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Monsieur le président, vous savez que nous étions aux prises avec cet enjeu il y a quelques mois, et que j'avais alors proposé une motion pour demander que les passages sur les droits et l'histoire des homosexuels soient rétablis dans la prochaine édition du guide sur la citoyenneté. J'aimerais remercier le comité d'avoir appuyé mes recommandations.
Le Parlement a ensuite été saisi de la motion, et la Chambre des communes en a débattu pendant trois heures. J'étais alors convaincue que si je voulais vraiment que les passages soient rétablis dans la prochaine édition, et que si nous voulions un consentement unanime, ce que nous avons obtenu... Remarquez que la motion a été adoptée avec dissidence, ce qui soulève certaines interrogations sur ce qui s'est passé, s'il s'agit d'une omission ou bien si le ministre ou son personnel a demandé que le passage soit retiré.
Pour l'instant, ce qui m'intéresse vraiment, c'est que le libellé soit restauré. J'avais dit que je maintiendrais mon appui. Si tout le monde était d'accord, la motion n'aurait pas été adoptée avec dissidence à la Chambre des communes. On m'a assuré que les droits et l'histoire des homosexuels figureraient dans la nouvelle édition. Je vais respecter ma promesse, parce que lors du débat sur la question, je disais à mes collègues du Parti conservateur que nous ne prêchions pas d'exemple en étant continuellement en désaccord sur la question. Qu'est-ce que les nouveaux citoyens peuvent bien penser si la Chambre des communes ne s'entend pas? J'étais heureuse que la motion soit adoptée avec dissidence et que la nouvelle édition traite des droits des homosexuels.
À la lumière des demandes d'accès à l'information de différents journalistes, je ne crois pas que c'était une omission. D'après EGALE, c'est une omission de la communauté des gais et des lesbiennes. D'autres ont dit qu'il s'agissait d'une tentative délibérée pour supprimer une partie de l'histoire. Peu importe la raison, la demande d'accès à l'information de la Presse canadienne semble démontrer une certaine intervention du personnel politique. Je doute qu'il faille approfondir la question, parce que si le ministre ne nous a toujours pas donné les renseignements après 10 jours, la question aboutira probablement à la Chambre des communes. Cela relancera le débat, et je ne suis pas certaine que ce soit utile.
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Eh bien, nous avons respecté le processus approuvé par le comité de direction et l'ensemble du comité, alors votre suggestion est irrecevable.
Si une autre réunion du sous-comité a lieu, nous pourrons discuter de la procédure, mais ce n'est pas approprié pour l'instant.
Nous recevons donc deux groupes de témoins. Tout d'abord, nous accueillons deux représentants de la Société canadienne de consultants en immigration, M. Nigel Thomson, président du conseil d'administration, et M. Patrice Brunet, membre du conseil d'administration. Je vous souhaite la bienvenue à tous les deux.
Enfin, nous recevons M. Imran Qayyum de l'Institut canadien de la migration.
Je crois que M. Thomson parlera au nom de la Société canadienne de consultants en immigration. Monsieur, vous avez sept minutes. Merci d'être venu.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour. Je suis bien heureux d'être arrivé, car nous avons eu du mal à nous rendre.
La Société canadienne de consultants en immigration est heureuse d'avoir l'occasion de comparaître devant le comité pour faire valoir son point de vue sur le projet de loi .
La SCCI est reconnaissante des mesures prises par le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration dans le but d'améliorer le système d'immigration du Canada. Nous sommes particulièrement ravis que le gouvernement prenne des mesures pour enrayer les agents fantômes, l'élément le plus important du projet de loi et la principale faille de la loi actuellement en vigueur. Depuis plusieurs années, la SCCI fait campagne activement auprès du gouvernement pour combler les lacunes ayant permis aux agents fantômes d'exercer leurs activités.
Aux termes du Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés, la SCCI est désignée comme l'organisme responsable de réglementer les activités des consultants en immigration qui, contre rémunération, sont autorisés à représenter une personne dans toute affaire devant le ministre, l'agent ou la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, ou à faire office de conseil.
La SCCI accueille favorablement ce projet de loi, mais nous croyons qu'il existe certaines lacunes qui doivent être comblées.
D'abord et avant tout, le devoir de tout organisme de réglementation est d'assurer la protection des consommateurs. La priorité principale de la SCCI continue d'être la protection des immigrants vulnérables qui viennent s'établir au Canada et qui deviendront des citoyens productifs. Avant la SCCI, il n'y avait aucune entité pour protéger les consommateurs qui avaient recours à des services de consultation en immigration.
Depuis 2004, la SCCI a exclu 800 agents parce qu'ils ne satisfaisaient pas à ses normes rigoureuses. Nous avons imposé des mesures disciplinaires à 225 consultants. Nous avons actuellement 400 dossiers d'enquêtes ouverts à la suite de plaintes et 13 questions devant le conseil de discipline indépendant de la SCCI. De plus, nous lançons régulièrement des campagnes nationales multilingues de sensibilisation des consommateurs. Il est clair que la SCCI s'acquitte de son mandat de protéger les futurs Canadiens grâce à l'éducation, l'accréditation et la réglementation de ses membres.
Le projet de loi est un bon point de départ; toutefois, il reste encore beaucoup à faire.
Les dispositions proposées visent à supprimer les failles qui permettent actuellement aux agents fantômes d'exploiter les consommateurs mal informés. Nous appuyons sans réserve ces dispositions. La SCCI a toujours préconisé l'imposition de sanctions contre les individus qui, frauduleusement, se font passer pour des consultants qualifiés pour offrir des services d'immigration.
L'Agence des services frontaliers du Canada et la Gendarmerie royale du Canada auront le mandat d'enquêter sur les individus qui tentent de déjouer le système d'immigration, ainsi que d'intenter des poursuites contre eux et de les traduire en justice. Nous nous préoccupons du fait que ces entités ne disposeront pas des ressources nécessaires pour s'acquitter de ces responsabilités.
Aucun financement n'a été octroyé pour qu'elles puissent appliquer la loi, et aucuns fonds n'ont été prévus pour mener à bien les poursuites contre les agents fantômes. En l'absence d'un financement adéquat et d'autres ressources essentielles, l'Agence des services frontaliers du Canada aura les mains liées, et les agents fantômes continueront de miner le système d'immigration.
Finalement, la SCCI appuie la disposition du projet de loi qui prévoit que l'organisme de réglementation doit rendre davantage de comptes au gouvernement.
La SCCI a des réserves quant aux pouvoirs que le projet de loi confie au . Pour la première fois, en vertu du nouvel article 91, le ministre aura, à lui seul, le pouvoir de choisir qui réglementera les activités des consultants en immigration. Le projet de loi donnera ainsi au ministre le pouvoir de remplacer l'organisme de réglementation en publiant simplement un avis à cet effet dans la Gazette du Canada. Cela entraîne le risque de politiser indûment l'organisme de réglementation, ce qui va à l'encontre de l'intérêt public, puisqu'un organisme de réglementation doit être perçu comme neutre.
