Mesdames et messieurs, bonjour.
Ceci est la 46e séance du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Nous sommes le jeudi 3 mars 2011. Nous avons à l'ordre du jour, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, l'étude des délais de traitement des demandes d'immigration.
Nous poursuivons donc cette étude et vous verrez, en regardant l'ordre du jour, que nous allons nous réserver un moment à la fin de la séance, peut-être les cinq dernières minutes environ. En effet, le sous-comité s'est réuni et il nous faut approuver son rapport, si bien que vers la fin de la réunion nous passerons à huis clos pour l'adoption de ce rapport.
Nous recevons trois groupes de témoins au total aujourd'hui, qui disposeront de 40 minutes chacun. Tout d'abord, comparaissant par vidéoconférence depuis Hong Kong, nous avons un certain nombre de fonctionnaires du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Nous bénéficions de nouveau de la présence de M. Gilbert, directeur général de la Région internationale, qui est ici pour nous assister.
Merci, monsieur. Vous êtes devenu un participant régulier à ces réunions. Merci d'être venu. Je vais vous demander de présenter vos collègues de Hong Kong. Nous apprécions qu'ils aient pris le temps, si tard dans la soirée, de comparaître et de nous renseigner.
Monsieur, vous avez la parole.
:
Je vais commencer par un bref survol du travail accompli par ce bureau.
En qualité de mission offrant tous les services, le bureau de Hong Kong est responsable de la prestation du programme d'immigration à Hong Kong et à Macao et partage avec le bureau de Beijing la responsabilité du traitement des demandes d'immigration en Chine. Les demandes présentées au titre de la catégorie du regroupement familial pour les quatre provinces méridionales de la Chine sont traitées à Hong Kong, en partie en raison de la capacité linguistique de ce bureau en cantonais. Tous les autres demandeurs en Chine ont le choix de présenter leurs demandes d'immigration soit à Beijing soit à Hong Kong. Depuis l'ouverture en juillet 2008 des centres de réception des demandes de visas en Chine, peu de résidents de la République populaire de Chine présentent à Hong Kong leurs demandes de visas de résident temporaire. Il reste toutefois à Hong Kong un vaste bassin de demandeurs de visas de travailleur temporaire et d'étudiant dont les dossiers sont traités sur place.
La Section de l'immigration à Hong Kong comprend 10 agents canadiens à l'étranger et 62 employés recrutés sur place, dont sept agents d'immigration désignés. Deux des agents canadiens sont des agents d'intégrité des mouvements migratoires qui occupent ici des postes de l'ASFC. Hong Kong collabore avec le médecin régional et l'agent de contrôle des formulaires à Beijing et avec l'agent de liaison de la GRC à Hong Kong. Le bureau du Service de l'immigration du Québec ayant la plus forte production est également situé ici, à Hong Kong, dans la même tour de bureau, juste à l'étage en-dessous. Ce bureau assume la responsabilité régionale pour l'ensemble de l'Asie.
Le bureau de Hong Kong a délivré un peu plus de 16 000 visas d'immigrant en 2010 et s'attend à en octroyer un nombre similaire en 2011. Presque tous les visas délivrés par notre bureau le sont à des résidents de la Chine continentale, et plus de 80 p. 100 de ces visas concernent les catégories de l'immigration économique. Cependant, le nombre de cas réglés reste inférieur au nombre de demandes présentées, ce qui fait que l'accumulation des cas à Hong Kong est passée d'environ 22 000 au début de 2008 à plus de 34 000 aujourd'hui. Cela représente plus de 95 000 personnes. Parmi les dossiers en attente, les demandes d'investisseurs du volet fédéral sont les plus nombreuses, soit quelque 16 000 cas qui concernent plus de 50 000 personnes. La deuxième composante la plus grande de notre arriéré est celle des travailleurs qualifiés ayant présenté leur demande avant le projet de loi , soit plus de 10 000 dossiers touchant 24 000 personnes; les plus anciennes de ces demande remontent à 2006. Nous avons délivré en 2010 quelque 1 500 visas à des travailleurs qualifiés visés par le projet de loi C-50.
