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Merci, monsieur le président, et merci de m'avoir invité à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Andrew Griffith et je suis le directeur général de la Citoyenneté et du Multiculturalisme, et comme vous l'avez indiqué, je suis accompagné de membres de mon équipe, Nicole Girard et Alain Laurencelle.
[Français]
C'est un plaisir pour moi d'être ici pour discuter du projet de loi d'initiative parlementaire .
[Traduction]
Pour les prochaines minutes, j'aimerais revenir brièvement sur les modifications apportées à la Loi sur la citoyenneté en 2009, par suite desquelles l'attribution de la citoyenneté aux enfants nés à l'étranger a été limitée à la première génération. Ensuite, je décrirai en quelques mots ce que propose le projet de loi relativement à ces modifications. Enfin, je présenterai certains des amendements qui, selon nous, sont nécessaires pour faire en sorte que le projet de loi à l'étude donne les résultats voulus.
Intéressons-nous donc d'abord aux modifications apportées à la Loi sur la citoyenneté en 2009. Grâce à ces modifications, la plupart des « Canadiens déchus » — personnes qui avaient perdu la citoyenneté canadienne ou ne l'avaient jamais eue — ont pu obtenir la citoyenneté pour la première fois ou être réintégré dans celle-ci.
[Français]
Autre nouveauté, une limite de la première génération a été imposée à la transmission de la citoyenneté par filiation aux personnes nées à l'étranger, afin de protéger la valeur de la citoyenneté canadienne à l'avenir et garantir que les citoyens ont un lien avec le Canada.
Cette limite signifie qu'un enfant né de parents canadiens à l'extérieur du Canada est citoyen de naissance seulement si l'un de ses parents est né au Canada ou a été fait citoyen — on dit « naturalisé » — après avoir immigré au Canada.
[Traduction]
Bien sûr, une exception a été prévue pour que les enfants, biologiques ou adoptifs, de personnes au service à l'étranger des Forces armées canadiennes ou de l'administration publique fédérale ou de celle d'une province soient citoyens même s'ils font partie de la deuxième génération ou d'une génération subséquente d'enfants nés à l'étranger.Toutefois, à l'instar de tous les enfants nés à l'étranger d'un parent canadien, à cause de cette limite, les enfants de fonctionnaires de la Couronne ne peuvent pas transmettre la citoyenneté à leurs enfants nés ou adoptés à l'extérieur du Canada.
[Français]
D'autres pays imposant une restriction à la première génération, comme le Royaume-Uni ou la Nouvelle-Zélande, ont traité la question différemment en s'assurant que les enfants nés à l'étranger des fonctionnaires de la Couronne transmettent eux aussi leur citoyenneté à leurs enfants, si ces derniers naissent ou sont adoptés à l'étranger. C'est l'objectif du projet de loi .
[Traduction]
Le projet de loi propose de traiter les enfants nés ou adoptés à l'étranger de parents fonctionnaires ou de membres des Forces canadiennes comme les enfants nés au Canada, de sorte qu'ils soient en mesure de transmettre leur citoyenneté à leurs enfants, que ces derniers soient nés ou adoptés à l'étranger. Le gouvernement appuie l'objectif de ce projet de loi, car il reconnaît et souligne la valeur des contributions, du dévouement et des sacrifices des fonctionnaires qui travaillent à l'étranger et de leurs familles.
Bien que les fonctionnaires de la Couronne, y compris nos militaires, soient au service des Canadiens à l'étranger, ils montrent leur attachement à notre pays de plusieurs façons.
Tout d'abord, ils sont considérés comme des résidents du Canada.
Ensuite, ils paient des impôts canadiens tout en travaillant à l'étranger.
Enfin, ils reviennent régulièrement au pays. Toutefois, leur situation est différente de celle des Canadiens expatriés, qui, pour la plupart, ne sont pas considérés comme des résidents canadiens, ne paient pas d'impôts canadiens, et visitent le pays de façon aléatoire.
Ces éléments montrent un attachement fort et continu au Canada.
[Français]
Le gouvernement a cependant certaines préoccupations quant au libellé actuel du projet de loi, car il n'atteint pas l'objectif visé et risque d'entraîner des conséquences non voulues. Permettez-moi d'exposer brièvement ces préoccupations.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné, le projet de loi a pour objectif de permettre aux enfants de fonctionnaires canadiens de transmettre la citoyenneté à tout enfant qu'ils pourraient avoir ou adopter à l'extérieur du Canada. Or, le libellé actuel ne permet pas aux enfants de fonctionnaires de transmettre la citoyenneté.