L'indépendance de l'organisme de réglementation vis-à-vis du ministre est d'une importance capitale. La SCCI craint que, en vertu de ce projet de loi, le ministre détienne trop de pouvoirs sur l'organisme chargé de réglementer les consultants et sur ceux qui représentent des immigrants vulnérables. Nos membres doivent être libres d'offrir les meilleurs conseils qui soient à leurs clients sans craindre une influence ministérielle qui menace leurs capacités d'agir indépendamment à titre de représentants autorisés. De plus, la SCCI s'oppose au fait que le exercera un plus grand contrôle sur les consultants en immigration que sur d'autres représentants autorisés, dont les avocats.
La SCCI appuie les dispositions qui permettent au gouverneur en conseil de préciser les renseignements que l'organisme de réglementation aura à fournir au gouvernement. Toutefois, ces renseignements devraient être présentés à un ministère autre que le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. La SCCI recommande que ces renseignements soient fournis au ministre de la Justice. Cela permettrait ainsi d'assurer l'indépendance de l'organisme de réglementation, tout en exigeant que celui-ci rende des comptes au gouvernement dans l'intérêt de la protection des consommateurs.
Le système d'immigration du Canada, l'organisme de réglementation et les consommateurs qui ont recours à des services de consultation en immigration méritent une plus grande stabilité que ce qu'offre ce projet de loi.
Je tiens à assurer les honorables membres de ce comité, ainsi que tous les Canadiens et toutes les Canadiennes que la SCCI continuera de s'acquitter de son mandat de protéger les consommateurs en veillant à l'agrément, à la formation et à la bonne conduite professionnelle de ses plus de 1 800 membres. La SCCI fait son travail. Poursuivons sur cette lancée en misant sur notre expérience et notre expertise.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui au nom de l'Institut canadien de la migration et de pouvoir exprimer notre point de vue sur le projet de loi .
L'ICM représente la voix de la profession de consultant en immigration. Créé en 2007, l'ICM compte maintenant plus de 1 800 Fellows partout au Canada et à l'étranger. Réunissant des représentants issus de différentes professions, dont des consultants en immigration, des avocats et des notaires, l'ICM est le plus important organisme de son genre en Amérique du Nord.
Notre mandat est de veiller à la formation, l'agrément et la défense des intérêts en matière de droit et de politique d'immigration. Nous comptons plusieurs sections partout au Canada qui offrent un soutien régional grâce à la prestation de programmes de formation accrédités de même qu'à la promotion de questions provinciales.
L'ICM appuie fortement les dispositions du projet de loi , lesquelles visent à éliminer les failles juridiques qui ont permis aux agents fantômes de prospérer. Depuis trop longtemps, ces individus non autorisés et sans scrupules ont profité de ces échappatoires pour exploiter de futurs Canadiens et Canadiennes.
Mais nous avons aussi de sérieuses réserves. Bien que les nouvelles sanctions prévues dans le projet de loi donnent aux organismes chargés de l'exécution de la loi, entre autres, l'Agence des services frontaliers du Canada et la GRC, les moyens juridiques pour mettre fin aux activités des agents fantômes, le projet de loi ne prévoit pas de financement additionnel qui permettrait à ces organismes de s'acquitter de cette tâche. Cela signifie que les consommateurs n'obtiendront toujours pas la protection qu'ils méritent.
De plus, nous ne sommes toujours pas convaincus que cet examen en vue de sélectionner un organisme de réglementation est réellement nécessaire. Les membres de la Société canadienne de consultants en immigration, dont la majorité sont également Fellows de l'ICM, ont investi plus de 37 millions de dollars depuis 2004 pour mettre en place les fonctions de réglementation perfectionnées de la SCCI, notamment des normes d'adhésion rigoureuses, un processus exhaustif de traitement des plaintes et de discipline et une infrastructure de TI complexe. Il serait téméraire de faire fi de cet investissement, d'autant plus que nous savons fort bien que nos Fellows sont satisfaits de la SCCI d'aujourd'hui.
Il y a deux mois, nous avons commandé un sondage afin de déterminer ce que nos Fellows membres de la SCCI pensent de leur organisme de réglementation. Les résultats de ce sondage démontrent clairement qu'ils croient que la SCCI est un organisme de réglementation efficace.
Nos Fellows sont sur le terrain, font affaire quotidiennement avec la SCCI et sont étroitement au courant de ses activités. Ils sont donc bien placés pour évaluer sa pertinence en tant qu'organisme de réglementation. Ils se rendent compte que la SCCI est un organisme qui est bien régi, fait qui a été confirmé par des examens indépendants réalisés par des chefs de file reconnus en matière de gouvernance. Ils reconnaissent que la SCCI travaille avec diligence pour lutter contre les agents fantômes, et ce, compte tenu des contraintes imposées par son pouvoir limité. Ils voient que la SCCI fait tout son possible pour sensibiliser les consommateurs et les mettre en garde contre les agents fantômes et qu'elle prend des mesures pour repérer et suivre les activités d'agents fantômes. Et ils sont reconnaissants que la SCCI tienne ses membres responsables de leurs actes grâce à son processus rigoureux de traitement des plaintes et de discipline.
Bien qu'il soit indéniable que certains membres de la SCCI sont insatisfaits, cette minorité qui fait beaucoup de bruit ne représente pas l'opinion de nos Fellows. De fait, cet examen de la réglementation porte ombrage à la profession de consultant en immigration et menace le moyen de subsistance même des Fellows qui travaillent d'arrache-pied pour offrir des services de grande qualité aux futurs Canadiens et Canadiennes. En remettant en question la compétence de leur organisme de réglementation, le gouvernement ne peut éviter de miner la confiance publique à l'égard des professionnels oeuvrant dans le domaine de la consultation en immigration et du système d'immigration dans son ensemble.
J'exhorte le gouvernement à examiner soigneusement ces points. Il a fallu plusieurs années pour bâtir la SCCI que l'on connaît aujourd'hui et les consommateurs ne devraient pas avoir à attendre pendant qu'on commence à établir un nouvel organisme de réglementation. Par ailleurs, sans un financement concret affecté aux autorités chargées de l'exécution de la loi, l'efficacité des mesures prises par le gouvernement pour sévir contre les agents fantômes ne peut être garantie.
Merci beaucoup.
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Cela me fait plaisir que vous posiez la question.
Au Québec, comme vous le savez, le gouvernement provincial a la seule législation provinciale en matière d'immigration au Canada.
Jusqu'à tout récemment, le gouvernement du Québec n'avait pas légiféré en la matière pour désigner des représentants autorisés, comme l'a fait en 2004 le gouvernement fédéral.