Hong Kong a une vaste population de travailleurs temporaires provenant de nombreux pays sources de la région, comme les Philippines, l'Indonésie, le Népal et la Chine. La majorité sont des employés de maison et des ouvriers de la construction. Bien que Hong Kong dépende fortement des travailleurs étrangers, il reste difficile d'y obtenir le statut de résident permanent, et c'est même vrai des personnes originaires de la République populaire de Chine. Par conséquent, accepter un contrat de travail temporaire à Hong Kong est considéré par certains, et particulièrement par les employés de maison, comme un tremplin pour émigrer ensuite au Canada. Le bureau de Hong Kong a traité plus de 3 600 demandes de permis de travail temporaire en 2010, concernant surtout des aides familiaux résidants, et en a refusé environ 12 p. 100. Le nombre de demandes de permis de travail temporaire reçues en 2010 était comparable à celui de l'année précédente. Cinquante pour cent des permis de travail temporaire ont été traités en un peu plus de deux mois.
Endiguer l'activité frauduleuse est une grande préoccupation du bureau de Hong Kong, qui s'y attaque avec sa stratégie d'assurance de la qualité et de lutte anti-fraude à volets multiples. Une unité d'analyse des cas chevronnée, qualifiée dans la vérification des documents, travaille de près avec une équipe de lutte anti-fraude qui fait partie de notre Unité d'intégrité des mouvements migratoires. Les agents d'intégrité des mouvements migratoires de Guangzhou et de Shanghai effectuent également des visites de site régulières, quoique rares.
Nous concentrons nos activités de lutte contre la fraude surtout sur les demandes de parrainage du conjoint, parce que nous avons constaté que les mariages de complaisance étaient endémiques. Les délais du traitement prioritaire de la catégorie du regroupement familial reposent sur l'hypothèse que 80 p. 100 des cas sont non problématiques. Or, à Hong Kong, c'est l'inverse qui est vrai. Nous avons de fortes présomptions de fraude dans 60 p. 100 des cas et des présomptions mineures dans 20 p. 100 de plus.
Bien que dans la plupart des pays il soit possible de renoncer à l'entretien avec le conjoint, cela n'est pas le cas à Hong Kong. Nous faisons passer une entrevue à environ la moitié de nos demandeurs parrainés par le conjoint afin de leur donner la possibilité de réfuter en personne nos présomptions. De ceux convoqués en entrevue en 2010, 70 p. 100 ont été refusés en raison d'un mariage frauduleux confirmé ou fortement présumé. Les renseignements et les preuves recueillis donnent fortement à penser qu'il s'agit là d'un mouvement organisé et très lucratif pour les organisateurs. Notre taux élevé de refus a occasionné une diminution des nouvelles demandes reçues dans cette catégorie au cours des deux dernières années du fait que ceux qui voudraient exploiter notre système sont maintenant moins enclins aujourd'hui à présenter une demande. Par conséquent, notre taux de refus a commencé à baissé, tombant de 57 p. 100 en 2009 à 47 p. 100 en 2010. Une vigilance constante reste cependant de mise afin d'endiguer les abus.
Le traitement prioritaire des dossiers d'époux authentiques a été maintenu. Nous avons adopté des mesures, comme le suivi du traitement du cas aux étapes initiales, la vérification des antécédents en début de processus, l'augmentation du nombre d'entrevues et la demande du passeport tôt dans le processus, afin de répondre aux nouvelles normes de service, mais nous ne parvenons pas encore à les respecter intégralement. Le temps supplémentaire requis pour enquêter sur la plupart de nos cas les plus problématiques s'ajoute à nos délais de traitement moyens, mais comme la proportion des cas illégitimes diminue, nous mettons l'accent sur la réduction globale des délais de traitement au cours des prochains mois.
Les changements apportés au programme fédéral des immigrants investisseurs intervenus le 1er décembre 2010 ont eu pour effet de modérer l'afflux des nouvelles demandes. Au moment du moratoire sur les demandes d'investisseurs en juin 2010, nous avions déjà reçu environ 9 000 de ces demandes cette année-là. Après la réouverture du programme en décembre et la multiplication par deux des avoirs nets et des investissements exigés, le nombre des demandes nouvelles est tombé à un niveau plus gérable de 300 par mois. Mais les consultants continuent à recruter activement des immigrants investisseurs en RPC, et nous n'excluons pas la possibilité d'une remontée du nombre des demandes. Le bureau des visas de Hong Kong a traité environ la moitié de la cible canadienne totale des dossiers d'investisseurs du volet fédéral, et il en ira de même en 2011.
