entre elles n’étaient pas admissibles; c’est-à-dire que le service demandé n’était pas couvert ou le client n’était pas admissible, etc.
Nous avons entendu les allégations selon lesquelles il y avait trois mois de retard; toutefois, rien ne prouve que ce fut le cas. Nous n’avons pas de documents et aucun document n’a été soumis, que ce soit par le pharmacien en question ou par l’AQPP, qui montre qu'il y avait des retards de paiement de 10 000 $ ou de 30 000 $, comme nous l’avons entendu.
Au cours des dernières semaines, nous avons certainement invité les pharmaciens, surtout les pharmaciens inscrits, à bien vouloir soumettre leurs demandes. Nous leur avons donné une adresse, un numéro de télécopieur et tout ce qu’il faut pour qu’ils puissent soumettre les demandes. Toutefois, à l'heure actuelle, toutes les décisions ont été prises.
Tout d'abord, il s'agit de réfugiés qui demandent protection et, en vertu de la loi, la société canadienne a l'obligation de leur donner protection. Il y a aussi la catégorie des réfugiés au sens de la Convention, lesquels nous avons déjà convenu, avec la commission, d'amener au Canada. Nous devons quand même respecter ces obligations internationales en sol canadien.
L'état de santé de ces réfugiés, surtout les réfugiés au sens de la Convention — il y a quand même différentes caractéristiques —, découle de la situation dans leur pays d'origine et des conditions dans lesquelles ils vivaient. Dans certains pays, ces personnes n'ont pas eu accès à des services médicaux et, compte tenu des questions épidémiologiques et des maladies infectieuses, leur condition de santé s'est détériorée. Il est très important que les réfugiés au sens de la Convention reçoivent les traitements. De toute façon, ils sont admissibles à ces services, en vertu des plans de santé provinciaux et territoriaux que nous avons. Nous les couvrons pendant la période d'attente, qui est habituellement de trois mois, mais aussitôt qu'ils sont admissibles, notre programme ne les couvre pas.
Il est aussi important de couvrir ces groupes à l'aide de ce qu'on appelle les couvertures supplémentaires, pour les médicaments et toutes ces choses qui ne sont pas nécessairement couvertes par les systèmes de santé, mais pour lesquelles les systèmes couvrent les assistés sociaux, par exemple. Nous prenons des programmes provinciaux d'aide sociale déjà négociés et nous les adaptons. Cela nous permet quand même d'arriver à une certaine parité avec ce qui est offert à ces groupes dans les provinces et territoires.
Cela est important pour trois raisons. Tout d'abord, il est important pour les réfugiés eux-mêmes, quelle que soit leur catégorie, qu'on se préoccupe de leur état de santé et qu'ils reçoivent les soins nécessaires. Deuxièmement, c'est important pour la santé publique, surtout si ces personnes présentent des signes de maladies infectieuses qui se transmettent à leurs proches ou dans les communautés. Il faut que ce soit traité. Troisièmement, en assumant ces coûts, on soulage les ressources des systèmes de santé des provinces et des territoires, ne serait-ce que sur le plan des coûts. Il faut penser à tous ces avantages.
Il est important pour la population canadienne de savoir que cette couverture pour les réfugiés qui sont des demandeurs d'asile, en fait, est transitoire. La couverture offerte par le programme cesse lorsque le demandeur d'asile est débouté; autrement dit, celui-ci est couvert jusqu'à ce qu'il quitte le Canada, et puis c'est terminé. Si un demandeur d'asile retire ou abandonne sa demande de protection, la couverture cesse aussi. Il est certain que s'il apparaît, à tout moment, qu'une personne réside au Canada de façon illégale, la couverture cesse. C'est vraiment temporaire, en attendant le verdict de la commission. Si la commission accorde le statut de réfugié à une personne, celle-ci devient automatiquement admissible aux programmes provinciaux.
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Les ententes ne sont pas nécessairement conclues avec chaque personne. Nous nous appuyons sur un système, un formulaire — le formulaire du Québec — qui est déjà négocié, qui existe déjà. Nous faisons cette parité. C'est un programme fédéral. Les pharmaciens sont déjà licenciés, c'est l'Ordre des pharmaciens qui s'occupe de cela. Ils sont licenciés. Nous nous servons du formulaire du Québec, de la RAMQ, mais en appliquant le moindre coût. Puis, les pharmaciens s'enregistrent.
La couverture est déjà établie et tous les médicaments de la RAMQ sont couverts. En plus, il y a possibilité d'obtenir une préapprobation pour des médicaments qui ne seraient pas couverts. Par exemple, la RAMQ ne couvre pas certains médicaments contre la malaria, certains médicaments antiparasitaires — contre les parasites intestinaux — ou ne couvre pas les vitamines et les produits de ce genre. Comme il s'agit d'une population vulnérable et souvent mal nourrie, c'est un avantage que ce soit couvert. Nous couvrons cela et c'est déjà inscrit au système informatisé. Tout est là. Ce n'est pas une entente comparable à une entente syndicale avec chaque pharmacie, pas du tout. Les pharmaciens sont licenciés et il y a déjà un système négocié à la RAMQ, pour les assistés sociaux, que nous appliquons.
Le président: Merci.
Dre Danielle Grondin: Nous avons même établi des comparaisons de coûts, pour reprendre l'exemple qui a été donné au sujet du VIH. Tout est bien comparé.
Le président: Merci.
Dre Danielle Grondin: Si la prescription spécifie de ne pas donner de médicaments non-substituts, ce sera payé. Il n'y a pas vraiment de raisons pour expliquer le litige, mais nous continuons les discussions pour comprendre ce que souhaite l'AQPP.