Par contre, vous n'êtes sûrement pas sans savoir qu'il y a quelques semaines, le gouvernement provincial avait annoncé qu'il allait désigner notamment les membres de la SCCI comme étant les représentants.
Lorsque cette information sera divulguée publiquement — ce qu'on attend au cours des prochains jours —, nous nous attendons à ce que le pourcentage de membres en provenance de la province de Québec augmente significativement.
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Jusqu'à tout récemment, la SCCI investissait dans l'ICM. Sans coût additionnel pour aucun de nos membres, nous avons pu offrir des services incluant l'accès à quelques-uns des outils les plus utiles et les plus efficaces pour les consultants et les praticiens en immigration, y compris LexisNexis, Quicklaw et QuickImmigrant. Nos membres ont également accès à un service appelé Lexbase, offert par Richard Kurland, un avocat de la Colombie-Britannique, qui présente des mises à jour et des publications mensuelles sur les tendances observées dans les bureaux des visas à l'étranger et au Canada.
De fait, lorsque j'ai comparu précédemment devant votre comité pour discuter de ces chiffres, j'ai utilisé certaines données provenant de Lexbase et nous avons pu avoir un échange fort intéressant sur le nombre de cas réglés et les objectifs en la matière. En outre, nous offrons à tous nos membres un exemplaire annoté de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Tous ces services exigent des investissements considérables, ce que la SCCI n'a pas hésité à faire pour permettre à l'ICM d'atteindre son niveau de développement actuel.
À compter de cette année, l'ICM va s'affranchir de la SCCI. Nous allons devenir autosuffisants et la SCCI n'aura plus à investir dans l'ICM. Nous traversons actuellement un cycle de renouvellement à l'issue duquel nous imposerons des droits d'adhésion à nos membres à compter du 1er novembre.
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Permettez-moi de répondre.
Comme je l'ai indiqué précédemment en réponse à M. St-Cyr, la contribution au montant de 500 000 $ — sous forme de subvention et de prêt — était assujettie à un nombre minimum de 3 000 membres pour la SCCI. Une fois ce minimum atteint, la contribution de 500 000 $ devenait remboursable en vertu de l'accord conclu. Comme vous le savez, il s'agissait d'une entente de contribution signée par le gouvernement du Canada pour la création de la SCCI, et elle était assortie d'un grand nombre de dispositions y compris l'établissement de nos règlements, de nos processus de traitement des plaintes, de mesures disciplinaires et de fonds d'indemnisation.
Comme nous n'avons pas encore atteint les niveaux d'adhésion ciblés, nous n'avons toujours pas remboursé ces sommes au gouvernement. Sans vouloir chercher de faux-fuyants, je dirais que nous n'avons pas atteint les niveaux visés parce qu'un certain nombre d'agents fantômes ont choisi de travailler sans devenir membres de notre société, ce que les dispositions de la loi en vigueur leur permettaient de faire.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs pour votre présence aujourd'hui. Nous vous sommes vraiment reconnaissants d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer.
Ma première question s'adresse à M. Qayyum. Dans votre rapport, vous indiquez que vous appuyez les dispositions du projet de loi qui visent à éliminer les failles juridiques qui ont permis aux agents fantômes de prospérer. Vous dites que depuis trop longtemps, ces individus sans scrupules ont profité de ces échappatoires pour exploiter les gens. Nous savons que ces agents fantômes ont causé beaucoup de misère humaine. Et Dieu sait s'ils ont payé leur juste part d'impôt sur le revenu ou s'ils n'ont pas causé d'autres torts. Vous vous demandez plus loin si l'examen de la réglementation n'a pas porté ombrage à la profession de consultant en immigration, mettant de ce fait en péril le moyen de subsistance de vos membres qui travaillent d'arrache-pied pour offrir des services de qualité.
Mais l'expérience m'a appris qu'un système amélioré accroîtra la confiance de la population envers les consultants, ce qui augmentera leurs chances de bien gagner leur vie. Si vous considérez par exemple le secteur de l'immobilier en Ontario, les gens avaient l'habitude de se moquer des agents immobiliers, mais nous sommes maintenant en présence d'une organisation vraiment dynamique et la crédibilité des agents s'est bonifiée en conséquence.
Je voulais seulement vous faire part de ce point de vue. Je ne sais pas si vous avez des commentaires à ce sujet. Nous vous écoutons.
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Absolument. Merci, monsieur Young, de me poser la question.
Nous offrons différents cours basés sur les normes d'enseignement établies par la SCCI à titre d'organisme réglementaire. Nos cours respectent, à tout le moins, les normes de la SCCI.
Les cours que nous offrons permettent aux participants d'en savoir plus sur le système d'immigration du Québec, par exemple, et d'apprendre comment soumettre différentes demandes. En vertu de l'accord Canada-Québec, comme vous le savez, le Québec peut décider des immigrants qu'il souhaite accueillir. Il est totalement souverain à cet égard. Nos cours aident les consultants en immigration à mieux servir leurs clients. Nous offrons des cours sur la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, la Section d'appel de l'immigration, la Section de l'immigration...
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Si on parle d'équilibre — et je crois sincèrement qu'on n'insiste pas suffisamment sur la protection du consommateur — et qu'on parle d'intégrité du système, l'organisme a besoin de ressources et d'indépendance.
D'après la présentation de la SCCI, les ressources se font rares et l'indépendance de l'organisme est compromise par deux choses. Premièrement, le ministre peut se débarrasser de l'organisme réglementaire en publiant un avis dans la Gazette du Canada. Deuxièmement, le ministre intervient étrangement dans le processus, car le processus disciplinaire ne passe pas par le système judiciaire, mais par le ministre. C'est problématique.
Donc, cette loi met très peu l'accent sur la protection du consommateur. Pour assurer l'intégrité du système, il faut des ressources (qu'elles vous soient versées à vous, à l'ASFC ou à la GRC) et de l'indépendance. Selon moi, ce projet de loi présente des lacunes sur ces deux plans. Êtes-vous aussi de cet avis?
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Les échanges qu'on vient d'avoir, entre autres l'intervention de M. Oliphant et la question que j'ai posée avant, montrent notre dilemme par rapport à la frontière entre la défense du système, qui est légitime et que le gouvernement fédéral veut faire, et la protection du consommateur, que tout le monde reconnaît qu'il faut faire, mais qui, constitutionnellement, relève du Québec et des provinces. Je pense qu'il y a un peu de ça dans la confusion. En effet, on a un projet de loi qui, conformément à son premier article, instaure clairement une interdiction d'exercer une profession, dans le but de protéger le consommateur, et l'on se retrouve en plein domaine de compétence québécoise et provinciale. C'est pour cette raison que le gouvernement et les représentants ne veulent pas clairement dire que c'est l'objectif de ce projet de loi.