Toutefois, l'afflux des demandes nouvelles continue à dépasser le nombre des dossiers traités. De ce fait, un arriéré de nouveaux dossiers d'investisseurs du volet fédéral apparaît déjà, alors que l'arriéré ancien ne baisse guère. Nous traitons actuellement les demandes de cette catégorie reçues vers le milieu de 2008. La majorité des dossiers de candidats du Québec et des provinces traités à Hong Kong appartiennent également à la catégorie des investisseurs.
Je vais m'arrêter là, monsieur le président. Je vous remercie, et je me ferai un plaisir de répondre aux questions que les membres du comité pourraient avoir.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, tout le monde.
Je m'appelle Simon Coakeley. Je suis secrétaire général de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, ou CISR. Je suis l'administrateur en chef des opérations de la commission, et je suis responsable du rendement du soutien au processus décisionnel, du greffe et des services de soutien organisationnels de la CISR. Je relève directement du président, M. Brian Goodman.
Comme il a été mentionné, je suis accompagné aujourd'hui de Mme Hazelyn Ross, vice-présidente intérimaire de la Section d'appel de l'immigration, qu'on appelle la SAI, et de M. Joel Rubinoff, I'un de nos conseillers juridiques, qui se concentre principalement sur la SAI.
Nous sommes très heureux d'être ici avec vous ce matin afin de vous aider dans vos études des délais d'attente du processus de demande d'immigration. Toutefois, j'aimerais signaler que l'une de vos priorités, soit les demandes présentées par les gens d'affaires, fait partie d'un domaine qui ne relève pas de la CISR.
Comme vous le savez probablement, la commission se compose actuellement de trois sections: la Section de la protection des réfugiés, la Section d'appel de l'immigration et la Section de l'immigration. Au cours du dernier exercice, nos sections ont réglé plus de 55 000 cas, dont 7 200 appels interjetés à la SAI.
Dans le cas de demandes de parrainage refusées, la SAI instruit les appels de décisions prises par Citoyenneté et Immigration Canada à un bureau des visas. Dans le cas de l'obligation de résidence, elle instruit les appels de décisions d'agents de CIC ou de l'Agence des services frontaliers du Canada. Dans le cas de mesures de renvoi, elle instruit les appels de décisions de la Section de l'immigration. Dans de rares cas, la SAI instruit les appels interjetés par le ministre contre une décision de la Section de l'immigration.
Les audiences de la SAI sont contradictoires. Les appelants sont souvent représentés par un conseil. Le ministre, représenté par l'Agence des services frontaliers, prend toujours part à la procédure. Dans les appels en matière de parrainage, l'agence représente le ministre de CIC, et dans les appels de mesures de renvoi, l'agence représente le ministre de la Sécurité publique.
Lorsqu'une demande de parrainage est refusée par CIC, le répondant peut interjeter appel à la SAI. Le membre de la famille et son répondant doivent prouver qu'ils répondent aux exigences prévues par la loi pour que le demandeur immigre au pays. Dans le cas des affaires relatives à un mariage, les époux doivent établir que leur mariage est authentique et qu'il n'a pas été contracté principalement à des fins d'immigration.
La SAI ne peut pas délivrer de visa de résident permanent. Seul CIC peut le faire. Si l'appel en matière de parrainage est accueilli, la demande doit donc être retournée au bureau des visas pour être traitée de nouveau. Ainsi, les retards dans le traitement des demandes de visa de résident permanent sont indépendants de la volonté de la SAI.
Dans les cas d'appel d'une mesure de renvoi, la SAI est responsable de l'instruction de l'appel d'un étranger, d'une personne protégée ou d'un résident permanent qui est frappé de renvoi parce qu'il a enfreint la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ou qu'il a commis un crime. La mesure de renvoi initiale est prise par un agent de CIC ou de l'agence ou par la Section de l'immigration.