En revanche, le projet de loi prévoit l'abrogation de l'article de la Loi qui exempte actuellement de la limite de la première génération les enfants nés à l'étranger de fonctionnaires au sein de la deuxième génération ou plus, ce qui, dans les faits, empêcherait les enfants nés à l'étranger de fonctionnaires également nés à l'étranger d'un parent canadien d'obtenir la citoyenneté.
Le projet de loi pose également des problèmes en ce qui concerne les personnes adoptées. Plus précisément, le projet de loi propose que la citoyenneté soit attribuée automatiquement aux enfants adoptés à l'étranger par des fonctionnaires nés ou naturalisés au Canada, sans égard aux obligations internationales et aux exigences légales actuelles.
Or, le libellé actuel de la Loi permet déjà aux personnes nées à l'étranger et adoptées par un parent né au Canada — que celui-ci soit fonctionnaire ou non — de demander la citoyenneté. Qui plus est, les critères ouvrant droit à une telle attribution de la citoyenneté respectent les obligations internationales visant la protection de l'intérêt supérieur de l'enfant — par exemple en ce qui a trait à la prévention de la traite des enfants —, de même que la compétence des provinces en matière d'adoption.
Le problème est le suivant: si le projet de loi était mis en oeuvre, les enfants adoptés par un fonctionnaire à l'étranger n'auraient plus à présenter une demande de citoyenneté selon le processus actuel, de sorte qu'ils ne bénéficieraient plus des mesures de protection de leur intérêt supérieur.
[Français]
Pour toutes les raisons que je viens de décrire, le projet de loi ne donnerait pas les résultats voulus et aurait plutôt des conséquences néfastes non intentionnelles.
[Traduction]
Les amendements à apporter au projet de loi pour garantir son efficacité seraient mineurs. L'objet de ce projet de loi pourrait être réalisé en élargissant la restriction actuelle pour faire en sorte que les enfants de fonctionnaires, y compris de membres des Forces canadiennes, puissent, au même titre que s'ils étaient nés au Canada, transmettre la citoyenneté à leurs enfants nés ou adoptés à l'étranger. Compte tenu des sacrifices que nos fonctionnaires font, de leur dévouement envers notre pays et de leur lien solide avec le Canada, il ne devrait y avoir aucun doute quant à la citoyenneté de leurs enfants, peu importe leur lieu de naissance.
En juin 2010, le gouvernement a déposé le projet de loi , et une autre loi en conséquence. Le projet de loi propose des modifications qui visent à renforcer le processus de demande de citoyenneté; à améliorer les mesures de lutte contre la fraude en matière de citoyenneté; et à simplifier le processus de révocation de la citoyenneté.
Plus particulièrement, le projet de loi propose de créer un pouvoir juridique pour réglementer les consultants en matière de citoyenneté et de sévir contre ceux qui aident les demandeurs à obtenir la citoyenneté par la fraude; il propose également d'alourdir les peines prévues pour les personnes qui commettent de la fraude; de renforcer l'obligation de résidence afin d'exiger une présence physique au Canada; de renforcer la capacité du gouvernement d'empêcher les criminels de devenir des citoyens canadiens; et de veiller à ce que la Loi appuie la mise en oeuvre de la limite de la transmission de la citoyenneté par filiation à la première génération née à l'étranger.
Tout comme le projet de loi , le projet de loi propose également d'apporter des modifications à l'exception actuelle visant les fonctionnaires en ce qui concerne la limite à la première génération. Conformément à l'intention du projet de loi C-467, les modifications proposées à cette exception dans le projet de loi C-37 permettraient de s'assurer que les enfants de fonctionnaires en poste à l'étranger ne soient pas défavorisés en raison du service de leurs parents pour le Canada et qu'ils soient en mesure de transmettre la citoyenneté à leurs enfants nés ou adoptés à l'étranger.
[Français]
Merci encore de m'avoir donné l'occasion de vous parler. Cela me fera plaisir de répondre à vos questions.
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D'accord, je comprends.
Le projet de loi traite d'un aspect assez pointu quand même. Ce ne sont pas des situations extrêmement nombreuses mais, malgré tout, le comité s'est déjà penché sur cette question.
Pourquoi le ministère n'a-t-il pas réfléchi, entre autres dans sa précédente réforme et encore aujourd'hui, à la possibilité de donner beaucoup plus d'importance au critère de résidence pour accorder la citoyenneté, plutôt que de donner l'importance presque uniquement à celui du lieu de naissance, comme c'est le cas actuellement?
On voit que d'autres pays assortissent la question de la transmission de la citoyenneté par filiation à des critères de résidence. Au Canada, il n'y a pas ces critères. Quelles sont les raisons qui ont amené le gouvernement à exclure cela?