Je voulais revenir sur les chiffres que vous avez fournis en ce qui concerne les membres. Vous avez parlé de quelque 1 700, 1 800 membres, et dans votre présentation vous dites que, depuis 2004, vous avez exclu 800 membres, sauf erreur, que vous avez imposé des mesures disciplinaires à 225 membres et qu'il y a 400 dossiers d'enquête ouverts. Je ne connais évidemment pas tous les ordres professionnels — je suis membre de l'Ordre des ingénieurs du Québec —, mais il me semble que vous avez là des ratios d'expulsion et d'enquête extrêmement élevés.
N'y a-t-il pas un problème lié à la sélection elle-même pour que vous soyez obligé d'exclure 400 de vos 1 600 membres? C'est le quart de vos membres que vous avez exclu depuis 2004.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous d'être ici aujourd'hui.
Je suis certain que tous les députés ont déjà entendu les tristes histoires, des histoires d'horreur en fait, de personnes qui ont perdu des milliers de dollars aux mains de ces consultants malhonnêtes. Ce qui est pire encore, c'est que les demandes de ces personnes ont été rejetées parce qu'elles ont été mal représentées.
D'après votre expérience, quels sont les comportements que l'on reproche à certains de ces consultants malhonnêtes? Je veux aussi parler des agents fantômes, mais j'y viendrai plus tard.
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La SCCI a une section vouée au traitement des plaintes et des mesures disciplinaires, qui est dirigée par une cadre supérieure. Six personnes ont pour tâche de faire enquête et de produire des rapports sur les incidents signalés, en plus d'étudier et d'analyser les dossiers.
Quand on juge qu'une plainte est pertinente, une enquête est menée et un rapport est ensuite remis à la gestionnaire des plaintes et des mesures disciplinaires, qui peut recourir à différents mécanismes pour corriger la situation. Il peut s'agir tout simplement d'une lettre adressée aux membres concernés, essentiellement pour les réprimander pour les gestes posés et les enjoindre de prendre des mesures correctives.
S'il s'agit d'une affaire plus sérieuse, elle est renvoyée au conseil de discipline pour un examen complet. Je fais référence aux treize audiences en cours dont j'ai parlé dans ma présentation. Ce sont des dossiers plus graves. La gestionnaire a déterminé qu'il n'était pas suffisant d'envoyer une lettre ou d'imposer une simple sanction au membre pour obtenir des mesures correctives, et le conseil de discipline a la tâche de déterminer si le membre concerné devrait perdre le privilège de faire partie de la SCCI et d'être un représentant autorisé.
Nous avons un cadre progressif d'application du code de conduite professionnelle et des règlements de la société. La gestionnaire des plaintes et des mesures disciplinaires peut recourir à l'un ou l'autre des mécanismes mis à sa disposition pour remédier à la situation provoquée par le membre. Elle pourrait déterminer que la plainte n'est pas justifiée, ou encore renvoyer l'affaire au conseil de discipline, comme je l'ai mentionné, ce qui pourrait mener à l'expulsion du membre de la société.
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Monsieur Uppal, cela nous ramène à notre présentation, dans laquelle nous affirmions que le projet de loi allait permettre d'éliminer ces failles juridiques. Les dispositions concernant les sanctions sont très simples. En 2008, dans le cadre de l'étude de ce comité sur les consultants en immigration, les représentants de l'ASFC ont déclaré lors de leur témoignage qu'ils avaient essayé d'intenter des poursuites contre les consultants fantômes, mais que le ministère de la Justice les avait informés qu'il s'agissait d'une affaire civile. C'est ce qui paraît dans vos délibérations. Vous pourrez le vérifier.
Mettre en place des dispositions spécifiques sur les sanctions donnera aux organismes d'exécution les outils nécessaires pour poursuivre ces personnes. Nous ne serons peut-être pas en mesure de pincer les consultants fautifs à l'étranger, mais nous pourrons certainement faire du ménage dans notre propre cour, au Canada. Ces choses arrivent souvent.
La SCCI a aussi beaucoup investi dans la sensibilisation des consommateurs. Elle a d'ailleurs diffusé une publicité là-dessus. Vous l'avez peut-être vue. Elle mettait en scène un grand requin blanc qui tenait un phoque dans sa bouche. La campagne portait le titre de « Proie ». La SCCI a également lancé une ligne d'aide sans frais pour les personnes en détention ou ayant besoin de l'assistance d'un spécialiste en immigration.
La SCCI tente de sensibiliser les consommateurs pour qu'ils puissent prendre des décisions éclairées et qu'ils évitent de faire affaire avec un agent fantôme pour choisir plutôt une personne qualifiée, autorisée et qui, surtout, a des comptes à rendre.
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À l'ordre, s'il vous plaît.
Laissez-moi vous présenter nos deux prochains groupes.
Nous avons M. Warren Creates, avocat en immigration. Vous êtes venu seul aujourd'hui. Nous accueillons également les trois représentants de l'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration: Philip Mooney, ancien président; Timothy Morson, directeur des politiques; et Tarek Allam, le président du chapitre Québec. Bienvenue à vous tous.
Monsieur Creates, vous avez sept minutes.
Bon après-midi, tout le monde.
Je suis un spécialiste certifié par le Barreau du Haut-Canada ici, en Ontario. Je me spécialise dans les domaines de l'immigration, de la citoyenneté et du droit des réfugiés. J'ai déjà travaillé comme avocat au service du tribunal fédéral, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, le plus grand tribunal du Canada. Celui-ci a la compétence exclusive de trancher dans les appels de décision en matière d'immigration, les examens des motifs de détention et les enquêtes.
J'ai quelques recommandations à formuler. J'ai préparé un mémoire. J'espère qu'il vous a été distribué.
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Je n'ai reçu l'invitation que jeudi, alors j'ai fait ce que j'ai pu pour me préparer avant de venir vous parler cet après-midi.
Il nous apparaît évident à tous que nous avons besoin de lois robustes, nous avons besoin… Malheureusement, nous en sommes venus au point où notre pays doit criminaliser la prestation de conseils en matière d'immigration par les personnes qui ne sont pas autorisées à le faire.
Je ne crois pas que j'aurais tenu le même discours il y a 25 ans, mais il est clair pour moi aujourd'hui (et peut-être aussi pour tout le monde assis à cette table et à l'extérieur de cette salle) que c'est devenu une nécessité. Autrement... Mais il est aussi évident que nous devons pouvoir compter sur une organisation très solide qui devra suivre de près les consultants en immigration qui obtiennent l'autorisation d'oeuvrer dans ce domaine.
Je propose une liste de huit recommandations dans le mémoire que je vous ai soumis, et j'aimerais en parler brièvement, dans les limites du temps qui m'est alloué.
Premièrement, j'ai des réserves à l'égard du titre de la loi. Il ne s'agit pas seulement de sévir contre les consultants en immigration véreux. Si ce n'était que cela, nous aurions devant nous une loi beaucoup plus sévère. Le projet de loi porte plutôt sur les consultants non autorisés et vise à criminaliser leur conduite.