La SAI doit déterminer si la décision de renvoyer l'appelant est correcte sur le plan juridique. Elle examine également s'il y a des motifs d'ordre humanitaire pour lesquels l'appelant ne devrait pas être renvoyé. Lorsqu'elle statue sur un appel fondé sur des motifs d'ordre humanitaire, la SAI garde toujours à l'esprit son obligation de protéger la sécurité du public et d'appliquer les mesures législatives existantes sur les motifs d'ordre humanitaire, dont celle de tenir compte de l'intérêt supérieur d'un enfant.
Lorsque la SAI confirme le renvoi, le moment de l'exécution des mesures de renvoi et leur exécution incombent à l'Agence des services frontaliers, et non à la SAI.
[Traduction]
Comme les membres du comité le savent, les résidents permanents doivent être effectivement présents au Canada pendant une période minimale, qui est généralement de 730 jours pendant une période quinquennale. Si un agent de CIC ou de l'ASFC décide qu'un résident permanent n'a pas rempli cette obligation, le résident permanent peut interjeter appel de cette décision auprès de la SAI. Ces appelants se trouvent presque toujours à l'étranger au moment où la SAI statue sur leur appel. Pour que leur appel soit accueilli, ils doivent établir qu'ils ont en fait respecté l'obligation de résidence, ou bien qu'il existe des motifs humanitaires de maintenir leur statut de résident permanent.
Depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en 2002, il s'est produit une augmentation de 60 p. 100 du nombre d'appels interjetés à la SAI, et les appels en matière de parrainage représentent environ 70 p. 100 de la charge de travail. Pendant un certain nombre d'années, la SAI ne disposait pas d'un effectif complet de commissaires, si bien qu'un arriéré s'est accumulé.
La SAI fixe des objectifs de productivité très clairs pour ses commissaires, qui sont habituellement atteints et souvent dépassés, et nous avons maintenant presque atteint l'effectif complet de 37 commissaires; cependant, même si nos commissaires atteignent ou dépassent l'objectif de 150 cas finalisés par année, nous ne serons pas en mesure d'éliminer l'arriéré avec notre modèle de financement actuel.
Pour s'acquitter de sa charge de travail le plus efficacement possible, la SAI a mis au point différents modes de règlement des appels en fonction de leur complexité et de la probabilité d'un règlement rapide. Outre les audiences, ces modes comprennent le règlement informel rapide — qui englobe le mode alternatif de règlement des litiges ou MARL — et les procédures sur pièces. Le règlement rapide informel est un mécanisme qui encourage les parties à une divulgation précoce des documents pertinents. Ce mécanisme aide à cerner les enjeux et à centrer l'appel et contribue à une audience accélérée.
Le MARL est utilisé pour certains appels relatifs à un mariage. Il s'agit d'un mode de règlement rapide informel par lequel la SAI réunit les parties et les encourage à examiner de façon réaliste les forces et les faiblesses de leur position, de telle façon que les appelants ont la possibilité de retirer des appels peu fondés et que le ministre peut consentir à accueillir l'appel lorsque les faits penchent fortement en faveur de l'appelant.
Bien que les parties soient réunies par la SAI, il est important de signaler que seul le ministre peut consentir à accueillir un appel dans le cadre du MARL.
La possibilité donnée aux appelants d'évaluer leurs appels de façon réaliste et de retirer des appels peu fondés est avantageuse tant pour les parties que pour la section, en ce sens qu'il permet aux appelants de gagner du temps et d'économiser de l'argent lorsque l'échec est presque certain. Ainsi, l'ASFC et la SAI peuvent diriger leurs ressources limitées ailleurs.
Un autre avantage du MARL pour la SAI et les parties tient au fait que le délai moyen de traitement d'un appel en matière de parrainage réglé au moyen d'une audience est de 13 mois, tandis que le délai moyen de traitement d'un appel réglé au moyen du MARL est de six mois.
Pour éviter des audiences inutiles, les appels qui ne portent que sur une seule question peuvent être réglés « en cabinet » par des observations et des arguments écrits. Dans de tels cas, le commissaire de la SAI statue sur l'affaire en se fondant sur le dossier. La SAI entretient un dialogue régulier avec la profession juridique et l'ASFC dans le but de rechercher et favoriser des moyens plus efficaces de traiter les appels. La SAI est déterminée à maintenir des niveaux de productivité élevés tout en appliquant une procédure équitable et efficiente, par laquelle nous remplissons les objectifs de la LIPR, notamment la réunification des familles ainsi que la protection de la santé, de la sûreté et de la sécurité des Canadiens.