Pensez-vous que ce soit un sujet auquel le comité devrait continuer à s'intéresser?
Dans le fond, cela ne réglerait-il pas tous ces cas, si on accordait davantage d'importance au lieu de résidence sans qu'on se préoccupe de savoir quel employeur la personne avait au moment où elle était à l'étranger?
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C'est une bonne question. En effet, on y pense. Il y a plusieurs options à considérer.
On a fait l'expérience, auparavant, d'un « test de connection » et on trouvait que c'était un peu trop compliqué à gérer. C'était compliqué pas seulement pour nous, mais aussi pour les demandeurs. Et, d'une certaine manière, cela a créé pas mal de Canadiens déchus, en effet, parce que les règlements étaient trop compliqués et les gens ne faisaient pas leur demande dans les délais requis.
Par ailleurs, beaucoup de pays tiennent le même débat que nous, soit celui qui cherche à savoir si on doit viser une approche de résidence ou une approche de génération. Deux pays ont fait comme nous et ont jugé que c'était mieux de choisir l'approche de génération, parce que c'est plus simple à comprendre pour tout le monde. C'est clair et net.
D'autres pays, comme l'Australie et les États-Unis, ont une approche fondée sur la résidence. En général, lorsque nous faisons une comparaison globale, nous pensons que notre approche, qui comprend le principe de première génération et aussi la possibilité pour les gens de faire les demandes de citoyenneté pour leurs enfants à l'étranger, est plus flexible sous certains aspects, mais que les approches des autres pays sont plus flexibles sous d'autres aspects. Donc, c'est toujours un équilibre à rechercher.
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Je pourrais commencer et laisser Nicole apporter des précisions. Concernant les adoptions, je répète qu'il y a deux processus d'approbation.
Il y a le processus d'approbation au pays effectué par les provinces et le processus au niveau international, géré par le gouvernement fédéral, pour lequel il faut obtenir la confirmation qu'on a suivi la réglementation, la loi, la procédure, etc., du pays hôte. Les deux processus visent à protéger les meilleurs intérêts de l'enfant.
Pour ce qui est d'Haïti, les adoptions qui ont été accélérées avaient déjà été approuvées par les provinces. En gros, une disposition spéciale a permis au président du pays d'approuver les transferts. La situation était vraiment unique.
Lorsque nous examinons les cas d'adoption, nous devons bien sûr comparer les mêmes situations. Les cas des enfants nés à l'étranger de parents canadiens ou les cas d'adoption doivent être traités de la même façon. Nous devons observer la loi canadienne et le principe de comparabilité. C'est là que les choses se compliquent un peu.
Il y a aussi les enfants nés de l'autre côté de la frontière. Par exemple, les femmes du Nouveau-Brunswick accouchent parfois de l'autre côté de la frontière. Il faut donc comparer ce genre de choses.
Voilà le défi qui se pose.
Nicole, vouliez-vous apporter quelques précisions? Non?
M. Rick Dykstra: D'accord, merci.
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Vous dites donc que, dans certains cas, la norme s'appliquerait aussi à ceux qui ne travaillent pas pour les sociétés d'État.
J'aime l'idée d'une condition de résidence et je pense que la majorité des fonctionnaires y répondent. Cependant, vous avez dit dans l'exposé que les fonctionnaires étaient considérés comme des résidents, avant d'expliquer qu'ils le sont du point de vue de l'impôt. Je pense qu'il serait bon que vous résumiez la portée juridique de la résidence et comment elle diffère de l'impôt.
Je sais que, lorsqu'il est question de diplomatie, il existe des conventions et des ententes internationales. Il arrive souvent que, selon le pays, on ne porte pas d'accusation criminelle contre les diplomates qui s'adonnent à certaines activités. Est-ce parce qu'ils sont considérés comme des résidents? Je suis très incertain de la façon dont les choses se font. Puisque nous parlons de lieu de naissance, si les diplomates sont considérés comme des résidents du Canada à certains égards, en est-il de même pour le mari ou la femme et, en théorie, les membres de la famille, comme les enfants?
Également, il y a la question de ceux qui sont au service des ambassades ou des sections consulaires, dont on dit qu'elles font partie du territoire du pays de citoyenneté. L'enfant d'un diplomate est-il bien...? C'est presque comme si l'enfant était né de l'autre côté de la frontière. Dans ce cas-là, le lieu de naissance est-il noté de façon différente?
Nous tombons dans un domaine où je ne suis pas tout à fait sûr de comprendre comment nous définissons les résidents et les conditions de résidence. Il nous serait fort utile que vous résumiez la situation.