Je recommande donc de changer le titre de la loi, et je crois que le comité devrait se pencher très sérieusement sur la question. Bien que le titre soit accompagné de sous-titres, je ne crois pas qu'il décrive de façon exacte l'objet de cette loi.
Deuxièmement, je crois que l'on se trompe en fixant un délai de cinq ans pour faire enquête, déposer des accusations et intenter certaines poursuites par voie de procédure sommaire. Si nous voulons mettre en place une loi robuste pour décourager ceux qui auraient envie de pratiquer dans le domaine du droit de l'immigration sans autorisation, il ne faut pas fixer de délai. Pourquoi imposer un délai de cinq ans? Je ne vois pas quelle politique publique pourrait le justifier. Si l'objectif est de décourager les comportements criminels, la menace doit planer indéfiniment au-dessus de la tête des fautifs.
Troisièmement, je suis pour la mise en place d'un organisme de surveillance, comme tout le monde d'ailleurs. Ce doit être un organisme solide, autonome et sans lien de dépendance avec le gouvernement. Il faut que ce soit professionnel, un organisme doté de tout le personnel nécessaire et disposant des ressources adéquates. Les témoins précédents ont dit au comité que la nature de l'organisme de surveillance en place le rendait inefficace, et il reste beaucoup de chemin à faire pour donner notre aval à un organisme qui serait mieux outillé.
Quatrièmement, j'aime l'idée que le Cabinet ait l'autorité nécessaire pour adopter des règlements qui obligerait l'organisme de surveillance à communiquer des informations au ministre. C'est particulièrement intéressant, car le pouvoir se situe au-dessus du ministre, et c'est souvent un élément important. C'est quelque chose qui manquait dans la loi précédente et qui faisait défaut au dernier organisme de surveillance. Et je pense qu'on invoquait la protection de la vie privée pour justifier le fait qu'on ne pouvait pas divulguer d'information au ministre. J'aime donc cet aspect de la loi.
J'ai toutefois des commentaires à formuler concernant ce que l'on doit faire pour trouver les ressources nécessaires. Ce n'est pas dans la loi, et il est probablement impossible de l'intégrer dans la loi, mais nos agents basés au Canada et à l'étranger doivent avoir des outils pour détecter et surveiller les cas de fraude. Il ne suffit pas criminaliser cette pratique, il faut aussi pouvoir faire appliquer la loi. Nos agents ont besoin de formation, et nous avons besoin de dispositifs de suivi de pointe et de logiciels de vérification. Le gouvernement du Canada doit investir dans ces outils.
Sixièmement, je pense que la loi devrait inclure une disposition qui oblige quiconque qui présente une nouvelle demande ou une demande de renouvellement du statut de réfugié au Canada de signaler s'il ou elle a eu recours aux services d'un représentant. C'était une des recommandations (la cinquième, si je ne m'abuse) issues de l'étude du comité permanent, en juin 2008, sur les problèmes du passé, et je pense que le projet de loi devrait l'inclure. Je crois que toute personne qui présente une demande, quel que soit le statut réclamé, devrait être tenue de le déclarer lorsqu'elle est représentée.
Septièmement, il faut investir dans la sensibilisation du public. Il faut lancer une campagne publicitaire et tenir à jour un site Web gouvernemental pour avertir le public des risques et l'aviser qu'il est criminel de recourir à des consultants non agréés et de commettre des fraudes liées à l'immigration.
Finalement, la huitième recommandation, il faut encourager les personnes qui ont été dupées, celles qui ont elles-mêmes commis une fraude et les employés des consultants sans scrupules à nous fournir des preuves contre ces imposteurs, et il faudrait même envisager de leur accorder l'immunité de poursuite dans certains cas.
Merci beaucoup. C'est un privilège et un honneur pour moi d'avoir pu vous faire part de mon opinion à ce sujet.
C'est un plaisir pour nous de comparaître encore une fois devant ce comité. C'est la première fois que je vois autant de nouveaux visages. Je souhaite donc la bienvenue à tout le monde.
Nous avons aussi préparé un mémoire détaillé, que nous vous avons soumis, mais je crois qu'il est en cours de traduction.
J'aimerais émettre des commentaires généraux sur la loi avant de céder la parole à mon collègue qui formulera des recommandations précises sur l'un des volets de la loi. Nous serons également disposés à répondre à toutes vos questions.
En passant, sachez que je dirai à tout le monde « C'est une excellente question, merci de l'avoir posée ». Maintenant que c'est clair, nous pouvons éviter de le répéter. Nous sommes tous allés à l'école des réponses politiques de Bill Clinton.
L'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration milite en faveur de la réglementation de la profession de consultant en immigration depuis 25 ans. C'est pourquoi l'ACCPI soutient l'intention et l'objectif fondamental de ce projet de loi. Il n'en va pas seulement de l'intérêt des consommateurs et du public de réglementer ce domaine, mais aussi de celui des consultants en immigration eux-mêmes.
Comme bien des professionnels, nous nous imposons des normes très élevées. Nous voulons que ces normes soient officiellement sanctionnées et assujetties à une réglementation stricte et exécutoire. Le projet de loi s'attaque au problème très épineux des agents fantômes. L'exploitation d'immigrants vulnérables par des agents sans scrupules et des intermédiaires non qualifiés est un problème mondial majeur, qui fait partie d'une industrie criminelle valant des milliards de dollars. Elle peut causer des dommages incommensurables aux victimes et à leur famille. L'ACCPI a différentes recommandations à formuler concernant l'exécution de la loi, la surveillance et la poursuite des agents fantômes.
Le projet de loi s'attaque aussi aux importantes lacunes soulevées par le comité permanent dans son rapport de 2008 et celui de 2009, sur la façon dont la Société canadienne des consultants en immigration a été formée initialement. Les membres du comité ont reconnu qu'en l'absence d'une loi régissant la SCCI, il est impossible pour la société de faire appliquer ses règlements à des non-membres, et il est impossible pour le ministre et CIC de demander des comptes à la société et d'influer sur son fonctionnement interne. Ils ont aussi tenu compte des nombreuses plaintes légitimes formulées par les membres de la SCCI concernant la gouvernance de la société.
Vous avez recommandé de remplacer la SCCI par un organisme constitué par une loi. L'ACCPI apprécie les progrès que permettront de réaliser le projet de loi en criminalisant certaines activités en vertu de la Loi sur l'immigration, et nous reconnaissons l'ingéniosité du ministère pour l'avoir amené de cette façon, mais nous recommandons de réévaluer plus tard l'option de l'organisme constitué par une loi.