Nous vous avons remis par avance des statistiques et des renseignements supplémentaires sur le travail de la SAI.
Monsieur le président, merci encore de nous avoir invités à vous rencontrer aujourd'hui. Mes collègues et moi serons ravis de répondre à vos questions.
:
Le projet de loi aura un effet énorme sur les délais à la SPR. De fait, nous en discutions hier à notre conseil de gestion des présidents.
Comme je l'ai dit plus tôt, le délai d'attente moyen d'une audience est d'environ 22,5 mois. Comme vous le savez, le projet de loi C-11 nous impose de tenir une entrevue initiale dans les 15 jours après réception de la demande. Selon que le demandeur est un ressortissant ou non d'un pays désigné, l'audience pourrait commencer soit 60 soit 90 jours après l'entrevue. Nous escomptons qu'environ 80 p. 100 des décisions seront rendues de vive voix à l'audience même, et ce sera là notre objectif de travail.
Une fois que le demandeur aura en main le texte de la décision, d'après le règlement que CIC va proposer, nous croyons savoir qu'il disposera de 15 jours pour déposer et rédiger son appel. Cela dépendra de nouveau du pays d'origine de la personne; si elle vient d'un pays d'origine désigné, la nouvelle Section d'appel des réfugiés devra rendre sa décision dans les 30 jours. Si le demandeur ne vient pas d'un pays d'origine désigné, la décision peut attendre jusqu'à 120 jours.
Comme vous pouvez le voir, si vous totalisez les délais successifs, vous arrivez à une somme sensiblement inférieure aux 22,5 mois actuels.
Pour l'information du comité, lorsque Brian Goodman, notre président, a comparu devant lui sur le projet de loi C-11 au printemps, il a été question de nos mécanismes de dotation. J'aimerais confirmer au comité...
:
Monsieur le président, nous allons nous partager le temps entre nous, mais prendrons les sept minutes.
L'Association du Barreau canadien est heureuse de comparaître aujourd'hui devant le comité dans le cadre de son étude sur les délais de traitement des demandes d'immigration, notamment en ce qui concerne la catégorie des investisseurs et les demandeurs de la catégorie du regroupement familial.
L'Association du Barreau canadien est une association nationale bénévole qui compte environ 37 000 membres partout au pays. La Section du droit de l'immigration et de la citoyenneté réunit quelque 900 avocats spécialisés dans les domaines du droit de la citoyenneté, de l'immigration et des réfugiés. Le principal objet de l'organisation est d'améliorer la loi et l'administration de la justice. Dans ce contexte, nos représentantes sont ici aujourd'hui pour vous soumettre un certain nombre de suggestions pratiques quant à la façon d'atténuer l'incidence des délais d'attente sur les demandeurs et de simplifier le système.
Aux fins de notre comparution aujourd'hui, nous vous avons fait distribuer notre mémoire écrit. La présidente de notre Section nationale du droit de l'immigration et de la citoyenneté, Chantal Arsenault, et notre membre de l'exécutif, Deanna Okun-Nachoff, parcourront avec vous l'essentiel de notre mémoire et répondront aux questions que vous pourrez avoir à son sujet.
Sur ce, je demanderai à Mme Arsenault d'ouvrir le bal avec nos remarques liminaires.
:
Bonjour. Cela me fait plaisir d'être ici ce matin pour vous faire part de nos commentaires à propos des délais de traitement des demandes d'immigration, et de vous offrir quelques suggestions sur la façon de réduire ces délais dans le cadre de dossiers comme les regroupements familiaux ou les investisseurs.
[Traduction]
Nous comprenons qu'il est difficile d'établir un équilibre entre toutes les priorités en matière d'immigration. Nous comprenons également que si tout est prioritaire, alors rien ne l'est. L'allocation des ressources, le traitement en temps opportun des demandes, l'évaluation des risques posés, et le respect des objectifs et des cibles sont autant de défis de taille. Nous espérons néanmoins que nos suggestions pourront servir à alléger l'incidence des longs délais d'attente, et nous sommes heureuses de poursuivre la discussion sur ces questions.
Permettez que je traite d'abord des investisseurs. Comme nous l'avons indiqué dans nos communications, nous croyons fermement que, si le gouvernement a déterminé que la catégorie des investisseurs et celle des entrepreneurs sont bénéfiques pour le Canada et devraient demeurer une option, il importe de prendre immédiatement des mesures pour veiller à ce que CIC puisse traiter les demandes dans un délai raisonnable, afin que cela ne nuise pas à ceux et celles qui sont désireux de s'engager dans ce processus. De longs délais d'attente pour le traitement des demandes minent sérieusement la viabilité de ces programmes. Si les personnes que nous souhaitons accueillir chez nous sont les éléments les meilleurs, alors nous ne pouvons pas les laisser lanterner pendant des années. Elles ont des choix; elles décideront d'investir dans d'autres pays, et la perte sera pour nous.
Nous savons que les dossiers dans la catégorie des investisseurs sont complexes. Les demandes englobent typiquement un grand nombre de documents, et les exigences en matière d'évaluation et d'établissement de l'existence des fonds et de la valeur de l'activité peuvent accaparer beaucoup de temps. Notre suggestion serait que les demandeurs se voient accorder l'option de livrer un rapport d'une tierce partie experte autorisée, ce qui réduirait la charge de travail de l'agent. Ce modèle de délégation d'une partie du travail d'examen à des experts dans l'industrie a été adopté par CIC dans d'autres domaines, notamment la vérification des aptitudes linguistiques.
[Français]
Nous suggérons également que l'évaluation de la source des fonds effectuée par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, dans les cas en provenance du Québec, soit prise en considération et qu'on y accorde la valeur probante qu'elle mérite. L'analyse nous dicte que ces dossiers ne devraient pas inutilement occuper le temps des agents.
[Traduction]
C'est au gouvernement qu'il appartient de décider s'il appuie un programme ou un autre. Si la décision est d'offrir le programme, il importe, pour que celui-ci soit une option viable, qu'il soit mis en oeuvre de manière à être transparent et efficace, assorti d'objectifs et de délais réalistes. Cela vaut autant pour le programme des investisseurs que pour les autres catégories, comme celle du regroupement familial, y compris les demandes visant des parents ou des grands-parents.
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue, Deanna Okun-Nachoff, qui va discuter de la situation en ce qui concerne les demandes pour la catégorie du regroupement familial.
:
Merci de l'occasion qui m'est ici donnée de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
Je vais commencer tout de suite par nos recommandations pour la catégorie prioritaire des demandes dites FC1 pour les conjoints et membres à charge de la famille.
Nous croyons savoir que la période de référence pour le traitement de ces demandes prioritaires de la catégorie du regroupement familial est de six mois et que de nombreux bureaux de visa atteignent, voire dépassent cet objectif, tandis que d'autres n'y parviennent pas. Étant donné les difficultés évidentes qu'amènent les séparations prolongées, les parrains de conjoints et d'enfants doivent être réunis avec les membres de leur famille le plus rapidement possible. Les disparités existantes dans les délais de traitement des différentes missions doivent être corrigées.
Sont également confrontés à des délais d'attente disproportionnés les demandeurs de la catégorie FC1 dont la demande initiale est refusée, mais dont l'appel devant la Section d'appel de l'immigration aboutit. Nous croyons savoir que le ministère a lancé un projet pilote en vertu duquel ces demandes de réexamen, lorsque l'appel a été favorablement accueilli par la SAI, seront envoyées au siège national pour traitement, et non pas au bureau des visas dont a émané le refus initial. Nous applaudissons à cette initiative du ministère et recommandons que ce projet pilote soit élargi pour englober le plus rapidement possible l'ensemble des bureaux des visas.
Nous recommandons également que tout nouveau document, y compris antécédents professionnels à jour, certificats médicaux et certificats de bonne conduite, lorsque requis, soit demandé tout de suite à l'issue d'une décision favorable de la SAI, ce qui aura pour effet de faciliter ces réexamens de décisions.