L'ACCPI a dirigé la lutte visant à remédier aux problèmes des consultants incompétents et du mauvais fonctionnement de l'organisme réglementaire, et elle continue à faire des recommandations en vue d'apporter des changements positifs. Nous dirigeons actuellement un groupe de spécialistes préoccupés par la situation, afin de préparer une soumission qui propose la mise en place d'un nouvel organisme, que nous appelons « The Better Regulator » (pour un meilleur organisme réglementaire).
Nous avons appris des erreurs du passé et des six années de réglementation imparfaite. Nous avons entrepris cette initiative à titre bénévole, de façon ouverte et transparente, et nous veillerons à ce que notre proposition insiste clairement sur la responsabilisation et l'efficacité.
Notre rapport détaillé contient plusieurs recommandations, que vous examinerez sérieusement, nous l'espérons, notamment des recommandations qui portent précisément sur les tiers fournisseurs de services. Mon collègue va vous expliquer ces recommandations dans un moment, mais j'aimerais juste avant apporter un dernier point, c'est-à-dire le respect.
Les consultants qui font preuve d'éthique et qui travaillent fort pour aider de façon compétente des dizaines de milliers de nouveaux arrivants au Canada méritent le respect du ministère et du gouvernement, de même que celui du grand public. Ils choisissent chaque jour de suivre les règles, de servir les intérêts de leurs clients et de renoncer à l'argent rapide et facile qui attire les consultants sans scrupules. Ils ne demandent pas de reconnaissance particulière, mais ils méritent le même respect accordé à tous les honnêtes travailleurs Canadiens, qu'ils soient travailleurs de l'automobile, enseignants, politiciens, ou peu importe leur métier.
Pour régler le problème des agents fantômes, il faudra une meilleure collaboration entre les différents intervenants. Pour être cohérentes, les politiques qui découleront du projet de loi doivent aussi tenir compte du rôle que jouent les représentants autorisés à l'appui de l'immigration légale. Il ne serait pas productif de déplorer le phénomène des agents fantômes d'un côté, tout en décourageant l'utilisation des représentants autorisés de l'autre, comme le fait CIC sur son site Web. Le rôle des représentants autorisés doit être validé, pas dénigré; sinon, à quoi bon se donner autant de mal?
Enfin, comme signe additionnel de respect, et en accord avec mon collègue qui a pris la parole avant moi — et qui m'a privé de l'effet que je comptais avoir —, j'aimerais que vous envisagiez de changer le titre de ce projet de loi. Pour les consultants travaillants et honnêtes, il sera très difficile d'accepter que, dans les années à venir, leur travail soit réglementé par une loi dont le titre désigne ce qu'ils ne sont pas. L'allitération en anglais est intéressante, mais le manque de respect ne l'est pas.
Merci.
Je cède maintenant la parole à mon collègue, M. Morson.
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Monsieur le président, j'aimerais vous parler brièvement des entités désignées au paragraphe 91(4) et du besoin de définir ce qu'est l'acte de conseiller des gens en matière d'immigration.
L'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration considère que les accords entre les bureaux des visas et les centres de demande de visas constituent une mesure d'efficacité et d'économie d'argent. Les centres de demande de visas sont des agences privées officiellement désignées pour aider les gens, contre rétribution, à remplir les demandes adressées aux bureaux des visas.
Les services offerts par les centres de demande de visas sont annoncés dans les sites Web des bureaux des visas. Officiellement, les centres de demande de visas peuvent seulement aider les gens à remplir leurs formulaires de demande. L'accord entre VFS Global, en Inde, et le haut-commissariat du Canada à New Delhi, indique que « le fournisseur de services informe le client de tout élément qui semble manquer dans sa demande ». Tel que le rôle de VFS est défini, dans cet accord, il comprend clairement un travail de conseiller. On indique explicitement que le demandeur peut avoir besoin d'aide dans sa démarche. Nous pensons donc que la frontière entre l'aide pour remplir un formulaire d'immigration et le travail de conseiller n'est pas clairement établie.
Les centres de demande de visas ne sont aucunement qualifiés pour fournir des conseils en matière d'immigration. Si un tel centre remplit ou vérifie un formulaire, peut-on considérer ce service comme un travail de conseiller? Est-il possible de remplir un formulaire sans que cela puisse être considéré comme une façon de conseiller le demandeur?
Ces questions sont importantes, car, aux centres de demande de visas s'ajoutent de nombreux secteurs spécialisés agissant à la périphérie du domaine de l'immigration: les agences de voyages, les agents oeuvrant dans le domaine de la formation, les agences de recrutement de ressources humaines et les autres services rattachés à l'immigration. Un formulaire mal rempli peut entraîner toute une suite de conséquences risquant de nuire au demandeur et pouvant aller jusqu'au rejet de sa demande.
Si remplir un formulaire de demande ne constitue pas un travail de conseiller, dans quelle mesure une tierce partie peut-elle être empêchée de le faire contre rétribution?
On ne trouve pas clairement la réponse à cette question dans le . Or, cette faille risque passablement d'être exploitée par des agents fantômes.
L'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration recommande au Parlement d'amender le projet de loi C-35 pour qu'au moins, la loi inclue une définition de ce qu'est le travail de conseiller et pour exiger des centres de demande de visas qu'ils publient des avertissements clairs indiquant qu'ils ne sont pas autorisés à conseiller les demandeurs, en matière d'immigration. De plus, l'avertissement devrait contenir des liens avec les organismes de réglementation dont les membres sont autorisés à conseiller les demandeurs, comme c'est le cas au Royaume-Uni.
Merci beaucoup.
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Une fois adopté, le projet de loi investira selon moi le Canada de l'obligation et de l'autorité morale d'informer les autres pays au sujet des conseillers qui n'y font pas du bon travail et qui trompent non seulement les immigrants du Canada, mais aussi ceux du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande. Il s'agira en somme d'imiter le ministre, qui est allé dire à ses homologues à l'étranger d'adopter des lois semblables.
D'ici l'adoption du projet de loi , les gens pourront continuer de répondre au gouvernement de leur pays qu'ils ne font rien de mal. Ils pourront remplir les formulaires et conseiller les demandeurs tout en affirmant que leurs activités ne sont aucunement interdites par les lois canadiennes. Une fois le projet de loi adopté, nous pourrons agir contre ces activités.
Les organismes comme le nôtre pourront en outre demander à leurs membres, qui annoncent leurs services dans les mêmes journaux que les agents fantômes, de communiquer avec les rédacteurs de ces journaux pour leur demander s'ils se rendent compte de ce qu'ils font et s'ils sont prêts à empêcher ces agents de publier leurs annonces trompeuses.
Enfin, permettez-moi de vous dire que, bien que nous entendions parler d'abus grossiers et monumentaux commis par certaines personnes, ces abus ne constituent pas le gros du problème, qui se trouve plutôt dans certains comportements moins flagrants dont on a pris l'habitude. Il faut faire comprendre aux personnes concernées que ces comportements ont un coût et ne peuvent pas être tolérés.
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Je vous remercie, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je peux vous dire que je partage votre préoccupation concernant le titre du projet de loi pour les raisons que vous avez évoquées, mais aussi parce que, à mon avis, on ne devrait pas utiliser le titre d'un projet de loi à des fins de marketing politique.
Malheureusement, si ma compréhension est bonne, les règles de la Chambre ne nous permettent pas de modifier le titre abrégé du projet de loi, mais on peut du moins le supprimer. J'espère que les membres du comité seront d'accord avec moi pour le supprimer.
De combien de membres votre organisme est-il constitué, monsieur Mooney?
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Dans cette réflexion, vous avez probablement lu la première recommandation du rapport du comité sur les consultants en immigration, laquelle voulait que la réglementation soit contrôlée par le gouvernement du Québec pour ce qui est des consultants exerçant au Québec.
Si le comité devait retenir cette voie et apporter les amendements en conséquence au projet de loi, le gouvernement du Québec se retrouverait devant la possibilité de créer un ordre professionnel, de désigner ou de créer un organisme de son choix ou encore de négocier une entente avec l'organisme qui serait sélectionné par le gouvernement fédéral.
Je comprends que ma question est hypothétique, mais supposons qu'un organisme formé et inspiré de vos travaux soit désigné par le gouvernement fédéral. Pensez-vous qu'il serait raisonnable de croire que cet organisme pourrait parvenir à une entente avec le gouvernement du Québec pour contrôler les consultants du Québec, en tenant compte des réglementations québécoises particulières, notamment en matière de droit de l'immigration au Québec et de connaissance du français, qui est une exigence au Québec?
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L'accord original de contribution conclu avec le gouvernement fédéral exigeait que nous créions un tel fonds. Nous avons une police d'assurance contre les erreurs et les omissions. Elle nous coûte environ 220 $, dont 75 $ en frais d'administration, ce qui est un coût très faible, car le nombre de plaintes et les sommes à verser en dédommagement aux victimes d'une erreur ou d'une omission ont été très faibles au cours des cinq dernières années.
Cependant, il peut arriver qu'une personne commette une fraude constituant une infraction criminelle. Or, un tel acte n'est pas couvert par l'assurance contre les erreurs et les omissions. Par conséquent, le gouvernement fédéral nous a demandé d'établir un fonds qui servirait à aider les victimes des éventuels actes criminels commis par des membres de la société à obtenir un dédommagement.
Au cours des deux premières années, nous n'avons jamais entendu parler d'une demande de dédommagement. Nous avons tous versé une somme substantielle pour constituer le fonds, soit de 800 à 900 dollars par membre. Actuellement, je crois que le fonds contient plus de 1 million de dollars. Tout ce que nous savons, à propos du fonds, c'est qu'il nous occasionne des dépenses d'administration. Il a un conseil d'administration et du personnel, mais jamais aucune demande de dédommagement ne nous a été adressée. Nous avons demandé à plusieurs reprises de l'information additionnelle à ce sujet, mais nous n'avons rien reçu.
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Les barreaux ont des polices d'assurance contre les erreurs et les omissions. Les primes sont assez élevées, et ce n'est pas parce qu'il y a des réclamations contre les avocats spécialisés dans le domaine de l'immigration entraînant le versement de dédommagements aux victimes. C'est plutôt en raison des cas de fraude.
Il s'agit d'une police d'assurance, et elle entraîne des coûts importants de fonctionnement et d'administration. Mais son existence est nécessaire parce qu'il y aura toujours des personnes qui seront victimes de fautes professionnelles, et elles devront être dédommagées d'une manière ou d'une autre.
Comment dédommager une personne si sa demande d'asile ou d'immigration est refusée ou a été mal préparée? C'est très difficile à quantifier dans le système actuel. Je ne pense pas qu'on ait déjà essayé de déterminer le montant des dédommagements à verser.
En ce qui concerne le remboursement des frais, il faut dire que beaucoup de différends entre les clients et leurs conseillers sont liés aux frais et entraînent des plaintes comme celles dont nous avons entendu parler tout à l'heure. Il peut arriver que le client ait raison de demander un remboursement au conseiller qui l'a escroqué.
J'aime votre question. Je crois que vous faites bien de la poser. Manifestement, ce projet de loi n'aborde pas le sujet. Or, comme c'est l'occasion de réglementer le secteur, il faudrait en profiter pour le faire non pas à la pièce, mais de manière exhaustive.
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Merci, monsieur le président.
Merci. J'ai trouvé le contraste entre les exposés intéressant. C'était bien de vous entendre l'un après l'autre.
Monsieur Mooney, je voulais très rapidement savoir ce que vous pensez de la question de Mme Chow. Le processus que nous entreprenons maintenant, qui consiste à choisir un nouvel organisme de réglementation, ou du moins à choisir un nouvel organisme... Lors de notre dernière séance, lorsque le personnel du ministère a comparu, ce qui a porté à confusion, c'était entre autres le fait que nous avions presque devancé le projet de loi au cours du processus. Cependant, vous n'avez pas envisagé, et n'envisagez pas, dans votre demande et votre processus, de devenir un organisme de réglementation en vertu de la nouvelle mesure législative.Vous avez fait la même chose en vertu de la législation actuelle.
Je crois que tout le monde pouvait s'imaginer ce qu'est un mauvais consultant ou quelqu'un qui ne fait que tromper les gens. Il s'agit d'un individu qui rencontre une personne dans un coin sombre d'un restaurant au centre-ville de Toronto, de Vancouver ou de Delhi. Cet individu aurait été référé à cette personne par quelqu'un d'autre — un frère, un ami, un collègue — et lui aurait dit ceci: je peux vous aider à venir au Canada; je peux vous y faire entrer dans six mois; je remplirai tous vos formulaires; vous devez procéder de la façon suivante; donnez-moi les documents et je vais tous les remplir pour vous; vous n'avez qu'à me donner 5 000 $. Le demandeur donne l'argent à cet individu et s'en va. Il reste sans nouvelles durant des mois; il entend peut-être dire que la demande a été remplie. On ne lui dit pas où elle se trouve, et pendant un an ou deux, on lui dit sans cesse que la liste d'attente est longue et que tout est paralysé. Après quelques années, il finit par se rendre compte que la demande n'a jamais été remplie. À ce moment-là, le demandeur n'arrive pas à trouver l'individu.
Eh bien, malheureusement, aux termes de la loi actuelle, tout ce que cet individu a fait était tout à fait correct. C'était contraire à la morale et à l'éthique, mais c'était légal, car la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés a déterminé qui pouvait être représentant. De plus, le ministère, dans sa sagesse, lorsqu'il a publié son bulletin, a dit que la représentation commence dès qu'une demande est faite auprès du gouvernement. Donc, effectivement, il a fait peu de choses ou rien du tout.