Je vais maintenant passer à la question plus contestée des demandes de la catégorie FC4, soit celle des parents et grands-parents. Pour dire les choses simplement, les délais de traitement pour la catégorie FC4 sont si longs qu'ils minent la viabilité et l'utilité de ce programme dans son entier. Vous aurez certainement maintes fois déjà entendu dire qu'un trop grand nombre de demandeurs décèdent, deviennent inadmissibles pour des raisons de santé ou alors ne sont tout simplement plus intéressés à venir au Canada, avant même que les six années d'attente ou plus ne se soient écoulées.
La réalité est la suivante: à moins qu'il y ait une volonté d'augmenter les cibles, il nous faut veiller à ce qu'il y ait des moyens viables pour les familles d'être réunies dans l'intervalle, pendant cette longue période de traitement des demandes de résidence permanente.
CIC encourage les agents des visas à être moins rigides dans la délivrance de VRT à long terme aux demandeurs de la catégorie FC4 qui sont dans la file d'attente, mais nos membres continuent de nous rapporter que des VRT continuent d'être routinièrement refusés dans le cas de parents qui n'ont pas suffisamment de liens avec leur pays d'origine.
Notre position est qu'il importerait d'utiliser des critères objectifs et que des visas devraient être délivrés dans les cas où le demandeur de la catégorie FC4 peut établir, premièrement, qu'il a été parrainé par un membre de sa famille correspondant aux critères d'admissibilité; deuxièmement, que son parrain satisfait aux exigences de revenu minimales; troisièmement qu'il n'est pas inadmissible sur le plan médical; et, quatrièmement, que des arrangements ont été faits en vue de lui assurer une couverture dans le cadre d'un régime privé d'assurance-maladie.
Une fois un VRT délivré sur la base de ces critères, nous recommandons également que le ministère ne réexamine pas la décision relative à l'admissibilité du demandeur sur le plan médical au moment de se prononcer sur la demande de résidence permanente.
Voilà quelques-unes de nos recommandations. D'autres encore figurent dans notre mémoire écrit.
Au final, si les cibles demeurent fixes, le résultat net des lacunes sur le plan du traitement des demandes sera sans portée pratique. Le problème demeurera tant et aussi longtemps que le volume des demandes reçues est supérieur aux cibles fixées pour les bureaux des visas.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous toutes d'être venues.
J'aimerais toucher à une chose dont a parlé Mme Chow: le fait d'avoir des parents ou des grands-parents pour qui la demande est en cours de traitement. Le processus de traitement demande plusieurs années, et ces personnes pourraient ainsi venir rendre visite à leurs enfants ou à leurs petits-enfants ici au Canada.
Je suis d'accord avec vous en principe. Il serait bon pour elles qu'elles puissent venir rendre visite à leurs enfants.
Dans mon bureau, nous avons traité d'une ou deux situations dans lesquelles les intéressés étaient peut-être plus âgés, auquel cas leur état de santé peut changer en l'espace de quelques semaines ou de quelques mois. S'ils ont un visa bon pour trois mois ou six mois, leur état de santé peut se détériorer dans l'intervalle.
Vous avez parlé de l'obtention d'une assurance-maladie, et nous avons été témoins de situations dans lesquelles la question de l'assurance-maladie était en jeu. Parfois, en ce qui concerne l'assurance-maladie, c'est à un avocat ou à quelqu'un d'autre qu'il revient de veiller à ce que la couverture qu'une personne pense avoir soit véritablement pleinement en place. Peut-être qu'elle n'est pas exhaustive, ou que l'assurance-maladie peut être annulée, si la personne est ici et qu'elle ne s'attend pas à avoir de problèmes de santé, et cela peut arriver à répétition.
Nous avons traité de quelques cas de familles où la mère a eu certains problèmes de santé et a dû être hospitalisée; les gens doivent maintenant 30 000 ou 40 000 $ à l'hôpital, ou au régime de soins de santé de l'Alberta ou de l'Ontario, et ils ne veulent pas payer, car il est difficile pour eux de verser un tel montant.
Auriez-vous une suggestion à cet égard? Si nous allons accorder des visas aux parents pour qu'ils viennent, ce qui serait fort bien, j'en conviens, il y a ce problème, ce souci, quant à la possibilité de l'évolution rapide de leur état de santé.