Je serai honnête avec vous. Nous étions tous tellement occupés par le processus de réglementation, les examens et les examens d'anglais — je ne sais pas ce que j'aurais fait si j'avais échoué l'examen; il m'aurait fallu devenir un consultant en langage gestuel — que nous ne nous étions pas rendu compte, jusqu'à ce que nous soyons réglementés, que les mesures disciplinaires, la réglementation, tout cela, ne s'appliquaient qu'à nous. Nous pensions vraiment qu'elles s'appliquaient à tout le monde, Bien entendu, c'est comme lorsqu'on lit les petits caractères d'un contrat et que l'on dit, « ah zut! » C'est à ce moment-là que nous avons commencé à vouloir changer les choses. On nous a donné bien des raisons pour lesquelles on ne pouvait rien changer, et par la suite, on nous a promis maintes fois que c'était possible.
Nous félicitons tout le monde, et je le dis sincèrement: nous félicitons le comité, qui a fait les recommandations, et le gouvernement, qui est intervenu.
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Bien sûr. Je suis également membre de l'Institut canadien de la migration. Ce serait stupide de ne pas l'être, car il nous offre beaucoup de services gratuitement, ou ils étaient gratuits.
En ce qui a trait au sondage, nous avons participé dans un listserv regroupant plusieurs centaines de professionnels qui échangent des idées et règlent des problèmes. Tous les gens ont participé, et l'une des premières questions qu'ils ont posées au sujet du sondage visait à savoir si leurs réponses et leur identité seraient dévoilées à l'organisme de réglementation, et on leur a répondu par l'affirmative.
Je me suis personnellement opposé à certaines questions et j'ai donné des réponses très vives qui contrastaient avec la nature des questions, et à la fin, on m'a dit qu'on considérerait que je n'ai pas répondu aux questions. En toute honnêteté, je dirais que le sondage ne respectait pas les normes de Gallup. En fait, lorsqu'ils ont fait connaître les résultats, ils ont dévoilé par inadvertance les données qui y étaient liées, et je terminerai en disant qu'en matière de reddition de comptes, ce serait une norme inacceptable. Honnêtement, pensez-y un peu: nous sommes tous des membres de l'Institut canadien de la migration, nous obtenons beaucoup de services gratuitement qui, bien entendu, sont payés par nos cotisations à la SCCI. Si l'on n'est pas membre de l'institut, on n'obtient rien de tout cela; il faut payer soi-même. C'est pourquoi l'appui est presque unanime.
Ensuite, cette année, du jour au lendemain, on nous a dit: en passant, ce n'est plus gratuit. Surprise. Après le million de dollars, ce n'est pas gratuit, et il est clair que chacun de nous a payé environ 700 ou 800 $ par année pour obtenir les services. Au début, ils nous ont donné tous ces services gratuitement. C'était au cours des mois d'août, de septembre et d'octobre 2008, et ensuite, fait étonnant, à la fin octobre, environ deux semaines avant le renouvellement annuel, on nous a dit que plusieurs de ces choses étaient maintenant obligatoires, que nous devions les avoir pour pouvoir continuer à pratiquer et garder notre licence. Bien sûr, elles étaient toutes gratuites grâce à l'Institut canadien de la migration, mais il nous fallait les avoir. Nous avions donc le choix entre devenir membres de l'institut ou risquer de ne plus être membres ou payer de 1 000 à 1 500 $ de frais supplémentaires pour acheter les ressources. Et cela s'est poursuivi au cours des dernières années. C'est l'une des raisons pour lesquelles notre association, qui fournissait certaines de ces choses, ne pouvait tout simplement pas demeurer concurrentielle.
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Merci, et il se peut que je n'utilise pas tout mon temps, en fait.
Puisque je suis un nouveau membre du comité, je suis encore en train d'essayer de tout comprendre. Je n'étais pas membre du comité lorsqu'il a fait son dernier rapport et le précédent et tout son travail qui remonte à 2004, lorsque les discussions sur cette question ont commencé. Mais, à mesure que j'examine la question, je vois un cycle.
Je veux seulement comprendre où se situent les problèmes, selon vous. On trouve les éléments suivants: la formation, l'attestation, la licence, la formation professionnelle continue, les règles, y compris des politiques, un organisme qui régit le tout, la sensibilisation du public, les plaintes, les mesures disciplinaires, et ensuite les relations avec la société, le gouvernement, et j'en passe. Il y a donc tous ces éléments, et je vois certaines lacunes à différents endroits. Si vous deviez déceler une faiblesse dans les mesures législatives, quelle serait-elle?
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Eh bien, la mesure législative n'est pas conçue pour régler tous les problèmes. Elle constitue un progrès important quant à ce que l'on permet aux gens de faire s'ils sont au Canada au niveau des procédures et des pratiques d'immigration.
Concernant la réglementation, le système peut être parfaitement conçu; ce qui compte, c'est la façon dont il est mis en place. Parmi les sept ou huit premiers éléments que vous avez mentionnés, comme la formation, l'agrément, les examens et les normes, la SCCI a fait beaucoup de ces choses. Je dirai simplement que la différence, c'est qu'en tant que membres, nous avons l'impression qu'on les a faites de manière à maximiser non pas l'efficacité de l'organisme, mais bien les revenus. Donc, devenir membre et le rester nous coûte cher, ce qui a des répercussions sur le nombre de membres que la SCCI a radiés. De tous ces membres — vous avez entendu parler du nombre de personnes radiées —, la grande majorité ont été radiés parce qu'ils n'avaient pas les moyens de payer les frais.
Beaucoup de gens qui obtiennent leur diplôme ont pour objectif de lancer leur entreprise. En général, les intervenants en immigration travaillent seuls. La plupart travaillent avec l'argent des autres. Ils ont peut-être économisé un capital, et ils lancent leur entreprise pour ensuite découvrir que c'est difficile.
Comme j'ai travaillé dans le monde des affaires pendant 40 ans, je sais que démarrer une entreprise est la chose la plus difficile à faire. Mais lorsqu'on se retrouve dans une situation où l'entreprise se développe lentement, et qu'on doit payer de plus en plus de droits, on finit par se dire qu'on ne travaille peut-être pas dans le bon domaine, mais qu'on n'aime vraiment ce qu'on fait. Nous croyons que bon nombre d'entre eux ont décidé qu'ils peuvent maintenir leurs activités sans payer de droits.
Je voudrais m'assurer que j'ai bien saisi.
On a parlé de la question d'organisme statutaire et d'organisme regulatory — j'ai écouté la discussion en anglais. Je crois savoir que l'organisme statutaire est un organisme désigné par la loi, alors que celui qui est réglementaire est désigné par le règlement.
De plus, sauf erreur, vous dites que ce qui est dans le projet de loi constitue un bon départ, mais que la situation idéale à moyen terme serait que la désignation de l'organisme soit dans la loi.
Ai-je bien compris cette partie?